Invité
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Soirée festive, le cœur qui vole, qui rebondit comme s’il était à l’extérieur du corps et qu’il s’amusait seul, chaton courant après une boulette de papier. L’appartement quitté de bonne heure, quelques instants odieux pendant lesquels Imoogi, après sa longue journée de travail, terminée vers les vingt-et-une heures, s’est réfugié, lavé, changé. Les vêtements jetés en boule dans un coin, avec leurs copains déjà souillés. Ils seront gentiment lavés à la fin de la semaine, une tradition à laquelle le poisson est habitué et s’accroche. Une longue tunique colorée sortie de l’armoire, il se mire dans le miroir quelques courts instants, comme si c’était la première fois qu’il se voyait. Son presque ami en était à l’origine, il était fier d’avoir parfaitement dépensé son argent, et d’autres idées lui trottaient dans la tête. Il devrait les énoncer, les dessiner, les imaginer, les expliciter, les faire vivre. Il voulait d’une robe superbe, épousant ses formes masculines mais androgynes, il voulait briller dans la nuit. Lui arracherait-on ses vêtements ? C’était une possibilité à ne point ignorer, tant il flairait les soucis dans cette ville. À l’échoppe, il avait été plusieurs fois attaqué pour récupérer les quelques pièces gagnées. Il ne les avait cédées qu’à une seule reprise, craignant vraiment pour son existence. Les autres, il s’était débrouillé, avait parlementé, s’était battu, avait gelé les petits pieds le temps de s’échapper avec sa roulotte et ses sous. Imoogi n’est pas du genre à se laisser faire. Il peut avoir un bien mauvais caractère. Il se refuse aux frayeurs de l’âme, gifle avec violence tous ceux qui veulent du mal à sa fierté souvent mal placée. Mais il était en vacances, loin de la République. Il ne travaillait pas si durement, donnait un coup de main là où l'on voulait de lui. Un peu de cuisine, sûrement, mais il gardait pour lui ses recettes inédites.
Il profitait de la nuit tombée dans les rues de Kyouji. L’air était encore chaud, il souriait à la lune, souriait aux passants. Certains le reconnaissaient, l'ayant croisé la veille à l'un de ses spectacles. Ils le saluent, apprécient sa tenue. Il penche doucement la tête, les remercie. L’instrument est caché sous un drap et suscite la convoitise, la curiosité. Il exprime qu’il a plus d’un talent caché dans les pans de ses larges tenues. Les yeux brillent et ils voudraient l’écouter, mais l’homme n’a pas le temps et s’éclipse tout content. Une auberge où s’arrêter, il prend place seul, commande à souper. Les restes de raviolis aux légumes ou au poisson ne sont pas suffisants pour calmer son appétit, nourrir ce corps qui en a bien besoin. Un plat, un dessert, et une boisson pleine d’alcool. Les lèvres trempées, la bouche qui mastique gaiement. Quelques pièces laissées sur la table, les murmures ne se taisent plus, et le triton s’enfuit vers sa prochaine destination. Une autre auberge, connue de l’homme, connue des habitués. Ils savent qui il est, et un verre lui est d’office servi. Lorsque Imoogi s'échappe de son quotidien républicain, il va bien loin. Il le savoure quelques instants, puis se glisse dans un coin propre de la pièce, laisse ses doigts s’égarer ailleurs. Ils frôlent les cordes, les pincent. Le spectacle commence. Une petite heure. De chant et de musique. Des notes qui s’envolent, les paroles apprises par cœur alors qu’il ne regarde que son aimé instrument, ou le plafond, quand l’esprit s’en va ailleurs. Ce n’est pas bien grave. Ils se sont tus. Personne n’ose ouvrir la bouche, interrompre ce doux instant. Ceux qui doivent partir le font discrètement, s’excusent à voix si basse que nul ne peut les entendre. Imoogi ne les remarque pas. Parfois, les prunelles se font furieuses. Hérétiques, pourquoi ne pas profiter des divins moments ? Les minutes sont rapides, elles courent, et bientôt le garçon se tait. Les cordes laissées en paix. Les applaudissements sont sincères et chaleureux. C’est un extraterrestre, Imoogi. Il vient d’ailleurs, cela est certain. Mais d’où ? Le saura-t-on un jour ? Il ne peut le dire, et garde ses secrets bien cachés. Il remercie ceux qui l’acclament, se redresse, soulève le guzheng du bout des doigts. Il semble fatigué. Les pas lentement se dirigent vers une table presque vide. Seule une jeune femme y est attablée, mais il n’y prête pas encore attention. Il est toujours, l’esprit bloqué, dans les notes terribles du moment qu’il vient de partager. Les musiques défilent dans sa tête, et il a presque envie de fredonner. L’aubergiste se précipite, lui sert deux verres. De l’eau, de l’alcool. Imoogi boit une gorgée de chaque. Il sourit, remercie, et le silence revient dans son crâne. Dans quelques minutes, l’artiste sera parti. Où ? Il ne sait pas encore.
Il profitait de la nuit tombée dans les rues de Kyouji. L’air était encore chaud, il souriait à la lune, souriait aux passants. Certains le reconnaissaient, l'ayant croisé la veille à l'un de ses spectacles. Ils le saluent, apprécient sa tenue. Il penche doucement la tête, les remercie. L’instrument est caché sous un drap et suscite la convoitise, la curiosité. Il exprime qu’il a plus d’un talent caché dans les pans de ses larges tenues. Les yeux brillent et ils voudraient l’écouter, mais l’homme n’a pas le temps et s’éclipse tout content. Une auberge où s’arrêter, il prend place seul, commande à souper. Les restes de raviolis aux légumes ou au poisson ne sont pas suffisants pour calmer son appétit, nourrir ce corps qui en a bien besoin. Un plat, un dessert, et une boisson pleine d’alcool. Les lèvres trempées, la bouche qui mastique gaiement. Quelques pièces laissées sur la table, les murmures ne se taisent plus, et le triton s’enfuit vers sa prochaine destination. Une autre auberge, connue de l’homme, connue des habitués. Ils savent qui il est, et un verre lui est d’office servi. Lorsque Imoogi s'échappe de son quotidien républicain, il va bien loin. Il le savoure quelques instants, puis se glisse dans un coin propre de la pièce, laisse ses doigts s’égarer ailleurs. Ils frôlent les cordes, les pincent. Le spectacle commence. Une petite heure. De chant et de musique. Des notes qui s’envolent, les paroles apprises par cœur alors qu’il ne regarde que son aimé instrument, ou le plafond, quand l’esprit s’en va ailleurs. Ce n’est pas bien grave. Ils se sont tus. Personne n’ose ouvrir la bouche, interrompre ce doux instant. Ceux qui doivent partir le font discrètement, s’excusent à voix si basse que nul ne peut les entendre. Imoogi ne les remarque pas. Parfois, les prunelles se font furieuses. Hérétiques, pourquoi ne pas profiter des divins moments ? Les minutes sont rapides, elles courent, et bientôt le garçon se tait. Les cordes laissées en paix. Les applaudissements sont sincères et chaleureux. C’est un extraterrestre, Imoogi. Il vient d’ailleurs, cela est certain. Mais d’où ? Le saura-t-on un jour ? Il ne peut le dire, et garde ses secrets bien cachés. Il remercie ceux qui l’acclament, se redresse, soulève le guzheng du bout des doigts. Il semble fatigué. Les pas lentement se dirigent vers une table presque vide. Seule une jeune femme y est attablée, mais il n’y prête pas encore attention. Il est toujours, l’esprit bloqué, dans les notes terribles du moment qu’il vient de partager. Les musiques défilent dans sa tête, et il a presque envie de fredonner. L’aubergiste se précipite, lui sert deux verres. De l’eau, de l’alcool. Imoogi boit une gorgée de chaque. Il sourit, remercie, et le silence revient dans son crâne. Dans quelques minutes, l’artiste sera parti. Où ? Il ne sait pas encore.
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