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Citoyen de La République
Nahash
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Quand Zelevas avait discuté avec le pingouin obèse dénommé Melkor, j'avais observé la scène dans un silence absolu. Les échanges entre capitaines et officiels m'intéressaient assez peu et, à vrai dire, ma seule préoccupation résidait dans le fait de pouvoir poser pied à terre ou non. L'entièreté de notre entreprise résidait dans le fait de pouvoir retrouver l'origine de la maladie ayant marqué les caisses et surtout pourquoi elles avaient été spécifiquement envoyées comme un message d'avertissement. Comme une sorte de "guerre" psychologique qui m'ennuyait au plus haut point, épidémies mises à part. Finalement, l'Hermione reprit sa lente course jusqu'à nous permettre d'enfin accoster sur cette terre maudite qu'était Shoumeï.
Suivant le sénateur en analysant l'environnement, je cherchai des yeux la moindre trace de mouvements suspects ou de choses étranges. Et je devais avouer qu'il y en avait, des choses à dire. Outre la pestilence qui résidait dans l'air, plongeant le port dans cette espèce d'arôme saumâtre et nauséabond, je ne pouvais que remarquer les ombres dansantes et les regards mauvais. Nous n'étions pas les bienvenus, non pas à cause de l'allégeance à la république, mais en raison du fait que nous étions étrangers à cette alcôve libre de droits. Une pensée amusante traversa mon esprit en repensant aux mots du vieil homme considérant la juridiction locale. Peut-être que, plus tard, je pourrai tester des produits particulièrement expérimentaux. Surtout si ces imbéciles au bulbe atrophié tentaient quelque chose de stupide. Finalement, nos pas nous menèrent jusqu'au bureau de la rousse servant de "dirigeante" pour le comptoir des Fraternitas. Si son visage et son corps étaient d'une finesse remarquable, son parlé et son attitude transpiraient la brutalité et une virilité imposée par son poste difficile. L'observation critique et silencieuse de la demoiselle passée, je portai mon attention sur les paroles de cette dernière puis, sur celles du sénateur. Malades, hein? Forcément.
* J'ai pu remarquer une bonne dizaine de symptômes frappant les hommes qui s'affairaient dans le comptoir. Une bonne moitié est au moins touchée par la syphilis tandis que l'autre semble frappé de tuberculose et peut-être de salmonellose. Et cela n'est qu'une analyse rapide. Une surface que je n'ai pas encore eu l'occasion de creuser. *
Les yeux verts de la jeune femme s'agrandirent en entendant mes propos résonnant dans son crâne et celui de Zelevas. Si elle fut marquée par ma télépathie, elle ne sembla pas m'empêcher d'enchainer mes propos, visiblement curieuse de ce que je comptai dire par la suite.
* Pour ce qui est de l'eau, utilisez ceci. Je sortis de ma sacoche une fiole au liquide bleu que je lui tendis. Une goutte par chaudron. Mettez de l'eau de mer à l'intérieur et remuez le tout pendant environ cinq minutes. Le produit est puissant alors ne dépassez pas le dosage ou la diarrhée se rajoutera aux maladies frappant votre comptoir. Pour le reste, le produit devrait éliminer tous les polluants et maladies présentes dans l'eau et vous permettre de la rendre potable. Ce sera déjà plus simple que d'aller jusqu'à un puit ou une source d'eau douce. Même si la dégustation du liquide demeurera désagréable, au moins vous vivrez. Pour ce qui est de la nourriture en revanche, vous devrez voir avec le sénateur. Je m'occupe d'aller voir vos malades. *
Me levant doucement, je plongeai mon regard dans celui de Zelevas pour lui faire comprendre que certaines affaires, comme la sécurité, ne me concernaient pas et que c'était à lui de régler ces affaires. Cependant, je repris tout de même la parole pour poser une dernière question.
* Concernant les maladies relâchées par les cultistes. Savez-vous comment ils ont procédé? Un artefact? Un mage? Quoique ce soit? Plus j'aurais d'information sur la manière dont ils ont propagé leurs maux, plus je serai à même de régler les problèmes épidémiques de la ville. *
J'écoutai donc ses réponses sagement. Quand enfin elle eut achevé de m'expliquer de quoi il était question, je laissai mes deux compères pour retourner dans le comptoir à proprement parler. Naturellement, je me dirigeai vers les malades les plus atteints. Mis à l'écart comme des lépreux et isolés du reste des personnalités présentes, ces derniers se lamentaient plus ou moins silencieusement tandis qu'ils tentaient autant que faire se peut de survivre aux maladies qui rongeaient leur corps affaiblis par la déshydratation et la malnutrition. A mon approche, plusieurs des malades semblèrent paniquer, se recroquevillant un peu plus comme si j'incarnai la mort approchante. Au final, ils n'avaient peut-être pas totalement tort. Si je voulais éviter toute propagation d'une potentielle maladie contagieuse, et que les soins se montreraient trop complexes, alors il vaudrait mieux abattre et brûler plutôt que tenter de préserver et se battre en vain.
Ainsi, je vins apporter mon diagnostic sur plusieurs malades, auscultant ses derniers après m'être présenté à eux via un message télépathique. Pour certains, des soupirs de soulagement s'étaient échappés de leurs lèvres asséchées. Pour d'autres, en revanche, de nouveaux sanglots s'étaient joints à leurs complaintes maladives. Peu importait. Comme signalé plus tôt à la responsable des lieux, les principales afflictions étaient relativement bégnines pour un médecin de mon acabit. Des maladies vénériennes, des infections résultantes d'un manque d'hygiène et de faiblesse corporelle. Des choses faciles à régler. Parfois via des herbes et des concoctions. Parfois via mes pouvoirs médicaux directement. Je ne sus exactement combien de temps ces affaires me prirent mais, lorsqu'enfin Zelevas sortit du bureau de la rousse, je n'avais encore traité qu'un tiers des affligés. Naturellement, les problèmes les plus graves avaient été traité. Ou, tout du moins, marqués d'une croix rouge dans mon carnet. Du rebus dont il fallait disposer pour le bien commun. Dans ces auscultations, j'avais pu observer quelques maux qui n'étaient pas naturels. Donnant quelques instructions à un des membres du comptoir en bon état et suffisamment efficace pour se prétendre "médecin", je quittai sa compagnie pour rejoindre le vieillard et la dirigeante.
* Orichalquie, babillage du troll, salmonellose... Des maux bénins que j'avais identifié rapidement et qui devraient pouvoir être traité rapidement par votre médecin maintenant que je lui ai fourni quelques moyens et soulagé de malades trop compliqués à traiter via des moyens conventionnels. Cependant, certains sont perdus. Leurs corps sont trop faibles et même avec ma magie, ils ne survivront pas. Si vous voulez éviter une propagation de leur maladie, il vaudrait mieux les accompagner vers l'autre monde pour ensuite brûler leurs corps. Je marquai une courte pause, enchainant dans mon rapport. Pour le reste, j'ai pu remarquer la présence de regard de la méduse, de nécrose et enfin plusieurs cas du don de Puantrus. Cette dernière maladie est loin d'être anodine. En fait, elle est même extrêmement mortelle et dangereuse pour toute la cité portuaire. J'ai pu traiter le patient le moins atteint mais... Concernant les autres, référez vous à ce que j'ai dit plus tôt. Il faudrait également de la belle de jour, si nous voulons traiter efficacement les patients atteint du regard de la méduse. Il s'agit de cataplasmes simples à réaliser mais il faut la matière première... Vous savez si un entrepôt quelconque possède cela? Et en ce qui concerne la maladie du rat... Il s'agit sans aucun doute du cadeau des cultistes avant la prise de pouvoir par les séparatistes. Si l'isolement vous en a préservé, rien ne dit que le mal ne finira pas par passer vos défenses. Il faut absolument trouver un moyen d'endiguer la source à l'origine de la propagation de la maladie. D'autant que je suis presque certain qu'il s'agit de la même origine que ce qui a put transmettre des maux bien plus graves. *
Je n'ajoutai rien de plus. Zelevas comprendrait. Tout du moins, je l'espérais. La fièvre noire n'était pas apparue par hasard sur les cadavres. Les marques laissés sur les cervicales des victimes, la possibilité d'une exécution cérémonielle... Tout cela se recoupait beaucoup trop bien avec les discours rapportés sur l'Ordre Parfait et leur baroud d'honneur vis à vis du port et des séparatistes qui cherchaient à les exterminer. A présent, les pistes se présentaient à nous. Trouver les matières premières. Remonter la piste des cultistes et neutraliser la source de la maladie. Organiser les défenses... Nous avions fort à faire.
Suivant le sénateur en analysant l'environnement, je cherchai des yeux la moindre trace de mouvements suspects ou de choses étranges. Et je devais avouer qu'il y en avait, des choses à dire. Outre la pestilence qui résidait dans l'air, plongeant le port dans cette espèce d'arôme saumâtre et nauséabond, je ne pouvais que remarquer les ombres dansantes et les regards mauvais. Nous n'étions pas les bienvenus, non pas à cause de l'allégeance à la république, mais en raison du fait que nous étions étrangers à cette alcôve libre de droits. Une pensée amusante traversa mon esprit en repensant aux mots du vieil homme considérant la juridiction locale. Peut-être que, plus tard, je pourrai tester des produits particulièrement expérimentaux. Surtout si ces imbéciles au bulbe atrophié tentaient quelque chose de stupide. Finalement, nos pas nous menèrent jusqu'au bureau de la rousse servant de "dirigeante" pour le comptoir des Fraternitas. Si son visage et son corps étaient d'une finesse remarquable, son parlé et son attitude transpiraient la brutalité et une virilité imposée par son poste difficile. L'observation critique et silencieuse de la demoiselle passée, je portai mon attention sur les paroles de cette dernière puis, sur celles du sénateur. Malades, hein? Forcément.
* J'ai pu remarquer une bonne dizaine de symptômes frappant les hommes qui s'affairaient dans le comptoir. Une bonne moitié est au moins touchée par la syphilis tandis que l'autre semble frappé de tuberculose et peut-être de salmonellose. Et cela n'est qu'une analyse rapide. Une surface que je n'ai pas encore eu l'occasion de creuser. *
Les yeux verts de la jeune femme s'agrandirent en entendant mes propos résonnant dans son crâne et celui de Zelevas. Si elle fut marquée par ma télépathie, elle ne sembla pas m'empêcher d'enchainer mes propos, visiblement curieuse de ce que je comptai dire par la suite.
* Pour ce qui est de l'eau, utilisez ceci. Je sortis de ma sacoche une fiole au liquide bleu que je lui tendis. Une goutte par chaudron. Mettez de l'eau de mer à l'intérieur et remuez le tout pendant environ cinq minutes. Le produit est puissant alors ne dépassez pas le dosage ou la diarrhée se rajoutera aux maladies frappant votre comptoir. Pour le reste, le produit devrait éliminer tous les polluants et maladies présentes dans l'eau et vous permettre de la rendre potable. Ce sera déjà plus simple que d'aller jusqu'à un puit ou une source d'eau douce. Même si la dégustation du liquide demeurera désagréable, au moins vous vivrez. Pour ce qui est de la nourriture en revanche, vous devrez voir avec le sénateur. Je m'occupe d'aller voir vos malades. *
Me levant doucement, je plongeai mon regard dans celui de Zelevas pour lui faire comprendre que certaines affaires, comme la sécurité, ne me concernaient pas et que c'était à lui de régler ces affaires. Cependant, je repris tout de même la parole pour poser une dernière question.
* Concernant les maladies relâchées par les cultistes. Savez-vous comment ils ont procédé? Un artefact? Un mage? Quoique ce soit? Plus j'aurais d'information sur la manière dont ils ont propagé leurs maux, plus je serai à même de régler les problèmes épidémiques de la ville. *
J'écoutai donc ses réponses sagement. Quand enfin elle eut achevé de m'expliquer de quoi il était question, je laissai mes deux compères pour retourner dans le comptoir à proprement parler. Naturellement, je me dirigeai vers les malades les plus atteints. Mis à l'écart comme des lépreux et isolés du reste des personnalités présentes, ces derniers se lamentaient plus ou moins silencieusement tandis qu'ils tentaient autant que faire se peut de survivre aux maladies qui rongeaient leur corps affaiblis par la déshydratation et la malnutrition. A mon approche, plusieurs des malades semblèrent paniquer, se recroquevillant un peu plus comme si j'incarnai la mort approchante. Au final, ils n'avaient peut-être pas totalement tort. Si je voulais éviter toute propagation d'une potentielle maladie contagieuse, et que les soins se montreraient trop complexes, alors il vaudrait mieux abattre et brûler plutôt que tenter de préserver et se battre en vain.
Ainsi, je vins apporter mon diagnostic sur plusieurs malades, auscultant ses derniers après m'être présenté à eux via un message télépathique. Pour certains, des soupirs de soulagement s'étaient échappés de leurs lèvres asséchées. Pour d'autres, en revanche, de nouveaux sanglots s'étaient joints à leurs complaintes maladives. Peu importait. Comme signalé plus tôt à la responsable des lieux, les principales afflictions étaient relativement bégnines pour un médecin de mon acabit. Des maladies vénériennes, des infections résultantes d'un manque d'hygiène et de faiblesse corporelle. Des choses faciles à régler. Parfois via des herbes et des concoctions. Parfois via mes pouvoirs médicaux directement. Je ne sus exactement combien de temps ces affaires me prirent mais, lorsqu'enfin Zelevas sortit du bureau de la rousse, je n'avais encore traité qu'un tiers des affligés. Naturellement, les problèmes les plus graves avaient été traité. Ou, tout du moins, marqués d'une croix rouge dans mon carnet. Du rebus dont il fallait disposer pour le bien commun. Dans ces auscultations, j'avais pu observer quelques maux qui n'étaient pas naturels. Donnant quelques instructions à un des membres du comptoir en bon état et suffisamment efficace pour se prétendre "médecin", je quittai sa compagnie pour rejoindre le vieillard et la dirigeante.
* Orichalquie, babillage du troll, salmonellose... Des maux bénins que j'avais identifié rapidement et qui devraient pouvoir être traité rapidement par votre médecin maintenant que je lui ai fourni quelques moyens et soulagé de malades trop compliqués à traiter via des moyens conventionnels. Cependant, certains sont perdus. Leurs corps sont trop faibles et même avec ma magie, ils ne survivront pas. Si vous voulez éviter une propagation de leur maladie, il vaudrait mieux les accompagner vers l'autre monde pour ensuite brûler leurs corps. Je marquai une courte pause, enchainant dans mon rapport. Pour le reste, j'ai pu remarquer la présence de regard de la méduse, de nécrose et enfin plusieurs cas du don de Puantrus. Cette dernière maladie est loin d'être anodine. En fait, elle est même extrêmement mortelle et dangereuse pour toute la cité portuaire. J'ai pu traiter le patient le moins atteint mais... Concernant les autres, référez vous à ce que j'ai dit plus tôt. Il faudrait également de la belle de jour, si nous voulons traiter efficacement les patients atteint du regard de la méduse. Il s'agit de cataplasmes simples à réaliser mais il faut la matière première... Vous savez si un entrepôt quelconque possède cela? Et en ce qui concerne la maladie du rat... Il s'agit sans aucun doute du cadeau des cultistes avant la prise de pouvoir par les séparatistes. Si l'isolement vous en a préservé, rien ne dit que le mal ne finira pas par passer vos défenses. Il faut absolument trouver un moyen d'endiguer la source à l'origine de la propagation de la maladie. D'autant que je suis presque certain qu'il s'agit de la même origine que ce qui a put transmettre des maux bien plus graves. *
Je n'ajoutai rien de plus. Zelevas comprendrait. Tout du moins, je l'espérais. La fièvre noire n'était pas apparue par hasard sur les cadavres. Les marques laissés sur les cervicales des victimes, la possibilité d'une exécution cérémonielle... Tout cela se recoupait beaucoup trop bien avec les discours rapportés sur l'Ordre Parfait et leur baroud d'honneur vis à vis du port et des séparatistes qui cherchaient à les exterminer. A présent, les pistes se présentaient à nous. Trouver les matières premières. Remonter la piste des cultistes et neutraliser la source de la maladie. Organiser les défenses... Nous avions fort à faire.
”Les divinistes de l’OP ont commencé à s’intéresser d’un peu trop près au goût de tout le monde au cimetière de Port-Aurya, on ne sait pas ce qu’ils ont trouvé dedans mais ils y ont passé du temps et des hommes et c’est à partir de là que les premiers cas de maladie ont commencé à saisir la cité. Le problème c’est aussi que quand les séparatistes ont suriné leur chef ils sont pas parti sagement sans faire d’histoire, ils ont fait une sorte de baroud d’honneur et ils ont relâché toutes les saloperies qu’ils ont cultivé dans leur crevoir de merde. C’est malheureusement tout ce qu’on sait.” Almonde fait nerveusement tourner une porte plume entre ses doigts en fournissant au Docteur l’explication qu’il attend. Elle laisse le spécialiste s’éclipser avant de se tourner vers le Sénateur. ”Charmant votre copain.” fit-elle avant de se rendre compte d’à qui elle l’a dit en faisant des yeux ronds. ”Étiquette. Pardonnez moi Monsieur le Directeur, je, j’ai les nerfs en compote actuellement.”
”Ce n’est pas grave, je comprends ne vous en faites pas. J’ai été dans des situations tendues de vie ou de mort aussi alors loin de moi l’idée de vous blâmer pour si peu hahaha!” Le rire pourtant forcé de Zelevas semble quelque peu détendre la Gouverneuse, elle soupire avant de répondre, la tête entre les mains.
”J’avoue que je ne m’attendais pas à votre arrivée, c’est un soulagement certain de voir de l’aide débarquer après autant de temps passé à attendre dans l’incertitude. Nous ne savions pas si nous allions arriver à survivre.”
”Comment avez vous tenu autant de temps? Et pourquoi la ligne de communication a-t’elle été coupée?”
”Parce que personne n’osait mettre pieds à terre! Pas un putain de rafiot, pas un connard de marchand rien, c’était impossible de faire sortir ne serait-ce qu’une lettre. Y’a Hazdura notre res-, ex-responsable d’arrivage qui a tenté de nager jusqu’à un navire une nuit avec une lettre dans la bouche, les divinistes l’ont abattu dans la flotte dès qu’il s’était suffisamment éloigné du Comptoir. On avait deux pigeons, normalement on les utilisait pour communiquer avec le point relais du Doreï mais je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, en tout cas on a jamais eu de suite après les avoir envoyés.” Ledocien soupire et relève la tête visiblement exaspérée par sa désolation. ”Pour la bouffe on a pêché tout les jours en rationnant les portions. On avait la chance d’avoir des caisses de viande fumée dans l’entrepôt parée à être expédiées, faudra pas nous en vouloir quand le Commerce Privé et l’Exportation vont nous demander où elles sont passées.” Un sourire nerveux passe brièvement sur ses lèvres à son maigre trait d’humour. ”Ce sera retenu sur mon salaire? Ha, ha haha!”
”Je pense que nous pourrons faire une exception au vue des circonstances.” Et Zelevas de lui rendre son sourire triste.
Quelques secondes de silence suivent sa réponse, plongeant le bureau de la Gouverneuse dans l’atmosphère lourde et pesante de la réalité à Port-Aurya. Le Directeur se relève de sa chaise pour approcher de la fenêtre qui donne sur la marina, de ce qu’il parvient à en voir, les maisons en bordure des quais sont toutes barricadées avec les fenêtres et les portes condamnées par des planches de bois transversales. Il n’est pas sûr à cause de la distance mais il croit apercevoir des interstices à hauteur régulière dans les consolidations, semblant indiquer la présence de meurtrières improvisées dans les défenses, pas étonnant que personne n’ose accoster. Des hommes armés de hallebardes et d’arcs longs patrouillent par petits groupes le long des quais, les quelques paquets les plus proches s’étant agglutiné au plus près du Comptoir sans enfreindre sa délimitation. Intéressant, mais ça soulève une paire de questions dans la tête du vieillard. Il se retourne pour regarder Almonde plonger ses yeux verts dans la fiole bleu que le Docteur lui avait donné, elle la débouchonne pour en approcher son nez et renifler le contenu avant de faire une grimace en tordant ses lèvres, nauséabond.
”Vous êtes sûr que ça va fonctionner son truc là? J’ai plutôt l’impression que je vais tomber malade si j’en met dans mon eau.”
”Si le Docteur l’a dit, c’est que ça doit être vrai, vous pouvez lui faire confiance, il n’est effectivement pas très charmant, mais je suis garant du fonctionnement de ses méthodes.”
Enfin du moins il l’espère, de toute façon s’il se trompait ils allaient tous très vite s’en rendre compte. Il revient devant le bureau et se rassied devant Almonde en disant:
”J’aimerai savoir au juste, les séparatistes ont pris le pouvoir il y a quelques jour, comment se fait-il qu’ils aient autant d’hommes? Je ne les pensais pas si nombreux à Port-Aurya, je croyais qu’ils étaient une puissance minoritaire.”
”Mmh. Ça nous a surpris aussi, certains de leurs hommes d’armes sont de vrais séparatistes, mais le reste de leurs effectifs sont des pauvres gens qui n’ont rien à voir avec tout ça, juste exténués par l’oppression de l’OP et qui ont décidé de prendre action plutôt que de rester passif. La pègre locale les aide également, ils les voient comme leur porte d’accès au Reike je suppose, ou alors ils ont d’autres idées derrière la tête mais on a vu des visages tristement célèbres de la cité dans leurs rangs donc on est sûr de ça. Forcément ça commence à faire son petit nombre.”
”Je vois oui. Je comprends mieux.” Le Fraternitas passe une main dans sa barbe en réfléchissant silencieusement. Ses yeux parcourent le bureau, s’agitent tant qu’il cogite. ”Bon, voici le plan: on va commencer par vous évacuer vous et le personnel sain du Comptoir à bord de l’Hermione. Ceux que le Docteur jugera malheureusement comme contagieux devront rester ici en quarantaine. Je négocierai d’abord un droit de passage mais si ça échoue, on va faire débarquer les hommes de la GAR à quai à la faveur de la nuit et ils iront progressivement sortir de la ville pour aller faire le tour et atteindre le cimetière. De là le Doc prendra le relai sur la démarche à suivre pour éliminer les risques d’une épidémie généralisée, une fois fini ils pourront se replier et on vous emmènera au Doreï en attendant que la situation se calme ici.”
”C’est risqué, pourquoi ne pas simplement nous extraire? Je comprend mal ce qui nous empêche simplement de partir à ce prix là.”
”Déjà parce qu’en repartant immédiatement nous n’aurons pas les provisions nécessaires pour nourrir autant de bouches même jusqu’au Doreï, l’Hermione doit se réapprovisionner. Ensuite parce que…” Il n’y avait pas de bonne façon d’expliquer pourquoi il voulait tester les compétences du Docteur, alors il n’allait juste pas le faire. ”il y a une affaire que je suis venu régler, je ne peux pas repartir sans avoir la réponse à mes questions.” Zelevas saisi le porte-plume posé sur le bureau et le trempe dans le pot d’encre à portée avant d’esquisser un quadrillage grossier puis un arc de cercle sensé représenter la crique et le quartier résidentiel de la marina. ”Pour le réapprovisionnement nous procéderons de la sorte: les hommes de la GAR progresserons à la faveur de la nuit en nettoyant les maisons méthodiquement les unes après les autres pour avancer en suivant le large. Le personnel encore valide du Comptoir suivra et pillera les maisons pour récupérer le plus de vivres possible, le but sera de saisir un entrepôt d’exportation, il sera sans doute gardé mais à soixante nous pourrons en venir à bout. Il faudra opérer rapidement pour diminuer les risques et éviter que les séparatistes n’appellent des renforts, normalement avec autant de militaires de métier contre des civils nous ne risquons pas grand chose mais ils ont l’avantage du terrain et perdre des hommes doit être évité autant que possible. Là nous…”
Zelevas et Almonde continuent de préciser un plan d’action tout en couchant des instructions sur le papier à l’adresse du capitaine de la GAR et du Docteur, traçant des plans, utilisant les connaissances d’Almonde sur la ville pour préciser certains points, ils parviennent finalement à un résultat respectable avant d’enfin sortir du bureau. Plus qu’à attendre la nuit pour faire débarquer la GAR sans alerter les reikois de leurs intentions. Le Docteur vient à leur rencontre pour leur faire un rapport complet sur la situation des employés du Comptoir, la situation est forcément loin d’être idéale mais Zelevas ne peut réprimer une moue face au bilan plutôt qui se profile à l’horizon. La maladie de Puantrus, un ‘don’ au goût à l’image de son créateur, inhumain, atroce et sans pitié, le danger est plus que réel, il est en face d’eux et n’attends qu’un momen d’inattention pour les contaminer. En consultant Almonde d’un coup d’oeil, Zelevas voit immédiatement la jeune femme être au bord des larmes, se retournant tandis que ses yeux rougissent à vue d’oeil pour essuyer d’un revers de la paume les premières perles qui se mettent à couler sur ses joues. Ce sont ses employés, sa famille, même s’ils ne meurent pas forcément par sa faute elle le vit sans doute comme un échec, difficile de ne pas se sentir responsable des vies perdues sous ses ordres, une leçon que Zelevas connait mais qu’il a apprit à la dure, endurci par les âges l’expérience. Le Directeur de la SSG prend la parole à la place de la Gouverneuse indisposée et dit d’une voix respectueuse et solennelle:
”Malheureusement, l’important est de protéger ceux qui peuvent l’être. Faites votre office Docteur, à l’abri des regards.” Il baisse la voix pour être sûr de ne pas être entendu par les concernés ni les autres membres du Comptoir ”Brûlez les corps avant la tombée de la nuit mais le plus lentement possible, nous ne voulons pas que la fumée prévienne l’extérieur d’une activité suspecte. Sur la trentaine d’employés combien sont encore apte au combat?” Tout en tendant un feuillet munis des instructions destinées au Docteur, il reprend à haute voix. ”Quant à vos belle de jour ne vous inquiétez pas, c’est au menu, nous allons faire un raid à l’extérieur, en partie pour se réapprovisionner et en partie pour mettre un terme à tout ce numéro.”
”On en a de la Belle de Jour, on devait la faire envoyer à Maël mais le caisson est vieux de deux mois, je ne sais pas si elles seront encore bonnes.”
”Je vous laisse vous occuper de ça avec le Docteur, je vais aller chercher l’équipage et rassembler les employés restant.”
Almonde invite le Doc’ a la suivre dans les marches de l’escalier qui descendent au sous-sol. Elle sort une boîte d’allumettes au phosphore à l’entrée de la sombre cave et en gratte une pour allumer une torche, commençant à faire le tour du niveau inférieur pour allumer tour à tour le reste des luminaires. Normalement la lumière au sous-sol est entretenue en permanence mais comme ils n’ont rien eu à expédier depuis des mois ils ne gaspillent pas leur ressources pour ça, tout en marchant entre les caisses et les barils elle explique:
”C’est ici qu’on conserve toutes les marchandises de taille petite et moyenne en transit. On a un autre entrepôt en face de la rue pour le gros et le volumineux mais il n’est pas à nous, on ne fait que le louer donc ça ne compte pas comme un territoire républicain. Ça ça doit être la Belle de Jour.” fait-elle en posant une main sur une boîte poussiéreuse, mais sèche. ”Pour le reste allez-y ouvrez tout, de toute façon ça tombera surement aux mains des pillards quand on aura évacué. Si vous avez besoin de plantes tout ce qui est périssable est de ce côté là mais je ne jure pas de la fraîcheur haha. Si vous avez besoin de poudre ou de matière minérale pour vos soins on a quelques petits chargements de minerai là bas au fond mais j’avoue que je ne sais plus ce que c’est. C’est pas vraiment ce qui nous a intéressé ces derniers temps. Y’en a une qui est marquée fragile c’est la dernière à droite il me semble, de toute façon c’est écrit dessus vous verrez bien, faites juste gaffe en l’ouvrant. Je vous laisse vous amuser je vais remonter avec le Patron.”
Ce même Patron rappelle l’Hermione à accoster près du quai pour monter à bord, après avoir expliqué la situation au Capitaine et avoir sommé l’équipage de se préparer à un combat ce soir, il somme à tout les hommes de descendre sur le quai inférieur où ils seront à l’abri des regards des longues-vues. Zelevas parcours du regard les visages des soldats, la plupart d’entre eux sont assez jeunes, dépourvu d’expérience significative, ça peut être un problème dans le feu de l’action.
”Levez la main ceux qui ont participé à l’annexe de Kaizoku.”
Des bras se lèvent, quelques uns, cinq, six… neuf… onze au total. C’est déjà pas mal. D’un signe de la main Zelevas les invite au repos, il fait les cent-pas devant l’attroupement d’hommes tout en parlant d’une voix claire mais puissante, cette même voix qui fait tant de travail pour galvaniser les foules lors des discours et déclamer ses convictions devant la masse, cette voix qui représente une partie du charisme d’un personnage, d’un concept, d’une idée:
”Ceux d’entre vous qui n’ont pas levé la main vont peut-être se retrouver pour la première fois dans une situation de combat réelle hors territoire républicain. Certainement aussi pour la première fois en situation de combat urbain.” La plupart de la GAR a l’habitude des terrains ouverts, des forêts, des montagnes mais pas des villes, d’ordinaire ce sont les Officiers qui s’occupent de ce milieu, quand ils y parviennent. ”Nous allons procéder par élimination méthodique des menaces en constituant des groupes, je veux un vétéran de Kaizoku au minimum dans chaque groupe. Le but est de progresser rapidement à travers la ville jusqu’à l’extérieur, tout en escortant le Docteur sain et sauf jusqu’au cimetière de Port-Aurya. Une fois là bas vous répondrez à ses ordres en plus de ceux du Capitaine. Les directives du Capitaine priment. Dans un premier temps un premier détachement va d’abord nettoyer les bâtiments immédiatement devant le Comptoir en neutralisant les menaces, n’ayez pas peur de trop en faire, ce n’est plus l’école militaire mes enfants, ensuite le deuxième détachement viendra sécuriser les ressources à prendre pour réapprovisionner l’Hermione, pendant que le premier détachement passera au bâtiment juxtaposé et ainsi de suite. Le deuxième détachement escortera les membres du Comptoir en état de se battre et moi-même en plus d’aider au réapprovisionnement. Il va falloir opérer vite et bien, ou bien et vite au choix.” Rire de la salle. ”Une fois l’entrepôt en bas de la rue atteint, nous rapatrierons les denrées qu’on y trouvera. À partir de ce moment là le deuxième détachement rejoindra le premier tandis que les civils évacueront à bord de l’Hermione en chargeant ce qu’on aura récupéré et la totalité des effectifs seront de nouveau réunies. Est-ce clair?” Une clameur générale monte à bord du vaisseau en signe d’approbation, il parvient tout de même à saisir quelques questionnements sur des regards dubitatifs, mais il laisse ça au Capitaine pour les détails de la procédure.
Une fois de retour sur terre, Zelevas regarde l’Hermione se repositionner dans la crique pour éviter de trop attirer les reikois qui commençaient déjà à s’agglutiner vers le Comptoir en prévision d’un débarquement. Le Directeur retourne à l’intérieur du bâtiment et attends patiemment la tombée de la nuit.
***
Le plan est d’approcher l’Hermione doucement à la rame pendant la nuit et de faire débarquer les soldats en les faisant plonger à l’eau en chaloupe de l’autre côté du bateau pour passer discrètement sur les quais sans avoir à accoster véritablement, mais la lueur de la lune est forte en ce début de soirée et Zelevas commence à s’inquiéter que les séparatistes et leurs sympathisants ne voient la supercherie. Heureusement pour eux la température hivernale déjà bien basse a trouvé le moyen de chuter drastiquement avec le coucher du soleil, et la nappe de brume épaisse qui s’installe sur la crique en plongeant dans le brouillard navires et quais est à couper au couteau, parfait, ça les aidera aussi au sol. Le Directeur regarde avec appréhension la silhouette de l’Hermione se découper lentement de la brume, avançant sans un bruit sur l’eau d’un océan trop calme, Zelevas pourrait presque croire que les augures sont avec lui s’il était un tant soit peu superstitieux. Une fois suffisamment près, le navire s’immobilise et il parvient à entendre depuis le quai du Comptoir les clapotis des hommes qui mouillent les canots. Une petite heure et quelques allers retours plus tard, la GAR était dans le Comptoir, répartie en deux groupes inégaux avec une trentaine d’hommes sur le premier détachement et une dizaine sur le second, les vingts derniers restant à bord pour garder le navire.
Un moment de tension flotte dans l’air en l’attente du signal, Zelevas débarassé de son manteau, vêtu d’une veste empruntée à la couleur moins criarde que son rouge pétant, attends avec Almonde et les autres civils au milieu du second détachement, éloignés de la sortie. Un regard de concertation avec le Capitaine et ils sont bons à partir. L’instant d’après, les portes s’ouvrent et les hommes de la GAR courrent sans un mot à l’extérieur, prêts à l’action.
Citoyen de La République
Nahash
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Balayant l'intérieur de la "cave" au travers de mes lentilles, j'en profitai pour écouter les mots de la rousse dirigeant le comptoir. A gauche, les produits périssables, à droite, ceux qui ne l'étaient pas. Ou l'inverse. Peu importait, j'allais de toutes façons ouvrir toutes ces caisses afin d'en extraire tout le potentiel. Qu'il soit végétal ou minéral. La remerciant tout de même pour sa coopération, je la congédiai silencieusement en me dirigeant vers les conteneurs pour les ouvrir. Si plusieurs herbes pouvaient m'être utile ma priorité demeurait dans le fait de potentiellement trouver de la belle de jour pour pouvoir soigner la maladie du rat qui se propageait doucement aux travers de Port-aurya. Ainsi, couvercles sur couvercles furent défais. Chaque fois, j'inspectai les contenus d'un œil critique et pragmatique. Les herbes pourrissantes étaient écartées rapidement, tout comme les minerais moins utiles. Finalement, je pu enfin tomber sur cette fameuse belle de jour après une énième caisse profanée. Attrapant la fleur pour l'observer plus attentivement, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Elles étaient pourrissantes, mais elles serviraient probablement. Déplaçant la caisse bruyamment, je vins ensuite continuer mon inspection, notamment en me dirigeant vers la caisse "fragile", curieux. Cette fois-ci le couvercle fut retiré délicatement, sans trop d'efforts et avec de la délicatesse. A l'intérieur, rien d'extravaguant pourtant. Seulement du verre. Plus exactement, des statues de verres et autres petites fioles. Ces dernières, au moins, allaient pouvoir être utilisées.
Mon inspection terminée, je remontai finalement au niveau du comptoir et interpelait autant que possible les marins qui n'étaient pas malades ou dans un état de dépression avancée. Et cela n'était pas chose aisée. Une fois l'attention des rares élus captées, je leur intimai de me trouver une bassine propre, un grand bol, n'importe quoi qui me permettrait de déposer les fleurs tandis que le reste m'aidait à remonter la caisse. Quand on vint me trouver, un peu plus tard, avec une sorte de grande bassine, un sourire se dessina doucement sur mon visage tandis que je vins y verser une quantité d'eau provenant de ma gourde personnelle. Le cout en haut était assez élevé mais ce qui serait obtenu n'avait pas de prix. Attrapant les fleurs, j'en arrachai les pétales doucement, les déposant à la surface de l'eau jusqu'à ce que la bassine se retrouve complètement couverte. Puis, la tendant à l'un des hommes qui m'observait, je laissai mon esprit toucher le sien.
* Déposez la bassine près du feu. Dans trois heures, nous passerons à la suite. Je vais faire de même avec l'autre bassine que vous m'avez apporté, puis je vous montrerai la prochaine étape. *
Ainsi, il ne restait plus qu'à attendre. Etre patient. Afin de ne pas rester à rien faire, je vins assister l'autre "médecin" du comptoir afin de soulager au moins un peu les malades. Et surtout, d'accompagner celles et ceux que nous allions brûler afin d'éviter toute épidémie fatale. Puis enfin, il fut l'heure de se remettre à la préparation du remède. Retournant au niveau des bassines, j'observai les fleurs qui se trouvaient toujours à la surface des contenants tandis que l'eau s'était teintée d'une aura légèrement blanchâtre. Retirant les pétales un à un, je demandai ensuite à ce qu'on m'apporte un bol propre qui servirait temporairement, utilisant du papier fin pour filtrer l'eau que je versai à l'intérieur. Ma tâche réalisée, je fixai l'un de mes assistants de fortune.
* Il me faut de l'alcool. Du vin. Du bourbon. N'importe quoi. *
Ainsi, je vins priver ces pauvres âmes du dernier réconfort des apeurés. Attrapant les bouteilles qu'on me confiait, je déposai dans les fioles récupérées plus tôt l'alcool jusqu'à atteindre environ la moitié de ces dernières. Puis, enfin, je vins y verser l'eau d'essence extraite quelques minutes auparavant. Refermant ensuite le tout, je secouai doucement les fioles pour que le mélange s'opère puis je me dirigeai vers la directrice du comptoir et Zelevas, qui continuaient encore de parler stratégie. Interrompant leurs propos qui ne m'intéressaient que moyennement, je leur montrai les deux fioles d'essence que j'avais réussi à produire.
* Ce n'est pas grand chose, mais ces essences de belle de jour devraient permettre de sauver les patients les moins atteints. Cependant, il me faut impérativement trouver la source de la maladie. Car il n'y aura pas assez d'essence pour toute la ville. Ni pour tout vos hommes, à vrai dire. *
Sur ces mots, je les laissai de nouveau seul à seule. Les notions de tactiques et autres manœuvres de progression dans les villes m'étaient je l'avoue particulièrement ennuyeuses. Ainsi, je passai le reste de la journée à aider les malades et à préparer notre future expédition.
Mon inspection terminée, je remontai finalement au niveau du comptoir et interpelait autant que possible les marins qui n'étaient pas malades ou dans un état de dépression avancée. Et cela n'était pas chose aisée. Une fois l'attention des rares élus captées, je leur intimai de me trouver une bassine propre, un grand bol, n'importe quoi qui me permettrait de déposer les fleurs tandis que le reste m'aidait à remonter la caisse. Quand on vint me trouver, un peu plus tard, avec une sorte de grande bassine, un sourire se dessina doucement sur mon visage tandis que je vins y verser une quantité d'eau provenant de ma gourde personnelle. Le cout en haut était assez élevé mais ce qui serait obtenu n'avait pas de prix. Attrapant les fleurs, j'en arrachai les pétales doucement, les déposant à la surface de l'eau jusqu'à ce que la bassine se retrouve complètement couverte. Puis, la tendant à l'un des hommes qui m'observait, je laissai mon esprit toucher le sien.
* Déposez la bassine près du feu. Dans trois heures, nous passerons à la suite. Je vais faire de même avec l'autre bassine que vous m'avez apporté, puis je vous montrerai la prochaine étape. *
Ainsi, il ne restait plus qu'à attendre. Etre patient. Afin de ne pas rester à rien faire, je vins assister l'autre "médecin" du comptoir afin de soulager au moins un peu les malades. Et surtout, d'accompagner celles et ceux que nous allions brûler afin d'éviter toute épidémie fatale. Puis enfin, il fut l'heure de se remettre à la préparation du remède. Retournant au niveau des bassines, j'observai les fleurs qui se trouvaient toujours à la surface des contenants tandis que l'eau s'était teintée d'une aura légèrement blanchâtre. Retirant les pétales un à un, je demandai ensuite à ce qu'on m'apporte un bol propre qui servirait temporairement, utilisant du papier fin pour filtrer l'eau que je versai à l'intérieur. Ma tâche réalisée, je fixai l'un de mes assistants de fortune.
* Il me faut de l'alcool. Du vin. Du bourbon. N'importe quoi. *
Ainsi, je vins priver ces pauvres âmes du dernier réconfort des apeurés. Attrapant les bouteilles qu'on me confiait, je déposai dans les fioles récupérées plus tôt l'alcool jusqu'à atteindre environ la moitié de ces dernières. Puis, enfin, je vins y verser l'eau d'essence extraite quelques minutes auparavant. Refermant ensuite le tout, je secouai doucement les fioles pour que le mélange s'opère puis je me dirigeai vers la directrice du comptoir et Zelevas, qui continuaient encore de parler stratégie. Interrompant leurs propos qui ne m'intéressaient que moyennement, je leur montrai les deux fioles d'essence que j'avais réussi à produire.
* Ce n'est pas grand chose, mais ces essences de belle de jour devraient permettre de sauver les patients les moins atteints. Cependant, il me faut impérativement trouver la source de la maladie. Car il n'y aura pas assez d'essence pour toute la ville. Ni pour tout vos hommes, à vrai dire. *
Sur ces mots, je les laissai de nouveau seul à seule. Les notions de tactiques et autres manœuvres de progression dans les villes m'étaient je l'avoue particulièrement ennuyeuses. Ainsi, je passai le reste de la journée à aider les malades et à préparer notre future expédition.
*
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* *
A la faveur de l'obscurité, les groupes commençaient leur progression. Chaque demeure, chaque entrepôt sur notre route allaient être nettoyés et sécurisés. Le but était simple, progresser jusqu'au cimetière où se trouvait probablement la source de toutes ces épidémies. Au milieu d'un groupe de soldats républicains, je dénotai un peu par rapport au reste du groupe. Dans leur tenue de la GAR et avec le capitaine à leur tête, on avait l'impression que se préparait une annexion digne de celle ayant eu lieu à Kaizoku. Pourtant, dans ce théâtre-ci, un oiseau de mauvaise augure observait les mouvements des ombres et des potentiels adversaires. Et cet adversaire, c'était moi. Empoignant ma dague, je faisais doucement tourner cette dernière entre mes doigts dans un silence particulièrement mortifère. Me fixant doucement, l'un des marins semblait tout aussi intrigué qu'effrayé. Surement un bleu. Une recrue idéaliste qui avait souhaité rejoindre la glorieuse flotte républicaine pour chasser le vilain et le malandrin. Et il se retrouvait à présent, là, au milieu de nulle part à devoir progresser dans les ombres aux côtés d'un personnage aussi énigmatique que coupable d'expériences qui l'auraient sans aucun doute terrifié jusqu'à la fin de son service. Mais. Dans l'heure, c'était ce mousse qui justement devait assurer mes flancs. Aussi, je cessai subitement de faire tournoyer mon stiletto pour venir tapoter doucement son épaule. Comme pour le rassurer. Comme pour lui donner un semblant d'idéalisme avant de commencer notre progression.
Naturellement, mon groupe ne fit pas partie de la "première vague". Trop précieux pour Zelevas. Trop peu "militarisé" pour la directrice. Amusant, quand on prenait en compte le fait que j'avais été l'un des rares vétérans de la guerre des titans. Enfin. Je ne me fis pas particulièrement prié et acceptait ma position sans piper mot. Après tout, les chirurgiens et autres médecins n'étaient pas des plus utiles en première ligne. Si ce n'était pour recoudre les chairs tranchées et les esprits traumatisés. Mais.. Dans notre situation actuelle, l'assaut en deux temps permettait de réguler un peu mieux les flux de combattant. Quand le premier entrepôt fut nettoyé, j'entrai à mon tour à l'intérieur, passant rapidement sur les différentes caisses afin d'aider au tri et autres établissements d'extraction prioritaire. Pendant cette affaire, le reste du premier groupe reprit sa route. Les regardant partir, je pu entendre assez rapidement le bruit caractéristique du métal frappant le cuir et les os, ainsi que quelques grognements et cris étouffés. Visiblement, ils étaient tombés sur des défenseurs. Donnant une nouvelle caisse à l'un des membres chargés de l'extraction des ressources, je rempoignai de nouveau mon arme tout en fixant la lourde porte menant à la demeure suivante.
Le cimetière était encore loin et, pourtant, l'odeur de la mort se répandait déjà sur notre chemin.
Les bottes claquent sur les pavés, il n’est plus question de discrétion désormais, la seule couverture dont ils ont besoin pour progresser leur est déjà octroyée par l’obscurité et la chappe de brouillard marin qui tombe dans les rues de Port-Aurya. Au milieu de cette nappe impénétrable, les troupes de la GAR se dispersent le plus vite possible en suivant le plan établit précédemment par Zelevas et le capitaine de l’Hermione, les soldats, forgés par la discipline militaire rigoureuse de l’institution républicaine, manquent pourtant d’expérience réelle de combat. La plupart des militaires n’ont jamais participé à une véritable bataille de leur vie, certains n’ont même encore jamais été amené à tuer qui que ce soit, pourtant le gouffre est palpable entre la puissance de frappe des républicains et celle risible des extrêmistes reikois ou des divinistes encore présents dans les rues. La discipline académique est tout simplement une meilleure enseignante que l’auto-didactique approximative de quelques clampins armés à la va-vite, la différence ne se fait pas que sur l’organisation ou la rigueur d’exécution, mais aussi sur la disparité des équipements, sur la préparation, sur le moral, l’état de santé. La plupart des pouilleux qu’ils pourfendent sur leur route sont déjà malades, affectés par les maux qui rongent la cité portuaire rescapée, affaiblis par le manque de nourriture, par le stress constant de la situation instable de la ville, confus par l’incompréhension de ce qu’il se passe. Le sang coule, les soldats progressent, la petite opération se déroule pour l’instant sans accroc.
Zelevas progresse avec la deuxième vague de soldats, celle qui comporte également les civils de la SSG, la Directrice du comptoir et le Docteur. Ensemble ils pénètrent rapidement dans l’entrepôt du fond de la rue, libéré par la GAR qui nettoie minutieusement les bâtiments en les précédant.
”Ne perdons pas de temps, plus nous nous éternisons plus nous prenons de risque, la vitesse est notre alliée.”
C’est la partie charnière de leur opération de sortie, la première vague de la GAR devait leur acheter du temps et permettre aux autres de piller l’entrepôt pour ravitailler l’Hermione et préparer le navire à mettre les voiles. Le but n’était pas nécessairement de stopper frontalement les adversaires qui finiraient inévitablement par se rameuter, mais plutôt de suffisamment les menacer pour les faire hésiter à avancer. Ainsi lorsque les maisons et les ateliers autour de l’entrepôt furent sécurisées par les soldats, chaque marin sachant se servir d’une arme de tir prit poste pour effectuer des tirs d’intimidation à l’encontre des premiers renforts ennemis. Les carreaux fusaient sans nécessairement trouver de victime dans les rues embrumées de la cité, poussant à une prudence excessive les séparatistes qui avaient déjà beaucoup de mal à progresser. Pendant que le conflit semblait donc s’enterrer un peu sur les positions de chacuns, le Sénateur lui-même ainsi que les autres employés du comptoir se focalisaient entièrement sur l’extraction des ressources dont ils avaient besoin. Les caisses les plus grosses sont évidemment bien trop lourdes pour le vieil homme qui n’a plus l’habitude de tels efforts physiques, mais il en va ici non seulement de sa survie mais de celles d’hommes dévoués à une cause plus que noble, celle de la République. Le Docteur non plus ne chôme pas et aide à l’effort commun, prenant parfois le temps de jeter un coup d’oeil à certaines cargaisons qui attisent sa curiosité ou son attention. Pendant plus d’une vingtaine de minutes, les cris montent de plus en plus au dehors de l’entrepôt au fur et à mesure que le nombre de séparatistes augmente dans leur vicinité et que l’ennemi commence à s’organiser un peu, mais cela importe peu pour la grande armée, les cargos ont été transportés en quelques allers-retours, le corps d’attaque peut maintenant mener la fin de l’objectif à bien.
Tandis que le deuxième corps sonne sa retraite au sein du territoire du Comptoir, le Docteur est transféré au groupe d’assaut pour progresser vers le cimetière de la cité portuaire et se sépare de Zelevas. Le vieil homme participe au chargement à bord de l’Hermione qui vient accoster sur le quai et en se faisant, ils jettent des regards inquiets en direction des rues. Maintenant que leurs forces sont séparées, ils se retrouvent vulnérables, protégés uniquement par la barrière diplomatique fictive que représente une intrusion hostile sur le territoire républicain. Le problème restera éternellement le même, dès que les gens arrêtent de respecter les règles, il n’existe plus de certitude, plus de garantie, de sécurité ou d’acquis, ceux qui décident de ne pas jouer dans les mêmes règles que les autres auront toujours l’avantage pour faire face aux bons citoyens, il en va de même à la guerre, et aujourd’hui ne fait pas exception. Lorsque les premiers séparatistes reikois les plus téméraires se décident enfin à attaquer les barricades qui bouchent les fenêtres du bâtiment de la SSG, le groupe de Zelevas se met à paniquer et chacun cours se placer en position de combat pour accueillir les intrus. Le Sénateur espère juste que de leur côté, le détachement du Docteur progresse sans anicroche et surtout qu’ils seront de retour assez rapidement. Ici ils ne seront pas capable de tenir leur position éternellement et s’ils se retrouvent poussés à bord de l’Hermione et forcés de décoller du quai, l’extraction de ceux encore à terre sera complexe. Pas impossible bien sure, mais complexe.
À travers la nuit les affrontements font rage, et dans un revirement de situation fidèle aux traditions de la ville, la GAR voit son opération facilitée par plusieurs soulèvements simultanés de différents groupes, la pègre de shoumeï accompagnée par les anciens nobles de la nation ravagée, les divinistes fanatiques et les simples civils rescapés dont la patience a été rongée à force de se retrouver entre les tirs croisés des différents partis, ont tous rejoins la danse. Un véritable massacre archaïque s’empare de la cité et l’armée profite gracieusement de cette diversion pour avancer rapidement, preuve en est que Zelevas, toujours à l’intérieur du Comptoir qu’ils ont réussi à défendre grâce à la débandade de leurs adversaires, voit au bout d’une paire d’heures seulement les soldats républicains revenir parmis eux, ayant apparemment conduit leur mission avec franc succès. La GAR s’empresse d’évacuer les employés et civils républicains à bord du bâtiment de la Liberum Armada, et les voiles de l’Hermione se déplient tandis que les rames crèvent la surface calme de l’océan pour éloigner le vaisseau de ces terres maudites et incivilisées. Une fois la distance creusée avec ce foutu port, les républicains se permettent une effusion de cris de victoire qui, malgré la fatigue générale, éclate bruyamment dans la nuit pour témoigner de la fierté et du soulagement de laisser Port-Aurya derrière eux. L’état dans lequel ils laissent la cité est toujours incertain, mais Zelevas sait que malgré l’importance de l’endroit pour l’exportation et le commerce de sa compagnie, il leur est impossible avec les moyens dont il dispose là maintenant d’y faire quoi que ce soit de plus que sauver la mise des citoyens de sa nation. Le vieillard regarde avec un arrière goût amer les taches rougeoyantes des flammes de torche, d’incendie et de lumière de la ville disparaître dans la brume, mourant comme les espoirs de ceux qui ont la malchance d’être né là bas, et pour qui abandonner ces terres natales n’est pas une option.
Le voyage se fait calmement jusqu’au Doreï où l’équipage de l’Hermione dépose la totalité des employés du Comptoir de Port-Aurya, les adieux sont chaleureux et reconnaissants, notamment envers le Docteur grâce à qui certains ont embarqué malade pour descendre du navire en bonne santé. Une fois plus de vivres montés à bord du navire et quelques cargaisons récupérées au dernier havre de paix de Shoumeï, l’Hermione repart une fois de plus, cette fois en direction de la jonction maritime de Liberty et sans escale supplémentaire. Après des jours de voyages passés à répertorier les retombées économiques et à organiser la reprise du Comptoir de Port-Aurya par la SSG en estimant un devis des dépenses prévues à cet effet, Zelevas et le Docteur finissent par rejoindre Justice, là où tout a commencé, au bout d’un ultime trajet en diligence.
Le vieillard est demeuré bien silencieux depuis qu’ils sont montés en voiture, mais cette fois ce n’est pas uniquement par le malaise dû aux moeurs sociales étranges de son partenaire de route, c’est aussi parce que Zelevas réfléchi profondément, le regard perdu à travers la fenêtre dans le paysage hivernal des circonscriptions Justicières, et ses pensées commencent à prendre une forme réelle, saisissable, qu’il n’avait pourtant jamais espéré effleuré auparavant. Durant toute la durée de leur petite aventure, l’homme politique n’avait eu de cesse d’observer attentivement l’étrange Docteur, d’essayer non seulement d’en savoir plus sur l’énigmatique personnage et sur ses motivations, mais aussi sur ses capacités, et s’il ne doutait pas que le Docteur cochait moralement parlant des cases qui intéressent grandement le Sénateur sans scrupule, il voulait avoir le coeur net sur l’étendue des compétences du savant. Une fois que leur voiture dépasse les portes immenses qui encadrent le coeur de Justice, Zelevas ordonne au cocher de venir s’arrêter abruptement, encore loin de la demeure d’Élusie excentrée de la ville. Le vieillard se rassoit dans la banquette et dévisage les lentilles fumées dont il ignore encore ce qui se cache derrière, il formule sa demande d’une voix ferme, presque exigeante, laissant l’impression qu’un refus n’est pas une réponse valide:
”Puisque vous m’aviez dit avoir un laboratoire à Justice, donnez l’adresse au cocher, je souhaite voir de plus près les limites de votre savoir-faire médical. J’ai peut-être une proposition à vous faire qui pourrait vous intéresser en fonction de ce que vous me montrerez.”
Zelevas progresse avec la deuxième vague de soldats, celle qui comporte également les civils de la SSG, la Directrice du comptoir et le Docteur. Ensemble ils pénètrent rapidement dans l’entrepôt du fond de la rue, libéré par la GAR qui nettoie minutieusement les bâtiments en les précédant.
”Ne perdons pas de temps, plus nous nous éternisons plus nous prenons de risque, la vitesse est notre alliée.”
C’est la partie charnière de leur opération de sortie, la première vague de la GAR devait leur acheter du temps et permettre aux autres de piller l’entrepôt pour ravitailler l’Hermione et préparer le navire à mettre les voiles. Le but n’était pas nécessairement de stopper frontalement les adversaires qui finiraient inévitablement par se rameuter, mais plutôt de suffisamment les menacer pour les faire hésiter à avancer. Ainsi lorsque les maisons et les ateliers autour de l’entrepôt furent sécurisées par les soldats, chaque marin sachant se servir d’une arme de tir prit poste pour effectuer des tirs d’intimidation à l’encontre des premiers renforts ennemis. Les carreaux fusaient sans nécessairement trouver de victime dans les rues embrumées de la cité, poussant à une prudence excessive les séparatistes qui avaient déjà beaucoup de mal à progresser. Pendant que le conflit semblait donc s’enterrer un peu sur les positions de chacuns, le Sénateur lui-même ainsi que les autres employés du comptoir se focalisaient entièrement sur l’extraction des ressources dont ils avaient besoin. Les caisses les plus grosses sont évidemment bien trop lourdes pour le vieil homme qui n’a plus l’habitude de tels efforts physiques, mais il en va ici non seulement de sa survie mais de celles d’hommes dévoués à une cause plus que noble, celle de la République. Le Docteur non plus ne chôme pas et aide à l’effort commun, prenant parfois le temps de jeter un coup d’oeil à certaines cargaisons qui attisent sa curiosité ou son attention. Pendant plus d’une vingtaine de minutes, les cris montent de plus en plus au dehors de l’entrepôt au fur et à mesure que le nombre de séparatistes augmente dans leur vicinité et que l’ennemi commence à s’organiser un peu, mais cela importe peu pour la grande armée, les cargos ont été transportés en quelques allers-retours, le corps d’attaque peut maintenant mener la fin de l’objectif à bien.
Tandis que le deuxième corps sonne sa retraite au sein du territoire du Comptoir, le Docteur est transféré au groupe d’assaut pour progresser vers le cimetière de la cité portuaire et se sépare de Zelevas. Le vieil homme participe au chargement à bord de l’Hermione qui vient accoster sur le quai et en se faisant, ils jettent des regards inquiets en direction des rues. Maintenant que leurs forces sont séparées, ils se retrouvent vulnérables, protégés uniquement par la barrière diplomatique fictive que représente une intrusion hostile sur le territoire républicain. Le problème restera éternellement le même, dès que les gens arrêtent de respecter les règles, il n’existe plus de certitude, plus de garantie, de sécurité ou d’acquis, ceux qui décident de ne pas jouer dans les mêmes règles que les autres auront toujours l’avantage pour faire face aux bons citoyens, il en va de même à la guerre, et aujourd’hui ne fait pas exception. Lorsque les premiers séparatistes reikois les plus téméraires se décident enfin à attaquer les barricades qui bouchent les fenêtres du bâtiment de la SSG, le groupe de Zelevas se met à paniquer et chacun cours se placer en position de combat pour accueillir les intrus. Le Sénateur espère juste que de leur côté, le détachement du Docteur progresse sans anicroche et surtout qu’ils seront de retour assez rapidement. Ici ils ne seront pas capable de tenir leur position éternellement et s’ils se retrouvent poussés à bord de l’Hermione et forcés de décoller du quai, l’extraction de ceux encore à terre sera complexe. Pas impossible bien sure, mais complexe.
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À travers la nuit les affrontements font rage, et dans un revirement de situation fidèle aux traditions de la ville, la GAR voit son opération facilitée par plusieurs soulèvements simultanés de différents groupes, la pègre de shoumeï accompagnée par les anciens nobles de la nation ravagée, les divinistes fanatiques et les simples civils rescapés dont la patience a été rongée à force de se retrouver entre les tirs croisés des différents partis, ont tous rejoins la danse. Un véritable massacre archaïque s’empare de la cité et l’armée profite gracieusement de cette diversion pour avancer rapidement, preuve en est que Zelevas, toujours à l’intérieur du Comptoir qu’ils ont réussi à défendre grâce à la débandade de leurs adversaires, voit au bout d’une paire d’heures seulement les soldats républicains revenir parmis eux, ayant apparemment conduit leur mission avec franc succès. La GAR s’empresse d’évacuer les employés et civils républicains à bord du bâtiment de la Liberum Armada, et les voiles de l’Hermione se déplient tandis que les rames crèvent la surface calme de l’océan pour éloigner le vaisseau de ces terres maudites et incivilisées. Une fois la distance creusée avec ce foutu port, les républicains se permettent une effusion de cris de victoire qui, malgré la fatigue générale, éclate bruyamment dans la nuit pour témoigner de la fierté et du soulagement de laisser Port-Aurya derrière eux. L’état dans lequel ils laissent la cité est toujours incertain, mais Zelevas sait que malgré l’importance de l’endroit pour l’exportation et le commerce de sa compagnie, il leur est impossible avec les moyens dont il dispose là maintenant d’y faire quoi que ce soit de plus que sauver la mise des citoyens de sa nation. Le vieillard regarde avec un arrière goût amer les taches rougeoyantes des flammes de torche, d’incendie et de lumière de la ville disparaître dans la brume, mourant comme les espoirs de ceux qui ont la malchance d’être né là bas, et pour qui abandonner ces terres natales n’est pas une option.
Le voyage se fait calmement jusqu’au Doreï où l’équipage de l’Hermione dépose la totalité des employés du Comptoir de Port-Aurya, les adieux sont chaleureux et reconnaissants, notamment envers le Docteur grâce à qui certains ont embarqué malade pour descendre du navire en bonne santé. Une fois plus de vivres montés à bord du navire et quelques cargaisons récupérées au dernier havre de paix de Shoumeï, l’Hermione repart une fois de plus, cette fois en direction de la jonction maritime de Liberty et sans escale supplémentaire. Après des jours de voyages passés à répertorier les retombées économiques et à organiser la reprise du Comptoir de Port-Aurya par la SSG en estimant un devis des dépenses prévues à cet effet, Zelevas et le Docteur finissent par rejoindre Justice, là où tout a commencé, au bout d’un ultime trajet en diligence.
Le vieillard est demeuré bien silencieux depuis qu’ils sont montés en voiture, mais cette fois ce n’est pas uniquement par le malaise dû aux moeurs sociales étranges de son partenaire de route, c’est aussi parce que Zelevas réfléchi profondément, le regard perdu à travers la fenêtre dans le paysage hivernal des circonscriptions Justicières, et ses pensées commencent à prendre une forme réelle, saisissable, qu’il n’avait pourtant jamais espéré effleuré auparavant. Durant toute la durée de leur petite aventure, l’homme politique n’avait eu de cesse d’observer attentivement l’étrange Docteur, d’essayer non seulement d’en savoir plus sur l’énigmatique personnage et sur ses motivations, mais aussi sur ses capacités, et s’il ne doutait pas que le Docteur cochait moralement parlant des cases qui intéressent grandement le Sénateur sans scrupule, il voulait avoir le coeur net sur l’étendue des compétences du savant. Une fois que leur voiture dépasse les portes immenses qui encadrent le coeur de Justice, Zelevas ordonne au cocher de venir s’arrêter abruptement, encore loin de la demeure d’Élusie excentrée de la ville. Le vieillard se rassoit dans la banquette et dévisage les lentilles fumées dont il ignore encore ce qui se cache derrière, il formule sa demande d’une voix ferme, presque exigeante, laissant l’impression qu’un refus n’est pas une réponse valide:
”Puisque vous m’aviez dit avoir un laboratoire à Justice, donnez l’adresse au cocher, je souhaite voir de plus près les limites de votre savoir-faire médical. J’ai peut-être une proposition à vous faire qui pourrait vous intéresser en fonction de ce que vous me montrerez.”
Citoyen de La République
Nahash
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Au final, la purge de la maladie avait été relativement aisée. Enfin. Pour moi. Dans l'opération, bon nombres de mes accompagnant avaient commencé à contracté divers symptômes dérangeants qui, je le savais, se seraient transformés en quelque chose de bien plus néfaste si je n'étais pas intervenu. Fort heureusement pour eux, ils tombaient dans le cadre de ma mission et mon entente avec le sénateur aussi je m'assurai que ces imbéciles puissent voir de nouveau le jour se lever. A notre retour au niveau de l'Hermione, tout avait été réglé et notre fuite put se faire sans encombre véritable. Vinrent ensuite les adieux une fois au Dorei quelques temps plus tard.
Je n'avais jamais été homme à apprécier les au revoir ni les salutations. D'un naturel taciturne envers la population lambda, je préférais largement rester dans l'ombre et laisser les "grands" de ce monde prendre les lauriers à ma place. Ma fierté ne résidait pas dans les louanges qu'on m'adressait mais plutôt dans mes traitements et autres recherches. Je laissai ma marque sur ce monde pourri, non pas via des affiches ou des jolis mots, mais via du bouche à oreille et des méthodes scientifiques remarquables. De ce fait, lorsque les différents marins et membres de la SSG vinrent me voir pour me remercier chaleureusement, je serrai leurs mains sans conviction, quand je ne me contentai pas simplement de secouer la tête en reculant pour certains d'entre eux. Il fallait dire que, malgré les soins prodigués, la plupart restaient ce qu'ils avaient toujours été. Des marins puants, à l'hygiène déplorables et à l'alcool facile. Pour peu, je pense que l'odeur de vieillard de Zelevas m'était bien plus agréable. Enfin. j'étais mauvaise langue. Le sénateur ne puait pas tant que cela.
Le reste du voyage fut relativement tranquille, tout comme notre déplacement en diligence dans la ville. A ma grande surprise, Zelevas ne vint pas m'harceler d'une multitude de questions ou me raconter sa vie. Il semblait pensif. A peser le pour et le contre sur des questions que seul lui pouvait se poser. Je pouvais l'avouer tout de même, le vieillard était tout de même un homme remarquable. Sa dévotion envers son pays était réel, et ses motivations n'étaient pas entravées par une morale stupide ou des notions d'éthique qui pouvaient le limiter dans ses propres projets. Il semblait apprécier mon travail et n'avait pas spécifiquement montré de signes de rejet vis à vis de mes actions. Ne serait-ce que pour cela, il représentait un investissement potentiellement intéressant. Encore plus compte tenu du fait qu'il allait créer le laboratoire que je lui avait demandé. Pour le reste, il fallait à présent savoir si cela serait associé à une collaboration entre lui et moi. Et l'ébauche de cette idée commença à germer dans mon esprit lorsqu'il me demanda de visiter mon atelier secondaire. Le petit nid que je m'étais confectionné pour pratiquer librement et dans lequel son majordome était venu me trouver. Là où tout avait, au final, commencé.
* Fort bien. Allons visiter ce petit laboratoire. *
Ainsi, le cochet nous mena jusqu'à mon atelier. Approchant de la porte, je sorti de ma sacoche un trousseau de clé à moitié rouillé. Un attirail ne faisant pas de mine, tout comme la façade du bâtiment. Pourtant, l'intérieur se retrouvait bien plus intéressant. Invitant le sénateur à me suivre, je lui présentai par la suite les premières pièces. Un bureau, une table d'opération relativement simple et quelques étagères emplies de fioles à moitié vides. Rien de transcendant. Puis, toujours silencieux, je continuai d'avancer vers les étages inférieures, m'assurant au préalable d'être suivi par mon nouveau camarade de voyage.
Dans le sous-sol, une nouvelle table avait été installé à la va-vite au centre de la pièce. Aux nombreuses tâches séchées brunes présentes sur le marbre, il était assez évident de deviner à quoi cette dernière me servait. Sur quelques chariots aménagés, des bocaux emplis de formol et d'organes réarrangés attendaient sagement que je ne vienne les manipuler ou pratiquer la moindre expérience. Mais, l'intérêt principal ne se trouvait pas là. Sur tous les murs. Sur le plafond. Sur chaque surface qui n'était pas le sol, se trouvaient des centaines de croquis d'anatomie. Toutes les races, toutes les créatures peuplant sekai étaient dessiné à la main avec différents commentaires de ma part. Des annotations, sur comment mieux tuer, mieux soigner, ou améliorer des êtres existants. Plus spécifiquement, un dessin d'homme décortiqué en plusieurs couches montraient clairement mes intentions quant à la restructuration interne des organes et des muscles. Un projet de "surhomme", malheureusement abandonné par manque de moyen et d'intérêt de la part des gens m'entourant. Silencieux, j'avançai vers ces derniers croquis en passant ma main gantée dessus, avant de les quitter pour venir soulever l'un des bocaux détenant un cœur d'hybride rat. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je revoyais la façon qu'avait eu la créature de se tortiller avant de m'avouer pour qui il travaillait et le secret de ses approvisionnement en herbes. Reposant finalement le bocal, je me tournai alors vers Zelevas, mes yeux cherchant les siens aux travers de mes lentilles.
* Alors, sénateur. mon laboratoire sied-il à vos attentes? *
Je n'avais jamais été homme à apprécier les au revoir ni les salutations. D'un naturel taciturne envers la population lambda, je préférais largement rester dans l'ombre et laisser les "grands" de ce monde prendre les lauriers à ma place. Ma fierté ne résidait pas dans les louanges qu'on m'adressait mais plutôt dans mes traitements et autres recherches. Je laissai ma marque sur ce monde pourri, non pas via des affiches ou des jolis mots, mais via du bouche à oreille et des méthodes scientifiques remarquables. De ce fait, lorsque les différents marins et membres de la SSG vinrent me voir pour me remercier chaleureusement, je serrai leurs mains sans conviction, quand je ne me contentai pas simplement de secouer la tête en reculant pour certains d'entre eux. Il fallait dire que, malgré les soins prodigués, la plupart restaient ce qu'ils avaient toujours été. Des marins puants, à l'hygiène déplorables et à l'alcool facile. Pour peu, je pense que l'odeur de vieillard de Zelevas m'était bien plus agréable. Enfin. j'étais mauvaise langue. Le sénateur ne puait pas tant que cela.
Le reste du voyage fut relativement tranquille, tout comme notre déplacement en diligence dans la ville. A ma grande surprise, Zelevas ne vint pas m'harceler d'une multitude de questions ou me raconter sa vie. Il semblait pensif. A peser le pour et le contre sur des questions que seul lui pouvait se poser. Je pouvais l'avouer tout de même, le vieillard était tout de même un homme remarquable. Sa dévotion envers son pays était réel, et ses motivations n'étaient pas entravées par une morale stupide ou des notions d'éthique qui pouvaient le limiter dans ses propres projets. Il semblait apprécier mon travail et n'avait pas spécifiquement montré de signes de rejet vis à vis de mes actions. Ne serait-ce que pour cela, il représentait un investissement potentiellement intéressant. Encore plus compte tenu du fait qu'il allait créer le laboratoire que je lui avait demandé. Pour le reste, il fallait à présent savoir si cela serait associé à une collaboration entre lui et moi. Et l'ébauche de cette idée commença à germer dans mon esprit lorsqu'il me demanda de visiter mon atelier secondaire. Le petit nid que je m'étais confectionné pour pratiquer librement et dans lequel son majordome était venu me trouver. Là où tout avait, au final, commencé.
* Fort bien. Allons visiter ce petit laboratoire. *
Ainsi, le cochet nous mena jusqu'à mon atelier. Approchant de la porte, je sorti de ma sacoche un trousseau de clé à moitié rouillé. Un attirail ne faisant pas de mine, tout comme la façade du bâtiment. Pourtant, l'intérieur se retrouvait bien plus intéressant. Invitant le sénateur à me suivre, je lui présentai par la suite les premières pièces. Un bureau, une table d'opération relativement simple et quelques étagères emplies de fioles à moitié vides. Rien de transcendant. Puis, toujours silencieux, je continuai d'avancer vers les étages inférieures, m'assurant au préalable d'être suivi par mon nouveau camarade de voyage.
Dans le sous-sol, une nouvelle table avait été installé à la va-vite au centre de la pièce. Aux nombreuses tâches séchées brunes présentes sur le marbre, il était assez évident de deviner à quoi cette dernière me servait. Sur quelques chariots aménagés, des bocaux emplis de formol et d'organes réarrangés attendaient sagement que je ne vienne les manipuler ou pratiquer la moindre expérience. Mais, l'intérêt principal ne se trouvait pas là. Sur tous les murs. Sur le plafond. Sur chaque surface qui n'était pas le sol, se trouvaient des centaines de croquis d'anatomie. Toutes les races, toutes les créatures peuplant sekai étaient dessiné à la main avec différents commentaires de ma part. Des annotations, sur comment mieux tuer, mieux soigner, ou améliorer des êtres existants. Plus spécifiquement, un dessin d'homme décortiqué en plusieurs couches montraient clairement mes intentions quant à la restructuration interne des organes et des muscles. Un projet de "surhomme", malheureusement abandonné par manque de moyen et d'intérêt de la part des gens m'entourant. Silencieux, j'avançai vers ces derniers croquis en passant ma main gantée dessus, avant de les quitter pour venir soulever l'un des bocaux détenant un cœur d'hybride rat. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je revoyais la façon qu'avait eu la créature de se tortiller avant de m'avouer pour qui il travaillait et le secret de ses approvisionnement en herbes. Reposant finalement le bocal, je me tournai alors vers Zelevas, mes yeux cherchant les siens aux travers de mes lentilles.
* Alors, sénateur. mon laboratoire sied-il à vos attentes? *
Des clés rouillées, une porte sobre sans ornement ni plaque décorative, ni indication quelconque que derrière ces murs se cachent un cabinet de consultation. Zelevas se souvient de la lettre d’Himir qui lui avait précisé que pour le trouver, il était passé par des moyens détournés, pas étonnant qu’il soit si difficile de repérer le Docteur s’il est aussi avare en publicité qu’il n’est socialement avenant et chaleureux. À l’entrée point de paillasson, et en voyant la propreté générale du vestibule, Zelevas ne prend pas la peine de demander si son hôte souhaite qu’il retire ses chaussures, visiblement l’hygiène est soit devenue un facteur négligeable tant le Doc sait ce qu’il fait, soit il n’a tout simplement pas le temps de s’en préoccuper. Enfin ce n’est que l’entrée, la salle de consultation en elle-même est peut-être mieux lotie… un bureau sur lequel reposent des papiers en vrac et des ouvrages aléatoires qui semblent éparpillés de façon désordonnée. Peu convaincant. Idem pour la salle en elle-même, le Docteur lui présente sommairement les lieux mais le Sénateur n’y trouve rien attrayant son intérêt, il avait cru l’espace de quelques heures pouvoir concrétiser une idée folle qu’il s’était pourtant résigné à archiver dans la case des fantasmes iréalistes il y a bien longtemps. Il avait cru l’espace de quelques heures avoir trouvé une personne dont les dons et les connaissances auraient pu donner vie à ce qui n’était qu’un croquis sur un bout de papier. Peut-être avait-il fondé trop d’espoirs dans un médecin de rue un peu lunatique. Dépité, Zelevas cache tout de même sa déception derrière une expression neutre comme il sait si bien le faire, mais intérieurement il ne peut s’empêcher d’accuser la retombée de son excitation, dommage. Il s’attarde un petit peu sur les étagères bourrées de béchers et d’erlenmeyers désorganisés sur lesquels du charabia indéchiffrable répertorie les contenus plus ou moins vides que le praticien stocke chez lui. Il demeure incapable d’en reconnaître un seul, pour peu qu’il serait écrit n’importe quoi, Zelevas n’en aurait aucune idée. Une petite moue des lèvres montre un impressionnement feint et il crois que la visite s’arrête là, avant que le Docteur ne l’invite à le suivre vers des escaliers descendants. D’un seul coup, même si l’excitation du Sénateur est lourdement redescendue, sa curiosité est piquée, est-ce à cause des marches beaucoup trop propres en comparaison du reste du cabinet? De l’apparence étrange de la porte visible au fond, ou de l’absence d’éclairage? Est-ce à cause de la surprise même qu’il existe des couloirs inférieurs dans cet endroit alors que l’architecture extérieure de la maison ne le laissait pas suggérer? Peut-être, mais maintenant qu’il était là rien ne lui coûtait de reculer, alors le vieillard emboîte le pas au Docteur et le suit dans les tréfonds de son antre.
Le sous-sol est drastiquement différent du reste du cabinet plus haut, et Zelevas comprend de suite son erreur, il croyait que le bureau et la table de consultation du rez-de-chaussée constituaient le centre d’activité même du médecin, mais il s’agissait en réalité d’une façade pour dissimuler ce qui était réellement important. Le plan de travail et la table aux marques lugubres font remonter des souvenirs peu racoleurs à l’ancien Limier, des interventions et des descentes dans des repères mal famés, souvent parsemés de surprises dont le commun des mortels se seraient passé, et pourtant ce ne sont pas ces deux meubles mortifères qui attirent le plus son attention. Mêmes les jarres à organes ne savent trouver grâce à ses yeux, des expositions qui auraient suffit à retourner le coeur d’un autre sexagénaire ne lui arrachent même pas un haut-le-coeur tant son attention est aspirée par la pièce maîtresse affichée sur un mur. Au milieu des centaines d’esquisses médicales et d’écorchés raciaux trônent une toile bien plus grande que les autres sur laquelle figure une représentation détaillée de l’Homme, décomposé dans ses multiples systèmes que Zelevas ne saurait plus nommer avec précision. Sur la fiche réside également des annotations sur différentes possibilités d’optimisations artificielles du corps humain, d’augmentations et de méthodes de soins théorisées mais jamais mises en application. Bouche-bée par la ressemblance saisissante entre ce dessin de professionnel et le croquis d’enfant maladroit qui repose dans son coffre, Zelevas effleure du bout des doigts le papier avant que la voix du Docteur ne résonne dans sa tête pour lui demander son avis. Cette fois, nul besoin de cacher ses émotions, Zelevas est sincère, il tapote fortement son index ganté contre le feuillet au mur en regardant le savant.
”Plus que je ne l’aurai imaginé. Je vais vous demander de m’attendre ici, je vais revenir vers vous dans une petite heure, le temps de faire un aller-retour par chez moi.”
Sans perdre de temps et en laissant le Doc en plan, il remonte quatre à quatre les marches de l’escalier pour remonter à bord de sa voiture et filer en direction du manoir d’Élusie. Himir n’a même pas le temps d’obtenir quoi que ce soit de plus qu’un bref bonjour et un bredouillement non-exhaustif sur ce que le Sénateur a fait de ses deux dernières semaines en le laissant gérer ses affaires, et après s’excuser rapidement auprès du jeune homme qui à ce stade ne démérite ni son salaire ni la confiance que lui donne le Directeur, Zelevas s’enferme dans son bureau personnel, celui au fond du couloir de son manoir, en face de l’entrée. Une fois seul, il se précipite sur le coffre caché sous des planches du parquet et l’ouvre frénétiquement en fouillant dedans, éparpillant des documents douteux et des feuillets importants mais qui dans l’instant ne pouvaient possiblement autant l’être que:
”Palladium.” murmure-t’il à haute voix en déterrant une sale chemise un peu fine.
Augmentation techno-magiques, prothèses enchantées de fabrication républicaine, mécanisation de l’homme, entraînement draconien et application tactique ou offensive… Le militaire parfait. À la fois arme, et soldat. Il avait laissé tombé l’idée après avoir parlé à certains chirurgiens clandestins des bas-fonds qui lui avaient rapidement fait comprendre que la chose était impossible, mais peut-être que pour quelqu’un qui avait eu la même idée que lui, peut-être pour quelqu’un avec le talent du Doc…
Peut-être que la République allait voir l’avènement de quelque chose de très spécial.
Le sous-sol est drastiquement différent du reste du cabinet plus haut, et Zelevas comprend de suite son erreur, il croyait que le bureau et la table de consultation du rez-de-chaussée constituaient le centre d’activité même du médecin, mais il s’agissait en réalité d’une façade pour dissimuler ce qui était réellement important. Le plan de travail et la table aux marques lugubres font remonter des souvenirs peu racoleurs à l’ancien Limier, des interventions et des descentes dans des repères mal famés, souvent parsemés de surprises dont le commun des mortels se seraient passé, et pourtant ce ne sont pas ces deux meubles mortifères qui attirent le plus son attention. Mêmes les jarres à organes ne savent trouver grâce à ses yeux, des expositions qui auraient suffit à retourner le coeur d’un autre sexagénaire ne lui arrachent même pas un haut-le-coeur tant son attention est aspirée par la pièce maîtresse affichée sur un mur. Au milieu des centaines d’esquisses médicales et d’écorchés raciaux trônent une toile bien plus grande que les autres sur laquelle figure une représentation détaillée de l’Homme, décomposé dans ses multiples systèmes que Zelevas ne saurait plus nommer avec précision. Sur la fiche réside également des annotations sur différentes possibilités d’optimisations artificielles du corps humain, d’augmentations et de méthodes de soins théorisées mais jamais mises en application. Bouche-bée par la ressemblance saisissante entre ce dessin de professionnel et le croquis d’enfant maladroit qui repose dans son coffre, Zelevas effleure du bout des doigts le papier avant que la voix du Docteur ne résonne dans sa tête pour lui demander son avis. Cette fois, nul besoin de cacher ses émotions, Zelevas est sincère, il tapote fortement son index ganté contre le feuillet au mur en regardant le savant.
”Plus que je ne l’aurai imaginé. Je vais vous demander de m’attendre ici, je vais revenir vers vous dans une petite heure, le temps de faire un aller-retour par chez moi.”
Sans perdre de temps et en laissant le Doc en plan, il remonte quatre à quatre les marches de l’escalier pour remonter à bord de sa voiture et filer en direction du manoir d’Élusie. Himir n’a même pas le temps d’obtenir quoi que ce soit de plus qu’un bref bonjour et un bredouillement non-exhaustif sur ce que le Sénateur a fait de ses deux dernières semaines en le laissant gérer ses affaires, et après s’excuser rapidement auprès du jeune homme qui à ce stade ne démérite ni son salaire ni la confiance que lui donne le Directeur, Zelevas s’enferme dans son bureau personnel, celui au fond du couloir de son manoir, en face de l’entrée. Une fois seul, il se précipite sur le coffre caché sous des planches du parquet et l’ouvre frénétiquement en fouillant dedans, éparpillant des documents douteux et des feuillets importants mais qui dans l’instant ne pouvaient possiblement autant l’être que:
”Palladium.” murmure-t’il à haute voix en déterrant une sale chemise un peu fine.
Augmentation techno-magiques, prothèses enchantées de fabrication républicaine, mécanisation de l’homme, entraînement draconien et application tactique ou offensive… Le militaire parfait. À la fois arme, et soldat. Il avait laissé tombé l’idée après avoir parlé à certains chirurgiens clandestins des bas-fonds qui lui avaient rapidement fait comprendre que la chose était impossible, mais peut-être que pour quelqu’un qui avait eu la même idée que lui, peut-être pour quelqu’un avec le talent du Doc…
Peut-être que la République allait voir l’avènement de quelque chose de très spécial.
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