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    Sixte V. Amala
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  • Jeu 5 Oct - 22:31
    Les affaires n’allaient pas bon train, c’était le moins que pouvait dire Sixte. Allongée presque de tout son long sur le comptoir de l’aubergiste qui l’avait saisie par le col alors qu’elle venait de lui annoncer qu’elle ne pourrait pas lui payer une nuit de plus. En vérité, il s'agissait de la deuxième ou de la troisième. Peut-être la quatrième. En sommes le boulot se faisait rare. Elle n’aurait su dire si cela était lié à la fraîcheur automnale, mais l’argent avait déserté ses bourses. Les messages avaient afflués au printemps, sans doute affolés par les hormones des idéalistes imbéciles dont elle devait transmettre une pelletée de lettres, mais maintenant même eux se faisait désirer. Maintenant que l’hiver approchait à grand pas, elle se trouvait sans le sous. Son seul espoir résidait donc dans deux choses ; la fainéantise des autres mercenaires et messagers qui, avec l’hiver, se cantonneraient sans doute aux rues dégagées de la ville et l’aumône du grand con qui était en train de faire sauter le premier bouton de sa chemise préférée. Et comme pour l’agacer un peu plus il tira de plus belle, l’obligeant à se tenir sur la pointe des pieds pour que le tissu ne se distende pas plus qu’il ne l’était déjà.

    - Lâche-moi. Tout de suite. Siffla la jeune elfe tout en agrippant la grosse paluche.
    - Ça fait trois jours que tu dois me payer. Trois putain de jours que tu m’dis demain. Et bah aujourd’hui c’est demain.
    - J’peux pas.
    - J’ai pas bien entendu.
    - Je peux pas. Cracha-t-elle avec véhémence. - J’ai plus un sous.

    Pendant une seconde elle crut qu’il allait lui fendre le crâne sur le bord du comptoir. Sans doute l’aurait-elle fait à sa place.

    - Je savais qu’on pouvait pas faire confiance aux bestioles dans ton genre ! Il tira une fois de plus et cette fois le bouton éclata dans un “pop” bruyant et se ficha directement entre les deux yeux de l’aubergiste. Rien de bien douloureux, mais suffisamment surprenant pour permettre à l’elfe de planter allégrement ses dents dans la chair offerte. La prise se relâcha immédiatement. Elle n’attendit pas un instant pour se soustraire à la vue de tous.

    - Où est cette putain ! L'homme écumait ; de sueur, de rage, de s’être honteusement fait distraire par un bouton.

    Sixte était, quant à elle, partagée entre fierté et amusement. Une pointe d’inquiétude aussi, si quelqu’un venait malencontreusement à tomber sur sa cachette. Agenouillée dans un coin obscur de la pièce principale, elle attendit qu’ils soient tous sortis à sa recherche pour se faufiler par l’embrasure de la porte. Puis à pas de loup fila aux écuries.

    S'ils étaient étonnés, les chevaux n’en laissèrent rien paraître. Certains pointaient une oreille dans sa direction, d’autres se contentaient d’observer, l'œil morne, le balais étrange de la selle et du filet se promenant tout seul au milieu des allées couvertes de foin et de poussière.

    Seed ne fit pas l’aumône d’un accueil chaleureux à sa propriétaire, tout juste se contenta-t-il de ne pas lui envoyer un coup de dent -sans doute car il ne la voyait pas-. Une fois harnaché, elle l’enfourcha et partie au petit trot dans la cour arrière, dévala une pente douce qui les mena jusqu’à une rue exiguë. Nulle âme à l’horizon ; Sixte et Seedra s’y engagèrent. Ils étaient sortis d'affaires.

    - Vous l’avez trouvé ? La voix qui ricocha dans la ruelle la fit se tendre comme la corde d’un arc. Pivotant sur sa selle, elle découvrit avec dépit le petit rassemblement qui se formait dans son dos.

    - Pas moyen vieux… Elle a disparu. On ne la retrouvera jam… Eh c’quoi ce cheval tout seul là-b…

    - On s’en tape de ton canasson, on a mieux a faire. L’homme aux grandes paluches attrapa l’autre par l’épaule pour l’emmener dans la direction opposée. Et dans le dos de Sixte ils continuèrent d’élaborer mille et une possibilités quant à sa localisation actuelle. Quand elle ne les entendit plus, elle talonna doucement l’hongre qui reprit sa route en renâclant, comme si il se riait de la situation.

    Une petite demi-heure s’était écoulée quand Sixte daigna enfin réapparaître et s’engager dans les artères principales de la ville. Elle tenait dans sa main une lettre dont l’écriture manuscrite tout en arabesque la rendait presque jalouse. C'était une missive qui lui avait été remise une semaine auparavant et qu’elle avait refusée presque sans la lire. Une escorte. Sixte ne les aimait pas. Il convenait souvent de faire la conversation et elle n’était pas douée pour cela, pas plus qu’elle n’était de bonne compagnie. De plus, il était nécessaire de ramener le commanditaire en vie et ça c’était encore une difficulté de plus. Lorsqu’elle était pourchassée avec un sac de lettre il lui suffisait de faire preuve d’endurance et d’inventivité, le tour était joué mais dans le cas des escortes il fallait en plus de sauver ses fesses et celle de son cheval qu’elle prenne soin de celle d’une tierce personne souvent terrifiée à la simple idée de ne pas dormir sur un matelas en plume. Pour couronner le tout, il fallait rallier Melorn et ça, c’était sans doute le point le plus noir de cette mission.

    Sixte n’avait remis les pieds dans sa ville de naissance qu’en de très rares occasions et parce qu’elle n’avait pas d’autres choix. Là-bas les souvenirs affluaient comme un torrent en colère, ceux plus récents se mettaient aussi à remuer comme attisés. Se rendre à Melorn était comme se pencher au dessus du vide pour regarder dans un miroir vertigineux la sombre enfance qui était la sienne. Alors elle avait refusé, point final. Elle avait répondu, avec son écriture en patte de mouche, que Batissa Languebass serait sûrement enchantée de récupérer cette course. Le lendemain la mise avait été doublée et si Sixte n’aimait pas Melorn elle aimait encore moins être pauvre et actuellement, elle était à un stade plus qu’avancé de pauvreté.

    Elle n’avait jamais répondu à la missive. Mais l’avait tacitement acceptée. A l’instant. Parce qu’il y aurait sans doute d’autres aubergistes qui, eux, réussiraient à lui ouvrir le crâne en deux sur un bout de comptoir.

    Le ciel était encore grisonnant d’un matin humide quand elle se présenta sur le pas de la porte du manoir. Il était grand, bien trop pour une seule personne. Il lui donnait presque le vertige avec ses piliers gigantesques, ses fenêtres sans fins et ses butoirs gros comme sa tête. Elle souleva deux fois l’un deux et le laissa lourdement retomber sur le petit bout de fer qui tinta si fort qu’elle craint d’avoir alerté l’entièreté du quartier.

    Il fallut de longues secondes avant qu’enfin les pas pressés ne se fassent entendre et que la porte pivote silencieusement. Une femme se tint a l’embrasure de la porte, la dévisagea de pied en cap.

    Honnêtement elle n’avait pas fière allure, ses cernes trahissaient d’un manque de sommeil certain, ses cheveux étaient ramassés à la va-vite en une tresse grossière et gonflés par l’humidité. Comme si ça ne suffisait pas, ses bottes étaient crottées jusqu’aux cheville et il manquait un satané bouton à sa chemise préférée bordel !

    - Je suis là pour euh… Elle déplia la lettre, la relu puis s’adressa à nouveau a la femme. - Rasscine.

    En réponse son interlocutrice manqua de s’étrangler et murmura un “Patientez ici.” avant de s'éclipser à l’intérieur du gigantesque manoir.
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  • Jeu 5 Oct - 23:14
    « Ce n'était pas une question, Narcisse. ». L'Elfe releva un sourcil puis dut se retenir de pouffer de rire face à l'air désabusé de sa congénère à la peau hâlée. Son assistante avait le don de la surprendre même après des centaines d'années passées en sa compagnie. Elle espérait encore pouvoir le soumettre à ses obligations, lui qui avait échappé à sa surveillance dans plus de défilés qu'il ne pouvait les compter. Un sourire narquois naquit sur le visage de Narcisse, arqué d'espièglerie. « Pourtant, c'est ma réponse. Je ne compte pas plus aller à Melorn que toi lorsque je t'ai tiré des griffes de ton père, si je puis te donner une idée d'à quel point la motivation me manque cruellement. ». Il observa le regard de Mirabel se durcir, ses phalanges se refermer en un poing témoignant de toute la frustration qu'elle ressentait. Touché. Elle se retourna, envoyant en arrière la longue tresse brune qui dansait au creux de ses reins tout en poussant un long soupir d'exaspération. Quand le couturier allait-il comprendre que ces voyages faisaient partie intégrante de la vie qu'il avait décidé de mener ? Elle l'ignorait, à vrai dire, elle ignorait surtout s'il fallait encore y croire après plus de deux cents ans. Déposant les documents qu'elle tenait dans ses bras sur le bureau, elle se pencha pour attraper sa tasse de café avant de reposer son regard autoritaire sur Narcisse qui se dandinait déjà d'une victoire savourée un peu trop tôt. « Tu n'es pas retourné à Melorn depuis trop longtemps. Ta famille s'impatiente, tes premiers clients également. Tu n'es pas dans une position de refuser et là où tu te fourvoies, Narcisse, c'est quand tu penses que je suis ton ennemie. ». Après tout, la rivalité entre eux avait toujours existé, persistante, comme deux frères et sœurs. « Vois ce voyage comme… un pèlerinage. Un retour à tes racines. Tu dois reconnaître que les Melornois sont particulièrement friands de tes vêtements, et je ne t'envoie pas faire un défilé là-bas. Simplement te faire voir dans quelques boutiques, donner tes respects aux quelques familles influentes, notamment les Eldrel qui te réclament depuis un bout de temps, puis tu pourras revenir. ».


    Une moue désabusée sur le visage, Narcisse sentait le piège se refermer lentement sur lui, en proie à ce qui le désarmait le plus : des arguments logiques. Lorsqu'il s'agissait de sentiments, l'Elfe parvenait toujours à faire pencher la balance à son avantage, néanmoins face aux faits, il restait juste bouche bée. Sa main alla se promener dans sa chevelure de jais, grattant doucement sa nuque et il roula des yeux. « C'est bon, j'ai compris. Par contre, ne compte pas sur moi pour y rester plus de temps que nécessaire, et encore moins pour rendre le voyage agréable. ». Mirabel s'arrêta dans son mouvement, réalisant que le couturier n'avait pas saisi qu'elle ne rejoindrait pas à Melorn, ce qui rendait toute sa mascarade bien plus difficile à maintenir. Comment lui expliquer qu'il ne pouvait se défaire de ses responsabilités quand elle fuyait les siennes ? La panique commença à s'emparer d'elle quand soudainement une idée de génie la traversa. « Je… Je ne peux pas venir avec toi Narcisse. Tu comprends, ce n'est pas l'envie qui me manque, néanmoins après le dernier fiasco de ta disparition à Maël, je me dois de renforcer nos relations ici. De plus, j'ai déjà commandité quelqu'un pour faire le trajet avec toi, je ne voudrais pas m'imposer. Tu verras, elle est… charmante. ». Un mensonge, une pure invention. Mirabel n'avait pas la moindre idée d'à quoi pouvait ressembler la jeune mercenaire qu'elle avait invitée. Un point qu'elle considérait par ailleurs comme positif, car si elle ignorait le visage de la demoiselle, cela voulait également dire que les potentiels assaillants de Narcisse n'auraient pas la moindre idée de qui ils auraient à faire. Entre l'agacement d'avoir à subir une nounou attitrée et la curiosité de la rencontrer, l'Elfe se contenta de hausser les épaules. « Et c'est pour quand ? ». Mirabel imita son congénère, penaude. « Je l'ignore. J'attends encore un retour de sa part. Tu ne me feras pas croire que tu es pressé, tout de même. ».


    Deux jours plus tard, alors que Narcisse brossait ses cheveux dans la chambre à coucher, il entendit distinctement toquer à la porte du manoir. Si les visiteurs n'étaient pas rares, ceux qui prenaient la peine de faire preuve de politesse n'avaient évidemment jamais mis les pieds en ces lieux, ce qui l'intriguait d'autant plus. L'Elfe dévala les escaliers en marbre, remarquant qu'il avait été devancé de quelques secondes par son assistante qui se tenait dans l'embrasure de la porte sans bouger. Elle analysa la demoiselle de haut en bas, restant muette quelques secondes avant de repartir en arrière, cherchant bien sûr Narcisse dans son bureau, là où il n'était jamais. Arrêté dans son élan par cette appellation qui le consternait, le jeune homme resta immobile entre deux marches, la bouche entrouverte. Puis en croisant le regard de l'inconnue, il se ressaisit, bombant le torse, relevant le menton avant de poursuivre sa descente et de lui tendre la main. « Enchanté, mademoiselle ♪ . J'ignore quel tour on a essayé de vous jouer, cependant je ne vous ferai pas l'affront de m'en formaliser. Narcisse, directeur de Maison Luminescence. J'imagine que vous êtes la demoiselle qui m'accompagnera lors de mon voyage. ». Il la gratifia d'un sourire charmeur avant de laisser son regard glisser sur sa tenue et dut retenir une mine de dégoût. « Heum… Mais avant toute chose, que diriez-vous d'un thé ? Vous avez l'air de venir de loin, cela ne vous fera pas de mal de vous reposer quelques instants. ». Il passa sa main dans son dos pour l'inviter à le suivre, faisant un signe de tête à un de ses domestiques pour qu'ils aillent chercher des vêtements convenables pour un voyage à leur invitée. De son côté, Mirabel parcourait encore le manoir, à se demander si elle désirait véritablement revenir...
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  • Ven 6 Oct - 18:32
    Sixte eut un mal de chien à retenir un hoquet de surprise lorsque la porte s’ouvrit plus grand et qu’elle l’aperçut. Ses yeux trahirent sa surprise et sa bouche en “o” ne fut pas en reste. Il était grand, gigantesque même, par rapport à elle. Pendant quelques instants elle se sentit plus petite que jamais. Une fourmis parmi les insectes. Et par les dieux  il brillait de mille feux, se reflétait dans les lueurs grisonnantes du ciel qui l'enrobait d'une aura éthérée. Sa seule présence suffisait à illuminer la pièce toute entière. Même ses courbes affutées étaient d’une perfection telle qu’elle n’en jamais vu. La jeune elfe aurait pu tomber à genoux devant cette splendeur et surtout devant la quantité d’or qu’il représentait. Sa contemplation fut toutefois interrompue par une ombre qui remua dans l’escalier. A contre cœur elle abandonna toute la beauté du lustre en cristal pour croiser le regard de son propriétaire. A côté ce dernier faisait pâle figure. Il n’était pas laid, mais l’éclat du cristal semblait si puissant que le brun n’avait pas plus d’importance que le pot de fleur près de la cheminée -sans doute aussi parce qu’il lui serait plus facile de voler et de vendre un lustre qu’un congénère-.

    Ses yeux ne daignèrent revenir à lui que lorsqu’il prononça son nom. Narcisse.
    Il ne lui disait rien, pourtant quelque chose dans les profondeurs de sa mémoire s’agita, dansant sur le rythme de la lueur curieuse qu’elle perçut dans ses iris agate. Elle lui serra machinalement la main sans retirer ses gants humide de rosée.

    - Sixte. Je vous escorterai.  Répondit-elle poliment, non sans insister lourdement sur le dernier mot. Autant qu’il se mette tout de suite en tête qu’elle était là pour le travail et surtout pour la somme mirobolante qui l’accompagnait. Il pouvait dès maintenant garder ses sourires charmeurs pour les elfes de Melorn. D’aussi loin qu’elle se souvenait de cette ville et des préférences de ses habitants, Narcisse aurait un succès fou là-bas. Il ne faisait aucun doute quant au fait qu’il se ferait ensevelir sous une pluie de déclarations dès qu’il mettrait les pieds en ville. Peut-être même se ferait-il coursé par une horde de vieille fille à marier. Ces pensées étaient hilarantes ; il lui était difficile de dissimuler le léger sourire qui ne cessait de venir flotter sur ses lèvres. Elle était sur le point de continuer sa satyre intérieur quand elle songea que, sans doute, était-ce quelque chose dont il avait déjà l’habitude.

    - Non, merci pas de th… Sixte aurait presque pu entendre sa confiance éclater comme un bout de verre. La main de Narcisse dans son dos, pressant le tissu de sa chemise contre sa peau nue lui donnait l’impression d’un millier d’aiguilles s’enfonçant dans sa chair à vif. Son palpitant manqua un battement, sa respiration échappa à ses poumons et son corps se raidit comme une statue de sel et son esprit se vida de son essence. Pendant une seconde il ne resta de Sixte qu’une enveloppe de sang et de peau. Puis ses hanches pivotèrent de leur propre chef, ses bottes glissèrent adroitement sur le sol et sa main gauche empoigna fermement l’avant bras de son vis-à-vis qu’elle éloigna d’elle avec plus de force qu’elle ne l’aurait imaginé.

    - Ne me. Touchez pas. Articula-t-elle avec toutes les peines du monde pour masquer ô combien leur proximité avait pu la déstabiliser.  Ses iris obscurcis par la douleur et la crainte se plantèrent, incisifs, dans ceux de Narcisse. Une menace silencieuse. Puis elle le relâcha avant de se détourner de lui, prenant grand soin d’instaurer entre eux une distance de sécurité. - Je prendrais un verre de vin. Une bouteille aurait eu sa préférence mais elle n’était déjà pas sûre qu’ils ne lui retirent pas le contrat avec ce qu’il venait de se passer. Comme pour s’assurer qu’ils n’aient pas le temps de la congédier, elle enchaina presque immédiatement en se tournant uniquement vers celle qui lui avait ouvert la porte. - Comment comptez-vous  voyager ? Je n’ai qu’un seul cheval et à pied nous mettrions des jours.  Elle marqua un temps d’arrêt, semblant réfléchir puis reprit : - Une voiture serait l’idéal, surtout si vous souhaitez emporter beaucoup d’affaires. S’en poursuivit une explication plus ou moins succincte sur l’intérêt d’une voiture à deux chevaux et de voyager le plus léger possible. Ce dont Sixte doutait que ce soit possible.
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  • Ven 13 Oct - 14:23
    Charmé et charmeur, Narcisse se tenait fièrement devant la demoiselle conviée à son manoir. Si Mirabel n'avait pas manqué d'éloges à son sujet, elles concernaient surtout sa capacité à le garder en vie. L'Elfe, lui, n'avait pas tant d'attrait pour ce genre de commodités, se considérant largement suffisant pour prendre lui-même en charge sa sécurité. Une preuve de son inconscience, une manie étrange de se placer toujours plus haut dans la chaîne alimentaire alors que malgré ses sourires et la lumière qu'il dégageait, il ne restait qu'un être parmi tant d'autres. Sans compter le fait que ses classes martiales remontait déjà à plusieurs centaines d'années et qu'être bon élève ne lui siait guère. Lorsque le nom de la jeune demoiselle arriva jusqu'à ses fines oreilles, il pencha légèrement la tête sur le côté dans l'interrogative. S'il devait être honnête avec lui-même, Narcisse ne gardait que très rarement en mémoire les noms des personnes qu'il croisait. Tout d'abord car elles étaient bien trop nombreuses, ensuite car il en fallait énormément pour marquer son esprit toujours en effervescence. Il suffisait qu'une idée de patron fuse pour que le reste disparaisse, pourtant quelque chose le titillait furieusement à propos de cette… Sixte. Son visage lui évoquait des temps lointains, bien trop lointains pour qu'il veuille s'en souvenir et après quelques secondes de réflexion il se contenta de hausser les épaules. S'il ne s'en souvenait pas, cela ne devait pas être important.


    « Enchanté de faire votre connaissance, Sixte. Je n'ai aucun doute sur vos capacités à m'escorter, si Mirabel vous a choisi elle doit avoir une bonne raison. ». La vérité étant que l'Elfe ne se serait jamais permis de remettre en doute la parole de son assistante, au risque de s'attirer ses foudres qui s'annonçaient dévastatrices. L'espace d'un instant, il arriva à saisir l'esquisse d'un sourire sur le visage de la mercenaire et cela ne le rendit que plus guilleret, touchant une corde particulièrement sensible. Et d'un moment à l'autre, en une fraction de seconde, l'atmosphère se transforma. Alors que les doigts de la mercenaire attrapaient son poignet, Narcisse sentit son corps se raidir, un frisson parcourant tout son épiderme. Par réflexe, il fit un pas en arrière, décontenancé par cette réaction qu'il aurait tout bonnement qualifié de surréaliste mais pas un son ne sortit d'entre ses lèvres. Bouche bée, les yeux écarquillés, il resta ainsi immobile le temps que son cerveau assimile ce qui venait de se passer. « Mes excuses. ». Venait-il de franchir une barrière interdite, de taper là où cela faisait mal ? Peiné par la panique qu'il sentit arriver jusqu'à lui durant leur bref contact physique, l'Elfe baissa le bras et s'inclina doucement sans faire plus de cérémonies. Si la bienséance lui criait de se confondre en excuses jusqu'à ce que le pardon lui soit accordé, une autre partie de lui chuchotait de ne pas s'attarder sur cette déconvenue. S'il ne pouvait revenir en arrière, il pouvait au moins s'assurer de ne pas commettre à nouveau la même erreur.


    Il lui indiqua sagement le chemin à prendre, les guidant vers un enchaînement de canapé en velours côtelé avant de s'asseoir en face d'elle, préconisant une distance de sécurité. Alors qu'il lui tournait le dos pour ouvrir l'argentier en bois massif pour se saisir de deux verres de vin, Mirabel trouva enfin son invitée. Elle s'approcha de Sixte, lui tendant la main à son tour pour la serrer avant d'acquiescer. La mercenaire ne prenait pas de pincettes, et c'était exactement ce qu'elle recherchait. Une force de caractère capable de recadrer l'enfant turbulent que pouvait être le couturier, l'escorte s'apparant bien plus à de la surveillance qu'à une quelconque protection face aux bandits jonchant les routes. « Bienvenue au manoir Luminescence. Je vous prie de m'excuser si mon collègue a pu vous paraître trop familier, voire rustre. Il n'est pas friand des voyages, ce qui explique sa réticence. Mais vous n'êtes pas ici pour subir ses états d'âmes. ». Elle fusilla le jeune homme du regard, se doutant qu'il avait encore fait des siennes sans même avoir aperçu ce qui s'était passé entre eux. Lui se contenta de pousser un long soupir d'exaspération. Après tant d'années, Mirabel n'acceptait toujours pas son génie pour ce qu'il était. « Vous aurez une voiture, bien entendu. J'ai déjà arrangé le voyage avec les cochers, vous n'avez qu'à poser vos affaires et vous pourrez partir. ». Sa main glissa dans sa sacoche avant d'en sortir une bourse, ses doigts jouant avec le cuir pour faire tinter les pièces d'or à l'intérieur. « La première moitié vous est versée ici et maintenant. Bien évidemment, les possibles frais de voyage seront à notre charge, notre cher couturier ayant parfois des goûts… extravagants. Le reste du paiement vous attend à Melorn, entre de bonnes mains à notre atelier. »


    Narcisse se retourna, posant les verres succinctement devant Sixte, puis Mirabel. Lentement, une bouteille d'un grand vignoble venu tout droit de Melorn se mit à flotter dans les airs avant de s'ouvrir, son contenu se déversant dans les verres avant de se refermer et de retourner naturellement à sa place, sur le comptoir marbré. Dans le même temps, les domestiques apportèrent un grand sac de voyage dans la pièce, le déposant juste devant la porte. Au risque de paraître indélicat, après tout il n'avait plus grand chose à perdre, le couturier s'approcha de ses bagages et les ouvrit pour en sortir une tenue somme toute correcte, mais propre. Une chemise blanche classique, un pantalon marron et une ceinture pour arranger le tout. Quant aux bottes de Sixte, le couturier n'étant pas cordonnier, il se contenta d'accepter l'état dans lequel elles étaient. Il déposa les vêtements sur l'accoudoir jouxtant la mercenaire avant de lui adresser un sourire de convenance. « Si vous désirez vous changer avant de partir. J'ignore où vous étiez avant de venir ici, je ne vous ferai pas l'affront de vous poser la question, néanmoins il en va de mon devoir d'hôte de vous le proposer. ». Comme s'il désirait la rassurer, il haussa doucement les épaules avant de croiser le regard noir de Mirabel et de se mettre à rire nerveusement. « Ce n'est pas moi que cela dérange si vous décidez de rester comme vous êtes, bien au contraire. Nous partons quand vous voulez. Après votre vin, cela va de soi, Sixte. ». Dit-il en appuyant sur son prénom, dont la sonorité commençait réellement à réveiller sa curiosité…
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  • Ven 13 Oct - 23:04
    - J’ai connu pire… Marmonna Sixte tout en lançant un regard en direction du jeune elfe. C’était plus que vrai. Chaque jour de son inlassable existence apportait son lot d'impolies et Narcisse était de loin le moins pire d’entre eux. Lorsqu’il s’était penché, s’excusant platement, elle n’avait pu que ronger l'intérieur de sa joue en maudissant son corps meurtri. Il était un idiot, mais un idiot poli au moins. Finalement elle préféra ne pas le détromper, qu’il pense donc qu’elle ne le supportait pas et qu’elle était prête à lui briser un doigt si il posait le doigt sur elle. Au moins, il ne chercherait pas à tenter  sa chance. Il ne faisait aucun doute que sur la route le pauvre elfe trouverait une ou deux abeilles à butiner. Avec un peu de chance et son comportement naturellement peu sociable lui permettrait de voyager plus ou moins en paix.

    C’est sans rechigner qu’elle se laissa guider jusqu’au canapé où elle hésita à prendre place. Le velours semblait valoir aussi cher que sa propre vie et si son pantalon élimé n’était pas sale elle n’était pas certaine que ses hôtes soit du même avis. Malgré cela les douillets coussins semblaient crier son nom ; s’ils avaient été dotés de bras, elle était convaincue qu’ils les auraient tendus. Ajoutant à cela le voyage passé et celui à parcourir, elle se laissa délicatement tomber dans le piège écarlate. Par les divins! c’était un vrai régal. Le corps entier de Sixte se sentit subitement apaisé et elle dû lutter pour ne pas pousser un souffle de satisfaction. Qui n’avait probablement pas sa place ici, alors elle se contenta de gigoter dans le fauteuil pour profiter de tout le confort qui lui était offert.

    Elle aimait bien cette elfe. Avec ses grands yeux verts et son air assuré. C’était le genre de personne qui savait ce qu’elle faisait, sur laquelle on pouvait compter. Ce fut sans surprise que la réponse vint d’elle. A vrai dire, Narcisse ne semblait même pas au courant de tout ce qui était en train de se jouer. Tout juste était-il au courant qu’il allait devoir voyager. Pendant un instant Sixte se demanda s' il avait été informé de la durée du voyage.  Si il savait également que toutes les auberges n'auraient pas de lit en plume d’oie et que, parfois, ils devraient peut-être dormir à la belle étoile. Quand Mirabel se tut, les questions continuèrent à se bousculer dans l’esprit de la jeune elfe.  Elle était sur le point de les formuler à voix haute quand elle fut interrompue par un verre à pied suivi de près par une bouteille qui valait au moins deux à trois fois le prix de son cheval. Qu’est-ce qui ne coûte pas cher ici ? s'offusqua-t-elle silencieusement. Et comme si ça ne suffisait pas, Narcisse déposa des vêtements propres juste à côté d’elle, l’invitant poliment à se changer.  

    Sixte manqua de sortir de ses gonds. A la place ses joues virèrent au cramoisie. Aussi bien de gêne que de colère. Par tous les saints elle n’était pas si sale que ça ! Certes sa chemise avait fait un ou deux aller retour sur le bar ce matin et il y manquait un bouton, mais elle arborait encore le blanc -un peu jaunit- de ses débuts. Son pantalon quant à lui, avait été recousu par ses propres mains et elle n’était certes pas couturière mais ce n’était pas si pire !

    - Ne vous en faites pas petit seigneur, je ne vous ferais pas l’outrage de voyager dans cette tenue. Dit-elle d’un ton grinçant avant de s’arracher à contrecœur du divan. Une fois debout, son regard s’ancra dans celui de Narcisse qu’elle gratifia d’une révérence un peu trop bien exécutée. - Où pourrais-je me changer ? Cette fois elle s’adressa à nouveau à la brune qui lui indiqua le chemin. La mercenaire disparut sans se faire prier.

    Aussi bougon fut-elle, Sixte devait bien admettre que porter des vêtements de bonne facture était agréable. Le tissu ne la démangeait pas et aucune odeur d’humidité ne flottait autour d’elle, seulement une douce odeur boisée qui réveilla un ancien souvenir. Une après-midi, sous le soleil de Melorn. Soleil dont elle ne percevait que l’éclat à travers les grandes fenêtres du salon. Elle était seule, comme toujours. Des jeux en bois et des jeux de sociétés étaient dispersés ça et là. L'ennui l’avait gagné depuis bien longtemps. Mais elle n’avait rien d'autre à faire. Elle avait étudié, ouvert ses livres. Elle avait même fait l’effort de dessiner ; en témoignaient les crayons et la peinture abandonnés dans un coin de la pièce. Maintenant elle ne savait que faire. Alors elle s’était simplement installée sur la persienne devant la fenêtre. Les autres jouaient dehors ou prenaient le thé dans les grands jardins de la famille Amala. Ils étaient si loin qu’elle peinait à reconnaître sa propre fratrie parmi tous les invités.  Elle les regardait, jalouse, jusqu’à ce que ses yeux la brûlent. Enfermée dans sa tour de pierre et de fenêtres en verre, la fatigue fut plus forte que l'ennui et elle s’y laissa tomber bien volontiers. Dans ses songes, au moins n’était-elle pas prisonnière.
    Lorsqu’elle s’était réveillée, elle était emmitouflée dans une fine écharpe de soie noire à l’odeur boisée. Sans doute un parfum populaire de Melorn. Elle ne s’était jamais vraiment intéressée à ce genre de choses. Toutefois, le souvenir la fit sourire.  A l’époque cet événement, aussi insignifiant soit-il, avait occupé son intérêt pendant de longues semaines. Avant que le fourlard ne disparaisse. Sans doute emporté par une femme de chambre ou l’un de ses aînés.

    Quand Sixte réapparut dans le salon, elle était un peu plus détendue. Sa tenue, quoi qu’un peu grande, lui seyait plutôt bien. S’arrêtant à la hauteur de Narcisse, elle le gratifia d’un remerciement poli puis s’en détourna pour rejoindre son verre qui l’attendait bien sagement. Elle l’attrapa et l’observa quelques instants avant d’en boire une petite gorgée.
    Melorn possédait bien des défauts -à commencer par son peuple- mais il était indéniable que son vin était exquis. Fermant les yeux, elle laissa les saveurs fruitées et complètes rouler sur son palais.

    - Bien. Je vais charger mes affaires, je n’en aurais pas pour longtemps.

    Se faisant, elle avala le reste de son verre d’une traite. Ce qui la chagrina. Mais le voyage serait long, plus vite ils partiraient, plus vite ils pourraient espérer arriver. Ses affaires sous le bras, elle quitta la pièce après avoir invité les deux elfes à la rejoindre d’ici une quinzaine de minutes.
    C’est exactement le temps qu’il lui fallut pour charger son sac de cuir,  desseller Seedra et ranger ses affaires dans la voiture. Elle attacha l’animal à l'arrière de la calèche tout en lui soufflant quelques instructions qu’il ne comprenait sans doute pas, puis s’en retourna vers le cocher avec qui elle échangea quelques mots. Quand elle fut certaine que leur départ se passerait sans encombre, ses pas la ramenèrent vers le manoir et là, elle attendit patiemment que le petit prince daigne pointer le bout de son nez.
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  • Mar 17 Oct - 21:34
    Face aux joues rougissantes de son invitée, Narcisse ne put retenir un énième sourire narquois. Si certains se seraient précipités sur une arme pour se défendre face à ces yeux perçants qui l'auraient tué s'ils avaient pu, l'Elfe restait parfaitement calme, amusé par ce visage cramoisi qui lui hurlait d'aller se faire voir. Peu habitué à se faire recadrer, encore moins par la gente féminine, le couturier prenait un malin plaisir à pousser les limites de la mercenaire à peine arrivée dans son manoir. Aucun sadisme ne ressortait de son comportement, simplement une curiosité si grande qu'elle en devenait dangereuse, et peut-être même une once d'attirance envers ce qu'il ne pourrait avoir. Dangereuse et rude, Sixte s'apparentait à son parfait contraire et il n'osait imaginer les contrats dont elle devait s'occuper d'ordinaire tant leur violence aurait pu frapper son petit coeur. Tout du moins, c'est ce qu'elle devait penser de lui à cet instant présent, et cette seule pensée suffit à étirer encore plus son sourire, le laissant remonter jusqu'à ses oreilles pointues. Une main toujours verrouillée autour de son verre à pied, faisant tourner le contenu, légèrement penché en avant sur la mercenaire, tout juste assez loin pour ne pas se faire égorger.


    Alors que la demoiselle s'éclipsait, Narcisse ne put s'empêcher de rire franchement, plaçant une main devant sa bouche alors que Mirabel le regardait, médusée. « Petit seigneur, tu l'as entendue ? Je la trouve fantastique, tu as fait un très bon choix ma chère. Je n'ai jamais douté de tes capacités bien entendu, ce serait mal me connaître. ». L'assistante roula des yeux, feuillettant la documentation qu'elle tenait entre ses bras avant de pousser un long soupir d'exaspération. « Ce n'est pas un jeu. ». Le petit prince la gratifia d'un sourire mesquin avant de s'étaler en arrière sur son fauteuil en velours, les jambes sur un accoudoir, la tête sur l'autre et les fesses vissées en biais sur le dossier. « La vie est un jeu, Mirabel. Je pensais que tu étais au courant. ». Elle grimaça, passablement agacée par le comportement puéril du couturier qu'elle cotoyait maintenant depuis plus de trois cents ans. Si elle pouvait reprocher énormément de choses à son compagnon de toujours, elle ne pouvait réfuter sa spontanéité, la façon qu'il avait de toujours la surprendre, de venir à bout des conventions sociales pour les reconstruire à sa manière. Narcisse était un être libre de ce que les autres pouvaient penser de lui, complètement imperméable aux critiques infondées et non constructives, ce qui avait permis à son empire de la couture de se tisser aussi aisément. Ce qui faisait son charme faisait aussi ses ennemis, et silencieusement Mirabel espérait que la présence de Sixte suffirait à le garder en sécurité.


    Lorsqu'il vit sa congénère faire irruption dans la pièce, le jeune homme s'inclina respectueusement, faisant une petite révérence à la jeune fille nouvellement vêtue. « C'était un plaisir. ». Il rangea au fond de lui l'envie de la complimenter ouvertement, une petite voix dans sa tête lui chuchotant qu'il devrait se taire au moins un moment s'il ne désirait pas avoir la gorge tranchée. Son regard descendit sur ses hanches qui se balançaient alors qu'elle se dirigeait vers la voiture pour charger ses bagages et l'esprit de Narcisse fit une pause inopinée, bloqué par un élément particulièrement suspicieux. Il leva un sourcil, intrigué, marquant dans son esprit l'arme qu'il venait d'apercevoir. Cette forme, ce manche, il n'aurait su l'expliquer mais la dague résonnait en lui, faisant ressortir des souvenirs d'une autre époque. Une moue dubitative sur le visage, prenant son menton entre son pouce et son index, Narcisse pencha doucement la tête sur le côté en s'interrogeant à de multiples reprises. Il était rare que le couturier s'intéresse aux armes d'autrui, car il aurait simplement fallu qu'il s'intéresse à autrui pour commencer. S'il ne manquait pas de curiosité, sa mémoire s'en retrouvait bien plus défaillante, un comble pour un Elfe de son âge. Et s'il aurait pu perdre l'esprit à force de faire carburer son cerveau pour retrouver l'origine de la dague qu'il venait d'apercevoir, il se contenta de faire ce qu'il faisait le mieux. Hausser les épaules, et passer à autre chose. S'il ne s'en souvenait pas, alors cela ne devait pas être important.


    Remontant rapidement les escaliers qui menaient à ses chambres, Narcisse s'empara des quelques affaires que Mirabel avait oublié (volontairement) d'emmener et redescendit vêtu d'un long manteau noir d'une de ses nouvelles collections, encore inconnue au grand public. De quoi attirer l'attention de ceux qui suivaient son art, faisant donc de lui une cible facile, ce que Sixte ne risquerait pas elle-même de remarquer si elle ne s'était pas renseignée sur son commanditaire. « Le petit seigneur est là, pour vous servir ! ». Un sourire radieux sur le visage, chantonnant alors qu'il arrivait près de la voiture, il invita la jeune demoiselle à entrer avant lui, lui ouvrant la porte par galanterie. Lorsqu'elle passa devant lui, il sentit son corps se raidir et recula inconsciemment d'un pas, son esprit se souvenant avec vivacité de la rapidité avec laquelle il avait été maîtrisé un peu plus tôt. Lorsque son tour fut venu, il se hissa dans la calèche et s'assit à une distance raisonnable de la mercenaire, faisant de petits signes de main à Mirabel qui les regardait, désespérée d'avoir donné à son employée une tâche aussi difficile que veiller sur le couturier, mais infiniment reconnaissante de pouvoir profiter de quelques jours de vacances. « Soyez prudents. ». Un dernier salut avant que la voiture ne démarre, suivie de près par la monture de Sixte.

    Vêtements:

    Peu habitué aux ambiances tendues, Narcisse ne sembla pas faire le lien entre le silence pesant et le désir fort probable de la demoiselle de ne pas s'attarder à faire connaissance. Lui voulait en savoir plus, à commencer par cette dague, car après tout, pourquoi ne pas mettre les pieds dans le plat. « Si ce n'est pas indiscret, d'où vient votre arme ? ». Il la gratifia d'un sourire aussi charmeur que les derniers. « Je n'ai pas pu m'empêcher de la voir alors que vous chargiez vos bagages. Je suis vraiment sûr de l'avoir déjà vue quelque part, mais je n'arrive pas mettre le doigt dessus. ». Probablement car il avait arrêté d'y réfléchir, préférant poser la question plutôt que s'embêter à trouver la solution par lui-même. « Vous ne seriez pas de Melorn, à tout hasard ? Ce serait un retour aux sources pour nous deux, quand bien même je n'ai pas véritablement envie de retourner dans les terres froides de la cité elfique. ». Rien qu'à penser à ce qui l'attendait, cela lui donnait la chair de poule. Il décroisa lentement ses jambes, doucement bercé par le passage des roues sur les pavés et cala sa tête contre le dossier. Rapidement, peut-être même avant que Sixte ait le temps de lui répondre, le couturier s'endormit paisiblement à ses côtés, son visage angélique se muant en une impassibilité qui lui donnait presque l'impression d'être vulnérable. Sans doute se réveillerait-il à la première turbulence, ou lorsque la voix de son invitée résonnerait dans ses oreilles…
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    Sixte V. Amala
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    Race: Elfe (mi-ange)
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    Alignement: Chaotique Neutre
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    qui suis-je ?:
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  • Jeu 19 Oct - 1:36
    Un coup de pied, songea Sixte, ou peut-être une tape derrière la tête ? Non, mieux, un coup dans la malléole pour dérober sa jambe et voir son coude tomber dans le vide. Cela faisait approximativement une heure que la calèche s’était mise en branle et Narcisse dormait déjà depuis au moins cinquante cinq minutes. Juste le temps pour lui de poser quelques questions indiscrètes et de s’endormir sans en écouter les réponses. Dans un sens l’elfe n’en était pas mécontente, lorsqu’il l’avait questionnée elle avait d’abord voulu lui mentir. Mais proférer un mensonge qui tiendrait la route, sans éveiller de soupçon n’était pas forcément une chose évidente. Alors elle avait pensé qu’être sincère ne la tuerait pas. Après tout cela n’aurait rien changé pour Narcisse de savoir que cette dague était celle de son frère, le seul  cadeau qu’il lui eut jamais fait et que oui, elle était bel et bien née à Melorn mais qu’elle avait quitté la ville elfique depuis bien trop longtemps pour qu’ils n’aient jamais pu se croiser. De toute façon, elle n’avait jamais croisé personne à l’époque, jamais ô grand jamais, il n’aurait pu faire le rapprochement entre elle et les Amala à moins qu’elle ne lui offre son identité sur un plateau d’argent. Ce qui n’était absolument pas dans ses projets.  Et de toute façon, avant même qu’elle ne lui fasse l’aumône d’une bribe d'information, il s'était  assoupi comme une poupée de chiffon dans un coin du carrosse. Depuis elle réfléchissait à un moyen de le réveiller sans qu’il ne s’en aperçoive. Non parce qu’elle avait envie de compagnie mais bien parce que cela l’amusait.

    Finalement, elle se reposa au fond de son siège et profita du silence bienvenue qui l’entourait. Ses yeux se posèrent d’abord sur la route qui défilait tranquillement par la fenêtre. Ils avaient quitté Liberty depuis tout juste une dizaine de minute, empruntant la voie principale qui allaient les mener jusqu’au village de Merilen dans lequel Sixte avait prévu de faire halte. Si tout se passait bien, ils y parviendraient dans la soirée. Cette partie du trajet ne serait pas forcément la plus aisée à effectuer. Malgré la bonne santé des chevaux de la maison Luminescence, ils ne pourraient parcourir autant de lieues qu’un cavalier seul voyageant léger.

    Le problème avec leur itinéraire, c’est qu’il s’arrêtait au beau milieu de la forêt reliant Liberty à Kyouji. Une frontière, au milieu de nul part et une véritable aubaine pour qui aurait voulu prendre d’assaut une belle calèche et son riche propriétaire. Sixte avait également  omis de préciser ce détail à ses clients ; Merilen était plus proche du relais grégaire et miteux, que de la ville accueillante et douillette. C’était un endroit de passage où l’on s’arrêtait pour dormir quelques heures, manger un bout et repartir aussi vite. Ce n’était pas fait pour les riches voyageurs, seulement pour les mercenaires, les gardes et les coursiers. La plupart des nobles possédaient des caravanes complètes, ou changeaient de chevaux dans des relais de postes afin d’atteindre Kyouji plus rapidement. Sixte préférait encore dormir à même le sol que s’imposer une nuit de plus dans une ville Reikoise. Quant à Narcisse, il finirait bien par lui pardonner. Ou peut-être pas. Ils auraient tout le temps d’en discuter lorsqu’ils arriveraient, ce qui ne devrait pas être le cas avant les six prochaines heures. Au moins. Fatiguée à cette simple pensée, Sixte laissa son regard couler sur le corps immobile du couturier.

    Ainsi endormis, Narcisse ressemblait plus que jamais à un enfant avec ses boucles indomptées et sa couronne de lierre entrelacés. Elle observa ses hautes pommettes et son nez droit, la forme pleine de ses lèvres, la ligne fournis d’épais cils noir. Sixte songea à nouveau au succès de l’elfe à Melorn et tomba d’accord avec elle-même . il n’y avait pas qu’à Melorn qu’il devait avoir du succès. Même elle, qui ne s'intéressait guère à autre chose que son portefeuille et son cheval, elle devait bien admettre qu’il n’était pas laid. Abandonnant son visage, elle laissa son regard parcourir ses épaules et sa poitrine avant de l’observer dans sa globalité. Même en dormant, le jeune elfe arrivait encore à garder une certaine élégance. Un talent dont elle avait été départie dès la naissance mais qu’elle trouva tout à fait fascinant. Finalement, elle s’arracha à sa contemplation pour lutter contre le sommeil qui vint à son tour flirter avec ses paupières.

    La lutte fut acharnée et dura deux heures pleines, durant lesquelles Sixte s’obligea à croiser et décroiser les jambes, changer de place quitte à venir s’asseoir à côté du créateur qui, pour sa part, ne semblait aucunement dérangé par le petit manège qui se jouait juste à côté de lui. A la fin, la jeune elfe était presque en train de se mettre des gifles tant elle n’arrivait plus à empêcher ses yeux de se fermer.  Finalement, vaincue, elle se décida à toquer sur le toit de leur voiture qui s’arrêta brusquement, manquant de la catapulter droit sur l’endormis. Elle se retint de justesse au rideau, un bras planté à droite du visage de Narcisse.

    -  Je… dois marcher. Sans demander son reste, elle sauta comme un chat hors de la voiture.

    Par tous les titans, ce voyage allait être long, long, LONG.
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  • Sam 28 Oct - 21:37
    Bercé par le mouvement pourtant brusque de la caravane qui quittait la capitale républicaine, Narcisse dormait comme un loire. Il ne fallut pas longtemps à son esprit pour partir au pays des rêves, un endroit merveilleux duquel il fallait sortir le couturier de force. Grand amateur de grasses matinées et de siestes ponctuant le cours de ses journées, dans un sens le jeune homme ressemblait encore à un enfant. Son fil de pensée se construisit doucement, tissant d'un bout à l'autre une toile l'emmenant tout droit vers son passé, celui-là même dont il ne parlait à personne, pas même à Mirabel. Il se revoyait, jeune elfe, vagabondant dans les rues bondées de Melorn, les bras chargés de babioles achetées à peine une heure plus tôt dans les quartiers marchands. Accompagné de très près par celle qu'il considérait comme sa nourrice - car elle était dans les faits plus proche d'une garde du corps que quoi que ce soit d'autre -, Narcisse profitait du bon temps constant de la cité elfique avec un air ravi plaqué sur le visage en toutes circonstances. Sur son passage, nombreuses étaient les sollicitations. Les révérences de certains, les sourires d'autres, le mépris de quelques rares individus qu'il ne comprenait guère, incapable de saisir qu'exposer ainsi sa richesse pouvait faire de lui une cible aisée. Rapidement, ses pas le menèrent jusqu'au manoir de sa famille et après avoir dévalé les marches pour déposer ses affaires dans sa salle de jeux, il rebroussa chemin pour sortir dans le parc non loin de sa demeure. Il s'y étira longuement avant de faire rapidement un état des lieux du regard, cherchant les autres enfants avec lesquels il pourrait s'amuser durant les quelques heures de liberté, sans Arseas sur son dos.


    Grande, baraquée, la stature droite et ferme, sa chevelure courte et rousse flattant ses oreilles pointues, l'Elfe n'avait rien de ce que l'on peut imaginer d'ordinaire lorsque l'on pense à ce peuple élégant. La nature l'ayant doté d'un des plus beaux dons, celui de la force autant de caractère que physique, elle ne se préoccupait pas de ce que l'on pouvait penser d'elle. Seul l'avis de ses employeurs lui importait, la famille de Narcisse l'ayant accueillie dans leurs rangs depuis déjà plusieurs centaines d'années. Aussi, si elle semblait lui avoir ouvert une porte sur de potentiels problèmes, elle continuait à le surveiller depuis les fenêtres d'un cabanon à une dizaine de mètres seulement. Narcisse, trop pris par le plaisir d'être enfin seul, ne l'avait jamais remarquée. Elle observa alors le petit garçon gambader d'un groupe à l'autre, sans jamais se formaliser du statut social de chacun, nouant des liens avec une aisance phénoménale. Un trait de personnalité surprenant pour une ascendance comme la sienne, dont elle aurait volontiers retiré l'outil ménager du derrière plus d'une fois, dans le respect cela va de soi. D'un oeil attentif, elle regarda l'enfant s'asseoir auprès de la famille Amala, leur faire part de sa journée palpitante et décider d'un jeu qui l'amuserait autant que la galerie. Malgré ses grands airs, Narcisse restait un partageur, une bonne âme, ne désirant que le plaisir d'autrui. Une manie qui lui causerait bien des problèmes, à commencer par le fait de se plier aux exigences d'une multitude de clients jusqu'à obtenir le rang qu'il avait aujourd'hui. Si la conséquence était belle, la cause l'était moins.


    Habitué aux réveils doux et tranquilles dans les bras d'une dulcinée rencontrée la veille, Narcisse fit un bond sur place quand la calèche s'arrêta brutalement. Il lui fallut plusieurs secondes pour se rendre compte de ce qui venait de passer et lorsqu'il releva la tête, son regard croisa celui de la mercenaire un bref instant. Il se perdit dans ses yeux, semblables à deux saphirs dont la beauté ne le surprenait que maintenant, la bouche entrouverte sous le coup de la surprise avant qu'elle ne saute en dehors de la voiture. Toujours aussi perturbé et incrédule, Narcisse passa une main dans sa chevelure noire de jais après en avoir retiré sa couronne de lierres dorée et pencha la tête sur le côté, une moue interrogative sur le visage. Il laissa passer quelques secondes pour se frotter les yeux avant d'ouvrir à son tour la porte et de sauter d'un pas élégant sur le sol poussiéreux des campagnes républicaines. Arrivant rapidement à hauteur de Sixte, dont il arrivait malgré tout à tenir le rythme, il se pencha en avant, les deux mains fermement accrochées dans son propre dos. « Il s'est passé quelque chose ? Vous m'excuserez, je me suis momentanément assoupi. Les trajets ont toujours tendance à me donner envie de dormir. ». En réalité, il s'étonnait d'être celui ayant le plus besoin de sommeil. Son regard s'attarda sur le visage de la jeune demoiselle, plus précisément autour de ses cernes, faisant le lien avec son étrange et soudain besoin de marcher.


    « Vous pouvez vous reposer, vous savez. Je ne vais rien vous faire et quand bien même si c'était dans mes intentions, vous m'avez bien prouvé que vous sauriez me maîtriser très facilement. ». Une qualité qui lui plaisait plus qu'il n'osait l'admettre. Un petit rire s'échappa de ses lèvres rosées. « Vous me rappelez une vieille connaissance, Arseas. Elle avait le même rôle que vous ici-même, mais j'étais bien plus jeune. Elle non plus, ne se reposait jamais. ». A l'exception près que l'Elfe était une fidèle de sa famille depuis des lustres, ce que Sixte ne serait jamais. « Et si je puis me permettre, vous ne me protégerez pas mieux si vous êtes épuisée. Si c'est votre or qui vous inquiète, vous ne serez pas moins payée car vous avez décidé de piquer un somme. ». Il plaça un doigt devant sa bouche. « Je ne dirais rien. Votre secret est sauf avec moi. ». Conscient que ses mots n'auraient que peu de valeur, le couturier baissa les yeux tout en laissant sa magie infuser dans le coeur de sa victime du jour. Lentement, la sensation de fatigue dans le corps de la mercenaire commença à devenir de plus en plus pesante, ses jambes de plus en plus lourdes, son envie de sombrer dans les bras de Morphée plus forte encore. A l'affut du moindre effondrement causé par sa maladresse, Narcisse se tenait juste derrière elle, un sourire narquois sur le visage. Si elle venait à céder et revenir dans la calèche, il se placerait en face d'elle, attendant que le sommeil vienne naturellement la cueillir avant de déposer sa veste sur ses épaules pour la protéger du froid. Et si elle décidait encore de marcher, alors il poursuivrait sur sa lancée, bien décidé à forcer le destin car après tout, il n'y avait pas plus capricieux…
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    Sixte V. Amala
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  • Dim 29 Oct - 15:09
    Qu’ais-je fait pour mériter ça ? Soupira l’Elfe pour elle-même. Ses pensées étaient encore un peu confuses mais la brusquerie de l’arrêt lui avait permis de sortir de sa torpeur. Seule sa proximité avec Narcisse lui avait embrouillé l’esprit. Cela faisait bien des lunes qu’elle n’avait pas été proche de qui que ce soit mais la simple l’idée qu’elle aurait pu s’écraser de tout son long sur lui, lui donnait envie de creuser un trou et d’y rester jusqu’à la prochaine décennie. Malheureusement ils n’étaient qu’au début de leur long voyage. Alors elle préféra oublier cet incident, après tout il n’y avait rien de dramatique. Ce qui était plus dramatique en revanche, c’est que l’Elfe sorte lui aussi de leur voiture où il était bien plus à l'abri qu’ici. Et elle plus en paix aussi mais elle était en train de se faire à l’idée que la paix ne serait plus qu’un fantasme pendant ces quelques jours.

    - Non. Répondit-elle avec sa froideur habituelle. - Le cocher est juste un peu brutal, j’imagine. Mais Narcisse avait déjà compris, elle le vit à la lueur qui traversa ses prunelles, que la fatigue l’avait gagnée elle aussi. Cependant, elle ne pouvait se permettre de se reposer comme il le lui suggérait. Un sourire souleva les coins de sa bouche lorsqu’il évoqua ses intentions mais également sa capacité à le maîtriser en cas de besoin. En vérité, vu la carrure du jeune Elfe, si il y mettait tout son cœur, il n’aurait probablement aucun mal à déjouer toutes ses parades. Mais encore fallait-il qu’il soit versé dans l’art du combat à main nue et de cela elle douta légèrement.

    - Ce n’est pas vous le problème. Finit-elle par le détromper. Certes elle n’aimait pas les créatures comme le couturier, dégoulinante de confiance, d’argent et d’orgueil, mais elle ne le prenait pas pour autant pour une menace. Pas de ce genre en tout cas. Considérant sa bonne action du jour comme accomplie, elle continua d’écouter Narcisse d’une oreille distraite et s’engagea sur un sentier dégagé qui serpentait tout autour de la clairière où leur calèche était stationnée. Le vent qui s'engouffrait entre les arbres, frais et revigorant, faisant rouler les boucles brunes de l’Elfe sur ses tempes tandis qu’il emmêlait ses propres cheveux à son plus grand désarroi. Mais au moins avait-il le mérite de la réveiller.

    - Arseas ? Ce prénom lui avait échappé comme un hoquet. - C’est un prénom peu commun. Poursuivit-elle pour noyer le poisson. Elle aussi avait connu une Arseas. Mais cela remontait à plus d’une centaine d’années, peut-être même au-delà. De mémoire d’Elfe c’était une grande femme aux cheveux de la couleur du coucher de soleil. Ce n’était pas une Amala, ni même une employée. Sixte ne lui avait peut-être même jamais parlé, mais à l’époque, elle voyait le monde à travers une vitre et de loin. Des cheveux noir pouvaient passer inaperçus alors que des cheveux roux… Au milieu des jardins verdoyants, elle ne voyait que ça. Malheureusement et malgré son acharnement à fouiller dans ses souvenirs, rien ne lui revint plus si ce n’est l’image d’une l’auréole de feu balayée par les vents, immuable et… Je suis fatiguée…  Cette pensée s’imposa dans son esprit dans toute sa lourdeur.

    - Je vous protégerais… Toujours mieux… Elle bailla bruyamment. - Qu’en dormant. Il faut que je marche. Ça va passer. Mais Sixte en doutait sérieusement. C’était à se demander si toute la fatigue de ces mois passés ne venait pas soudainement de lui tomber sur le coin de la figure. Aussi têtue qu’un âne, elle s'entêta à marcher encore et encore. Arpentant péniblement le même chemin dans un sens puis dans l’autre. Cette fois, ni la marche, ni le vent ne purent rien pour elle. Même les paroles de Narcisse atteignaient difficilement ses neurones.

    - Je ne suis pas inquiète pour mon or… Vous n’êtes pas sot, vous saviez que je dormirais… Si vous deviez moins me payer parce que je dors, je n’aurais pas accepté ce contrat. La lassitude perçait dans sa voix.

    Au bout de quinze minutes d’acharnement, vaincue, elle s’en retourna vers la calèche. Ses jambes étaient si lourdes, sa tête tanguait presque autant que son corps. Sixte avait l’impression de rentrer d’une longue soirée à la taverne. Sauf qu’on était en milieu de journée et qu’elle n’avait pas dépensé une piécette. A contre cœur, elle prit appuie sur la main de Narcisse pour se hisser à l'intérieur de l’habitacle.  

    La chaleur qui régnait encore dans le véhicule lui fit l’effet d’un somnifère, comme si la banquette elle-même l’invitait à s’endormir. Elle devait admettre que c’était tentant, le sommeil la fuyait depuis longtemps et elle ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait dormi d’un sommeil sans rêve. Finalement, elle reprit son ancienne place. Maintenant venait le tour de force ;  réussir à se positionner sans avoir à souffrir le martyr. C’est à regret qu’elle constata que rendre visite à Camélia avant de partir aurait été une riche idée. Qu’elle n’avait malheureusement pas eu. Qu’à cela ne tienne, la douleur finira par passer. Sixte ne comprenait toujours pas comment elle fonctionnait, c’était un peu comme si d’un jour à l’autre ses ailes coupées se rappelaient soudainement à elle. Autrefois la douleur était constante, avec les années elle avait fini par se calmer mais depuis que la jeune Drakyn avait commencé à reprendre chacune de ses cicatrices pour les rendre plus esthétiques le manège recommençait.

    La voiture s’était déjà remise en branle lorsque Sixte réussit enfin à positionner l’entièreté de son dos contre le dossier. La seconde suivante elle louchait sur ses propres pieds et celle d’après son visage était balloté de gauche à droite, assoupi.

    - On a semé Arseas ? La voix d’Asaël,  son frère aîné, retentit dans le petit salon sur lequel donnait sa chambre. Un rire étouffé lui répondit. Vestoria était alors assise dans son lit, feuilletant pour la cent-vingt-deuxième fois un vieux grimoire répertoriant les créatures peuplant le Sekaï pendant que la fête battait son plein dans les jardins. - Vivi, laisse nous rentrer. Nous ? S’offusqua la jeune fille en sautant de son lit.

    - Tu sais que je n’ai pas le droit Asaël ! Je vais encore me faire punir. Surtout si tu es avec un de tes amis ! Répondit la jeune demi-elfe en se précipitant sur la porte pour la bloquer de son poids, ses ailes mortes dans son sillage. - Le domaine est grand, trouve toi une autre cachette !

    - Arseas osera jamais entrer dans ta chambre !
    - Et toi non plus !
    - Laisse-moi… Entrer ! Asaël poussa de plus belle jusqu’à ce que la porte s’entrouvre. D’une bonne centaine d’années son aîné, il était également bien plus grand et sa force était supérieure à la sienne. Cela n’empêcha pas Vestoria de mettre encore plus de hargne ; posant ses pieds sur le cadre du lit, elle poussa de toute ses forces mais ne réussit qu’à empêcher la porte de s’ouvrir plus que de raison.
    - Sors de… là…

    C’était une odeur boisée. Celle du sous-bois, de la mousse et de la terre humide. Celle de l’écharpe qu’elle avait un jour retrouvée drapée sur ses épaules. Elle huma l’air et relâcha sa force sur la porte au moment même où celui de son frère s’en arrachait aussi.

    - Merde ! Siffla la voix d’Asaël par l’entrebaillure de la porte. - Tu sers vraiment à rien !

    Tout se passa très vite. Vestoria ouvrit la porte à la volée mais les deux adolescents s’enfuyaient déjà par la porte dérobée qui donnait sur l’escalier des domestiques. Le bruit de pas pressé de l’autre côté du petit salon lui indiquait que la dénommé Arseas était sur le point d’arriver.

    - Non Asaël, attend ! Attend, attend, attend ! Aurait-elle voulu hurler. Attend que je vois ton ami ! Parce qu’elle en était certaine, c’était lui qui lui avait prêté son écharpe l’autre après-midi. Mais Asaël ne revint pas sur ses pas et la poignée du petit salon s’ouvrit avec perte et fracas. Arrachant Sixte à son sommeil dans un bond violent qui porta sa main à sa ceinture. - Asa… Souffla-t-elle simplement, son esprit encore prisonnier des brumes du passé.

    Il lui fallut de longues secondes pour se souvenir de l’endroit où elle se trouvait, pour comprendre que la veste qu’elle serrait fermement entre ses doigts n’était pas la sienne et que les yeux vert émeraude qui la fixait étaient ceux de Narcisse. Elle le regarda longtemps, plus qu’il n’aurait été nécessaire et sans mots dire. Elle ne savait quoi dire. Devait-elle s’excuser de s’être endormis ? Ou de se réveiller en fanfare ? Lui demander d’où venait ce parfum entêtant qui ne cessait de raviver ses souvenirs ? Lui demander si, peut-être, il avait connu Asaël ? La réponse aurait été évidente. Elle ne savait pas l’âge de Narcisse, mais elle était presque certaine qu’il avait dû connaître son frère. A l’époque les Amala étaient en vogue à Melorn, en compter un parmi ses amis était en incontournable. Aujourd’hui cela était différent.

    - Nous ne devrions pas tarder à arriver. Dit-elle finalement en enfilant ses gants en cuir puis en soulevant le rideau.

    Le soleil était bel et bien en train de décliner, nimbant les arbres d’un camaïeu de parme et de rose, soulignant la silhouette mystique de Merilen au loin.

    - Vous allez devoir vous changer. Murmura Sixte. - Merilen n’est pas le village le plus sûr du coin, si vous pouviez évitez de vous placarder une cible dans le dos, j’apprécierais. Laissez vos objets de valeurs dans la voiture, ils y seront plus à l'abri. Ah et, elle plia la veste et là lui posa sur les genoux. - Merci. Puis elle détourna les yeux pour fixer l’extérieur. D’ici une petite heure ils auraient atteint le village ainsi que l’auberge. Ils pourraient enfin vaquer chacun à leurs occupations mais aussi avaler un repas chaud. Sommes toutes, c’était finalement, une bonne première journée !  
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