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Mi-août de l'an 4
Les traces de l'incendie étaient encore visibles. L'air était cendré, infâme. Liz couvrit sa bouche avec un morceau d'étoffe et accéléra le pas. C'était les restes de la Clinique du Dragon Bleu, incendiée la nuit dernière. Dans son réseau d'informations, le bruit courait que l'incendie était d'origine criminelle. Ce n'était pas ce qui intéressait la receleuse. Si elle était présente ce jour-là, c'était pour deux raisons bien distinctes. La première était personnelle : elle se soignait depuis environ deux ou trois ans à la Clinique du Dragon Bleu. La seconde était professionnelle : elle aidait un officier républicain, N. Lehnsherr, à résoudre le mystère qui planait sur une organisation qui se faisait appeler les Rats blancs. Il l'avait contactée plusieurs mois auparavant, désespéré. À chaque fois qu'il pensait mettre le grappin sur l'un d'eux, les pistes se brouillaient et les Rats blancs s'éloignaient – si tant est qu'ils aient déjà été proches. Pas que Liz puisse les arrêter et élucider l'affaire, loin de là, mais ses contacts et ses charmes pouvaient l'aider à appréhender l'affaire d'un autre point de vue. Au point où il en était, tout support était bon à prendre. S'il réussissait à ne serait-ce qu'attraper un type lié à l'organisation, alors il la paierait le double de ce qu'ils avaient négociés. Une carotte suffisante pour Liz, qui lui avait donné suffisamment de courage pour s'approcher d'un type qu'elle soupçonnait faire partie des Rats blancs. Cela faisait quelques semaines qu'elle le travaillait au corps, mais le bougre était tenace et ne parlait pas beaucoup pendant l'acte. Elle avait donc décidé de ne pas se reposer uniquement sur ce type nommé Khirin et, puisque les Rats blancs venaient de frapper, c'était une occasion à ne pas manquer.
Le périmètre de la clinique avait été bouclé, par mesure de sécurité. Qu'importe, elle ne souhaitait pas débuter son semblant d'enquête par là. Les praticiens avaient été prompts à réagir et, déjà, un campement de fortune se dressait sur la place à proximité. Pendant quelques minutes, Liz se demanda si elle n'était pas sur un champ de bataille, quand bien même elle n'en avait jamais approché de près ou de loin. Quelques ordres étaient aboyés à droite et à gauche, laissant entendre l'urgence de certaines situations. Elle voyait quelques personnes trottiner pour aller chercher qui de l'eau, un quignon de pain, un bandage ou encore quelqu'un qui maîtrise les arcanes de soin. Des patients étaient allongés sur des civières de fortune ou patientaient à même le sol. Elle détourna le regard quand elle croisa celui d'une jeune femme avec un bras en moins et un bandage autour du crâne. L'incendie n'avait pas seulement ravagé un bâtiment, mais aussi des vies entières. Elle n'était pas friande de la violence, encore moins quand elle était utilisée contre des innocents.
Elle s'approcha d'un elfe pour lui parler. Celui-ci, pressé par le temps et les soins qu'il devait prodiguer, l'envoya balader et lui demanda de partir si elle n'était ni blessée ni souffrante ni là pour aider. Liz retroussa ses manches et indiqua qu'elle venait donner un coup de main. C'était une demi-vérité, elle ne se sentait pas coupable de prononcer ces mots. C'était un véritable désastre pour nombre de personnes dans le besoin que la clinique soit hors d'état. L'établissement comptait sur les dons pour survivre et ne réclamait pas des sommes considérables pour ses prestations de soin. Si les survivants ne réussissaient pas à la remettre sur pieds, alors Liz et de nombreux autres pourraient faire une croix sur leur santé pendant quelque temps. L'elfe lui indiqua d'un signe de tête où aller. Elle hocha la tête et s'éloigna vers la direction indiquée. C'était une tente plus petite que les autres, qui semblait avoir été dressée pour accueillir le côté administratif. À l'intérieur, elle aperçut une femme qui possédait une chevelure à la couleur de l'océan. Liz resta quelques secondes incapable de parler, les yeux rivés sur la beauté mystique de celle qui lui faisait face. Elle était toute de bleu vêtue. C'était un bleu froid, glacial, qui fit courir une myriade de frissons dans le bas de son dos. Ils étaient pourtant en plein mois d'août et, malgré l'heure matinale, le soleil projetait déjà sa chaleur dans les rues de la capitale.
Le périmètre de la clinique avait été bouclé, par mesure de sécurité. Qu'importe, elle ne souhaitait pas débuter son semblant d'enquête par là. Les praticiens avaient été prompts à réagir et, déjà, un campement de fortune se dressait sur la place à proximité. Pendant quelques minutes, Liz se demanda si elle n'était pas sur un champ de bataille, quand bien même elle n'en avait jamais approché de près ou de loin. Quelques ordres étaient aboyés à droite et à gauche, laissant entendre l'urgence de certaines situations. Elle voyait quelques personnes trottiner pour aller chercher qui de l'eau, un quignon de pain, un bandage ou encore quelqu'un qui maîtrise les arcanes de soin. Des patients étaient allongés sur des civières de fortune ou patientaient à même le sol. Elle détourna le regard quand elle croisa celui d'une jeune femme avec un bras en moins et un bandage autour du crâne. L'incendie n'avait pas seulement ravagé un bâtiment, mais aussi des vies entières. Elle n'était pas friande de la violence, encore moins quand elle était utilisée contre des innocents.
Elle s'approcha d'un elfe pour lui parler. Celui-ci, pressé par le temps et les soins qu'il devait prodiguer, l'envoya balader et lui demanda de partir si elle n'était ni blessée ni souffrante ni là pour aider. Liz retroussa ses manches et indiqua qu'elle venait donner un coup de main. C'était une demi-vérité, elle ne se sentait pas coupable de prononcer ces mots. C'était un véritable désastre pour nombre de personnes dans le besoin que la clinique soit hors d'état. L'établissement comptait sur les dons pour survivre et ne réclamait pas des sommes considérables pour ses prestations de soin. Si les survivants ne réussissaient pas à la remettre sur pieds, alors Liz et de nombreux autres pourraient faire une croix sur leur santé pendant quelque temps. L'elfe lui indiqua d'un signe de tête où aller. Elle hocha la tête et s'éloigna vers la direction indiquée. C'était une tente plus petite que les autres, qui semblait avoir été dressée pour accueillir le côté administratif. À l'intérieur, elle aperçut une femme qui possédait une chevelure à la couleur de l'océan. Liz resta quelques secondes incapable de parler, les yeux rivés sur la beauté mystique de celle qui lui faisait face. Elle était toute de bleu vêtue. C'était un bleu froid, glacial, qui fit courir une myriade de frissons dans le bas de son dos. Ils étaient pourtant en plein mois d'août et, malgré l'heure matinale, le soleil projetait déjà sa chaleur dans les rues de la capitale.
- Bonjour, Camélia c'est bien ça ? se reprit-elle en constatant que la femme la fixait à son tour.
Puis son corps sembla lui répondre de nouveau. Elle esquissa un sourire, qui se fit plus franc la seconde suivante, et elle fit quelques pas à l'intérieur de la tente pour se rapprocher de l'inconnue pas si inconnue. Elle reconnaissait cette chevelure, elle l'avait aperçue quelques fois lors de ses consultations. Elle avait surtout eu besoin de se faire ausculter ou prescrire quelques remèdes pour donner un coup de fouet à ses défenses les rudes journées d'hiver. Elle n'avait jamais eu à se faire charcuter ou recoudre des plaies sanguinolentes, pas encore.
- Je suis tellement désolée pour la clinique... Vos parents... ?
Elle mordilla sa lippe, dévoilant ses grandes dents blanches. La question resta en suspens. Liz savait que la Clinique du Dragon Bleu avait été fondée par les parents de Camélia. Elle se demandait s'ils avaient survécu. Si ce n'était pas le cas, le poids qui pesait sur les épaules de son interlocutrice était bien lourd. La brune en savait quelque chose, à son plus grand désespoir. Elle laissa ses doigts courir sur le tissu de la tente de fortune, attendant une réponse avant d'engager plus en avant la conversation.
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Le regard de la dragonne semblait comme éteint, sans réellement de focus, vaguement dirigé vers sa main dépliée semblant jouer de ses doigts comme pour s’y habituer. Dehors, elle entendait l’agitation de la clinique maintenant sans toit. Beaucoup avaient été renvoyés chez eux, faute de moyens, de lits, et de soignants. Les cas les plus urgents étaient traités par des amateurs, quelques bénévoles sans vraiment d’expérience étaient devenus le poumon qui faisait vivre la clinique depuis l’incendie la veille.
Bien entendu, quelques gardes visiblement pas très enchantés de devoir mettre les pieds dans cet endroit étaient passés, rapidement prendre une déposition à laquelle elle avait répondu mécaniquement. Son discours avait certainement été incohérent, mais elle était dévastée, elle ne réalisait pas vraiment tout ce qui s’était passé, son esprit ressassant encore et encore les derniers évènements. Elle se demandait ce qu’elle aurait pu faire différemment. Cela aurait-il était différent si elle avait retardé ses achats au lendemain?
Elle pensait encore à un vulgaire cauchemar, s’attendait encore à se réveiller dans son lit, à saluer les parents Daphnée en passant, puis à aller officier avec son amie dans la Clinique encore intacte. Mais visiblement ce fichu cauchemar ne cessait de perdurer et aucun pincement ou autre sévice n’arrivait à l’en tirer. Elle s’était réfugiée dans une petite tente pleine de paperasse à moitié brûlée et à moitié trempée par les tentatives d’éteindre l’incendie. La plupart des feuilles étaient illisibles, l’encre ayant coulé de toutes parts, mais elle n’en avait rien à faire. La paperasse n’était pas son travail, et ne l’avait jamais été. Pourquoi cela changerait ?
Elle leva des yeux rougis et fatigués à l’arrivée d’un visage connu. Pas spécialement proche, elle avait déjà vu cette patiente par le passé, et s’en rappelait. Pas du genre à être au bord de la mort, loin de là, donc sa présence au sein du camp était peut-être étrange, mais Camélia n’en avait pas grand chose à faire. Ce n’était pas elle qui gérait quoi que ce soit ici, elle n’était qu’une simple aide soignante hybride.
« Oui. »
Rien que d’entendre ce qui était maintenant devenu sa voix, elle sentit sa gorge se serrer en se rappelant de son amie. Elle ferma les yeux un court instant, réprimant tant bien que mal un sanglot avant d’agiter la tête. Ses parents… Elle pensa rapidement à sa propre famille. Sa mère allait au moins bien avec Crocus, son père avait obtenu le sort qu’il méritait il y a déjà bien longtemps. Mais elle savait malgré son état que ce n’était pas vraiment sa question, elle parlait de ses seconds parents, sa seconde famille en quelque sorte. Elle ne les avait jamais réellement considérés comme tels - du moins pas à ce point - mais elle leur en restait tout de même reconnaissants.
« Morts dans l’attaque. »
Comme avant, ses réponses étaient mécaniques, loin de ses habitudes alors qu’elle se morfondait sur son sort. Elle espérait toujours que son ancien corps avec l’âme de son amie ne débarque d’un moment à l’autre dans sa tente pour lui dire que tout se passera bien. Et que tout allait être reconstruit. Et que les gens dehors allaient être sauvés. C’était certainement ce qu’elle aurait fait, cette idiote. Persévérer à soigner la souffrance alors même que c’était elle-même qui était en train de saigner le plus. Elle avait toujours été désintéressée et extrêmement altruiste, contrairement à la ratonne qui, si elle avait déteint des principes de son amie, gardait toujours son côté indépendante et peut-être un peu égoïste.
« Comme tu peux le voir il ne reste rien ici, alors si tu n’es pas en danger de mort, on ne peut rien faire, ni rien donner. Et si tu veux aider, je crois qu’Elthomiel, l’elfe, dehors, cherche des volontaires… »
Elle porta à nouveau son attention sur la paume de sa main, où, durant un court instant, un minuscule dragon d’eau serpentin fit son apparition. Elle avait toujours trouvé l’expression de la magie de son amie fascinante, sans réussir à l’imiter, et elle lui avait dit qu’elle était liée à son sang et sa nature. Elle comprenait mieux, maintenant, ce qu’elle voulait dire par là. Mais cela voulait aussi dire qu’elle était son sang maintenant. Et qu’elle avait perdu le sien, elle avait perdu ses dernières attaches avec ses frères et soeurs. Pouvait-elle vraiment retourner et les regarder dans les yeux alors qu’elle n’était plus l’un d’eux? Elle ne s’en sentait pas capable. D’un mouvement sec, son poing se serra sur sa ridicule création, la faisant disparaître dans le même temps.
« Je ne peux pas aider. Je ne peux pas sortir et voir ça. Si tu viens pour essayer de me convaincre, tu peux partir de suite. »
Bien entendu, quelques gardes visiblement pas très enchantés de devoir mettre les pieds dans cet endroit étaient passés, rapidement prendre une déposition à laquelle elle avait répondu mécaniquement. Son discours avait certainement été incohérent, mais elle était dévastée, elle ne réalisait pas vraiment tout ce qui s’était passé, son esprit ressassant encore et encore les derniers évènements. Elle se demandait ce qu’elle aurait pu faire différemment. Cela aurait-il était différent si elle avait retardé ses achats au lendemain?
Elle pensait encore à un vulgaire cauchemar, s’attendait encore à se réveiller dans son lit, à saluer les parents Daphnée en passant, puis à aller officier avec son amie dans la Clinique encore intacte. Mais visiblement ce fichu cauchemar ne cessait de perdurer et aucun pincement ou autre sévice n’arrivait à l’en tirer. Elle s’était réfugiée dans une petite tente pleine de paperasse à moitié brûlée et à moitié trempée par les tentatives d’éteindre l’incendie. La plupart des feuilles étaient illisibles, l’encre ayant coulé de toutes parts, mais elle n’en avait rien à faire. La paperasse n’était pas son travail, et ne l’avait jamais été. Pourquoi cela changerait ?
Elle leva des yeux rougis et fatigués à l’arrivée d’un visage connu. Pas spécialement proche, elle avait déjà vu cette patiente par le passé, et s’en rappelait. Pas du genre à être au bord de la mort, loin de là, donc sa présence au sein du camp était peut-être étrange, mais Camélia n’en avait pas grand chose à faire. Ce n’était pas elle qui gérait quoi que ce soit ici, elle n’était qu’une simple aide soignante hybride.
« Oui. »
Rien que d’entendre ce qui était maintenant devenu sa voix, elle sentit sa gorge se serrer en se rappelant de son amie. Elle ferma les yeux un court instant, réprimant tant bien que mal un sanglot avant d’agiter la tête. Ses parents… Elle pensa rapidement à sa propre famille. Sa mère allait au moins bien avec Crocus, son père avait obtenu le sort qu’il méritait il y a déjà bien longtemps. Mais elle savait malgré son état que ce n’était pas vraiment sa question, elle parlait de ses seconds parents, sa seconde famille en quelque sorte. Elle ne les avait jamais réellement considérés comme tels - du moins pas à ce point - mais elle leur en restait tout de même reconnaissants.
« Morts dans l’attaque. »
Comme avant, ses réponses étaient mécaniques, loin de ses habitudes alors qu’elle se morfondait sur son sort. Elle espérait toujours que son ancien corps avec l’âme de son amie ne débarque d’un moment à l’autre dans sa tente pour lui dire que tout se passera bien. Et que tout allait être reconstruit. Et que les gens dehors allaient être sauvés. C’était certainement ce qu’elle aurait fait, cette idiote. Persévérer à soigner la souffrance alors même que c’était elle-même qui était en train de saigner le plus. Elle avait toujours été désintéressée et extrêmement altruiste, contrairement à la ratonne qui, si elle avait déteint des principes de son amie, gardait toujours son côté indépendante et peut-être un peu égoïste.
« Comme tu peux le voir il ne reste rien ici, alors si tu n’es pas en danger de mort, on ne peut rien faire, ni rien donner. Et si tu veux aider, je crois qu’Elthomiel, l’elfe, dehors, cherche des volontaires… »
Elle porta à nouveau son attention sur la paume de sa main, où, durant un court instant, un minuscule dragon d’eau serpentin fit son apparition. Elle avait toujours trouvé l’expression de la magie de son amie fascinante, sans réussir à l’imiter, et elle lui avait dit qu’elle était liée à son sang et sa nature. Elle comprenait mieux, maintenant, ce qu’elle voulait dire par là. Mais cela voulait aussi dire qu’elle était son sang maintenant. Et qu’elle avait perdu le sien, elle avait perdu ses dernières attaches avec ses frères et soeurs. Pouvait-elle vraiment retourner et les regarder dans les yeux alors qu’elle n’était plus l’un d’eux? Elle ne s’en sentait pas capable. D’un mouvement sec, son poing se serra sur sa ridicule création, la faisant disparaître dans le même temps.
« Je ne peux pas aider. Je ne peux pas sortir et voir ça. Si tu viens pour essayer de me convaincre, tu peux partir de suite. »
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