Une secousse arracha Faelan à sa lecture. Il leva les yeux pour voir qu'il arriverait bientôt devant les portes de la grande Kyouji. De là où il était, il pouvait apercevoir les jardins suspendus des plus belles demeures de la mégalopole. En tournant son regard vers l'horizon, il aperçut les fumées d'un camp de shoumeïens réfugiés. La ville en était remplie depuis l'attaque des titans. S'il n'avait pas été là pour raisons personnelles, il se serait peut-être arrêté pour échanger avec eux, mais les affaires qui l'amenaient étaient bien trop pressantes. Il détourna les yeux pour se plonger de nouveau dans la lecture de sa lettre. Couchée en noir sur le papier, une écriture hésitante lui narrait les déboires de son ami de toujours Hirandil. Il lui racontait dans cette lettre comment il se voyait dépérir d'heure en heure, terrassé par une maladie fulgurante. Faelan était aussitôt accouru pour lui rendre visite, mais il ne savait pas s'il trouverait encore son ami vivant à son arrivée.
Butant pour la cinquième fois sur la dernière ligne de la missive, il parvint enfin à s'arracher à ses idées noires pour se remémorer le bon vieux temps. Leur rencontre remontait à près de sept siècles alors qu'ils étaient tous les deux esclaves. À cette époque, ils travaillaient à trois au service d'un membre de la famille qui les possédait. Trois jeunes gens, un élémentaire, un elfe et enfin un humain du nom d'Isaac. Faelan arrivait à peine à se souvenir du visage de ce dernier après tout ce temps. Tous les trois, ils rêvaient de liberté, de briser leurs chaînes. Isaac était sûrement le plus déterminé. Là où l'élémentaire et l'elfe comptait sur le temps pour arriver à leurs fins, lui voyait les années défiler devant ses yeux et ses rides se creuser sans jamais pouvoir s'enfuir. Il était d'ailleurs mort avant d'avoir vu son rêve se réaliser, là où Faelan et Hirandil avaient pu s'échapper. Les doigts du journaliste glissèrent jusqu'à son cou et s'emmêlèrent dans la ficelle d'un pendentif. Le bijou était grossier, un sorte de plaque de métal aux vagues teintes dorées, usé par le temps qui représentait un soleil, la lune et les étoiles dans un cercle sacré. C'était une marque, la marque d'une promesse que les trois amis s'étaient faite. Chacun d'eux en possédait un, bien que Faelan ne sache pas ce qu'était devenu celui de son ami humain. Probablement vendu après sa mort. En les confectionnant, ils s'étaient juré de devenir quelqu'un. De dépasser leur condition de servant et de se faire une place dans ce monde.
Mais tout ça, c'était du passé. Isaac Nordan n'était plus que poussière et son dernier ami approchait de sa fin. Il ne resterait bientôt plus que lui pour se souvenir de ces moments. En attendant, il ouvrait l’œil. Être au Reike ne lui plaisait pas, mais c'était l'endroit qu'avait choisi son ami pour attraper le dernier rhume de sa vie. Il n'aurait pas pu clamser chez lui à Melorn ? Quoique ce ne fût pas vraiment une meilleure destination. De ce qu'il avait compris, Hirandil après avoir obtenu sa liberté, était retourné dans la ville de ses ancêtres pour y vivre une vie paisible. Tout le contraire de Faelan donc. Et en plus, il avait décidé de s'installer dans cette ville de péteux. Autant dire qu'ils ne s'étaient pas souvent rendu visite.
La clameur de la ville vint tirer l'élémentaire de ses pensées. La charrette sur laquelle il se tenait venait de dépasser les portes de la ville. Les odeurs et surtout le bruit se jetèrent sur lui à lui en faire tourner la tête. Kyouji avait toujours eu une place dans son cœur. Il aimait son ouverture et aussi cette espèce d'excitation qui parcourait ses rues, un peu comme un courant électriques qui animait ses habitants et lui donnait presque vie. Jetant une pièce à son chauffeur, il le remercia d'un signe de la main avant de s'élever dans les airs, soulevant un léger nuage de poussière au passage. Il glissa de cette manière sans vraiment poser pied à terre. Pas le temps de marcher, il devait trouver le dispensaire cité dans la lettre. Les rues lui étaient familières même si les années lui en avaient fait oublié les subtilités. Toutefois, quelques erreurs et un peu de hauteur lui permirent de trouver sa destination. Il fut surpris par l'agitation en approchant. Une petite foule se tenait devant deux gardes qui barrait l'entrée. Certains visages montraient de la tristesse, d'autres une peur certaine. Quelques miséreux essayaient de convaincre les gardes de les laisser passer.
« Aucune entrée n'est autorisée, le dispensaire est placé en quarantaine ordre du seigneur, jura le plus grand des deux gardes. »
Une clameur de protestation lui répondit et les deux hommes durent jouer de leur muscle pour repousser la vague qui tenta de les écarter.
« PER-SONNE N'ENTRE, grondèrent-ils alors que Faelan se glissait à leur rencontre.
– L’un de mes proches est entre la vie et la mort, je dois me rendre à son chevet, cria-t-il pour attirer son attention.
– Personne n’entre avant le passage du mage d’état. »
Faelan prit un instant pour réfléchir. On ne déclarait pas la quarantaine sans raison et on n’envoyait pas non plus un mage d’état pour une petite vérole. Bon sang Hirandil, mais quelle chaude pisse tu avais bien pu chopper … L’agitation recommença de plus belle.
« Mais on a besoin de soin, hurlait une femme qui tenait son mari à bout de bras.
– Je dois me aire désenvoûtée, en criait une autre.
– Qu’est-ce qu’il peut y avoir de si grave pour nous laisser mourir devant la porte !?
– La peste hmpf, grommela l’un des gardes avant de se faire interrompre d’un violent coup de coude dans les côtes par son collègue. »
Mais il en avait déjà trop dit et tous se turent. Faelan restait interdit convaincu que son ami allait être emporté par l’une des pires saloperies de ce monde. Il était tiraillé entre son envie de pousser les gardes et d’entrer et son besoin presque vital de s’enfuir de cet endroit maudit avant d’être la prochaine victime des titans. Un vent de panique se répandit autour de lui et les boiteux retrouvèrent très rapidement l’usage de leurs jambes lorsqu’ils détalèrent. Si les gardes avaient menti, il fallait reconnaître que c’était efficace. La foule se clairsema à vue d’œil ne laissant qu’un Faelan seul qui avait résisté à son envie de suivre le vent et qui attendait le mage d’état en frottant frénétiquement son pendentif comme pour se raccrocher à sa promesse passée pour ne pas céder à son instinct de survie qui lui criait de quitter ce lieu maudit sur-le-champ.
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Devant le dispensaire, il y avait une foule qui commençait à un peu s'exciter. Les gardes, eux, on les entendait brailler, ça, on ne pouvait pas les louper sur le plan auditif. Bordel, juste deux gardes ! S'il venait à se présenter à l'entrée du bâtiment, autant les patients que les impatients s'agglutineront autour de lui pour l'assaillir de questions. Ce n'était pas faute d'avoir une cape banal sur les épaule, qu'il avait refermé sur son torse pour dissimuler sa tenue de mage d'Etat et arriver tranquille peinard. Il grimaça. Bon, il avisera en fonction de la situation. Il s'approcha donc de l'attroupement. Il stoppa net quand un des gardes lâcha ce qu'il ne fallait vraiment pas pour ne pas affoler la populace... Quel crétin ! Au moins, l'avantage était que l'attroupement s'était égayé comme des moineaux effarouchés. Les ragots vont aller bon train maintenant ! Du travail en plus pour rassurer les badauds et rattraper les conneries de cet imbécile de garde ! Ne restait donc plus que les deux militaires postés devant l'entrée du dispensaire, lui et un autre individu, qui guettait peut-être sa venue, pour pouvoir entrer dans son sillage. Il devra attendre, le gaillard, qu'il ait évalué la situation.
Soupirant quelque peu, il se rapprocha des deux clampins en faction.
" On n'entre pas, vous êtes sourd ? "
"Ah... C'est problématique. Je dois pourtant entrer. "
Il n'avait pas encore écarté les pans de sa cape. Il avait de faire un poil chier les gardes. Juste un peu.
''Je dois me rendre à l'intérieur, on m'attend..."
"On va encore répéter... personne n'entre tant quand la quarantaine ne sera pas levée. C'est clair ? Où il faut tapoter sur le crâne pour que cela rentre ? "
"Je vois... La quarantaine ne risque pas d'être levée si je ne puis rentrer. "
"Pardon ? "
''Faut-il que je vous fasse un dessin, messieurs les gardes ? "
Et avec un petit sourire, il n'eut qu'à faire un léger mouvement de bras pour retirer la moitié de sa cape. C'était un peu se la péter, il se l'avouait, mais pour ces deux imbéciles, ça valait bien le coup de les voir blêmir quand ils comprirent leurs erreurs. Ils se confondirent direct en excuses.
''Et au fait, félicitation d'avoir jeté à la foule qu'il y avait la peste parmi les patients alités dans le dispensaire. Abstenez-vous de pareilles paroles la prochaine fois ! Ce n'est pas dans vos attributions de balancer ce genre d'informations ! "
Et merde, il oubliait qu'il n'était pas tout seul. Il devait se donner dans un beau spectacle tiens. Il tourna la tête pour voir l'étrange jeune homme, qui triturait un pendentif au bout de ses doigts. Il retint avec peine la surprise qui écarquilla de moitié ses yeux.
''Vous là. Où avez-vous eu ce pendentif ? "
L’élémentaire vit les deux gardes blêmir et ses soupçons semblèrent se confirmer. Il prit cependant le temps d’invoquer une légère brise, discrète, mais suffisamment puissante pour soulever légèrement la cape de l’inconnu et révéler ses habits qu’il ne pouvait pas voir de là où il se situait. Un Mage d’état … quelle poisse, pensa-t-il. Il aurait souhaité que son voyage soit le plus tranquille possible et n’avoir à faire qu’avec le minimum d’officiel du Reike. Question de principe.
Il tendit l’oreille, ne perdant pas une miette de la discussion. Et soudain, il sentit une décharge d’adrénaline lui parcourir le corps. Il y avait bien un cas de peste obscure dans ce dispensaire. Le mage venait de le confirmer. C’était pas bon, mais alors pas bon du tout. Dans quelques heures la ville serait une immense zone de quarantaine. Comment avait-il pu se retrouver dans cette galère en si peu de temps ? Il était un homme libre et en un instant il allait être une victime collatérale du pire fléau que les titans aient lâché sur le Sekai. Il grinça des dents :
« Maudit pays de … »
Il s’interrompit en entendant la voix du mage. Ce dernier pointait son pendentif qu’il avait inconsciemment pris entre ses mains. Ses yeux glissèrent de l’homme à son pendentif, comme s’il essayait de vérifier qu’il avait bien compris. Mais qu’est-ce que ça pouvait lui foutre ? Il n’avait pas une crise majeure sur les bras ? Faelan lui décocha un regard qui mêlait surprise, interrogation et peur. Il lâcha son bijou et répondit :
« Je l’ai fait moi-même. »
Des bruits de pas suivirent sa déclaration, derrière lui un petit contingent de soldat avait été rameuté par les cris de la foule et les fuyards. Faelan leur jeta un regard en coin et se concentra sur le mage d’état. Ce dernier semblait encore stupéfait de sa réponse sans qu’il ne sache pourquoi, mais la présence des soldats fut l’opportunité qu’il attendait. Cette histoire sentait bien trop la merde pour lui, désolé Hirandil, mais là c’était trop. Profitant de l’agitation autour de lui, il se fondit dans l’air, laissant ses contours se dissoudre et en quelques secondes, le vent l’avait emporté au loin.
~~~
La nuit était tombée quand Faelan poussa la porte de l’Impératrice du désert, une taverne assez fréquentée de Kyouji. Il n’avait pas voulu quitter la ville tout de suite, sentant qu’on serait peut-être en train de le chercher à l’heure qu’il est. Il s’était longtemps demandé pourquoi il avait piqué son intérêt de la sorte. La ville était restée silencieuse et en laissant traîner ses oreilles, Faelan avait pu comprendre qu’il n’y avait pas d’épidémie et qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Il n’était pas aussi malchanceux qu’il le croyait au final.
La ferveur de la taverne vint le cueillir au moment même où il passa la porte. La chaleur des corps, l’odeur nauséabonde de bière renversée qui se mêlait à la sueur et à la fumée vint lui chatouiller les narines. Il s’empressa de créer un petit courant d’air pour trouver quelques bouffées non viciées à respirer. Plusieurs groupes s’agglutinaient dans la salle. Il repéra des marchands du désert, reconnaissables à leurs habits amples et leurs châles négligemment détachés pour leur permettre de se remplir la panse d’alcool. À leurs côtés s’étaient rassemblés des locaux. L’élémentaire crut reconnaître le mari « mourant » qu’il gisait dans les bras de sa femme devant le dispensaire tout à l’heure. Visiblement, la liqueur de cactus faisait des miracles dignes des titans !
Il se fraya un chemin jusqu’au comptoir en se laissant glisser à travers la pièce. Esquivant agilement les fesses et les épaules négligentes qui venaient sans cesse lui barrer la route. C’était un peu comme une danse, il suivait les mouvements de l’air, se laissant porter comme une feuille par ceux-ci. Après un temps qui lui parut infini, il parvint enfin à se prendre un verre. Il plongea son regard dans les couleurs troubles de son breuvage en pensant à son ami. En passant devant le dispensaire, il l’avait vu sur une charrette, son corps déformé par des pustules atroces. Ce n’était peut-être pas la fameuse peste, mais c’était une belle saloperie qui l’avait emporté. On ne lui laisserait probablement pas récupérer le corps, il finirait brûlé avec d’autres malades.
« La vie est une chienne, souffla-t-il en prenant une gorgée d’eau-de-vie, à toi mon ami et à nos longues années passées en ce monde. »
Il leva son verre pour porter un toast solitaire. Ce soir, il allait se noyer pour oublier.
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La petite troupe armée commença à former une ligne, ne servant à rien puisqu'il n'y avait plus personne devant l'entrée du dispensaire. Soudain, l'inconnu au médaillon commença à se dissoudre, comme disparaissant à la vue de tous.
''Attendez !"fit Alaric en tendant la main dans la direction de l'individu, qui disparut totalement de la vue de tous. "Bon sang"grommela-t-il après quoi. Les lèvres pincées, il fixa quelques instants encore l'endroit où s'était tenu un homme qui possédait un élément qui le secouait un peu. Il sortit son propre pendentif hors de sa tunique et le regarda... À part peut-être l'usure du temps qui donnait quelques nuances de couleurs métalliques un poil différentes, il était l'exact réplique de celui aperçu autour du cou de cet inconnu... et qui semblait être un élémentaire. Il avait toujours cru qu'une grosse partie de ce passé n'était qu'imaginé de génération en génération... Et visiblement, il y avait bien plus de vérité qu'il n'y avait cru. Ainsi, un de ses lointains ancêtres avait vécu esclave... et lui qui avait vous esquiver son service obligatoire.
Se rappelant la raison de sa présence à ce dispensaire, il lâcha son pendentif qui se reposa sur le dessus de sa tunique, avant de franchir l'entrée principale, ignorant l'attitude contrit des deux gardes en faction.
Alaric passa une main sur son visage fatigué. Diantre ! Que la journée avait été méchamment longue. Dans la taverne fortement animée ce soir, ce qui apportait un bruit de fond en mode brouhaha épuisant pour ses oreilles, il regarda le fond de son verre. Il n'avait pris qu'un verre de vin corsé pour délasser un peu son esprit en plein remue-ménage. Il avait accompli son boulot, à savoir s'assurer que les rumeurs de peste n'étaient justement que des ragots. Tout cela parce qu'une mauvaise interprétation médicale avait transformé un impétigo en une dangereuse peste… Certes, le patient en avait eu en quantité sur tout le corps. Le vieil elfe, le corps affaibli, n'avait subi que les effets d'une fin de vie maladive. C'était malheureux pour lui, lui qui aurait peut-être préféré finir dans de meilleures conditions... Mais ce n'était pas cela qui gigotait dans l'esprit d'Alaric, qui le perturbait. Des personnes emportées par des maladies, il en verra d'autres, même celles qui d'ordinaire étaient guérissables. Il acceptait depuis longtemps que la mort réclamait son dû... Pour cet elfe, sa vieillesse ne l'avait pas aidé... Il s'était quand même assuré de faire le maximum de prévention. L'impétigo était assez contagieux. Ce qui travaillait dans les tréfonds de la cervelle de l'humain était ce qu'il avait vu.
Quand il était venu au chevet de l'Elfe, celui-ci avait étrangement réagi en apercevant son pendentif. D'une main tremblante, il avait réussi à sortir le sien de dessous sa chemise humidifiée par les suées de la maladie qui le terrassait. Alaric était demeuré interdit plusieurs minutes face à cette coïncidence....
*Le destin se fout vraiment de ma gueule.... *
Et l'autre qui s'était évaporé... qui possédait ce bijou. Le malheureux elfique qui avait fini par décéder qui en avait un aussi...Et avant de rendre son dernier soupir, après une difficile conversation, Alaric apprit que le premier porteur de leurs pendentifs communs de forme connaissait l'elfe moribond... . S'il se remémorait l'histoire qu'on lui avait comptée. Un elfe, un élémentaire et un humain, avides de liberté et d'avoir une place dans ce monde... Oui, clairement, le destin se foutait vraiment de sa gueule. Il passa sa main sur le visage et opta pour se reprendre un autre verre. Il quitta sa chaise, dut se faufiler sans trop bousculer les gens agglutinés au comptoir. Il profita du départ d'un client pour accaparer la place. Avec sa capuche placée sur le sommet de sa tête et sa tenue de voyageur, il passerait aisément pour un gugusse de passage qui avait encore soif. Quand le travail était terminé, il aimait se fondre dans la masse de la population, pour être plus tranquille, ou plus discret. Il fit signe d'ailleurs au tavernier, en levant son verre vide. Quelle ironie quand le buveur à sa gauche engageait le même geste, en marmonnant quelques mots inaudibles. Par contre, sa voix... Le destin se foutait complètement, mais complètement de sa gueule ! C'était l'élémentaire de tout à l'heure.
''Attention, votre breuvage pourrait s'évaporer, avant que vous ne le buviez... "
A voir comment celui-ci allait réagir...
Il y eut un moment de vide durant lequel Faelan faillit céder à son instinct de s’enfuir. Et puis son cerveau se reconnecta et se rendit compte qu’il n’irait nulle part dans un endroit aussi bondé. L’élémentaire redevint net et bien physiquement présent. Il semblait avoir renoncé à son petit jeu du chat et de la souris. Visiblement, les ancêtres avaient décidé de lui coller un impérial aux basques.
« Oh et puis merde, souffla-t-il. »
Il tendit la main au-dessus du bar.
« Barman ! Un verre pour moi et mon … ami. »
Un sourire en coin vint colorer sa déclaration d’une touche de mépris, mais aussi un peu de curiosité. Il s’enfonça sur son siège et jaugea son interlocuteur. Il ne voyait rien d’hostile dans son comportement et à dire vrai, il n’avait pas l’air d’être là pour lui causer des problèmes. Le journaliste s’empara de son verre et le leva devant lui en direction du médecin.
« Bon, puisque le destin a décidé qu’on devait absolument se parler aujourd’hui, je suppose que ça sert à rien de résister. Faelan, un pauvre républicain qui venait voir un ami à l’article de la mort. »
Il prit une gorgée pour se donner du courage.
« J’ai vu en passant que le dispensaire avait rouvert. J’en conclus que vous avez réglé votre problème de .. *il jeta un coup d’œil aux alentours … de grippe ? J’ai été agréablement surpris par le sérieux des forces de l’ordre Reikoise. Elles n’ont rien a envié aux nôtres, à part peut-être quelques années d’études, mais entre nous le nombre des années n’est jamais très représentative du contenu de leur caboche. »
Il marqua sa déclaration d’un geste sans équivoque et qui reflétait très bien ce qu’il pensait des gardes de tout à l’heure. Il savait que le mage serait du même avis, mais il n’allait pas non plus trop pousser dans l’insulte. Après le bâton, la carotte.
« Heureusement que vous avez des gens compétents, comme vous, je veux dire. Pour régler les gros problèmes … ou les cacher. »
Il jaugea sa réaction en buvant sa boisson, laissant au passage une occasion à son « invité » de réagir. Il allait à la pêche aux infos, histoire de savoir s’il y avait lieu de s’inquiéter d’une épidémie dans le coin. Son regard scrutateur parcourait les traits de l'homme à la recherche de la moindre micro-expression qui lui indiquerait qu’il était nerveux. Si la peste était bien là, il voulait être le premier au courant et aussi le premier à fuir.
« Mais j’oubliais. Tout à l’heure vous sembliez fort intéressé par mon pendentif. Il est plutôt quelconque pourtant, je ne pensais pas qu’il me vaudrait une once d’attention ici au Reike. D’ailleurs, on vous a jamais dit que vous faites peur quand vous passez d’un sujet aussi terrifiant que la … grippe à vous mettre à invectiver des inconnus dans la rue. C’est pas très propice à la confiance, vous savez. »
Allait-il s’excuser d’avoir pris la fuite ? Non, certainement pas.
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Une fois son verre en main, prenant une petite attitude dédaigneuse ? Aux yeux du mage, c'était plus de la fatigue... quoi de plus étonnant quand on venait voir un proche aux portes de la mort et que des évènements extérieurs brisaient ce souhait, interdisant un ultime adieu avant que les paupières ne se closent à jamais. Pour cela, l'humain opta pour une solution simple et qui ne serait pas froissante : laisser parler l'individu. Ainsi, il pourra s'enquérir de son état d'esprit et de ce qu'il pourrait apprendre sur sa personne. En peu de temps, il eut quelques infos intéressantes. Le tavernier apporta le second verre commandé. Il l'attrapa, regarda le contenu, et c'était tout. Il avait le temps pour boire le breuvage qui remuait encore dans le contenant
"Alaric, simple Reikois. Enchanté. Et vous avez parfaitement deviné. La situation est réglée… Enfin, j'ai réglé ce qui aurait pu provoquer une panique inutile surtout."
Son visage fut un peu renfrogné, en repensant à ce guérisseur stupide. Normalement, depuis la réouverture du dispensaire, il avait ordonné de cesser toute activité médicale et d'en référer à son supérieur, avant que le rapport écrit par le mage d'État n'arrive demain sur son bureau...
"Il n'y avait rien à dissimuler. En prime d'un incompétent de soignant, vous avez pu constater la vivacité de la haute intelligence de la garde qui était en faction…Je ne sais pas si je dois me sentir rassuré d'apprendre que vous avez le même genre de gugusse dans votre République."
il joua un peu avec son faire, pour faire un simili tourbillon liquide avec la boisson. Il se préparait à aborder un sujet plus sensible.
"Je suis navré que ces circonstances stupides vous aient empêché de voir une dernière fois votre ami. J'ai demandé à le mener à un lieu propice à un recueillement personnel, et que vous puissiez disposer de son corps si vous souhaitez lui accorder un hommage ou cérémonie propre à ses... convictions. Je n'ai pas pu trouver autre chose qu'une charrette pour son transport..."
Bien, la suite maintenant, comme il abordait le sujet du pendentif. Il leva son verre.
"A votre ami.
Il le but d'une traite, reposa le verre et fouilla dans une poche, sortant le pendentif qui avait appartenu à l'elfe.
"Il m'a demandé de vous remettre ceci... ".Il déposa le bijou du comptoir, avant de porter sa main dans sa chemise, pour chopper le sien. Mais avant de le sortir, il poursuivit."J'avoue que j'affiche toujours un air peu avenant quand je suis sur une affaire préoccupante, qui demande une analyse sérieuse de ma part pour évaluer le niveau possible d'une pandémie... ou pas. Votre ami était atteint d'impétigo, qui provoque parfois des pustules. Affaibli par les affres du temps, son corps n'a pas pu résister à l'infection qui…qui a fait croire à une autre maladie... D'où les ragots... Il s'appelait Hirandil, et il tenait à ce que je vous montre ceci."Il dévoila son pendentif. Hormis l'usure et l'oxydation provoquées par les années, il était en tout point identique aux autres. "Il semble que le Destin prend un malin plaisir à jouer avec le passé...."
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