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    Nahash
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  • Jeu 28 Déc - 13:07



    Comme d'habitude, la ville de Courage débordait d'activités. Ici et là, différents coursiers battaient le pavé pour se rendre à leur destination tandis que les étales ouvertes à l'arrache répandaient dans les rues les parfums des mets mis à la vente. Du ciel, une épaisse averse venait s'écraser sur les malheureux ayant fait le choix de quitter leur demeure. Pourtant, ces derniers n'en semblaient pas plus perturbés que cela et continuaient leur petite vie comme si de rien était. Des péons. Des êtres sans la moindre volonté propre qui se complaisaient dans la monotonie de leur propres habitudes. Dans leur quotidien sans saveur qui les éloignait d'une mort prématurée mais également de toute aventure.

    Marchant parmi cette plèbe stupide, je laissai mon regard de serpent glisser doucement sur les différents visages qui m'entouraient. Si mon accoutrement pouvait étonner certains habitants de la ville, la plupart des gens finissaient par ne plus y faire attention. C'était là aussi l'un des avantages des cités-états. Il était facile de passer inaperçu, même en étant hors de l'ordinaire. Après tout, qu'était un homme au masque corbin lorsqu'on pouvait côtoyer des géants verts aux proportions ridiculement inhumaines? Ainsi, j'évoluai donc dans Courage, naviguant dans ses étroites ruelles et ses bas-fond tout comme ses quartiers plus emblématiques. La pauvreté ne m'effrayait pas. J'y avais développé mon emprunte, laissé ma marque lors de diverses expériences et services rendus à la pègre. Aussi, je m'y savais relativement en sécurité. Enfin. Tout aussi relativement qu'on pouvait l'être.

    Je n'étai pas venu dans la ville par pur plaisir également. J'y avais été "convoqué". Par celle avec qui je n'avais jusqu'à lors conversé que par courriers codés et autres messages subtils. Je le savais, la personne qui m'avait fait venir était influente. Bien plus que ne pouvait l'être Zelevas en vérité. Car lui n'avait jamais pris la peine d'autant codifier nos échanges ou de limiter nos interactions. Pourtant, aujourd'hui, cette fameuse personne avait souhaité me rencontrer. Pour "échanger sur nos visions". En vérité, je m'attendais à tout et à rien. Trop souvent, les mécènes qui venaient mettre leur nez dans mes expériences finissaient par soit le regretter, soit vouloir influencer ces derniers au point de les faire échouer. C'était là au moins une qualité indéniable au vieillard qui avait monté avec moi le projet palladium. Il m'avait fait confiance. Et curieusement, quand on faisait confiance à un génie, les choses se passaient bien.

    Quittant une énième ruelle alors que je me trouvais toujours dans mes sombres pensées, je remarquai enfin le bâtiment indiqué dans le courrier qui m'avait été donné. Un établissement, aussi modeste que Zelevas n'était jeune. Une auberge de luxe. Soit mon contact aimait l'ironie, soit il débordait de richesses. Dans les deux cas, la rencontre se promettait intéressante. M'approchant donc doucement, je fixai depuis mes lentilles le nom de la bâtisse. " La perle d'Aurore " Sans doute un jeu de mot lubrique. Mais qui n'enlevait en rien toute la beauté de la structure. Si la couleur de l'auberge se retrouvait semblable aux autres bâtiments républicains, les nombreuses lanternes qui pendaient ici et là venaient accentuer les reliefs des poutres apparentes ainsi que de l'épaisse végétation qui courait doucement depuis les fenêtres. Ces dernières, légèrement teintées et dont le verre avait été taillé pour créer différents reliefs, étaient disposés comme différentes paires d'yeux servant à espionner les rues en contrebas. Depuis l'extérieur, il était ainsi impossible d'observer les chambres contrairement à l'inverse. Un système ingénieux, qui permettait sans doute aux locataires de ces chambres d'assouvir un plaisir exhibitionniste tout en protégeant leur intimité. Quittant finalement mon analyse silencieuse, je vins ouvrir doucement la porte menant à l'intérieur de l'auberge. A peine fis-je un pas dans la salle d'accueil qu'une hôtesse vint se présenter à moi. Une humaine, dont la longue robe noir venait accentuer les yeux d'azur se pencha doucement dans une révérence particulièrement pompeuse.

    Plumes noires et Bec de corbeau [Koraki] C1KJjZk

    - Bienvenue à la perle d'Aurore Docteur. C'est un honneur de vous recevoir ici.

    Haussant un sourcil sous mon masque, je tournai ce dernier en direction de la demoiselle qui cherchait à ancrer son regard sur le mien sans succès. Je remarquai alors que l'entièreté du bâtiment semblait avoir été privatisé. Une aubaine, pour des affaires aussi gênantes que lucratives. Mon contact avait au moins eu la décence de se protéger convenablement. Enfin il... Si je ne savais pas "grand chose" du contact que je devais retrouver, je savais qu'il s'agissait d'une femme puissante. Même si cela ne semblait pas vouloir dire grand chose ou apporter une quelconque précision au sein de la nation bleue.

    - Si vous le désirez, vous pouvez attendre au niveau de notre salon. Sinon le bar est à votre disposition. Elle ne devrait pas tarder.

    Je reportai de nouveau mon attention sur la jeune servante. Ses cheveux parfaitement coiffés lui donnaient un air strict qui dénotait grandement avec sa voix timide et douce. D'un signe de tête, je lui fis comprendre que j'allais effectivement attendre au niveau du salon, lui permettant ainsi d'aller prévenir mon hôte. Marchant doucement, mes yeux glissèrent doucement sur les différentes décorations et autres mobiliers luxueux que l'auberge avait à offrir. Tapisseries finement ouvragées, sièges en cuir de haute qualité, tableaux aux couleurs vives... Et une gigantesque cheminée qui venait trôner devant quelques fauteuils et un sol marbré. Sur les tables, différents paniers de fruits attendaient qu'on ne vienne s'en saisir tandis que l'argenterie attendait sagement qu'on ne s'en saisisse. Chose rare, pour une auberge. Stoppant mon exploration une fois parvenu au niveau de la dite cheminée, je vins fixer doucement des yeux les flammes dansantes dans l'âtre de cette dernière, croisant mes mains dans le dos tout en gardant ma posture droite. A présent, il n'y avait plus qu'à attendre. A rester silencieux jusqu'à ce que celle qui m'avait fait venir ne se décide à me rencontrer.

    Si je n'attendais pas grand chose de ce rendez-vous soudain, j'osai espérer qu'il me permettrait d'améliorer ma condition au sein de la république, notamment vis à vis de mes affaires et projets personnels. Kaizoku avait eu le malheur de réveiller la hargne républicaine, même si j'y avais participé particulièrement dans ce but. Un léger paradoxe qui même s'il aidait à augmenter les fonds de mes investisseurs sur le projet palladium, attisait également le zèle des limiers et autres chiens de garde de la nation bleue. Aussi, il me fallait trouver de quoi protéger mes propres intérêts. Au cas où Zelevas finissait par se faire évincer, tuer ou, pire, qu'il perde tout pouvoir. Sortant soudainement de mes pensées, je sentis une nouvelle présence dans la pièce. C'était, depuis la bataille maritimes, devenu une sorte d'habitude chez moi. J'avais cette impression étrange de pouvoir sentir les personnes approchantes. Certains auraient appelé cela de l'hyper vigilance mais, en vérité, il s'agissait plutôt d'une sorte d'écholocalisation me donnant accès à de nouveaux moyens de détections et de déplacements. Me retournant donc doucement en direction de la nouvelle arrivante, j'étirai un large sourire sous mon masque en découvrant qui avait décidé de me rejoindre et d'enfin se montrer sous son vrai jour face à moi. Etendant alors mon esprit pour venir rencontrer le sien et ainsi converser; je laissai dans ses pensées se mêler la voix déformée des miennes.

    * Bien le bonsoir, Dame Exousia. C'est un honneur d'enfin vous rencontrer. *

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  • Jeu 28 Déc - 23:21

    Exousia
    Koraki

    Le
    Docteur

    Plumes noires et Bec de corbeau

    Oui, elle entre dans la pièce avec une aura de confiance et de prestance qui capte immédiatement l'attention du Docteur au génie certain. Sa démarche est empreinte d'une grâce naturelle, ses pas mesurés et assurés résonnant légèrement sur le sol, ses talons martelant avec délicatesse le plancher à un rythme régulier et musical.

    Il peut enfin l'admirer, cette Mairesse dont on vante la beauté. Il peut observer ses traits délicats et fins sculptés avec précision par sa propre magie, son visage aux lignes délicates soulignées par des yeux d'une couleur hypnotique, envoûtante comme le crépuscule, reflétant une détermination farouche. Ses cheveux, d'un blanc lilial, tombent en cascade soyeuse autour de ses épaules, brillants sous la lumière ambiante, voltigeant paisiblement au rythme de sa marche.

    Mais le plus flagrant, c'est son fin sourire qui étire légèrement ses lèvres, un sourire qui en dit long sur sa détermination et son assurance. C'est le sourire de quelqu'un qui connaît sa propre valeur, une personne en harmonie avec elle-même et avec le monde qui l'entoure, car ce monde lui obéit, tout simplement.

    Sa démarche est fluide, empreinte d'une assurance tranquille alors qu'elle se dirige avec élégance vers le Docteur au masque de corbeau. Le silence qui l'accompagne est chargé d'une force silencieuse, d'une autorité naturelle qui semble envelopper la pièce entière, quand bien même ils sont les seuls êtres présents.

    Du moins, dans la pièce proprement dites. Les rues qui la cercle sont surveillés de très près par d'invisibles et silencieux gardes, garantissant à l'un et l'autre des deux occupants que personne ne viendra interrompre leur conversation.

    Arrivée près du Docteur, elle ne dit rien, mais un léger échange de regards s'installe entre eux, empreint d'une compréhension tacite, de messages muets qui se croisent et se comprennent sans besoin de mots. Puis, d'un mouvement fluide et assuré, Koraki se détourne avec une grâce inaltérable et se dirige vers le bar. D'un geste délicat, elle se sert elle-même un verre. Pour une fois, ce ne sera pas un verre de vin, mais quelque chose de plus fort. Un bourbon, peut-être ? Peu lui importait, en réalité. Tel un papillon, elle se dirige vers la couleur qui l'attire le plus et ce sert un liquide joliment ambrée.

    Koraki savoure chaque gorgée de son verre, appréciant la boisson avec une certaine satisfaction perceptible sur son visage. Une fois son verre vidé, elle laisse échapper un léger soupir de contentement, soulignant l'apaisement que cette boisson lui a apporté. Les traits de son visage, habituellement réservés, s'adoucissent un instant alors qu'elle laisse échapper un sourire fugace. Cependant, même dans ces moments de détente apparente, son aura de détermination demeure indéniable, comme une lueur discrète dans ses yeux dorés.

    - Ah, j'en avais bien besoin, déclare-t-elle d'une voix calme mais résolue. Faire du SCAR une institution efficace n'était pas une mince affaire, mais j' y suis arrivée.

    Une manière comme une autre de rappeler que désormais, peu importait le lieu où se trouverait le génial scientifique, elle le saurait. Se tournant vers son invité de marque, elle lui accorde toute son attention, avec intérêt et respect.

    D'une voix empreinte de douce cordialité, elle reprend :

    - Je suis ravie de vous voir ici. Son regard, empreint d'une intensité subtile et d'une volonté certaine, confirme l'importance qu'elle accorde à cette rencontre. Peut-être un verre ? Elle sait pertinemment qu'il déclinera l'offre, mais cela n'entame en rien sa politesse. On ne s'évertuait pas à porter un tel masque pour le retirer au premier verre proposé. Comment avance votre projet avec notre ami commun ?


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    Nahash
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  • Ven 29 Déc - 0:17

    Je la regardai, silencieux, tandis qu'elle allait se servir un verre. L'auberge était visiblement à nous pour la soirée et Koraki semblait bien décidée à se servir ce qu'elle désirait. C'était là, probablement, une belle métaphore quant à notre rencontre. Me considérait-elle également comme l'une de ces bouteilles? Un simple outil à attraper? Je me posai doucement la question alors qu'elle laissait le liquide alcoolisé glisser doucement dans sa gorge, humidifiant légèrement les lèvres parfaitement dessinées qui siégeaient sur son visage.

    Si j'avais déjà entendu maintes fois parlé des caractéristiques physiques de celle qui était encore jusqu'à lors n'était que la "mairesse" de Courage, j'avais également entendu les nombreuses rumeurs qui se colportaient sur elle. La "reine des catins", comme certains osaient encore l'appeler, était suivie par diverses paroles murmurées la liant à des disparitions étranges ou, dans certains cas, directement à des bacchanales innommables. Peu m'importait. Elle pouvait bien user de son corps ou de ses vices comme bon lui semblait. Je n'étais ni le mieux placé, ni le plus intéressé pour juger de tels actes. Quand bien même j'estimais que ces potentiels ragots étaient là pour la décrédibiliser plus qu'autre chose. Et visiblement, ces derniers n'avaient pas suffit. Sa remarque sur le SCAR me fit doucement sourire. J'y décelai aisément la douce promesse qu'elle m'adressait. Je n'étais en vérité pas plus inquiet que surpris. Cette femme avait du pouvoir et désirait le montrer. Pour le reste, les services républicains pouvaient bien me pister si cela les tentait un jour. Il existait bon nombre de moyens de disparaître si l'envie m'en prenait. Le monde était vaste et les magies variées. Enfin, je n'avais pas besoin de surinterpréter une simple phrase. Après tout, nous nous rencontrions en tant qu'associés, pas ennemis. Laissant l'une de mes mains quitter mon dos, je vins lever doucement cette dernière tandis que ma voix éthérée venait résonner dans l'esprit de la femme aux cheveux blancs.

    * Non, je vous remercie. Je bois très peu. Que ce soit de l'alcool ou autre chose. Un léger flottement, tandis que je commençai à m'approcher un peu. En revanche, je suis curieux de voir l'alcool qui a sut attirer votre attention. *

    Usant doucement de ma télékinésie, je soulevai ainsi la bouteille d'alcool pour venir la faire flotter doucement devant moi. Observant le liquide ambré qui bougeait à l'intérieur du contenant, je ne pus retenir un nouveau rictus alors que je venais reposer doucement le bourbon sur le comptoir.

    * Amusant, je connais justement quelqu'un qui raffole de ce bourbon. Une coïncidence sans doute, n'est-ce pas? Je vins alors me replacer pour me mettre face à elle, recroisant mes mains pour reprendre ma posture d'épouvantail, la dominant de ma carrure. De quel ami commun voulez-vous parler précisément Dame Exousia? Du sénateur aux articulations défaillantes mais à l'esprit affûté et aux valeurs aussi fortes que radicales? Aux sorcières à la stratégie douteuse mais aux pouvoirs dévastateurs ayant jusqu'à présent simplement réussi à semer le chaos dans une nation en proie à des difficultés internes majeures, ou bien à quelqu'un d'autre? Comprenez ma difficulté ma chère, je suis si adorable que tout le monde me désire. *

    Un nouveau sourire sadique qui vient étendre mes traits. Je laissai alors quelques secondes de flottement, le temps de laisser comprendre ce que je voulais réellement dire. Si Koraki était une femme de pouvoir et particulièrement influente à présent, j'étais pour ma part installé dans un amoncellement de ramifications tellement étendues qu'il était difficile de ne pas trouver une personne capable de m'aider en cas de danger. Enfin. Là encore, il ne fallait pas aller chercher trop loin, il s'agissait avant tout d'humour.

    * Pardonnez moi ce trait d'humour. Pour répondre à votre question, oui, le projet avance particulièrement bien. D'ailleurs, vous avez probablement déjà croisé le premier résultat de ce projet sans même le savoir. Voyez-vous, je suis un homme dévoué et lorsque je décide de m'atteler à une tâche, il ne reste généralement que deux options. Soit il s'agit d'une réussite. Soit je fais en sorte que le poison, l'acide et le gaz ne fassent tout disparaitre. Mais, peut-être aimeriez-vous d'autres informations? Allez, posez moi ces questions qui vous brulent les lèvres. *

    Je me déplaçai alors doucement, venant m'approcher de l'une des vitres de l'auberge pour en observer l'extérieur. Que de la pluie battante. Plus aucun civil visible. Le SCAR avait nettoyé ces rues plus proprement que tous les officiers républicains réunis n'auraient pu le faire. Même pas le moindre mendiant en vue capable de disparaitre pour éviter l'amende de mendicité. Du vrai travail de professionnels. Me retournant ensuite vers Koraki, je vins de nouveau ancrer son regard aux travers de mes lentilles teintées.

    * Outre toutes ces questions éventuelles. J'aimerai savoir ce que vous désirez obtenir comme informations de ma part pendant cette entrevue. Je ne suis nullement opposé à la franchise, bien au contraire. Je souhaite seulement jouer cartes sur table et savoir ce qu'une mécène telle que vous aurait comme intérêt à mon égard. Une femme aussi belle et puissante a, je présume, un emploi du temps chargé et notre rencontre doit probablement signifier que vous avez divers projets dont vous aimeriez me voir prendre la direction. Je me trompe? *

    Quelques nouveaux pas, pour venir contourner l'âtre de la cheminée et ensuite me retrouver de nouveau aux côtés de la reine des catins. Mes pas avaient été lents, silencieux, comme à l'accoutumée. Comme avant chaque expérience.

    * Je vous écoute donc, Dame Exousia. Que désirez-vous de moi et de ma science? *
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    Koraki Exousia
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  • Ven 29 Déc - 1:10

    Exousia
    Koraki

    Le
    Docteur

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    Elle le laisse agir à sa guise, s'emparant de la bouteille d'alcool pour en tirer une conclusion qui faisait honneur à la réputation de son intellect. Qu'il la repose et la toise de toute sa stature par la suite, cela ne changeait rien à la situation. Peu importait les gestes du Docteur, Koraki demeurait impassible. Son visage arborait un sourire subtil mais confiant, révélant une assurance tranquille, comme si elle avait anticipé chacun des mouvements de son interlocuteur. Chaque geste était scruté avec une attention méticuleuse. Chaque position de ses mains, chaque pas qu'il faisait, chaque attitude qu'il affichait, était analysé avec minutie par ces yeux dorés qui ne le lachait plus.

    - Aucunement, répondit elle à son analyse. Lors de notre dernière rencontre, j'ai put en découvrir les notes alors qu'il me hurlait dessus. Cela à attisé ma curiosité.

    Quand on repensait au fait qu'elle eut été à deux doigts de mettre un terme définitif à la vie du vieillard, il y'avait une certaine ironie. Comment aurait réagit le chirurgien à cette annonce ? Sa fidélité était elle synonyme d'amitié ou bien ne l'aurait-il prit que comme la fin dommageable d'un partenariat fructueux ? Personnellement, elle penchait pour la seconde hypothèse. De ce qu'elle connaissait du Docteur, il n'était animé que par une soif insatiable de connaissance qui ne laissait que peu de place aux considérations plus sentimentales. En cela, il était similaire à la Grande Putain qui, de son côté, agissait pareillement dans sa quête de pouvoir.

    De sa petite tirade humoristique, elle sourit sincèrement. Oui, il est vrai qu'en ce lieu si bien gardé, les précautions habituelles de langue de bois et de demi-mots n'étaient pas nécessaire.

    - Le bec, assurément, plaisanta t-elle en en mimant la forme de sa main. Des amis, vous en avez beaucoup, en effet. Je m'interroge cependant pour votre sécurité. Est-ce bien prudent d'en avoir des deux côtés ? Votre survie à Kaizoku tient peut-être plus de la chance que de mon anonyme soutien, ne l'oubliez pas.

    Il aurait suffit d'un seul tir bien placé pour couler le Mortepeste, emportant avec lui l'homme qui avait causé tant de tort aux forces Républicaines. Cela aurait été une vengeance douce pour toutes ses âmes qu'ils avait brulés, mais une perte terrible pour ceux qui se reposaient sur ses talents particuliers. Mieux vaudrait faire en sorte que tel imprudence ne se reproduise pas. Pour l'heure, il était trop précieux pour être ainsi mis en danger.

    L'invitant d'un geste de la main à occuper l'un des sièges qui trônait devant la cheminée, elle s'y installa elle-même, posant son verre de nouveau plein sur le guéridon installé entre eux. Des questions, elle en avait en effet des dizaines. Cependant, une seule comptait plus que les autres :

    - C'est bien de ce cher Zelevas que je parlais. Depuis que sa pouliche est devenue Consule, il se sent pousser des ailes. Il agit dans l'ombre, pactise avec l'ennemi, se croit représentant d'un renouveau républicain, se cachant derrière Mortifère et se croyant hors d'atteintes. Je l'apprécie sincèrement, mais je m'en méfie. Aussi ai-je besoin de savoir : Mortifère est-il fidèle à la République ou à Zelevas ? Ou plutôt, faisons un exercice de pensée, voulez-vous ? Imaginons que Mortifère se retrouve entre Zelevas et moi-même et que chacun de nous lui donnont l'ordre de tuer l'autre, que ferra votre création ?

    En d'autres termes, il s'agissait de savoir en lequel des deux le projet Palladium allait il accorder sa loyauté et reconnaitre le vrai représentant de la République.

    Mais tout cela, Zelevas, Palladium, la politique, ce n'était que la partie imergée et, à vrai dire, assez évidente de la rencontre. A elles seules, les questions concernant ces sujets n'expliquaient pas le besoin impérieux d'une rencontre. Non, la vraie raison était tout autre.

    - "Ce que je désire de vous et de votre science ...", répéta t-elle telle une litanie. Mortifère à été un succès retentissant. Vous avez été capable de parodier la vie et cela, mon cher Docteur, ouvre tant de possibilité. Cependant, tout génial que vous êtes, vous n'avez fait qu'effleurer ces possibilités. Son visage, initialement empreint d'une assurance tranquille, se rapproche de manière mesurée mais délibérée, accentuant l'impact de ses paroles. Chaque mouvement est calculé, chaque mot prononcé avec une conviction grandissante, renforçant cette connexion entre son regard intense et sa proximité croissante avec son interlocuteur. Ce que je désire, c'est que vous fassiez plus qu'imiter l'œuvre des Titans. Ce que je veux, c'est que vous vous hissiez au dessus d'eux. Chaque mot qu'elle prononce semble catalyser l'aura brulante de ses iris, comme si chaque pensée exprimée renforçait la puissance de son regard. Ses yeux, auparavant calmes et scrutateurs, s'embrassait d'une intensité presque hypnotique alors qu'elle se rapproche lentement du Docteur. Ce n'était plus la politicienne qui parlait, c'est la seule et unique Exousia. Ce que je veux, c'est que vous vainquiez la stérilité des hybrides.

    Elle lui laisse quelques secondes pour intégrer ses idées et mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle ne doutait pas de sa réponse.

    - En êtes vous capable ? Si c'est le cas, alors dites moi tout de suite ce dont vous aurez besoin.

    Nul n'était besoin de préciser que, lorsque la Vice-Présidente de la République tenait ce genre de propos, il n'y avait aucune limite en terme de ressources, d'argent, de locaux ou ... De cobayes.


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  • Ven 29 Déc - 14:30

    Suivant doucement Koraki, je vins à mon tour m'asseoir dans l'un des sièges situés près de la cheminée. Laissant mon regard glisser quelques instants sur les flammes dansantes, je buvais les paroles de cette dernière avec attention. Outre ses mots, je chercherais à y percevoir les véritables intentions de mon interlocutrice. Parfois peut être pour rien. Mais avec une politicienne de son niveau, on ne pouvait pas se permettre d'être trop confiant. Ses questions fusèrent alors ensuite à un rythme rapide.

    * C'est amusant, de voir comme vous vous posez tous la question pour Mortifère. Je marquai une pause, quittant les flammes pour venir fixer les yeux ambrés de la créature à mes côtés. On m'a demandé de créer une arme pour la République. Un surhomme. Un supersoldat obéissant à la glorieuse nation bleue et à ses intérêts. Et c'est exactement ce que j'ai fait. Je ne modifie pas inutilement les termes d'un contrat que je viens signer. C'est une règle d'or pour moi. Aussi, prenons votre exercice se pensée... *

    Je laissai un léger flottement, réfléchissant à pareille situation et comment la chose pourrait être gérée. En soit, le scénario était assez simple à dessiner, pour peu qu'on prenne en compte la position de la vice présidente ainsi que l'éventuel affrontement qu'il pourrait y avoir. Dans un léger sourire, je repris donc mon propos, étendant de nouveau mes pensées dans celles de Koraki.

    * Zelevas serait alors condamné. Je ne dis pas que Mortifère ferait sa tâche avec gaieté. Mais il l'effectuerait. Son objectif est, et restera, de protéger la République des menaces qui la composent. Si ces derniers prennent les traits du vieux sénateur, alors il l'exécutera. Vous savez, je pars du principe que nous sommes tous sacrifiables sur le grand échiquier. Zelevas n'y fait pas exception. *

    Je repris ensuite le silence tandis qu'elle prenait de nouveau la parole. Je devais l'avouer, elle me surprit quelque peu par son propos. Effleurer les possibilités? Si la reine des catins avait sut attirer ma curiosité, elle avait maintenant toute mon attention. D'autant qu'elle semblait, visiblement, disposée à s'expliquer un peu plus et me décrire ses désirs les plus intimes. D'ailleurs, c'est dans cette espèce de zone de confidence que mon interlocutrice approcha doucement son visage, alors qu'elle accentuait encore plus ses mots comme pour qu'ils viennent percer ma tenue et mon masque pour m'atteindre directement. Me hisser plus haut que les Titans? En voila une promesse merveilleuse. Une ambition que j'avais, effectivement, et qui résonnait dans mon esprit avec tout autant d'ardeur que la volonté de la vice présidente. Puis, enfin, elle me déclare enfin ses intentions. Son véritable but. Ses motivations quant à notre rencontre. Et c'est dans un sourire particulièrement étiré que je me décide enfin à lui répondre.

    * Si seulement la moitié des républicains avaient votre verve et vos ambitions Dame Exousia... La Nation Bleue serait tellement plus intéressante. Un soupir, puis une reprise. Votre demande est aussi intéressante qu'intrigante. En vérité, très chère. Désirez-vous que je permette à l'entièreté de la race hybride de procréer... Ou bien seulement à un individu particulier. Et cet individu... Aurait-il à tout hasard consommé du bourbon, très récemment. *

    Un sourire particulièrement sadique venait de s'installer sur mes traits. Je n'étais en vérité sûr de rien, enfin, je n'avais pour seules sources que mes observations récentes. Koraki était belle. Trop, belle. Ses traits étaient aussi parfaits que réguliers. Ses gestes trop assurés et travaillés pour catalyser l'essence d'une beauté non altérée. L'étude des micros expressions. L'analyse. Des caractéristiques indispensables à mon métier pour remarquer le moindre mal rongeant un corps. Et, trop souvent, cela permettait aussi de remarquer certains détails pourtant inaperçu. Les ports de peau de la dame aux cheveux blancs n'étaient pas obstrués. Ses lèvres humidifiées par l'alcool étaient aussi pulpeuses qu'elles n'étaient symétriques. Il n'y avait rien. Aucun détail qui constituait normalement un être humain. Et si le péquenaud lambda aurait pu la prendre pour une vosdraak, je connaissais déjà trop cette race pour ignorer le fait que l'ambré des iris de Koraki l'éloignait de facto de cette race mystique. De plus, sa demande était trop appuyée. Trop directe pour ne pas la concerner directement. Mais, en vérité, peu m'importait ses motivations. Le défi était là. Il était grandiose. Quelle maîtrise sur le domaine et la vie et de la mort, que de permettre la procréation à des créatures qui en sont normalement dépourvues? Par cette simple demande, en vérité, la vice présidente venait d'attiser une flamme en moi qui me donnait naturellement envie de l'assister dans sa demande.

    * Naturellement, j'ai envie d'accéder à votre requête. De tenter la chose. Et d'insulter les Titans en leur montrant que ma science est capable de palier à leur incompétence. Pour vous répondre. Je pense en être capable. Mais il faut être réaliste, et cela ne se fera pas en une journée. Hum. *

    Je me levai alors doucement, créant une illusion que seule la vice présidente et moi même pouvions voir. Devant nous, une multitude de schémas que j'avais dessiné s'affichaient les uns après les autres, s'étendant en des rapports de dissections et d'anatomie.

    * Tout d'abord, il y a quelques épreuves à surmonter. Les hybrides malgré leur nature possèdent tout de même l'appareillage "classique" des autres espèces. Seulement, les femmes n'ont pas les saignées menstruelles comme les humaines par exemple. Aussi, ce n'est pas fondamentalement dans l'appareil génital que se situe le soucis, mais plutôt dans les ovaires. Ou bien dans ce qui permet de déclencher la fécondation. Nous pourrions tenter d'altérer le corps pour permettre la fécondation mais tous mes essais se sont par le passé soldés par des échecs. Voyez-vous, votre projet m'intéresse déjà depuis quelques temps. Les grands esprits se rencontrent, il paraît. *

    Je fis alors mouvoir doucement l'illusion pour mélanger les schémas et en sortir plusieurs représentant des femmes humaines et des femelles hybrides particulièrement anthropomorphes. La précision de mes traits permettaient de montrer chaque détails. Chaque variations dans les corps de ces deux espèces.

    * Ma première théorie, et la plus plausible, serait de transplanter l'entièreté de l'appareil reproducteur d'une femelle capable de donner la vie dans le corps d'une hybride. D'ensuite gérer tout l'afflux sanguin, le système veineux... Et faire en sorte de donner l'ordre au cerveau de bien participer à la grossesse... Hum... Tout en espérant que le blocage ne soit pas magique... *

    Me rendant compte que je me perdais quelques peu dans mes propres pensées, je me retournai soudainement vers la vice présidente, admirant une nouvelle fois la perfection de ses traits tandis que mon sourire de plus tôt refusait de quitter mon visage aux multiples cicatrices. Mes yeux de serpents, glissant sur les traits de la créature, cherchaient à déterminer la nature de cette dernière.

    * Pardonnez-moi ce premier exposé. Tout d'abord, j'aimerai connaître l'apparence de la créature finale sur laquelle je devrais procéder pour permettre telle opération. Ensuite, pour ce qui est de mes besoins... De la tranquillité, tout d'abord. Je refuse d'avoir les limiers, ou le SCAR sur les pattes si on me demande de réaliser pareils travaux. Qu'ils viennent s'enquérir de ma progression sur les armes républicaines je l'accepte. Mais un tel projet... Cela doit rester uniquement entre ma mécène, et moi. Nous sommes sûrement d'accord là dessus. Ensuite. Naturellement. Des cobayes. Il m'en faudra de toutes races. Et de toute morphologie. Vous pouvez m'en fournir si cela vous sied, ou me laisser en récupérer quelques échantillons. Dans tous les cas, j'irais surement me servir ici et là, peut être même au reike s'il le faut, pour voir si le climat peut avoir une quelconque influence. *

    Pour peu, on aurait pu dire que je dressai là une simple liste de courses. Nous en étions assez proches en vérité. Les êtres vivants n'étaient en vérité que des outils servant à la science. Et s'il fallait sacrifier une centaine d'hybrides pour permettre de donner la vie pour une personne. Alors il en serait ainsi. La fin, après tout, justifiait les moyens.

    * Je ne pense pas avoir besoin d'un nouveau laboratoire pour ces travaux. J'ai la chance d'avoir un établissement suffisamment grand et fourni pour pouvoir m'y atteler. Vous en connaissez sans doute déjà l'adresse puisque c'est là bas que Mortifère a vu le jour. Et au moins, vous saurez quelle zone est à éloigner du regard des mauvais curieux. Il faudra des fonds, naturellement, pour faire taire les bavards et payer grassement les laborantins qui œuvrent avec moi tout comme pour acheter les matières premières. Minéraux. Herbiers. Beaucoup de matières premières indispensables. Et des projets parallèles, ne serait-ce que pour vous couvrir auprès des sénateurs ou de votre consule. Prenons par exemple le développement de nouvelles armes, ou d'équipement pour les officiers républicains. Ces domaines attireront moins les regards du versement des fonds que si nous tentons de faire disparaitre la raison de ce financement. Et je suis de surcroit assez talentueux pour pouvoir mener plusieurs projets à la fois. *

    Je mis alors fin à cette première illusion. Elle n'avait servi, après tout, qu'à accentuer les propos que je tenais. Koraki devait sans doute s'en douter, les choses ne commenceraient véritablement que lorsque je pourrai commencer mes expériences. En revanche, la couverture nécessitait un plan à suivre, aussi j'en venais à demander spécifiquement à la vice présidente où elle voulait que ce projet parallèle aille.

    * Pour ce qui est des armes... Le mot est assez vaste et peut tout désigner comme rien du tout... Dites moi alors, Dame Exousia. Que voulez-vous que je développe pour notre chère République? *
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  • Dim 31 Déc - 2:19

    Exousia
    Koraki

    Le
    Docteur

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    - Il est normal de chercher à connaître toutes les possibilités et restrictions d'une arme, Docteur. Je serais une bien piêtre mécène si je ne m'intéressais pas aux limites de vos créations, rétorqua la Vice-Présidente avec un sourire.

    Et au fur et à mesure que la réponse du Docteur prenait forme, un sourire se dessinait subtilement sur le visage de la Catin. Cette lueur d'approbation se traduisait par ce léger étirement des lèvres, un signe subtil, mais pourtant significatif. Voilà qui était excellent. Ces réponses satisfaisantes étaient en adéquation avec ses attentes, apportant un éclairage précieux à ses interrogations.

    - Bien. Très bien, se contenta t-elle.

    Sa demande sera-t-elle pour le bien de la race entière ou son bénéfice propre ? Voila une question qui soulevait bien des débats. Lentement, elle posa son verre sur le guéridon et se leva, s'avançant en direction de la cheminée qu'elle s'autorisa à observer quelques instants. Son regard doré n'admirait cependant pas les flammes, mais semblait scruter un horizon caché derrière l'âtre, concentré et déterminé.

    Son visage impassible et ses traits fins dissimulaient habilement l'intensité de ses émotions intérieures, mais son regard brillait d'une détermination farouche. Cela, le cher scientifique ne pouvait le rater.

    - Ma nature d'hybride n'est un secret pour personne depuis le fameux débat sur la Place des Héros, Docteur. Se laissant aller à la confidence, elle continua. Depuis que j'ai perdu mes ailes, il va sans dire que l'incomplétude de ma condition à pris une tournure bien indécente. Ce n'est donc qu'une demande purement égoïste. Se tournant vivement pour observer pleinement son interlocuteur, le dominant de toute sa hauteur et de toute sa détermination, elle poursuivit. Fort heureusement, vous êtes le genre d'homme qui ne se laisse pas arrêter par des considérations morales. C'est un défi à la hauteur de votre génie et vous aller sauter sur l'occasion. Que ce soit pour me faire plaisir ou le bien d'une race toute entière, cela vous importe en réalité peu.

    Une telle solution ne serait bien évidemment pas à garder pour soi seul. Sa commercialisation, en plus d'apporter une prestige scientifique et médical sans précédant à la République, rapporterais des millions. Quant aux implications futures, elles étaient tout simplement inimaginables.

    De nouvelles races seraient elles capables d'émerger et de ce stabiliser ? Être la matriarche de sa propre race ... Voila qui avait faire s'envoler les rêves et les ambitions les plus folles.

    Peu importait qu'une telle entreprise prenne du temps, car, bientôt, ce ne sera plus ce qui manque à Koraki. Observant les quelques shémas qui apparaissaient à ses yeux, elle se laissa aller à la curiosité et se ballada entre les images, les effleurant du bout des doigts, approchant son visage des croquis, son intérêt amplifié par les travaux préalables et les juxtapositions des corps humains et hybrides. C'était donc à cela que ressemblait probablement sa beauté intérieur ?

    - Fascinant ...

    Elle n'écoutait que d'une voix distraites les explications du Docteur, n'en comprenant que l'essentiel. Oui, il allait falloir quelques sujets d'études pour vérifier ses hypothèses, c'était une évidence. Fort heureusement, les hybrides n'étaient clairement pas ce qui manquait en cette belle nation bleue. Le souvenir d'une récente infestation de raton-laveur lui revint en mémoire, avant d'être rapidement balayé. Trop éloigné de la morphologie humaine ... Il allait falloir en trouver ailleurs. Quelle chance que d'être en contact avec les bas-fonds.

    Ses exigences, nul besoin de préciser qu'elles seraient toutes assouvies.

    Cependant, sa propre question sur des "armes" arracha une haussement de sourcil à la Vice-Présidente, prise au dépourvue.

    - Des armes ? Oh, et bien ... Disons que j'ai en effet quelques idées à vous soumettre.

    Evidemment qu'elle avait des idées. Quand il s'agissait d'apporter la mort à ses ennemis, son esprit se révelait toujours subtilement créatif.

    - Vos exploits à Kaizoku ne sont pas passé inapercu. Un tel potentiel ne peut être nié. Imaginer que vous soyez capable de confectionner des armes aussi destructrices que celles que vous avez employés, mais sans nécessiter d'avoir votre intellect. Des armes similaires maniables par le plus abruti de nos soldats nous donnerait un avantage considérable dans la guerre en cours ... Et celle à venir. Cela justifiera amplement que des membres du SCAR soit mobilisés pour garder votre laboratoire. Cela vous fournira tout le budget et la tranquillité nécessaire.

    Une pierre, deux coups.

    - Mais ce n'est pas tout. Outre l'ingénierie, j'aimerais faire appel à vos compétences biologiques. Des rapports récents nous ont signalés que le Reike avait trouvé un remède à la Peste Obscur. Je ne peux le tolérer.

    Le Reike, cette nation aux coutumes de barbares, incarnait une approche brute et dénuée de subtilité. Même lorsqu'il s'agissait de remédier à la pire maladie de cette terre, leur méthode restait simpliste, primitive même : frapper fort et espérer que cela fonctionne.

    Et cela avait fonctionné. C'était parfaitement insupportable.

    - Aussi, j'aimerais vous mandater pour créer une nouvelle maladie, quelque chose de suffisamment dangereux pour créer la panique chez notre voisin. Et qui dit poison dit fatalement antidote. Ce serait notre monnaie d'échange pour le remède à la Peste Obscur.

    Tendant une petite carte en direction du scientifique, elle termina :

    - Voici les coordonnés et les contacts d'un ami très précieux : M. Goldheart, président-directeur de Good Omens. Je suis persuadée qu'une coopération entre vous sera prometteuse.


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  • Lun 1 Jan - 1:45
    * Hum. *

    Je pris le temps d'avaler toutes les paroles de Koraki. Cette dernière, comme depuis le début de nos échanges, semblaient particulièrement intéressée par mon génie. Cependant, elle avait beau m'avoir dit que son état n'était pas un secret, c'était en partie faux. Oui, il ne l'était pas de ses potentiels opposants politiques. En revanche, j'étais plutôt persuadé que la plupart des plébéiens la prenaient pour une simple humaine. D'ailleurs, j'étais à peu près certain qu'elle n'aurait pas pu être à sa place si elle n'avait usé que de sa véritable apparence, et non pas la belle femme aux traits parfaits qui se tenaient devant moi. Enfin. Peu importait.

    * Oh, d'ailleurs. Il faudra en temps venu me montrer votre véritable apparence. Si vous voulez que je procède efficacement, au moment de l'opération il faudra au préalable me montrer ce qui se cache derrière cette métamorphose. Mais nous avons le temps. *

    Pour le reste, je me moquai bien qu'elle ne désire dans un premier temps ce "miracle" que pour sa propre personne. Une telle expérience ne se refusait pas, en vérité. Elle était trop importante pour que je tourne le dos. Et Koraki le savait bien. Tout comme elle devait également savoir que toute l'excitation potentielle pour de tels projets ne me mettraient jamais en laisse. Mon génie était prêt à se mettre au service de la République, mais seulement car j'en avais l'intérêt. Et aussi sûrement que mes gaz avaient semé la mort à kaizoku, je trouverai un moyen de m'échapper des griffes de la Nation Bleue si cette dernière tentait de m'apprivoiser comme l'un de ses roquets. D'ailleurs, quand la vice présidente évoqua la présence du SCAR, mon sourire disparut rapidement, me forçant à lever la main pour intervenir.

    * Concernant vos services secrets, ils sont efficaces. Mais je vais poser une condition. Une demande simple et non négociable. Leur protection sera appréciée et libre à eux d'éloigner les curieux que je ne désire pas. Cependant. Ils ne devront, jamais, entrer dans le laboratoire. Je serais la seule personne qui informera de l'avancée de nos projets. Ils ne seront que des gardes. Pas des espions à mon égard. Brisez ne serait-ce que cette condition, et vous pourrez dire adieu à l'espoir d'un jour pouvoir procréer. Ou d'obtenir ces armes que vous désirez tant. Comprenez bien que je ne dis pas cela comme une menace. J'établie simplement mes clauses de ce contrat pour qu'il demeure dans une situation de gagnant-gagnant. *

    Je me relevai alors à mon tour, dominant la demoiselle de deux bonnes têtes alors que je reprenais ma posture d'épouvantail. Marchant doucement, je quittai ensuite l'âtre de la cheminée et les fauteuils pour marcher doucement vers le bar. J'y observai silencieusement les différentes bouteilles et alcools présent, un sourire rêveur glissant quelques secondes sur mes lèvres.  

    * Vous vous rendez bien compte de ce que vous me demandez, dame Exousia? Naturellement, vous vous doutez bien que la création d'une telle maladie m'enchante au plus haut point. Outre l'insulte que cela représenterait envers Puantrus, cela permettrait de parodier la vie elle même et de laisser une marque indélébile sur le monde. Seulement... La chose est hautement risquée. Si les espions du Reike apprennent que la République est à l'initiative d'un tel projet... Alors s'en sera fini de la Nation Bleue. Votre peuple est résilient, à n'en point douter. Mais vous n'êtes pas parvenu à défendre une île face à des pirates là où ils ont tué un Titan puis neutralisé la maladie en grande partie responsable de la chute de Shoumeï. Je comprends le souhait de vouloir obtenir de l'influence sur eux. Faites juste attention que cette ambition ne vous condamne pas tous à devenir les esclaves de l'Empire. Surtout qu'il est peu probable que les armes demandées soient suffisantes pour les repousser. *

    Je marquai une pause, me retournant vers la vice présidente pour la dévisager longuement. Cette femme était dangereuse pour sa nation et pour elle même. Car ses ambitions s'élevaient à un niveau que j'avais rarement vu et, à contrario d'autres personnes aux ambitions similaires, Koraki possédait à présent le pouvoirs de mettre en place ces dernières.

    * J'accepte cependant de travailler sur ce projet. Je ne serais pas assez stupide pour affirmer que je parviendrai à créer quelque chose de suffisamment néfaste pour paralyser l'Empire et ses chercheurs suffisamment longtemps pour vous permettre de venir proposer un antidote sans éveiller les soupçons mais..; En complément de nos autres travaux prévus, je pense que cela me laissera largement le temps de réfléchir à diverses solutions. D'ailleurs, il faudra me laisser une entière liberté de mouvement. Je dispose de nombreux contacts, certains moins influents que d'autres, mais tous très dispersés. En interagissant avec eux, je pourrai probablement mettre en place des fusibles qu'il vous sera possible de faire sauter, si les choses tournent mal. *

    Un sourire sadique vient s'installer sur mes lèvres alors que dans mon esprit se mettent en place les différents rouages de ces plans et travaux. Un long travail m'attendait à présent. Une chose particulièrement attraillante, pour une personne comme moi. Cependant, ma curiosité me forçait à poser quelques nouvelles questions, pour la simple et bonne raison que je voulais savoir où se situait Koraki sur certaines choses.

    * Au fait, j'aimerai savoir exactement. Qu'est-ce que l'assemblée exactement? Que désire-t-elle et quel est votre lien véritable avec cette dernière? Je sais que personne ne peut nous écouter alors, répondez moi franchement. Vous savez que ce secret ne transpirera pas de mon masque. Il y a également cette question qui me brûle les lèvres. Quels sont vos désirs les plus profonds, dame Exousia? *
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  • Mar 2 Jan - 2:18

    Exousia
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    Puis vint la question fatidique.

    Instantanément, comme si un voile s'était glissé devant, le visage de la Vice-Présidente se métamorphosa. L'expression polie et contrôlée qu'elle avait arborée jusque-là s'évapora, ne laissant à la place qu' un regard d'une noirceur abyssale. L'éclat amusé qui avait regné jusque là avait disparu, remplacé par une intensité froide et glaçante. Lentement, une aura de menace latente émana de sa silhouette. L'atmosphère elle-même autour d'eux muta, evoquant la puissance sombre qui couvait au fond de ses iris dorés. Même sans dire un mot, son regard seul était un avertissement silencieux, une manifestation du pouvoir qui sommeillait en elle.

    Le Docteur, témoin de cette transformation abrupte, saisit aussitôt la raison pour laquelle certains craignaient le courroux de la Grande Putain. C'était bien plus qu'une simple colère apparente : c'était une force ténébreuse et dangereuse, prête à jaillir à la moindre provocation.

    Lentement, elle se rapprocha du Docteur, un pas après l'autre, jusqu'à ce que la distance qui les sépare ne soit rien de plus qu'un simple murmure. Quand bien même il faisait deux têtes de plus qu'elle, cela n'importait pas. C'était elle qui detenait le pouvoir de vie et de mort dans cette situation. Peu comptait l'intellect du scientifique, peu comptait sa capaciter à créer la vie, Koraki était bien celle qui était capable de l'interrompre.

    - C'est le genre de question qui peut mettre fin à une carrière, Docteur. Ne croyez surtout pas que la sympathie sincère que je vous manifeste implique une confiance aveugle, ce serait insulter votre propre génie.

    Tout comme le fait de dicter des conditions déjà convenues d'avance était une insulte à celui de Koraki. Croyait-il qu'elle soit suffisamment stupide pour s'aliéner un homme qui avait conscience de sa propre importance dans les plans de la Nation-Bleue ? C'était risible. Evidemment qu'il n'aurait qu'à en faire la demande pour que tout ces désirs lui soient apportés sur un plateau d'argent. Portant sa cigarette à ses lêvres, elle en inspirant une bouffée sans jamais le quitter du regard, sans toutefois pousser l'insolence jusqu'à lui recracher la fumée au visage. Ca, c'était bon pour les vieux croulants.

    - J'admire vos capacités. Elles sont précieuses pour la République et j'entends ne pas les gâcher. De la maladie que vous créerez, seules deux personnes en connaitrons l'existence et la nature de sa conception. Et ces deux personnes sont actuellement présentes dans cette pièce. Comment ce secret pourrait-il donc s'ébruiter ?

    Une question dont il fallait mieux taire la réponse, car il était évident que le Docteur ne garderait aucune trace de cette création. Ni schéma, ni croquis, ni plan, ni formule, ni aucune preuve tangible d'aucune sorte. Il fera tout de tête. C'était sûrement là un défi à sa hauteur, à n'en point douter. Ainsi, si ce secret venait à être souffler, alors les Titans eux-mêmes ne sauraient mettre le scientifique à l'abri.

    - Vous aurez toute la latitude voulue. Budget illimité, matériaux, cobayes, assistants, légitimité, tranquillité, tout cela est une affaire entendue. Faites ce pour quoi vous êtes doués et la République ne vous imposera aucune limite. En votre laboratoire, vous serez le seul et unique empereur. N'est-ce pas ce dont vous rêviez dans vos songes les plus fous ?

    Finissant par se détourner de son partenaire, elle jetta sommairement sa cigarette dans le verre qu'elle c'était servit. La conversation aurait put, et aurait dut, s'arrêter là. Elle ne lui devait rien de plus que quelques directives soupoudrées de compliments et n'avait ni la force, ni le statut, pour se permettre de lui poser des questions.

    Seulement, elle connaissait fort bien ce genre de personnage : s'ils n'étaient pas contentés, ils faisaient preuve d'une mauvaise volonté proprement insupportable. Il fallait leur apporter un minimum de satisfaction. Aussi son visage s'orienta t-il en sa direction, lui octroyant ainsi son plus beau profil, peint d'un sourire de nouveau sybillin.

    - En gage de ma bonne volonté, je consent à répondre à certaines de vos questions. Vous serez d'ailleurs fort déçu d'apprendre que de l'Assemblée, je n'ai pas grand chose à dire. Je ne connais ni leurs plans, ni leurs véritables intentions, ni les raisons qui les poussent à agir de la sorte. Je ne vous mentirais pas, car cien sûr, elles m'ont contactés il y'a près d'un an, la même nuit où elles m'arrachèrent mes ailes. Autant vous dire que je ne les porte pas en odeur de sainteté.

    C'était le moins de le dire ... Les souvenirs de cette maudite soirée, qui avait au moins eu le mérite de voir sa fortune gonfler de manière exponentielle, restait en son coeur comme une amère et humiliante défaite. Si l'Assemblée l'avait voulue, elle aurait put la tuer. Elles ne l'avaient pas fait. C'était là leur erreur.

    - "Mon désir le plus profond" ... Répeta t-elle. Qu'a donc l'univers à me poser sempertinellement cette même question ?

    A croire que le monde ne tournait qu'autour des caprices de la Catin.

    Ce qui était plus ou moins le cas.

    - Voyez vous, tout les mortels recherchent la même chose : la survie. Qu'elle se manifeste par l'immortalité, la richesse ou la puissance, cela ne dépend que de chacun. J'ai moi même eu ces désirs et je les ais assouvis.

    Son ascension en était la preuve la plus évidente. Qui aujourd'hui, pouvait encore s'opposer à la Grande Putain de la République sans en subir les conséquences ? A dire vraie, une seule personne, donc le mandat arrivait à expiration.

    - Alors que peut-il me manquer ? La domination, pleine et entière. Celle sur mon propre corps, celle sur mes ennemis, celle sur mon pays, ... La domination de ma propre destinée, voici ce que mon coeur désire ardemment, Docteur, celle qui me libèrera définitivement du joug des Titans et de leurs manigances. N'est-ce pas là une oeuvre noble car foncièrement humaine ?


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  • Mar 2 Jan - 12:18



    La menace dissimulée de Koraki ne provoqua chez moi qu'un long sourire carnassier. Qu'il était amusant de voir les gens de pouvoirs sortir leur jeu et monter sur leurs grands chevaux lorsqu'on les froissait quelque peu. Que ce soit en remettant en cause leur autorité prétendument naturelle ou leur égo. Chaque fois, on en revenait à la même chose, des menaces plus ou moins cachées. Pourtant, je n'étais pas le genre d'individus qu'on pouvait ainsi tétaniser. Comment la mort pouvait-elle effrayer quelqu'un qui testait ses produits sur son propre corps? Comment la torture pouvait-elle avoir un sens chez un être se délectant de ses propres souffrances? Même mon esprit morcelé ne réagirait pas comme un tortionnaire le désirerait s'il essayait de briser ce dernier. Alors, quand Koraki inspira une bouffée de fumée, je me contentai de l'observer silencieusement, laissant ses caprices glisser dans l'air aussi sûrement que mon intérêt pour le respect d'une quelconque forme de confiance.

    C'était quelque chose que les gens aimaient répéter. La "confiance". Dans leurs bouches, cette dernière résonnait comme une arme à brandir. Un objet dont on pouvait se détacher facilement et utiliser pour manipuler quelqu'un d'autre. Il n'y aurait jamais de confiance véritable entre ma personne et la plupart de mes mécènes. Soit car ils me considéraient comme un simple savant fou qu'ils parvenaient à contenir, soit parce que mes travaux et mon génie les effrayaient. Mais jamais, ils ne me considéraient pour ce que j'étais et de fait, ne pouvaient pas établir une véritable relation de confiance. Cela n'empêchait pas le respect, naturellement, mais la chose devait être dite. De plus, outre le fait de vouloir satisfaire ma curiosité, les questions que je posai avaient très souvent un but. Le plus d'informations, le plus je pouvais me rendre utile. Malheureusement, dans une nation comme la République, ou tout le monde se focalisait sur "le savoir est le pouvoir", il était difficile de faire sortir de leur crâne que, non, pour quelqu'un se moquant éperdument des jeux politiques, le savoir pouvait aussi servir à quelque chose. Leur permettre d'avoir un jour des enfants, dans le cas présent. Enfin. La discussion s'allégea de toutes façons et la vice présidente sembla décidée à passer à autre chose. Ce qui n'était pas une mauvaise décision, en vérité.

    Ainsi, nous ne serions que les deux seuls individus au courant de la nouvelle peste. Une remarque intelligente, même si en vérité peu réaliste. Il y aurait forcément des intermédiaires, qui une fois curieux découvriraient le pot-aux-roses. Ou alors, la vice présidente entendait par là que tout lien serait ensuite coupé pour ne pas remonter jusqu'à nous. Et considérant le personnage qui se trouvait devant moi, je partais plutôt sur cette hypothèse. Elle évoqua ensuite le fait que personne ne viendrait me déranger dans le laboratoire ou limiterait mes mouvements. Oui, mes demandes avaient été redondantes car elle était sans doute déjà d'accord avec ces dernières. Mais il était toujours bon de verbaliser ce qui était tacite. Ne serait-ce que pour être certains d'être sur la même optique. Pour le reste, un léger sourire glissa sur mes rêves lorsqu'elle évoqua mes rêves. Ô, si seulement ces derniers pouvaient se réaliser... Alors le monde serait dans une voie bien différente.

    Quand vint ensuite ses explications concernant l'assemblée, elle se trompa sur un point. Je n'étais pas déçu de sa révélation, mais plutôt étonné. Pour une personne aussi ambitieuse et aussi adepte du contrôle, le fait qu'elle consente à ne pas drastiquement chercher leur destruction était chose étonnante. Certes, cette dernière semblait suffisamment puissante pour pouvoir couvrir mes traces mais... Il y avait forcément une solution pour les piéger. Restreindre leur influence. La République avait déjà bien assez de sous-couches comme cela, encore plus avec leur système politique, alors pourquoi s'entêter à toujours vouloir en entretenir?

    * Si vous ne les portez pas dans votre cœur Pourquoi ne pas chercher alors à trouver un moyen de les évincer? Je ne sais rien de ces sorcières ni leur but véritable, mais je sais qu'elles parasitent plus ou moins le fonctionnement de la nation bleue. Kaizoku semblait même être de leur propre fait. Comme vous l'avez dit, j'ai tendance à être apprécié par plusieurs camps, mais si un jour l'assemblée est à votre merci et que vous désirez mettre fin à leurs machinations... Je serai ravi d'y participer. Non pas que j'ai envers elles une quelconque rancœur, bien au contraire. Je suis juste désireux de vous voir écraser les personnes vous ayant humiliée publiquement. *

    Un nouveau sourire sadique, et sincère. Il serait délicieux de voir la souffrance que cette femme pourrait infliger à ses ennemis. Encore plus compte tenu de son pouvoir et son influence. Alors... Pourquoi ne pas s'en délecter? Pourquoi ne pas souhaiter voir une telle vengeance s'abattre? Elle qui semblait vouloir intimider et faire gronder son aura sombre et ténébreuse, à l'instar d'un roquet grognant à l'approche d'un marchand de lait devant son porche... Sûrement que les morsures qu'elle pourrait infliger à ces sorcières seraient intéressantes à observer. Et puis... peut-être aurais-je même la chance d'en récupérer une ou deux comme cobayes? Un homme ne pouvait qu'espérer.

    Elle me parla ensuite de ses désirs profonds. Et je ne pus retenir un sentiment euphorique lorsqu'elle évoqua la survie des mortels. Je comprenais son point de vue même si en vérité je ne le partageais pas. Combien de mortels, justement, se jetaient vers une mort certaine de manière stupide? Combien se sacrifiaient pour le bien commun? Si on parlait d'espèce, alors oui, je pouvais le concevoir mais pour le reste? La survie n'était bien souvent pas ce que recherchait les êtres éphémères qui parcouraient ce monde. Ce que les gens recherchaient... C'était un moyen de laisser leur trace. De prouver qu'ils avaient un jour exister. Qu'ils n'avaient pas été simplement l'équivalent de moutons menés à l'abattoir.

    * Vouloir se libérer des chaînes posées par nos prétendus créateurs est en effet une tâche particulièrement noble, et vous n'aurez que mon respect pour cela. Pour le reste... La domination est également un but appréciable car il est souvent révélateur d'une ambition certaine. Et les gens ambitieux sont tout sauf ennuyeux car ils détestent la stagnation. Il faut que les choses bougent, après tout, pour qu'ils puissent gravir les échelons. *

    Je me déplaçai alors doucement dans la pièce, passant mes doigts gantés sur les meubles alentours, naviguant dans ce qui était habituellement la salle de réception d'un prestigieux établissement. Recentrant finalement mon attention sur l'hybride aux cheveux d'argent, je repris au passage ma posture droite et stoique tandis que mon esprit s'étendait de nouveau pour venir rencontrer le sien, entremêlant nos pensées.

    * Je vous remercie pour ce partage, dame Exousia. Par bienséance, je vous laisse également me poser les questions qui bruleraient éventuellement vos lèvres. Si je ne doute pas que le SCAR a déjà tenté de mener son enquête sur moi, je doute qu'il soit parvenu à retracer l'entièreté de mon histoire, tout comme je doute qu'il puisse connaître le fond de mes nombreuses pensées. Alors. Allez-y, si vous le désirez. Sinon, passons à la suite. *

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    Koraki Exousia
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  • Mer 10 Jan - 14:22

    Exousia
    Koraki

    Le
    Docteur

    Plumes noires et Bec de corbeau

    - L'ambition, Docteur."

    Simple, clair, efficace, mais qui mérite néanmoins quelques précisions.

    - Oh, non pas pour moi, même si les intérêts de notre nation et les miens se confondent bien plus qu'on ne voudrait l'admettre, mais pour la République. L'Assemblée nous est est utile. Cela fait plusieurs décennies que la République s'est avachie, ne songeant qu'à l'argent et à l'oisivité. Depuis que je suis devenue Mairesse, je ne voit qu' une nation qui a perdu son sens de l'honneur, de la discipline et de la grandeur. Je ne vois qu' une nation qui a oublié ce qu'est le sacrifice et la lutte pour un idéal. Elle est devenue paresseuse, avare et, n'ayons pas peur des mots, inférieure à nos voisins.

    Le choix des mots était peut-être dur, aussi s'évertua t-elle à approfondir sa pensée.

    - Le Reike a traversé de nombreuses crises récentes : guerre civile, attentat contre l'impératrice, mouvement rebelle, guerre contre les titans, purge ... Et voyez le résultat, il s' en est relevé plus fort.

    Le Reike ... Cette parodie de gouvernement qui se prétend à présent "Empire". Une haine à laquelle elle est à présent si coutumière s'emparre à nouveau d'elle, visible dans son regard autant que dans sa mâchoire serré. Voir que cette nation d'écervelés vindicatifs à peine bons à construire des maisons en bouse séchée avait réussi à vaincre un titan, à en capturer un, à vaincre la maladie d'un troisième et à conquérir de nouveaux territoires la rendait folle. C'était incompréhensible ...

    De la jalousie ? Oui, c'était tout à fait ce qu'elle ressentait. Mais une jalousie légitime alors que, des deux nations, celles qui avait le plus de mérite était bien la sienne.

    - C'est ce que je souhaite pour la République, Docteur. Je veux voir une nation puissante et unie, qui n'a pas peur de se battre pour ce en quoi elle croit. Je veux voir une nation qui est prête à relever les défis de notre monde.

    Car ne nous leurrons pas, ce n'était pas les Sorcières, ni les Titans la vraie menace. Eux n'étaient que des obstacles. Le véritable ennemi, c'était les barbares de l'autre côté de la frontière.

    - La République a besoin de changement. Avec d'Elusie, vous avez initié ce changement dans l'armée en proposant des soldats d'un nouveau genre. Une impulsion qui, je l'espère, relancera notre désir de modernisation et d'innovation.

    Modernisation que, d'après ses renseignements, le Docteur avait déjà commencé à mettre en place à Kaizoku contre cette même République. L'envie de lui demander pourquoi il c'était joint aux pirates lui brulaient les lèvres, mais elle se doutait bien de la réponse et n'entendait pas utiliser une question pour quelque chose d'assez évident : comment pouvait on gâcher une telle opportunité de test grandeur nature ? Ses liens avec l'Assemblée n'étaient pas établis. Il c'était retrouvé pris entre deux feux, gouvernés par des forces dont il n'avait même pas conscience au moment des faits. C'était aussi simple que cela.

    - Ce ne sera pas facile. Je devrais faire face à la résistance de ceux qui sont satisfaits de l'état actuel des choses, aux timorés et aux lâches, à présent représentés par notre nouvelle Consule.

    Elle se promène dans la pièce, ses mains jointes derrière le dos. Les plis de sa robe rouge dansent au rythme de ses pas, secondés par sa chevelure lilial. Aujourd'hui plus que jamais, elle se doit d'incarner un idéal d'ordre et de stabilité alors que la République traverse l'une des crises les plus profondes de son existence.

    - Je suis ambitieuse et je veux accéder au pouvoir, je ne vous le cacherait pas. Mais je ne suis pas folle. Je sais que le pouvoir est un moyen, pas une fin. Je veux utiliser le pouvoir pour servir la République, pour la protéger des menaces qui la pèsent. Je suis prête à mentir, à manipuler, à trahir, à tuer s'il le faut. Je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour gagner, car je sais que c'est la seule façon de sauver la République.

    Elle s'arrête devant la cheminée et observe les flammes danser. Elle pense au brasier qu'elle s'apprête à allumer dans la République. Elle sait que ce sera un feu violent, qui divisera le pays.

    Elle pense aux combats futurs, qui verront la République s'effondrer ou s'affirmer. La résilience de la Nation Bleue allait être testé.

    Elle pense à ses adversaires politiques, qu'elle devra vaincre. Ils sont puissants et influents, mais également divisés. Lesquels d'entre-eux se montreront ses plus farouches adversaires ?

    Elle pense aux citoyens qu'elle devra convaincre. Elle sait qu'elle devra leur parler avec conviction et passion. Elle devra leur montrer que son projet est le seul qui puisse sauver la République. Lorsque le moment sera venu, elle se présentera aux élections, en opposition directes avec Mirelda. Ce sera un coup de poker dangereux, mais si elle souhaitait continuer à s'élever, elle devrait en prendre le risque.

    A ceux qui allaient mourir, peut-être par milliers, cependant, elle ne pensa point.

    Sur le ton de confidence, elle s'autorise à sourire sincèrement.

    - C'est pour cela que je vous apprécie grandement. Contrairement à nombre de mes confrères et consœurs du Sénat, vous ne vous laissez pas guider par vos émotions. Vous pensez à la République avant tout, tout en en profitant pour suivre vos propres projets. Tout comme moi.

    Elle achève son discours, sa voix forte et assurée résonnant encore dans la salle. Elle s'assied à nouveau sur son fauteuil, telle une reine, puissante, fière et digne. Croisant les jambes et posant ses mains sur les accoudoirs, elle n'adresse qu'une bref regard à son interlocuteur, brillants de détermination. Un bref sourire satisfait, elle ne réagit pas à sa dernière phrase l'invitant à lui poser des questions.

    Non, la proximité entre deux êtres ne naissaient que dans la régularité de leurs rencontres. Tout deux étaient appellés à se revoir régulièrement. Elle aurait tout le loisir d'apprendre à le connaitre.

    - Passons à la suite.

    Elle est prête à allumer le brasier.


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