Invité
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Il était parfois des trajets qui, contrairement à la majorité, réservaient leur lot de surprises et de rencontres fortuites au détour d’un chemin, parfois agréables et parfois aussi plaisante que le dard d’un scorpion profondément enfoncé dans un endroit fort peu sympathique. Lorsque la jeune ménestrelle avait croisé la première patrouille, rien ne sortait vraiment de l’ordinaire. Elle fut abordée avec la méfiance habituelle des soldats pour les vagabonds dans son genre, avait simplement dit qu’elle se rendait dans la ville la plus proche pour s’occuper de ses affaires et c’était tout. Ils l’avaient laissé tranquille et avait continué leur route tandis qu’elle levait les yeux au ciel. Elle avait vraiment du mal avec les hommes en arme et leur manie de toujours imaginer le pire la concernant. Elle était une ménestrelle, bon sang, c’était pourtant évident, non ? Apparemment pas, puisqu’une autre patrouille vint la déranger en plein repas alors qu’elle bivouaquait sur le bord de la route sans ennuyer personne par sa présence. Elle remarqua sans mal qu’ils étaient encore plus tendus que la patrouille précédente, mais ils n’avaient rien à redire sur sa présence. Elle avait parfaitement le droit de voyager par ici après tout. Les routes étaient ouvertes à tous et, vu la présence d’autant de soldats, elle était certaine de ne pas croiser de bandits.
Elle pouvait admettre qu’elle ne fut pas des plus courtoise quand la troisième patrouille l’aborda à peine une vingtaine de minutes après le départ de la seconde. Après réflexion, ce n’était peut-être pas la chose la plus intelligente à faire, mais elle commençait à en avoir un peu marre d’être interpelée à tout bout de champ par un type qui pensait être plus important qu’elle. Elle voyageait ! évidemment qu’elle empruntait cette route, elle n’allait pas marcher dans les collines environnantes juste pour le plaisir de quelques soldats un peu trop zélés. Quand l’officier sortit sa lame, elle grimaça. Zélés et stupides, pile sa veine. Elle ne se laissa pas démonter, mais en l’imita pas. Elle n‘était pas idiote au point de tirer sa rapière contre des soldats de la République. C’était direction la prison la plus proche dans le meilleur des cas. Très peu pour elle. On lui confisqua ses armes et l’officier lui jeta un regard à mi-chemin entre le mépris et la méfiance.
- Tu viens avec nous.
Sans trop avoir le choix, elle ravala quelques paroles bien senties qu’elle avait en réserve et suivi la petite troupe. Elle se demanda où. La ville la plus proche était à au moins deux jours de marche et ils ne portaient aucun bagage susceptible de les aider à camper. Si la curiosité ne l’emporta pas sur l’ennui qu’elle ressentait face à cette situation, elle était néanmoins piquée. Et rapidement satisfaite quand, en arrivant au sommet d’une colline, elle tomba sur la raison de toute cette agitation. Un grand campement se tenait sur la colline d’en face. Des centaines de tentes au pavillon républicain. Et l’emblème de la Huitième Légion. Elle comprenait mieux la raison de toutes ces patrouilles et de leur nervosité. Ils avaient dû imaginer qu’elle était une espionne ou quelque chose s’y rapprochant. Et ce malgré le fait qu’elle portait des vêtements tout sauf discrets, et n’avait jamais essayé de se cacher ou de même essayer de leur fausser compagnie.
Comble de l’insulte, on essaya de lui confisquer également ses instruments de musique. Le regard qu’elle lança à l’officier qui avait osé émettre l’idée en disait long sur ce qu’elle pensait de leurs mesures de sécurité. Elle n’allait quand même pas fracasser la tête d’un soldat avec un luth ou enfoncer sa flûte dans la gorge d’un officier… même si l’envie ne manquait pas pour ce dernier point. Mais elle tenait trop à ses instruments pour donner plus qu’une pensée à cette idée, peu importe combien elle était agréable à imaginer. Mais l’officier supérieur, visiblement plus sensé que son subalterne, soupira et annonça qu’elle était purement et simplement libre de partir. Elle haussa un sourcil, un peu surprise de ce retournement de situation après avoir été pratiquement trainée jusqu’ici.
- Et mes armes ?
- Ne poussez pas votre chance, vous les récupérerez à la sortie du camp.
Elle haussa les épaules. Elle ne risquait pas grand-chose d’ici là, de toute manière. Elle n’avait plus qu’à partir d’ici et reprendre son voyage. Elle ne s’intéressait pas vraiment à la raison de la présence de la légion à cet endroit. S’y intéresser, c’était prendre le risque d’être prise pour une espionne ; Très peu pour elle. Mais après réflexion, il y avait bien quelque chose qu’elle pouvait obtenir de ce petit contretemps. Les soldats aussi avaient besoin de se détendre après tout. Elle s’installa à un endroit dégagé où des soldats semblaient visiblement peu occupés et commença à jouer. La paie d’un soldat, si elle n’était pas mirobolante, leur permettait des extras de temps en temps et vu le nombre d’hommes dans ce camp, elle pouvait espérer récupérer quelques pièces pour ses propres commodités
Après une petite heure et quelques chants grivois fort appréciés des soldats, la jeune femme était sur le départ quand l’officier l’ayant libéré du joug du crétin l’ayant amené ici vint la trouver. Il semblait un peu perplexe, ce qui n’était jamais bon signe quand cela concernait un officier…
- La commandante aimerait s’entretenir avec vous. En privé.
Ça, c’était inattendu. Et Ellevy fut aussi perplexe que le vieux soldat.
- J’imagine que refuser…
Elle ne termina même pas sa phrase au vu de l’expression de l’officier et accepta de le suivre d’assez mauvaise grâce. Une commandante de légion, sans doute noble et influente, qui voulait s’entretenir personnellement avec une vagabonde vivant de ce que beaucoup considéraient comme de la mendicité ? Ellevy avait vu beaucoup de choses durant ses voyages, mais ça, c’était une première. Elle suivit l’officier jusqu’à une immense tente devant laquelle il al fit attendre avant de l’annoncer e de la faire entrer. Ellevy s’attendait à tomber sur une vielle bique revêche et charpentée comme un cadre de porte, mais non. Au lieu de ça, une jeune femme se tenait derrière un bureau. Jeune et visiblement d’origine Reikoise, Ellevy en avait assez vu pour reconnaître ce teint de peau et ce genre de chevelure. Et ça ne l’aida pas à avoir confiance dans ce qui allait suivre. Quoi que cela puisse être.
Pas totalement dénuée de politesse et ayant suffisamment voyagé pour savoir comment se comporter dans des situations diverses, la ménestrelle s’inclina en retirant son chapeau à plume.
- Ellevy Hernian, pour vous servir. Parce que j’imagine que vous ne m’avez pas fait demander pour le plaisir d’une simple conversation ? Commandante…
Elle pouvait être polie. Ça ne voulait pas dire qu’elle allait s’abaisser et faire des courbettes.
Elle pouvait admettre qu’elle ne fut pas des plus courtoise quand la troisième patrouille l’aborda à peine une vingtaine de minutes après le départ de la seconde. Après réflexion, ce n’était peut-être pas la chose la plus intelligente à faire, mais elle commençait à en avoir un peu marre d’être interpelée à tout bout de champ par un type qui pensait être plus important qu’elle. Elle voyageait ! évidemment qu’elle empruntait cette route, elle n’allait pas marcher dans les collines environnantes juste pour le plaisir de quelques soldats un peu trop zélés. Quand l’officier sortit sa lame, elle grimaça. Zélés et stupides, pile sa veine. Elle ne se laissa pas démonter, mais en l’imita pas. Elle n‘était pas idiote au point de tirer sa rapière contre des soldats de la République. C’était direction la prison la plus proche dans le meilleur des cas. Très peu pour elle. On lui confisqua ses armes et l’officier lui jeta un regard à mi-chemin entre le mépris et la méfiance.
- Tu viens avec nous.
Sans trop avoir le choix, elle ravala quelques paroles bien senties qu’elle avait en réserve et suivi la petite troupe. Elle se demanda où. La ville la plus proche était à au moins deux jours de marche et ils ne portaient aucun bagage susceptible de les aider à camper. Si la curiosité ne l’emporta pas sur l’ennui qu’elle ressentait face à cette situation, elle était néanmoins piquée. Et rapidement satisfaite quand, en arrivant au sommet d’une colline, elle tomba sur la raison de toute cette agitation. Un grand campement se tenait sur la colline d’en face. Des centaines de tentes au pavillon républicain. Et l’emblème de la Huitième Légion. Elle comprenait mieux la raison de toutes ces patrouilles et de leur nervosité. Ils avaient dû imaginer qu’elle était une espionne ou quelque chose s’y rapprochant. Et ce malgré le fait qu’elle portait des vêtements tout sauf discrets, et n’avait jamais essayé de se cacher ou de même essayer de leur fausser compagnie.
Comble de l’insulte, on essaya de lui confisquer également ses instruments de musique. Le regard qu’elle lança à l’officier qui avait osé émettre l’idée en disait long sur ce qu’elle pensait de leurs mesures de sécurité. Elle n’allait quand même pas fracasser la tête d’un soldat avec un luth ou enfoncer sa flûte dans la gorge d’un officier… même si l’envie ne manquait pas pour ce dernier point. Mais elle tenait trop à ses instruments pour donner plus qu’une pensée à cette idée, peu importe combien elle était agréable à imaginer. Mais l’officier supérieur, visiblement plus sensé que son subalterne, soupira et annonça qu’elle était purement et simplement libre de partir. Elle haussa un sourcil, un peu surprise de ce retournement de situation après avoir été pratiquement trainée jusqu’ici.
- Et mes armes ?
- Ne poussez pas votre chance, vous les récupérerez à la sortie du camp.
Elle haussa les épaules. Elle ne risquait pas grand-chose d’ici là, de toute manière. Elle n’avait plus qu’à partir d’ici et reprendre son voyage. Elle ne s’intéressait pas vraiment à la raison de la présence de la légion à cet endroit. S’y intéresser, c’était prendre le risque d’être prise pour une espionne ; Très peu pour elle. Mais après réflexion, il y avait bien quelque chose qu’elle pouvait obtenir de ce petit contretemps. Les soldats aussi avaient besoin de se détendre après tout. Elle s’installa à un endroit dégagé où des soldats semblaient visiblement peu occupés et commença à jouer. La paie d’un soldat, si elle n’était pas mirobolante, leur permettait des extras de temps en temps et vu le nombre d’hommes dans ce camp, elle pouvait espérer récupérer quelques pièces pour ses propres commodités
Après une petite heure et quelques chants grivois fort appréciés des soldats, la jeune femme était sur le départ quand l’officier l’ayant libéré du joug du crétin l’ayant amené ici vint la trouver. Il semblait un peu perplexe, ce qui n’était jamais bon signe quand cela concernait un officier…
- La commandante aimerait s’entretenir avec vous. En privé.
Ça, c’était inattendu. Et Ellevy fut aussi perplexe que le vieux soldat.
- J’imagine que refuser…
Elle ne termina même pas sa phrase au vu de l’expression de l’officier et accepta de le suivre d’assez mauvaise grâce. Une commandante de légion, sans doute noble et influente, qui voulait s’entretenir personnellement avec une vagabonde vivant de ce que beaucoup considéraient comme de la mendicité ? Ellevy avait vu beaucoup de choses durant ses voyages, mais ça, c’était une première. Elle suivit l’officier jusqu’à une immense tente devant laquelle il al fit attendre avant de l’annoncer e de la faire entrer. Ellevy s’attendait à tomber sur une vielle bique revêche et charpentée comme un cadre de porte, mais non. Au lieu de ça, une jeune femme se tenait derrière un bureau. Jeune et visiblement d’origine Reikoise, Ellevy en avait assez vu pour reconnaître ce teint de peau et ce genre de chevelure. Et ça ne l’aida pas à avoir confiance dans ce qui allait suivre. Quoi que cela puisse être.
Pas totalement dénuée de politesse et ayant suffisamment voyagé pour savoir comment se comporter dans des situations diverses, la ménestrelle s’inclina en retirant son chapeau à plume.
- Ellevy Hernian, pour vous servir. Parce que j’imagine que vous ne m’avez pas fait demander pour le plaisir d’une simple conversation ? Commandante…
Elle pouvait être polie. Ça ne voulait pas dire qu’elle allait s’abaisser et faire des courbettes.
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
Messages : 232
crédits : 307
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Les sœurs Noirvitrail étaient en ébullition depuis plusieurs semaines. La mort de la Princesse de Cœur dans la prison du Razkaal et les révélations apportées sur l’Assemblée avaient jeté le doute sur l’intégrité des institutions républicaines, notamment du SCAR et de la Grande Armée. Si la corruption était quelque chose de commun au sein de la République, il n’en restait pas moins qu’il s’agissait d’une corruption qui au final, était parfaitement intégrée dans les institutions et n’oeuvraient pas contre la structure même du pays. Apprendre que l’Assemblée, en quelques années à peine, avait réussi à infiltrer les principales institutions du pays jetait le doute sur la capacité de la République à tenir face à ses ennemis.
Les sœurs Noirvitrail avaient convoqué immédiatement leurs subordonnés des quatre coins de la République pour établir un plan d’action vis-à-vis des agissements de cette organisation. A l’abri des regards indiscrets, les légionnaires s’étaient rassemblés dans la tente d’Athénaïs et de ses sœurs pendant plusieurs jours afin de discuter des moyens de contrer l’Assemblée. Des mages de confiance avaient sondé les esprits des officiers de la Huitième Légion : ceux-ci n’étaient pas compromis, ce qui était une chance.
Les débats avaient eu lieu pendant plusieurs jours, chaque séance étant l’occasion de faire le point sur les rapports transmis par les officiers de liaison et d’échafauder la réponse de la Huitième Légion à la menace représentée par l’Assemblée. Attablées avec les officiers, les sœurs avaient fait le point sur l’état opérationnel de la Huitième. Les récents combats auxquels avaient participé la légion lui avaient mis le pied à l’étrier et les combattants savaient désormais à quoi s’attendre dans le feu de l’action. Les lignes logistiques, supervisées d’une main de maître par les officiers, avaient permis à la légion de mettre la main sur du matériel de qualité, qui aurait pu disparaître dans l’arsenal des autres légions, ou pire, dans les poches de l’Assemblée elle-même. Petit à petit, les escouades de la Huitième se rassemblaient en poches compactes dans les points chauds de la République pour se tenir prêtes à affronter cet ennemi invisible qu’était l’Assemblée.
L’Assemblée pêchait par orgueil. Se croyant invincible et invisible, elle s’était montrée beaucoup trop sûr d’elle ces derniers temps. Il devenait difficile pour elle de camoufler ses activités, maintenant que les regards des légionnaires, des magiciens et des loyalistes républicains se tournaient vers elle. Si les forces de l’Assemblée, boostées par la défection de la légion de Labienus, se consolidaient, elles devenaient aussi plus visibles et de ce fait, il était possible de les contrer. Depuis plusieurs jours, les rapports qui affluaient dans la tente de commandement faisaient état d’un regain d’activité des sbires de l’Assemblée dans les alentours de l’Est républicain. Des navires avaient été aperçus au large des côtes, des navires que l’on croyait disparus depuis la destruction de Kaizoku. Il n’avait pas fallu longtemps avant que les éclaireurs républicains ne fassent le rapprochement et ne se décident à explorer la zone.
La grande carte avait été dressée sur la table et annotée en fonction des rapports transmis. De petites figurines trônaient à l’emplacement des forces rassemblées de la Huitième, ainsi que d’autres, représentant les éclaireurs, proches des villages côtiers où les activités de l’Assemblée avaient été signalées. La commandante de la Huitième Légion, vêtue de sa tenue bleue et or symbolisant sa fonction, se tenait aux côtés de Théodora et d’Augusta, qui discutaient autour d’une partie de la carte représentant un espace côtier où aucun incident n’avait été repéré.
Lorsque leur invitée apparut dans la grande tente, les trois demoiselles se retournèrent et échangèrent des sourires polis avant de s’adresser à la barde.
« Bienvenue dans le campement de la Huitième Légion, dame Hernian. Je suis la Lieutenante Athénaïs de Noirvitrail, en charge des opérations de cette légion dans le secteur. Voici mes deux sœurs, Théodora et Augusta. Prenez place … »
D’un geste, Athénaïs l’invita à se rapprocher de la grande carte. Les deux autres sœurs se rapprochèrent elles-aussi, échangeant quelques mots entre elles avant d’écouter.
« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. La République fait face à une crise et nous avons grandement besoin des services de personnes capables de faire preuve de subtilité et de discrétion …
- Ce que la Huitième Légion ne peut accomplir en l’état …poursuivit Théodora.
- Cela va sans dire … répondit la troisième. »
Augusta pointa le doigt vers l’un des secteurs côtiers où les patrouilles n’avaient pas été envoyées. Si l’on en croyait les informations sur la carte, le secteur comprenait quelques villages, un port et un ancien domaine fortifié à l’abandon – la République l’avait désaffecté depuis plusieurs décennies vu qu’aucune menace ne semblait poindre à l’est.
« La Huitième Légion est à la poursuite des sbires d’une organisation nommée l’Assemblée. D’après nos renseignements, cette organisation, qui a déjà été à l’origine de la destruction de Kaizoku, est en train de rassembler ses forces en vue d’une attaque de grande ampleur sur la République. Nos éclaireurs ont découvert que les forces de l’Assemblée s’activaient sur la côte est du territoire, mais jusqu’à présent, les éclaireurs que nous avons envoyés n’ont trouvé que de petites caches de contrebande ou du menu fretin. Comme à leur habitude les sorcières qui dirigent l’Assemblée tentent de brouiller les pistes et de nous épuiser.
- Disons-le clairement, la Huitième Légion n’a pas les moyens de courir tous les lièvres.
- C’est pour ça que nous avons décidé de changer d’approche. Nos soldats et nos éclaireurs utilisent des tactiques beaucoup trop connues par les sbires de l’Assemblée pour être réellement efficaces pour repérer leur base principale.
- Pour chaque piste que nous suivons, nous perdons un temps précieux.
- Nous avons besoin d’informateurs capables de s’infiltrer dans la population et de collecter suffisamment de renseignement pour trouver ce que l’Assemblée mijote dans la région.
- Et c’est là que vous entrez en scène !
Les demoiselles regardèrent attentivement les réactions de la jeune femme. Allait-elle se montrer à la hauteur de cette tâche ?
Les sœurs Noirvitrail avaient convoqué immédiatement leurs subordonnés des quatre coins de la République pour établir un plan d’action vis-à-vis des agissements de cette organisation. A l’abri des regards indiscrets, les légionnaires s’étaient rassemblés dans la tente d’Athénaïs et de ses sœurs pendant plusieurs jours afin de discuter des moyens de contrer l’Assemblée. Des mages de confiance avaient sondé les esprits des officiers de la Huitième Légion : ceux-ci n’étaient pas compromis, ce qui était une chance.
Les débats avaient eu lieu pendant plusieurs jours, chaque séance étant l’occasion de faire le point sur les rapports transmis par les officiers de liaison et d’échafauder la réponse de la Huitième Légion à la menace représentée par l’Assemblée. Attablées avec les officiers, les sœurs avaient fait le point sur l’état opérationnel de la Huitième. Les récents combats auxquels avaient participé la légion lui avaient mis le pied à l’étrier et les combattants savaient désormais à quoi s’attendre dans le feu de l’action. Les lignes logistiques, supervisées d’une main de maître par les officiers, avaient permis à la légion de mettre la main sur du matériel de qualité, qui aurait pu disparaître dans l’arsenal des autres légions, ou pire, dans les poches de l’Assemblée elle-même. Petit à petit, les escouades de la Huitième se rassemblaient en poches compactes dans les points chauds de la République pour se tenir prêtes à affronter cet ennemi invisible qu’était l’Assemblée.
L’Assemblée pêchait par orgueil. Se croyant invincible et invisible, elle s’était montrée beaucoup trop sûr d’elle ces derniers temps. Il devenait difficile pour elle de camoufler ses activités, maintenant que les regards des légionnaires, des magiciens et des loyalistes républicains se tournaient vers elle. Si les forces de l’Assemblée, boostées par la défection de la légion de Labienus, se consolidaient, elles devenaient aussi plus visibles et de ce fait, il était possible de les contrer. Depuis plusieurs jours, les rapports qui affluaient dans la tente de commandement faisaient état d’un regain d’activité des sbires de l’Assemblée dans les alentours de l’Est républicain. Des navires avaient été aperçus au large des côtes, des navires que l’on croyait disparus depuis la destruction de Kaizoku. Il n’avait pas fallu longtemps avant que les éclaireurs républicains ne fassent le rapprochement et ne se décident à explorer la zone.
La grande carte avait été dressée sur la table et annotée en fonction des rapports transmis. De petites figurines trônaient à l’emplacement des forces rassemblées de la Huitième, ainsi que d’autres, représentant les éclaireurs, proches des villages côtiers où les activités de l’Assemblée avaient été signalées. La commandante de la Huitième Légion, vêtue de sa tenue bleue et or symbolisant sa fonction, se tenait aux côtés de Théodora et d’Augusta, qui discutaient autour d’une partie de la carte représentant un espace côtier où aucun incident n’avait été repéré.
Lorsque leur invitée apparut dans la grande tente, les trois demoiselles se retournèrent et échangèrent des sourires polis avant de s’adresser à la barde.
« Bienvenue dans le campement de la Huitième Légion, dame Hernian. Je suis la Lieutenante Athénaïs de Noirvitrail, en charge des opérations de cette légion dans le secteur. Voici mes deux sœurs, Théodora et Augusta. Prenez place … »
D’un geste, Athénaïs l’invita à se rapprocher de la grande carte. Les deux autres sœurs se rapprochèrent elles-aussi, échangeant quelques mots entre elles avant d’écouter.
« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. La République fait face à une crise et nous avons grandement besoin des services de personnes capables de faire preuve de subtilité et de discrétion …
- Ce que la Huitième Légion ne peut accomplir en l’état …poursuivit Théodora.
- Cela va sans dire … répondit la troisième. »
Augusta pointa le doigt vers l’un des secteurs côtiers où les patrouilles n’avaient pas été envoyées. Si l’on en croyait les informations sur la carte, le secteur comprenait quelques villages, un port et un ancien domaine fortifié à l’abandon – la République l’avait désaffecté depuis plusieurs décennies vu qu’aucune menace ne semblait poindre à l’est.
« La Huitième Légion est à la poursuite des sbires d’une organisation nommée l’Assemblée. D’après nos renseignements, cette organisation, qui a déjà été à l’origine de la destruction de Kaizoku, est en train de rassembler ses forces en vue d’une attaque de grande ampleur sur la République. Nos éclaireurs ont découvert que les forces de l’Assemblée s’activaient sur la côte est du territoire, mais jusqu’à présent, les éclaireurs que nous avons envoyés n’ont trouvé que de petites caches de contrebande ou du menu fretin. Comme à leur habitude les sorcières qui dirigent l’Assemblée tentent de brouiller les pistes et de nous épuiser.
- Disons-le clairement, la Huitième Légion n’a pas les moyens de courir tous les lièvres.
- C’est pour ça que nous avons décidé de changer d’approche. Nos soldats et nos éclaireurs utilisent des tactiques beaucoup trop connues par les sbires de l’Assemblée pour être réellement efficaces pour repérer leur base principale.
- Pour chaque piste que nous suivons, nous perdons un temps précieux.
- Nous avons besoin d’informateurs capables de s’infiltrer dans la population et de collecter suffisamment de renseignement pour trouver ce que l’Assemblée mijote dans la région.
- Et c’est là que vous entrez en scène !
Les demoiselles regardèrent attentivement les réactions de la jeune femme. Allait-elle se montrer à la hauteur de cette tâche ?
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Dire qu’elle était un peu surprise par ce qui l’attendait dans la tente était un euphémisme. Difficile de dire si c’était la présence de trois personnes identiques, de leur manière de parler en complétant les phrases des autres ou bien si c’était le sens même des mots et la demande effective qu’on lui faisait. Qu’est-ce que putain de quoi ? Cela résumait assez bien ce que la jeune femme pensait après le discours – si on pouvait appeler ça ainsi - des trois… sœurs ? Triplés ? Elle fixait le trio avec de grands yeux, complètement prise au dépourvu et les mots lui manquant quelque peu face à ce qu’on lui proposait. Son cerveau tenta bien de connecter les choses pour que tout cela fasse sens, mais sa bouche fut plus rapide à délivrer une réponse des plus intelligente.
- Hein ?!
Il y avait beaucoup trop d’informations à retenir d’un coup et surtout, l’absurdité de la situation la laissait pantoise. D’accord, elles avaient expliqué pourquoi elles feraient appel à elle, mais dans sa tête, ça n’avait pas beaucoup de sens. Elle n’était pas une républicaine, elle n’en avait ni la citoyenneté, ni les valeurs et certainement pas le statut. Qu’une menace plane sur la république était une mauvaise nouvelle, certes, mais de là à la contraindre à agir pour un pays qui n’avait jamais rien fait pour elle, c’était quand même un peu fort. Elle se collecta et croisa les bras, pas le moins du monde emballée par l’idée présentée.
- Je crois qu’il y a une sacrée méprise. Je ne suis pas une dame, pour commencer, et certainement pas très encline à être votre... quoi ? Espionne ? Pourquoi je ferai ça, exactement ? Je suis ménestrelle, pas un rouage dans votre organisation ou votre pays.
Certes, il lui arrivait de collecter et revendre des informations quand elle le pouvait. Ce n’était généralement que des connaissances aisées à obtenir, mais qui demandait tout de même un certain doigté ou la capacité de voyager sans se faire remarquer. Ce pour quoi elle était généralement très douée. Aujourd’hui était une bête noire, mais elle allait passer ça sous silence, elle avait réussi à parcourir la république en long et en large sans jamais s’attirer d’ennui, elle n’avait pas spécialement envie de commencer maintenant. Surtout au vu des dangers que cette mission allait inévitablement apporter.
- Sauf votre respect, lieutenante, même si votre situation à l’air… complexe, ça me fait une belle jambe. Je ne suis pas une citoyenne de la République et je ne vois pas pourquoi je risquerai ma vie pour une soldat que je viens de rencontrer. Même vous, c’est tout de même osé de me confier une telle mission. Qui vous dit que je ne bosse pas pour cette Assemblée…
Elle avait raté une occasion de se taire. Elle n’avait jamais entendu parler de cette Assemblée avant aujourd’hui, mais laisser supposer que ce n’était pas le cas et qu’elle en savait plus qu’en réalité était une très mauvaise idée. Elle était tout de même au milieu d’un camp d’une légion de la république, en présence de trois officiers qui pouvaient rapidement décider de la mettre en prison pour une durée indéterminée.
- … Ce qui n’est pas le cas, mais tout de même. Soit vous avez une idée précise en tête, soit vous ne me dites pas tout, mais j’ai du mal à croire que vous arrêtez tous les vagabonds du coin pour les envoyer en mission dans l’heure en priant simplement pour que ça fonctionne.
Elle n’avait aucune envie de finir en prison. Vu son statut, elle y croupirait aussi longtemps que la lieutenante le déciderait. Et être oubliée au fond d’une geôle à se voir peu à peu dépérir n’avait rien de très motivant comme perspective. Sourcil haussé, elle posa la question que la lieutenante devait attendre. Ou bien celle qu’elle espérait qu’elle ne poserait pas. Mais si Ellevy était beaucoup de choses, elle n’était certainement pas stupide.
- Qu’est-ce que j’y gagnerai, moi, dans tout ça ?
- Hein ?!
Il y avait beaucoup trop d’informations à retenir d’un coup et surtout, l’absurdité de la situation la laissait pantoise. D’accord, elles avaient expliqué pourquoi elles feraient appel à elle, mais dans sa tête, ça n’avait pas beaucoup de sens. Elle n’était pas une républicaine, elle n’en avait ni la citoyenneté, ni les valeurs et certainement pas le statut. Qu’une menace plane sur la république était une mauvaise nouvelle, certes, mais de là à la contraindre à agir pour un pays qui n’avait jamais rien fait pour elle, c’était quand même un peu fort. Elle se collecta et croisa les bras, pas le moins du monde emballée par l’idée présentée.
- Je crois qu’il y a une sacrée méprise. Je ne suis pas une dame, pour commencer, et certainement pas très encline à être votre... quoi ? Espionne ? Pourquoi je ferai ça, exactement ? Je suis ménestrelle, pas un rouage dans votre organisation ou votre pays.
Certes, il lui arrivait de collecter et revendre des informations quand elle le pouvait. Ce n’était généralement que des connaissances aisées à obtenir, mais qui demandait tout de même un certain doigté ou la capacité de voyager sans se faire remarquer. Ce pour quoi elle était généralement très douée. Aujourd’hui était une bête noire, mais elle allait passer ça sous silence, elle avait réussi à parcourir la république en long et en large sans jamais s’attirer d’ennui, elle n’avait pas spécialement envie de commencer maintenant. Surtout au vu des dangers que cette mission allait inévitablement apporter.
- Sauf votre respect, lieutenante, même si votre situation à l’air… complexe, ça me fait une belle jambe. Je ne suis pas une citoyenne de la République et je ne vois pas pourquoi je risquerai ma vie pour une soldat que je viens de rencontrer. Même vous, c’est tout de même osé de me confier une telle mission. Qui vous dit que je ne bosse pas pour cette Assemblée…
Elle avait raté une occasion de se taire. Elle n’avait jamais entendu parler de cette Assemblée avant aujourd’hui, mais laisser supposer que ce n’était pas le cas et qu’elle en savait plus qu’en réalité était une très mauvaise idée. Elle était tout de même au milieu d’un camp d’une légion de la république, en présence de trois officiers qui pouvaient rapidement décider de la mettre en prison pour une durée indéterminée.
- … Ce qui n’est pas le cas, mais tout de même. Soit vous avez une idée précise en tête, soit vous ne me dites pas tout, mais j’ai du mal à croire que vous arrêtez tous les vagabonds du coin pour les envoyer en mission dans l’heure en priant simplement pour que ça fonctionne.
Elle n’avait aucune envie de finir en prison. Vu son statut, elle y croupirait aussi longtemps que la lieutenante le déciderait. Et être oubliée au fond d’une geôle à se voir peu à peu dépérir n’avait rien de très motivant comme perspective. Sourcil haussé, elle posa la question que la lieutenante devait attendre. Ou bien celle qu’elle espérait qu’elle ne poserait pas. Mais si Ellevy était beaucoup de choses, elle n’était certainement pas stupide.
- Qu’est-ce que j’y gagnerai, moi, dans tout ça ?
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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crédits : 307
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Les demoiselles pouffèrent de rire en entendant les propos de dame Hernian.
« Dame Hernian osa Théodora. Si vous êtes ici et si nous vous avons appelé jusqu’à nous, c’est bien parce que …
– Nous avons mené notre enquête au préalable sur vos compétences et vos accointances, termina sa sœur au ruban vert. »
Les sœurs Noirvitrail avaient suffisamment d’yeux et d’oreilles déployés dans la région pour recevoir des rapports réguliers sur les compétences des individus qui sortaient quelque peu du lot. Dame Ellevy Hernian était de ceux-ci et les demoiselles savaient bien sur quelles fibres jouer pour parvenir à leurs fins et s’arroger les services d’individus de la sorte.
« Vous n’êtes pas membre de l’Assemblée. Déjà parce que nos mages ont évalué votre profil psychologique à votre entrée dans le camp. Deuxièmement parce que si vous l’étiez, vous auriez tenté de m’assassiner immédiatement. Troisièmement, parce que les membres de l’Assemblée ont généralement des coiffures improbables et que ce n’est pas votre cas. Je plaisante bien évidemment. »
La lieutenante essayait tant bien que mal de détendre un peu l’atmosphère. Il valait mieux apparaître sous un jour favorable au vu de ce qu’elle attendait de dame Hernian. Ses mains effleurèrent la carte de la région tandis que les sœurs continuaient à l’annoter.
« Qu’est-ce que vous gagneriez à travailler pour moi ? De l’argent, essentiellement. Suffisamment pour couvrir vos frais du moment que les informations que vous me transmettrez seront croustillantes. Je ne peux guère vous promettre plus pour l’instant, étant donné que nous fonctionnons avec les caisses d’or que la République veut bien nous envoyer. Mais voyez plutôt. »
D’un claquement de doigts, la demoiselle fit apparaître dans son autre main une bourse en cuir rouge dont elle versa une partie du contenu sur la table. Les deniers tintèrent sur le bois de la table et l’un d’eux acheva sa course entre les doigts d’Athénaïs, qui le jeta dans les mains d’Ellevy.
« Des pièces républicaines, venues toute droit des coffres de l’armée. Cela vous semblerait un marché acceptable ? »
« Dame Hernian osa Théodora. Si vous êtes ici et si nous vous avons appelé jusqu’à nous, c’est bien parce que …
– Nous avons mené notre enquête au préalable sur vos compétences et vos accointances, termina sa sœur au ruban vert. »
Les sœurs Noirvitrail avaient suffisamment d’yeux et d’oreilles déployés dans la région pour recevoir des rapports réguliers sur les compétences des individus qui sortaient quelque peu du lot. Dame Ellevy Hernian était de ceux-ci et les demoiselles savaient bien sur quelles fibres jouer pour parvenir à leurs fins et s’arroger les services d’individus de la sorte.
« Vous n’êtes pas membre de l’Assemblée. Déjà parce que nos mages ont évalué votre profil psychologique à votre entrée dans le camp. Deuxièmement parce que si vous l’étiez, vous auriez tenté de m’assassiner immédiatement. Troisièmement, parce que les membres de l’Assemblée ont généralement des coiffures improbables et que ce n’est pas votre cas. Je plaisante bien évidemment. »
La lieutenante essayait tant bien que mal de détendre un peu l’atmosphère. Il valait mieux apparaître sous un jour favorable au vu de ce qu’elle attendait de dame Hernian. Ses mains effleurèrent la carte de la région tandis que les sœurs continuaient à l’annoter.
« Qu’est-ce que vous gagneriez à travailler pour moi ? De l’argent, essentiellement. Suffisamment pour couvrir vos frais du moment que les informations que vous me transmettrez seront croustillantes. Je ne peux guère vous promettre plus pour l’instant, étant donné que nous fonctionnons avec les caisses d’or que la République veut bien nous envoyer. Mais voyez plutôt. »
D’un claquement de doigts, la demoiselle fit apparaître dans son autre main une bourse en cuir rouge dont elle versa une partie du contenu sur la table. Les deniers tintèrent sur le bois de la table et l’un d’eux acheva sa course entre les doigts d’Athénaïs, qui le jeta dans les mains d’Ellevy.
« Des pièces républicaines, venues toute droit des coffres de l’armée. Cela vous semblerait un marché acceptable ? »
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