Phèdre et Eris ne sont qu’une seule et même personne, dotée d’une âme unique et d’un seul corps. Hélas la différence d’existence entre sa première et sa seconde vie a créé chez Phèdre une dualité qui n’a de cesse de se manifester d’une manière ou d’une autre. Eris est d’une nature posée, servile et discrète. Elle fait confiance à son prochain et sait se montrer sympathique. Issue d’une noble famille, elle possède l’élégance propre à ceux qui ont reçu une éducation rigoureuse. Curieuse, elle aime s’instruire et prend un véritable plaisir à se cacher dans sa bibliothèque depuis qu’elle est en âge d’y travailler. Loin d’être une bonne combattante malgré son service militaire -qui a été un véritable supplice et n'a révélé d'elle que ce qu'elle savait déjà- , Eris compense ce défaut en maniant sa magie avec une certaine dextérité.

Phèdre, bien que loin d’avoir retrouvé ses souvenirs, ne saurait se départir de la cruauté qui est la sienne. Esprit malade, avilie par la guerre et ses horreurs mais également par la dévotion aveugle qu’elle voue aux Titans. D’une nature aussi égoïste qu’ambitieuse, Phèdre ne jure que par son propre code de conduite et ce dernier est pour le moins douteux. C’est une femme sournoise et rancunière dont les humeurs instables peuvent pousser à commettre des atrocités. En cela, elle est extrêmement créative. Mais plus redoutable encore que cette étrange déraison qui l’habite, c’est cette capacité d’éloquence et de séduction qui est sans doute son arme favorite ; son allégeance n’est pas allée à la Perfection pour rien.


Ambitieuse, Instable, Arbitraire, Cruelle, Désinvolte, Égoïste, Mesquine, Menteuse, Rancunière, Sournoise,

Efficace, Tenace, Créative, Persévérante, Intelligente, Dévouée, Observatrice, Talentueuse, Séduisante, Éloquente

Les cheveux de Phèdre sont bicolores à la manière dont son âme semble s’être scindée, un pied de nez de l’univers sans nul doute. Un côté de sa tête est d’un noir profond alors que l’autre est d’un blanc immaculé. Son visage est doté de traits fins et délicats que l’on croirait ciselés dans le marbre. Un grain de beauté vient souligner son regard félin qui oscille entre un gris étrangement clair et un bleu persan. Si son visage n'est pas le plus beau du Sekaï il renferme néanmoins un certain charme que cela soit dû à une quelconque déité ou à l'assurance qui se dégage constamment d'elle, même lorsque la folie la frappe.  

De sa personne se dégage immanquablement une sensualité que seule Aurya peut lui avoir conférée, c’est du moins ce qu’elle n’hésite pas à prétendre. Grande et élancée, Phèdre se pare presque toujours de tenue noire brodée dans les meilleurs tissus. L’argent est son métal favori et elle n’hésite guère à en faire orner ses tenues ou ses bijoux. Phèdre porte très souvent des vêtements noirs et fluides mais qui mettent toujours en valeur sa silhouette. Bien qu'elle ait un attraits particulier pour les robes, il n'est pas rare de la voir revêtir des pantalons lorsque cela est nécessaire.

Dû à sa naissance et existence actuelle dans le Reike, elle porte le tatouage de son ancienne faction à l'arrière du bras droit. -Peut-être plus pour très longtemps cela dit.

Dans le monde des âmes, au-delà de la perception du commun des mortels, subsistait une conscience qui n’avait déjà que trop vécue. Percluse des horreurs de ses vices mais aussi de celles dont elle avait parsemé son existence, elle rodait tel un rat dans les égouts attendant sa prochaine tâche. Parfois oublieuse, elle n’était rien de plus qu’une volute de fumée parmi les autres pourtant son instinct presque animal subsistait et l’obligeait à atteindre, enchainée à tout jamais à ceux qui avaient son allégeance. Même dans la mort, même dans l’ignorance la plus totale, elle sentait les chaînes de l’asservissement et elle frissonnait de plaisir. L’idée de regagner le Sekaï lui procurait une sensation étonnante malgré son corps immatériel et chaque jour elle suppliait silencieusement ses maîtres de la renvoyer. L’esprit malmené, vivant dans la réalité distordue façonnée par la cruauté de la vie qu’elle avait choisie, Phèdre était impatiente. La cruauté était son péché, l’avilissement son plaisir et la vie dans le monde des âmes était bien trop monotone pour elle.


- Je m’appelle Eris, je travaille à la grande bibliothèque d’Ikusa, mes parents sont Anzar et Amara Hesediel.

D'une voix presque suppliante la jeune femme tenait sa tête entre ses mains avec tellement de force qu’elle en faisait pâlir ses phalanges.

- Je m’appelle Eris, je suis Reikoise, je travaille à la grande bibliothèque… D’Ikusa… Mes parents…

Elle émit un gémissement fébrile et ravala un sanglot alors qu’elle sentait son esprit se démener comme s’il était subitement vivant. Elle avait l’impression qu’un serpent était en train de se faufiler dans son cerveau, injectant son venin dans chacune de ses pensées. Le souffle court, elle prit appui sur le comptoir qui donnait sur l’entrée et se força à rejoindre un escalier qui plongeait vers les entrailles de la bibliothèque. Le pas titubant, elle se retint de justesse à la rampe en fer qui ne trembla pas sous son poids.

“Phèdre.” La voix qui raisonna dans son esprit était la sienne, pourtant elle était certaine de ne pas posséder cette inflexion sensuelle et cruelle qui semblait se délecter de ce nom qu’elle n’avait jamais entendu.

- Je suis Phè… Eris. Recommença-t-elle sa litanie interminable mais qui semblait être le seul moyen de tenir ces pensées intruses à l’écart. Cela avait débuté quelques mois auparavant. Au début il s’était agit de cauchemars éparses qui semblaient si vrais qu’il n’était pas rare qu’elle soit arrachée à ses songes au beau milieu de la nuit. Puis ils s’étaient intensifiés, si bien qu’elle avait fini par craindre le soleil couchant. Eris avait alors commencé à rencontrer des guérisseurs et des médecins pour ne trouver sa rédemption que dans les cachets qui avec le temps avaient cessé de fonctionner et s’étaient mués en une addiction qu’elle gardait aussi discrète qu’il était possible de le faire. Pis encore, ses cauchemars ne surgissaient plus uniquement lorsqu’elle était endormis mais en plein jour lorsqu’elle avait le malheur de laisser son esprit s’égarer. Avec stupeur, elle s’était surprise à éprouver un certain plaisir à la vue de ces enchevêtrements de cadavres. A mesure que les jours passaient, les visions ne lui faisaient plus peur, plus assez, pas comme elles l’auraient dû.

“Je suis Phèdre et je sers Aurya ! ” Hurla si abruptement son esprit qu’elle manqua de trébucher dans les escaliers. Agile, elle se rattrapa in-extremis.

- Le soleil et la lune ! Haleta-t-elle comme si elle essayait de contredire sa propre voix. - Pas les Titans ! Leur simple évocation la fit trembler férocement et ses yeux gris-bleus parcoururent péniblement la bibliothèque souterraine qui s’étendait autour d’elle. Par chance, elle n’était entourée que de vieux livres et de personne pour la regarder comme l’étrange créature qu’elle était.

Eris avança avec toutes les peines du monde et se pelotonna sur un fauteuil dans une alcôve d’où personne ne pourrait la voir. Les mains entourant ses cheveux bicolore comme si elle voulait se protéger de quelque chose. Pourtant mieux que personne elle savait très exactement d’où venait le danger et que ses minces bras n’y changeraient rien. Pas plus que ses supplications ou les mots qu’elle répétait comme une prière. Elle en avait l’intime conviction sans réellement savoir d’où cet instinct lui venait. Mais elle connaissait cette menace sans l’avoir jamais vu ; Elle était elle après tout.

Après des mois de lutte, Eris était lasse alors elle laissa sa voix s’insinuer un peu plus profondément dans son esprit. Son corps se raidit, son souffle devint erratique puis la tension retomba et la jeune femme releva son visage strié de sillon larmoyant. Un étrange sourire flottait sur ses lèvres lorsqu’elle murmura :

- Je suis Phèdre et ma maîtresse m’attend.

Un peu plus : :

Divinisme : Phèdre était et est toujours une fervente croyante. Elle vénère Aurya de puis plus d'une vie.

Shierak : Ironiquement, c'est la religion qu'elle -ou plutôt Eris- a adoptée depuis presque deux cents ans. Quand bien même elle la méprise, elle ne saurait s'en défaire aussi aisément qu'elle le souhaite.

Lutte contre les titans : Ils sont, par définition, ses ennemis.

L'esclavagisme : 100% pour.