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    Phèdre
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  • Mer 28 Fév - 22:39
    “Magnifique” Songea Eris avec un enthousiasme qui se lisait sans peine sur son visage. Un peu plus bas, dans l'amphithéâtre se tenait la méconnue Tournade. Si ce n’était pas la première fois qu’elle entendait parler d’elle, c’était la première fois qu’elle la voyait en chair et en os et surtout en train de manier sa magie. Elle-même être une mage plutôt douée cependant sa maîtrise n’était rien comparé aux mille années de vie de cette femme et d’une certaine manière elle ne put s’empêcher de la jalouser. Avec moitié moins d’existence, il lui était parfaitement impossible d’atteindre une maîtrise aussi significative.

    “Notre magie est bien plus cruelle, moins de décorum plus d’efficacité, ne doutons pas de nos capacités. Nous serions capable de rendre cette femme à l’état de chaton si il nous en prenait l’envie.” Eris détestait entendre la voix de Phèdre raisonner ainsi dans son esprit mais ses mots la réconfortèrent. La magie que la demi-fae était différente, délicate et invisible mais pas moins puissante. Autrefois, elle s’était demandé ce qui l’avait tant attiré chez les arts occultes, elle qui était pourtant si douce et aimante. Maintenant, elle commençait à en entrevoir les raisons. Tout comme Phèdre commençait à entrevoir le potentiel supérieur de Neera mais aussi tous les avantages qu’il y aurait à s’en rapprocher. Fuir. Loin du Reike. N’importe où si ce n’était ici.

    Eris continuait de lutter contre ces instincts qui la prenait aux tripes, la réveillait la nuit et l’obligeait à faire ses sacs au moins trois fois par semaine avant qu’elle ne parvienne à se raisonner et à ranger ses affaires. Ses nuits étaient parsemées de cauchemars de guerre, de bain de sang et de cruauté dont elle se voyait être l’instigatrice. Ses ennemis étaient toujours les mêmes ; son peuple. Cela lui faisait plus peur que tout car jamais elle n’avait songé ne serait-ce qu’à quitter son pays. Elle était née ici, y avait grandi, avait fait ses classes -aussi lamentables eussent-elles pu être-, elle avait eu ses premiers émois, ses amis et peut-être un peu plus que cela même, mais elle n’était pas prête à tout quitter. Elle voulait vieillir sur son territoire, s’y marier, y élever ses enfants et dans quelques siècles y rendre son dernier souffle. Hélas, Phèdre était bien décidé à contrecarrer des plans de bout en bout. Elle avait ainsi fait naître une crainte de son foyer chez Eris qui la terrifiait, imposant ainsi dans son esprit une idée des plus simples : la fuite.

    Neera était la clé.

    Lorsque l’aura magique de cette dernière vint s’écraser contre une autre plus puissante, Phèdre feula comme un chat, serra les livres d’Eris contre sa poitrine et disparut dans la foule, le temps de la contemplation était terminée. Bien assez tôt viendrait le moment pour elle de se mêler à cette puissance demi-millénaire qu’était la Tornade.

    ***

    Il avait fallu à Phèdre une patience qu’elle ne possédait pas et une volonté de fer pour garder Eris sous sa coupe et l’empêcher de défaire leurs sacs. Il lui avait fallu également toute sa détermination pour ne pas s’étrangler, les pensées douloureuses qui naissaient dans son esprit lui donnaient la nausée. Eris était aussi pourri de l'intérieur qu’un fruit trop mûr. Elle était la faiblesse faite femme, une brindille prête à se briser au premier vent et elle se demandait chaque matin comment une créature aussi asthénique avait fait pour ne pas mourir dans un pays aussi cruel que le Reike. Non pas qu’elle en fut déçu, au contraire, ce corps était fragile mais il regorgeait de magie et son affinité avec celle qu’elle avait choisie était sans nul autre pareil. Elle le sentait dans son corps mais aussi dans la noirceur qu’elle avait découvert dans un recoin de son -de leur- esprit. Eris était elle et elle était Eris. Phèdre avait mis un certain temps à l’accepter, tout comme elle avait mit du temps à admettre qu’elle ne savait plus qui elle était sauf l’enfant chérie de Aurya, la parfaite. Il n’y avait rien d’autre qui comptait et qui ne fut plus urgent. C’était en tout cas ce qu’elle pensait, mais les pensées parasites d’Eris venaient sans cesse la tourmenter. Elle y voyait ses parents ou ce jeune homme aux cheveux bruns et malgré tout le désamour qu’elle pouvait leur vouer, son autre y tenait et par conséquent elle aussi. Cette idée la rendait malade.

    Quoi que pût en dire Phèdre, Eris était plus puissante qu’elle ne l’avait imaginé. Elle avait espéré écraser sa conscience à l’instant même où elle s’était éveillée, reprendre sa place et recouvrer chacun de ses souvenirs. C’était ainsi que tout aurait dû se passer. Mais cette créature vulnérable persistait à exister et pire encore, elle contaminait l’essence même de ce qu’était Phèdre. Elle l’a rendait parfois meilleure qu’elle ne l’était. Exactement comme elle réussissait à faire putréfier un peu plus la délicate et corruptible Eris. Ô par les titans qu’il eut été délicieux de rester ici pour la voir détruire de ses mains tout ce à quoi elle tenait. La voir étriper ses parents adorés, la voir offrir un sourire sanglant à cet homme qui éveillait un sentiment étrange dans sa poitrine. Lui, plus que les autres, elle se ferait un plaisir de le massacrer. Mais l’heure n’était pas à l’amusement. Seulement à la fuite, le reste viendrait bien assez tôt.

    - Bonjour, la voix douce d’Eris s’éleva alors que Phèdre se retirait pour lui laisser plus de place. Cette dernière avait faillit se charger elle-même des négociations mais elle était presque certaine que l’air vulnérable qu' Eris seule savait arborer lui serait plus utile que n’importe qu’elle forme de magie. - Je… Bredouilla-t-elle. - L’on m’a dit que vous vous rendiez en république et je dois y faire porter nombre d’ouvrages, d’un coup de nez hésitant elle désigna une pile de livres conséquente.  - Accepteriez-vous une compagne de voyage ? Un fin sourire, timide, étira les lèvres d’Eris alors que dans son esprit raisonnait les moqueries sardoniques de Phèdre : “Un vrai chaton, quelle vicelarde.”
    Noble de La République
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    Neera Storm
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  • Dim 17 Mar - 21:43
    Si Neera avait tenu à respecter ses engagements envers l’Université Drakstrang, elle n’avait pas pour autant aucune raison de s’éterniser à Ikusa. La menace de l’Assemblée était réelle, et puis, elle avait aussi des responsabilités à Magic. S’éloigner pour retrouver un état d’esprit plus ou moins sain, après les événements de Bénédictus, avait été la bonne chose à faire, mais maintenant, il lui fallait rebondir, faire avec ce qu’il s’était passé, et essayer de ne plus se mettre dans des situations périlleuses à l’avenir. C’était une résolution qui ne tiendrait pas longtemps, compte-tenu de la bataille qui aurait lieu dans les égouts de Liberty quelques semaines plus tard, mais l’enseignante n’avait pas le don de clairvoyance, et pour l’heure, ne plus avoir d’éternelles sautes d’humeur lui suffisait amplement.

    Pour le voyage de retour, Neera avait décidé de se joindre à une caravane qui ferait route jusqu’à Kyouji. Le climat rude de l’Empire favorisait les voyages groupés au sein du territoire désertique : il était plus facile de conserver des vivres pour des longs voyages, et qui plus est, cela dissuadait les brigands et les créatures du Sekai de s’en prendre à des voyageurs isolés. Neera n’avait pas cherché à dissimuler son identité lorsqu’elle s’était approchée du chef de la troupe, et heureusement, la magicienne n’avait pas été mal reçue par les marchands itinérants. Certes, elle était Républicaine, certes, il y avait des tensions entre leurs pays respectifs, mais qui dirait non à la présence d’une élémentaliste aux multiples talents ? La Tornade savait qu’elle avait été acceptée facilement grâce à sa puissance magique plus que pour ses talents de pédagogue, mais la jeune femme ne s’en formalisait pas. Elle comprenait que pour ces citoyens, sa présence était synonyme de sécurité et, puisque ceux-ci transportaient leurs biens, voire même leur gagne-pain, être bien accompagné n’avait pas de prix. Oh, il y avait bien sûr les guerriers qui continuaient à penser que « les mages c’était bien, mais les épées c’était mieux » ; toutefois, ils n’allaient pas refaire le monde et le voyage serait rapide. En théorie.

    Le jour du départ, l’enseignante de Magic s’était présentée au groupe, et alors qu’elle accordait quelques derniers soins à sa jument, une voix cristalline l’aborda par derrière. Surprise, la fille de Lothab se retourna pour poser les yeux sur un joli brin de fille, à la chevelure étrangement bicolore. Un doux sourire éclairait ses traits et d’un regard un peu scrutateur, mais pas moins amical, la Républicaine lui rendit son salut d’un ton poli.

    - Bonjour. Vous êtes… ?

    D’aussi loin qu’elle cherchât dans ses souvenirs, Neera n’avait pas croisé Eris lors de ses précédents contacts avec la caravane. Une jeune femme à l’apparence si anodine, ça l’aurait certainement marquée, mais peut-être était-elle aussi une nouvelle venue… ?

    - Oui, je vais bien à la Nation Bleue, confirma la semi-titanide de but en blanc, pas du tout inquiète à l’idée de dire la vérité telle quelle. Comme quoi, il y avait encore une part de franchise innocente chez la belle multicentenaire. Son regard se posa sur les livres que son interlocutrice avait apporté avec elle et une expression un peu bienveillante naquit sur ses traits. Elle qui donnait cours à Magic, l’antre du savoir et de la magie, ne pourrait jamais mal voir une bibliothécaire, n’est-ce pas ? Moi, je n’y vois aucun inconvénient, répondit la professeure d’un ton tranquille, mais je ne suis pas la cheffe de la caravane. L’homme qui la dirige est là-bas, il s’appelle Edwin. Nous ne sommes pas en surnombre, je doute qu’il refuse que vous nous accompagniez. Peut-être même pourriez-vous déposer votre fardeau dans un des véhicules du convoi pour vous alléger un peu. Ce sont des ouvrages précieux ?

    Tout en parlant, Neera désigne du doigt le chef du caravansérail, en invitant son interlocutrice à se diriger vers lui ensemble. Tenant sa monture par la bride, sa jument les suit docilement, et la demi-titan prend le temps de l’écouter. De son côté, l’homme voit les deux filles arriver, et reconnaissant l’élémentaliste, il prend le temps de détailler la nouvelle-venue. Manifestement, il a mille et un tracas avec le départ de la capitale, aussi n’est-il pas déterminé à faire du chichi pour rien.

    - Une bibliothécaire ? L’homme renifle, son visage passe sur l’ensemble des bêtes qui sont déjà attelées pour se mettre en route. Son esprit est clairement ailleurs, mais il pose quand même une ou deux questions rhétoriques. Qu’est-ce que vous savez faire ? Quelle sera votre aide dans le camp ? La question semblera évidente, mais au sein d’un tel voyage, personne ne doit être inutile. On a prévu quelques rations supplémentaires, au cas où, mais vous avez des vivres avec vous ?  Un dernier silence, pour la laisser répondre. Puis, il semble la scruter, et comme Phèdre ne semble pas folle à lier, il finit par hausser les épaules. Ca m’dérange pas d’accueillir une personne en dernière minute. Puis, vous êtes accompagnée de la Tornade, qui équivaut à la protection de dix hommes au moins. Ca m’a fait des économies. Cela dit puisque c’est vous qui m’l’avez amenée, je considère que vous vous porterez garant d’la miss, m’dame. Cette fois, le Reikois parle manifestement à Neera et cette dernière n’a pas le temps de protester qu’il reprend. Vous viendrez m’voir pour le paiement ce soir.

    C’est sur ses dires que le chef prend congé en houspillant un jeune qui attache mal un des chevaux, et la magicienne souffle alors qu’elle se retrouve seule avec la nouvelle-venue.

    - Bon. Ca a été expéditif. Le gars n’avait même pas vérifié qu’Eris avait une bourse. Sans doute pensait-il réclamer un paiement supplémentaire à la Tornade si l’agent des titans ne savait pas payer. Opportuniste, le gars. Mais la belle décide de ne pas s’y attarder de trop et elle se reconcentre sur son homologue. Il semble qu’on va devoir faire la route ensemble. Ce qui me fait penser que je ne me suis pas présentée correctement. Neera ponctue sa phrase d’un sourire et elle reprend : Je m’appelle Neera Storm, mais ça, je présume que vous devez déjà le savoir puisque vous m’avez abordée. Je suis curieuse, pourquoi voulez-vous m’accompagner ?

    La jeune femme laisse son homologue répondre, puis elle lui pose une dernière question :

    - En tous les cas, j’espère qu’un voyage avec une caravane ne vous dérange pas. Bien que nous ne ferons pas totalement partie du groupe, il y a les marchands itinérants et puis « les autres ». Mais ça ne me dérange pas puisque ce n’est que temporaire. En tous les cas, vous faites un voyage pour aller en République donc ? Ou quelque chose d’autres vous y amène, outre les livres que vous devez amener ?
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    Phèdre
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  • Dim 24 Mar - 15:46
    “Qui je suis ? Qui est-elle ? Qui sommes-nous ?” Ricana la voix de Phèdre sans pour autant formuler de réponse à haute voix. Eris pinça les lèvres puis les rouvrit, prête à répondre à la question mais à la place ce fut son autre nom que sa bouche laissa échapper. Celui qui ses parents ne lui avait pas donné, qu’elle ne connaissait pas et qui appartenait à une créature dont elle était bien incapable de définir la nature. A peine eut-elle formulé cette pensée que l'antique âme reprit le dessus, l’écrasa sans délicatesse pour la réduire au silence, la renvoya à la cage psychique dans laquelle elle était recluse ces derniers temps. Eris qui était éreinté tant par ses peurs nouvelles que par la présence de Phèdre, se laissa tomber dans l'oubli. Pouvait-elle seulement lutter ?

    - La caravane ? Tout en se penchant légèrement, la demi-elfe constata avec dépit qu’au loin se trouvait effectivement un véritable attroupement de nomades prêt à partir. Un muscle joua le long de sa mâchoire, ses sourcils se froncèrent profondément et son regard sembla jeter des éclairs mais ce furent là les seuls signes de contrariété qu’elle afficha. Si elle était bien moins docile que ce qu’était Eris, elle n’était pas plus sotte. Pas suffisamment en tout cas pour énoncer haut et fort combien la présence de ces créatures lui était inconfortable. Fuir était toujours plus évident lorsqu’il n’y avait pas ou peu de témoins. Enfin, valait-il encore mieux cela que de voyager complètement seule au milieu du désert Reikois avec pour seul compagnie une version corrompue de soi-même.

    - Précieux pour qui sait où regarder. Répondit Phèdre d’un air énigmatique. Mais c’était là un pieu mensonge, il s’agissait en vérité d’ouvrages dont la magie s’était épuisée depuis bien longtemps et qui trônait dans la bibliothèque des Hesediel depuis au moins trois générations. Phèdre avait découvert combien Eris aimait collectionner les livres. Un passe-temps qu’elle trouvait aussi rasoir que barbant mais qui avait le mérite de lui permettre d’avoir une excuse toute trouvée. - Méfiez-vous, le grimoire des contes interdits n’est guère commode et sa magie peut-être parfois… Elle haussa les épaules. C’était encore un pieu mensonge mais ainsi, elle espérait s’assurer que personne ne viendrait mettre le nez dans ses affaires. Neera ne semblait pas une femme de lettres mais elle n’était pas idiote, cela se lisait dans la vivacité de son regard.

    Le dénommé Edwin s’avéra tout aussi simple à convaincre que l’avait été la Tornade. Nul besoin de négocier, de se plier en quatre ou même de supplier. L’un comme l’autre avaient acceptés sa présence en ne demandant rien de plus ni de moins que de rendre service. Une chose que Phèdre exécrait mais dont elle saurait s’accommoder si sa vie en dépendait -ce qui était sensiblement le cas-.

    - Ça me convient. Je ne suis pas bonne en négociation. Une hypothèse, un soupçon même, qui trottait dans l’esprit de Phèdre. Bien qu’elle ne se souvenait pas de qui elle était, elle savait qu’elle n’était pas femme à négocier mais seulement à prendre. - Je sais effectivement qui vous êtes. Rare sont ceux qui ne le savent pas, je me trompe ? Après tout, même au Reike où les races de tout horizon pullulaient comme une armée de blatte, passé un certain âge et une certaine puissance, il était difficile de ne pas être connu. - Et je ne tenais pas particulièrement à vous accompagner. Répondit-elle d’une voix plus cassante que ne l’aurait fait Eris. - Mais je ne suis pas une combattante et je ne pouvais traverser le désert par la seule force de ma volonté. Les rumeurs couraient sur votre retour prochain en république alors j’ai saisi l’opportunité.

    Elle lui lança un regard en coin pour jauger de sa réaction, l’écouta et reprit :

    - Je n’ai jamais voyagé, pas d’un voyage dont je me souvienne en tout cas. Phèdre tenta de fouiller sa mémoire mais comme depuis le premier jour où elle s’était éveillée, elle n’y trouva qu’un néant profond et obscur avant que les souvenirs radieux et dégoulinant de joie d’Eris n’arrivent par bribes agaçantes. Elle s’arracha à ses pensées dans un grognement. - Il n’y a rien de plus que ce que je vous ai déjà dit. La république à réclamé ces ouvrages, j’avais besoin de m’éloigner de mon… Elle buta sur le mot, son visage se crispa le temps d’un battement de cil puis retrouva toute sa sérénité. - De mon pays. Découvrir d’autres horizons. C’était une bonne occasion. Un bon menteur savait combien la vérité était importante aussi, Phèdre s’arrêta là et préféra s’intéresser un peu plus à sa compagne. Se mettant à marcher, son paquetage hissé sur son dos, elle s'engagea au milieu des autres voyageurs afin de trouver un endroit où entreposer ses affaires.

    - Et vous, Neera. Que faisiez-vous à Ikusa ? Je gage que ce n’est pas pour la beauté de la ville que vous vous êtes rendu ici, n’est-ce pas ? Le désamour de votre peuple pour le… Elle sembla cracher le mot qui suivit. - ... le mien est connu. Qu’est-ce qui amène une personne telle que vous ici ? Elles évitèrent de justesse un chariot dont le conducteur semblait perdu dans ses pensées puis tombèrent sur un second où d’autres affaires étaient entreposées. Une femme se proposa de les décharger et Phèdre n’en demanda pas plus bien qu’elle fit mine de s’inquiéter des conditions de voyages des livres. Après un bref échange, une petite pièce glissée sous le manteau, la nomade promis d’en prendre grand soin.

    - Voyagez vous souvent ainsi ? Demanda la fae en tournant sur elle même pour observer ces hommes et ces femmes qui s’apprêtaient à effectuer la grande traversée.
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    Neera Storm
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  • Dim 21 Avr - 19:45
    Ainsi elle s’appelle Phèdre ? Neera regarde cette nouvelle-venue avec circonspection, mais aussi avec un brin de curiosité. Son apparence, surtout sa chevelure, est atypique, mais celle de la demi-titan l’est encore plus, et avec tous les énergumènes qui foulent le Sekai, les voyageurs s’habituent vite à rencontrer individus aussi uniques les uns que les autres. Ici, sa compagne d’infortune ne semble guère ravie d’apprendre l’existence de la caravane : en tout cas, c’est ce que Neera suppose avec le bref froncement de sourcil de la demoiselle. La professeure ne fait pas cas des éclairs qui passent brièvement dans ses pupilles, ne se doutant pas que la bibliothécaire désire être discrète dans sa fuite. Et de toute façon, que cela lui déplaise ou non, ce n’est pas tellement son problème… Elles sont pour l’heure des inconnues, quoique la mention des grimoires de Phèdre attise son intérêt.

    - Pas d’inquiétude, je ne compte pas les consulter, fait la jeune femme avec un sourire un peu franc et même assez serein. Pour ainsi dire, votre présence me changera quelque peu des autres gardiens de cette troupe qui sont… La jeune femme promène son regard sur la troupe autour d’eux. pour la plupart des guerriers, note-t-elle avec une légère moue.
    Peu de mages semblait les accompagner, malheureusement. Bien sûr, les autres marchands itinérants pourraient être de bonne compagnie, mais Phèdre serait peut-être une personne plus intéressante que ces commerçants.  Toujours est-il qu’il faut bien voir si la sœur de Siame est d’accord d’accompagner la caravane, et de convaincre le chef de leur groupe, évidemment. Mais ce n’est guère difficile, finalement, et l’affaire est rapidement pliée, si bien que les deux filles se trouvent rapidement en tête à tête. D’un geste, Neera lui propose de se diriger près d’une des roulottes, pour déposer son paquetage près du sien, et pendant ce temps, elle l’écoute reprendre la parole. Elle connaît l’identité de la Tornade. Quelque chose qui n’étonne pas l’intéressée, et qu’elle accueille de manière désinvolte, à dire vrai. Combien ne connaissent pas son nom à présent ?

    - C’est vrai, je suis connue, fait la fille de Lothab en haussant les épaules. A partir du moment où on traverse les âges, on peut devenir connu si on a une position sociale intéressante dans notre nation. Et qu’on est puissant. Ce que je suis, reconnaît Neera avec un léger soupir, non pas pour se mettre en avant, mais parce que c’est la réalité pure et dure. Parfois, je me demande s’il n’est pas mieux de traverser les siècles en restant un inconnu dans la foule. Enfin, ne vous méprenez pas, je ne suis pas mécontente de ma vie, ricane-t-elle légèrement.

    Neera se tait légèrement pour écouter Phèdre lui répondre d’une voix plus cassante, et une expression un peu ironique passe sur son visage.

    - Je suppose que je dois être flattée que vous vouliez m’accompagner pour le retour ? C’est une question rhétorique, qui n’attend pas spécialement de réponses et Neera enchaine. Je ne peux pas vous reprocher d’avoir sauté sur l’occasion, bien que vous ayez fait certainement ce choix à cause de mes… capacités élémentaires plus qu’à cause de ma personne en soi. L’opportunisme peut être une bonne chose de temps en temps. Surtout quand on doit faire une longue traversée comme celle du désert.

    Phèdre avait tous les droits de penser qu’en la compagnie de la Tornade, il ne lui arriverait rien. Cela étant dit, c’était vrai pour ce qui était de la défense même de leur groupe. Cela ne voulait pas dire que Neera avait une énorme expérience en ce qui avait trait au désert lui-même. Désert qui, malheureusement, se révélait souvent impitoyable.

    - Vous voulez voyager, donc. La belle opine du chef, et cette fois, un sourire appréciateur naît sur ses lèvres. C’est une très bonne chose. Moi aussi, je me suis permise de voyager dans le Sekai à certains moments de mon existence. Et c’est fabuleux ! fait-elle avec un entrain qui ne peut être que sincère. Qaunt à vouloir prendre l’air, je peux le concevoir aussi. J’ai beau aimé Magic et le considérer comme ma deuxième maison, cela fait toujours du bien de s’aérer la tête de temps en temps.

    Et à d’autres moments, c’est bien aussi de rester à l’Académie, lui souffle une voix, plutôt que d’aller faire n’importe quoi à Bénédictus.

    Mais la semi-titanide chasse cette pensée qui a assombri son regard un court instant, alors qu’elles marchent toujours en direction de la roulotte, qui finit par se présenter à leur vue. Phèdre pose alors une question très juste.

    - J’avais promis à l’Université de Drakstrang de faire une démonstration de ma magie, répond-elle simplement. J’essaie de maintenir des liens avec les professeurs de l’Académie tant que faire se peut et, tant qu’à faire, à motiver les étudiants de choisir la magie élémentaire, s’ils ont des doutes sur leurs vocations. La Tornade s’arrête et désigne un chariot du doigt. C’est là où nos affaires sont entreposées. Allons voir celle qui s’en occupe. Quand l’affaire est réglée, la professeure reprend par elle-même la route, visiblement avec un objectif en tête. Mais elle ne s’offense pas de la dernière question de Phèdre, et un sourire en coin vient même orner son visage. Non, je ne voyage pas toujours avec une caravane. J’aime bien partir en solo, et dans ce cas-là, je prends ma jument. J’ai assez de ressources pour me défendre et voyager seule, explique-t-elle. Levant son regard vers le ciel bleu azur, elle poursuit. Mais mon dernier voyage s’est quelque peu… Improvisé. Comme vous, j’avais besoin de changer d’air. Il fallait que je reprenne pied avec… moi-même, je présume. Neera croise les mains derrière son dos. Et je suis donc allée dans les terres gelées du Nord. Un endroit relativement désagréable, si on omet cette perle qu’est Melorn. Mais c’était parfait pour utiliser mes pouvoirs à mon maximum, sans crainte de blesser qui que ce soit. Je me suis donc entraînée là-bas… Mais vous conviendrez sans mal que prendre mon cheval aurait été une mauvaise idée. Il n’est pas dit qu’il y aurait survécu. La belle marque une légère pause, puis déclare : Je suis ensuite passée à Ikusa, tant pour respecter mes engagements que pour trouver des camarades de voyage, dans ces conditions. Sans monture… Il était préférable de faire ainsi. Peut-être qu’un jour j’apprendrais la téléportation, ça m’évitera des tracas et des jours de voyage.  

    Cette fois, la demi-titan s’arrête devant un chariot :

    - C’est la roulotte qu’on m’a attribuée, il y a encore de la place. Nous pourrons dormir dans le même espace, ainsi. A moins que vous ne vouliez déjà plus supporter ma compagnie, fait-elle avec une légère pointe d’humour. Neera la laisse éventuellement inspecter l’endroit, puis elle observe : En tout cas, vous êtes arrivée à temps, nous allons visiblement nous mettre en route. Et effectivement, des ordres sont donnés pour se mettre en marche. Mais dites-moi. Vous ne semblez pas porter le Reike à cœur. Je me trompe ?[/b]

    Tantôt, il lui a même semblé que Phèdre avait presque craché en mentionnant son pays.

    - Je ne connais le Reike que de loin et les Divins fassent que je n’aie jamais à habiter là-bas, fait honnêtement la Républicaine, mais j’aurais espéré que la vie n’était pas si... pénible… ? Sa question est ouverte, Phèdre le sentira bien. Elle peut autant infirmer que confirmer ses propos. En tout cas, vous verrez que la République est pleine de surprises. Qu’est-ce que vous aimeriez faire une fois là-bas ? Je veux dire, outre le fait de déposer vos livres. Vous comptez en profiter pour réaliser un voyage au sein de nos terres ? Rencontrer certaines personnes... Ou en retrouver d'autres qui sont passées par l'Empire ? Ma spécialité est Magic, mais si vous avez besoin d'aide, je peux toujours vous conseiller pour faciliter votre séjour dans ma nation.
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  • Sam 27 Avr - 22:52
    “Ne se tait-elle donc jamais ?” Pesta Phèdre alors qu’elle puisait dans la patience d’Eris pour ne pas lui ordonner de fermer son clapet. Après avoir lancé un ultime regard à ses livres pour leur donner l’image de l’importance qu’ils devaient avoir pour elle, elle emboita le pas à la Tornade. Autour d’elles le convoi était en train de se transformer en fourmilière. A mesure que les minutes s'égrainaient l’agitation se faisait grandissante : l’on entendait des éclats de voix, des ordres et parfois des brimades. Les enfants cessaient de courir pour sauter dans les caravanes de leurs parents mais les adultes continuaient de charger inlassablement tout ce qui devait l’être. Le départ était imminent ; exactement comme l’avait voulu Phèdre. Ainsi elle était presque assurée qu’on n’aurait pas refusée sa présence, parce qu’il y avait d’autres affaires plus urgentes à régler qu’une fae prête à payer pour le voyage.

    Neera les guidait avec une certaine aisance à travers le camp et Phèdre la suivait sans sourciller, se contentant d’observer la foule. Elle nota la présence de guerriers du reike pour la plupart, de femmes et d’enfants. La grande majorité d’entre eux semblaient-être des nomades dont la vie ne se résumait qu’à fouler le désert encore et encore mais parfois, elle surprenait quelqu’un comme elles, qui s’apprêtait à voyager. Puis elle se concentra à nouveau sur les paroles de sa compagne en forçant son esprit à se concentrer sur les lieux dont elle parlait avec l’espoir, peut-être naïf de faire rejaillir des souvenirs qui n’avaient de cesse de se dérober à elle. “Melorn”. Un nom qui avait un goût de cendres sur sa langue. Elle sentit son esprit s’agiter à la manière d’un poisson hors de l’eau mais comme d’habitude elle n’en tira rien. Au moins cette conversation avait-elle le mérite de lui fournir des informations quant à la puissance de Neera. S’il lui fallait s’exiler au-delà des frontières du Reike et de la République, c’est qu’elle avait bien jauger la puissance qui émanait d’elle. Peut-être sa mémoire lui faisait-elle défaut, mais ses instincts, eux, étaient toujours efficaces. Un sentiment rassurant.

    - Peu de chevaux survivent au nord. Acquiesça-t-elle sans vraiment savoir d’où elle détenait cette information.

    Elles étaient en train de bifurquer à l’angle d’un chemin tracé de fardiers lorsque la tornade prononça la première phrase intéressante depuis de longues minutes. Plus que véritablement palpitante, sa question était dangereuse mais ce fut la phrase suivante qui éveilla chez Phèdre quelque chose qu’elle n’avait pas ressenti depuis bien longtemps. Neera venait de jurer et si, dans une autre vie, cela l’aurait rendu folle de rage, aujourd’hui cela faisait naître une certaine chaleur dans sa poitrine. Immédiatement la voix d’Eris claqua comme un élastique dans son esprit : “Les titans n’ont rien de divins, ils ne sont que morts et destruction”. Cette pensée fit pouffer Phèdre tout en faisant courir un frisson de plaisir sur sa peau laiteuse. Mort et destruction, deux mots qui lui paraissaient si familiers. “Le chaos, songea Phèdre, est si délicieux.” Puis en son for intérieur elle tordit violemment la conscience d’Eris pour la réduire à néant.

    - Je partagerais votre roulotte. Acquiesça Phèdre en se hissant à l’intérieur tandis que Neera lui posait une énième question. C’était une pièce exiguë où les affaires de la professeur prenaient déjà de la place. Mais c’était toujours mieux que de partager la chambre d’un illustre inconnu. Dehors, le convoi se mit en branle et les premières caravane commencèrent à avancer. La leur ne tarderait pas à suivre le mouvement.

    - Pour ce qui est du Reike… Elle haussa les épaules. Les mots qui lui venaient n’étaient peut-être pas bons à divulguer et surtout, même si Eris était muselé, elle sentait l’affection qu’elle portait à cette nation de barbare primitif. Un mystère qui restait entier. - C’est ma nation. Conclut-elle à contre coeur et en luttant contre les mots “pour l’instant” qui lui brûlaient les lèvres. Mieux valait pour elles que le sujet change avant que la Tornade ne s'aperçoive que quelque chose dans son discours ne collait pas. Ainsi, elle jeta son dévolu sur le seul prétexte qui lui vint : - Seriez-vous diviniste ? Et ceci était une question foutrement intéressante. Bien plus que ce qu’elle pensait de ce tas de sable qu’ils étaient sur le point de quitter.

    Phèdre avança au coeur de la roulotte, contourna un tas d’affaire qui n’était pas les siennes et s’arrêta au niveau de la deuxième couchette qui n’avait pas l’air occupée -celle au dessus de la sienne avait des draps propres, un bon indice - pour y déposer ses maigres effets.

    - Je ne sais pas vraiment ce que je viens faire en République.  Une fois n’est pas coutume, Phèdre n’avait pas menti. La république n’était pour elle qu’une étape, un eldorado moins dangereux que ce que le Reike représentait. Son nom ne lui évoquait pas la peur. Si elle l’avait pu, elle se serait rendu dans le Shoumeï mais les rumeurs qui couraient quant à sa destruction étaient nombreuses et seule, elle ne pouvait se permettre une telle entreprise. Alors elle avait dirigée son intérêt sur le monde libre de la nation bleue. Là-bas elle aurait tout le temps de courir après son identité, de réduire l’esprit d’Eris à peau de chagrin et de trouver des alliés.

    - J’imagine que je suis à la recherche de ma propre vérité. Peut-être y trouverait-elle son identité ou peut-être rien. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle devait s’enfuir et que les questions que lui posait cette créature l’ennuyait. Toutefois, elle ne pouvait pas l’envoyer paître aussi simplement que ça et maintenant qu’elle l’a soupçonnée de servir les titans, elle ne s’en sentait plus la force. “Suis-je une servante ?” C’était une drôle de question qui vint éclore dans un coin de sa tête, mais qui la secoua jusque dans le fondement de sa psyché. - Y a-t-il des divinistes au sein de la République ? Demanda-t-elle finalement.

    Leur caravane se mit bientôt en route et Phèdre dû se retenir au montant de sa couchette pour ne pas perdre l’équilibre. Un sentiment de soulagement l'envahit alors que par la porte arrière, elle voyait la silhouette majestueuse d’Ikusa s’éloigner peu à peu. Elle avait réussi. Un sourire souleva le coin de ses lèvres.

    - Mais je vous écoute, Neera, quels sont vos conseils ? Demanda-t-elle en prenant place sur son lit. Quitte à devoir la supporter tout le trajet, autant en profiter pour lui arracher toutes les informations possibles. - Que dois-je savoir sur le République ?
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  • Sam 4 Mai - 20:02
    La belle reikoise semblait disposée à partager sa roulotte. Un point qui facilitait la vie de Neera car, si la miss avait refusé, la Tornade aurait dû lui trouver un autre logement. Or il n’était pas forcément évident de trouver une place à des inconnus, fussent-ils « protégés » par la Tornade en personne. D’ailleurs, le fait que la pédagogue se porte garante de la bibliothécaire était assez ironique en soi, puisqu’elles ne se connaissaient en rien. C’était une bonne raison de la garder à l’œil pour ne pas que Phèdre lui pose des problèmes durant le voyage. Mine de rien, la fille de Lothab pouvait être assez radine quand il s’agissait de dépenser son argent pour le compte d’autrui. Il y avait de ça, et puis, la professeure avait eu suffisamment de soucis pour dix ans, là, non ? Elle pouvait donc bien se passer d’autres complications sur le chemin du retour…

    La femme aux cheveux d’argent regarde sa colocataire s’installer mais, contrairement à sa binôme, elle n’entre pas dans la roulotte. Au contraire, quand la caravane se met en route, ses pupilles s’illuminent légèrement et ses pieds décollent de terre. La sœur de Siame le comprendra aisément : Neera parlera avec elle en volant. Pour une heure, du moins. Après, elle s’assoira peut-être au bord de leur chariot. Toujours sans entrer dedans. C’est que la pièce est exigüe et les phobies sont tenaces. La belle sait que sa claustrophobie peut toujours lui jouer des tours et, l’orgueil aidant, il n’est pas facile d’en parler à sa nouvelle compagne. Celle-ci pourra toutefois légitimement se poser des questions devant sa retenue. En attendant, la demoiselle lui parle du Reike et admet, presque avec regret, que c’est sa nation. Neera se dit peut-être qu’elle a eu une vie compliquée, avant d’être détournée de sa réflexion par une parole de Phèdre. Celle-ci la questionne sur le sujet très sensible de la foi. Mais c’est la Tornade qui s’est elle-même trahie, aussi, il est inutile de rester trop vague ou d’éviter le sujet éternellement.

    - Je le suis. Je n’ai pas la même dévotion envers les Huit, mais je le suis, confirme Neera, sondant du regard les réactions de sa camarade. Une part d’elle veut lui souffler que sa foi a bien été bousculée depuis Bénédictus et que sa confiance envers les Titans n’est pas aussi belle qu’au premier jour, au contraire, mais la belle a la décence de se taire. Au moins, sa réponse est sobre, probablement parce qu’elle s’attend à une réaction désapprobatrice de son homologue. D’ailleurs, elle lui renvoie l’ascenseur, en se trompant largement sur le compte de la demi-fae. De votre côté, vous croyez au shierak ? Je sais que c’est une croyance répandue au Reike.

    « Et je ne sais comment vous pouvez croire en des planètes » est-elle à deux doigts d’ajouter.

    En tous les cas, Phèdre s’aventure un peu plus profondément dans la roulotte et la demi-titan hésite momentanément à l’y rejoindre. La jeune femme ne s’est pas mise très loin de sa propre couchette, elles pourraient donc y discuter à l’aise. Tant qu’ils sont aux abords de la capitale, la présence de l’élémentaliste est moins nécessaire aux alentours de la caravane. D’une oreille, elle écoute les aveux de Phèdre, qui révèle qu’elle ne sait pas ce qu’elle vient faire dans la Nation Bleue. Parallèlement, Neera pose une de ses mains sur le bord du chariot. Il va falloir se décider. Y entrer ou rester encore un peu dehors ?

    - Être en recherche de sa propre vérité… Le regard de la sang-mêlée se fait un peu plus vague, probablement à cause de la phobie qui la guette, combiné au souvenir de ce qu’elle a vécu ces dernières semaines. Je peux comprendre, dit-elle sans réfléchir. Il n’y a rien de mieux que de quitter sa maison un temps.

    Ironiquement, les questions de Phèdre lui font du bien, lui permettent de ne pas s’appesantir sur de tels sujets, de se relancer sur quelque chose de stable. La République reste pour la professeure un sujet de prédilection, dont elle pourrait parler longuement.

    - Il y a des divinistes sur nos terres. La foi y est respectée… Même si notre religion dominante est davantage l’athéisme. Neera marque une pause, entre dans la roulotte, continue. Avec l’afflux de migrants suite à la destruction du Shoumeï, il a été décidé que les différentes croyances seraient respectées. Il faudra voir si des mesures différentes seront prises après les prochaines élections. Mais d’ici à ce que des décisions politiques soient prises, on a le temps. La maîtresse des éléments s’assied près de Phèdre, davantage dans une position de tailleurs, et le corps en partie tourné vers l’extérieur. Comme ça, avec l’air frais qui pénètre, ça ira mieux. Je peux vous conduire à des temples divinistes, une fois sur place, propose-t-elle. Je les ai beaucoup fréquentés… à une époque. Enfant, elle y allait tous les jours. Adolescente, elle y allait régulièrement. Puis une fois adulte… son cœur était surtout passé à l’enseignement. Si vous croyez aux Divins, ou au moins, si vous admettez leur existence, duquel vous sentez-vous le plus proche ?

    Désormais, la caravane est bien en route, et Phèdre en profite pour lui poser des questions sur la République. Elle cherche donc à savoir ce qu’elle doit connaître sur la Nation Bleue...

    - Beaucoup de choses et peu à la fois. lui répond la magicienne. Ca dépend de vos objectifs, en réalité. Si vous voulez n’y faire qu’un séjour, vous devez simplement signaler notre présence dans l’un de nos bureaux administratifs à la frontière. C’est une procédure assez classique : comme vous transportez des livres pour le Reike, je doute qu’ils soient pointilleux si vos papiers sont en ordre. Si vous voulez par contre obtenir la nationalité, je suppose que c’est plus… fastidieux ? Neera hausse les épaules. L’essentiel est de bien connaître les différentes institutions républicaines pour savoir sur quel pied danser. Magic, l’office républicain, la GAR ou la Grande Armée de la République, la Banque des Chaines, la Société des Sept Gardiens… Ce sont des organisations qui existent toutes, mais en fonction de notre centres d’intérêts, elles ont plus ou moins d’importance pour nous. Dans l’immédiat, pourtant, l’essentiel serait de pouvoir payer administrativement l’Etat, de trouver un logement, et évidemment un métier. Cela dit, si vous faites juste un aller-retour, observe-t-elle, vous n’êtes pas concernée. Mais si restez plus longtemps… La jeune femme réfléchit. Dites-moi, quelles seraient les compétences que vous voudriez mettre en œuvre pour gagner votre pain ? Moi, je suis enseignante et élémentaliste. Vous, vous êtes bibliothécaire mais peut-être avez-vous encore d'autres talents cachés ? Avez-vous peut-être quelqu'un que vous voulez retrouver ?
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  • Mar 7 Mai - 21:07
    Phèdre songea que Neera était une bien étrange créature. Elle l’observait de l’intérieur de la roulotte tandis que la Tornade flottait au-dehors comme un ballon au gré du vent. Ne pouvait-elle pas faire comme tout le monde ? Entrer et discuter poliment ? Elle avait envie de lever les yeux au ciel mais n’en fit rien. De plus, un sujet autrement plus intéressant était en train d’être évoqué : le divinisme. Quelque chose en elle se mettait à crier dès qu’elle évoquait ce sujet, comme si ses tripes elle-même répondaient à l’appel de ce mot. Une rémanence des tréfonds d’une mémoire millénaire, voilà ce qu’il représentait et ce dont elle n’avait pas conscience. Chaque seconde de son ancienne vie avait été vouée aux Titans et son âme toute entière répondait encore à leurs appels. Mais Phèdre ne s’en souvenait pas, elle savait seulement que l’écho qui explosait dans sa tête et sa poitrine n’était pas anodin. Une vague de sympathie à l’égard de Neera la submergea. C’était comme trouver une chaloupe en pleine mer pourtant, elle refusa ses émotions et les noya de la même façon qu’elle le faisait avec la conscience d’Eris. Jusqu’à ce qu’elle ne redevienne qu’une coquille vide.

    - “Répandue” est un euphémisme. Fut sa seule réponse. Elle savait qu’Eris était une fervente croyante. Elle l’avait suffisamment entendu rabâcher encore et encore “le soleil et la lune” comme une litanie pour empêcher Phèdre de prendre le dessus. Mais ça n’avait servi à rien. Ni la lune, ni le soleil, ni même les étoiles ne lui étaient venu en aide. S’ils existaient, ils avaient regardé Eris s’effondrer sans faire montre de pitié, sans lui tendre la main. Alors que les Titans, eux, qu’on les vénère ou pas, étaient présents. Bénédictus était bien placé pour le savoir.

    - Rien de mieux, c’est certain. Acquiesça la demi-elfe. Bien qu’elle eut préféré se diriger vers le Shoumeï. Quelque chose qu’elle n’arrivait pas à définir l’attirait là-bas. Mais elle savait que rallier le Shoumei en partant du Reike pouvait s’avérer… Délicat. Aussi elle avait tenu à brouiller les pistes. Partir d’abord vers la République, disparaître puis bifurquer vers le Shoumeï à la recherche de son identité et de ses souvenirs. Voilà son objectif.

    Pendant qu’elle était en train de réfléchir, Phèdre remarqua que Neera était rentrée dans la roulotte et qu’elle avait pris place sur la couchette non loin d’elle -sans doute celle qu’elle occuperait pour les nuits à venir- mais face à la sortie. Un sourcil arqué, elle s’étonna de son comportement sans chercher plus loin. Elle se fichait des excentricités de sa camarade.

    - Aurya. Répondit-elle brusquement, tellement que l’étonnement se lisait sur ses traits d’habitude de marbres. Elle cilla plusieurs fois avant de reprendre. - J’imagine, du moins, que si j’étais diviniste je tendrais à servir Aurya. Sa conscience ou peut-être celle d’Eris -mais elle en doutais- lui souffla que c’était bien plus qu’une tendance. Une fois de plus, elle fit la sourde oreille. Si la créature qu’elle était devait découvrir quelque chose, elle ne tenait pas à ce que cela soit en compagnie d’une inconnue, en plein milieu d’un désert qui la terrifiait et entouré d’un millier de guerriers qui ne réfléchiraient pas à la transpercer s’ils leur semblaient qu’elle était l’ombre d’une menace. Ce dont elle n’était même pas certaine elle-même. Phèdre était sa propre inconnue dans l’équation de son existence. Elle oscillait encore entre deux conscience sans savoir laquelle lui appartenait réellement tout en sachant que les deux faisaient partie d’elle. C’était une sensation troublante qui aurait pu briser un esprit plus fragile que le sien mais qui, par chance, ne faisait que renforcer sa détermination -et amoindrir celle d’Eris qui, pour sa part, n’avait jamais douté de qui elle était jusqu’ici.

    Enfin, la Tornade répondit à la question qu’elle lui avait posée avec à la foi trop d'entrain et trop d’informations. Quoi que si Phèdre avait voulu rester vivre en République tout ce qu’était en train de lui divulguer Neera aurait été l’équivalent d’une mine d’or. Mais Phèdre ne voulait pas qu’on la retrouve, ni que quiconque connaisse son existence. Alors dès qu’elle arriverait dans cette contrée, elle fausserait compagnie à Neera et disparaîtrait pour quelque temps. Si tout se passait comme elle l’espérait.

    - Je suis douée en magie. Dit-elle simplement. Et c’était la vérité, elle le ressentait jusque dans les os d’Eris. Sa magie était délicate, agile et vivace mais elle était aussi perverse et sournoise comme toutes les magies noires. Phèdre songea combien il était ironique qu’un être aussi doux qu’Eris se soit tourné vers ce type de magie. Un type qui lui parlait et qu’elle supposait connaître plutôt bien. - Je ne cherche personne. Ma famille et mes amis vivent tous au Reike. Elle haussa les épaules. Pourtant quelque chose dans le fin fond de son esprit sembla s’arquebouter, se tordre et gémir : “Soeur, soeur, soeur, soeur”. Sembla souffler cette chose avant de redevenir muette. La demi-elfe fronça les sourcils mais ne dit pas un mot.

    - Et vous, quel titans vénérez vous ? Une question anodine qui piquait pourtant son intérêt et avait vocation avant tout, à faire la conversation, au moins le temps qu’elles soient suffisamment à l’aise pour qu’un silence paisible règne entre elles.

    Phèdre tourna la tête vers l’extérieur. La silhouette d’Ikuza avait disparu à l’horizon. Ils n’étaient maintenant plus entourés que de dunes à perte de vue. D’ici quelques heures, ils feraient surement halte pour la nuit.


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  • Sam 11 Mai - 16:18
    - Je me suis toujours demandée. Comment pouvez-vous divinisez les mortels ? Vos pairs adorent les Astres, c’est une évidence, mais voir en vos souverains des divinités, est-ce que vous avez déjà franchi ce pas ? C’était là une question personnelle que Neera posait à Phèdre, mais difficile pour elle de comprendre qu’elles sont deux dans ce corps, qu’Eris pourra plus facilement répondre que Phèdre et que pour le moment c’est cette dernière qui domine le corps de la demoiselle. Pour l’heure, elle pense qu’elle est une adepte du shierak et qu’Aurya est la titanide qui lui plairaît le plus si elle était née dans l’autre religion. J’ai rencontré votre reine durant ses études à Magic, déclare la Républicaine, et je n’ai vu en elle qu’une jeune femme terriblement humaine. Très intelligente, très vive, très jeune, aussi. Mais avant tout humaine. Je ne comprends pas qu’on veuille lui imposer un fardeau qu’elle n’a sans doute pas demandé. Bien que ça peut arranger la Couronne dans un autre sens, soupire-t-elle, désormais installée dans la roulotte. D’un ton plus léger, elle ajoute :  Aurya est une divinité qui m’a toujours plu, parmi les Titans qui existent. Ce n’est pas à elle que va me dévotion première, mais elle se trouve sans doute en seconde position. Du moins, si je pratiquais plus. La belle a un sourire chaleureux alors qu’elle écoute son vis-à-vis révéler qu’elle est douée en magie, et que toute sa famille vit au Reike. Hum, son voyage sera solitaire, alors. D’ailleurs, la Tornade ne se rend bien compte que la demoiselle est moins loquace qu’elle. Un point qui ne le dérange pas trop. S’il en est, elle est prête à laisser régner le silence jusqu’à ce qu’on l’appelle pour faire un tour autour de la caravane. Mais cette fois, c’est la demi-elfe qui reprend la parole, pour lui demander qui elle vénère particulièrement parmi les Divins. Lothab. Point d’hésitation dans sa réponse et la maîtresse des éléments précise. C’est une tradition familiale, un héritage aussi si on veut, mais parmi tout ce qu’on m’a appris, c’est surtout ça qui est resté. Je ne suis pas indifférente à Aurya et à Exia non plus. La cause des autres… m’interpellent moins, et je pense que même comme ça, je ne veux plus m’en mêler. Elle en avait assez vécu pour les cinq cent prochaines années.

    - Quel type de magie maîtrisez-vous ? Il y en a énormément au sein du Sekai. Laquelle aimez-vous pratiquer ?

    La jeune femme ponctue sa phrase d’un léger sourire, montrant qu’elle semble ouverte à toutes les réponses possibles et inimaginables. Puis, lentement, mais sûrement, la conversation décroît, peut-être parce qu’on est aux heures les plus chaudes de la journée, et qu’elles sont donc les plus harassantes pour le corps et l’esprit. Ceux qui peuvent s’abriter somnolent, ceux qui sont en charge de s’occuper du bétail et de la marchandise se relaient pour ne pas faire une insolation sous le soleil mordant. De leurs côtés, les deux filles se relaient pour aller remplir leur gourde près des réserves d’eau, et à un moment ou l’autre, Neera vient à quitter Phèdre pour assurer la protection du groupe à des passages plus délicats, connus pour la fréquentation de bêtes sauvages. Les heures passent, leurs occupations les laissent peut-être aussi l’occasion de respirer un instant en solitaire. Finalement, le jour décroît, les étoiles s’installent, la caravane s’arrête pour la nuit. Et Neera revient avec deux parts de rations tout juste cuisinés par le commis du groupe de marchands.

    - Je nous ai ramenés deux portions de ragoût, déclare-t-elle en tendant un bol en bois rempli presque jusqu’à ras-bord à sa comparse. Prenez garde, c’est encore chaud. D’un geste, l'élémentaliste désigne un des feux de camp qui a été conçu autant pour réchauffer les voyageurs que pour éloigner les bêtes un peu trop curieuses. Nous pouvons aller là-bas, il n’y a pas encore grand monde. A moins que vous préfériez rester dans la roulotte ? L’un ou l’autre, Neera n’en a cure. On devrait rencontrer plusieurs hameaux, demain dans la journée, mais on ne s’arrêtera pas dans tous, ça dépendra de nos montures. Y a-t-il des choses que vous devez vous procurez ou vous avez ce qu’il vous faut ?

    La laissant répondre, Neera commence à manger alors qu’elle observe comment le caractère de Phèdre a évolué depuis leur première rencontre.

    - J’ai promis à un des marchands d’aller jouer un morceau de musique dans une bonne heure, pour divertir un peu la troupe avant que nous n’allions dormir. Vous voulez venir écouter ? C’est un très ancien morceau de ma composition, qu’une vieille amie m’a aidée à composer. Un morceau que Neera, à l’époque de ses études, avait composé avec l’aide de Siame, quand la statue de l’ange avait résidé chez elle et que les deux filles communiquaient, l’une oralement, l’autre par télépathie. A l’époque, Neera avait certes créé un morceau original uniquement conçu de sa main, mais pour faire plaisir à la servante d’Aurya, elle lui avait proposé de façonner également un morceau sous sa directive, pour que la jeune femme ait l’impression de créer quelque chose de sa propre main. Les deux protagonistes avaient pris plaisir à cet exercice, et bien que le temps ne détruise beaucoup de chose, cette musique était restée dans l’esprit de Neera, au point qu’elle savait encore la reproduire au piano ou à la flûte, même sans avoir de partitions sous les yeux.
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  • Mer 22 Mai - 23:17
    Bien que Neera lui eut paru tout à fait sympathique, une part de Phèdre rêvait de l’étrangler avec le lacet de ses bottines. L’écouter parler du Shierak la rendait malade, sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi. Probablement parce qu’Eris était une fervente défenseuse de sa lune, son soleil et ses étoiles, au moins autant qu’un chien galeux avec un os à moelle.

    - Impératrice. Rectifia Phèdre plus par réflexe que par véritable intérêt pour les titres de cette greluche qu’ils vénéraient tous. Elle ne l’avait aperçue qu’une seule fois. Ridiculement petite sur le dos de son dragon mais cela lui avait suffit pour la détester autant que pour la craindre. Quoi que ce n’était pas tant sa personne qui l’effrayait que ce qu’elle représentait pour son peuple et la ferveur qu’elle savait faire naître chez eux. D’une certaine manière, elle était en mesure de rivaliser avec les titans et cela la rendait plus terrifiante encore. De mortelle, cette créature aux poumons proéminent, était en train de s’élever au rang de déesse et ça ne plaisait absolument pas à la demi-fae qui ne pouvait empêcher quelque chose dans les tréfonds de son âme de s’agiter avec véhémence à cette idée. - Et je n’ai pas l’impression que ce fardeau lui pèse. Et si c’était le cas, s’il pouvait lui peser assez pour la broyer ce ne serait pas de refus. Quelque chose lui disait que là-haut, quelqu’un s’en réjouirait. Cette idée, amusante s’il en est, lui arracha un demi-sourire avant qu’elle ne retourne son attention vers la jeune femme.

    La curiosité vint éclairer son regard d’azur tandis qu’elle tentait de découvrir les mystères qui entouraient les croyances de Neera qui ne lui laissa pas le temps de la questionner.

    - Une qui ne plairait probablement pas à une femme comme vous. L’espace d’un instant, elle se demanda ce que ce serait d’enivrer une femme comme elle et si sa magie serait assez puissante pour la faire ployer. Ce fut elle, cette fois, qui se surprit à sourire mais contrairement à celui de Neera, le sien n’avait rien de bienveillant. Phèdre songea que même Eris, cette partie d’elle qui ne lui appartenait pas, n’était pas si bienveillante. Quel être sain d’esprit se tournerait vers une telle sorte de magie ? Pourtant de ce qu’elle se souvenait de leur existence, la magie d’Eris n’avait jamais servi à manipuler, extorquer ou quelque chose d’un tant soit peu amusant ; un véritable gâchis. Elle se demandait même comment une créature aussi docile qu’Eris en était venu à étudier la magie noire. Au fond d’elle, Phèdre en connaissait parfaitement la réponse.

    Phèdre détestait s’ennuyer pour bien des raisons, la première était simplement qu’elle avait l’impression d’avoir loupé tout un pans de son existence. Un sentiment impétueux la prenait dès qu’elle ne faisait rien, comme si le temps passé à l’oisiveté ne pourrait jamais être rattrapé. La seconde et pas des moindres était tout simplement Eris. L’inactivité semblait offrir plus de force à son Autre, si bien qu’elle la sentait flirter avec les limites de sa conscience comme si elle attendait un instant de faiblesse pour reprendre le dessus. Lorsqu’elle s’en rendait compte, Phèdre s’échinait à l'étouffer avec brusquerie jusqu’à ce qu’elle ne redevienne qu’une vague rémanence de conscience indistincte. Aussi, lorsque Neera revint avec deux portions de nourriture, elle ne se fit pas prier pour la suivre à l’extérieur et cela malgré le plat qui lui brûlait le bout des doigts.

    - Je n’ai besoin de rien sauf de prendre l’air. Dit-elle poliment en changeant la main qui soutenait sa portion de ragoût. Neera lui emboita le pas lorsqu’elle se dirigea vers le feu de camps et qu’elle s’installa aussi élégamment que possible dans un coin qui lui offrait un tant soit peu d’intimité. Assise en tailleur, elle se mit à picorer son plat du bout des lèvres, l’appétit lui manquait. Heureusement, elle pouvait -toujours- compter sur la tornade pour faire la conversation. Ce qui lui avait d’abord parut agaçant était finalement plutôt agréable sous certains aspects. - De la musique ? Y-a-t-il quelque chose que vous ne maitrisiez pas ? Dit-elle d’un ton où perçait une pointe de sarcasme. Elle ne se souvenait pas avoir jamais apprit à jouer d’un instrument, Eris par contre de part son éducation noble l’avait appris mais elle ne tenait pas à la laisser ressurgir pour démontrer l’agilité des doigts de cette garce.

    - Pourquoi la cause des autres vous interpelle-t-elle moins ? Demanda-t-elle en même temps que la question lui revenait. L’air nonchalant, presque désintéressée, elle écouta pourtant attentivement la réponse. Le reste de leur repas se passa dans une ambiance relativement détendu et ce ne fut que lorsqu’un homme se présenta, dansant d’un pied sur l’autre mal à l’aise qu’elles s’arrachèrent à leurs conversation pour rejoindre le groupe de marchand à qui Neera avait promis une chanson.
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    Neera Storm
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  • Mar 11 Juin - 18:28
    Un peu indifférente à la rectification de Phèdre – reine, princesse, impératrice, pour Neera, cela revient au même –, elle acquiesce simplement de la tête sans manifester l’intention de contredire sa compagne. Quant au fardeau qui pèse sur Ayshara, il est difficile de se prononcer à ce sujet. Certes, comme le dit la fille d’Aurya, cela ne semble pas trop déranger l’épouse de Tensai, mais l’enseignante est suffisamment mâture pour savoir que bien des gens de pouvoir ont un masque. Devant la populace, ils affichent une mine forte, et loin dans les coulisses, ils affichent leur vrai moi, certains ayant une personnalité cruelle, là où d’autres essaient tout simplement de bien faire. La Républicaine se demande un instant si la Fae n’a pas une position biaisée vis-à-vis de la dirigeante du pays, mais en vérité, elle ne peut pas tellement la critiquer, puisqu’elle-même a toujours eu une bonne opinion de la princesse, depuis leur rencontre à Magic. Autant laisser couler, se dit-elle patiemment, de toute façon, elles ont d’autres sujets de discuter.

    D’ailleurs, elles abordent la magie de Phèdre, et une fois encore, la sang-mêlée remarque que cette dernière est peu loquace, mais qu’elle va toujours à l’essentiel. L’élémentaliste mesure sa réponse et se surprend à sourire en songeant que sa voisine de chambre a eu un bon jugement à son égard.

    - La magie physique ou la magie noire, alors. Comme vous n’avez pas l’air d’une guerrière, je partirais plutôt sur les arcanes de la corruption.

    Phèdre n’est pas obligée de lui confirmer son analyse, mais elle sentira que la belle aux cheveux d’argent est assez sûre de son prognostic. La sœur de Siame aura d’ailleurs un étrange sourire, dont la demi-titan lui laissera le secret, puisqu’elle partit bientôt faire un tour de la caravane pour assurer la sécurité de la caravane avec d’autres guerriers et éclaireurs. Quand elle revient, avec les deux bols de ragoût, la Reikoise lui révèle qu’elle souhaite prendre l’air, et ce n’est pas Neera qui va la contredire. Le duo s’installe donc près d’un feu de camp encore relativement tranquille, et quand son vis-à-vis lui demande avec ironie s’il y a un domaine qu’elle ne maîtrise pas, la magicienne lui répond avec humour.

    - La magie noire. Son sourire s’élargit avant qu’elle ne continue. Mais je dois admettre que je ne suis pas la plus douée non plus en cuisine. Ni en tâche ménagère d’ailleurs. Je me suis trop reposée sur mon intendant, que je connais depuis l’enfance. Et sinon, en cherchant un peu, je suppose que je pourrais trouver encore quelques domaines où je laisse particulièrement à désirer, glisse-t-elle avec une pointe d’autodérision. Son regard, qui reste bienveillant et relativement jovial, se penche alors sur la jeune femme. Et vous, en quoi vous n’excellez pas ? On doit bien avoir un point commun quelque part, fait la professeure avec un léger ricanement.

    Neera prend ensuite le temps de réfléchir à la question intelligente de Phèdre, et un silence ponctue leur repas, qui n’est pas désagréable en soi.

    - Pourquoi la cause des autres m’interpellent moins ? finit par demander la semi-titanide comme si elle cherchait elle-même à y répondre. A cause du temps qui passe et du fait que tout le monde disparaît, peut-être ? Alors qu’elle ne vieillissait pas. A cause du fait que ce monde est bien plus souvent hypocrite et mauvais que sincère ? La politique républicaine en est un merveilleux exemple, vous savez. L’enseignante de Magic marque un petit silence. Il faut recommencer, recommencer, redire encore et toujours la même chose face à des gens qui vous sourient, font semblant de vous écouter pour la plupart, mais ne veulent rien entendre. Je trouve cela lassant et je leur laisse leurs combats de coq. La diviniste lève les yeux vers le ciel nocturne rempli d’étoiles, puis elle continue. Il y a aussi le fait que je ne trouve pas forcément de raisons de m’investir dans une cause particulière – si ce n’est l’Université et la protection de ma nation, auxquelles j’appartiens. La cause des Titans, par exemple. Pourquoi m’impliquer dans leur combat s’ils n’ont jamais rien fait pour moi et inversément d’ailleurs ? J’ai toujours eu tendance à penser qu’ils vivaient dans leur monde là où nous vivions dans le nôtre. Il y a bien eu la destruction de Sancta et la fameuse offensive de Sable d’Or. Il y a bien eu Bénédictus, songe-t-elle, même si ça, elle ne pouvait en parler tranquillement avec son homologue. Et il y aurait encore l’apparition de l’avatar de Kaiyo, dont elles n’ont pas encore conscience, d’ailleurs. Mais cela ne me convainc pas à partir en croisade contre les non-croyants, puisque les Divins peuvent - et sont censés pouvoir - s'en occuper eux-mêmes. Bref, reprend-elle, c’est une question compliquée. Je suppose que c’est davantage pour me protéger, pour moins perdre mon temps. Mais ne vous méprenez pas, quand je m'implique dans des causes que je pense juste, je peux devenir une lionne.

    Elle ignore si Phèdre lui répondra. Ce qui est sûr, c’est qu’elles ont le temps de finir leur repas en douceur, jusqu’à ce qu’un garçon ne vienne les chercher pour réclamer la présence de Neera, près du feu de camp principal. Bien plus large pour accueillir plus de voyageurs, le duo y est accueilli avec des œillades curieuses et joyeuses, sans doute parce que le groupe est bien content d’avoir une distraction musicale l’espace de quelques instants. Laissant sa nouvelle amie s’installer où elle le désirait, Neera, pour sa part, reste debout, et après avoir obtenu l’assentiment du chef de la caravane, la jeune femme prend son instrument et commence à jouer sa mélodie.

    Les notes s’élèvent, calmes, paisibles, transmettant à la fois un air nostalgique, triste, et joyeux en même temps. Un air qui représentera à la fois la fougue de la jeunesse : « Puisque je dois composer mon propre morceau pour mon cours de musique, pourquoi est-ce que tu ne participerais pas, en me disant ce que tu as envie d’écouter ? Une musique lointaine que tu as aimée, que tu as composée, que tu as entendu jouer. Ce ne sera pas tricher, puisque je devrais tout faire de mes propres mains. Et en même temps, il s’agira d’un air commun aux deux sœurs, qui représentera soit un temps de joie et de paix, soit un temps lointain qui s’approche déjà de leur longue séparation. Neera ne s’imaginera pas tout ce que cela pourra susciter chez la diviniste assise à quelques mètres d’elles. Pour sa part, elle rend simplement hommage à une époque de sa vie qui lui est restée chère, puisqu’elle y avait encore les membres de sa famille et sa chère confidente, avec qui la jeune femme partageait bon nombre de secrets.
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  • Dim 30 Juin - 19:03
    Il n’y avait rien de doux et de paisible dans la musique que Neera était en train de jouer. Phèdre l’avait d’abord cru, lors des premières notes puis c’était comme si elles s’étaient mise à lui parler. Son nez s’était relevé, intéressé par ce qui, au départ, ne lui donnait même pas envie de tendre l’oreille. Et brusquement, alors que la musique n’avait de cesse de progresser, les notes la gifflèrent avant de réduire son estomac en bouillie. C’était comme si son corps était subitement piétiné par la caravane de voyageurs dans son intégralité, comme si les guerriers qui constituaient leur convoi s’amusaient à danser la gigue sur son ventre jusqu’à ce qu’il ne reste plus de ses organes qu’une purée informe. L’espace d’un instant, Phèdre cru qu’elle allait rendre son repas sur les pieds de Neera, là, devant tout le monde. Heureusement elle n’en fit rien, seul son teint devint cireux et maladif.

    La chanson dura, dura et dura encore. Et c’était un véritable supplice pour la demi-fae sans qu’elle ne parvienne à comprendre pourquoi. Quelque chose en elle semblait s’agiter en réponse à la mélodie à la manière d’un chien qui tenterait de s’échapper d’une cage, de ronger les barreaux. Les yeux bleus, le regard sans fin, Phèdre n’avait cessé de fixer la Tornade comme si cela allait lui apporter des réponses à ses questions. Mais rien ne vint, seulement ce sentiment profond de mal-être et cette petite voix qui n’était ni la sienne, ni celle d’Eris et qui lui soufflait doucement, insidieusement, qu’elle était en train de louper quelque chose, qu’elle était aveugle à ce qu’elle aurait du voir. Cette idée la mettait plus en colère encore qu’elle ne l’était déjà. Lorsque la dernière note s’éteignit sur la flûte de Neera, que l’air eut complètement quitté l’instrument, Phèdre était à un cheveux de se lever pour la lui faire avaler. Son regard était lointain mais les jointures de ses doigts étaient aussi blanches qu’un mort tandis que dans ses paumes l’on devinait la forme en demi-lune de ses ongles qui s’y étaient imprimés. La troupe resta un moment silencieuse après que le morceau fut terminé, sans doute impressionnée par la dextérité de la jeune femme. Phèdre, elle, restait immobile parce qu’elle craignait d’étrangler la musicienne de ses propres mains ou de s'effondrer à cause de ses jambes qui n’étaient plus que du coton. Peu à peu, la foule sortie de sa torpeur et les applaudissements se firent entendre mais il fallut encore une poignée de minutes à Phèdre pour reprendre ses esprits.

    - C’est une belle chanson. Réussit-elle finalement à articuler d’une voix râpeuse. - Où l'avez vous apprise ? Quelque chose en elle refusait d’entendre la réponse, alors elle combla le blanc avant même que Neera ne puisse le faire. - Êtes vous sûr que les Divins n’ont rien fait pour vous ? La façon dont vous jouer… Phèdre laissa ses mots en suspens. Neera en comprendrait aisément le sous-entendu. - Les Divins ont façonnés le monde, d’après les légendes, vous avez été élevé dans leur foi et pourtant vous ne semblait pas croire en eux. Elle-même n’était pas véritablement en accord avec ce courant de pensée qu’elle savait parasité par les croyances d’Eris, les mêmes qui l’empêchait de détester complètement cette maudite impératrice tout comme à vénérer pleinement ces dieux qui, si elle les avait partiellement oublié, l’attirait. - Vous êtes étrange. Finit-elle par lancer tout en se levant, époussetant sa robe du bout des doigts. - Je vais me coucher, la journée de demain sera longue et la nuit sans doute courte.

    Sans demander son reste, ni accorder le moindre intérêt à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui, pour certains, levaient des yeux intrigués dans sa direction, Phèdre s’éloigna de la lueur chaleureuse du feu pour s’enfoncer dans les ténèbres qui entouraient le reste du camp. Elle marcha avec calme, d’une démarche chaloupée qui lui était propre et ce ne fut que lorsqu’elle eut atteint sa roulotte, que la porte se fut refermée sur elle qu’elle s'effondra sur sa couche en pleurant le manque de quelque chose ou de quelqu’un dont elle avait complètement oublié l’existence mais qui avait été éveillé par quelques notes de musique. Le sommeil ne tarda pas à la faucher, lui faisant grâce de quelques heures de paix, à peine troublée par des cauchemars dont elle avait l’habitude.
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  • Dim 7 Juil - 22:43
    Neera n’a ni le temps, ni la possibilité de voir les réactions de Phèdre lors sa prestation. Occupée à jouer cette musique qu’elle connaît désormais par cœur, elle laisse les notes traverser les terres du désert. Cette mélodie est à la fois simple, douce, et nostalgique : elle est le témoignage muet d’une période paisible mais ô combien lointaine. Impossible pour les spectateurs de savoir que ce morceau a été composé à quatre mains, qu’il vient surtout d’une Autre, à qui la demi-titan a voulu un jour faire plaisir, pour la tirer de sa terrible solitude. Car, quand bien même l’ange d’Aurya a toujours été aimée et protégée dans la demeure des Storm, il n’en reste pas moins qu’être figée comme une statue est un châtiment infâme et sordide. Impossible d’agir, impossible de se mouvoir, impossible même de parler, si ce n’est pas télépathie. Cela a de quoi rendre fou. Alors, lui lancer un défi pour lui occuper l’esprit n’a rien d’extravagant, quand on y pense, surtout que l’étudiante qu’elle était alors devait bel et bien composer un morceau original dans le cadre de son cursus. « Imagine que tu es mon mécène et que tu veux un morceau parfait, comme Aurya ! », lui avait lancé la magicienne avec un ton de malice dans la voix. Le challenge était particulier, original, et se prêterait à de nombreux heures de travail. Mais c’était aussi un moyen de passer du temps ensemble, de s’échanger des anecdotes, d’écouter (encore) de nombreuses histoires qu’avaient vécues Siame. C’était naturellement un moyen caché de distraire l’ange et puis, c’était une trace de leur affection mutuelle, bien que déjà quelques siècles avaient passé depuis.

    De toute évidence, Neera ne savait pas, ne pouvait se douter que cet morceau trouverait un écho chez la sœur de son amie. A dire vrai, la Tornade pouvait encore moins imaginer qu’elle jouerait cette mélodie en sa présence. Tranquille et sereine, elle joue sans lui accorder un coup d’œil, et ne peut donc concevoir qu’elles ont des états d’esprit totalement contradictoires. Pire, quand les notes se calment, la jeune femme ne se rassoit pas tout de suite, laissant les quelques applaudissements faire leur office, pendant qu’on lui pose quelques questions sur la musique elle-même. Avec patience, la Républicaine répond tout en restant volontairement vague, puis, elle invite un autre voyageur de la caravane à montrer ses talents pour distraire l’assemblée. Il n’y a pas qu’elle, heureusement, qui sait jouer.

    Lorsqu’elle s’assoit, l’enseignante entend les commentaires de Phèdre, mais à peine a-t-elle posé une question qu’elle y répond toute seule. Neera songe certes bien à ouvrir la bouche, mais le regard absent de la demi-elfe l’intrigue. C’est comme si elle n’était pas bien ou qu’elle n’était pas réellement présente. Qu’elle n’attendait pas réellement de réponses en réalité. D’ailleurs, quand sa compagne l’interroge sur les Divins, sur le fait qu’elle ne semble pas croire en eux, il lui est difficile de trouver une répartie efficace. Hésitation pendant laquelle Phèdre rompt elle-même la conversation en lui déclarant qu’elle va se coucher. D’un geste de la tête, Neera opine et ne la retient pas : elle l’observe toutefois pensivement rejoindre leur roulotte. L’intéressée avait beau dire, elle aussi avait eu un comportement étrange…

    Mais impossible pour elle d’investiguer là-dessus. Sa voisine ayant laissé sa place, voilà qu’une elfe à l’aspect aimable vient lui faire la conversation pour savoir si elle a d’autres musiques dans son répertoire. Les échanges reprennent, on demande plus tard à la semi-titanide de jouer encore l’un ou l’autre morceau. Et les minutes, puis les heures passent, jusqu’à ce que la soirée se termine et qu’il soit l’heure de rejoindre le monde des rêves. Quand la Tornade rejoint Phèdre, elle constate que celle-ci est plongée dans un sommeil paisible, et elle est suffisamment adroite pour rejoindre ses affaires sans faire de bruit. Leur conversation, elles la continueront demain. Pour l’heure, il est temps de dormir.

    ***
    Neera avait été la première à se réveiller, probablement peu habituée à être chahutée par les bruits de la caravane, et par la lumière du désert. Elle était une citadine qui vivait de surcroît dans un certain luxe : impossible donc pour elle de faire la grasse matinée, et de toute façon, si les deux filles voulaient se faire bien voir, elles avaient intérêt à se mettre à l’ouvrage. Mais il y avait encore un peu de temps avant que le groupe ne se remette en marche, et la professeure en profita pour prendre les devants. Récupérer de l’eau, saluer quelques personnes dont elles avaient fait connaissance la veille, aller chercher enfin leurs rations du matin, qui serviraient à leur caler l’appétit jusqu’à leur prochaine grosse halte : tout cela prenait du temps, et lorsque l’élémentaliste revient à la roulotte, elle aperçoit que sa nouvelle « amie » est bien réveillée. Du coin de l’œil, il lui semble que la jeune femme a veillé à ce que toutes leurs affaires soient en ordre, et après une salutation, doublée d’un sourire chaleureux, Neera lui tend à la fois le précieux liquide qu’elle a récupéré, ainsi que de quoi caler son estomac.

    - Je me suis permise de prendre les devants, fait la Tornade. J’espère que cela ne vous dérange pas. Une pause. Puis, après un silence un peu pesant, elle demande : On peut se tutoyer ? C’est que cela pourra leur servir, et puis, elles ont des choses qui n’ont pas encore été éclaircies depuis hier soir. D’ailleurs, elle reprend de manière un peu abrupte, après que leur discussion soit retombée encore une fois. C’est une amie qui m’a apprise cette chanson, fait-elle sans détour. Cela fait… disons presque cinq siècles que je la connais. Je l’ai composée pour elle, sous ses directives. Neera lève la tête pour regarder les dunes sans fin qui les entoure. Son regard est songeur, signe qu’elle ne raconte pas à tout le monde ces détails. Disons que sa condition était… particulière, et que j’ai voulu lui faire plaisir. J’étais étudiante à ce moment-là. J’avais besoin de composer un morceau inconnu au bataillon pour mon cursus à Magic et… je me suis dit que j’allais la mettre à contribution. Un sourire effleure son regard. C’était amusant. Mais c’était aussi difficile de retranscrire exactement le son qu’elle voulait. Siame était exigeante, et cela m’allait tout à fait. Mais combien de partitions chiffonnées, combien de brouillons ratés, combien de minutie vis-à-vis de son instrument aussi. Quant aux Divins… Une moue, qui la rajeunit quelque peu, apparaît sur son visage. J’ai toujours cru en eux. Enfant, je les croyais littéralement capable de tout. Avec son regard de gamine, Neera les voyait évidemment « du bon côté de la force » grâce à son éducation diviniste. Mais ma mère leur a voué une affection particulière, une dévotion particulièrement… forte. Au point qu’elle a franchi la ligne rouge. A Liberty, on accepte beaucoup de choses, mais quand on se met à prêcher la bonne parole avec vigueur et avec… oui, avec fanatisme, il y a toujours quelqu’un pour vous arrêter. Ma mère a été placée dans un établissement psychiatrique, ma famille mise en garde à vue. Je crois que je Leur en ai voulu un peu. Un silence. Un peu beaucoup. Ce qui est sûr, fait Neera avec franchise, c’est que ça a été une redoutable leçon de vie sur les… les écarts de conduite auxquels peuvent mener la foi. Je pense que cela m’a tellement marquée que cela m’a poussée à mettre les Divins d’autant plus de côté. Je n’ai jamais perdu la foi, mais contrairement à celle qui m’a engendrée, ils n’étaient pas ma priorité. Et puis, j’avais mes études qui me passionnaient à ce moment-là, ricane-t-elle. Ca n’a pas aidé.

    Cette fois, Neera laisse un silence plus long s’établir sur leur campement, et elle se demande, un bref instant, comment Siame aurait réagi à la « détention » de la matriarche Storm. Elle était partie peu avant que la tempête ne s’abatte sur leur famille.

    - Ceci explique donc cela, lance-t-elle d’un ton plus enjoué. Mais après, je n’ai jamais eu de véritables raisons de m’investir auprès d’eux ensuite. En cinq siècles, ils n’ont pas interagi dans ma vie et inversément. Un arrangement qui m’allait très bien jusqu’à ce que… … je fasse la monumentale connerie d’aller au Bénédictus, est-elle à deux doigts de lâcher. Mais elle en a assez dit, et elle renvoie donc la balle à Phèdre, avec une question somme toute très banale. Vous avez bien dormi ?
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  • Mer 17 Juil - 23:10
    La nuit était passée en un éclair. Il y avait un instant le ciel était criblé d’étoiles, désormais il était d’un bleu éclatant et surplombé d’un soleil qui promettait une journée brûlante. Phèdre méprisait la chaleur étouffante de ce pays et n’avait de cesse de se demander comment diable Eris faisait pour porter ses robes à longueur de journée. Faites d’étoffes légères, leur couleur ébène avait la fâcheuse tendance à absorber les rayons du soleil ce qui avait pour conséquence de lui donner l’impression de cuire de l’intérieur. Mais Eris n’était pas d’une nature à déambuler dans les rues en plein journée, songea-t-elle. Elle était un véritable rat de bibliothèque, amoureuse de sa solitude, de ses bouquins miteux, de sa poussière et de cet abruti de noble qui arrivait même à faire vibrer son propre cœur. Oh Phèdre était lucide à ce sujet, elle savait que ces sentiments n’étaient pas les siens, qu’ils n’étaient qu’une forme contagieuse de ceux de son Autre. Il n’empêchait qu’elle ressentait ce pincement dans sa poitrine lorsqu’elle pensait à lui et qu’elle s’en languissait presque autant que lorsque Eris avait le dessus. Cette idée la fit grincer des dents et malgré l’agitation -qui lui laissait supposer que sa camarade de chambrée était débout- elle n’esquissa pas le moindre geste. Neera avait le pied léger, au grand soulagement de la demi-fae qui profita de sa prévenance pour se rendormir ; d’aussi loin qu’elle se souvienne elle -tout comme Eris- n’était pas du matin.

    Ses paupières étaient à peine clauses qu’elle les rouvraient déjà. Son regard se porta sur l'entrebâillement de la fenêtre et elle devina à la forme des ombres des caravanes projetées sur le sol qu’elle avait trop tardé. Malgré elle, Phèdre s’arracha à sa couche avant d’entreprendre de se laver le visage autant que faire se pouvait puis d’enfiler une tenue plus décente -et moins froissée-. A la va vite, elle rangea ses propres affaires puis tout aussi hâtivement elle refourgua celle de Neera à leurs places, rangea quelques babioles pour donner le change. Ce fut exactement le moment que choisit la Tornade pour se joindre à elle.

    “Les dieux sont avec moi.” Soupira-t-elle en son for intérieur alors qu’elle accueillait la nouvelle venu par un regard scrutateur. Égale à elle-même, Neera lui sourit et lui tendit même de quoi manger. Les sourcils de Phèdre convergèrent l’un vers l’autre ; lui avait-on déjà apporté son petit déjeuner ? Quelque chose lui soufflait que la réponse à cette question était un oui. Un ange passa et elle s’obligea à se détourner de ses souvenirs brumeux.

    - Merci.

    Assise sur sa couche, les genoux serrés l’un contre l’autre pour soutenir l’assiette et son verre posé à même le sol, la jeune Fae ne se fit pas prier et attaqua son repas. Finalement, elle était morte de faim. Et d’humeur à écouter Neera qui se lançait dans nouveau discours. Tant mieux, cela lui laissait le temps de manger sans avoir à s'arrêter en plein milieu d’une cuillérée pour répondre.

    - Jusqu’à ce que quoi ? Demanda Phèdre qui n’était pas d’une nature à passer par quatre chemins. - Tu dis qu’ils n’ont pas interagi dans ta vie, ni toi dans la leur. Mais tu n’en sais rien. Tu ne sais rien et c’est normal. Les entités comme les Titans ont d’autres choses à faire que de laisser leur carte de visite mais lorsqu’ils le font… Phèdre inspira profondément par le nez, domptant les rémanences de souvenir tragique qui, au lieu de la dégouter, semblait éveiller ses instincts. - Ce n’est pas à moitié. Pour le bon comme le mauvais. Admit-elle cependant en songeant à ces villes qui avaient été détruites. Mais pouvait-on en vouloir aux Huit d’avoir voulu recadrer leurs brebis égarées et d’avoir tenté de mettre en déroute ce peuple qui les défiait depuis trop longtemps ? Phèdre comprenait, elle aurait été tout autant en colère à leur place. Eris quant à elle était moribonde. Cette conversation ne la laissait pas de marbre et même si Phèdre la tenait fermement muselée, elle la sentait se débattre avec vigueur tout comme elle entendait le trémolo de sa voix répétant sans cesse dans un murmure confus : “La lune et le soleil, la lune et le soleil, la lune…” avant de s’éteindre.

    - Quant à ta chanson… Ses lèvres se pincèrent. - Il m’a semblé l’avoir déjà entendu. C’est étrange. Peut-être nos routes se sont-elle déjà croisées. Peut-être même était-ce là un simple souvenir d’Eris et non pas d’elle-même. Leurs mémoires étaient à la fois si liées et si confuses qu’il était souvent difficile de s’y retrouver. - Es-tu certaine que ta mère était véritablement folle ? Ne dit-on pas qu’un fou qui persévèrent dans sa folie rencontre la sagesse ? Et si c’est bien le cas, n’est-ce pas ce peuple le problème et non pas Eux ? Ont-ils enfermés une folle ou une femme ? Demanda-t-elle un sourcil arqué, attendant la réaction de la jeune femme. Depuis leur rencontre, c’était la première fois qu’elle laissait entrevoir vers qui allait sa loyauté et cela lui faisait un bien fou.
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    Neera Storm
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  • Mer 24 Juil - 0:42
    Phèdre avait eu la délicatesse de ranger un peu leur loge, chose que la Tornade ne s’était pas occupée de faire, puisqu’elle s’était levée plus tôt que sa compagne de chambre. Si Neera s’était permise de se débarbouiller, de changer de tenue et se passer un coup dans ses cheveux, la jeune femme n’avait pas fait plus. Non par mauvaise volonté, mais parce que cela aurait sans doute réveillé la demi-elfe, qui dormait profondément sur sa couche. Elle avait préféré s’esquiver en toute discrétion, déjà faire un premier tour du campement, profiter aussi des quelques étoiles qui disparaissent doucement à la lueur de l’aube. Puis, elle était passée au centre du camp pour prendre deux rations matinales pour elle et la Reikoise. A son retour, cette dernière s’était réveillée, et l’enseignante décida de s’installer à ses côtés pour manger. Après avoir pris quelques bouchées de son petit-déjeuner, ce fut la fille de Lothab qui relança leur conversation, et bien que Phèdre ne réagît pas de prime abord, elle devina qu’elle l’écoutait, et d’ailleurs, la voyageuse finit par réagir à certains de ses propos.

    - Jusqu’à ce que je décide de suivre une vieille connaissance à Bénédictus, finit-elle par répondre à la dernière interjection de Phèdre. Un… pélérinage que je ne pensais pas faire – ça c’était vrai – et qui s’est fini d’une drôle de façon. Mais ce n’est pas une histoire intéressante. Tu parles, tu ne veux surtout pas entrer dans les détails et la voir te regarder comme une folle. Heureusement pour la professeure, la demoiselle lui fait part de son point de vue sur les Titans et Neera l’observe avec une mine intriguée. On ne dirait pas que de tels propos puissent naître d’une Reikoise, plutôt d’une diviniste fervente. Sur certains points… Je suppose que c’est vrai. Quand ils interviennent, ce n’est pas à moitié. Bénédictus, Sancta, Sable d’Or s’en rappellent d’ailleurs très bien. La sang-mêlée aussi, mine de rien, est une preuve vivante de l’intervention titanide, mais cela, Neera l’ignore royalement. Elle réfléchit plutôt aux propos de Phèdre et continue sa réflexion. Cela dit, pour ce qui est de ne pas laisser leur carte de visite… J’ignore si c’est toujours une bonne chose. Leur indifférence envers leurs serviteurs – au moins la plupart d’entre eux – n’aide pas forcément à leur être dévoué. Je veux bien qu’il y ait des ploucs qui ne méritent pas leur attention, ça c’est normal, il y  en aura toujours. Mais il y en a d’autres qui leur consacrent toutes leurs vies. Ceux-là ne méritent pas quelques signes de leur attention ? Une légère pause. Evidemment, on pourrait croire que réclamer des signes, c’est rester au stade « enfantin » de la foi. Celui qui croit, dur comme fer, en des divinités n’a pas besoin de telles choses. Mais le monde est tellement en proie à des forces contraires que les races de ce monde ont besoin de soutien à leur foi vacillante, quelle que soit nos croyances… Un léger haussement des épaules. Cela dit, leur manifestation récente est une preuve incontestée et indiscutable de leurs existences et de leurs puissance. Celui qui dirait l’inverse est stupide. Même le Reike a eu du mal à vaincre le Forgeron.

    C’est ensuite à son tour de se taire quand Phèdre évoque la chanson qu’elle a jouée la veille. Elle suppose que les deux jeunes femmes se sont peut-être déjà croisées, mais la Tornade a beau chercher, elle ne se souvient pas de leur rencontre par le passé.

    - Alors je ne m’en souviens pas, fait-elle de manière honnête.

    Mais leur conversation prend une autre tournure quand son interlocutrice vient à parler de sa mère, celle-là même qui est entrée dans un internat psychiatrique à un moment de sa vie, à cause de sa dévotion aux Titans. Les propos de la fille du désert la surprennent tellement que la cuillère en bois de la diviniste s’immobilise et qu’elle en arrête de manger.

    - Je…

    Qu’est-ce qu’elle vient de lui dire, là ?

    - C’est…

    Comment est-ce que Neera est même censée réagir ? Phèdre vient de lui présenter un point de vue que personne, sinon Mégère peut-être, n’a adopté jusqu’à présent. Un peu désarçonnée, l’enseignante repasse dans son esprit ce que son interlocutrice vient de lui dire.

    - La République a toujours été athée… commence-t-elle avec une inflexion de voix qui manque de conviction, car le problème n’est pas là et les deux femmes le savent bien. Et ma mère, – ça, personne ne le lui enlèvera – ma mère est la croyante la plus convaincue qu’il m’ait été jamais donné de rencontrer. Mais ce n’est pas le cœur du sujet de Phèdre. On peut croire et ne pas être fou. Son dévouement pour la cause diviniste n’avait pas vraiment de bornes, pas vraiment de limites, poursuit la Tornade en maugréant. Il est normal que les autorités aient pris des mesures à partir du moment où elle voulait convertir sa nation aux Titans. Ca allait contre l’identité même de la Nation de l’Est, qui respecte les opinions de chacun, tant qu’on n’impose pas une foi en particulier à ses citoyens… Admettre le contraire, même un peu, à savoir que la République – et donc sa famille-même – était en tort, revenait naturellement à avoir des pointes de doutes, de culpabilité ou de regret.  Sa mère, pas une folle ? Non, elle l’était forcément. Sa reconnaissance envers les Huit l’avaient dépassée, au point de faire d’elle une fanatique, tout simplement. Ca ne pouvait être que ça. D’ailleurs, elle a bien une preuve pour étayer ses dires, à laquelle Neera songe forcément alors qu’elle est plongée dans ses souvenirs. A la maison, je dois admettre qu’elle était normale, hormis les prières d’usage, par exemple, avant les repas. Elle avait tout l’air d’une noble respectée, mais, dès qu’on s’aventurait sur le domaine de la religion, son caractère absolu ressortissait : elle était intraitable et n’avait pas peur de dire ce qu’elle pensait. C’était aussi pour cela qu’elle avait attiré l’attention des autorités publiques, d’ailleurs. Qu’elle discute, qu’elle argumente, qu’elle attire l’attention sur nous, je pouvais encore lui pardonner, bien que ce fût désagréable d’être passé à la loupe par quelques enquêteurs. Mais quand elle m’a secouée comme un prunier en me disant que j’étais la fille d’un dieu… Je me suis rendu compte que ça allait trop loin. Elle avait franchi une limite sans même que je m’en aperçoive. Je pouvais accepter beaucoup de choses, mais ça ? Qui croirait que quelqu’un est sain d’esprit, quand il te sort que tu es le fils d’une divinité ? Qui le croirait ? C’est insensé, réplique Neera en replongeant sa cuillère dans son bol et en finissant par mettre un morceau de gruau d’avoine dans sa bouche. Puis, elle marmonne, plus pour elle-même : On a beau m’avoir dit que le souvenir est la clé de mon essence, et que je devais me souvenir de la mélodie de mon âme, – écho direct de sa vision à Bénédictus – c’est plus facile à dire qu’à faire, quand même…
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  • Jeu 1 Aoû - 11:17
    Phèdre souriait. Un sourire léger, presque discret qui décorait joliment son visage de poupée. Mais c’était ses yeux qui en révélaient le plus. C’était eux qui délivraient l’entière vérité de ses intentions, eux qui hurlaient “vacille, vacille, vacille” alors qu’elle sentait le doute s’insinuer en Neera. Phèdre ne savait plus qui elle était, en revanche elle était certaine d’adorer ce qui était en train de se passer et de parler des huits… Qui qu’elle put être autrefois, elle leur était dévoué. Plus qu’une affirmation, c’était désormais une certitude. Une part d’elle l’avait toujours sut et sa fuite du Reike n’en devenait que plus logique. Pour ce qui était de son identité, elle était certaine que tôt ou tard, celle-ci finirait par lui revenir. Pour l’heure elle devait avant tout mettre le plus de distance possible entre cette nation barbare et elle. Si cela devait la mener chez les impies de la République soit, elle savait désormais qu’il lui faudrait faire profil bas quant à sa foi. Ce qui ne devait pas être trop difficile, tant qu’Eris ne décidait pas de reprendre sa place. Pour l’instant muselée, la conscience ne fit que ruer faiblement dans un coin de sa tête. Le sourire de Phèdre s’agrandit avant qu’elle ne repose ses yeux bleus malfaisant sur la Tornade.

    La fille d’un dieu, hein ? La sang-mêlé passa son visage au crible, sa peau brune dont le contraste avec ses cheveux blancs était saisissant, ses yeux opaques qui auraient pu paraître ne rien voir, sa grande taille qui surplombait sans peine Phèdre d’une voire deux bonnes têtes et ses muscles larges et solides. Sans parler de la magie dévastatrice qu’elle pouvait manier. Il n’aurait pas été impossible qu’elle soit le rejeton d’un des huit.  

    - Et si c’était le cas ? Demanda-t-elle de son timbre doucereux, presque chantant. - Et si le cadeau de la dévotion de ta mère, ç’avait été toi ? Elle pencha lentement la tête comme un chat observerait une souris avant de lui arracher la tête. - Les titans sont durs, c’est une certitude. Ils sont parfois même cruels -souvent en vérité- mais leurs récompenses sont assurément aussi colossales que leurs punitions amères. Et même si elle ne s’en souvenait pas, Phèdre avait déjà offert certains de ces présents par le passé. Recevoir l’engeance d’un ange était déjà un cadeau de grande valeur mais être la mère de l’enfant d’un titan, ça c’était encore bien au-delà. Et si la mère de Neera disait vrai, alors la mettre en hospice était un affront aussi bien à la fille qu’au père.

    Un silence s’installa tandis que Phèdre portait à sa bouche une cuillérée de ce que Neera lui avait rapporté. C’était de loin la chose la plus insipide qu’elle avait mangée mais son estomac criait famine.

    - Tu ne t’es jamais dit que si les Titans sont aussi en colère, aussi revêche c’est parce que le monde s’est détourné d’eux ? Dans les temps immémoriaux, le monde servait les dieux et les jours étaient heureux. Désormais la guerre est aux portes de chaque nation. Le Reike tue les divinistes, tue les tiens. Reprit Phèdre quand elle eut terminé son assiette. - La République les a parqués comme du bétail. Comment veux-tu que leur foi ne vacille pas ? A nouveau, Phèdre accrocha les prunelles pâles de Neera. - On a fait de ta mère un embarras, un affront à la “bonne société”. On a voulu te faire croire qu'elle mentait. Alors que c’est un martyr. Regarde plus attentivement autour de toi désormais, et lorsque nos chemins se recroiseront… Nous en rediscuterons. Phèdre hésita à utiliser ses pouvoirs sur la jeune femme, à renforcer le doute dans son esprit afin de la forcer à se poser des questions. Toutefois, elle savait la Tornade puissante, capable de détecter son intrusion. Sans parler du moment où leurs routes se sépareraient et où elle se rendrait compte de l’influence de Phèdre. Et puis, il y avait un côté amusant à regarder l’incertitude creuser une tranchée dans son esprit.

    Finalement, la jeune demi-sang s’arracha à sa couche, lissa sa robe et avala son verre d’eau d’une traite.

    - Peut-être que la méditation t'aidera à te souvenir de la mélodie de ton âme. Suggéra-t-elle, sans conviction mais non sans songer qu’il lui serait bon à elle aussi de se pencher sur la question. Ne serait-ce que pour savoir de quel bois était faite celle d’Eris. Traversant l'habitacle de leur voiture, elle était sur le point de descendre lorsqu’elle se retourna, debout sur la dernière marche. - Et cette chanson, Neera. Ne la joue plus jamais devant moi. Puis elle disparue.

    Le reste de la journée lui parut interminable. Phèdre aidait où elle le pouvait et de bien mauvaise grâce. Ses mains douces et minces n’étaient guère faites pour le dur labeur. Aussi, elle fut bientôt reléguée à l’inventorisation puis au raccommodage d’armures. Mais là aussi, Phèdre n’était guère utile -principalement parce qu’elle n’y tenait pas-. Ce ne fut qu’après avoir été renvoyés par un groupe de lingères, de cuisiniers et de nounous qu’elle fut expédiée dans l’un des chariots infirmerie où elle passa le reste de sa journée.  Peu ou prou utile, au moins ne vomissait-elle pas à la vue du sang.

    - Savais-tu que les Reikois considèrent que les femmes sont faites pour la cuisine ? Demanda-t-elle à Neera lorsqu’elle la rejoignit, le soir venu. - C’est sûrement parce que leurs femmes sont trop faibles ou trop endoctrinée pour verser un quelconque poison dans l'auge de leurs époux. Cracha-t-elle d’un air renfrogné. - Mais si tu me permets un conseil, évite la soupe de poisson ce soir. Ses yeux papillonnèrent innocemment, rieurs et elle regagna sa roulotte. S’il faisait foutrement bon d’être en vie, être relégué au simple rang de ménagère parce qu’elle était une femme aux jolies mains avant tendance à l’agacer outre mesure.
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