Droit sur sa monture, Arakyel observait silencieusement la route qu'il empruntait avec ses hommes. Renâclant doucement, le destrier du centurion frappait lentement le sol de ses sabots alors qu'il marchait sur le sol soigneusement tassé. Cela faisait plusieurs lunes qu'ils avaient quitté leur caserne pour se diriger vers le lieu où on les entendait. Missionnés pour se rendre auprès d'une mine située aux alentours de Courage, les hommes d'Arakyel s'étaient mis en route avec ce dernier pour accomplir leur devoir. S'il fut d'abord étonné d'avoir été convié, le républicain n'en était pas à son premier travail pour la grande famille républicaine. Et, aux vues des derniers mois, le centurion n'était en vérité pas vraiment surpris que l'armée vienne en renfort aux forces privées des familles les plus fortunées.
De ce qu'il en savait, sa centurie devait participer à un convoyage de biens. S'il n'avait aucune idée du contenu à proprement parler, le vétéran savait cependant qu'il devait tout faire pour permettre au convoi d'arriver jusqu'à sa destination.  

Se perdant quelques instants dans ses pensées, le chevalier repassait le trajet qu'ils allaient devoir emprunter dans son esprit afin de bien visualiser les embuscades éventuelles et autres détours qu'ils pourraient être forcé de réaliser si les conditions climatiques, ou de terrains, s'avéraient trop hasardeuses. Pour ce qui était des bandits, et malgré les quelques zones "à risque" sur leur route, Arakyel se montrait relativement confiant. Outre les membres de la grande armée qui l'accompagnaient, le centurion allait pouvoir compter également sur des forces de sécurité privées appartenant à la famille Wessex. Ainsi, il était très peu probable qu'un quelconque badaud vienne tenter sa chance contre eux. Même si, avec les restes de l'Assemblée et ses serviteurs, tout était possible. Instinctivement, le centurion passa sa main gantée sur le plastron de son armure argentée. Il sentait encore la froideur de l'acier venant mordre sa chair, et le chaos incroyable de la magie déchainée. Tout comme il voyait encore le visage surpris et figé de ses soldats abattus par leurs anciens frères.

- Centurion? Nous sommes bientôt arrivés.

Revenant à la réalité, le chevalier haussa simplement la tête avant de faire doucement bouger les rênes de sa monture. La mission allait bientôt débuter et il valait mieux rester concentrer. Les fantômes du passé devaient rester là où étaient leur place. Dans le passé. Quand ils arrivèrent finalement au niveau de la mine qui marquait leur lieu de départ, Arakyel laissa ses troupes se déployer afin de se déplacer un peu partout afin d'assurer la sécurité de la zone. Une démarche somme toute peu utile comme il était peu probable que quelqu'un attaque maintenant. Mais il fallait bien faire quelque chose et le centurion comptait rassurer également sur le professionnalisme de ses hommes. Se rendant quant à lui directement vers une maison de contremaitre, le chevalier mit pied à terre dans un soupir avant de venir attacher Eole à l'un des piquets prévus à cet effet. Puis, après avoir frappé à la porte, le centurion entra finalement.

L'intérieur de la maisonnée était typique de ce que l'on pouvait imaginer d'un bâtiment servant à la fois de lieu de repos et de bureau pour celui qui pilotait les extractions de minerais de la zone. D'ailleurs, c'était au niveau du dit bureau qu'attendait un elfe au visage carré et bourru. Le nez plongé dans divers parchemins, il remarqua difficilement la présence du républicain, ne relevant la tête que lorsque ce dernier se râcla la gorge.

- Ah! Voila enfin nos fameux protecteurs! Venez venez, ne restez pas planté sur le pas de la porte comme un enfant puni. Il marqua une pause, attendant que le centurion ne s'exécute. Silnariel Plumevent, contremaitre minier au service de la famille Wessex. Vous devez être sire Stormwind je présume?
- Effectivement. Ravi de vous rencontrer, monsieur.  
- Je n'en doute pas une seconde. Il ricana doucement, fouillant quelques instants dans ses documents avant de tendre une missive au chevalier. Vos ordres de mission, relayés par les dirigeants de votre légion. Ces derniers ont un peu changé.
- Comment cela? 

Ouvrant la lettre, l'humain commença sa lecture silencieusement, analysant les mots de son lieutenant. Si l'escorte du convoi était toujours d'actualité, la centurie devait à présent également assurer la sécurité d'une figure importante de la famille elfique, qui se dirigerait également vers leur destination. Fronçant quelques instants les sourcils, le centurion replia finalement la lettre avant de venir la placer dans une sacoche de cuir accroché à son ceinturon.  

- Dame Wessex. Est-elle déjà sur place? 
- Naturellement, je vais la prévenir de votre arrivée, même si j'imagine que la vue de vos hommes sera déjà un signe suffisant. Désirez-vous attendre ici?
- Non, je préfère inspecter un peu les lieux avant notre départ. 
- Fort bien. Ne soyez pas long, il serait malvenu de la faire attendre.

Quittant donc le bureau de Silnariel, le membre de la grande armée commença donc un rapide tour des zones bordant la place d'extraction. S'il ne remarqua rien d'étranges ou d'inquiétant, Arakyel utilisa ces précieuses minutes pour ajouter à la vision de leur parcours les nouvelles conditions. Ils ne connaissaient pas la nature du convoi, et à présent un membre important de l'une des grandes familles s'était ajouté au voyage. Il fallait composer avec de nouveaux risques, de nouvelles variables, que le chevalier n'appréciait pas totalement. Mais il devait agir pour sa nation, et respecter son devoir. Il s'assurerait que rien arrive pendant toute l'escorte. Il en faisait le serment. Retournant ensuite dans le bureau de Plumevent, Arakyel frappa de nouveau à la porte et pénétra finalement les lieux une fois invité à le faire. Si la différence de luminosité fit légèrement cligner des yeux le centurion, ces derniers allèrent tout de même s'ancrer rapidement sur les traits de l'elfe qui se trouvait près du contremaitre. De ses oreilles pointues à ses pommettes légèrement arrondies, l'humain observa l'entièreté du visage de l'égérie Wessex, surpris par l'harmonie de ce dernier, avant de placer son poing contre son cœur et effectuer une révérence particulièrement noble. Si l'armée lui avait appris la rigueur et la discipline, son héritage noble permettait à Arakyel de connaître l'étiquette et d'agir en conséquence. S'approchant donc du duo elfique, le guerrier retira son heaume d'un mouvement rapide avant de venir le placer sous son bras et contre sa hanche.

- Vous devez être Dame Wessex. C'est un honneur de vous rencontrer ce jour.  Il effectua une nouvelle révérence, moins marquée. Arakyel de la maison Stormwind. Je serai le centurion qui dirigera l'escorte de votre convoi. 

Silencieux, le guerrier inspecta plus attentivement les traits de la noble tout en l'écoutant, avant de reporter finalement son attention sur Silnariel.

- Mes hommes sont prêts, nous pourrons nous mettre en route dès que la cargaison sera chargée.  Il tourna la tête vers Hestia. Et dès que vous le désirerez. Je n'ai été informé que relativement tardivement de votre présence aussi il faudra peut être réarranger notre trajectoire pour éviter certains cols risqués. D'ailleurs, je n'ai pas connaissance de votre façon de voyager. Serez-vous à cheval, ou bien dans un carrosse?  

Il écouta ensuite la réponse de l'elfe aux yeux noisette. S'il ne savait rien d'elle, le centurion se préparait mentalement au futur voyage. Car si la plupart des nobles haut placés pouvaient s'avérer exécrable, le centurion espérait dans son for intérieur que la Dame face à lui ne tombait pas dans cette catégorie. Car le voyage serait long. Et en mauvaise compagnie, cela ne serait agréable ni pour l'un, ni pour l'autre.

Début du mois de mai, le printemps réchauffait doucement les montagnes de la Nation Bleue. La matinée avançait et la mine qui appartenait à la famille Wessex se nichait au creux de ces reliefs escarpés. Le ciel se couvrait d’un bleu azur délicat, parsemé de quelques nuages blancs qui s’agglutinaient vers les hauteurs des montagnes.
Les structures de bois et de pierres encadraient la mine, présente dans ce lieu enchanteur. Les travailleurs s’affairaient autour des entrées et à l’intérieur, armés de pelles et de pioches.
Autour de la mine, des individus armés appartenant à la milice privée de la famille, scrutaient les alentours avec vigilance. Ils devaient déceler toute menace potentielle et patrouillaient sans relâche.

Hestia, l’égérie de la famille Wessex était présente, reconnaissable au blason de la famille qu’elle portait sur sa tenue. Elle était vêtue de manière élégante, reflétant son statut de noble. Mais aussi de manière fonctionnelle, vu qu’elle devait s’adapter à l’environnement de la mine. Ainsi, sa robe était faite d’un tissu plus robuste, longue et plus ample que ce qu’elle portait habituellement. Elle soulignait sa taille, tout en lui offrant davantage de liberté de mouvement. Des motifs floraux aux teintes vertes, marrons et beiges étaient brodés sur le noble tissu. Elle appréciait ce type de broderie, qui démontrait son lien avec la nature et sa spiritualité. Par-dessus sa robe, elle portait une cape de voyage ornée des armoiries de la Maison Wessex. Elle lui offrait ainsi une protection contre la fraîcheur matinale des paysages montagneux. Ses cheveux châtains étaient tressés de manière informelle. À ses pieds, elle portait des bottes de cuir solides, adaptées pour la marche sur terrain escarpé, résistant au sol rocailleux. L’extraction minière avait déposé sur celles-ci un peu de poussière, ainsi que sur le bas de sa robe.

Elle épousseta cette dernière en sortant de la mine. Son regard noisette balaya les environs, elle prenait son rôle avec tout le sérieux qu’il exigeait. Le minerai d’argent était précieux et d’une qualité rare, il fallait l’extraire avec précision et efficacité. L’elfe restait consciente des enjeux pour sa famille et leurs activités métallurgiques. Les mineurs continuaient leur tâche avec soin et dévouement, la surveillance d’Hestia garantissait la qualité des extractions minières. Cette opération devait être un franc succès pour la famille, elle n’avait pas le droit à l’erreur, il en était de sa responsabilité.

En tant que directrice qualité, Hestia inspectait soigneusement chaque aspect des minerais d’argent. Ils étaient joliment argentés, les rayons de l’astre leur offraient une douce brillance. Les filons avaient été extraits des roches de la mine spécifique. Ils étaient d’une qualité rare, ce qui les rendait encore plus précieux et très recherchés sur le marché. D’où la présence d’Hestia et de cette sécurité renforcée.
La républicaine scrutait avec attention la surface et les éventuels signes d’impureté du minerai, mais il était en très bon état, elle vérifiait la taille et l’éclat. Ses doigts évaluaient son poids et sa texture avec précaution. Elle supervisa l’emballage soigneux et la disposition dans les sacs et tonneaux pour le transport. Tous devaient ensuite être correctement scellés. Elle ne voulait pas de casse ou d’altération de la qualité de l’argent suite au non-respect des consignes de sécurité d’emballage ou d’un défaut de chargement. Ses instructions étaient précises, tout devait se dérouler selon les protocoles établis pour le bon état de la marchandise.

Puis, Hestia vint trouver son contremaître minier, au service de la famille depuis de longues années. Il l’informa que la centurie était sur place. De son côté, la directrice le tint informé de l’avancement des opérations minières et son rapport sur la qualité des minerais d’argent. Elle discuta de la procédure à suivre pour la suite du chargement puis du convoi.
Lorsque Arakyel pénétra dans le bureau du contremaître, Hestia relava la tête et interrompit sa conversation avec Silnariel. Elle observa un instant le centurion, son apparence et son allure. Elle conserva un air sérieux, un peu stressée par les événements. Elle n’avait pas arrêté depuis son arrivée à l’aube.
À la noble révérence de l’homme d’arme, Hestia répondit en inclinant légèrement la tête. Elle appréciait les gestes respectueux à son encontre. Elle se montrait toujours polie et discrète et elle appréciait le même retour de ses interlocuteurs. Ses yeux noisette scrutèrent un instant le nouvel arrivant, avant de lui répondre avec courtoisie.

- « Enchantée, Centurion Stormwind. Je suis Hestia Wessex. L’honneur est partagé. Je suis ravie de la présence de l’Armée Républicaine pour assurer la sécurité de notre convoi. Il s’agit de minerais d’argent d’une qualité rare. Ce convoi est précieux pour la famille Wessex, je compte donc sur tout votre professionnalisme et votre engagement, Centurion. »

Elle le tenait évidemment informé du contenu de la marchandise, en tant que responsable militaire ici présent. Il était chargé de superviser la sécurité du convoi, autant qu’il fût au courant de ce qu’il transportait. Elle comptait bien sûr sur sa discrétion.

« Le chargement est en cours. » Répondit le contremaître Plumevent au centurion. « Nous sommes en train de finaliser les préparatifs, il n’y en a plus pour longtemps. » ajouta-t-il.

Puis, après avoir entendu la question d’Arakyel, Hestia se tourna vers lui et répondit avec assurance.

- « Je vous remercie de votre prévenance. Je préfère voyager à cheval pour ce convoi. Cela m’offrira une plus grande adaptabilité au terrain. » D’ordinaire, la noble voyageait plutôt en carrosse. Mais la situation exigeait une monture. « Puis, je pourrai mieux apprécier le paysage. » dit-elle dans un léger sourire.

Le contact avec la nature restait important pour l’elfe et le cadre demeurait absolument radieux en ces lieux, une aubaine pour celle qui siégeait au Conseil des Sages.
Puis elle se tourna de nouveau vers le contremaître.

- « Je vous fais confiance pour que la fin du chargement se déroule sans encombre. Assurez-vous que tous respectent les protocoles de sécurité. » Hestia prenait vraiment son rôle à cœur et ne tolérait aucun faux pas.

« Bien sûr, Dame Wessex. Toutes les précautions nécessaires seront prises. » répondit-il, l’air déterminé.

Ils sortirent du bureau afin de finaliser les derniers détails et préparatifs avant le départ. Puis Hestia rejoint Arakyel, en compagnie du contremaître.

- « Tout semble en ordre. Nous pouvons nous préparer pour le départ. Merci pour tout, Silnariel. »

« C’est un honneur de servir la Maison Wessex, ma Dame. » répondit-il en inclinant légèrement la tête.

Hestia sourit légèrement, reconnaissante de l'engagement de Silnariel et de son équipe. Puis, elle se tourna vers Arakyel pour lui confirmer que le convoi était prêt à partir.
Elle se dirigea vers sa monture, qui appartenait aux écuries de la Forteresse des Chardons. Le cheval présentait une magnifique robe d’un blanc pur, ses crins étaient soyeux et fins, légèrement plus crèmes et contrastant avec ses yeux d’un noir profond. La selle était ornée de symboles elfiques, représentant la lignée pure et noble de sa famille. Et elle portait de larges sacoches de cuir, contenant diverses fournitures nécessaires au voyage. Hestia demeurait très bonne cavalière, elle montait à cheval avec grâce, facilité et assurance. Son assiette était correcte et elle s’harmonisait parfaitement avec l’allure franche de l’équidé. Celui-ci était sur sa main, elle le guidait avec un mélange équilibré de douceur et de fermeté.

Alors qu’ils avançaient sur le chemin escarpé et rocailleux, l’elfe lança un sourire discret à Arakyel, venu la rejoindre. Elle l’accueillit avec politesse. Elle connaissait le centurion de réputation, c’était d’ailleurs la cause de son choix par les Wessex. Il était un homme fiable et possédait un sens aigu de l’honneur.

- « Centurion Stormwind, j’ai entendu parler de vos services auprès de ma famille. Je suis curieuse de connaître les détails de votre mission. Avez-vous des anecdotes sur celle-ci ou un détail particulier à me partager ? » demanda-t-elle. « Ma famille vous accorde son respect pour vos services rendus, sachez que vous avez le mien également. » dit-elle, une expression reconnaissante et sincère marquait ses traits.

De l'argent. Ainsi c'était donc ça la marchandise qu'ils devraient faire convoiter le long des routes pour atteindre ensuite les complexes de la famille Wessex. A présent qu'il avait connaissance de la cargaison transportée, Arakyel n'était plus vraiment étonné de la présence de ses troupes. Outre la valeur monétaire du minerai, le soldat ne savait que trop bien combien cette matière était utile pour forger divers produits. A vrai dire, le minerai devenait même plus important une fois transformé. Que ce soit pour sa valeur symbolique ou sa faible température de fusion, l'argent représentait un atout pour de nombreux forgerons et autres maîtres d'orfèvre aussi il n'était pas étonnant que les Wessex en possède des mines et l'utilisent pour leurs propres intérêts. Même si, en ce jour, le minerait n'était pas la chose la plus précieuse que le centurion devrait protéger. Hestia Wessex. Membre de l'une des familles les plus importantes de la République. S'il ne connaissait pas grand chose d'elle, le membre de la grande armée était presque persuadé d'avoir déjà entendu ce nom auparavant. Qu'il fut relayé dans les affaires politiques ou bien murmuré aux détours des histoires des grandes familles. A vrai dire, cela n'était pas véritablement important pour le chevalier qui se concentrait déjà sur le futur de leur parcours, tout en appréciant l'attitude de l'elfe face à lui. Elle ne semblait, tout du moins pour le moment, pas arrogante ni capricieuse. Elle lui avait répondu avec grâce et respect. Et cela Arakyel l'appréciait beaucoup. Leur collaboration commençait donc sur une bonne base. D'ailleurs, le léger trait d'humour de la Wessex étira également un léger sourire à l'humain. Sa légèreté était appréciable.

Ils sortirent finalement du bureau afin que le contremaître et la représentante de la famille elfique puissent s'assurer de la bonne installation de la cargaison. De son côté, Arakyel s'assura rapidement du placement de ses hommes. Il avait confiance en eux et savait qu'ils ne feraient pas n'importe quoi. D'ailleurs, sans même qu'il ne soit venu leur imposer une formation particulière ces derniers étaient allés se mettre en place et attendaient le futur départ en parlant entre eux. La plupart était du sang frais, formés et arrivés depuis peu. D'autres en revanches étaient des survivants de Kaizoku. Et tous, semblaient regretter de ne pas avoir été à Liberty. Sans véritablement s'intéresser ou participer à ces discussion, le centurion se retourna vers Hestia lorsqu'elle le retrouva en compagnie du contremaître. Informé du départ prochain, Arakyel hocha la tête en guise d'approbation avant d'enfiler son heaume et se diriger vers sa propre monture. Grimpant dessus dans un geste pratiqué de nombreuses fois, le chevalier se réajusta rapidement sur sa selle avant de venir observer l'elfe qui l'accompagnerait durant ce voyage. S'il se doutait qu'une noble des plus grandes familles républicaines savait monter, le soldat fut tout de même impressionné de la facilité avec laquelle Hestia semblait diriger son cheval. Elle n'avait aucune hésitation et l'animal semblait lui obéir sans la moindre protestation. C'était là aussi une très bonne chose. Son choix avait ainsi été fait avec logique et elle ne montrerait pas de maladresse en dirigeant sa monture.

Le début du voyage fut particulièrement paisible. Le temps était agréable et même si le sol se montrait rocailleux, il n'était pas aussi accidenté que ce qui les attendrait possiblement dans les cols lointains. Situé au préalable au niveau de l'avant du convoi avec les éclaireurs, le centurion se déporta de ces derniers pour regagner le milieu de leur groupe, arrivant au niveau d'Hestia qui l'accueillit respectueusement. Apercevant son sourire, le chevalier le lui rendit après avoir soulevé la visière de son casque. Ils ne courraient pas de dangers particuliers mais le centurion aurait trouvé ça irrespectueux de se mettre directement à l'aise et d'enlever la moindre protection comme s'il méconsidérait la dangerosité de la mission. Cependant, les mots d'Hestia lui parvinrent et le vétéran de Kaizoku haussa un sourcil amusé.

- Je suis honoré du respect que me porte votre famille ma Dame. Les services que je leur ai rendu était déjà un honneur en soit mais il m'est agréable de constater que vous apprécier ces derniers. Il marqua une pause, souriant sincèrement à l'elfe à ses côtés. Un détail ou une anecdote sur la mission passée ? Hum... Laissez-moi réfléchir...

Replongeant quelques instants dans ses souvenirs, le chevalier repassa la mission qui lui avait valut sa promotion en tête. S'il ne comptait pas parler spécifiquement de l'affrontement avec les criminels, des quelques morts durant ce dernier et l'arrestation, il y avait forcément quelques choses qui pourraient amuser Hestia, ou tout du moins piquer sa curiosité pour alimenter la discussion et ne pas simplement blaser la représentante Wessex.

- Nous avions obtenu l'information qu'une cargaison de haute valeur se trouvait dans une vieille tour de garde que des bandits avaient décidé d'investir. Au final, la tour de garde s'est avérée être plus fortifiée que prévue. Nous ne pouvions pas attaquer de front sous peine de subir de lourdes pertes. Nous savions également que les bandits comptaient faire rapidement transiter les biens pour les revendre. Nous étions dans une impasse. Un assaut de front, impossible. Se faire passer pour les acheteurs, trop risqué. Alors comment s'infiltrer ?  

Il marqua une nouvelle pause, écoutant les réponses éventuelles de l'elfe. Si la mission avait été un succès, l'anecdote qui allait arriver allait sûrement être bien loin de ce que l'on pouvait s'attendre dans un récit "guerrier".

- Une diversion. Voila mon idée. Nous avons attiré le regard des sentinelles à l'avant de la forteresse... En déguisant certains de nos hommes en courtisanes qui alpaguaient les gardes tandis que les autres faisaient le tour des fortifications pour les forcer et surprendre nos ennemis. La solution a été terriblement efficace puisque le temps que les bandits se rendent compte de la supercherie, nous avions déjà neutralisé la moitié d'entre eux et réduit grandement l'écart de force qui était à trois contre un. Le reste, vous le savez déjà, la cargaison a été récupérée et rendue à ses propriétaires. Votre famille. Il étira un léger sourire. Je vous laisse à présent vous poser la question d'où j'étais pendant cette attaque nocturne...

S'il avait achevé son anecdote par un trait d'humour, le chevalier était cependant sincère dans son récit. S'il était honorable avec ses adversaires, le centurion était cependant assez pragmatique pour utiliser des moyens détournés permettant de limiter les pertes dans ses troupes, ainsi que dans les forces ennemis. Quittant ensuite ses pensées pour les reporter vers leur route, le centurion pointa du doigt les monts se trouvant à l'horizon ainsi que les forêts courant sur les flancs de ces dernières.

- Nous allons sûrement passer entre ces deux montagnes. La Timide et l'Avare. Les routes y sont étroites mais praticables, et cela nous évitera le détour que nous aurions dû prendre par les routes commerciales. Autant éviter les grands axes. De plus, de vous à moi, j'aime emprunter ces routes plus boisées et promptes aux paysages plus "sauvages". Il s'arrêta, tournant la tête vers Hestia. Et vous gente Dame, qu'en-est-il ? Si vous le préférez, nous pouvons naturellement changer de direction à tout moment, même si ces chemins présentent également moins de risques, je pourrais comprendre que vous préfériez des routes plus.. Modernes.

Il continua d'avancer à ses côtés, tandis que le bruit des bottes sur le sol rocailleux et terreux se synchronisait avec les sabots de leurs montures. Le paysage défilait doucement, sans grand danger pour le moment et Arakyel appréciait cette quiétude. Souriant doucement alors que son regard venait accrocher des faucons volant un peu plus loin, le chevalier reprit finalement la parole.

- Je vous avoue que je ne m'attendais pas à avoir une personne de votre rang nous accompagnant durant ce périple. J'en suis encore une fois honoré mais je me dois de vous poser la question... Avez-vous vous aussi une anecdote, ou quelque chose d'amusant en rapport avec le sénat, ou bien votre industrie à raconter ? Il laissa quelques secondes flotter, ajoutant. Enfin, si vous désirez raconter quoi que ce soit. Je ne voudrais pas vous obliger à parler sur ce genre de choses..

Il attendit ensuite sa réponse, ou son refus, son regard repassant sur la route devant lui après qu'il ait flatté l'encolure de son destrier.

Le début du voyage fut paisible, accompagné par le doux murmure du vent et le cri plus perçant des rapaces. L’ambiance était sereine, même le ciel semblait s’accorder à leur trajet tranquille. Les montagnes bordées par les pins majestueux leur offraient de l’ombre bienvenue. Juchée sur sa monture à la robe immaculée, Hestia laissait son regard noisette errer sur le paysage charmant. Un décor imprégné de la beauté de la nature, qu’elle ne pouvait que louer.

Elle accueillit le centurion avec grâce et respect, appréciant sa courtoisie, qui était l’une des valeurs les plus importantes aux yeux de la noble Wessex. Leurs regards se croisèrent un instant, lorsqu’il releva la visière de son casque, révélant de doux iris verts constellés d’étincelles dorées. Hestia l’écouta attentivement, son intérêt et sa curiosité ancrés dans ses prunelles, tandis qu’elle attendait le récit qu’il s’apprêtait à lui confier. Elle élargit doucement son sourire, l’invitant implicitement à poursuivre. Elle appréciait les récits de bravoure ou de ruse, tant d’histoires qui la fascinaient et ajoutaient une note épique à sa longue existence.
L’air frais des pics montagneux lui apportait une caresse agréable sur la peau. Les bruits des chevaux cadençaient leur conversation. L’elfe se sentait déjà à l’aise avec Arakyel. Elle avait une impression positive sur lui, débutée par ses actes affûtés en aidant sa famille. Elle considérait la confiance qu’elle lui portait, afin d’assurer le bon déroulé de cette mission.

Elle fixa un moment l’homme aux cheveux châtains, elle appréciait le début de son récit et le temps qu’il prenait pour rendre le tout attrayant. La présence de bandits, le danger, la difficulté de la situation et la nécessité de faire des choix. Il savait piquer l’intérêt de la noble elfe, elle voulait connaître la suite. Elle hocha doucement la tête, se demandant quel choix elle aurait pu faire à sa place.
En tant que sénatrice, elle ne savait que trop bien que la ruse et la diversion restaient des options préférables à des attaques de front. Toutefois, elle ne s’était pas attendue à une telle révélation. Elle tenta de dissimuler l’étonnement provoqué en elle, suite à l’aveu d’une telle diversion. Hestia demeurait issue d’une longue lignée noble, élevée de ce fait dans le strict respect de l’étiquette et le sens du raffinement. Restée longtemps à l’abri du tumulte extérieur, dans la Forteresse des Chardons, elle portait un regard un peu naïf et innocent sur bon nombre de sujets. Elle n’était pas habituée à entendre des récits presque impudiques. Cependant, elle respectait l’ingéniosité du centurion. Ses lèvres s’étirèrent donc en un sourire discret, son maintien demeurait délicat, malgré la surprise des mots. La directrice commerciale, toujours sur la retenue, cherchait la manière d’exprimer justement ses pensées prudes.

- « Déguiser vos hommes en courtisanes… Voilà une méthode des plus audacieuses et inattendues. » Dit-elle finalement, d’un ton courtois, tout en laissant se refléter son étonnement. Elle laissa son regard noisette se perdre de nouveau dans les montagnes environnantes. Elle gardait la maîtrise de ses émotions, bien que l’idée des soldats revêtus d’un tel accoutrement la laissât pantoise. Mais elle saisissait toute l’efficacité de la ruse.

Puis elle écouta les paroles suivantes de l’homme en armure, tandis qu’il décrivait leur prochain itinéraire. Elle admirait sa manière d’évoquer les paysages, la beauté des chemins boisés. Elle percevait son appréciation de la nature, qui résonnait si fort en elle. Son regard vint à s’émerveiller de reconnaître cette qualité en son vis-à-vis. Elle rayonnait à l’idée de parcourir des sentiers moins fréquentés, afin d’admirer l’environnement alentours.

- « J’apprécie votre goût pour la découverte et je le partage, Centurion Stormwind. » répondit-elle, dans un léger sourire. « Je suis habituée aux routes plus conventionnelles, mais l’idée de traverser ces montagnes dans un écrin préservé me ravit. » ajouta-t-elle, sur un ton plus enjoué. « Je vous fais confiance pour choisir le meilleur chemin, je ne doute pas de votre expertise du terrain. »

Elle fut ensuite touchée par l’attention que lui portait Arakyel, même si la question retournée la prenait un peu au dépourvu. Elle appréciait partager elle aussi un peu de son vécu avec celui qui l’accompagnait durant le convoyage.

- « Mon implication au Sénat reste récent, je crains ne pas pouvoir vous apporter de détails très pertinents, vous m’en voyez navrée. Et je pense que mes récits à propos des entreprises de métallurgie ne soient pas aussi palpitants que les vôtres sur le champ de bataille. Toutefois, je pourrais vous narrer une petite anecdote sur la diplomatie elfique, si cela vous intéresse. » dit-elle, une légère lueur de malice dans le regard. Elle marqua une pause, lui laissant éventuellement la possibilité de répondre. « Il y a une cinquantaine d’années, lors d’une réception diplomatique organisée par la Maison Wessex, un groupe de saltimbanques animait la soirée. Un spectacle remarquable qui s’est rapidement transformé en chaos, lorsqu’un des cracheurs de feu a maladroitement enflammé un rideau de soie décoratif. La panique a rapidement gagné les convives, alors que les flammes se propageaient… Elles ont dévoré une partie des jardins somptueux et les invités tentaient d’éteindre le feu avec des cruches d’eau et des linges... alors que d’autres fuyaient l’évènement. Heureusement, l’incendie fut maîtrisé et n’a laissé que des dégâts matériels et… émotionnels. » dit-elle en riant doucement. « Enfin, cet évènement a laissé une marque mémorable dans ma famille et depuis nous n’invitons plus de cracheurs de feu au domaine. » ponctua-t-elle dans un sourire embarrassé.

Elle laissa son interlocuteur réagir à cette fâcheuse mais drôle révélation. Puis, une question vint à l’esprit de la sénatrice.

- « Centurion Stormwind, qu’est-ce qui vous a poussé vers la carrière militaire ? » demanda-t-elle, afin de rythmer leur trajet et poursuivre leur discussion. Elle se montrait curieuse quant au parcours de l’homme, en plus de ses exploits derrière l’armure républicaine.

Reportant son attention sur Hestia, Arakyel affichait une mine enjoué et avenante. S'il appréciait le début de cette escorte, il appréciait d'autant plus le fait que la sénatrice semblait s'intéresser à ses propos et qu'elle y réagissait. Elle ne s'était pas murée dans un silence de plomb afin de conserver une distance ou un mépris à l'égard du membre de l'armée et elle avait, aux vues de ses réactions face à son anecdote, véritablement été plongée dans son récit. Elle semblait être une personne courtoise et si ses traits étaient aussi fins qu'admirables, elle possédait aussi visiblement une curiosité et un amour de la nature qui enchantèrent le militaire. La route allait être assez longue et ils allaient devoir traverser de nombreux paysages aussi Arakyel était heureux de constater que l'elfe l'accompagnant était en phase avec lui sur ce point. Qu'elle ne fasse pas partie des nobles préférant se murer dans leur diligence afin de ne pas interagir avec le monde extérieur.

- Dommage, je suis certain que vous en aurez bientôt beaucoup à raconter. La sphère politique me semble si abstraite que je suis certain qu'il s'y passe des choses aussi folles que sur les champs de bataille. Il ricana doucement, avant de reprendre. Ce serait un plaisir pour moi d'entendre votre anecdote sur la diplomatie elfique ma Dame.

Ecoutant par la suite l'anecdote de l'elfe, Arakyel ne put s'empêcher de ricaner lorsque cette dernière mentionna l'incendie et la panique présente. Imaginant entièrement la scène, le chevalier républicain s'amusa à imaginer les représentants de l'une des plus grandes familles en train de courir partout et tenter d'éteindre maladroitement des flammes qui dévoraient les rideaux et autres meubles valant très probablement une fortune. Observant Hestia, Arakyel reprit ensuite son calme, afin de ne pas laisser penser qu'il se manquait de la famille de l'elfe ou de la situation.

- J'imagine bien la panique qu'il y a eu au moment de l'incendie. Vous avez été chanceux de n'avoir que des dégâts matériels et à l'égo, les flammes peuvent être destructrices si mal maîtrisées. Il observa la route devant eux, avant de reprendre. J'imagine qu'effectivement il n'est plus question de faire intervenir des cracheurs de feu dans vos réceptions. Attention cependant si vous partez sur les jongleurs... Ou bien protégez bien vos verres et cruches en cristal.

Il étira un sourire sincère à la sénatrice, amusé par son trait d'humour. Puis, le centurion laissa son esprit glisser vers l'horizon alors qu'Hestia venait lui demander ce qui l'avait poussé sur le chemin tumultueux de la carrière militaire. Une question extrêmement personnelle, qui étonna un peu l'humain. Visiblement, la représentante de la famille au chardon était plus curieuse qu'il ne le pensait et il apprécia sa volonté d'en savoir un peu plus. Peu importait que ce fut pour tenir la discussion et éviter la monotonie du voyage ou par intérêt véritable. Revenant à lui, l'homme tourna doucement la tête pour venir porter son regard dans les perles marrons de l'elfe. Il y remarqua les différentes couleurs dansantes qui l'hypnotisèrent un temps, se perdant dans ce brun aux reflets ambrés.

- Hum... Ce qui m'a poussé vers cette carrière? Je pense que ça a toujours été une évidence pour moi. Il continua de la regarder un temps, avant de reporter son attention sur la route devant eux. Ma famille a reçu ses lettres de noblesse via ses participations à la Grande Armada. Le blason de cette dernière possède d'ailleurs une ancre pour rappeler son lien avec la marine. Petit, mon paternel m'appris rapidement à manier l'épée quand je ne me perdais pas dans de longues explorations du domaine avant de revenir couvert de ronces et autres feuilles. Il ricana. Quand je fus en âge, j'ai demandé à entrer à Magic afin de suivre le cursus militaire. J'ai simplement décidé de m'orienter vers l'armée plutôt que la marine car même si la mer m'appelait, j'ai préféré rester sur le continent pour pouvoir parcourir ce dernier et découvrir divers paysages. J'ai beaucoup à cœur de défendre notre nation et lorsque j'eus achevé mon cursus, on me proposa de rejoindre Drakstrang, au Reike. J'ai refusé, préférant intégré nos troupes directement même si cela signifiait ne pas accéder au rang d'officier supérieur. J'ai préféré servir plutôt que me perdre dans de longues études. Je ne regrette pas mon choix, cela m'a permis de participer à de nombreuses missions, de rencontrer la population. Et de monter en grade par mérite et non par statut.

Il prit quelques secondes avant d'enchainer, maintenant son assise sur son destrier alors que le bruit des sabots frappant la terre berçait doucement leur conversation.

- Je ne saurais dire du coup si mon père est vraiment celui qui m'a insufflé cette volonté de carrière militaire ou si j'y étais simplement destiné. Mais je ne me plains pas. Le chemin ne fut pas de tout repos et la route est parfois bien tumultueuse mais... Il observa le paysage les entourant. Il y a des moment comme ceux-ci qui me rassurent sur mon choix et me plaisent énormément.

Il étira un nouveau sourire sincère à l'elfe qui l'accompagnait. Il était honnête, il appréciait sa compagnie pour le moment et trouvait cela agréable de pouvoir naviguer dans la nature quasi sauvage de la République. L'espace d'un instant, le chevalier se demanda s'il ne s'était pas trop étendu dans son récit. Silencieusement, le centurion passa sa dextre sur son plastron argenté, comme s'il venait caresser la cicatrice encore trop récente de Kaizoku. Sortant de ses pensées, le militaire reprit la parole, alimentant ainsi la discussion qu'il avait avec la sénatrice.

- Et qu'en est-il de vous ma Dame ? En espérant ne pas porter atteinte à votre vie privée, qu'est-ce qui vous a poussé sur le chemin de la politique ? Ou bien même de l'industrie ? Je sais que votre lignée a toujours été présente sur la scène national mais je suis curieux de savoir ce qui vous motive. Et surtout, là encore j'espère ne pas être trop indiscret, votre quotidien vous laisse-t-il la possibilité le temps de participer à diverses activités ?

Il attendit sa réponse, intéressé de connaître le quotidien d'une personne influente. Elle lui apparaissait humble et douce, mais cela aurait pu être une façade présentée en raison de son statut. Alors, curiosité traçant son chemin dans son esprit, le centurion s'enquit de sa vie. De ses habitudes. Il était ravi de pouvoir discuter avec elle et ainsi mieux la connaitre. Que ce fut juste pour cette mission ou pas ne lui importait pas. Il trouvait sa compagnie agréable et il espérait en vérité ne pas l'avoir froissée en lui demandant cela. Au pire, il s'en excuserait et détournerait la conversation sur un autre sujet. Ils avaient, après tout, beaucoup de choix sur leurs futures discussions.  

Hestia sourit à la remarque du centurion, l’ambiance était légère et elle appréciait partager la route en conversant. Cela la rendait moins monotone et elle mettait quelque peu de côté ses obligations. Elle oubliait la femme politicienne qu’elle était un instant, afin de se concentrer sur ce qui l’avait toujours animée, la nature et le goût de la liberté.

- « Je comprends vos choix et à vrai dire, ils en disent long sur votre humilité. Vous avez saisi tout l’engagement d’un républicain pour sa nation. » dit-elle avec sincérité.

La sénatrice accordait beaucoup de valeur aux citoyens qui se sentaient impliqués dans la défense de la République, ceux qui croyaient en leurs idéaux et faisaient de leur mieux pour préserver l’intégrité de la Nation.

- « Honnêtement, il nous faudrait davantage d’hommes qui pensent comme vous et qui suivent un chemin de valeurs. Les attaques récentes, la montée du terrorisme… tout cela ne serait pas arrivé si les choix politiques avaient été différents. Voilà ce qui m’anime, cher Centurion, j’ai foi en notre nation, j’aime sa nature, son peuple, son architecture et son histoire. Et jamais je n’accepterai de la céder aux mains des opportunistes et des étrangers. » Sa voix était ferme et assurée, elle ne souriait pas tant le sujet lui était grave et qu’elle en faisait une affaire personnelle. Toutefois, elle se radoucit en évoquant son second métier. « En ce qui concerne les entreprises métallurgiques, elles sont dans ma famille depuis des générations. L’activité est lucrative et demande beaucoup de rigueur et de temps, il m’a paru tout naturel de m’y appliquer et d’y œuvrer pour le bien de la Maison Wessex et des républicains. » Parce qu’évidemment, le métal restait une ressource précieuse et Hestia était heureuse de contribuer à l’essor économique de la Nation Bleue.

Cependant, elle tut ses envies précédentes. Elle ne se destinait pas à une carrière commerciale, mais ses parents avaient orienté son cursus académique en ce sens. Elle connaissait les rouages des finances, du commerce, de l’industrie. Il était normal qu’elle fût nommée directrice des activités commerciales de l’entreprise. Elle sourit et secoua légèrement la tête, avant de replonger son regard noisette dans celui de son vis-à-vis.

- « J’ai beaucoup moins de temps libre pour vaquer à mes occupations personnelles, comme vous vous en doutez. Seulement, je m’accorde quelques instants pour continuer à jouer de la musique. C’est un passe-temps qui donne du baume au cœur et me permet de m’évader quelques instants. J’aime l’art sous toutes ses formes. Et vous, centurion ? » demanda-t-elle, désireuse de pouvoir échanger sur ce thème qui lui plaisait tant.

Ils continuèrent de cheminer doucement à travers les montagnes, la lumière du soleil baignait agréablement la vallée. La monture de la noble elfe arpentait le sentier escarpé avec calme et grâce, toutefois, un léger grondement se fit entendre alors que les sabots fouillaient la rocaille. Et le bruit fut suivi d’un tremblement presque imperceptible du sol. Elle scruta alors le flanc de la montagne et compris la nature de ce chahut.

- « Un éboulement ! Stoppez vos hommes ! » lança-t-elle, alors qu’elle mit rapidement pied à terre.

La sénatrice confia les rênes de son cheval à un homme près d’elle et elle marcha en direction du problème. L’éboulement de pierres dévala la paroi rocheuse et le chemin étroit qu’ils devaient arpenter s’effondra en partie. Par chance, personne ne fut blessé. Toutefois, ils ne pouvaient pas poursuivre sur cette route.

- « Faire demi-tour maintenant nous ferait perdre trop de temps... » confia-t-elle, inquiète, au centurion qui l’avait rejointe. « Je vais tenter de résoudre ce souci, faites-moi confiance. » dit-elle dans un léger sourire, son regard se tourna rapidement vers le glissement de terrain, déjà concentré.

La silhouette fine et élégante d’Hestia avança pour se retrouver au bord du précipice nouvellement formé. Elle canalisa rapidement son pouvoir dans ses mains, guidée par les forces de la nature environnante. Ses doigts délicats se mêlaient et dansaient afin d’obtenir davantage de puissance. La terre répondait à l’appel de la mage et se pliait à sa volonté. Pourtant, elle restait douce et gracieuse dans ses gestes parfaitement habiles.

Les parois rocheuses vinrent se dresser de chaque côté du gouffre formé, se coordonner et se rassembler. Elles encadraient le chemin, en figure protectrice et rassurante. La magie de la terre paraissait anodine et pourtant avec une grande puissance magique, elle permettait de soumettre et dompter les montagnes. Hestia sourit doucement et se baissa pour ramasser un petit tas de terre sèche, qu’elle laissa filer entre ses doigts au gré du vent. Elle était reconnaissante et sa magie bienfaitrice caressait la pureté de son âme, à chaque fois qu’elle l’utilisait. Elle se sentait en harmonie avec son environnement, en restaurant les milieux détériorés, comme elle avait pu le faire à Kaizoku.

Ses longs cheveux châtains baignés de lumière dorée encadraient son visage et son expression allègre, tandis qu’elle posa brièvement sa main sur le bras de l’homme d’arme. Elle avait permis la sécurité et la poursuite de ce convoi, mais elle ne s’en vantait pas pour autant. Elle paraissait simplement ravie d’avoir pu lui montrer ce don spécifique.

- « Nous pouvons nous remettre en route dès que vous et vos hommes serez prêts. » dit-elle poliment, en retournant vers sa monture.

Ecoutant la réponse d'Hestia, Arakyel se sentit très honoré par ses mots. Elle lui témoignait son appréciation pour ses valeurs et ses choix, et l'homme d'armes en fut touché.

- Vous me faites honneur ma Dame, je suis sincèrement heureux de voir que vous comprenez mes choix.

La discussion était légère et pleine de sincérité. Malgré la différence entre leurs postes respectifs, les deux individus échangeaient avec une facilité évidente. Pour peu, le centurion aurait pu avoir l'impression de connaître l'elfe depuis de nombreuses années. Elle enchaîna ensuite sur un discours un peu plus politisé où elle démontra cette fois un sérieux soudain. Visiblement, le sort de son pays l'impactait énormément et il était évident qu'elle se ferait porteuse de ses convictions dans les différentes sphères où elle gravitait.

- Je suis d'accord qu'il y a eu de nombreuses failles dans la gouvernance de notre pays. Nous avons laissé de nombreux maux s'installer en notre sein sans oser en parler ou les combattre. Et aujourd'hui, avec tout ce qu'il s'est passé... J'ai parfois l'impression de voir les gens se rendre compte tardivement d'où nous en sommes. Quand bien même certains signes étaient déjà présents. Je suis également heureux de voir une personnalité telle que la votre. De savoir qu'il existe des personnes aussi dévouée à notre nation. Vous aussi, vous menez un combat au quotidien pour notre salut à tous, et c'est plus qu'admirable. Même si vos coups se portent sur les discussions et débats plutôt que sur l'échange d'estocs et de taillades. Il étira un sourire, sincère dans le fait qu'il était content de voir qu'elle représentait parfaitement le courant qu'il appréciait. Je suis certain que votre famille doit être fière de vous. Vous manœuvrez entre vie politique et industrielle avec une habileté remarquable. Prenez notre convoyage aujourd'hui, peu d'hommes politiques auraient accepté de circuler ainsi, et de s'assurer que leurs produits arrivent parfaitement à destination. Là aussi, je trouve cela honorable.

Portant ses yeux sur la route devant eux, Arakyel écouta ensuite attentivement la suite de la discussion. Il tourna la tête, revenant observer de ses yeux verts les traits de l'elfe. Un sourire glissa par la suite sur ses lèvres à la mention des occupations d'Hestia sur son temps libre. S'il avait instinctivement pensé qu'elle avait une fibre artistique, il était maintenant envieux d'entendre ses morceaux et ses représentations. Même s'il se doutait que la chose ne serait pas des plus probable pour l'heure. Flattant sa monture, le centurion reprit finalement la parole afin de répondre à son interlocutrice.

- Vous jouez donc ? De quel instrument exactement ? Il laissa un nouveau sourire passer sur son visage. J'apprécie énormément la musique. Les instruments à corde notamment. Je leur trouve une poésie et une âme certaine. Ils sont à mon sens capables de transmettre aussi bien la rage dans leurs notes que la mélancolie. Et c'est une chose que j'aime beaucoup. Pour le reste, je suis malheureusement moi même piètre musicien hahaha. Je suis meilleur dans le dessin et l'exploration. J'essaie cependant de prendre le temps d'assister à diverses représentations et concerts quand je le peux. J'aime aussi beaucoup la peinture. Les toiles que certains artistes peuvent peindre me transportent plus loin que ce que mon devoir pourra me permettre. Et à la beauté de leurs dessins s'ajoutent souvent des histoires fascinantes. Il recentra son attention sur l'elfe, conscient qu'il commençait à s'étendre. Je vois dans l'art une forme d'évasion qui me plait. J'ai toujours été considéré comme un esprit... Rêveur, dirons-nous. Oui, je sais, cela peut paraître étonnant pour un militaire. Il la regarda, lui souriant alors franchement. A mon plaisir de l'art s'ajoute également celui de la nature que vous aurez sans doute deviné plus tôt lors de mes précédentes phrases. Peut-être aurais-je la chance de pouvoir vous entendre jouer quelque chose un jour ? Peut-être même une musique en rapport avec notre traversée du jour ?

Il ricana doucement à cette idée. Il aimait bien cette dernière, même s'il n'était pas certain que cela soit forcément passionnant pour celles et ceux qui pourraient entendre une telle mélodie. Ils continuèrent ainsi de parcourir les sentiers plus étroits des montagnes. La lueur de l'astre, couplé au paysage sauvage, donnait au centurion la sensation de faire partie d'un tableau enchanteur. Seulement, le calme de la traversée se stoppa soudainement lorsqu'Hestia remarqua la première qu'un éboulement allait avoir lieu. Dans une injonction rapide, elle déclencha chez le centurion toute une série de réflexes millimétrés qui se mirent en place. Cabrant sa monture, le chevalier ordonna à ses troupes de s'arrêter et de sécuriser le convoi. Entrainés et préparés, ces derniers s'exécutèrent sans broncher avant de sortir leurs armes, conscients qu'une attaque potentielle pouvait avoir lieu. Le moment du "choc" passé, Arakyel mit à son tour pied à terre et se rapprocha au pas de course de l'égérie de la famille Wessex.

- Effectivement, un demi-tour nous ferait perdre facilement une journée de voyage... Il fixa la femme aux cheveux châtains. Très bien, je vous fais confiance.

Il assista alors silencieusement à la démonstration d'Hestia. Fasciné, le centurion admira la façon qu'elle avait de manier les forces de la nature à sa guise pour refaçonner leur voie. Telle une peintre dessinant sur sa toile, ses doigts dansaient dans l'air et venaient replacer les éboulis pour former deux parois protectrices autour d'eux. Subjugué, le militaire resta quelques secondes là à observer la belle qui venait ramasser un peu de terre avant de la laisser s'échapper d'entre ses doigts, comme si elle remerciait la nature elle même pour le don qu'elle semblait avoir. Puis, le regard du chevalier s'attarda sur le visage de l'elfe, et il ne sut véritablement exprimer ce qu'il ressentit. Sursautant presque alors qu'il sortait de ses pensées quand elle vint toucher son bras, il l'écouta d'un air chaleureux avant d'ajouter à sa suite.

- Nous allons pouvoir reprendre la route rapidement, j'attends juste de voir si nos éclaireurs remarquent quelque chose d'anormal vis à vis de l'éboulement. Dans tous les cas, vous nous avez fait gagner un temps précieux. Et je dois bien l'avouer, vous êtes impressionnante. Très, impressionnante.

Il retourna ensuite auprès d'Eol, avant de le monter de nouveau et d'attendre le rapport de ses troupes. Etant donné la nature étroite de la route qu'ils empruntaient, les risques d'une embuscade étaient réels et sérieux. Aussi, le centurion préférait ne prendre aucun risque. Il était hors de question qu'à cause d'une volonté de respecter un quelconque délai il mette en danger la vie de la Wessex ou de leur cargaison. Quelques minutes plus tard, les soldats républicains revinrent et firent leur témoignage. Visiblement, l'éboulis était naturel et n'avait pas été spécialement déclenché par quelqu'un. Il n'y avait aucune trace de sabotage et, si un mage aurait pu être à l'origine de la chose, il été peu probable qu'un tel être s'en prenne au hasard sur d'éventuels convois républicains. Ainsi, ils purent finalement reprendre la route et arpenter de nouveau les longs chemins du col de l'Avare et de la Timide.

Alors qu'il se trouvait à nouveau aux côtés d'Hestia, Arakyel ne put s'empêcher de venir observer cette dernière une nouvelle fois. Outre son apparence, le militaire jaugeait en elle toute l'étendue du talent dont elle faisait preuve. S'il la savait talentueuse de part ses divers postes, le chevalier était honnêtement surpris de l'avoir vu manier la nature aussi facilement.

- Pardonnez ma question qui pourrait sembler indiscrète mais... Avez-vous toujours eu ces dons ? Ce pouvoir dont vous avez fait la démonstration. Ou bien est-ce là le fruit d'un entraînement rigoureux qui vous a offert la possibilité de communier ainsi avec la nature elle-même ? J'avoue être vraiment curieux de connaître la réponse. Car si je suis admiratif d'une telle force, mes talents concernant les arcanes se limitent aux vents et aux contre mesures de pouvoirs offensifs. Assez logique, compte tenu de mon emploi. Mais bien moins beau à observer.

Il laissa un léger rire quitter sa gorge alors qu'il attendait la réponse de la belle. S'il espérait ne pas avoir outrepassé ses limites en termes d'étiquette, le chevalier écouta avec attention les mots d'Hestia. Puis, une forme un peu plus loin attira l'attention du soldat républicain. Arrêtant le convoi, le chevalier pointa du doigt la dite forme qui l'avait fait tiquer.

- Là! Regardez. Deux rindos. Ils semblent endormis, étendus ainsi dans la végétation et recouverts de mousse. Regardez les traces derrière eux, ils doivent venir d'une source un peu plus loin car ils ne s'endorment que rarement loin de zones vivables où la nourriture prospère. Il étira un nouveau sourire. Nous pouvons contourner un peu et passer vers la source afin de ne pas les perturber si vous le désirez. Ou bien... Nous pouvons longer la route et tenter de ne pas les perturber.    

Il attendit alors la décision de l'égérie Wessex. Passer le long de la route était le choix le plus rapide, mais la nature semblait décidée à les détourner légèrement du chemin tracé. Et l'âme d'explorateur du centurion brûlait d'envie de suivre cet appel.