Prise de température |RO-NG]

Elle s'arrêta soudain.

- Vous êtes Reikois ? Vraiment ?

Elle était stupéfaite. Il était pourtant habillé comme un républicain et n'avait pas tant d'accent. Elle l'avait plutôt pris pour un voyageur ou un shoumeïen envoyé sur les routes. C'était si commun ces temps-ci. Pourtant, il y avait aussi une certaine admiration pour cet homme veni de ce pays en particulier... Et une ligne de plus dans le carnet mental qu'elle ressortirait à sa soeur en gloussant pour la taquiner sur sa dernière conquête.

- Vous venez du désert vous aussi, ou... Oh ! C'est vrai ce qu'on raconte sur les reikois ? Vous avez vraiment un tatouage magique ?

Si elle se rendait compte des fluctuations d'humeur de son hôte, elle préférait ne pas trop s'y attarder. D'expérience, rester jovial était plus efficace que de s'apeusantire sur le mauvais. Puis elle repris la marche et ils arrivent à la porte de service dans laquelle elle s'engouffra sans hésitation, effrayant plusieurs serviteur au fil de son avancée jusqu'à déboucher dans la cuisine. Pénétrer ainsid ans le royaume des domestiques brisait les codes les plus élémentaires de la bienveillance et de la répartition des lieux... mais la faim justifie les moyens.

- Nous ? Nous sommes ici depuis avant même la création de la République. Nous avons participé à sa formation, creusé les coffres de la banque des Chaînes, sorti le métal qui a servit aux premières armes contre les Titans lors de la première guerre, dirigé les sources pour irriguer les villages de la région. Avant ça, nos ancêtres venaient du nord, mais nous faisons parti du paysage depuis si longtemps... Comme d'épaisses racines soutenant un arbre massif. Vous voyez ?

Ils débouchèrent dans la cuisine et la jeune fille expliqua en quelques mots les raisons de leur venue. Sur un coin de la longue table, sous les regards et les murmurs des domestiques, Azulon déposa des terrines et des restes du soir ainsi que du pain frais pour qu'ils puissent manger à leur convenance. Comme il était en train de réparer une paire de petites chaussures noires à talon, il avait retiré ses gants avant de manipuler les plats, révellant des mains couturées de cicatrices, aux doigts arqués, certains tordus, et dont la peau était tâché du bleu sombre du voil qui lui cachait pudiquement les cheveux.

- L'important est de resté fidèles à nos premiers idéaux. Les Ironsouls sont des protecteurs et des travailleurs. Nous faisons notre possible pour aider le peuple qui nous entoure et nous pourrions encore faire davantage. " Elle piqua un raisin. " Mais je parle je parle... La politique Républicaine doit vous laissé froid. Je suis un peu trop emportée je crois. Vous devez me trouver très différente de ma soeur... C'est vrai qu'elle est très mûre maintenant.

Il remarqua son regard descendre de haut en bas et se sentit rougir un peu. Il n'avait pas pensé passer aussi bien pour un Reikois avec cet accoutrement, Il aurait du s'occuper de sa tenue avant de venir, sans doute. Mais qu'elle soit aussi surprise, ca le rendit un peu moins stressé. Il n'avait pas affaire au croque mitaine. C’était juste une jeune femme, rien de plus.

- Oui je...je suis Reikois. Si vous êtes surprise a cause de ma tenue...je l'ai acheté ce matin. Ma tenue habituelle était abîmé. Je dois prendre le temps de la rapiécer ou de m'en faire une nouvelle. J’espère que cela ne vous dérange pas.

Un Reikois portant une tenue Républicaine, certain aurait peut être été un peu agacé, vexé. Les deux nations n’étaient pas vraiment en très bon terme. Mais visiblement, la seule chose qui l’intéressait était de savoir si il avait un tatouage. Ça n'arrangea pas sa gêne.

- ...C'est vrai. Un tatouage qui permet a ceux qui la maîtrise d'utiliser la magie pour savoir qui est citoyen ou non. C'est un art ancien. La magie s'estompe avec le temps, et il faut le faire réviser au bout d'un certain temps. C'est très simple, mais impossible a obtenir quasiment pour quelqu'un d’extérieur. Car peu sont spécialistes en la matière pour les établir.

Visiblement, la famille de Rowena était importante. Plus qu'il ne l'avait supposé a la base. Elle était ancienne. C’était presque étonnant qu'il n'en ai pas entendu parler la première fois qu'il était venu, vu comme elle semblait implanté. Mais a l'époque, il n'avait pas les yeux très ouvert. A l'époque, il était encore moins sociable, ce qui était une prouesse dans la mesure ou il ne l’était pas du tout actuellement, et il avait traversé ces terres comme un fantôme.

- Non non, je trouve ca intéressant. Quand a si vous etes différente....

Il avait prit place assise, et posa un instant le regard sur Azulon, ou plutot sur ses mains. Ses yeux d'experts analyserent aussitôt la menace potentiel de l'homme, mais resta silencieux sur le sujet. Il n'avait pas l'air plus dangereux que ça. Ou plutot, pas volontairement dangereux. Un Reikois, ca sautait aux yeux. Et il se demanda si lui, n'avait pas de tatouage. Un esclave, peut etre. Sinon elle n'aurait pas posé la question.

- ...vous n’êtes pas si différente. Enfin, en tout cas, vous etes autant passionnée l'une que l'autre par les sujets qui vous intéresse. Vous semblez etre une famille de passionnée.

Il essayait de ne pas trop penser a Rowena mais il etaut frustré de son absence. Zim en profita pour venir se coller sur les pieds de Raven et quémander des caresses et a manger.

- Et vous hum....vous avez une activité ? Enfin, ou une passion ?

Il ne savait pas son age, ni si elle travaillait, et ne voulait pas paraître grossier, il avait battu en retraite instantanément derriere cette histoire de passion. Il faisait de son mieux, au moins, pour ne pas etre un hote trop désastreux. Ca aurait été plus facile en pleine campagne. Ca avait etait plus facile, dans la foret....

Raven buvait les paroles du semi-elfe tout en se raclant une tartine de miel en mettant des miettes partout sur son bout de table. Qu'il ne la rabroue pas l'avait fait sourire. Sous ce toit, ses élans politiques n'étaient pas du tout apprécié et elle avait placé encore quelques mots sur ce qu'ils pouvaient faire en tant que patron et en tant que républicains pour facilité la vie de leurs concitoyens. Une vrai députée en herbe.

- Oh... peut-être un peu. La passion... Enfin... Rowena et moi on est hmmm... Plus expensive que la moyenne familiale. " Elle rit un peu et donna un coup de langue sur le bord de sa main pour en retirer le peu de miel qui collait à sa peau.

En sourdine, grande ombre massive et mutique, Azulon continuait ses allé-retours, dégotant un bout de moue et un reste de couenne bien cuite pour le chien.

- Je suis rentrée à Magic il y a quelques jours. En première année d'Assistana magique ! " la fierté rayonnait sur son visage. A force de tenir tête à Dardane, elle avait fini par obtenir l'autorisation de poursuivre le cursus qu'elle voulait réellement faire. " Un membre du conseil municipal m'a beaucoup soutenu et des amis de Fraternitas aussi. C'est difficile mais vraiment passionnant. Je suis là pour quelques jours, nous avons encore une semaine pour rassembler les équipement nécessaires.

Sans se faire prier, elle se lança dans une discussion... ou plutôt un monologue tant que Shan'aël ne faisait pas mine de changer la direction de leur échange, au sujet de Magic, des débouchés politiques et administratifs que cela lui offrirait, de la réticense de sa cousine et de sa tante étant donné que la famille souhaitait plutôt restée peu politisée, surtout dans ces temps de changement. Elle parle et parle avec entrain, bien plus que Rowena ne l'avait fait dans le simple but de le mettre à l'aise. Ici, elle parle parce qu'elle aime ça, c'est facile à deviner.

Il resta donc silencieux un long moment, grignotant du bout des lèvres un peu de pain et de légumes, ignorant clairement délibérément la viande séchée qui lui était proposé. Et il écoutait vraiment, pas juste d'une oreille, il ne répondait pas simplement parce qu'il n'avait pas vraiment les connaissances pour le faire convenablement. Il ne voulait pas faire de semi-réponse. Et au bout de quasiment vingt minutes, profitant d'un trou dans son discours, il reprit la parole.

- ...Vous etes la grande sœur en fait.

Il avait dit ça de but en blanc. Alors que d'apparence ce n’était clairement pas visible, il avait visiblement observé avec attention l'élémentaire, physiquement, et analyser sa façon de parler. Il était quasiment sur de lui. La façon dont elle s'exprimait, dans la tonalité de sa voix, les mouvements de son visage quand elle articulait. Il était enquêteur a la base, et passait énormément de temps a analyser les gens, aussi bien dans un soucis psychologique que physique, et également pour ses dessins. Son œil était aiguisé comme celui d'un rapace.

- Pardon, ce n’était sans doute pas poli.

Après tout, il venait de la traiter de vieille, en quelque sorte. Mais c’était tellement étonnant, ça ne sautait tellement pas aux yeux, qu'il n'avait pas pu s’empêcher de le faire remarquer. Il baisse la tête sur son assiette, et comme le silence ce prolonge, il ajoute un peu précipitamment, pour relancer.

- La politique de la Republique est complexe. Encore plus que la dernière fois que je suis venu. J'avoue que je peine a trouver un intérêt dans un monde aussi sombre et corrompu. Je ne suis pas un expert, mais il est évident que la lutte des pouvoirs et les machinations sont permanentes.

C’était pour ça, en parti, que Rowena s’était faite attaqué, non ? Pour ces histoires de politique, de famille, de syndicat du crime et il n’était pas vraiment certain d'avoir envie d'en savoir plus. Il n'etait qu'un péquenaud local n'existant nul part, dans aucun pays. Ce n’était pas son problème.

- Si vous avez besoin d'aide un jour...pour autre chose que la politique, je veux dire. N’hésitez pas, en tout cas. Comme votre sœur. Toute les deux, je suis a votre disposition pour vous aider.

Il avait bien dit, « disposition », c’était évidemment une offre d'aide gratuite. Il faisait payer peu de gens, et ce n'etait clairement pas pour faire payer des femmes pour qui il avait une certaine considération.

Raven éclata de rire quand il laissa tombé que des deux, elle était l'aînée. De façon purement pratique il n'avait pas tort, mais c'était bien la première fois qu'on lui faisait cette remarque depuis près de quinze ans.

- Oh je ne le prends pas mal. J'ai deux siècles donc je pense qu'on peut dire que je suis la grande soeur d'une certaine façon... Mais elle a beaucoup changée. Depuis quelques années c'est Rowena la grande. ça a pas toujours été drôle mais j'ai fini par la supporter.

Pendant un long moment, elle continua de discuter avec son hôte de son avis sur la politique, qu'il soit plus ou moins partant ou non. Elle l'avait chaleureusement remercié pour son soutien et pour l'offre qu'il lui faisait de l'aider si un jour elle en avait besoin, mais affirmer que les machination et la traitrise sont permanente c'était dire que le système républicain n'était pas une bonne solution et il se trouvait que Raven était persuadé que malgré tous ses problèmes, le système républicain vallait le coup. Après tout, la démocratie était le pire des régimes politiques à l'exclusion de tous les autres... Et puis elle avait bon espoir de changer les choses de l'intérieur. Quand elle aurait fini son cursus et qu'elle se présenterait à la députation, peut-être même aux municipales, elle redresserait les torts et mettrait un terme à la corruption afin que les gens de toutes origines puissent vivre décemment du moment qu'ils souhaitent participer à la grandeur de la République.

Il y avait dans son regard la flamme vertueuse et particulièrement sincère des jeunes gens enthousiastes... Ceux qui peuvent vous tenir la jambe sur un sujet pendant longtemps.

Le pauvre Shan'aël n'eut pas vraiment l'occasion de parler beaucoup pendant le repas et Azulon, le colosse aux mains déformées et tâchées de bleu, fini par se glisser près d'elle pour lui signaler qu'elle avait une leçon d'équitation le lendemain matin aux aurores avant de faire le tour des commerces pour rassembler ce dont elle avait besoin pour l'année scolaire. Malgré son déplaisir visible, la jeune femme soupira et ne mis pas longtemps à s'excuser pour se retirer pour la nuit. Le majordome signala qu'une chambre avait été préparée dans les communs pour leur hôte, la porte secondaire donnant directement sur le jardin. Tout était tel que ça devait être du point de vue du serviteur : ordonné et prévisible.