Portant toujours un grand voile aux motifs bleutés, Azulon a pourtant une beauté virile toute Reikoise. Les traits harmonieux, la mâchoire carrée, la barbe fournie et de grands yeux placides. Le drakyn est lié à la lumière et ça ne donne que plus d'éclat à son apparence. A l'exception de ses mains, tâchées d'une teinture bleue qui ne partira sans doute jamais, sa peau est d'or mouchetée de tâches de rousseur et sa crinière ainsi que sa barbe sont d'un bronze à peine cuivré. Ses traits draconiques se traduisent par des doigts griffus, des cornes gravées et ornementé à la feuille d'or, et les cicatrices laissées par les ailes vestigiales qui lui ont été amputées. Sa marque d'esclave se trouve sur sa nuque et ses doigts portent toujours les cicatrice des sévisses qu'il a subi à répétition, manquant cruellement d'agilité.

Azulon porte une grande importance à l'apparence et à la propreté. Maltraité lorsqu'il déplaisait à son maître, être beau, propre, bien vêtu est resté très important pour lui. Plaire est important pour ne pas être violenté. De même pour son environnement et les affaires de son maître. Il est d'un soin obsessionnel avec les affaires de Rowena comme avec les siennes. La moindre remarque ou reproche est source de terreur. Les sévices l'ont rendus craintifs, silencieux et d'une docilité totale. Refuser quelque chose à son "maître" est difficile, même après des années de liberté.

La peur le paralise et le rend mutique. Il garde une peur irrationnelle de l'obscurité et déteste le son des cannes de marche.

Azulon est né en esclavage et son premier souvenir est celui d'une teinturerie. Son maître lui faisait remuer les couleurs et il en garde encore aujourd'hui les mains tâchées de bleu.

Pour des raisons qui lui échappent, il fut cependant vendu alors qu'il n'avait que dix ans, à une maison de passe d'Ikuza. L'endroit était loin des bordels des docks dans lesquels les marins allaient se soulager... Mais une fois derrière les paravents parfumés, les nobles ne sont pas meilleurs. Au contraire : tout à un prix et on ne résiste pas à ceux qui le payent.

Il n'avait qu'à peine treize ans lorsqu'il fut racheté par un vieil homme vouant un intérêt dérangeant aux dragons. L'homme se nommait Ebeneze Scroge, marié et père de plusieurs enfants, mais aussi le gérant véreux d'une mine de pierres précieuses dont il détournait les fonds. Ebeneze était un maître sévère, cruel et dont la perversion n'avait que peu de limites. Le peu d'individualité qui persistait chez Azulon se brisa peu à peu.

En l'an 0, lorsque les magouilles d'Ebeneze furent découvertes, l'homme quitta précipitamment le Reike pour la République en emmenant avec lui tout l'argent qu'il pouvait et ses trois plus proches esclaves : deux gardes du corps et Azulon. Quelques semaines plus tard, il était arrêté par Rowena Ironsoul, Limier du Razkaal, et remis à la garde de Tagar Reys, contrôleur Royal du Reike avec ce qui restait de son butin, mais les trois esclaves furent déclarés perdus.

L'un des esclave-combattant fut arrêté par les officiers républicain, l'autre disparut des radars, mais Azulon était dans un état d'asservissement et de confusion mentale tels qu'il ne pouvait pas se débrouiller tout seul. Rowena décida de le garder à sa charge le temps de faire les démarches pour sa demande de nationalité et sa réadaptation.

A partir de ce jour de décembre de l'an 0, elle prit donc soin de lui, lui trouva un médecin, lui apprit les coutumes Républicaines et l'aida à reprendre doucement pied dans la vie. Peu à peu, pour la remercier et parce qu'il ne savait rien faire d'autre selon lui, il commença à s'occuper de sa maison et de ses affaires.

Avant de quitter la république pour le front à la fin de l'an 1, l'homme qu'elle avait aidé lui demanda de rester avec elle. Elle refusa de le laisser venir à Maël mais lui offrit un travail. C'est ainsi qu'il devint officiellement son majordome.