Une proposition que l'on ne peut pas refuser

« Franche, franche… Je vous prie de me croire que la plupart des Républicains ont une franchise enrobée d’un véritable miel d’hypocrisie. A vrai dire, je puis assurer qu’entre République et Reike, il y a moins de différence qu’on pourrait le croire. On a beau le travailler, le polir, y mettre un charpentier différent, du bois restera du bois. »

Peu importe comment on se forçait à vouloir opposer ces nations, le Dérangeant voyait les mêmes schémas se faire et se défaire. Mais allons donc… Ils étaient tellement ancrés dans leur pensée unique qu’ils oubliaient de considérer les autres pour ce qu’ils étaient vraiment. Les nations… un beau concept de s’unir pour mieux se détester.

« Et puis bon, même si on ne vous dit tout, j’imagine sans mal ce que vous devinez un peu les intérêts du Ministre. »

Cela ne serait même pas un secret. L’aboutissement devait surement donner un avantage pécunier au Reike. Oh, bien évidemment, il se pourrait que ça soit autre chose de plus privé. C’était une hypothèse possible. Enfin, ce n’était pas comme si le Dérangeant allait en avoir quelque chose à faire de garder cette conversation secrète. S’il y avait des choses à cacher, ce n’était pas pour son propre bien. Et puis, mentir… Disons que ce n’était pas quelque chose qu’il appréciait.

« Assassin, je ne m’en inquiète pas plus que cela. De toute façon, attaquer un représentant de l’Académie… Avouons le, c’est du suicide pur et simple. Je crois que peu de gens sont disposés à avoir cette institution à dos. »

A vrai dire… L’académie, bien qu’implanter en république, avait ses bras qui s’étendaient de partout. C’était une référence aux savoirs ancestraux. Oui, le Dérangeant avait de la fierté d’y faire part. Encore plus d’y être considéré comme une référence parmi les références…encore plus d’avoir pu s’attirer les grace de la Dame. Le Dérangeant pouvait être vantard, mais sa vantardise n’était pas gratuite.

« Mais bon, ne parlons pas de mauvaise aventure. Personne ne veut d’un conflit politique, n’est-ce pas ? Ce serait bien trop d’efforts pour si peu d’intérêt. J’admets être quelques peu flemmard pour m’y pencher. »

La réponse de mon interlocuteur sur la franchise mis à l’honneur en République me fait sourire, car il n’a pas tort, du bois restera toujours du bois, mais celui du Reike est assez grossier mais solide, comparé à celui de sa nation qui est plus fin et souple.

Je hoche la tête quand il me parle des intérêts de Tagar et je lui réponds, sérieusement :

Mon but est que vous arriviez sain et sauf à l’exploitation et que vous obteniez les informations nécessaires, si cette partie est réussie, je serais pleinement satisfait.

Une chose à la fois, c’est ma devise. Il évoque ensuite, une nouvelle fois cette histoire d’assassin et je lui dis en souriant :

Le ministre des Finances est un grand admirateur de l’université Magic, je pense que si on lui donnait l’occasion, il pourrait parler magie toute la journée.

Il en est même épuisant, si vous voulez mon avis. Je sais qu’il utilise la magie du métal, plutôt pas mal si j’en crois le chef de ses gardes du corps, Robert, que j’apprécie beaucoup, car il est très méfiant et extrêmement compétent. Ce sont deux qualités qui me paraissent indispensables quand on a la charge de la sécurité du Cœur, ce dernier pouvant se mettre dans des situations improbables et dangereuses. Le pire, c’est qu’il pense être extrêmement prudent ! Je ne vois pas comment c’est possible vu le nombre de blessures qu’il a reçu et le nombre de gens qu’il a été « forcé » de tuer. Je n’en connais pas le nombre exact et je suppose que lui-même ne le connaît pas, mais on doit être maintenant à plus d’une centaine, c’est assez impressionnant pour une personne qui n'aime pas la violence.

Tout en discutant, nous avançons bon train et nous arrivons en vue de l’exploitation. De l’extérieur, elle est très classique, avec plusieurs bâtiments au flanc d’une colline et une grande ouverture dans cette dernière. Pour le moment, nous sommes trop loin pour distinguer des silhouettes, mais de la fumée s’échappe de nombreuses cheminées et je suis rassuré, nous sommes arrivés juste avant que la nuit ne tombe.