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  • Mer 26 Oct - 22:06
    Un nom était parvenu à ses oreilles, un simple nom et une description qui avait attisé sa curiosité. Que cela fut un homme ou bien une femme, tous les avis semblaient unanimes sur les compétences de Aryan Iceshade. Il paraissait être une personne aussi charismatique que professionnel dans son domaine, une perle rare auprès de laquelle une femme comme la Juge Vélites ne pouvait décidément pas passer à côté, d’autant plus que ce dernier était de passage en ville. Toute la difficulté serait de le retrouver, mais Deirdre était une femme de volonté. Elle voulait. Elle aurait. Qu’importait le temps que cela pouvait lui prendre.

    Bien évidemment, la jeune femme s’était en premier lieu renseigné sur l’endroit dans lequel Aryan était descendu, mais lorsqu’elle se rendit là-bas, le bel oiseau n’y était déjà plus. Quand bien même elle fut un peu frustrée, elle n’en démordit pas et elle se fiait à son instinct. Le travail était une chose, la détente une autre. Peut-être était-ce un cliché, mais elle chercha l’ange dans un endroit reposant, calme, peut-être plus aisément délaissé par la foule en ces temps plus frais. Ce fut ainsi qu’elle se perdit dans les méandres d’un parc boisé, jouant de lumières et d’ombres, du bruit des feuillages sous le vent et des parfums des parterres fleuries. Il y avait quelques bancs, de ci et de là, et peu de passants. Jusqu’à ce que la chance lui sourit enfin. Improbable chance ou coup du destin ? Une question philosophique à laquelle elle ne voulait pas perdre son temps à réfléchir.

    Il était là. À l’identique de ce que l’on lui avait dépeint, sculptural, angélique dans le sens le plus noble du terme. Il était une peinture à lui tout seul qui soudainement l’inspira. Le peindre. Oui, perdre son portrait lui plairait, mais elle ne le cherchait pas pour modèle, quand bien même elle dût se résoudre à le trouver d’une beauté qui l’émouvait en partie et dont il serait difficile d’y être insensible lorsque l’on était pourvu d’une quelconque fibre artistique.

    «  Veuillez m’excuser, êtes-vous bien M. Aryan Iceshade ? »

    Armée de son assurance et de son culot, Deirdre s’était avancée vers lui sans une once d’hésitation. Son pas sûr, son port altier, sa démarche aussi cruellement féminine qu’autoritaire. Ses petits yeux noirs impudents tentèrent de bien rapidement captiver celui de son interlocuteur.

    «  Pardonnez mon impudence, mais vous êtes un homme difficile à trouver. Je me nomme Deirdre Velitès, Juge à la cour. Mais rassurez-vous, je me présente à vous pour des raisons… personnelles. »

    Ce fut ainsi qu’elle se présenta, sans fioritures, calmement et d’une voix étonnamment suave pour un visage qui parut particulièrement fermé pour le moment. Corsetée dans une jupe de cuir serrée qui participait à lui donner une démarche chaloupée, grandie par des bottines à talon haut, la délicatesse de la chemise pâle et finement ouvragée qu’elle portait, montrait toute l’étendu de sa coquetterie, tout en offrant d’elle une image un peu sévère.

    « J’aimerais pouvoir m’entretenir avec vous. Votre réputation vous précède et on dit de vous que vous êtes un fin connaisseur dans les arts du marchandage et autres dérives de cet univers. J’aimerais pouvoir bénéficier de vos services et de votre temps à cet effet. »

    Un petit sourire se dessina sur le coin de la bouche de l’étonnant Juge.

    « Bien évidemment, votre prix sera le mien et nous pouvons fixer une date pour une entrevue ultérieure si vous n’êtes pas disponible à ce jour. »

    Ce jour-là ou un autre, Deirdre était capable de se montrer patiente si nécessaire… bien qu'elle reconnaissait que plus vite serait le mieux.
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  • Ven 28 Oct - 22:01
    Il s'ennuyait terriblement. Il était monté dans les terres, droit vers la belle Justice, en espérant se trouvait une occupation. Mais la vérité était qu'il n'en avait pas, depuis deux jours. Aucune piste intéressante pour une découverte quelconque. Pas de gens venant le voir directement, ce qui était devenue une habitude presque trop agréable,

    Il avait passé plusieurs jours enfermés. D'abord seul, a écrire des hypothèses diverses sur plusieurs sujet, tel que la composition de l'eau de mer, l'utilisation de certains types de magie qu'il avait étudié a l'université de Liberty, ou bien encore avait essayé de s'imaginer avec les cheveux longs. Des sujets simple, sur lequel il pouvait littéralement passer des heures de réflexion intense.

    Le dernier jour, il était descendu brièvement, et après une brève discussion, etait remonté avec la fille du tenancier. Une belle jeune femme d'une vingtaine d'années, assez bien en chair, qu'il avait adroitement torturé durant une partie de la nuit, usant de plusieurs techniques pour lui fournir un plaisir intense, indescriptible, une nuit qu'elle ne connaîtrait peut être plus.

    Il avait alors évaluer que rester jusqu'à son réveil était une mauvaise idée. Après avoir d'écrit la scène dans son carnet, il avait songé qu'elle n'avait rien apporté de vraiment utile, et encore moins, dans le futur, pourrait lui fournir quelques choses de vraiment intéressant a rajouter. Comme toute les autres. Il avait espoir qu'un jour une femme puisse satisfaire sa curiosité plus d'une nuit. Voir même puisse lui rendre un peu de bonheur physique qu'il était capable lui même de fournir.

    Il s'échappa par derrière, après avoir payé sa note, et commença a déambuler dans les rues de la ville, lentement, suivi mollement par sa carriole que ses chevaux tiraient en le suivant au pas. Il tenait juste légérement une bribe qui maintenant le premier dans la bonne trajectoire, et s'arretait de temps a autre devant une boutique ou une librairie.

    Finalement, il dénicha un petit parc qu'il trouva intéressant pour une pause. Il n'avait pas encore vu ce parc, en fait, et c'etait surtout pour cela qu'il avait mit un temps d'arret. Pas question de rater ça.

    Alors il effectua un premier tour, cherchant le nom de l'endroit, sans parvenir a trouver un quelconque panneau pour le lui indiquer. Il n'aurait qu'a le nommer lui meme. Il sortit son carnet, et, debout, commença a écrire.

    Meme si il n'avait que l'apparence d'un homme lambda, il se dégageait de lui du charisme, un air, une aura. Quelque chose de différent. Dans son pantalon de toi assez large, et sa veste ample, ouverte sur son torse nu, il semblait etre un élément d'ailleurs incrusté sur une toile.

    Il ne bougea pas quand on vint lui parler. Pas non plus quand il constata que la personne en question le cherchait directement. Il finissait ce qu'il était en train de faire. Il écrivait toujours, décrivant la juxtaposition de deux arbres juste dans son champ de vision, qui se mariait parfaitement avec les couleurs de la période.

    Il la laissa donc parler, sans donner l'impression de l'écouter. Mais il ne perdait pas une miette de ce qu'elle disait, faisant aisément deux choses a la fois. C’était une qualité autre qu'il avait. Son cerveau, en générale, était doué pour analyser les informations venant de toute part, et les stocker.

    - De l'argent ? Je n'ai pas besoin d'argent.

    Il avait soudainement tourné la tête vers elle, ses grands yeux argenté la détaillant soudainement, comme visualisant l'intérieur de sa personne, comme caressant son âme du regard. Il fit claquer son carnet en le refermant, et se tourna entièrement vers elle. Un humain lambda, certes, mais avec sa taille, et sa tenue mettant en valeur sa tonicité naturelle, il pouvait sans doute faire douter quelqu'un de moins habituée qu'elle.

    - C'est bien moi en effet. Enchanté, madame la juge.

    Il baissa les yeux sur sa poitrine. Sur les courbes de son ventre gagnant ses belles hanches, jusqu'à ses genoux, ses pieds. Puis remonta jusqu'à son visage et sans aucune crainte, leva la main et la prit par le menton, pour lui relever un peu le visage et l'observer droit dans les yeux, comme pour la maintenir et pouvoir avoir une vision parfaite de son esprit, de sa personne.

    - Une artiste. Vos yeux. Vous voulez des œuvres d'arts, ou bien en crée vous meme ? Vous avez, ma foi, l'air plus d'une pratiquante que d'une amatrice.

    Il l'a relâcha, amusé, et rangea son carnet dans sa petite sacoche laissé ouverte sur le banc juste derrière lui, ainsi que sa plume. Puis il enfonça ses mains dans les manches opposés, les faisant disparaître alors qu'il croisait les bras.

    - La loi est elle un art ? Ou bien c'est l'art qui dicte la loi ? C'est une question sur laquelle une femme comme vous doit mettre en balance sa propre vie, non ?

    Il resta immobile, souriant légérement dans un air de confiance ne manquant pas de charme.
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  • Dim 30 Oct - 23:37
    Après avoir sacrifié une partie de ses dernières heures à chercher Aryan, voilà qu'elle fit en premier lieu face à un mur qui semblait ne daigner la regarder, ni lui répondre. Pas une once de son attitude ne paraissait lui laisser entendre qu'il l'écoutait... et autant dire que cela éveilla en Deirdre un haut niveau d'irritation. Où était la politesse ? Les manières ? Ou bien jugeait-il celles de la Juge elle-même ? C'était deux égos qui s'affrontaient en une façon, mais il était toujours bien plus terrible de s'en prendre à celui d'une femme. Il fallut qu'elle aborda l'idée de le payer pour qu'il daigna enfin lui prêter son attention.

    Ce fut à cet instant qu'elle remarqua le gris de ses yeux, apportant quelque chose de remarquable à l'ensemble de sa personne, mais son orgueil blessé la fit rester de marbre, froide, en portant sur l'homme qui lui faisait enfin face, une attention sévère. L'impudent se permit alors de la toucher, lui saisissant avec délicatesse le menton pour l'observer comme si elle était quelconque.

    « Si l'argent ne vous intéresse pas, sachez que je n'en suis pas un prix pour autant. Je vous pardonnerais volontiers le geste déplacé qui est le vôtre, mais je vous déconseille de vous permettre de me toucher sans ma permission.  »

    Les yeux noirs s'enfoncèrent dans ceux de l'ange, alors qu'elle croisa les bras. Aucun sourire ne vint étirer ses douces lèvres carmin, aucune ridule ne vint à déformer les traits de son visage de poupée. Elle affichait uniquement un masque impénétrable de froideur, à l'image de sa profession première. Est-ce que Aryan lisait les pensées ? Si c'était ce qu'elle crut, elle lui laissa bien volontiers effleurer son esprit ou il ne verrait guère des choses bien clémentes, miroir de sa contrariété. Attacher ses mains qui avaient osé l'effleurer, percer son esprit pour le rendre moins impudent. Difficile de pardonner l'orgueil lorsque le vôtre venait d'être blessé.

    « Permettez-moi cependant de mettre en doute votre intuition. S'il est vrai que mon goût pour l'art m'amène à vous, il n'est pas question du mien que je ne pratique qu'en amatrice. Je n'ai besoin que de vos services en qualité de commercial dont on ne cesse de me rebattre les oreilles. Il semblerait que vous soyez un expert et je ne désire ne m'entourer que des meilleurs. »

    Soupirant alors face aux paroles de l'ange, elle décroisa les bras pour balayer ses paroles d'un revers de la main.

    « M. Aryan Iceshade. Veuillez garder votre philosophie et vos discours de beau parleur pour les écervelés qui boivent vos paroles sans modération. Ne me prenez pas pour celle que je ne suis pas. Je désire uniquement savoir si vous êtes prêt à m'accorder de votre temps pour apprendre de vous et quel serait le prix si vous y concédez. »

    La jeune femme finit par mettre les mains sur ses hanches comme si cela marquait déjà son impatience.

    « Je ne suis pas une femme qui se perd en palabres inutiles. Vous savez ce que je veux, dites-moi ce que vous désirez. Je n'aime guère perdre mon temps. Oh, et ne perdez pas votre temps à essayer de lire mon esprit, posez la question. Je n'ai rien à cacher et les tours de passe-passe m'ennuient. »

    Oh oui, la juge Velitès était une femme difficile à contenter, qui savait ce qu'elle voulait et surtout ce qu'elle ne voulait pas. Cela pouvait autant faire son charme que cela agaçait, et elle le savait. Toutefois, il y avait un avantage à cela, elle ne tournait jamais autour du pot, elle agissait.
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  • Lun 31 Oct - 21:00
    Mais Aryan souriait toujours lui, comme si la juge venait simplement de lui raconter une bonne histoire, ou de rire a la sienne. Il la trouvait amusante. Il aimait bien les personnes osant être naturel avec lui. C’était bien plus agréable que quelqu'un bredouillant d'une manière quelconque. Et elle, elle semblait ne pas etre quelconque.

    Une juge ! Une représentante de la loi ! Voila qui animait ses pensées. Il avait envie d'en savoir plus, même si visiblement, celle ci était farouche. Il avait juste voulu mieux la regarder. Et n'avait pas trouvé plus simple que de logiquement lui faire bouger les yeux manuellement. Elle n'avait pas apprécié, soit. Mais elle se perdait en remontrance plus ennuyeuses qu'utile.

    - Si vous le dites.

    Les bras toujours croisés, il se détourna, observant le paysage qu'il avait prit le soin de lentement décrire les contours durant un bon moment précédemment. Il avait passé trop de temps dessus, et le regarder de nouveau lui procura un ennuie palpable. Comme souvent, il n'avait pas du tout l'envie de passer plus de temps que nécessaire a faire la même chose en continu. Il était temps de varier les plaisirs.

    - Vous m'avez peut être mal comprit. Aussi séduisante que vous puissiez l’être, je n'ai pas vraiment d'attrait a votre personne physique.

    Vrai. Il mentait rarement. Ou plutôt, il ne disait jamais des vrais mensonges a voix hautes, il détournait plutôt la vérité pour la manipuler a sa convenance sans être prit en défaut. La vérité avait ce pouvoir de ne pas pouvoir être repoussé.

    - Je suis plutôt un amateur d'esprit. Et le votre m'a l'air extrêmement intéressant.

    Il fit deux pas pour la contourner, et continua, faisant le tour entier de sa personne, la détaillant des pieds a la tête. Physiquement c’était une humaine bien classique, et cela renforça son idée qu'il n'avait pour l'instant aucun véritable intérêt a la manipuler charnellement. Peut être, si son esprit lui offrait quelque chose, changerait il d'avis.

    - Il n'y a pas d'art amateur, et d'art professionnel. C'est une idiotie. Pourquoi une personne serait elle plus un artiste qu'une autre ? Non. Le plus important, voyez vous, c'est la volonté.

    Il n’était pas du genre a faire de différence entre les personnes. Chaque œuvre était simplement une histoire qu'il aimait entendre, et consigner. Son importance n'avait aucun impact sur son plaisir a la découvrir. Une nouveauté était une nouveauté.

    - Je suis disponible maintenant, a vrai dire. J'ai mon chariot non loin d'ici si vous voulez discuter en privé a l'abri. Nous pouvons aller ou vous le désirez, autrement.

    Il donnait l'impression qu'elle n'avait jamais mit la moindre pression dans l'échange, et que tout était pour le mieux. Peut être était il simplement un homme faible d'esprit qui ne comprenait pas les signaux les plus évidents. Il retourna vers le banc et rassembla ses affaires, fermant finalement la petite agrafes gardant tout au sec, la sacoche étant magiquement protégé des intempéries. Il revint ensuite vers elle.

    - Si vous acceptez de me parler de vous, votre histoire, ce que vous etes, et que vous me laissez le consigner a l'écrit, ce sera tout le paiement dont j'ai besoin.

    Il fit mine d'observer droit dans ses yeux, comme pour la prendre aux mots quand au fait qu'il lisait dans l'esprit des gens, et sourit, amusé. Il n'avait pas cette capacité la. Et se moquait bien de l'apprendre. Quel intérêt de tout savoir sur tout dés le départ ? Le plaisir était dans la découverte. Il n'aimait pas les mensonges, en revanche. Et ca, il les percevait.

    - ...A vous de choisir, madame la juge qui n'aime pas la philosophie.
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  • Lun 31 Oct - 22:10
    Le sourire indécollable de la figure angélique de son interlocuteur avait quelque chose d'aussi hypnotique qu'agaçant. Mais il fut une nouvelle fois à deux doigts de froisser son égo, si tentait qu'elle eut quelque chose à faire du point de détail qu'il nomma de but en blanc : il n'en avait pas sur ses attraits physiques. Elle ne put s'empêcher d'arquer un sourcil car à aucun instant elle avait imaginé quoique ce fut de ce point de vue là.

    «  Pardon ?  »

    Elle ne put se résoudre à le regarder avec un peu de suspicion.

    «  Vous semblez vous aussi m'avoir mal comprise, car à aucun moment, il ne me sembla que cela fut le cas. Je n'ai que faire de votre joli minois, car ce n'est en rien ce qui occupe l'affaire pour laquelle je viens vous voir. Si mon esprit seul vous intéresse, sachez qu'il en est de même pour moi. »

    La voix de la Juge se fit un peu plus tranchante et son attitude se raidit de méfiance. Pourquoi avait-elle l'impression d'être prise pour une imbécile ? Elle se demandait si elle eut bien fait d'écouter les quelques armateurs qui lui avaient conseillé cet homme. Pourtant, ils étaient tous unanimes. Il était le meilleur. Peut-être aurait-il dû préciser que son caractère ne l'était pas tant – en omettant que la Juge elle-même n'était pas d'une humeur délicate. Notons qu'elle ne fit aucun commentaire lorsque Aryan se fit intéressé par ses traits d'esprit.

    Il se mit alors à tournoyer autour d'elle comme un fauve qui analysait sa proie, et la Juge ne bougea pas d'un cil. Elle n'était guère impressionnée par ce manège et elle ne guettait qu'une chose : une réponse.

    «  Si seule la volonté compte, alors entendez la mienne. »

    Ses doigts se mirent à tapoter son bras d'impatience, jusqu'à ce qu'enfin il lui déclara qu'il était prêt à lui accorder de son temps à l'instant même. Cela surprit un peu, mais assez agréablement pour pouvoir mener son affaire à bien. Plus vite elle pourrait traiter avec lui, plus vite elle pourrait se défaire de ses multiples irritantes remarques. Toutefois, le plus étonnant fut le prix : son histoire.

    Autant vous dire que le regard que jeta la juge sur l'ange en disait long. Elle ne voyait guère l’intérêt d'avoir sa vie consignée par un autre pour... pourquoi ?

    «  Vous voulez que je vous raconte mon histoire ? Vous êtes un...original. »

    Deirdre se mit à soupirer mais elle n'eut pas à réfléchir bien longtemps. Ses désirs passaient avant tout, comme ses intérêts.

    «  Si mon histoire est tout ce qu'il vous faut, alors il me faut vous emmenez là où elle a commencé. Suivez-moi et ne faite aucun commentaire jusqu'à ce que nous arrivions. »

    Les petits yeux noirs du Juge se firent sévères et bien vite elle tourna les talons pour emmener Aryan jusqu'à chez elle, au manoir familiale qu'elle avait récupéré après que des créanciers en eurent pris possessions. Aujourd'hui, elle en était à nouveau la légitime propriétaire et l'avait aménagé à son goût. Rien de bien trop clinquant toutefois et bien moins austère que ce que l'on pourrait imaginer. Ainsi, tout au long du chemin, la Juge énuméra quelques lignes de sa vie.


    «  Mon père se nommait Artus Velitès, un homme de la petite bourgeoisie pourvu de grande ambition. Il était un homme aussi éloquent que brillant, un amateur d'art comme nul autre qui se fascinait pour les belles choses, allant de la simple fleur à une pensée au travers d'une peinture. Il épousa une aristocrate du nom de Bérénice de Valcourt, qui n'avait rien d'exceptionnel hormis son titre et sa beauté. Si j'eus la joie d'être aimé de mon père, je ne le fus pas de ma mère. Je finis par tout à fait lui rendre son dédain.»

    Elle balaya bien vite tout ce qui concernait cette dernière, et à la manière dont elle parlait d'Artus, on comprenait très aisément qu'elle avait beaucoup aimé son père. Ils finirent par arriver devant son manoir.

    «  Voici le manoir familial que j'ai pu racheter... je vous raconterais un peu plus tard. Laissez-moi d'abord vous conduire à ma galerie. »

    Sans plus rien dire, elle salua d'un simple signe de tête les quelques employés qui travaillaient là, et conduisit son hôte du jour directement dans le couloir qu'elle avait aménagé comme une galerie d'art. Les murs étaient parsemés de tableaux, de gens connus, moins connus, et surtout de partout sur le continent. Deirdre avait beau être républicaine, elle n'était pas chauvine pour autant. Il y avait même quelques rares peintures d'elle, principalement des paysages qui ressemblaient à des captures de souvenirs.

    «  J'ai besoin de vos talents pour apprendre à mieux évalués les œuvres que je possède, que je suis susceptible de vendre ou bien d'acheter. »

    En plein cœur du couloir, on pouvait voir qu'au bout opposé, il y avait une grande porte. Elle menait à l'atelier de peinture privé de la Juge.
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  • Jeu 3 Nov - 19:45
    Elle se défendit aussitôt de n'avoir jamais eu cette pensée en tête. Et Aryan se fendit d'un sourire encore plus large. Elle était amusante, cette humaine. Peut importe qu'elle mente ou non, et il avait aussitôt sentit qu'elle ne mentait pas. Elle avait le mérite de garder le menton droit, l'allure fière, en le regardant. Mais il sentait qu'elle avait un certain intérêt pour lui, au moins pour son métier, et il le nota dans un coin de sa tête.

    - Je ne sais pas si c'est original. Mais c'est ça qui me plaît en tout ça.

    Il trouva un peu dommage, cependant, d’être coupé ainsi. Il aimait bien parler en marchant, car il avait souvent les méninges travaillant a toute vitesse durant ces périodes. Il avait donc des questions qui allaient, et parfois qui repartaient sans qu'il n'ai pu les dire. Mais pas grave, il aurait l'occasion de les poser.

    Actuellement il avait plutôt les yeux posés sur ses fesses, friandise féminine qui bougeaient au rythme de ses pas, puis de ses jambes, longues et sculptés, faisant mouvoir son corps avec une certaine grâce. Il songea qu'elle devait être populaire. Physiquement en tout cas, car pour le reste, elle avait plutôt le ton de la femme sévère, adepte du contrôle. Ça lui parlait un peu.

    C’était bien son genre a lui également, de manipuler les gens pour parvenir a ses fins. C’était ainsi qu'elle était la aujourd'hui, après tout. Car il avait fait en sorte de rendre dépendant des connaissances qui se chargeaient de faire se rependre son nom, lui permettant d'avoir de nouveaux clients. Ils étaient liés a lui par l'argent, le pouvoir, le sexe, l'amour. Chacun et chacune avait un besoin qu'il pouvait assouvir, et aisément, il devenait important pour eux.

    Finalement, cependant, elle prit la parole, et il se déplaça pour marcher a coté d'elle, pour bien l'écouter. Il hocha doucement la tête, sans jamais l'interrompre, avalant ses paroles avec délectation. Quel magnifique sujet venait de frapper a sa porte. Il n'avait rien eu a faire, et en quelques minutes, il pouvait épancher sa soif avec délice.

    - Vous êtes donc une femme de sang noble, néanmoins. Du moins dans cette partie du monde.

    Le sekai etait vaste. Une noble en République était sans doute considéré comme une femme normale au Reike ou dans les terres du nord. Ce n’était pas sa naissance qui faisait de sa personne quelqu'un de noble. C’était surtout son lieu de naissance.

    - C'est un beau manoir. C'est amusant mais il vous ressemble.

    Très beau, mais simple. Elle ne débordait pas de colifichet. Elle n’était pas ce qu'on pouvait appeler « naturel », avec sa tenue un brin sévère, mais elle ne faisait pas dans le chichi, et le manoir reflétait parfaitement cet aspect de sa personne. Il observa avec interet les hommes montant la garde, celui en train de s'occuper du jardin, et la suivi a l'intérieur.

    - Une collectionneuse donc. On ne vous imagine pas comme ça au premier abord...hum...bien que vous avez la tête de quelqu'un d’extrêmement discipliné. Et la collectionnite a besoin de cet aspect pour être performante.

    Il croisa les bras, et repéra la porte en question, la notant mentalement avant de se retourner vers les peintures. Il n'avait pas vraiment d'expression, ni blasé, ni au contraire joyeux. Il réfléchissait simplement. Notant ce qu'il connaissait, ou pas. Il était un poil déçu, mais pas vraiment étonné. Il en avait vu déjà la plupart. Il songea qu'une partie devait être des copies. Il ne savait pas si elle le savait elle même, cependant.

    - Vous avez quelques originaux, quand même.

    Il s'approcha d'une peinture représentant un homme recouvert de milles entailles, se vidant de son sang dans les bras d'une nymphe.

    - « La mort de la nature ». C'est une peinture qui vient du nord, si je ne m'abuse. Je ne l'avais pas encore vu en vrai. Vous devez avoir un bon réseau.

    Il tourna la tête, cherchant visiblement quelque chose. Puis ne le trouvant pas, se tourna vers elle :

    - Vous n'avez exposée aucun de vos œuvres ? Je suis déçu, j'aurais voulu en voir.
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  • Jeu 10 Nov - 16:34
    Alors que Deirdre conduisait l'ange jusqu'à son manoir, elle ne put s'empêcher de hausser les épaules, sans détourner ses yeux de sa route, droite devant. Son commentaire, qui pourtant pouvait en dire long sur sa manière de voir le monde, avait été lancé comme si ce n'était qu'un détail.

    « Si la noblesse n'était qu'une question de sang ou de titre, cela se saurait, Monsieur Iceshade.  Mais il est vrai que beaucoup y sont particulièrement attachés Personnellement, je n'en ai cure. »

    Elle n'eut qu'un léger un petit regard en biais à son encontre jusqu'à leur arrivée. Deirdre pouvait être une femme pétrie de contradiction. Si elle était fière de son nom et de son statut, elle n'en avait en réalité pas autant d'attache qu'il n'y paraissait, ou tout du moins, uniquement sur le principe. Velitès était son nom, noble ou pas, il lui était déplaisant qu'il fut souillé d'une quelconque manière. Certains diraient que d'être bien née lui avait apporté beaucoup. Elle rapporterait aussi que l'on lui avait tout pris, et ce fut à partir de rien qu'elle s'était bâtie. Son "titre" ne lui avait été d'aucun secours. BIen au contraire, on lui avait mis des bâtons dans les roues. Il n'y avait donc à ses yeux aucun traitement de faveur à avoir au prétexte d'être noble ou non. Administrativement parlant. S'il était question de noblesse de l'âme, cela amènerait à une tout autre discussion.

    « Une collectionneuse ? Ce mot a une étrange sonorité dans votre bouche. Nous dirons que mon amour de la peinture m'a amené à acheter un tableau, puis un autre et encore un autre. Il s'agit là plutôt d'une passion parfois coûteuse plus que de la discipline. Quant à ma rigueur, elle est une exigence dans mon métier. Dans la peinture, elle ne tient qu'à celui qui tient le pinceau. »

    Ce fut alors une fois dans sa galerie qu'elle laissa le maître commerçant contempler ses nombreux tableaux, se faire une opinion sur sa collection, sur leur valeur, leur prix. Elle le laissa à loisir alors qu'elle-même se perdait aisément dans l'observation d'œuvres qu'elle ne connaissait déjà que trop. Alors qu'elle s'était de son côté arrêté sur un paysage dont on devinait qu'il s'agissait de Reike, et plus exactement de la cité d'Ikusa, elle ne put s'empêcher de sourire un peu à l'allusion d'Aryan.

    « Quelques originaux, les plus difficiles à obtenir. Je possède aussi quelques reproductions que je trouve assez bien faite. Oh, bien évidemment, cela ne le sera jamais pour des connaisseurs, toutefois, même la tromperie nécessite posséder un peu de talent. Certaines peintures n'expriment peut-être que très maladroitement ce que l'original aurait pu laisser comme impression, cependant, le faux laisse aussi deviner les intentions du copieur. Il laisse aussi à sa façon une partie de lui dans sa reproduction bancale. Je trouve cela... intéressant. »

    La magistrate aimait l'art dans toutes ses formes et ses états, et contrairement à ceux qui avaient quelques hontes à ne pouvoir prétendre n'avoir des tableaux que de grands artistes, Deirdre appréciait aussi à avoir des noms d'inconnus. Lorsque Aryan se perdit devant une de ses propriétés, elle s'avança vers lui et se posta à ses côtés, croisant les bras et perdant son regard sur la silhouette torturée du personnage.

    « J'ai toujours trouvé l'allégorie de cette œuvre puissante. J'ai pu l'acquérir pendant un de mes voyages, dans le Nord comme vous avez pu le souligner. Je désirais mener moi-même les négociations pour l'obtenir. »

    Mais ce fut alors que l'intérêt de l'ange se porta sur ses œuvres à elle. Il était vrai qu'elle ne les affichait pas ici ou les remplaçait très rapidement par des peintures d'autres artistes.

    « Voir mes tableaux ? Si vraiment vous le désirez... mais ce n'est pas ces derniers que je désire vendre. Mes peintures sont un passe-temps et un exutoire. Cela m'aide à me vider l'esprit. »

    Sans rajouter mot, elle invita Aryan à la suivre, l'emmena alors jusqu'à son atelier qui se trouvait derrière la porte du fond qui grinça à l'instant de son ouverture. On y découvrit une pièce en rond, avec tout ce que l'on pouvait s'attendre à trouver dans un atelier d'artiste. Diverses peintures entreposées, rangés par thématique, plusieurs chevalets dont un qui portait une toile inachevée. Il s'agissait d'une toile représentait un jardin où un homme semblait s'amuser avec son enfant. Le premier plan était très chaleureux, colorés alors que l'arrière paraissait plus sombre et tumultueux.

    « Voici le lieu où j'aime à me couper un peu du monde. Puisque vous paraissiez désirer que je vous parle de moi, considérez ce lieu comme mon petit jardin privé. Le fait de vous laisser y pénétrer est un luxe que je n'offre pas à tout le monde. »

    D'un pas nonchalant, elle se dirigea vers une pile de tableau protégé par un drap blanc qu'elle souleva.

    « Vous trouverez ici uniquement les toiles de paysage, beaucoup d'entre elles sont des souvenirs de voyage ou des lieux que j'ai aimé contempler. Sous cette autre pile, il n'y a principalement que des natures mortes et des travaux d'essais. Essais de peintures, de styles, de méthodes. Peut-être, désirez-vous quelque chose en particulier ? Avez-vous des préférences ? »

    Il fallait dire que la jeune femme s'était essayée à beaucoup de chose, car si ces tableaux l'aidaient à s'assurer de sa santé mentale, on pouvait trouver dans ses œuvres autant de représentations lumineuses que sombres.
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    Anonymous
  • Dim 13 Nov - 21:34
    Il hocha la tete avec satisfaction, quand elle expliqua son point de vu sur les originaux et les copies. Voila. Elle, elle avait comprit. L'important n’était pas l’œuvre. Mais bien celui qui l'avait fait. Et si c’était une copie, quelqu'un avait mit son âme dans sa conception. Et cette âme, c’était la curiosité qu'il recherchait.

    - Vous connaissez l'art, ma dame. C'est évident. Je n'en suis pas vraiment surpris au vu de votre collection...mais j'en suis ravi. Vous ne vous arrêtez pas a la forme. Elle est assez inintéressante. Non, vous voyez le fond. Et J'en suis plus que ravi. Vous avez un bel esprit.

    Son attention vis a vis de la juge redoubla d'intensité. Ce n’était pas qu'une femme banale avide d'obtenir des œuvres, il y avait tout une réflexion derrière, et il aimait ça. Il etait un penseur et un intellectuel avant tout, un scientifique.

    Il prit sa suite alors qu'elle se dirigea vers l'atelier en question. Une lourde porte fut ouverte, pour lui permettre d'entrer dans une pièce ovale. La pièce était agréable, un bel endroit pour travailler. Il observa d'abord l'architecture de l'endroit, qui selon lui, donnait une bonne idée de la personne qui occupait les lieux, surtout quand c’était cette dernière qui avait aménagé les lieux.

    - Certes les œuvres plutôt avait du caractère...mais aucune ne dépeignent autant de caractère que vous.

    Il y avait une force dans cette femme, une conviction, qui etait éclatant dans tout ce qui ressortait d'elle. Un spécimen d'humaine fascinant. Il avait des préférences oui. Des préférences pour les femmes vivantes comme elle, capable d'évoluer et de produire de nouvelles choses.

    - C'est du beau travaille. Je vois qu'en plus vous etes modeste.

    La peinture en premier plan, celle du jardin avec l'homme, avait attiré son attention. Il s'en approcha et l'observa, la main se tenant le menton d'un air songeur. Il jeta un œil par la fenêtre comme pour essayer de faire un lien, et se retourna vers Deirdre.

    - Je ne suis pas vraiment d'accord sur le fait qu'il y a une grande différence entre un artiste professionnel et amateurs. L'important ce n'est pas le talent, c'est le cœur. Et ce que vous voulez faire passer comme message dans ce que vous produisez. Il est évident que vous avez un haut niveau créatif. Beaucoup de gens ne sont pas capable de faire plus d'un croquis par mois, aussi bon ce dernier soit il.

    Et elle, elle semblait capable, quand elle avait du temps, en tout cas, d’enchaîner les prestations. Peut importe qu'ils soient achevés ou non, elle était irrémédiablement douée et avait beaucoup a faire ressortir d''elle même. Il avait fait le tour de la pièce et était de retour juste a coté d'elle.

    - Bon, qu'est ce que vous voulez vendre, exactement ? Je suis sur et certain que j'aurais beaucoup de clients pour plusieurs de vos œuvres. Mais je n'aime pas parler pour les gens. Je préfère simplement être un intermédiaire. Je n'ai besoin que d'une chose. Je veux être présent durant les tractations. Pour observer.

    C’était fréquemment de bons moments a capter pour lui, et a relater dans ses écris. Et ca lui permettait en plus de voir souvent d'autres facettes des gens. Le rapport a l'argent étant ce qu'il est, c’était parfois assez ludique de voir les transformations qu'il provoquait.

    - Oh, je peux aussi voir, en fonction de ce que vous voulez, en terme de prix. Trouver des gens un peu crédule capable de mettre des fortunes pour pas grand chose, ou alors un expert offrant la juste somme, mais pouvant être une bonne relation pour la suite.

    Tout était question de ce qu'attendait réellement la juge. Il croisa les bras, la fixant assez intensément de ses yeux argenté, comme la sondant intellectuellement.

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