Razaäl laissa apparaître une grimace sur son visage. L’humain était plein de mensonge. D’un côté il se donnait autorité à négocier avec lui et de l’autre il se cachait derrière son chef de guerre lorsqu’il s’agissait du bétail.

Soit. Il semblait tout de même avoir autorité sur ce convoi. L’orc pâle récupéra à nouveau son cor et souffla a plusieurs reprise dessus. La troupe serait bientôt là et la horde allait suivre.

-Il n’y a aucune victoire à tirer de la mort de ton peuple, Tagar fis de Reys. Tu t’octroies le droit de négocier avec moi mais tu n’as rien à offrir, tu n’en as pas le « pouvoir ». Je ne vais pas attendre d’être dans une forteresse ennemie pour négocier. Tu ne veux pas de la protection de ma horde pour passer ces montagnes, soit. Nous prendrons dans ce cas la moitié de ce que vous transportez et nous vous laisserons retourner au près des votre. Et je ne parle pas ici que de la nourriture.

Le regard de l’orc passa sur les villageois et autres miliciens restant. C’était à eux qui s’adressait visiblement. Au vu de la situation dans laquelle ils se trouvaient tous, Razaäl espérait quelque part que le clan en face de lui ne compte pas des fanatiques prêt à mourir pour rien. Les orcs de la horde tous comme ces hommes et ces femmes étaient des ressources, des ressources que l’on devait chérir au même titre que l’or. En insistant assez, Razaäl pouvait s’emparer de l’intégralité de ce convoi mais à quel prix ? L’opération allait sans doute ralentir grandement l’avancer de la horde et lui faire perdre un nombre beaucoup trop conséquent de guerrier. Mais d’un autre côté, revenir les mains vides seraient vu comme de la faiblesse et une défaite. Il ne fallait pas ouvrir la voie au contestation. Sa position ne devait pas être remise en doute, pas maintenant en tout cas.

L’orc pâle tourna le dos à Tagar pour se rapprocher de sa créature. Il flatta brièvement le museau de la bête qui semblait ne plus pouvoir tenir en place avant de s’en retourner vers le fonctionnaire.

-La plus grande des victoire est de voir battre le cœur de son peuple. Épargnes tes compagnons, Tagar fils de Reys. Rejoignez donc cette troupe dont tu prétends quelle arrive. Mettez vos enfants et vos vieillards en sécurité. Quant à ton chef de guerre, s’il est ce que tu prétends, il ne laissera pas ses frères d’armes se couvrir d’honneur seul sur le champ de bataille.

Au vu du physique de l’orc, il était évident qu’il n’avait pas atteint sa position sociale grâce à ses prouesses guerrières.

Des éclairs semblaient se manifester dans la bouche de la wyverne. Tachant d’éviter un massacre éminent, Razaäl tira les rennes de la créature, la forçant à souffler sur le sol. Des éclairs jaillirent de sa bouche mais ils ne firent pas grand-chose mise à part soulever de la poussière. La créature se mit à grogner et à s’agiter. Ses griffes acérés s’agitaient sur la roche. C’est avec un regard dur que le chef de guerre jugea Tagar et les quelques hommes encore valide.

L’orc pâle sourit brièvement. La victoire était quelque peu amer. D’un côté il avait pu récupérer la nourriture ainsi qu’un sacré butin qu’il pourrait aisément troqué avec les bonnes personnes. De l’autre, il s’agissait du premier véritable affrontement entre le clan de la Main Blanche et celui de « L’empire du Reike ». Le chef de guerre aurait pu exterminer le reste des reikois mais ça aurait été un manquement à la parole donnée. Les accords ne valaient plus rien si l’on venait à en rompre un seul.
La tribu pouvait ériger une forteresse orque dans la montagne mais cette dernière était encore trop proche du royaume des damnés et le risque de voir revenir le Démon du Feu était trop grand. Il fallait continuer d’avancer.

Le chef de guerre remonta sur sa monture tandis que les reikois laissés une partie de leur convoi avant de reprendre la route. L’orc pâle reposa son attention sur le fonctionnaire de l’empire qui le prévenait de la menace imminente.

-Les voleurs ont des couteaux et dérobent à l’abri, dans les ténèbres. Quant aux guerriers eux, c’est dans le fracassement des épées et le cris des tambours qu’ils récupèrent leur butin de guerre.

Même si l’acte s’apparentait à une banal attaque de brigands de chemin, Razaäl semblait y voir quelques différences. L’armée du clan de « l’empire du Reike » avait beau être aussi conséquente que le disait le fonctionnaire, le chef de guerre savait que s’il s’installer dans une montagne avant leur prochaine rencontre, ils n’y auraient personne pour l’y déloger. Un équilibre se mettrait alors en place, comme ce fut le cas avec les hommes de Benedictus.

-Tu as pris la bonne décision, Tagar fils de Reys. La prochaine fois que nos chemins se croiseront, les esprits s’en iront couvrir nos noms de gloire.

L’orc se mit à grogner légèrement avant de tirer sur les rennes de sa monture. Görm prit alors son envol, laissant enfin le ministre partir. La créature et son chevaucheur se mirent par la suite à tracer des cercles dans le ciel pour avertir le reste de la troupe.

Plus tard, cette dernière rejoignit le convoi. Razaäl ordonna d’enterrer le gros des pierres précieuses, quelques part dans la montagne. Il en garda une partie pour troquer simplement. Bientôt, le reste de la horde les rejoignit et ils reprirent leur route avec les réserves de nourritures.

Peut être l’avait il fait exprès ou non mais le ministre avait offert une information non négligeable lors de sa menace. Il avait donné à nouveau une porte de sortie et il avait souligné l’importance du butin que les orcs venaient de cacher.
Ainsi, si la situation venait à dégénérer, Razaäl comptait sur son butin caché pour négocier. Et si la situation devenait favorable, il n’aurait cas envoyer une troupe récupérer les pierres précieuses.