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  • Ven 11 Nov - 23:29
    Ikusa, le « joyau du désert » comme certains aimaient l’appeler. Pour l’exilé c’était une ville comme une autre, excepté peut-être une chose, c’était l’une des rares à avoir un quartier entièrement réservé aux lieux de perdition. En ces lieux, une fois la nuit tombée, les ruelles se révélaient être de véritable coupe-gorge. On pouvait y trouver des bâtiments abritant toutes sortes de jeux d’argent, des combats de rues, des maisons de passe allant du trou à rat crasseux, aux maisons de charme les plus raffinées du continent proposant toutes sortes de service à la fine fleur de la Haute.

    L’exilé avait au fil des années pris l’habitude d’évoluer dans ce genre d’environnement, c’était là qu’il croisait des gens de son espèce, du genre peu recommandable. Ici on ne posait pas de question sur le passé lointain et la plupart se fichaient bien de l’histoire des autres, on se fiait aux actes, peut-être un peu au charisme, mais avoir une bonne gueule n’était pas suffisant pour se faire une place.
    L’elfe n’était pas vraiment connu, la plupart se doutaient qu’il n’était pas du genre à gagner sa vie honnêtement, mais il ne faisait pas partie de la pègre de manière officielle, ce n’était pas non plus un rabatteur. Pour beaucoup c’était simplement un type qui passait par là de temps à autre, personne n’allait l’emmerder, et en retour il n’emmerdait personne, il était donc inutile de chercher plus d'informations le concernant.

    La justice d’Ikusa était pour le moins expéditive lorsqu’il s’agissait de méfait, bien entendu les autorités ne pouvaient pas surveiller toute la cité, et en échange de somme rondelette certains étaient même capables de fermer les yeux ou d’aller patrouiller ailleurs. On ne pouvait pas dire que la criminalité était inexistante, elle était certainement moins présente que d’en d’autres cités plus laxistes, mais elle était bien là, discrète et organisée.

    L’exilé avait rendez-vous avec un commanditaire pour un travail pour le moins urgent. Par le passé il avait déjà accepté de travailler pour cet individu, une tâche qui fut d’ailleurs plus que bien rémunérée. L’entrevue était fixée dans un bordel, exactement le style de lieu que n’appréciait pas du tout l’elfe. La vue de quelques courbes féminines et autres parcelles de peau dénudées ne le dérangeaient pas plus que cela, mais discuter dans un lieu où même les murs étaient dotés d’oreilles ne lui plaisait pas vraiment. Dans un établissement tel que le Passiflore, il n’était pas rare de croiser des personnalités influentes, avec de tels clients autant de dire que certaine parole pouvait avoir une sacrée valeur marchande, du moins pour quelqu’un capable de les exploiter. Lórindol ne faisait pas dans le commerce d’information, encore moins si le travail consistait à tendre l’oreille entre deux parties de jambe en l’air. L’elfe poussa la porte d’entrée et traversa le hall, son regard se posa néanmoins sur quelques employées, après tout il n’y avait aucun mal à cela ? Peut-être que tout ceci n’était qu’un piège et que l’une d’entre elles pouvait être armée, alors mieux valait vérifier.

    Une fois au premier étage, il se dirigea sur la droite, empruntant un petit couloir au bout duquel il trouva une porte close faite en bois sombre et finement ouvragé, devant celle-ci se tenait un homme d’armes qui s’écarta lorsque l’elfe arriva à son niveau. Un léger grognement lui indiqua qu’il pouvait entrer, et c’est ce qu’il fit. Lorindol se retrouva face à un homme qu’il n’avait encore jamais vu, du moins, ce n’était pas celui qu’il avait vu la dernière fois.

    - Ravi de voir que vous avez su me trouver, j’espère que Bronn n’a pas posé de problème ?

    - Ce n’est pas vous que je devais rencontrer.

    - Si, enfin... disons simplement notre client commun ne se déplace pas personnellement, et qu’il change d’intermédiaire à chaque travail, je serais donc sa voix.

    L’elfe se détendit légèrement, sans pour autant baisser sa garde.

    - J’écoute.

    - Je ne pourrais malheureusement pas tout vous dire ici, vous connaissez la discrétion légendaire des putains ? Demain toute la ville sera au courant que deux hommes se sont rencontrés dans ce bureau, je suis simplement ici pour être certain que vous correspondez aux atteintes de notre client.

    L’elfe s’avança jusqu’au bureau d’où il tira une chaise, sans pour autant s’y installer, il se contenta de poser un pied sur l’assise.

    - J’ai déjà travaillé pour lui.

    - Exactement, et c’est pour cela que vous êtes là. Simplement, c’est une tâche bien différente cette fois-ci, peut-être plus complexe et aux répercussions bien plus importantes si jamais quelque chose rate. Comme vous devez vous en douter, cet endroit est fréquenté par une caste bien particulière de la population, suffisamment aisé pour se permettre de dépenser des fortunes simplement pour se confier à des oreilles plus ou moins attentives.

    Lorindol hocha la tête avec nonchalance, ce n’était pas la première fois que des personnes importantes se confiaient à des prostitués, c’était presque devenu une chose assez classique d’ailleurs. Suite à la non-réaction de l’elfe, l’homme se racla la gorge et continua.

    - Il se trouve qu’un notable d’une importance certaine a été retrouvé mort, et que la dernière putain qu’il a vue, soit portée disparue depuis, mon client cherche quelqu’un capable de la retrouver.

    - Normalement on me demande de faire disparaître les gens, pas de les retrouver.

    - J’avais prévenu que cela serait différent. Elle s’appelle Xayah et vous avez pour mission de la retrouver, cependant vous ne serez pas seul, avec vou… vous… v…

    violence:

    Le vacarme attira inévitablement l’attention de l’homme d’armes qui pénétra aussitôt dans le petit bureau. Face à lui se tenait un effet couvert de sang et au sol gisait un corps sans tête. L’homme vociféra une insulte et dégaina son épée. L’exilé parvint à éviter le coup et la lame du mercenaire s’enfonça de plusieurs centimètres dans le parquet.

    Il ne pouvait pas s’expliquer, c’était peine perdue, comment pouvait-il expliquer ce que même lui n’arrivait pas à comprendre ? Même si cela ne plaisait pas à son égo, il valait mieux fuir que d’affronter l’autre enragé. Les idées encore brouillées l’elfe utilisa une attaque mentale sur le garde pour le déstabiliser le temps de trouver une façon de fuir. Il s’essuya rapidement le visage, attrapa une chaise et l’utilisa pour passer à travers la fenêtre du bureau.

    L’exilé termina sa courte chute dans un chariot rempli de poterie et laissé en travers de la ruelle, l’expérience était moins douloureuse qu’il ne l’aurait cru. L’homme d’armes passa la tête par la fenêtre et hurla toutes sortes de menaces à l’encontre de l’elfe recouvert de sang, de poussière et d’une matière indescriptible qui se redressait au milieu d’une bonne dizaine de passants.
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  • Dim 13 Nov - 0:14
    Le Quartiers de Murmures.

    Si le mystère qui se dégageait de cette appellation retranscrivait plutôt bien le secret et les apparences trompeuses de ce théâtre de la vie nocturne, le niveau sonore était bien différent que ce à quoi on pouvait s'attendre. Ça brayait des harangues pour son établissement. ça gueulait des injures graveleuses en se rhabillant à la sauvette. ça gloussait en rentrant dans le passant esseulé dans l'espoir de ramasser quelques pièces, contre services ou non.

    Après sa première déconvenue dans les quartiers mal famés de la ville, ne sachant pas quelles rues arpentées et lesquelles éviter, Rowena s'était promis d'être un peu plus vigilante en descendant en ville. Pourtant, elle était de nouveau dans le cœur battant des nuits chaudes d'Ikusa. Enfin "de nouveau". Elle y était pour la première fois, découvrant la rue principale et la mieux desservie. Celle que les nobles pouvaient empruntés sans risque malgré l'anonymat dont ils avaient besoin pour ne pas perdre leur honneur dans ces lieux de débauche. Heureusement pour elle, il en fallait plus aux Républicains pour perdre leur honneur qu'une ou deux partie fines hors mariage. Beaucoup plus même.

    Quoi qu'à priori, elle n'était pas venu pour une partie fine ce soir. Elle était là sur invitation. une invitation particulièrement inattendue et qui aurait surement le goût d'un coup fourré, mais sa curiosité naturelle n'avait pu s'empêcher de venir jeter un œil.

    Pendant qu'elle épluchait plusieurs livres très précis dans une section particulièrement érudite de la bibliothèque de Drakstrang concernant la magie des mânes et des âmes, une paire d'étudiants en cycle avancé était apparue pour récupérer un des ouvrages qu'elle monopolisait. Ils avaient parlé quelques instants et, se rendant compte qu'elle était Républicaine, ils lui avaient proposé de passer le soir même au Passiflore, un "salon jovial" du centre ville où se réunissaient un petit groupe d'étudiants "libre penseurs". Si la première expression était inconnue de la républicaine, la seconde était parfaitement limpide étant donné le contexte : un groupe de jeunes un peu rebelles qui s'amusaient à engranger savoir et décadences en s’enorgueillissant de leur esprit supérieur. Au pire, elle passerait a soirée à écouter des esprits creux en buvant à l'oeil. Au mieux elle découvrirait des esprits aiguisés qui avaient peut-être un infime éclat des libertins de sa patrie. Peut-être des pionniers avec lesquels elle pourrait partager certaines remises en question qui avaient cours en démocratie athée.

    Elle avait donc pris le temps de se mettre sur son trente-et-un. Les Shoumeïennes cachaient tout ce qu'elles pouvaient derrière des tenues austères. Les Reikoises dévoilaient beaucoup, aidées par la chaleur, ou s'habillaient en homme pour avoir le droit d'exister dans cette norme patriarcale. Les Républicaines, elles, avaient une façon de voiler pour mieux dévoiler jusque dans les tenues les plus couvrantes. Le tissus, les motifs, les rubans et les couleurs des coupes souvent près du corps et aussi pratiques que celles des vêtements masculins, attiraient l’œil là ou la porteuse voulait qu'il se pose, surtout lorsqu'ils étaient travaillés sur mesure pour les clientèles aisées.

    Même mise aux couleur locale, Rowena n'avait pas pu s'empêcher de retravailler un peu la tenue qu'on lui avait confectionnée à son arrivée à Ikusa.Sur sa peau particulièrement pâle, une brassière noire la couvrait jusqu'au ras du coup alors que des drapés d'or et d'ocre lui faisaient une jupe fendue et remonté en savamment sur son bras et une épaule pour dévoiler la courbe d'une épaule robuste ou la rondeur d'une hanche prometteuse sous sa taille solide. De nombreuses breloques d'or et de bronze complétaient le tableau à la fois étudier et nonchalant que l'humaine aux cheveux blancs laissaient voir.

    Elle attirait des regards... Qui se stoppaient net ou se détournaient en atteignant son visage. Toute la moitié gauche était parfaitement visible, mais craquelée de noir du front à la clavicule. Son œil tout aussi abyssal observaient les alentours en donnant un sentiment quelque peu inconfortable, mais la jeune femme n'avait plus l'air de s'en formaliser. Elle scrutait plutôt la foule pour voir si elle reconnaissait un visage avant d'entrer dans l'établissement qu'elle avait finalement trouvé.

    ... Ou du moins elle s'attendait à entrer dans le Passiflore et elle l'aurait sans doute fait si un homme n'était pas passé par une fenêtre du premier étage à deux pas de là. Des éclats de verre épais se précipitèrent vers la ruelle perpendiculaire qu'elle était en train de dépasser et elle n'eut que le temps de lever la mais pour stopper en plein vol une chaise et une flaupé de débris coupants. Le cri de peur qui avait ponctuer le bris de la glace se changea en exclamation de surprise autour d'elle. Le couple plus ou moins officieux qui se trouvait juste là où la chaise aurait du tomber s'écarta précipitamment avant qu'elle ne guide doucement les débris en tas dans un coin un peu à l'écart pour que personne ne marche dessus, la chaise revenant devant la porte de l'établissement pour qu'il puisse la récupérer.

    Les regards qu'on portaient sur elle avaient instantanément changés, et sans doute plusieurs personnes l'auraient chaleureusement remerciées, que ce soit sincère ou non. Mais un autre évènement avait eu lieu au même instant et capté l'attention de la Limier en permission. Certains réflexes étaient profondément enfouis et à voir un homme couvert de sang s'écrouler dans une charrette toute proche, elle n'avait pas vraiment pensé avant de s'approcher en courant. Il était en train de se redresser, un homme le menaçant de mille mort à travers la fenêtre lorsqu'elle pris appuis sur le rebord de la charrette pour se soulever à sa hauteur, en équilibre sur les essieux de la roue.

    - ça va ?! Vous êtes blessé ? " demanda-t-elle en ignorant superbement le torrent d'invectives.

    Vue de plus près - en aucun cas gênée par la pénombre de la ruelle - Rowena pu constaté qu'il n'était pas seulement ensanglanté mais couvert de divers fluides qu'elle identifia avec trop de facilité à son propre goût et qui ne pouvaient pas être les siens. Le regard de la jeune femme remonta vers le visage de l'inconnu, sérieux et un peu suspicieux. Au moindre mouvement agressif, elle était prête à se défendre.
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  • Lun 14 Nov - 12:53
    Dans l’urgence de son plongeon l’exilé n’avait pensé une seule seconde à ce qu’il pouvait y avoir en dessous de lui, qu’il s’agisse de civils ou tout simplement d’objet plus ou moins capable d’encaisser sa chute. Il n’était mentir de dire que la peur s’était emparée de lui, ce n’est pas l’homme d’arme qui l’avait effrayé, celui-ci ne représentait pas une grande menace comparée au destin funeste dont avait été victime son interlocuteur.

    À sa manière, Lorindol était un « combattant » aguerri, il avait vu bien des façons de mourir tout au long de ses années de vagabondage, largement assez pour ne pas s’en émouvoir et pour agir de manière pragmatique lorsque cela l’imposait, mais c’était bien la première fois qu’il était spectateur de quelque chose d’aussi soudain et impressionnant visuellement. L’elfe n’était pas un froussard et combattre ne lui faisait pas peur, mais là, devoir affronter un mal invisible et aussi mortel était une tout autre affaire, et il n’était pas assez fou pour tenter d’y faire face sans préparation.

    Il n’avait pas fallu longtemps pour que le vacarme produit par l’altercation n’attire l’attention des employées du Passiflore qui quittèrent peu à peu leurs chambres respectives pour se rapprocher de l’origine du boucan. Pousser par une curiosité insatiable, certaines d’entre elles finirent par passer la tête à travers l’encadrement de la porte du petit bureau. La vision d’un corps sans tête fut amplement traumatisante pour provoquer des cris que l’on pouvait sans peine entendre depuis l’extérieur malgré l’agitation qu’avait produite la chute de l’elfe dans la ruelle. L’esprit partiellement embrumé par le choc plus violent que prévu dans les récipients en terre cuite, l’exilé eut quelques difficultés à se tirer hors des poteries brisées, cela était sans compter sur la jeune femme qui se hissa sur le bord de la charrette et le basculement naturel de l’essieu de celle-ci.

    L’assassin s’essuya tant bien que mal le visage, n’arrangeant peut-être pas son apparence aussi bien qu’il l’aurait souhaité, mais cela lui permettait au moins de mieux distinguer son environnement. Son regard croisa celui de la jeune femme qui se tenait près de lui, l’espace d’un instant il eut l’impression que le temps s’était arrêté face à ce doux visage semblable à un masque de porcelaine brisé. Il n’eut pas l’occasion de l’occasion d’ouvrir la bouche pour dire quoique ce soit que l’homme d’armes le pointa du bout de son arme en vociférant autant qu’il le pouvait.

    - Assassin ! Meurtrier ! Je te ferais couper la tête pour ce crime immonde ! Une prime pour celui qui me le garde sur place !

    De tous les crimes qu’il avait pu un jour commettre, c’était bien la première fois qu’il se retrouvait accuser de la sorte au milieu de la ruelle, à la vue de suffisamment de personnes pour potentiellement capables d’agir pour s’en inquiéter. Le comble dans tout cela était son innocence, l’exilé n’avait rien d’un saint, ni d’une personne recommandable, mais pour une fois dans sa vie il n’était pas à l’origine du malheur des autres.

    - Qu’est-ce que vous attendez ! Saisissez cette verm…

    L’homme s’arrêta brusquement au moment où l’elfe lui lança un regard mauvais. Avant même que l’idée d’une attaque mentale lui traverse l’esprit, l’homme hurla de douleur et lâcha son arme, celle-ci termina sa course dans l’étale d’un marchand. Pour n'importe quel spectateur, la soudaine douleur dont était victime le soldat semblait coïncider avec le regard qu'avait lancé l'elfe à son encontre.

    violence:

    La vision spectaculaire eu de nouveau son petit effet sur la population qui se contenta de crier puis de s’enfuir le plus vite possible de l’endroit, visiblement la prime promise ne semblait plus intéresser qui que ce soit. L’assassin aussi n’était animé que par l’envie de prendre ses jambes à son cou et de s’enfuir dans une ruelle tortueuse dans l’espoir d’échapper à une mort similaire, mais la jeune femme se tenait toujours devant lui.

    - Bordel ! Mais écarte-toi ! T’as envie de finir comme ça ?!

    L’elfe était prêt à la bousculer, il ne comptait pas rester là pour contempler la suite des évènements.
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  • Lun 14 Nov - 14:12
    Hmmm...

    Des gens qui vocifèrent. Du sang. De la haine. De la peur. Voilà qui était plutôt familier. Le visage de Rowena était passé d'une vague inquiétude à une neutralité à la sévérité glaciale. Ce fut sans le moindre émois qu'elle perçu la scène. Plus rapide que n'importe quelle pensée construite, la première chose qu'elle avait étendu étaient ses sens subtils, cherchant l'origine et l'aura de celui ou celle qui semblait s'en prendre à l'homme à la fenêtre. Elle s'était aussi protégé du même coup... Et ne s'attendait pas à ce que l'attaque soit suffisamment puissante pour tuer.

    Première surprise... Le mage capable de ça était puissant et entrainé. Il était forcément proche, surement en vue. Toujours perchée sur la roue, elle avait regardé les fenêtre, le long de la ruelle, l'attroupement qui se formait et s'éparpillait du côté de la rue principale. Les cris attestaient aussi la présence de monde à l'étage. Le fait que ce soient principalement des voix féminines lui indiquait également qu'elle avait été invité à passé la soirée dans un lupanar. Elle rangea l'info de côté, pour plus tard. Avant d'exploser, l'homme avait parlé d'un meurtre, il y avait donc tout à parier que l'assassin soit plutôt en haut, sur un toit ou dans un bâtiment adjacent, là ou il aurait pu viser les deux personnes dans le bureau. A moins qu'il ne fonctionne à l'oreille... C'était peu probable mais pas impossible.

    Pourquoi ne pas soupçonner le fuyard couvert de sang ? Tout simplement parce que ce n'était pas là. Son aura n'était pas assez puissante pour être à l'origine d'un effet pareil, la saveur de la magie qui flottait dans l'air au moment de l'explosion était très différente de celle de cet homme. Et tout simplement: il n'utilisait pas la magie à ce moment là.

    Elle avait donc affaire à un authentique innocent... De ce crime. D'expérience, dans ce genre de quartier, il y avait peu de chance qu'un homme, présent au moment d'un meurtre à huis clos et accusé par chaque détail de la mise en scène soit parfaitement étranger à toute magouille.

    - Bordel ! Mais écarte-toi ! T’as envie de finir comme ça ?!

    Et il commençait à paniquer en plus. L’œil noir et l’œil à l'iris bleue accrochèrent le regard de l'elfe avec la légèreté et l'empathie d'une porte de prison.

    - Je sais que ce n'est pas toi. Si tu veux de l'aide, retrouve moi au Chas de l'Aiguille. J'y passerai vers minuit.

    Elle sauta en arrière sur le sol sale de la ruelle et ajouta :

    - Court. Une patrouille arrive et il y a des mages parmi eux.

    Et sans s'attarder davantage, elle rebroussa chemin vers la rue principale, s'appliquant à mémoriser la signature magique qui avait jaillie comme le soleil en pleine nuit au moment du drame. Elle n'avait toujours pas abaisser son bouclier mental et restait également très attentive à ce qu'elle percevait alentours, mais dans un lieu si bondé, détailler chaque aura demandait du temps, et il y avait peu de chance que l'assassin reste dans le secteur de façon si complaisante.

    Dès que la patrouille fut à portée, elle les intercepta, les retardant de quelques secondes en sortant le laissé passé officiel que Tagar lui avait fait faire pour circuler dans le palais en tant qu'invité notable du Coeur du Reike.

    - Messieurs. Rowena de la maison Ironsoul, j'ai assisté à toute la scène et je souhaite témoigner. Je suis membre des services judiciaires Républicains en visite personnelle chez la famille Reys...

    Si la justice Reikoise n'est pas exactement celle de République, un pays qui croie aux lignées de sang et au droit de naissance ne pouvait ignorer un nom comme celui qu'elle venait de laisser tomber. Cela pris quelques heures étant donné la nature de l'affaire, mais on inscrit la jeune femme à la liste des témoins, et son récit était un rapport scrupuleux qui avait tout d'un croisement entre un enquêteur et un soldat. Elle ne dit rien de son rendez-vous avec le présumé assassin et se contenta de précisé qu'elle n'avait senti aucune magie à l’œuvre venant de lui.

    Ce faisant, elle avait conscience qu'elle se mettait probablement une cible dans le dos, mais la l'Ordre était quelque chose d'important à ses yeux. Il se devait d'être restauré et protégé.

    Une fois libérée de toute obligation morale ou légale - avec les remerciements serviles de la garde compte tenu des noms qu'elle avait fait valoir - elle avait rapidement fait porter un message à ses camarades libre penseurs avant de se diriger vers un quartier marchand tout à fait moyen et sans histoire dans lequel se trouvait une auberge absolument moyenne et sans histoire dont la seule particularité était de proposer deux fois par semaine une scène ouverte pour les musiciens de la ville. Le Chas de l'Aiguille ne payait pas de mine, mais son cuisinier était particulièrement doué en ce qui concernait les crustacés.

    Toujours dans la même tenue, à peine déridée par rapport aux évènements tragiques de la soirée, la salle était aux trois quart vide lorsque Rowena en passa le seuil, une bonne demi-heure avant minuit. Il ne lui restait plus qu'à prendre un verre et un truc à grignoter en attendant de voir si son action de bonne samaritaine irait plus loin.
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  • Lun 14 Nov - 17:44
    Donc elle savait ? Sur l’instant l’elfe se demanda s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise chose, si elle était capable de savoir cela, quoi d’autres était-elle en mesure de deviner ? Elle était calme et visiblement pas vraiment surprit parce ce qu’elle venait de voir, ajouter à cela un ton si sec et dénué d’émotion que l’elfe eut l’impression de se faire gifler par ses paroles. Tout cela mis bout à bout de lui laisser croire que ce n’était pas une simple bonne femme parcouru les rues, mais bien quelqu’un avec des compétences toutes particulières. Au fond tout cela n’avait que peu d’importance tant qu’elle voulait bien s’écarter du chemin et qu’elle lui laissait mettre la plus grande distance entre lui et le Passiflore, en plus de cela la bonne poire comptait lui faire gagner du temps en allant s’occuper de la patrouille.

    L’elfe ne demanda pas son reste et quitta la rue après un hochement de tête, il emprunta plusieurs ruelles sinueuses, bousculant tout ce qui pouvait se trouver sur son chemin et put enfin sortir du quartier après plusieurs minutes de course. La face toujours écarlate, l’elfe se débrouilla pour trouver de l’eau et se débarbouiller, il avait certes pu éviter une patrouille, mais s’il avait le malheur d’en croiser une autre avec la gueule ensanglantée il risquait de mal finir la soirée. S’il était en mesure de nettoyer sa peau, sa veste quant à elle était totalement ruinée et il ne pouvait pas non plus continuer de parcourir la ville avec une veste agrémenter de morceau de boite crânienne. L’elfe profita de progresser dans un quartier plus calme pour jeter sa veste et sa chemise dans une ruelle et profita d’un étalage marchand laissé sans surveillance, et y vola tout simplement un long manteau descendant jusqu’à mi-mollet, celui-ci qui viendrait remplacer son haut le temps de tirer toute cette histoire au clair. L’exilé n’avait cependant pas pris le temps de dérober une chemise et se contenta de rester torse nu sous son nouveau manteau, il laissa d’ailleurs le col de celui-ci légèrement ouvert.

    L’elfe connaissait le Chas de l’Aiguille, une petite auberge dans un quartier tranquille, lors de son dernier passage il y avait fait forte impression et espérait que cette fois-ci sa venue ne causerait pas autant de problèmes. L’histoire remontait maintenant à plusieurs années, mais il y avait de forte chance que le tenancier soit toujours le même alors qu’il allait devoir ouvrir l’œil. Il aurait pu se contenter de quitter la capitale et d’aller accepter un autre travail, au moins le temps que toute cette histoire de tasse. Mais l’elfe souhaitait en apprendre plus, autant sur le responsable de tout cela, tout comme sur la jeune femme qui avait couvert sa fuite. Il aurait peut-être l’occasion de s’expliquer sur la situation, enfin, en évitant certains détails bien entendu, mais cela valait le coup d’essayer.

    ***

    Car la nuit est sombre, et pleine de terreurs.

    Il était bientôt l’heure. L’elfe était parvenu sans difficulté jusqu’à l’auberge, il avait tout de même œuvré pour éviter les patrouilles de gardes, car il ne pouvait pas savoir s’il était recherché ou non. Être un fugitif à Ikusa n’était pas une bonne chose, qu’importent les compétences que pouvait avoir le fugitif en question, la garde finissait toujours par avoir le dernier mot.
    L’elfe passa la porte principale à minuit pile, son regard parcourant l’ensemble de la pièce principale. Il fut légèrement soulagé de ne reconnaître personne autre que la jeune femme qui s’était assise en solitaire dans un coin de la salle. L’exilé se dirigea vers sa table, tira une chaise et s’y installa comme s’il y avait été invité, et d’une certaine manière c’était presque le cas. Celle-ci était toujours vêtue de la même façon, ce qui n’était pas pour déplaire à l’elfe, bien que celui-ci préféra se garder de tout commentaire.

    - L’endroit est plus calme que dans mes souvenirs.

    La serveuse qui l’avait vu entrer ne tarda pas à rejoindre la table, un sourire commerçant aux lèvres.

    - Bonsoir, qu’est-ce que je peux vous apporter ?

    - De l’eau, ça suffira.

    - Vous ne souhaitez pas vous restaurer ?

    - Pas pour l’instant, merci.

    Elle acquiesça et tourna les talons, l’elfe s’enfonça dans sa chaise, posant son regard sur son interlocutrice.

    - Alors, a qui ai-je l’honneur ? Moi c’est Lórindol.
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  • Lun 14 Nov - 23:33
    Elle avait détaché les yeux du duo d'instrument à corde et tambourin qui jouait sur la petite estrade dès que l'ombre d'un grand manteau s'était posé sur la chaise de bois en face d'elle. Il n'y aurait eu que son physique, elle n'aurait peut-être pas reconnu l'homme d'un peu plus tôt, heureusement, on masquait beaucoup plus difficilement son aura naturelle. Elle l'avait salué d'un sourire et d'un mouvement de tête en attendant que la serveuse fasse sont affaire et qu'ils soient dans une intimité relative. Dans ce premier silence, elle en avait profité pour observé.

    Une fois la porte et les fenêtres rapidement vérifier - histoire de ne pas rater un éventuel poursuivant de cet étrange innocent - elle s'était surtout concentrée sur lui, le dévisageant sans chercher à se cacher. Il n'y avait aucune agressivité dans son regard. Au contraire. Elle le détaillait avec attention, mais également avec intérêt, un sourire ouvert flottant désormais sur ses lèvres.

    Alors finalement ses cheveux n'étaient pas rouges mais presque aussi immaculés que pouvaient l'être ceux de la jeune femme... Et encore humide du bain qu'il avait réussi à prendre. Ses yeux, par contre, étaient plus pâle que les iris saphirs de la sirène... Et ils étaient tous les deux normaux, autre différence notable. Outre les cicatrices profondes qui ajoutaient des ombres sur son côté gauche, c'étaient les marques qu'il portait qui intriguèrent le plus celle qui était plus que jamais une chercheuse en magie rares et obscures. Il lui semblait que ces formes avaient... quelque chose de familier, sans réussir à mettre le doigt dessus. Elle les suivit sur ses mâchoires, son cou et à travers la légère ouverture du col de son manteau. Elle remonta vers son visage lorsqu'il revint à elle après avoir congédier la serveuse.

    - Remettez-moi un Lotoko et un bol de crevette à partager. " lança Rowena avant que cette dernière ne reparte bredouille, pour le plus grand plaisir du gérant qui allait une fois de plus gonfler les prix.

    Le lotoko était un alcool fort au goût légèrement amer, mais assister à une explosion de tête un soir de relâche valait bien un peu de réconfort simple et elle avait finalement pu manger correctement alors elle n'était pas au verre près... Elle devrait réduire la boisson dans les jours à venir maintenant qu'elle y pensait. Elle s'était un peu laisser allé ces derniers temps.

    Enfin...

    - Enchantée. " Elle lui épargna les salutations formelles à la républicaine, mais son accent fleurait bon l'est. " Rowena. Je suis nouvelle en ville, en visite chez des amis... J'étais sensé passer un peu de temps au Passiflore avec des connaissances ce soir. Je ne pensais pas être rattrapée par un meurtre en pleine rue.

    Elle porta la main à son côté, dévoilant une épaisse bourse de tissus de laquelle elle tira une longue pipe droite en argent finement ouvragée. Très fine et longue, le bol à son extrémité était également assez fin, pas le genre qu'on bourre du bout du pouce avec du gros tabac des familles. Tout en continuant, elle sortie également un petit sachet de soie duquel elle tira une petite boule végétale qu'elle glissa dans sa bouffarde.

    - Si vous vous demandez pourquoi j'étais si sûre de votre innocence, vous n'avez pas à vous en faire, ce n'est pas un coup fourré. Dans mon pays, je fais parti des services judiciaire. J'ai la capacité de lire parfaitement les auras magiques. " Elle alluma sa pipe à la flamme de la lampe à huile qui éclairait leur table et prit une première inspiration, souffla un filet de fumée bleu pervenche à l'odeur douce et printanière, mêlant des parfums de fleur sur une essence plus forte et originale. " Ffffh... J'ai témoigné auprès de la garde et je saurais reconnaitre la personne qui a tué cet homme à la fenêtre. Je ne leur ai rien dit sur vous ni sur notre rencontre. Seulement que je n'avais senti aucune magie émaner de vous au moment du meurtre. En revanche, je ne sais pas si la garde de ce pays est aussi tatillonne que les officiers de chez moi quand on en vient à trouver le véritable coupable au lieu d'enfermer le premier suspect qui colle pour fermer une affaire. Donc me voilà.

    La serveuse revint, posant sur la table un bol de crevette avec deux piques en métal, des sauces et un verre remplit d'un liquide brun-rouge. Rowena la remercia, avant de conclure l'air un peu plus amusé.

    - Et vous voilà. J'en conclue que vous n'avez pas tout à fait confiance en l'impartialité du pouvoir local ou c'était juste pour le plaisir de discuter avec une inconnue ?

    Elle souffla un second filet de fumée bleue.
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  • Mar 15 Nov - 14:08
    Discrètement l’elfe jetait de petits coups d'œil au comptoir de l’établissement, guettant l’arrivée soudaine d’un visage connu. La jeune femme l’étudiait du regard sans la moindre ni aucune once de discrétion, il ne s’en formalisa pas, car lui faisait généralement de même.  L’elfe n’était pas gêné par le regard d'autrui, il avait appris à vivre avec, et vu le visage de sa partenaire, il se doutait qu’elle avait dû passer outre le regard des autres elle aussi. L’exilé devait bien avouer qu’il s’agissait là d’une belle femme, du moins cela n’était qu’un avis purement personnel qu’il n’aurait sans doute jamais avoué. Bien qu’il n’y connaissait absolument rien en mode, l’elfe était tout de même capable de reconnaître des vêtements de bonne facture. La tenue qu’elle portait -qui n’en dévoilait pas assez à son goût- n’était pas le genre d’atours que l’on pouvait se procurer sur une étale marchande au coin d’une rue, il s’agissait de tissu plus raffiné, un peu comme ceux qu’il avait portés dans une époque très lointaine.

    La cicatrice qui donnait à son visage une allure de porcelaine brisée ne l'enlaidissait pas, et vu l’état de son propre visage, l’elfe n’était pas du genre à juger autrui à propos concernant l’existence de traces laissées par une vieille blessure. La marque n’en restait cependant pas moins étrange, en effet elle n’était pas du tout comparable aux stigmates laissés par une arme conventionnelle. Même s’il n’avait pas les compétences pour définir si la cicatrice de la jeune femme était due à une quelconque forme de magie, il était cependant certain qu’aucune arme n’en était la cause.

    Une soirée entre amis au Passiflore ? L’elfe se redressa sur sa chaise, légèrement surprise par cette découverte, il se demandait bien quel genre de personne la demoiselle fréquentait pour se voir inviter à une soirée dans un bordel de luxe. Fidèle à lui-même, le tutoiement était de mise et les mondanités aux oubliettes.

    - Au Passiflore… Et bien, tes connaissances savent comment s’amuser dans le quartier aux putes, j’imagine que le thème de la soirée n’était pas le comptage des cuillères de pêche. Navré d’avoir gâché la petite sauterie.

    Le Passiflore était connu pour accueillir bon nombre de représentants de la haute, bien sûr quelques petits malins se vantaient d’y parler philosophie et autre débat sur le vaste monde… bien que l’exilé ne connaissait pas toutes les coutumes humaines sur le bout des doigts, il était pourtant certain de n’avoir jamais connu d’érudit philosophant avec les braies sur les chevilles et des hanches charnues entre les mains, si tel était le cas alors lui aussi était un philosophe.

    L’exilé haussa un sourcil suite à la deuxième déclaration de la jeune femme. Une représentante judiciaire avec la capacité de percevoir les auras magiques… eh bien mieux valait qu’il laisse la magie de côté pour le moment. Enfin, magie ou non, il suffisait de le regarder pour savoir qu’il n’était pas du genre à se contenter des tours de passe-passe et des petits jets de lumière pour amuser la galerie.

    - L’un n’empêche pas l’autre…

    Après l’ombre d’un sourire l’elfe attrapa un petit pique et l’examina, se demandant s’il pourrait tuer quelqu’un avec en cas de problème. Il joua un peu avec, le faisant passer d’un doigt à l’autre avec une certaine dextérité.

    - Je ne sais pas comment ça se passe chez toi, mais ici la justice est assez expéditive lorsque les innocents sont couverts de sang et de morceaux de cervelle, enfin, ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour parler de ça.

    Fit-il en hochant la tête en direction du plat posé au milieu de la table. Il allait lui être difficile d’en dire plus sur la situation au Passiflore puisqu’au final il n’avait rien vu. Il pouvait cependant supposer que cette histoire était bien plus complexe que ce qu’il avait pu imaginer. La personne à l’origine de tout cela devait sans nul doute être une personne suffisamment importante pour être au courant de l’entrevue qu’il avait eue dans le bureau, peut-être même que cela était un coup du commanditaire ? Mais impossible de le confirmer pour le moment. Il savait que la question tant attendue finirait par lui tomber sur le coin du visage.
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  • Mar 15 Nov - 23:41
    - Ne le soit pas. " répondit-elle aussitôt lorsqu'il dit être navré. Elle agita légèrement sa pipe. " je ne savais même pas que le Passiflore était un bordel avant d'arriver devant. Vu ce qu'ils me diraient de l'endroit, je ne m'attendais pas vraiment à ça... Mais je ne suis pas non plus particulièrement surprise que des personnes élevées dans un pays pratiquant l'esclavage depuis toujours ne fassent pas la différence entre l'amour libre et la prostitution.

    Une nouvelle fois, elle fit un geste de la main pour signifier que c'était là une remarque sur laquelle ils pouvaient passer pour arriver à la suite. Il y aurait eu beaucoup à dire sur le véritable esprit libertaire des philosophes républicains mais ce n'était ni l'endroit ni le lieu et sans doute même pas la personne alors à quoi bon. Elle avait fait une croix sur sa soirée de repos de toute façon.

    Au moins il n'était pas totalement dénué d'humour. Le rapide demi-sourire qu'il lui renvoya changeait de beaucoup son expression avant qu'il ne se concentre sur le petit pique. Elle-même attrapa le sien pour porter une crevette à sa bouche. Et une deuxième pour la route. La démonstration était nettement moins agile que celle de l'elfe mais c'est que c'était bon ces conneries.

    - Chez moi c'est moins expéditif.

    Enfin la plupart du temps. Elle n'avait pas voulu prendre de risque à l'époque ou... mais c'était une autre époque... qui lui donnait peut-être une compassion mal placé pour ce type qui semblait s'être retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Elle se détendit d'un cran, retrouvant une certaine souplesse dans sa posture, et inspira une bouffée de fumée odorante.

    - Tu peux y aller, il en faut plus pour me couper l'appétit. Mais si tu préfères qu'on en parle dehors, je prend mon verre et on sort... Tu n'as pas l'air particulièrement choqué non plus de t'être retrouvé dans cet état. Je me trompe en disant que tu n'es pas quelqu'un de particulièrement fréquentable d'ordinaire ?

    Cicatrices, plus marques cabalistiques, plus dextérité manuelle, plus présence dans un lupanar au moment d'un meurtre... Elle avait connu équation plus difficile.



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  • Mer 16 Nov - 23:07
    Pendant quelques instants l’elfe regretta d’avoir indirectement ou non participé à l’annulation de ladite soirée, car il aurait adoré voir la réaction de son interlocutrice en découvrant ce qu’il se cachait derrière les murs du Passiflore. La suite de sa journée avait en effet été bien moins drôle que l’idée qui lui traversa l’esprit.

    L’exila piqua à son tour une crevette et sûr de lui il la trempa quelques instants dans une sauce à la couleur rougeâtre avant de la porter à sa bouche. L’elfe n’était pas un grand amateur de nourriture locale, et… certaines choses faisaient qu’il se nourrissait peu. Cependant, à aucun moment il n’associa la couleur de la sauce à une possible sensation de brûlure, c’était la première fois qu’il avait en bouche quelque chose d’aussi épicé. Son égo et sa prestance naturelle l’empêchèrent de recracher la crevette sur la table, il fit tous les efforts possibles pour garder son air sérieux et une certaine contenance face à la jeune femme, en tout cas il espérait que la chose soit passé inaperçue. En tout cas, c’est la dernière fois qu’on le prendrait à goûter une sauce avec autant de confiance en soi. Lórindol reposa son pique, jugeant qu’il valait peut-être mieux ne pas trop en user sous peine de lâcher une larme.

    - Heureux de t’avoir évité une désagréable surprise.

    En vérité pas vraiment, il imaginait sans peine qu’elle aurait pu se sortir de ce genre de surprise sans difficulté, jusqu’alors pas grand-chose n’avait semblé troubler la jeune femme, alors un bordel…

    - Sacré sens de l’observation, toi et moi on n’a pas vraiment une gueule de vendeur de lingerie fine, si tu vois ce que j’veux dire.

    L’elfe faisait clairement allusion à la cicatrice que portait la jeune femme, mais il ne s’étendit pas plus sur le sujet, du moins, tant qu’elle ne poserait pas de question concernant sa propre balafre. Il était évident qu'elle, tout comme lui, ne s’était pas fait ça en allant prier. L’exilé ne connaissait pas son interlocutrice, pas plus qu’elle ne le connaissait lui, au vu de cette rencontre toute récente il estimait que chacun pouvait garder ses petits secrets pour lui.
    Il fallait encore rajouter à tout cela l’appartenance de la jeune femme à une organisation représentant l’ordre et la justice, communauté que l’elfe avait plutôt l’habitude d’éviter et s’il avait su ça au préalable, jamais il ne serait venu, même pas pour la vue d'un joli sourire.

    - Malgré ce fait, je trouve que là, assis tous les deux à une table comme deux vieilles connaissances, on à l’air plutôt fréquentable tu ne trouves pas ?

    Oh bien sûr, certaines personnes portaient sur le duo un regard plus qu’interrogateur. Lórindol se fichait bien du regard des autres, quelle valeur pouvait avoir l’avis ou le jugement d’un être à qui il restait moins de cinquante ans à vivre ? Selon lui ; rien.

    - Quel genre d’aide tu penses pouvoir m'apporter ? Habillée comme ça, tu n’as pas l’allure d’une combattante, mais… Si ton aura judiciaire peut s’étendre et influencer la justice de l'Empire…

    L’elfe ne termina pas sa phrase et resta silencieux l’espace d’un instant, effectivement, si la jeune pouvait influencer la justice locale… Alors il y était, et jusqu’au cou. Il se redressa légèrement sur sa chaise, laissant entrevoir un peu mieux les marques qu'il avait sur le torse puis il poursuivit.

    - Disons que j’ai simplement du mal à savoir si je dois me réjouir de m’être fait une nouvelle amie, ou si j'me suis jeté dans la gueule du loup et que je ferais mieux de me tirer par la porte de derrière et de te laisser payer la note.
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  • Sam 19 Nov - 13:09
    Rowena s'interrompit juste l'espace d'un battement de cil en voyant son vis à vis trempé une crevette droit dans la sauce d'aji. Et beh... Il avait pas froid aux yeux celui là. Il engouffra le fruit de mer et elle eu comme l'impression qu'il devenait plus rigide, mais c'était sans doute sa façon de combattre la sensation de brulure qu'il aimait. Bon sang, elle avait jamais vu quelqu'un faire ça et s'en sortir sans cracher ses poumons et descendre une miche de pain. Au cas où, mine de rien elle leva la main pour demander un bout de pain pour la sauce qu'elle laissa négligemment trainé sur la table près du bol, laissant entendre qu'il était pour eux deux, qu'il puisse survivre s'il en avait besoin... Parce que même s'il avait l'air d'encaisser, il venait de reposer son pique comme s'il s'agissait d'une arme dangereuse.

    Elle... en était ou déjà ?

    La gueule de vendeur de lingerie fine... A oui. Elle rit bas, sa voix étrangement mélodieuse produisant un son doux et chaud. Elle s'attendait à ce qu'il lui pose des questions sur l'origine de cette marque qui n'était clairement pas faite par une arme régulière, mais non. Ses propres cicatrices lui donnait sans doute plus de tact que la majeure partie des gens.

    - On dirait une réunion d'ancien combattant surtout. " ricana-t-elle lorsqu'il lui fit remarqué qu'ils avaient l'air à peu près fréquentable. Elle imaginait assez mal un gars venir se poser à leur table pour taper la causette parce qu'ils avaient l'air avenant.

    Mais il reprend et s'interrompt. Rowena lève un sourcil. Oh... le voyou serait-il prit dans de plus gros problèmes que ce qu'elle avait cru de prime abord ? Elle était tombé sur quelqu'un d'encore moins fréquentable que ce qui paraissait ?

    - J'ai mes entrées. " acquiesça-t-elle seulement sans citer le nom de Tagar. " Pourquoi ?
    - Disons que j’ai simplement du mal à savoir si je dois me réjouir de m’être fait une nouvelle amie, ou si j'me suis jeté dans la gueule du loup et que je ferais mieux de me tirer par la porte de derrière et de te laisser payer la note.
    - Ne t'inquiète pas pour la note, de toute façon c'est pour moi.

    Un sourire amusé s'était emparé du coin des lèvres de la jeune femme. Pour la gueule du loup, elle ne pouvait rien lui promettre, mais ses yeux bleus et ses cheveux blancs se superposaient à un autre homme qu'elle s'était promis de ne pas regretter. Il lui manquait les cornes et le teint d’albâtre mais la situation ne pouvait que faire écho à cette autre rencontre.

    - Pour le reste, il y a un assassin en liberté et il a toutes les caractéristiques d'un professionnel dangereux. Si tu le remet aux gardes, ils arrêteront de te courir après, c'est sûr. Et si tu cherches un boulot ranger au lieu de risquer ta peau pour des clopinettes, ça pourrait t'ouvrir de nouveaux horizons aussi.

    Elle scrutait l'expression de l'elfe, cherchant à savoir ce que cette perspective provoquait chez lui. Pouvait-il l'envisager même un peu ?
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  • Sam 19 Nov - 22:39
    La sensation de brûlure était tout bonnement ignoble. S’il n’était plus en mesure d’apprécier le goût de la bonne boustifaille, son corps était en revanche bien capable de comprendre le sens du terme « sauce piquante ». L’air de rien, toujours avec une certaine fierté propre à son peuple, il attrapa un morceau de pain et le porta à sa bouche, bien qu’il n’eût pas forcément conscience que le pain pouvait atténuer la sensation de brûlure. Si sa camarade d’infortune avait remarqué quoique ce soit elle n’avait rien dit, et Lórindol ne fit pas de lien direct avec le pain qu’elle avait demandé.

    L’exilé fut presque surpris de faire sourire malgré lui son interlocutrice, il n’avait pas vraiment l’impression d’avoir dit quelque chose de particulièrement drôle, mais il n’y avait rien de désagréable à faire sourire une jeune femme après tout.

    - Ancien combattant ? Tu faisais partie de l’armée ou d’une quelconque force militaire ? Si la question dérange tu n'es pas obligée de réponse.

    Il ne se souvenait pas avoir déjà croisé la jeune femme par le passé, et de toute manière le peu de personnes qu’il avait connu à l’époque, était mort depuis longtemps. Une expérience militaire aurait pu expliquer comment son interlocutrice était parvenue à garder son sang-froid dans la ruelle… moment qui ne fut pas des plus glorieux pour lui, car il céda malgré lui à la panique. La fatigue… la surprise… plusieurs choses devaient être à l’origine de cette réaction, en tout cas il avait bel et bien eu peur de mourir à ce moment-là. Réflexion faite il ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi il avait encore la tête sur les épaules. Qu’importe l’auteur du sortilège, celui-ci devait forcément être au courant de l’entrevue, il devait donc connaître son passé et celui du commanditaire. Il aurait été plus simple d’éliminer l’elfe en premier plutôt que de se concentrer sur un vulgaire intermédiaire, quant au garde à la fenêtre, sa mort à lui n’avait aucune utilité autre que de terrifier les passants. Le tueur devait donc se trouver suffisamment près pour observer la scène et agir, il pouvait aussi très bien s’agir d’une femme… L’espace d’un instant son regard ce posa sur son interlocutrice, se pourrait-il que… non ça n’avait aucun sens, pourquoi agir comme cela ? Lui sourire pour ensuite mieux lui exploser la tête ? C’était une option qu’il comptait garder dans un coin de sa tête.

    - Tu m’évites une patrouille, tu me payes à manger eh bien… Je préfère les oreillers en plumes d’oie, pour information.

    Il avait déjà croisé des personnes sympathiques, voire plus… mais là, l’elfe ne savait pas trop comment juger la situation. D’un côté son interlocutrice ne semblait pas être n’importe qui, et de l’autre elle semblait agir avec une certaine forme de bonté, chose assez curieuse vu que l’elfe n’avait pas pour habitude d’attirer la sympathie.

    L’exilé écouta attentivement la proposition de la jeune femme, dans un premier temps il croisa les bras et s’enfonça dans sa chaise. Devait-il mentir ou être franc ? Il ne savait encore rien de la profession qu’elle occupait, fallait-il courir le risque d’avouer qu’il n’était pas vraiment du bon côté ? Un mélange des deux semblait être une option plus sage…

    - J’ai déjà rendu quelque « service » par le passé, bon ou mauvais ce n’est pas à moi d’en juger, je fais simplement ce qu'on me demande.

    Il n’avait jamais joué le rôle du juge, simplement celui du bourreau appliquant la sentence. Le bourreau pouvait-il être tenu responsable d’une erreur de jugement ? Difficile à dire, et cet argument était sans doute bien peu convainquant.
    À l’extérieur un éclair déchira les cieux et la pluie fit peu à peu son apparition, laissant apparaître quelques gouttelettes sur les carreaux des fenêtres de la pièce principale. Il hésita à parler de sa présence au Passiflore et de la conversation qu’il avait eue avant de devoir sauter par la fenêtre.

    - Retrouver cet « exploseur de tête » permettrait sans doute de remettre un peu d’ordre, du moins j'imagine, moi et l'ordre...

    L’elfe n’alla pas jusqu’à préciser que si une telle chose devait arriver, alors il l’éliminerait, purement et simplement. Ce mystérieux assassin pouvait savoir beaucoup de choses, et c’est surtout ce qui concernait personnellement l’elfe qui le dérangeait.
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  • Dim 20 Nov - 11:41
    - Tu as tort. Le duvet de jeune canard, il n'y a que ça de vrai pour un oreiller digne de ce nom.

    C'était visible, l'homme qu'elle avait en face d'elle n'était pas habitué à ce qu'on lui montre la moindre bonté ou la moindre bienveillance. Il raillait comme ces membres de l'Ordre qui avaient fini par ne compté que sur eux même dans les moments difficiles ou ces vétérans qui préfère l'humour à la franchise. Elle en avait connu un particulièrement... Et décida donc de prendre cet éclat d'ironie grinçante pour un merci, en bonne et due forme.

    Elle avait laissé filé la question sur son passé miliaire, non parce qu'elle ne voulait pas lui en parler, mais parce qu'elle ne s'y attarderait que s'il semblait même vaguement intéressé par l'idée d’arranger les choses. En quelques mots, il lui posa l'image d'un mercenaire totalement amoral. Cicatrices au visage non soignées et conservées, peut-être un ancien esclave. Dans tous les cas, quelqu'un qui ne voulait pas oublier. Lorsqu'il s'était redressé, laissant apparaitre plus nettement les marques noirs sur le haut de son torse, elle avait baissé les yeux pour en regardé la forme sans se cacher. Marques ésotériques. Elles lui semblaient familières mais n'en comprenait pas la signification ou l'origine. Un mage ou un cobaye d'une cabale noire. Présent au passiflore ce soir, donc travaillant pour des gens louches. Un homme de main de la pègre... Vu comme il semblait esseulé, plutôt un franc tireur. Le genre de gars qui accepte n'importe quel contrat suffisamment bien payé ? Peut-être un tueur à gage.

    Les eaux troubles du mercenariat étaient pleines de personnes aux visées et aux volontés diverses. Infecte ou Ingénieux. Humains ou Sans cœur. Difficile de savoir en quelques minutes de quel bois était fait son interlocuteur, surtout lorsqu'il s'agissait de quelqu'un de malin.

    Cependant, ignorer des ordures présumées pour attraper une ordure attestée était une composante assez courante de son boulot et la seule questions qu'elle se posait ce soir était : allait-elle s’arroger le droit de mettre le nez dans une enquête dans laquelle on ne lui avait rien demandé. Ce n'était pas vraiment son genre. Elle pensait surtout s'assurer que ce gars s'en était sorti et lui dire que s'il cherchait à se disculper, elle pouvait reconnaitre l'assassin... Mais elle devait l'avouer, elle aimait ce genre de traque et l'envie d'y participer était tentante. Une autre façon de se sortir la tête des bouquins... Mais cela signifiait aussi flirter avec la limite de son propre Code. Elle n'avait absolument pas le droit d'user de ses pouvoirs les plus utiles hors du cadre de son devoir et encore moins en territoire étranger. Elle pouvait avoir d'énormes problèmes... En particulier avec sa conscience... Mais n'en aurait-elle pas de toute façon en imaginant tout le mal que ce mage pouvait encore faire  ?

    Elle ne pouvait pas dire si la proximité de sa propre fin la ramollissait ou au contraire lui donnait envie d'être un peu trop téméraire mais quelque chose changeait. Alors que le dilemme prenait racine, elle mâchouilla une crevette, puis son pic et déclara finalement, avec une certaines réserve.

    - Si tu cherche le vrai coupable pour qu'il comparaisse devant la justice, je crois qu'on pourrait faire équipe... Et oui, j'ai servi au Front. Je sais me battre.
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  • Lun 21 Nov - 11:12
    Duvet de jeune canard ? L’exilé hocha la tête, il avait voulu faire un trait d’humour et il s’était fait coiffer au poteau comme le dernier des idiots, visiblement il avait trouvé plus fort que lui à ce petit jeu. C’était pour le moins… intéressant.

    ***

    À l’extérieur la pluie se faisait de plus en plus forte. L’individu se tenait au coin de ruelle, son chapeau et son long manteau le protégeaient de la pluie. Il avait suivi l’elfe jusqu’à l’auberge, mais n’y avait pas pénétré, jugeant qu’il serait plus simple de le surprendre à l’extérieur et à la vue de moins de témoins. Cela faisait déjà plusieurs jours qu’il traquait l’assassin à travers toute la ville, il avait failli l’avoir au Passiflore, mais tout ne se déroula pas comme il l’avait escompté.

    L’homme n’avait pas envie de s’impliquer directement, il préférait causer la mort de manière indirecte, par exemple en manipulant un garde pour qu’il règle son compte à l’elfe. Il n’aurait jamais pensé que l’assassin quitterait le Passiflore en sautant par la fenêtre, la seule solution qu’il avait eue ensuite fut de tuer le garde en comptant sur une patrouille pour régler l’histoire. Encore une fois, un élément extérieur était venu contrecarrer son plan. Cet élément n’était autre qu’une jeune femme qui avait eu l’audace de laisser fuir l’assassin, et qui par la suite était allée à la rencontre de la patrouille. Il détestait au plus haut point que les choses ne se passent pas comme prévu, toute cette perte de temps, car il n’avait pas voulu s’impliquer directement. Mais maintenant il allait s’en charger personnellement, il n’avait qu’à attendre le bon moment pour frapper. Bien sûr il en savait suffisamment sur cet elfe pour l’envoyer à la potence en passant par la voie légale et via la justice d’Ikusa. Mais cela n’était pas suffisamment, il avait perdu son maître, l’assassin allait périr, il voulait voir la vie quitter peu à peu son regard, il voulait le voir mort et en tirer toute la satisfaction.

    Un nouvel éclair déchira le ciel, et il remonta son col pour ne pas être trempé.

    ***

    - Faire équipe ?

    Ce n’était pas tous les jours qu’on lui proposait de former un duo pour traquer un assassin, d’ailleurs c’était sans doute la première fois qu’on lui proposition un travail du bon côté de la justice. Agir pour le bien commun et « travailler » avec une charmante créature, l’exilé avait déjà entendu pire proposition, et il devait avouer que l'idée avait quelque chose de grisant. Cependant l’idée de conduire le mystérieux tueur à la justice ne lui convenait toujours pas. Bien sûr il ne pouvait être qu’une victime collatérale d’une histoire bien plus complexe, ou alors la cible principale… Difficile de dire si tout cela était lié au travail qu’on lui avait proposé.  Après tout il devait toujours retrouver une putain afin d’éclaircir la mort d’un notable de la ville. Lorindol n’avait aucune envie de préciser l’origine de sa présence au Passiflore, et le fait que la jeune femme ne posa pas la question lui permit tout simplement d’éviter le sujet, moins il pouvait en dire, mieux c’était pour lui.

    - Je dois avouer que c’est la première fois qu’on me propose quelque chose du genre.

    L’elfe repris le petit pique et tout en jouant avec de manière habile, il en testa subtilement la solidité en laissant retomber la pointe contre le bois de la table. Plus que d’être un ustensile pour se servir des crevettes, l’objet se révélait être aussi une arme, notamment si l’on enfonçait avec suffisamment de force dans un conduit auditif.

    - Je ne suis pas habitué à ce genre de « choses », j’ai du mal avec autant de bonté. Tu détournes l’attention d’une patrouille, tu me payes à manger des oreilles en duvet de jeune canard, tu me proposes de travailler ensemble pour m’innocenter ? De là où j’viens, ou n’aide pas les gens sans raison, j’imagine que tu me comprends.

    L’elfe posa son regard sur la jeune femme et resta silencieux. Il attendait une possible réponse lorsqu’un homme sortit de l’arrière-boutique. Il se planta derrière le comptoir pour mieux observer la salle principale, lorsque son regard se posa sur l’elfe, celui-ci s’arrêta comme s’il venait de voir un fantôme.

    - Hé ! Toi ! Gueule de serpillière !

    L’exilé releva la tête et regarda l’individu qui venait de s’adresser à lui. Aucun doute possible, c’était bien le type avait qui il avait un accrochage quelques années auparavant, Lórindol soupira.

    - Tu te souviens de moi hein ? Moi j’t’ai pas oublié en tout cas putain d’elfe !

    Posant de nouveau son regard sur son interlocutrice, l’exilé s’exprima avec une certaine lassitude.

    - Celui-là, j’aurais mieux fait de le buter la dernière fois.
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  • Lun 21 Nov - 20:38
    - Tu veux la version courte ou la version l...

    La version longue devrait attendre, la version courte aussi d'ailleurs. Un homme venait de sortir derrière le comptoir et il n'avait pas l'air près à les laisser continuer leur conversation.

    Elle ne s'était pas formalisé de la méfiance du jeune homme. Cela dénotait plus d'une vie particulièrement sombre et exempte de tout acte de bonté ou de compassion que d'une remise en cause qu'elle devait prendre personnellement. Le Reike était un endroit funeste dont la violence n'était plus à prouver de toute façon... Et quelque chose disait à la sirène que la présence constante de morts-vivants dans certaines régions n'allait certainement pas simplifié les choses étant donné la dangereuse mais peu médiatisée " Folie de la Goule", une maladie particulièrement retorse. Enfin...

    C'était vrai que si pour elle la version courte était particulièrement simple : Expédier un exploseur de tête en prison, la version longue était bien plus complexe. Elle découlait notamment d'un besoin d'action, d'une mort imminente, de l'envie de tendre la main à quelqu'un qui avait eu autant de malchance qu'elle à une certaine époque, de son habitude de voir des gens glisser sur une pente savonneuse sans qu'elle n'y puisse rien, de l'assassinat de sa mère, de son amour pour un homme mort et du passage éclair d'un pirate suicidaire dans sa vie.

    Et son Code ?

    Et bien il allait être rapidement mis à rude épreuve car l'homme derrière le bar voulait en découdre. Il aurait été particulièrement simple de le calmer en usant de ses pouvoirs, mais ce genre d’intrusion mentale n'était pas autorisée. Sauf si c'était vraiment pour le protéger lui, elle ne devait pas s’arroger un droit de cet acabit.

    - Un ami à toi je présume ?

    Le buter ? Elle leva un sourcil attentif en scrutant Lorindol, se demandant s'il était sérieux ou non... Et au final, il avait l'air plus las que comique. Elle lui aurait volontiers demandé quels étaient les griefs du nouveau venu mais elle avait l'impression que la patience n’était pas la première qualité de l'homme derrière le bar. Alors, avant qu'il ne dérange toute la salle pour venir - au mieux - les sortir à coup de pompe de son établissement ou - au pire - terminé dans un bain de sang, elle se leva avec un sourire docile tout en fouillant dans sa sacoche pour poser sur la table le prix de ce qu'elle avait consommé plus un généreux pourboire.

    - Excusez-nous. Nous ne voulions pas troubler votre soirée. Nous allons partir.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mar 22 Nov - 13:58
    - Ami ? Un bien grand mot pour définir cette petite merde.

    Il n'avait rien d'un ami c'était… une vieille connaissance. Quelques années par le passé l'elfe était venu dans cette auberge pour s'y restaurer, ni plus ni moins. Qu'il eût été un meurtrier ou non, cela ne l'empêchait pas de se comporter comme un citoyen lambda, même si manger ne lui procurait plus aucun plaisir, c'était une nécessité pour survivre. Malheureusement pour lui, ce soir-là, un groupe d'homme un peu éméché avait eu la bonne idée de venir jouer avec ses nerfs. La situation se dégrada et une rixe éclata, malheureusement, l'un des membres du trio des ivrognes fut victime d'une attaque mentale bien plus soutenue que prévu, laissant le bougre à l'état de légume tout juste capable de baver et de se chier dessus. Le légume en question, n'était autre que le fils de l'homme qui venait tout juste de quitter le comptoir pour s'avancer au milieu de la salle commune. La plupart des clients encore présents avaient relevé la tête de leur plat pour suivre les événements, même les musiciens semblaient avoir oublié la suite de leur partition.

    - Tu te repointes ici, après ce que t'as fait à mon fils ? Je devrais te crever sur place.

    L'elfe se serait bien fendu d'un « essaye pour voir » mais contre toute attente la jeune femme essaya de désamorcer la situation en se redressant puis elle annonça leur départ. Sur le moment l'exilé n'avait aucune envie d'obtempérer, il n'avait rien de mal, ni maintenant ni cinq ans plus tôt. Bien entendu ce n'était même pas la peine de s'expliquer avec un bourru pareil qui de toute manière n'aurait jamais avoué que son soûlard de fils avait cherché les problèmes en premier. Cependant, l'action de la jeune femme tempéra l'homme à la chevelure grisonnante.

    - J'sais pas qui vous êtes m'dame, mais lui là, vous feriez mieux de vous en méfier comme de la peste. C'est le genre de type qui utilise sa maudite magie pour sur les pauvres citoyens.

    Lórindol ne répondit rien malgré la forte envie d'en découdre, mais à quoi bon perdre son temps avec un être éphémère qui casserait sa pipe d'ici une dizaine d'années tout au plus ? L'elfe se redressa à son tour, conscient que réagir avec tant de véhémence sous le regard de sa partenaire d'infortune n'allait certainement plaider en sa faveur. Il valait mieux ne pas passer pour une ordure pire que celle qu'elle voulait conduire en justice, sous peine de finir aussi au bout d'une corde. Le semblant d'altercation aurait pu s'arrêter là, l'exilé venait tout juste de redresser. À peine deux pas plus tard, l’homme, se sentant sans doute pousser une paire de roustons, ne put retenir une nouvelle envolée lyrique contre l’assassin qui jusqu’alors s’était plutôt bien comporté.

    - Et t'avises pas de revenir ici toi, sinon je te ferais regretter le jour où ta chienne de mère a fauté avec un chat de gouttière pour te concevoir.

    Lorindol n’était pas sensible à beaucoup d'insultes, les critiques envers les traits raciaux de son peuple, son allure vestimentaire ou bien tout simplement son faciès, tout cela ne l’affectait pas. Mais que l’on s’attaque verbalement à sa famille… ça c’était un sujet sur lequel l’exilé était plus que réceptif. Son sang ne fit qu’un tour et soudainement le regard que la jeune femme pouvait porter sur lui n’avait plus aucune importance. Un seul pas lui suffit à se rapprocher de la table et à saisir le bol de sauce rouge, deux autres suffirent pour se tenir à portée de l’homme. La sauce lui vola au visage et aussitôt la mixture épicée fit son effet sur les yeux du malheureux qui beugla aussitôt. Le récipient vola plus loin dans la salle et un bon coup de pied dans l’abdomen envoya le type rouler au sol. L’assassin se rua sur lui et l’attrapa par le col pour le redresser, s’en suivit dans un coup de poing à la mâchoire dont le bruit d'impact fit écho avec le cri de détresse poussé par la serveuse. Avant même de pouvoir porter un nouveau coup, le pantalon de l’homme se tacha soudainement à l’entre-jambes, le bougre se pissait dessus. L’elfe le relâcha aussitôt, le laissant retomber sur le sol et dans la flaque qui s’étendait peu à peu.

    - Tu vaux pas plus que ton putain d’fils, une grande gueule qui n’assume pas. T'empestes la peur, la pisse et les vieux os. J'ai mme pas eu besoin de magie pour te faire ravaler tes dents.
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