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  • Lun 26 Déc - 17:36
    La lumière du jour perçait à travers les rideaux de dentelle de l’étroite maisonnée dans laquelle Klarion s’était rendu ce matin. La demeure était une bicoque aux murs serrés, coincée entre deux bâtiments massifs des faubourgs de Liberty. D’un côté, il y avait un restaurant de fruits de mer, de l’autre se trouvait un restaurant de gibiers ; les deux établissements provoquaient ainsi un bruit constant au dehors. Cependant, les habitants de la maison avaient pris l’habitude, ne faisant presque plus attention au vacarme ambiant dès qu’ils ouvraient portes ou lucarnes. Non, à l’intérieur tout le monde était bien plus préoccupé par une toute autre chose. Cela faisait une semaine et demie que Mattea, soixante-dix ans, avait pris une routine bien particulière. La grand-mère se réveillait à l’aube et descendait à tâtons dans la cuisine dans laquelle régnait un silence de mort. Elle venait là pour y faire chauffer du thé et préparer le petit déjeuner pour la famille. Son fils disparaissait l’heure suivante pour travailler dans une papeterie afin de remplir les caisses familiales, tandis que sa bru, fébrile, ne passait même plus par les pièces à vivre. Cette dernière, dès qu’elle quittait le lit, partait au chevet de leur enfant unique : Léana. Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, c’était la fillette que Klarion venait voir aujourd’hui. L’enfant n’arrivait pas à quitter le lit ; depuis une semaine et cinq jours, elle était victime d’un bien étrange phénomène…

    - Je m’endors et, quand je rêve, j’ai l’impression d’être toute seule au milieu d’une grande grande mer toute noire, et y a rien d’autre…

    Léana sanglotait, assise sur son petit lit à draps de laine. La pauvre s’était réveillée en sursaut et en pleurs, comme tous les matins depuis douze jours. De lourdes poches cernaient ses yeux, Léana essayant de repousser le moment où elle retournerait dormir depuis que ses cauchemars n’aient commencés. Klarion était assis à côté d’elle sur un simple tabouret tandis que, au pied du lit, la mère de la gamine se mordait les ongles, anxieuse au possible.

    - Que se passe-t-il ensuite, dans cette mer noire ? Demanda Klarion à l’enfant comme un docteur questionne un patient.

    - Je suis sur une grande planche qui prend l’eau, donc j’ai froid, reprit Léana d’une voix fluette. Dans mon dos je sens un souffle sur ma nuque mais quand je me retourne il n’y a rien du tout ! Mais je suis sûre qu’il y a quelque chose !

    - Calme-toi, lui dit Klarion d’une voix ferme mais calme.

    Le Psychomancien notait sur un calepin ce que la demoiselle lui expliquait. C’était la sixième personne qu’il rencontrait en trois jours au sujet de cauchemars persistent ayant commencé il y a entre deux et trois semaines. Parmi ces six individus, Léana était la plus jeune du haut de ses sept ans, mais la plus âgée n’en dépassait pas treize. L’affaire intriguait tant qu’elle inquiétait et il fallut que l’enfant d’un professeur de l’Université Magic soit atteint pour que l’académie de mages décide de se pencher sur ces cas saugrenus. Klarion, en raison de sa grande expertise en magie psychique, fut dépêché pour enquêter à ce sujet ; tâche qu’il avait acceptée avec un enthousiasme mal placé mais qui relevait plus de sa curiosité scientifique et professionnelle que par réel attrait pour le morbide. L’arcaniste entoura les derniers mots de Léana sur son papier. Les cauchemars des personnes qu’il avait entendu précédemment avaient des contextes différents, mais chacun partageaient tous une chose en commun : ce mystérieux souffle dans la nuque. Tous les enfants sentaient que quelque chose expirait sur eux un étrange souffle chaud, et tous avaient l’impression de ne pas être seuls dans leur cauchemar…

    - Continue, s’il-te-plaît, intima Klarion à la petite.

    - Au bout d’un moment je suis trempée et je tremble. C’est là que la planche s’enfonce dans l’eau et que je dois nager toute seule pour pas me noyer. Et… et je sens qu’on essaye d’attraper mes chevilles et que des choses grouillent là-dessous.

    Léana n’osait pas regarder Klarion ; elle avait le regard baissé vers son doudou, un âne au gris délavé avec un air affable. Les lèvres de la fillette tressaillaient et elle entortillait ses doigts dans sa couverture pour se concentrer sur autre chose et ne pas pleurer. Le sorcier ne répondit pas, se contentant d’écouter son interlocutrice. Depuis la chambre, on pouvait entendre la grand-mère tricoter depuis la cuisine, le bruit des aiguilles tintant sans relâche.

    - Et je suis tirée sous l’eau, je peux respirer mais je sens l’eau qui rentre dans ma bouche et mon nez et ça me pique. Et tout partout y a des yeux jaunes qui me regardent, comme des yeux de poisson… Et je me réveille ensuite…

    - Je vois, merci Léana, dit-il avant de lancer, à la mère comme à la fille, connaissez-vous une certaine Eliande ?

    - Non, répondirent-elles ensemble.

    - Très bien, un garçon nommé Tim ?

    Encore un non, cette fois d’un simple mouvement de tête.

    - Et un nommé Dalin ?

    - Oh ! s’écria Léana en relevant la tête. Y a un Dalin dans mon école !

    - Le fils de l’apothicaire Saguaro ? L… Lui aussi ? s’étonna la mère, le souffle coupé.

    Klarion ne lui répondit que d’un simple hochement de tête avant de fermer son calepin et prendre son bâton catalyseur qu’il avait contre une armoire. Son bâton était long, d’un bois noir, luisant comme de l’obsidienne avec, au sommet, une gemme irisée incrustée au sein d’un ornement pointu. Le mage laissa la mère et la fille seules dans la chambre pour descendre à la cuisine où l’attendait la vieillarde, celle qui avait écrit à l’Université Magic pour obtenir réponses et assistance. La grand-mère releva une tête lasse vers Klarion quand il entra dans la pièce, baissant la tête pour ne pas se cogner à une poutre bien trop basse.

    - Alors ? demanda-t-elle comme si elle avait fait autant travaillé sur l’enquête que lui.

    - Alors j’ai une victime de plus, encore une dans le secteur restreint des faubourgs nord-ouest.

    - Ce n’est pas un mal naturel…

    - Aucun doute sur ce point. Quelqu’un plonge des enfants dans de sempiternels cauchemars ; je vais devoir leur rendre leurs rêves

    Sans plus de cérémonie, Klarion se dirigea vers la porte de sortie, l’ouvrant en grand pour se diriger vers sa prochaine destination : la septième victime, dont le cas avait été rapporté le matin même.
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  • Mer 28 Déc - 0:29
    Alors que les rayons du soleil levant baignaient déjà Liberty dans une lueur chaude et réconfortante, la ville s'éveillait petit à petit. Les commerçants fort affairés s'étaient quant à eux levés à l'aube pour effectuer l'habituelle routine des marchands, mais les clients commençaient enfin à pointer le bout de leurs nez. Certains baillaient bruyamment, d'autres se frottaient encore les yeux tandis qu'ils cherchaient du regard la meilleure miche de pain à négocier à bon prix. Le sommeil quittait tous les citoyens et pourtant, les rêves trouvaient encore leur place dans cette étrange journée. Trop endormis pour s'attarder sur pareil détail, certains gardes avaient pu distinguer par moments des mirages se dessiner dans les cieux, comme une silhouette qui filait à vive allure aux dessus des toitures. Ils croyaient tous à une hallucination et mettaient telle manifestation sur le dos de leur fatigue mais pourtant, il y avait bien un être qui surveillait la cité depuis le ciel.

    Plus précisément, il surveillait un homme en particulier. Depuis de nombreuses lunes, le Voyageur s'intéressait de près à la recrudescence des cauchemars chez les jeunes enfants. Toujours aussi curieux, le prince des songes avait pris le temps de se balader aux quatre coins de la ville, arborant tantôt la forme d'un énorme hibou, parfois celle d'un chat ou encore d'un chien. Ses oreilles indiscrètes se posaient partout, des balcons jusqu'aux terrasses en passant par les plus sombres ruelles de la ville. Rêve écoutait inlassablement les histoires des uns et des autres, par pure fascination pour les rouages de l'esprit des Hommes.

    A mesure qu'il en apprenait davantage sur les mœurs des citadins, il découvrait cependant que beaucoup de parents se heurtaient vraisemblablement à une épreuve terrifiante, car leurs petits semblaient prisonniers d'un cercle vicieux impliquant d'atroces cauchemars. Evidemment concerné, Rêve ne manqua pas la moindre miette de ses diverses anecdotes et finit par relever bien vite des points communs pour le moins curieux entre les songes que les adultes inquiets venaient raconter à leurs amis en quête de soutien. Tout expert qu'il était en la matière, Rêve relevait d'ores et déjà qu'une telle manifestation cauchemardesque avait de quoi susciter la crainte, même pour lui. De toute évidence, le ou les responsables n'avaient aucunement de bonnes intentions.

    Malgré cela, le géant ailé décida d'intervenir. L'équilibre du Songe avait toujours été la chose la plus importante à ses yeux, il était donc impensable pour lui de tolérer l'existence d'une œuvre aussi disproportionnée et détraquée. Il parcourut donc la ville sans relâche à la recherches d'indices, profitant de ses talents extraordinaires pour explorer et s'immiscer dans des conversations privées auxquelles il n'aurait pas eu accès sans faire appel à son camouflage. Ce fut d'ailleurs par ce biais qu'il obtint l'information capitale qui lui permettait de propulser son enquête en avant car il découvrit, au détour d'un échange entre parents affolés, l'existence d'un individu qui pouvait lui venir en aide dans cette quête. Versé dans les arts magiques et spécialisé dans le psychisme, l'homme menait activement des recherches sur ce mal nouveau qui frappait les innocents.

    Ce fut sans mal que Rêve mit la main sur le mage en question car ce dernier visitait les demeures des malades les unes après les autres, posant toujours les mêmes questions et observant à chaque fois de similaires symptômes. Jouissant de ses multiples talents en matière d'infiltration, le Voyageur s'était permis d'accompagner le mage, se dissimulant avec adresse sous diverses formes ou se rendant invisible en cas de besoin. Malheureusement pour lui, ses facultés désormais limitées l'empêchaient de se cacher plus longtemps et ce fut donc davantage par obligation que par volonté que Rêve décida de se dévoiler enfin.

    Encore invisible, il observa depuis la rue le mage lorsque ce dernier prit congé et fila à toute allure jusqu'à une zone moins éclairée dans laquelle il pouvait se permettre de revêtir à nouveau sa véritable enveloppe. Une fois à l'abri, il se manifesta subitement, tâchant de se faire aussi petit que possible afin de ne pas attirer l'attention, mais il peinait à cacher ses ailes immenses, du fait de l'étroitesse de la ruelle dans laquelle il avait décidé de se dissimuler. Fort heureusement, le soleil peinait à atteindre la zone, autorisant l'immense bête à rester à l'écart des regards des Hommes. Rêve les chérissait plus que tout mais savait son apparence un peu trop atypique, ce qui risquait fort de déclencher des réactions pour le moins extrêmes.

    Masqué par les ombres, Il usa donc de ses dons pour contacter télépathiquement l'homme qui suscitait tant d'intérêt à ses yeux :

    "Je crois que tu as besoin d'aide, rêveur. Je pense pouvoir t'assister."

    Puis, ayant capté l'attention de sa cible, il ajouta :

    "Sur ta gauche. N'aie crainte."'
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  • Ven 30 Déc - 22:06
    Pour Klarion le vacarme de la rue s’était soudain volatilisé, comme si plus rien n’avait d’importance. Il n’entendait plus le son pétaradant des feux de bengale qu’allumait un saltimbanque pour amuser la galerie, il n’entendait plus le bourdonnement constant des passants qui marchaient sans lui porter la moindre attention. Il ne les entendait plus non pas car les sons lui avaient été supprimés, mais parce qu’il s’était lui-même enfermé dans sa propre bulle lorsque la mystérieuse voix avait résonné dans sa tête. Klarion avait comme posé un voile sur tout ce qui gravitait autour de lui, les yeux rivés vers la ruelle depuis laquelle la personne, ou la chose, qui l’avait abordé l’attendait. Le magicien ne parvenait pas à distinguer la figure de son interlocuteur, ce dernier était au beau milieu des ombres, entre des murs trop étriqués pour que Klarion ne parvienne à reconnaître quoi que ce soit. Il y avait cependant une chose qui était une certitude pour l’arcaniste : cet être n’était pas humain. Même au milieu de l’ombre de la ruelle, Klarion voyait bien qu’il était trop grand pour être un humain normal, ou un elfe. Cette chose aurait pu être un oni, ou un drakyn, mais il ne semblait pas posséder leurs cornes caractéristiques, ou alors elles avaient été brisées et Klarion ne pouvait pas les voir. Il paraissait hirsute, mais très mince également, était-ce un hybride ? Cela expliquait sans doute la raison pour laquelle il se dissimulait des regards, fuyait-il les quolibets et harcèlements que pouvaient provoquer de tels êtres ?

    Klarion ne possédait pas encore la faculté de répondre à ses messages télépathiques, il allait devoir être contraint de s’approcher en personne de l’inconnu pour échanger avec lui. Il n’était pas spécialement effrayé, mais la perspective de se retrouver seul avec un géant pareil là où personne ne pourrait les voir ne l’enchantait guère. Il ne demeurait pas moins un puissant mage psychique et possédait plusieurs cordes à son arc, le motivant à se diriger vers la ruelle après une grande inspiration. Il faisait froid dans la ruelle, et humide ; en entrant, Klarion eut l’impression de se retrouver dehors après une journée d’averse en pleine nuit d’hiver. Une faible odeur de poisson s’élevait au sol, un vieil encornet et une dorade éventrée moisissaient contre un mur dans du papier journal humide, diffusant autour d’eux leur fumet désagréable. Un escadron de mouches dodues et luisantes bourdonnaient autour, mais Klarion ne les entendait pas, elles non plus. Son attention était bien trop focalisée sur l’immense ombre qui lui faisait face. Il le tutoyait également, chose que personne ne se permettait de faire face à un mage, encore plus ceux de l’Université Magic. Soit cet être était volontairement impoli, improbable pour Klarion, soit il n’avait aucune connaissance des us de la bienséance et des protocoles sociaux lambdas.

    - Et toi, n’as-tu pas besoin d’aide ? lui lança Klarion, la gemme opaline de son bâton brillant au milieu de l’ombre de la ruelle. À te dissimuler ainsi, on pourrait penser que tu fuis quelqu’un.

    L’inconnu l’avait appelé « rêveur » ; là où n’importe quel autre surnom n’aurait jamais retenu Klarion, celui-ci avait dans le cas présent une importance capitale. En tant que sorcier spécialisé dans la magie psychique, le jeune homme possédait des connaissances spectaculaires sur l’esprit et sa mécanique si retorse. Il savait parfaitement que les rêves étaient primordiaux pour n’importe quelle psychée. De plus, cela faisait plus d’une semaine qu’il enquêtait sur cette recrudescence de cauchemars atroces, et toujours chez des enfants. Klarion avait toujours ses rêves, mais en quoi cet énergumène sorti de nulle part et se dissimulant dans le noir était-il au courant ? Était-ce lui qui était derrière ce mal si corrosif ? Non, le Psychomancien ne possédait pas assez d’informations pour en être certain. Et surtout, pourquoi le responsable de tout cela viendrait proposer son aide à la personne qui désire la mettre hors d’état de nuire ? Cela aurait été particulièrement pervers et sordide. Néanmoins, Klarion ne laissait pas cette éventualité partir aux oubliettes…

    - Comment peux-tu m’aider, toi qui te cache dans les ténèbres ? Peux-tu entrer dans les songes ? Pister la magie ?

    Klarion s’avança à nouveau à pas lents. Le Psychomancien tenait ses griffes mentales prêtes à fondre sur son interlocuteur au cas où ce dernier se montrait finalement violent. Et, dans ce cas, il ne retiendrait aucunement ses attaques mentales, quitte à déchirer l’esprit de son adversaire… Le jeune homme reprit, d’un ton clair mais néanmoins emprunt de détermination :

    - Je te donnerai mon nom si tu me donnes le tien, mais je n’accepterai aucune aide sans une explication convaincante de ta part.

    Un nom était quelque chose de suffisamment fort en magie ; Klarion en savait quelque chose, pour avoir déjà lancé des malédictions… Et il n’allait pas livrer son nom sur un plateau à un être dont il ne savait rien. Mais il n’allait pas non plus le laisser seul dans la ruelle sans lui laisser une chance de le convaincre. Après tout, des mains supplémentaires ne pouvaient être de refus dans une affaire pareille. Rêveur, pourquoi l’appelait-il de cette façon ? La question trottait dans la tête de Klarion, mais il ne savait pas si la poser l’avancerait à grand chose. Non, il devait rester pragmatique, concis et surtout se dépêcher. Le coupable derrière ces cauchemars n’allait pas s’arrêter, et seules les étoiles savaient où il allait frapper à nouveau, et sur quel enfant. Le temps jouait contre lui, et le magicien ne voulait pas qu’un inconnu un peu fou lui en fasse perdre. Klarion eut alors une idée ; il passa une main dans une poche intérieure, celle qui contenait son calepin et en sortit une petite boîte colorée, légèrement affaissée sur elle-même. Passant deux doigts à l’intérieur, il en sortit une longue allumette, la dernière de la boîte et, avant de l’allumer, s’adressa à nouveau à l’être devant lui :

    - Chaque enfant a besoin de sa petite veilleuse afin de s’endormir paisiblement. Allumons en une au beau milieu des ténèbres de cette ruelle. Tu as jusqu’à ce qu’elle s’éteigne pour me convaincre, et me prouver ta bonne foi. Bien peu de temps ; mais, après tout, exactement le temps d’un rêve.
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  • Sam 31 Déc - 3:50
    A la faible lueur de l'allumette, le monstre encore partiellement dissimulé se révéla. Etirant son cou pour s'aventurer dans la lueur, il dévoila son faciès d'étrange volatile et posa son regard sur le mage. Suite à cela, ses ailes parsemées d'éclats lumineux se déployèrent légèrement, permettant à son vis-à-vis de découvrir toute l'immensité de sa silhouette si inhumaine. Ses yeux parcoururent l'académicien, de sa tenue jusqu'à son expression en s'attardant un instant sur son attirail magique, plus particulièrement le bâton fort sophistiqué qu'il portait. Si Rêve était désireux de le découvrir plus en détail, voir même de le toucher pour que sa magie psychique révèle les secrets de l'esprit du mage, il se garda bien de se montrer aussi entreprenant. Avant toute chose, les présentations semblaient s'imposer.

    Lorsque les doutes et les questions assaillirent l'esprit du mage, les arabesques curieuses qui maculaient le faciès du géant ailé commencèrent à changer, dansant allègrement pour concevoir des formes nouvelles que seul le concerné pouvait percevoir. Peut-être y voyait t-il un arbre, un animal ou encore le visage d'un proche. Rêve n'en savait rien, mais s'amusait à l'imaginer. Il était déjà fort intéressant de constater que le Voyageur avait vu juste sur un premier point, à savoir que ce rêveur fort intriguant avait un courage particulier, puisqu'il était parvenu sans hésitation à surmonter une peur de l'inconnue tout à fait louable, si tenté qu'il l'ait ressenti. Face à la proposition d'aide offerte par le prince des songes, le mage rétorqua par une question similaire, chose qui suscita aussitôt l'intérêt de Rêve.

    Puis vint l'évidente méfiance. Si l'enquêteur se montrait peu craintif, chose qu'il avait déjà prouvé avec vaillance en ayant l'audace de pénétrer dans l'obscurité pour se joindre à la bête ailée; il n'en demeurait cependant pas moins incrédule quant aux véritables intentions de l'être onirique qui se dressait droit devant lui, maquillé par les ténèbres en une sinistre et colossale créature. Rêve ne blâmait pas l'intéressé car, malgré son total manque d'hostilité, l'être onirique n'avait pas décidé de se cacher sans raison. Lui plus que quiconque connaissait les rouages animant les peurs des Hommes, il était donc plus que naturel pour lui de concevoir que son enveloppe pourtant si fabuleuse pouvait paraître effroyable pour le commun des mortels. Il ouvrit le bec et, cette fois-ci, ce fut sans télépathie qu'il s'exprima en un murmure :

    "Je ne fuis pas, rêveur. J'observe simplement, je découvre et lorsque je vois quelque chose qui me déplaît, j'agis."

    Les deux voix sévèrement contrastées semblaient résonner malgré le faible volume auquel il prononçait ses mots. De son ton doux se dégageait une sérénité évidente mais la bizarrerie des sons qui émanaient de son corps si unique avait de quoi éveiller la peur. Malgré cela, il tâchait de ce montrer aussi doux que possible, tant dans les termes que dans la gestuelle. Il gardait d'ailleurs pour lui ses pattes griffues, croisant les doigts d'un air solennel et luttant secrètement contre son instinct d'exploration qui lui intimait de passer une main dans les cheveux de l'enquêteur afin d'en vérifier la texture. Lorsqu'arriva le moment de répondre à l'épineuse question du nom, la bête sembla hésiter, non pas par peur d'en donner un mais plutôt par pure indécision.

    "On m'a nommé Prince des Songes, Rêve, Cauchemar, Errant, Voyageur, ou encore Démon parfois... Le nom que je porte est celui que les rêveurs veulent me donner, car vous êtes à l'origine de ma création. A chacun sa vision, à chacun ses fantaisies. Nomme-moi comme tu le souhaites, ce droit te revient."

    Une réponse confuse certes, mais pas moins que l'était celui qui venait de la fournir. Malgré sa sagesse certaine et son âge indéfinissable, l'être onirique n'avait jamais su se choisir un nom qui lui fut propre. Puisqu'il chérissait équitablement chaque être dont il avait visité l'esprit lors de ses si nombreux voyages, il peinait à établir quel surnom valait la peine d'être conservé parmi ceux qu'on lui avait offert. Ce sujet partiellement écarté, il s'aventura sur un terrain plus déroutant, à savoir celui de ses origines.

    "Je suis né de ce que certains érudits nomment le Songe. Ma création remonte à des temps immémoriaux et je peine d'ailleurs à m'en souvenir moi-même. Jadis, j'arpentais les rêves des êtres tels que toi, les modelant à ma guise pour les perfectionner mais également pour vous découvrir, vous et vos émotions si diverses et fascinantes. J'étais le gardien du Songe, j'ai été conçu pour veilleur sur l'équilibre des Rêves depuis mon domaine mais, il y a peu, j'ai été chassé de ce monde qu'était le mien par un rêveur; une créature dont j'ai moi-même oublié l'identité et dont la nature véritable m'échappe également."

    Le discours avait de quoi surprendre et la suite risquait de ne pas être plus simple à avaler. En pointant délicatement son index allongé vers le mage, Rêve reprit avec cette éternelle douceur :

    "A chaque rêve que je sculptais, les rêveurs me le rendaient en me façonnant à leur tour. Là où je n'étais qu'une idée, vous avez peu à peu fait de moi un être capable de raison et puis, progressivement, un individu à part entière. J'ai grandi avec vous, grâce à vous même. Puisque je vous dois tout, je tiens à vous remercier en vous offrant mon aide dans la mesure de mes capacités."

    Alors que son explication se précisait, les nouvelles interrogations frappant son interlocuteur transformaient la bête, altérant sa silhouette en toute chose comme pour appuyer son propos. Ses plumes se faisaient peut être plus denses et brillantes ou, à l'inverse, acérées comme des lames. Aux yeux de son vis-à-vis, tout devait sembler fort désorientant, des explications impensables jusqu'à l'apparence infiniment changeante de cet être impossible.

    "Dans vos rêves comme dans vos cauchemars, je n'ai toujours souhaité que l'équilibre. Le fléau qui s'abat sur ces enfants déstabilise l'intégrité du Songe, il en érode probablement l'essence même. Je dois agir avant qu'il ne soit trop tard mais puisque je suis désormais enfermé dans ce monde, je ne dispose plus des pouvoirs nécessaires pour colmater ces brèches. Malgré ma faiblesse, je te prie de me laisser t'accompagner dans ta quête. Il m'est insupportable de voir l'harmonie de votre imaginaire ainsi détruite par cette maladie."

    Et il disait vrai. Si la compassion était pour lui une notion qu'il comprenait mais ne vivait pas tout à fait comme les Hommes, son instinct lui dictait toutefois de mener à bien certaines choses pour s'assurer que le chaos ne s'empare pas du Songe. La dissonance ignoble des cauchemars de ces pauvres petits devait tout bonnement cesser mais, sans un guide, le Rêve esseulé ne pouvait plus rien dans cet univers qu'il comprenait si peu.
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  • Lun 2 Jan - 18:52
    La flamme de l’allumette que tenait Klarion fut soufflée alors qu’elle rongeait le bois noirci du bâtonnet, à quelques millimètres de ses ongles. Il en sentit d’ailleurs la chaleur disparaître et l’allumette s’effondra sur elle-même pour chuter droit vers le sol. L’arcaniste psychique demeurait figé comme une statue depuis que l’être sans âge s’était révélé à lui. Sa figure pâle comme la lune et ronde comme un crâne était rivée vers lui et ses sombres plumes semblaient tant se confondre avec les ténèbres qu’on aurait dit qu’il avait fusionné avec ces dernières. Il avait l’air d’émerger du néant ; et Klarion avait l’impression que le temps s’était arrêté, que l’espace n’avait plus d’emprise. Il n’entendait rien d’autre que les paroles de cette immense chouette sibylline. Loin d’être amphigourique son discours demeurait néanmoins brumeux, mais quelle raison aurait-il de mentir dans pareilles circonstances ? Klarion était suffisamment éduqué et éclairé pour déduire que, compte tenu de son apparence, l’inconnu n’avait rien d’un hybride. Il ne possédait aucun trait humanoïde, et aucune autre espèce ne pouvait ressembler à cela, alors pourquoi ne serait-il pas un démon ? Ce qui subjuguait Klarion n’était pas tant sa race, car il savait que les démons étaient réels, que le fait que celui-ci lui apparaisse, affaibli, pour lui quémander aide et collaboration. Klarion allait entrer dans son jeu, la situation lui paraissant hors de son contrôle, ne sachant trop sur quel pied danser.

    - Un démon des songes, répondit-il en un souffle, ses yeux brillant comme des étoiles osant croiser le regard insondable de la chouette. Je ne sais comment t’appeler, toi qui n’a pas de nom. Je suis Klarion, maître des arcanes de l’esprit.

    Le démon avait fait mention d’un rêveur qui l’avait chassé du monde des songes. Personne n’est tout puissant, après tout. Ceci étant, Klarion était curieux de savoir comment un simple mortel avait pu prendre le pas sur un démon au sein même de son propre domaine. Soit l’oiseau nocturne mentait, soit celui qui l’avait banni était doté d’armes que tout le monde devait craindre. Un élément fit néanmoins tiquer le magicien qui ne se priva pas d’en faire part à sa nouvelle connaissance :

    - J’ignore depuis combien de temps tu as été chassé de ton monde, mais quelque chose me dérange. Si tu es le gardien du songe et de la fabrique des rêves et des cauchemars, alors ton absence aurait dû avoir des conséquences désastreuses sur les rêveurs.

    Le jeune homme adopta une mine concernée, il était perdu dans sa réflexion mais ne quittait pas l’Errant des yeux.

    - Pourtant, il ne me semble pas qu’un phénomène pouvant être corrélé à ton exil n’ait été répertorié au sein du monde. Ce qui signifie que soit tu as été remplacé, soit il y a autre chose là-dessous te concernant, et tu l’ignores toi-même.

    Klarion marqua une pause ; sa bouche se tordit et ses yeux trahirent une expression mélancolique.

    - Mais je suppose que, si ce que tu dis est vrai, le seul moyen d’apprendre ce que tu ignores, c’est de répondre à la question que tout rêveur se pose : d’où viennent les rêves, et où vont-ils ?

    Le Psychomancien se tut quelques secondes et réalisa que le prince déchu avait potentiellement une raison pour paraître devant lui, outre son dégoût manifeste pour le mal affectant ces enfants. Compte tenu de ce qu’il venait de lui dire l’oiseau de proie, le sorcier noir se demandait si, peut-être, il pensait que le semeur de cauchemars était la personne responsable de sa situation. Le démon était esseulé, impuissant, réduit à se cacher dans l’ombre des ruelles ; lui qui était le monarque des songes, il y avait des raisons d’émettre des hypothèses pleines d’émotions et d’espoir fugace. Quoi qu’il en était, Klarion ne pouvait en son âme et conscience refuser d’accepter la demande de l’Oiseau. Les mortels ayant pu rendre service à des démons se comptaient sur les doigts d’une main, et ceux à qui les démons eux-mêmes avaient réclamé assistance étaient plus rares encore. Ce démon-ci était un être onirique d’après ses dires et, en tant que mage psychique, Klarion était parfaitement conscient de l’importance et du pouvoir des songes sur l’esprit. Se lier à un démon, c’était une occasion et une expérience unique, qui ne reviendrait sans doute jamais. Le bel éphèbe était avide d’apprendre et de connaître, de savoir comment réaliser son propre rêve. Et, finalement, le désir et le rêve étaient étroitement liés…

    - J’ignore également comment tu comptes me suivre, confia Klarion en faisant tomber le reste de suie que l’allumette avait laissé sur ses doigts, mais si tu peux altérer ton apparence, fais le. Je dois me rendre chez une autre victime, un garçon, sans doute le plus traumatisé d’après ce qu’on m’a transmis.

    Soudain, un bourdonnement vint chatouiller les oreilles de l’homme aux cheveux de jais. Il perçut d’abord un éclat de voix, puis un rire, puis des dizaines de bavardages incessants. Il put de nouveau sentir la puanteur de l’allée sombre dans laquelle il se trouvait, l’odeur du poisson pourri qui jonchait les pavés. La douceur fraîche de la journée lui caressa ses joues blanches comme la neige. La parenthèse personnelle qu’il venait de vivre avec la Chouette se refermait ; le monde reprenait vie tout autour de lui. Klarion attendait que le démon ne réagisse, se demandant comment il allait bien pouvoir l’appeler. S’il venait bien du monde où les rêves et les cauchemars naissaient, comment ces derniers l’appelaient ?
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  • Mar 3 Jan - 4:00
    Lorsque le mage répliqua qu'il ne voyait pas de nom particulier à donner à son curieux interlocuteur, ce dernier fut étrangement satisfait malgré l'absence de réponse concrète. En vérité, lui qui était issu d'un monde éternellement changeant dans lequel rien n'avait de réel commencement et encore moins de conclusion, où chaque règle était définie et redéfinie pour parfois être bafouée, ne voyait pas vraiment d'intérêt à ses appellations si restrictives que l'on donnait aux choses ainsi qu'aux autres. Le Songe se muait toujours au gré des impulsions oniriques, se métamorphosant au fil des créations imaginaires. A quoi bon nommer et donc enfermer, d'une certaine façon, ce dont la nature évoluait perpétuellement ? C'était pour cela qu'il qualifiait les êtres conscients de rêveur, car c'était bien la seule chose qui les rassemblait tous à ses yeux. A l'inverse, l'académicien semblait persuadé d'avoir affaire à un Démon. Peut être bien, après tout, c'était loin d'être la première fois que Rêve se voyait nommé de la sorte.

    "Soit, c'est ton droit le plus fondamental."

    Puis vint la question des perturbations occasionnées par le départ du gardien. Malgré son absolue foi en sa vocation, Rêve se savait bien loin de l'omniscience, ses interventions ayant toujours été réalisées en personne, selon ses termes et son instinct. Puisqu'il n'avait pas la tête partout alors que les rêveurs sommeillaient par milliers en permanence, il était tout à fait concevable que son œuvre  passe inaperçue car, dans le monde infini du Songe, ses apparitions n'étaient finalement qu'anecdotiques malgré leur nombre incalculable. Le Voyageur, fasciné par les connaissances de son vis-à-vis, opinait silencieusement du chef à chaque affirmation de l'intriguant arcaniste, ne lui offrant des éléments de réponse qu'à la conclusion de son discours.

    "Il est tout à fait possible que mon œuvre ait été partagée par d'autres êtres. En accord avec cette même théorie, je suppose que l'un d'entre eux a pu choisir de se montrer plus malicieux que moi, probablement pour se nourrir de l'essence chaotique que génèrent les cauchemars. Je m'alimentais moi-même ainsi, d'une certaine manière, mais j'ai toujours pris soin de sculpter cauchemars et rêves et de ne jamais favoriser l'un pour l'autre. Peut être que mon hypothétique confrère ne partage pas ce goût de l'équilibre en chaque chose."

    Puis, après une pause marquée, il enchaîna sur le second point :

    "Mon interprétation du Songe n'était peut être pas celle de mes semblables, ma perception étant limitée à ce que mes facultés me permettaient de percevoir. Chaque rêve était pour moi un univers, fugace et instable, dans lequel je pouvais me rendre à loisir afin d'en altérer la structure. Lorsqu'un rêve s'achève, l'énergie résiduelle qu'il a constitué dans sa fantaisie s'éparpille dans le Songe et le rêveur, quant à lui, conserve une partie de cette énergie sous la forme de souvenirs. Lorsqu'il s'endort à nouveau, il se reconnecte parfois à cette même source, rapiéçant alors le rêve précédent pour le revivre une nouvelle fois. Parfois, d'autres fragments s'y glissent, modifiant ainsi certains détails de l'histoire."

    Sachant l'explication nébuleuse, il se permit une dernière note :

    "Un rêve ne s'éteint jamais vraiment, même après la mort de celui qui est à son origine. Certains êtres parviennent même à s'approprier ceux des autres."

    Après avoir partagé son savoir millénaire, la bête ailée laissa au mage le soin de s'approprier les informations. Lorsqu'il évoqua à nouveau le problème de son apparence trop atypique, Rêve s'observa un instant avant d'acquiescer sans mot dire, usant de ses étonnants pouvoirs de métamorphose afin d'écarter cet inconvenant contretemps. Il avait usé beaucoup de sa magie en espionnant l'arcaniste jusqu'à présent, toutefois une ultime transformation semblait dans ses cordes. Ce fut donc en un battement de cils qu'il se changea cette fois-ci en une chouette noire aux yeux d'ambre, un peu trop grande par ailleurs, mais ils se contenteraient de cette supercherie.

    Sans se faire prier, il contourna furtivement le mage et bondit d'un coup sur l'épaule de ce dernier, puis se lova derrière son cou et s'y installa confortablement. Klarion put constater sans mal que malgré la taille imposante de la créature, elle pesait à peine plus lourd qu'un oiseau aux dimensions plus classiques. Rêve était tout à fait capable de se changer en humain, mais se sentait plus à l'aise sous une forme telle que celle-ci. La transformation accomplie, il orienta son regard vers la sortie de la ruelle tout en transmettant télépathiquement un message à l'académicien.

    "Allons-y, alors. Il me tarde de rendre à ces enfants les rêves qu'ils méritent."
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  • Dim 8 Jan - 21:47
    L’oniromancien à plumes avait certes changé son apparence pour pouvoir évoluer avec aisance en compagnie de Klarion, la situation était quelque peu étrange pour ce dernier. Le démon avait beau posséder l’aspect et le poids d’une petite chouette nyctale, le magicien psychique avait l’impression de transporter quelque chose de bien plus lourd sur son épaule. Le poids était symbolique ; avec tout ce que lui avait raconté le Prince, sur son passé, sur son domaine, sur son exil, Klarion avait l’impression de ne pas juste transporter une entité ancestrale, mais tout un temps, tout un âge, tout un monde. Il était devenu le perchoir d’un être millénaire, le nouvel axe de gravité d’un corps céleste jusque-là inconnu. Que pensait-il malgré sa nouvelle petite tête ronde ? Allait-il se rappeler de lui le lendemain venu quand il se serait envolé ? Pour toutes ces espèces capables de vivre plusieurs centaines d’années, les humains devaient avoir l’air de simples insectes. Ils étaient les grains de poussière qui tombaient dans le verre d’un sablier. Mais, paradoxalement, ils seraient là, toujours là, alors que les démons, les anges, les ombras, les luminas, les vampires… Ceux là s’amenuisaient ou se faisaient plus rares. Où étaient-ils partis ? Eux aussi, un jour, ne seraient plus que des songes, pensait Klarion.

    - Hhh…. hhh… ! haletait l’enfant, à genoux sur le sol, des monceaux de feuilles éparpillées ça et là tout autour de lui.

    La mère du petit Altheïm était prostrée dans les bras de son époux, en pleurs, rivant sur son fils des yeux rouges et fatigués. Si inquiète qu’elle avait rongé ses ongles jusqu’au sang, la pauvre femme essayait tant bien que mal de masquer ses hoquets pour ne pas déranger le mage alors qu’il observait les agissements du garçon. Le père quant à lui, un homme bourru au teint bistré, semblait être aussi éreinté que sa femme et n’était plus physiquement capable de verser la moindre larme. Lorsque Klarion, et la chouette, étaient arrivés dans leur maison, les parents d’Altheïm leur avaient confié que leurs fils n’avaient plus prononcé le moindre mot depuis une brochette de jours et s’étaient confondus en excuses, honteux face au sorcier qui foulait leur sol. Ce dernier restait silencieux, se contentant de regarder l’enfant comme s’il fixait un animal en cage dans une ménagerie. Agrippant à pleine paume un bâtonnet de pastel gras, Altheïm traçait frénétiquement sur les feuilles formant un immense tapis recouvrant le plancher tout autour de lui. Il dessinait sur une feuille, pour s’arrêter en plein milieu et continuer le croquis sur une autre avec des mouvements mécaniques et saccadés. Parmi les dessins qu’il avait achevé, Klarion remarqua une forme humanoïde entièrement noire avec un étrange halo ténébreux, sur une autre un visage avec des boutons à la place des yeux, sur la suivante un sourire monstrueux cousu de fils. Les imageries cauchemardesques s’enchaînaient les unes après les autres, entre un couloir au sol et plafond faits de chair, à la figure d’enfant seul avec, derrière lui, la forme ténébreuse lui soufflant dans le cou et l’enserrant de ses bras. Altheïm n’avait nullement besoin de parler pour que Klarion le comprenne, ses dessins parlaient d’eux-même. Le gamin continuant sa routine comme un automate, le sorcier estima qu’il ne pouvait en tirer davantage. Il s’éloigna de sa chambre, la Chouette toujours sur son épaule, et s’adressa aux parents lorsqu’ils retournèrent dans leur salon :

    - Puis-je avoir une carte des faubourgs, une plume et de l’encre, s’il vous plaît ? Demanda-t-il au couple.

    Les parents lui fournirent le plan qu’il leur avait demandé mais, ne possédant pas d’encrier ni de bâton à encrer, firent pleuvoir sur Klarion une averse d’excuses alors qu’ils lui tendirent un crayon de fusain. Étendant la carte sur la plus grande table de la pièce, le Psychomancien marqua d’une croix les emplacements des maisons des enfants victimes. Il entreprit ensuite de relier les demeures entre elles en traçant des traits et, lorsqu’il eut accompli ce travail de jointure, remarqua alors que les lignes formaient un genre de sablier. Au beau milieu de ce sablier, à l’endroit où se croisaient toutes les lignes, se trouvait l’emplacement de l’école élémentaire et primaire du secteur. Klarion se souvint alors de la mention d’un camarade d’école également victime lorsqu’il avait visité la maison de Léana, avant de rencontrer son équipier du jour. L’école que fréquentaient ces enfants était-elle l’épicentre de toute cette affaire ? Klarion marqua une pause pour réfléchir ; concernant Altheïm, il ne pourrait rien pour lui tant que l'enfant serait privé de beaux rêves. Non, il allait devoir en apprendre un peu plus sur ce qu’il se passait dans ou autour de l’école. Et pour cela, il allait devoir se rendre auprès d’une personne bien particulière…

    Klarion laissa les parents désœuvrés et quitta leur domicile, l’oiseau toujours bien tranquille sur son épaule. Au dehors, la vie continuait son cours. La maison de la famille d’Altheïm donnait sur une rue remplie de commerces de proximité. Juste en bas, il y avait une blanchisserie aux vitres embuées de vapeur et une agréable odeur de lessive fraîche s’échappait d’une lucarne entrouverte. Au lieu de remonter les pavés pour se diriger vers l’école qui se trouvait à quelques rues plus loin, Klarion décida de s’engouffrer directement dans les ruelles, passant entre de petites arcades soutenant plusieurs bâtiments. Tout était plus sombre ici, si bien que l’on avait presque l’impression qu’il faisait déjà nuit. Par endroit, des lanternes avaient été allumées. Ces dernières étaient maintenues perpétuellement actives par magie grâce à toute une légion de concierges locaux qui avaient appris plusieurs techniques rudimentaires en pyro et photokinésie. Dans certains recoins de ces ruelles, plusieurs d’entre eux avaient allié leur savoir faire pour recréer des jeux de lumière et de températures si agréable qu’il faisait meilleur vivre ici que sur les grandes avenues. Le magicien et le faux familier ancestral continuèrent leur progression pendant une dizaine de minutes jusqu’à s’arrêter au beau milieu de nulle part, face à un mur de briques grisâtres. Klarion avança le sommet de son bâton vers le mur. Le catalyseur passa au travers alors qu’il était censé entrer en contact avec lui et on put entendre un petit son de bois que l’on tapote. De l’autre côté de l’illusion, une voix se fit entendre :

    - Mot de passe ?

    - Croquembouche.

    Derrière le mirage, un bruit de cliquetis se fit entendre et, très vite, un lourd grincement de porte en train de s’ouvrir. Une main gantée de cuir émergea du mur factice et fit signe d’entrer. Klarion ne se fit pas prier et traversa l’illusion et disparut de l’autre côté. Ils furent accueillis par un videur grand comme une armoire à glace à la peau d’ébène ainsi qu’une agréable odeur de nourriture qui provenait d’en bas d’une série d’escaliers. Klarion entreprit de descendre l’escalier et, au fur et à mesure qu’il descendait les marches, entendait une musique entraînante et plusieurs éclats de voix qui venaient de derrière un rideau de velours rouge. L’arcaniste glissa doucement à l’attention de la Chouette dont il sentait parfois les subtils mouvements :

    - Derrière ce rideau se trouve l’endroit où tous les rêves brisés échouent.

    Et Klarion souleva la tenture…

    « Dans ce vieux bar tout délabré,
    Mon bel amant m’a oublié… !
    ♪ »

    Une voix masculine et des plus suaves chantait au milieu d’une scène. Elle appartenait à une personne au visage chiquement fardé de rouge et aux yeux de biche, une perruque poudrée d’un éclatant blond platine trônant sur sa cette. Les sequins pourpre de sa robe de satin incarnat scintillaient à chacun de ses moindres mouvements, lui conférant une aura et une prestance digne de la plus belle des faes. La salle était presque comble ; la plupart des convives, tous masculins, certains également maquillés, étaient assis autour de tables sur des fauteuils à coussins ou de grandes ottomanes. Tout le monde avait les yeux rivés vers la scène, écoutant la suite de la chanson. Klarion reprit, à l’intention du Prince exilé, pointant la scène du menton et l’artiste qui l’occupait :

    - Voici la personne que l’on vient voir : Anna, à ses heures perdues ici mais surtout… professeur à l’école élémentaire et primaire des faubourgs.

    « Et c’est depuis ce jour maudit,
    Qu’on m’appelle Bonne à rien,
    Mademoiselle Bonne à rien !
    ♫ »
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  • Lun 9 Jan - 13:48
    Tandis que le psychomancien s'affairait à passer les voiles illusoires qui les séparait de leur objectif, Rêve ressassait silencieusement l'horreur qu'il avait perçu dans les yeux de cet enfant miséreux qui n'avait plus connu la douceur d'un sommeil salvateur depuis bien trop longtemps. Il avait longuement observé, sous ses traits de chouette, les dessins marqués de traits hachés qui représentaient, encore et toujours, cet être cauchemardesque dont le Voyageur commençait lentement à se faire une image mentale, enfermée bien à l'abri dans son propre imaginaire. De ce portrait sordide naissaient d'innombrables théories, de simples idées qui prendraient peut être forme à l'approche de leur nouvelle destination. Que pouvait-donc bien représenter ce sablier ? Son tracé était-il sans importance ou constituait-il un symbole, une marque moqueuse laissée derrière une entité malveillante par nature ?

    La multitude de parfums qu'il sentit en pénétrant dans l'enceinte dissimulée sous le rideau de magie le tira aussitôt à ses propres rêveries. La tête de chouette pivotait dans toutes les directions, tâchant de s'attarder sur un détail plus important qu'un autre, mais les innombrables couleurs et senteurs qu'abritait cet endroit exotique avaient de quoi faire tourner la tête. Dans son cas, c'était au sens littéral, car son anatomie d'emprunt lui permettait d'effectuer de grandes rotations afin d'explorer cette étrange nouveauté qui s'offrait à lui en un spectacle étonnant. Les rêves brisés, avait dit le psychomancien, et ces paroles cryptiques résonnèrent un moment dans l'esprit de la bête chimérique.

    De prime abord, seule la joie transparaissait dans les sourires de ses hommes si richement apprêtés. Mais l'empathie surnaturelle dont était dotée la créature lui permettait de discerner bien des tourments au delà des risettes factices qu'arboraient les rêveurs. Tout à fait derrière les paillettes, les perruques arc-en-ciel et les autres artifices magiques dont s'étaient recouverts les invités, le prince des songes percevait ça et là de profondes souffrances, tout juste visibles pour celui dont l'œil voyait jusqu'aux confins de l'âme. Ces regards insistants qu'il jetait à l'assistance lui étaient parfois rendus et, en de rares occasions, ceux qui croisaient son regard d'ébène voyaient leur rictus s'éteindre car ils découvraient dans les traits infiniment changeants de l'animal mythique des choses qu'eux seuls pouvaient voir. Un amant, un parent perdu, l'image fantasmée de la mort elle-même ? Le Prince des Songes lui-même ne pouvait le confirmer, étant étranger aux métamorphoses dont son propre corps né de l'imaginaire se rendait responsable.

    Klarion lui murmura quelque chose et son attention fut aussitôt rivée sur l'individu au centre de tout, un véritable vortex d'espoir qui chantait avec une dualité palpable, évoquant allégresse et profonde tristesse en revêtissent, l'espace d'une soirée, un visage qui n'était pas tout à fait le sien. Pour lui qui voyait en la métamorphose une seconde nature, il entrevoyait à peine ce que pouvait représenter tel accoutrement pour celui qui le portait. Le spectacle atteignait son final et lorsqu'une pluie d'applaudissement et de fleurs céda place à la musique, le chanteur offrit à ses spectateurs de timides baisers ainsi que des salutations sincères. Il fut cependant décontenancé lorsque, par delà les cris et les sifflements enjoués, une voix mystique lui parvint, se frayant directement un chemin jusqu'à son esprit pour l'atteindre.

    "Formidable performance, Anna. Pouvons-nous te prendre un peu de ton temps ?"

    L'intéressé dont le sourire s'était affaibli jeta des regards à toute l'assistance, mais lorsque ses yeux croisèrent ceux de la chouette, il comprit sans mal de quel être était provenu ce curieux message. L'échange qui suivit se fit aussi instinctivement qu'en silence, le mystère que représentait cette créature prenant le professeur aux tripes. S'il ne pouvait dire pourquoi, il sentait que cet animal qui n'en était pas un avait des choses de la plus haute importance à lui communiquer. En jetant un œil à Klarion, il effectua un bref geste du menton pour intimider le mystérieux duo de le suivre. Satisfait, Rêve se dressa sur ses pattes et battit une fois des ailes, avant de pointer son bec en direction des coulisses, intimant à son porteur qu'accepter cette invitation était de mise.

    Klarion s'exécuta sans cérémonie, contournant les tables avec élégance pour atteindre les quelques marches qui le séparaient de la scène. Leur duo n'avait pas manqué d'attirer l'attention, mais les voir ainsi éclairés par les projecteurs magiques ne fit que renforcer le mythe qui les entouraient. Dans la salle, des murmures s'élevèrent partout, mais le bellâtre au teint de porcelaine et son mystérieux familier avaient déjà disparus derrière le rideau rouge, se frayant un chemin jusqu'aux coulisses où les avait guidés le professeur. Rêve avait déjà pris le risque de révéler en partie sa nature à cet étranger, mais il estimait que l'urgence de la situation nécessitait de faire preuve de davantage de diligence que de raison. Né du pouvoir des émotions, Rêve en était après tout partiellement constitué, il était donc logique qu'il ait tendance à obéir à ses pulsions. Mentalement, il vint glisser un message à son porteur :

    "Mes pouvoirs s'amenuisent, cher rêveur. Je serai bientôt poussé à reprendre ma forme d'origine..."

    S'il parvenait encore à garder la face, le volatile commençait déjà à ressentir les effets de l'épuisement.
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