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  • Mer 22 Mar - 5:19


    La première observation que Qaguia avait fait du monde en dehors de son île natale, le "Sekai", c'était qu'il semblait être sous la domination d'une entité surpuissante nommée le "Soleil", entité si omniprésente que les humains du coin avaient été confus de devoir répondre à sa question, lui répondant comme si la présence du Soleil était un phénomène parfaitement compréhensible. Que l'invasion du Soleil ait été militaire ou qu'il se soit infiltré dans le ciel sans que personne ne le remarque -étrange, d'après sa lueur-, les humains semblaient vivre avec sans problème. D'après ce qu'elle comprenait, l'astre fournissait lumière et chaleur en moult quantité. Puis il changeait de place avec ou fuyait la Lune, astre que Qaguia préférait quand même nettement au tyran éblouissant.

    Après tout, sa première constatation avait été que ses besoins de lumière étaient plutôt... minimes par rapport aux locaux du Reike. Pas vraiment confortable avec la lueur pure du soleil, Qaguia se trouvait aussi dans une zone qu'il frappait particulièrement fort de son éclat, la forçant à se cacher à l'ombre le jour. La nuit était alors plus salvatrice, la jeune Ombra progressant facilement de par sa nature, mais était aussi plus courte que la journée, l'empêchant de marcher aussi longtemps qu'elle voudrait. Et elle pensait qu'il lui faudrait un long moment pour pouvoir trouver ailleurs que ces vastes étendues de sable et se diriger vers un endroit où le Soleil se faisait moins présent. La mage de glace Darmia lui avait parlée de deux endroits : l'un était au nord, des montagnes -comme de sortes de très grands rochers couverts de sable blanc- à la température froide, idéale pour s'entraîner, avec le seul bémol que le nord était peuplé de "gros cons d'elfes".

    Ce qu'était un gros con d'elfe, l'Ombra ne savait pas mais elle avait déduit que l'espèce ne devait pas être accueillante. Restait alors l'est, où se trouvait une jungle, endroit beaucoup plus humide que le désert, remplis d'arbres -comme de sortes de très grandes herbes couvertes de fruits- humide. Loin d'être sans danger, la jungle était remplie d'eau et de nourriture en grande quantité mais semblait proportionnellement manquer de gros cons d'elfes. Et plus à l'est encore se trouvait la République, qui n'était pas couverte de sable et qui était plus accueillante que le Reike. Moins dans ce que sa chère amie Melipa, une "tourmente sanglante". La magicienne de glace lui avait aussi recommandé de simplement aller vers l'ouest et visiter Shoumeï, sans que Qaguia ne l'écoute. Après tout, elle voulait voir du monde. Pourquoi revenir sur ses pas ?

    Aaaaaah mais pourquoi j'a dit ça moi ! Je suis bête bête bête bête bête en fait ! Le visage bleu dépassant à peine des tonnes de vêtements protecteurs qu'elle s'était enfilée sur elle-même, Qaguia marchait difficilement à l'ombre, dans un trou long dans le sol. Un "trou long" étant un trou dans le sol qui est fin, au lieu d'être rond et gros. Un trou normal serait un trou mais... bah, il serait pas un trou long, vous comprenez ? S'il n'était pas malin de se glisser comme ça dans ces fentes, semblant avoir été taillées sur le sol par des coups d'épées déments, encore moins malin était de ne pas profiter du répit que l'endroit offrait. Il y faisait juste un peu plus frais. Et il y avait juste un peu plus d'ombres.

    Pas qu'elle n'allait bien, quand même.

    Mais qui voudrait vivre-ici ?! Ce n'est que du sable et de la chaleur ! Je... argh ! Blargh ! Un peu du sable lui vola à la bouche, emporté par du vent, et Qaguia agita ses deux mains bleutées devant elle, fermant des yeux et agitant les bras devant elle le temps que le tout s'estompe. Elle sentait chaque petite particule de sable s'écraser sur son visage, attendant qu'elle ouvre les yeux pour se fourrer dans ses orbites blanches ou se glissant dans les touutt petits creux de ses vêtements pour lui irriter la peau en dessous. Comment est-ce qu'une matière aussi inutile que le sable peut exister ici-bas ?!

    Ce n'était pas comme si elle pouvait en manger, elle avait essayée. Peuh ! Reurgh ! Va t'en, sable ! De suite ! N-non ! Mon fluide de langue ! Ne va pas avec ! Posant la main devant sa bouche, l'autre main de Qaguia se posa sur une gourde accrochée à une ceinture autour de sa taille, voulant extraire l'objet pour en boire le contenu à l'intérieur... mais s'arrêtant avant de totalement libérer la gourde du joug de sa sangle, Qaguia baissant des yeux pour sonder ses alentours. Voilà belle lurette qu'elle avait remplie la gourde... fallait t-il boire et risquer de la vider complètement quand rien ne lui garantissait un oasis ? Espèce magique qu'elle était, l'Ombra nécessitait eau et nourriture autant qu'un être vivant nés de moyens plus directs. Et elle mourrait sans aucun doute si elle était privée d'une ressource de trop.

    Si le sable avait fait son oeuvre pour assécher son palais un peu plus, son ventre la tourmentait juste un peu plus, son estomac la tourmentant d'un gargouillement à en attirer un prédateur. Ce à quoi elle ne put offrir qu'un maigre tapotement avec la main droite, vu qu'elle avait déjà consommée ses rations avant l'entrée dans le long trou. En sa défense, elles avaient été trop délicieuses pour qu'elle se retienne de les manger en même temps. Ne serait t-il pas plus sage de moins bien faire l'animal mort pour que les gens prennent des pauses plus longues entre chaque repas ? Peut-être que ses ronds d'or auraient dû être investis dans ce que le marchand mortel avait appelé un "bâtonnet d'iguane".

    Progressant rapidement dans le trou long, sa silhouette svelte peu gênée par les quelques positions étroites du rocher, Qaguia finit par en atteindre la fin, les rochers remontant vers le haut, de retour vers le sable. Pas question de rester et attendre la nuit : le soleil flottait haut, dans son cauchemar d'azur infini qu'était le ciel, et chaque minute passée à ne pas progresser vers quelque chose où elle pouvait se ressourcer était une minute perdue. Elle ne deviendrait pas un bête squelette, destiné à être trouvé par un autre voyageur comme forme de sévère avertissement pour les mal-préparés. Non ! Il lui fallait trouver un autre trou long à emprunter et...

    Et...

    Oh... un poney. Dit t-elle, un sourire presque béat au visage, la main posée au dessus des yeux en tranchant pour protéger ses fragiles orbites du Soleil.

    Il y avait un poney, près de l'un trou long particulier. Animal marchant sur quatre pattes, à la mâchoire longue et aux muscles très développés, le "poney" était un être vivant tout nu utilisé par d'autres comme moyen de locomotion sur de longues ou de courte distances, quand sa chair n'était simplement pas consommée. Cela ne semblait pas terriblement sympathique pour le poney mais aucun que Qaguia n'avait vu jusqu'ici n'avait parlé pour exprimer le moindre mécontentement. Une certaine forme de satisfaction avec leur sort ? Peut-être. La philosophie se fait le ventre plein, souvent, et elle saurait faire bon usage de l'animal.

    Elle ne savait pas ce qu'il faisait là ou pourquoi il était occupé avec ce trou long mais elle allait... le manger.

    Comment ? Elle ne savait pas trop. Elle n'avait que de la glace et la glace était censée faire effet opposé du feu, donc elle ne ferait pas de cuisson avec. L'ombra avait ouï dire que la viande mangée crue avait des effets négatifs mais peut-être pourrait t-elle laisser le Soleil faire ? Que ce gros désagréable y mette du sien. Bon, alors, il ne faut pas trop s'avancer quand même. Comment est-ce qu'elle pourrait gagner la confiance de l'animal ? Le tuer vite fait bien fait, c'était possible ? Elle n'avait encore jamais fait ça. pffffffffiou elle se glissa les doigts dans la bouche (chaque doigt possible) et expira, imitant mal les sifflements de cavaliers.

    S'extrayant de son trou, Qaguia s'avança lentement, le pas indécis, pas sûre de comment faire mais aussi pas sûre de pouvoir ignorer de la viande aussi facilement disponible. Petit petit petit petit ronronna t-elle, se rendant compte de la bêtise de sa phrase au milieu de route. Le poney était plus grand qu'elle ! Grand grand grand grand grand...
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  • Mer 22 Mar - 21:42
    (PV Flashback An -997 ft TADLOS) Un paladin, ça OSe tout. Tadlos-Laudine
    Spectacle étrange dans cette nature indomptée, que la belle bête qui posa son regard doux sur l'ombra affamée. Sa robe pâle était agrémentée de délicates tâches dispersée sur son corps, habillant davantage son long faciès. Ses oreilles sombres, dans leur écrin de crinière blanche, se tournèrent vers celle qui l'appelait, mais l'animal ne fit pas mine de venir tel un chiot en manque de caresses. C'est qu'il fallait l'évoquer : l'animal était harnaché. Tout le toutiquanti : selle, bagages, filet, tout le nécessaire pour qu'un cavalier fasse de son dos un digne siège pour des lieux et des lieux. Et pourtant, de cavalier, point de signe.

    Mais revenons-en à cette monture, plantée là dans l'attente de qui en ferait sa monture - ou son repas -, penseraient certains. L'équidé observa un temps la femme approcher, puis la large fissure devant elle, l'air pas plus nerveuse que cela. Y avait-il là quelque intelligence dans l'animal ? Telle une vision d'oasis dans le désert, la créature si bien tombée eut un comportement étrange, faisant des vas-et-viens devant le creux... Et soudain, il y eut comme une réponse, un 'clong clong' qui n'avait rien de naturel... A moins que le bazar de l'animal n'ait décroché une roche ? Un coup d’œil vers l'inconnue, et la monture se mit à reculer, mettant quelques pas entre elle et celle qui l'approchait avec le regard d'un crocodile devant une bonne pièce de barbaque... Avant de hennir encore, comme insistant, ne faisant pas mine de quitter les lieux. Et avec son tintamarre, elle gratta encore, plus vigoureusement, le sol.

    'Clong clong... Clongclongclongclong !'

    Non, le rythme de percussions n'avait décidément rien de naturel, dans ce trou perdu habité par les lézards et les prédateurs silencieux. Quand, enfin, l'Ombra se risqua, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, à contempler le petit abîme près duquel rôdait l'équidé, alors... Une voix retentit avec un enthousiasme exubérant dans sa tête, tantôt celle d'une matrone larmoyante, puis celle d'un enfant impatient, avant de se stabiliser en un timbre clair et mâle, débordant de joie.

    "ENFIN ! Loués soient les astres et les rivières, le blé et l'orge ! Que de joie à votre vue noble voyageur ! Que dis-je, réjouissances et louanges, votre venue est un signe divin ! Ma mission n'est point perdue ! Je vous en conjure, prêtez-moi assistance !"

    Là, plusieurs mètres en contrebas, se devinait à la faveur de la lumière se frayant un chemin jusque-là, une silhouette toute armurée agitant à grands gestes les bras. Selon toute vraisemblance, l'individu était tombé dans la crevasse et, ayant survécu à la chute, se retrouvait dans une petite cuvette au fond de la gueule de roche. La tête cachée dans son heaume se tendait avec espoir vers la silhouette si haute.

    "Nul boyau ici-bas ne m'offre un passage jusqu'à la surface. Auriez-vous quelque cordage à me lancer ? Des plantes tressées ? Je vous en prie, je serai votre débiteur, il me faut remonter au plus vite !"
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  • Ven 24 Mar - 18:51
    Le poney en question n'était pas si nu, il avait de l'équipement sur lui. Est-ce qu'elle s'en rendait compte ? Parfaitement. Est-ce qu'elle pensait aux conséquences de manger le poney de quelqu'un d'autre, geste qu'elle devinait plutôt déplacé ? Oui. Mais elle préférait encore avoir le ventre rempli et un propriétaire énervé aux trousses plutôt qu'autre chose, surtout s'il avait perdu son moyen de locomotion le plus rapide. Et hé : au pire, pas besoin de manger le poney. Il ne lui suffirait que de prendre l'eau et la nourriture sur le noble animal. Et elle pourrait repartir avec de quoi tenir au moins jusqu'au prochain havre désertique où se ressourcer.

    Mais pouvait t-elle se contenter de repas si maigre alors qu'un tel bout de viande était à portée ? Guidée par sa faim, Qaguia se décida à tacler un problème à la fois. En premier : approcher le poney et voir s'il avait de quoi résoudre sa faim sur le moment, qu'elle puisse plus immédiatement penser clairement, sans que sa faim ne dicte sa façon de conduire.

    C'était du vol mais... Qaguia était censé s'en soucier ? Seule, dans le désert, avec comme seul témoin un poney incapable de parler à des autorités à plusieurs pas de géants, est-ce que la moralité typique des mortels pouvait s'appliquer ? L'Ombra avait compris que la société humaine établissait qu'il était "interdit" de s'emparer d'un objet possédé par un autre et, d'un point de vue plus humanitaire, elle risquait de laisser son propriétaire dans la mouise sans ses réserves, mais le royaume du sable était différent de celui des hommes. Et Qaguia savait que les gens obéissent à ces règles que par peur d'être punis. Devrait t-elle obéir et faire plaisir à des gens en uniforme très loin d'ici ? Pourquoi est-ce qu'il lui était si difficile de simplement faire ce qu'elle voulait, là, et prendre les affaires du poney, voire le poney ?

    Ce n'était pas comme si le cavalier était dans le coin... Sans doute mort. Ou parti (et mort bêtement). Elle accueillait son absence quelque part donc elle n'y pensa plus trop. Le désert était le désert. Il allait devenir un squelette parmi tant d'autres, un présage sinistre de ce qui attend les aventuriers du désert.

    Pst pst pst pst pst Elle siffla, ayant vu une femme utiliser pareille tactique pour amadouer un petit animal à fourrure et quatre pattes. Marcherait-ce, aussi ? Non. L'animal s'éloignait, d'ailleurs, semblant très déterminée à ne pas quitter les lieux. Et vu que le poney ne voulait pas s'approcher, Qaguia devait s'approcher elle. Et vu qu'elle était en train de s'approcher elle, la faim ne pouvait plus l'empêcher d'entendre un bruit singulier,. "Clong" ? C'était le language de l'animal, peut-être ? Peut-être parlait t-il par télépathie et c'était pour ça qu'elle n'avait jamais pu entendre de communication ou discussion entre un poney et son maître ?

    Clongclongclong, en effet. Il fallait percer le mystère de cette langue. "Clong clong", ça voulait dire quoi ? En plissant des yeux, geste inutile parce que c'était ses oreilles qui étaient mises à l'épreuve, elle se rendit compte que le bruit provenait du long trou à sa gauche. Mazette ! Le cavalier du poney y serait tombé ? C'était pour ça que son fidèle compagnon attendait tout près de ce dernier. Surprise, l'Ombra pencha timidement la tête au dessus du trou long, s'attendant à une embuscade de la part d'un cavalier particulièrement désespéré ou sournois. Et si elle pencha la tête immédiatement en arrière, s'agrippant le crâne des deux mains avec confusion, ce fut parce qu'une toute autre surprise l'avait attendue avant de se dévoiler.

    De la télépathie mais pour de vrai, parler sans parler, avec une intensité à l'en surprendre au début. Le ton alternant vite, l'homme à la peau de métal d'en bas lui communiqua le message avec une efficacité désespérée, en appelant pratiquement aux étoiles qu'aux plantes puis aux dieux. De quoi ? Si elle fut confuse au début, Qaguia le devint un peu moins en s'apercevant de sa pleine situation. Coincé au milieu d'un trou long au milieu du désert, un poney comme seul témoin, qui pourrait donc l'aider ? L'Ombra n'hésita qu'une petite seconde de rien du tout avant de se dire que, oui, il fallait l'aider. Elle en ignora sa faim et son appréhension, poussée par un désir naturel d'aider.

    Peut-être que la moralité typique des mortels s'appliquait bien à elle, en fin de compte.

    Erm oui, attendez ! Je vais vous aider ! Et je ne voulais pas manger votre poney ! Fit t-elle, se disant qu'il serait sûrement content et rassuré de savoir ça. Un mensonge en soit ? Un peuuuu... Mais elle allait le sauver, donc c'était pas grave. Et pour le sauver, Qaguia se contenta de simplement pousser un peu de sable sur le rebord, après s'être penchée pour confirmer sa position exacte. On aurait pu la penser moqueuse mais ce n'était pas le cas du tout . Avec application soigneuse de sa magie de glace, l'Ombra gela la petite coulée de sable près du cavalier mystérieux, gelant chaque grain de sable jusqu'a à ses pieds ou presque et formant une corde de glace, à utiliser pour remonter vers le haut.

    Ce n'était pas tellement solide mais il devrait quand même essayer pour la briser. Et sous le soleil ou non, il devrait remonter, encore qu'il se montre bizarrement las au vu de son désespoir évident quand à sa position.

    Tenez ! Qaguia se pencha près de sa tige de glace, tendant la main pour permettre au chevalier de se hisser vers le rebord au besoin. Bon, il était en armure mais... allez, ça pouvait pas être si lourd que ça non ?

    À côté d'elle gisait une petite couche de glace en plein désert, le point d'attache de la tige.
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  • Dim 26 Mar - 12:17

    Par les cieux bleus, merveilleux ! Je fus tout esbaudie de découvrir que mon sauveur, non content d'être présent, maniait une magie utile à ma situation. Reculant devant le prodige, du sable ce glissant dans mon heaume sans que j'y pris garde, je m'attelais sans tarder à la montée glacée, m'aident de mes pieds armurés pour creuser de petites marches et monter. Combien de fois l'entreprise se rêvéla incertaine ! La glace salvatrice n'en était pas moins glissante, un mauvais appuis manquant me rejeter dans l'abîme, mais je parvins à m'accrocher et à poursuivre, ma visière close allant et venant entre le visage de la liberté à contre-jour, et le sable glacé auquel je m'accrochais vaille que vaille. Fort heureusement que mon poids fut surtout celle de mon armure, car autrement je ne sais si j'eu pu réaliser pareil exploit !

    Mes os, à travers tissus, cuir et métal, serrèrent fortement la main tendue, et dans un dernier effort, je fus arraché à la gueule rocheuse qui m'avait avalé. M'étalant par terre, je me relevais prestement – respirer n'était plus de mes obligations -, écartant les bras de joie, saluant le ciel à nouveau entier à mes yeux, et le bon sire – oups ! Demoiselle, qui m'avait tiré de ce mauvais pas.

    "Grande est ma joie, Ô Dame du Destin ! Sachez que ma gratitude vous est acquise ! Le sort me joua un drôle de tour mais me voici, ici, là-haut, grâce à vous !"

    Une révérence était de mise, ce que j'exécutais avec un enthousiasme pressé.

    "Loué soit le Hasard pour vous avoir menée sur cette route isolée. Je me nomme Tadlos Onc'nnui, chevalier de la Phalange Nocturne et... Ô bileuvesé, c'est que le temps est mon ennemi !"

    Faisant volt-face je découvris, mais biensûr ! Ma douce et fidèle Laudine ! La brave bête hennit et s'approcha, et je lui flattais l'encolure en lui faisant part de tous les doux sentiments que je ressentais à son encontre, elle qui était demeurée auprès de moi malgré ma déconvenue. Excuse-moi belle amie, je ne puis te flâtter plus longtemps, le devoir est pressant ! Le pied sûr, je montais sur ma monture dans l'instant, et lui fit faire volt-face pour regarder ma sauveuse, ma belle Laudine renaclant, prête à se lancer au galop, sentant ma vive émotion.

    "Pardonnez mon empressement ma Dame ! Une demoiselle dont j'ai la garde est en grand péril, il me faut remonter sa piste !"

    D'un geste j'eu pu lancer Laudine sur la piste, mais l'honneur me retint, me donnant le tournis, entre devoir et gratitude, l'un ne me permettait pas l'autre, fichtre ! A moins que... ?! Soudain je tendis à la demoiselle, prêt à la hisser derrière-moi séance tenante.

    "M'aideriez-vous ?! Je saurais vous remercier ensuite, mais je ne le puis pour l'heure !"

    Quelque rudesse empressée m'eut fait la hisser dans l'instant sur la croupe de Laudine, mais le respect dû à ma sauveuse me l'interdisait, et trépignant avec ma monture, j'espérais de tout coeur de la belle âme ne connaissait nullement les tourments ennuyeux de l'hésitation et du doute.
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  • Mar 28 Mar - 21:44
    Elle étudia son apparence alors qu'il remontait, curieuse sur l'espèce potentielle de son ami, qui communiquait par la voix du crâne plutôt que celle de la bouche. Tout le monde qu'elle avait vu jusqu'ici communiquait à l'aide d'une ouverture un peu en dessous sur le visage, qui leur servait aussi de moyen de consommer de l'eau ou de la nourriture -mais pas parler ou se nourrir en même temps, elle l'avait découvert-. Avec l'aide de cordes miniatures présentes dans sa gorge, un être vivant pouvait produire des bruits à but communicatifs, exprimant ses intentions de façon beaucoup plus claire que par le mouvement du corps.

    Que ce soit pour échanger des informations, des blagues, des ordres, des intimidations ou des exclamations sonores censées exprimer peur, ennui ou colère... même avant de quitter l'île, elle avait su comment faire. C'était une information assez capitale pour qu'elle ne l'oublie que si elle ne venait à délibérément négliger un aspect si essentiel de la vie en société.

    Donc, elle se demandait pourquoi il lui avait parlé par télépathie. Distance, peut-être ? Ou alors il avait la voix endommagée, peut-être dans l'accident qui l'avait jeté en bas ? Qaguia avait apprise assez tôt que certaines "affaires" ne sont pas les siennes mais elle s'en fichait. Plutôt être indiscrète qu'ignorante. Surtout que le sieur (?) était drapé d'armure, une peau de métal enfilée pour la protection. S'il était prudent d'avoir de la protection sur soi en désert, ça l'empêchait de voir l'état de la bouche du Monsieur. Diantre, mais que donc lui était t-il arrivé ? Elle ne saurait simplement laisser ce preux chevalier reglisser le long du trou long ! Agrippant un peu plus de son bras avec son autre main, dans un effort suprême pour le hisser de retour au sol, Qaguia eut une réalisation qui manqua de la faire lâcher prise au dernier moment, ce qui n'aurait pas été si grave tant son aide était minuscule.

    Là, en touchant un peu de tissu, elle avait ressenti une absence de peau. Cette petite mollesse froide inhérente avait été remplacé par une sensation plus dure, un peu comme si elle touchait la glace qu'elle-même pouvait produire, au travers du tissu. Diantre ! Mais qu'est-ce qu'il cachait donc sous cette armure ? Qaguia se sentit un peu confuse, accueillant la courbette de... de Tadlos! Ah, nom appréciable. Bien qu'elle ne savait pas trop ce qu'il voulait dire par dame du destin. Mon nom est Qaguia mais merci ! fit t-elle, se demandait si elle la prenait pour une autre. Dame du destin... voulait t-il la flatter ou la rem-ahhhhh mais oui, elle était passée au bon endroit au bon moment, c'est pour ça ! C'était un compliment. Ok, elle comprenait mieux. C'était déjà un mystère de réglé.

    Mais en le voyant voguer vers son poney, Qaguia cala seulement le creux de sa main sur son menton, curieuse. Mais qu'était t-il ? Un gros con d'elf ? Elle ne se voyait pas repartir quand une marque d'interrogation pareille subsistait. Oui, elle s'imaginait dans mille ans, assoupie à son lit, se réveillant très brusquement avec une question en tête. Une maudite question. Une qui revenait une fois par siècle : mais c'était quoi qu'il avait sous l'armure ? Non. Il en dépendait de sa santé mentale qu'elle en sache plus sur ce qu'il était. Et puis, il avait l'air sympathique, ce Tadlos. La solitude du désert la minait un peu : il ferait bon de vagabonder avec quelqu'un d'autre, histoire qu'elle ne finisse pas par perdre la tête sans personne à qui parler. Et puis...

    Elle avait toujours faim.

    Acceptant sa main tendue avant qu'il ne lui parle, Qaguia dédicaça quelques cellules grises à comprendre ce qu'il disait, pour savoir à quoi s'attendre. Une demoiselle en péril ? Hé bien, si elle pouvait aider, pourquoi pas ? Elle avait sentie une chaleur agréable -et ironique- à la tête après avoir aidée quelqu'un donc pourquoi pas faire de même là ? Et puis, si elle pouvait être récompensée avec de la nourriture ou de l'eau c'était aussi tout bénéf. Entraînée sur le poney, en espérant que ce dernier aussi n'avait pas de facultés mentales pour comprendre ses sombres désirs, l'Ombra se laissa aller, son manteau blanc balayant au vent derrière l'animal tel une pâle banderole.

    Ou du papier toilette balayé au vent, quoi qu'elle le dirait de manière différente sans doute.

    Mais malheureusement, le doute subsistait dans l'esprit de Qaguia, l'empêchant de sourire alors qu'elle se voyait parcourir les dunes sur une monture, le vent prodiguant fraîcheur même alors que Tadlos bloquait une partie de la brise. Si l'immensité sableuse paraissait interminable encore, le rythme était grisant. Et la question de la peau manquante de Tadlos, seule, l'empêchait donc de bien profiter de tout. Sa curiosité ne pouvait plus être contenue et de toute façon l'Ombra ne se souciait pas tant que ça d'histoires de tacts.

    Mr Tadlos, ne paniquez pas mais je crois que vous n'avez plus de peau. Elle à peut-être fondue au fond du trou long. C'est assez douloureux je crois mais on dirait que vous êtes pas trop mal, donc c'est bien, continuez ! Elle attendit deux secondes, et puis Ah, et que... faisiez vous en bas ? Un gros con d'elfe du nord vous aurait embusqué ? Ses questions pourraient paraître dérisoire, aussi, elle essaya du mieux qu'elle pouvait de paraître sérieuse, la voix quasiment solennelle à la première annonce, comme si elle pensait que Tadlos risquait de mourir immédiatement en se rappelant que perdre toute sa peau était un processus létal.

    Ah, et c'est aussi un très joli poney ! Où l'avez vous trouvé ?
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  • Sam 1 Avr - 12:46

    "Fantastique !" Preste à la décision, Dame Qaguia fut hissée promptement sur le train de Laudine et, lui ayant indiqué où s'accrocher - mon corps, rembourré par du tissu, du cuir et du métal -, je lançais Laudine sur la piste ! Une demoiselle en péril n'attendait pas !

    Adaptant l'allure de ma monture, servant d'attache à la dame dans me dos, je guettais le moindre signe dans les dunes. Cachée par l'une d'entre elle, une partie des traces était demeurée intacte et me donne une direction. Mais bientôt, perdant sa protection, le chemin de pas se délita. Peste, le temps et le vent avaient commis leur ennuyeux méfait ! Mon heaume cherchant de droite et de gauche, je ne prêtais qu'une oreille - ahah ! S'il m'en restait une. La chaire avait disparu depuis longtemps, mais ce sens ne m'avait pas abandonné pour autant, magnifique n'est-ce pas ? - distraite à ma passagère.

    "Paniquer ? Nullement, car il m'est possible de... Je vous demande pardon ?"

    Parlant d'un tout autre sujet, ses remarques me prirent de cours, et je laissais Laudine avancer un instant à son gré. Fichtre, aurais-je mal rembourrer mes gants ? Ou la chute aurait-elle dérangé la matière entourant mes phalanges ?

    "Me serais-je briser un doigt ?" lui dis-je, tout en cherchant une échappatoire.

    L'habitude prit le relais et, cachant la main qu'elle avait saisi pour me hisser, contre mon ventre pour retirer mon gant, je la brandit ensuite haut , et si mes 'yeux' en virent tout le détail osseux, je fis en sorte que ce ne fut pas le cas de ma sauveuse : en lieu et place d'ossements, elle y verrait une mimine d'homme, fine et tannée.

    "Fabuleux ! Ma peau est à sa place, de même que mes os ! La chute ne leur causa nul tort. dis-je avec soulagement à Qaguia.

    Il m'était cruel que de mentir ainsi à quelqu'un m'ayant tiré d'un si mauvais pas, mais je ne pouvais encore savoir quelle serait sa réaction et... Une demoiselle en péril n'attendait pas. Re-mettant mon gant - et mon rembourrage en tissu - maladroitement, je lui répondis encore :

    "Une famille de la région m'a envoyé escorter l'une de ses filles à un village 'frère', où l'attend son promis. Mais en chemin, je ne sais... Quelque chose effraya ma Laudine, et nous fit chuter. D'une caresse je flattais la jument, ne comprenant toujours pas ce qui avait pu arriver. Moi, dans le gouffre, la demoiselle à terre. Elle partit chercher de l'aide, mais je ne sais... Je crains qu'elle ne se soit perdue."

    Car les traces ne remontaient pas la piste de notre venue... Peut-être avait-elle cru pouvoir rejoindre le village où je la conduisais ? Et bien sûr, ma fidèle Laudine ne l'avait pas laissée la chevaucher pour partir au loin. Peste !

    "Il me faut la retrouver, et la conduire en sûreté. concluais-je gravement.Quant à Laudine... Eh bien, je vous conterai cela une fois la demoiselle retrouvée, voulez-vous ? Excusez-moi un instant."

    Le 'quiproquo' éclairci, je m'intéressais de nouveau à la piste s'évanouissant dans le désert. Vérifiant mes appuis, m'accrochant à la selle, je laissais mes sens se disperser, et en appelais à la magie. Mes yeux disparus virent le sable balayé par les vents, un lézard s'égayant sous un rocher après avoir gobé une araignée... Et bientôt une silhouette fantomatique passa devant mon seul regard, se perchant en haut d'une dune, avant de reprendre sa course. Les évènements étaient récents, je n'avais pas eu à chercher loin.

    "Fort bien, je sais dans quelle direction elle est partie." annonçais-je à Qaguia, reprenant rapidement mes esprits, avant de lancer Laudine au trot.

    HRP:
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  • Lun 3 Avr - 13:50
    Son observation pouvait être erronée, elle le savait. Peut-être que, quelque part en ce vaste monde, il existait des espèces ou gens qui n'avaient pas besoin de peau. Et peut-être que c'était rude de le pointer du doigt. Mais... bah, elle avait l'impression que c'était utile à beaucoup de monde. Elle le savait parce qu'elle en avait. Et les gens morts dans le désert, non. Et puis, elle était tactile : Qaguia était née adulte, avec des connaissances basiques mais pas d'expérience. On lui avait dit ce qu'était le toucher ou ce que ça ressentait quand on mettait sa main quelque part mais elle voulait expérimenter pour elle-même, au lieu de se fier aux mots des autres. C'était naturel, non ? Un livre parle de beaucoup de choses mais rien ne vaut le fait de voir et sentir pour de vrai. C'était bien pour ça qu'elle traverserait le désert, au lieu de rester dans cette charmante petite contrée de Shoumeï, à lire des livres sur les étendues de sables immenses à l'est du pays.

    Et elle regrettait. Comme là juste avant, avec sa traversée du désert. Ou quand elle avait voulue toucher une flamme, et s'était rendue compte que oui feu bruuuuule ou en général, quand elle voulait sentir la cicatrice sur la joue d'un vétéran du désert, collectionneurs avides qu'ils étaient de ce genre de choses, là bas. Mais au moins, elle se disait que bah, elle ne ferait plus l'erreur, la prochaine fois. Et parce que c'était une mémoire désagréable, elle était sûre et certaine de ne pas l'oublier de sitôt. C'était plus qu'un écrit couché sur du papier, qu'elle savait vulnérable aux biais des uns et des autres : c'était une véritable sensation. Ou en tout cas, quand l'on se fait lécher le bout des doigts par des flammes, c'est très certainement une sensation, hein !

    Une qu'elle n'espérait pas oublier de sitôt.

    M'enfin, Qaguia était curieuse, touche-tout, perspicace et du genre à rapidement théoriser sur les phénomènes devant elle. Du coup, pas de peau, ça voulait dire quoi ? Pas grand chose, véritablement. Sa peau était bien là : elle avait sans doute pu repoussée entre-temps. Peut-être parce qu'il possédait une très puissante magie de soin ? Serait t-il pas qu'un simple chevalier mais plutôt un agent du bien, testant la bienveillance des hommes et des femmes ? Oui, sans doute que la femme n'était pas réelle. Peut-être qu'il testait Qaguia en voyant à quel point elle pouvait s'aventurer pour une inconnue, l'amenant plus loin et plus loin dans le désert, afin de voir ce qu'elle était capable de faire par pure empathie pour une autre ?

    À la fin du voyage, elle découvrira que la demoiselle n'était qu'un mannequin -comme un faux humain avec du sable à la place des organes et sans conscience de soi- et là, Tadlos se retournera vers elle et lui dira "Comme quoi, la véritable damoiselle en détresse c'est les amis que l'on se fait sur le chemin."

    Oui, elle avait tout compris.

    Ah, pardon alors. Un petit peau plus et je risquais de passer pour une folle ! Ahhh, le plaisir du jeu de mot. Mine de rien, ça aide à améliorer son vocabulaire, de trouver des calembours.

    Hm-hm, fit t-elle ensuite à son histoire, pas trop soucieuse de la cause en soit... avant de plisser des yeux. Son "promis" ? Un truc de relation humaine ? Ohhh. Ils vont demander à la Grue de leur déposer des petits plus tard, vous pensez ? J'aimerais bien voir comment ça marche. Sa curiosité prenait le dessus sur sa bienséance. Mais s'excuserai t-elle ? Non, elle était curieuse de voir cette Grue. Qu'une humaine lui avait dit était celle qui déposait des bébés dans le monde pour les parents. Des explications plus crues avaient été offertes au fil des ans, expliquant que le mâle se servait d'un appareil mystérieux et dissimulé pour déposer sa "graine" dans le ventre de la femelle, mais cela ne faisait que la rendre plus confuse. Une graine ? L'humain n'est évidemment pas une plante.

    Ses tentatives de récolter des informations sur le rituel derrière l'apparence de petits humains furent infructueuses. Les couples refusaient de la laisser s'asseoir pour voir et elle dut refuser des offres de "voir par elle-même" de la part de certains, vu qu'elle n'était pas intéressée dans le processus pour son espèce. La seule chose qui lui paraissait évidente c'était que la Grue, quoi qu'elle était, refusait de se révéler si facilement et était discrète et silencieuse. Mais pourtant, il lui faudrait la capturer. Qu'elle sache ce qui l'avait crée et pourquoi.

    La Grue l'avait sans doute déposée comme tout autre être vivant, bien sûr. Et elle était curieuse d'en apprendre sur ces origines. Personne, en cinquante ans de voyage, n'avait pu précisément lui expliquer ce qui l'avait crée. Tout ce que Qaguia savait, d'après un autre Ombra, c'était qu'elle était une existence solitaire, née d'un caprice de l'univers, comme ses pairs, avec pour parent la magie et les étoiles.

    ...  Bah, toute cette histoire de Grue n'était pas important pour l'instant. Elle avait déjà déduit que la demoiselle était un concept plus qu'une personne.

    Je vous dis ce que je vois à côté, moi. Je pense que ça peut aider. Fit t-elle, tournant la tête à droite puis à gauche puis à droite de nouveau, en quête de danger ou de mystère à élucider dès qu'il apparaît dans son champ de vision. Comme ça, il peut regarder devant sans crainte.

    Je vois du sable !

    Je vois toujours du sable.

    ... Encore que du sable.

    Pas de surprise, que du sable.

    Devinez ce que je vois ? Bah du sable pardi !

    Je vais regarder derrière pour couvrir trois angles et-oh, du sable.

    C'est jaune et ça gratte beaucoup, c'est quoi ? Du sable. Où ? Là, partout !

    Elle parlait à chaque fois qu'elle tournait la tête, pas désireuse de s'arrêter, au cas où quelque chose d'autre viendrait les attaquer. Ce serait bête de mourir car son attention avait lâchée une seconde. Même si elle finit éventuellement par se taire, se risquant à regarder le ciel bleu au dessus. Le désert paraissait vaste mais le ciel, lui, s'étendait encore plus, englobant le monde entier dans son immensité. S'il pouvait être difficile de visualiser la taille du désert vu leur position, car elle ne trouvait que rarement de grosses dunes ne donnant pas simplement sur de plus grosses dunes, c'était bien le ciel, qui lui montrait à quel point le monde était immense.

    De là jusqu'à l'horizon et au-delà, il y avait le monde. Comme un plafond illimité. Peu importe là où elle se rendrait dans le monde, il y aurait toujours plus de ciel au dessus, pour l'informer qu'elle pouvait toujours aller plus loin. Et que sa quête de voir le monde en son entièreté était impossible, même en vivant deux-milles ans.

    Qaguia leva la main, comme pour tenter d'agripper le ciel et la ramener à elle. Mais ne ressentit rien.

    ...

    Ohhh vert, vert, vert et bleu ! Regardez, une Oasis ! Avec des plantes géantes autour ! Après autant de temps à voir le sable passer, elle faillit penser qu'elle avait hallucinée. Mais non : c'était bien l'un de ses sanctuaires naturels dans le désert, fournissant une pause précieuse dans l'exploration du désert. Une voyageuse pouvait se relaxer, boire de l'eau et trouver des alliés, des repaires ou des commerces, même des cartes ou caravanes, pour mieux quitter le désert. Une bénédiction de l'univers. Et une que Qaguia aurait pu facilement ratée si jamais elle avait continuée son chemin.

    Cet oasis là était assez grand, les grandes plantes formant une petite forêt au nord, avec de l'herbe sur les zones les moins boisées. Autour du lac, il y avait plusieurs bâtiments en adobe, un matériel relativement facile à faire au coeur du désert, encore que l'on ait un peu d'argile, d'eau ou de liant. Ces maisons briquées n'étaient pas de grande taille mais il y avait là assez de largeur pour héberger les propriétaires des caravanes ou poney passés dans l'oasis... ou les militaires censés garder le contrôle des lieux, avec deux casernes pour que les hommes en armure puissent bondir sur des imprudents.

    Les bâtiments étaient surtout au nord, prêt de la forêt. Là, l'on pouvait se relaxer à l'ombre des grandes plantes.

    J'ai soif, on peut s'arrêter pour que je boive ? Je vous promet que je serais sage et je ne ferais pas de bêtises.
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  • Lun 3 Avr - 21:29

    Les rencontres avaient cela de bon qu'elles vous faisaient découvrir d'incroyables esprits, et je ris de bon coeur au jeu de mots de ma sauveuse. Ah, si elle savait... ! Et pourtant, tandis que le trot de ma douce Laudine nous faisait franchir les dunes, j'entendis comme la perspicace jeune femme était... Ignorante de certaines vérités du monde, c'est cela ? Cela m'évoqua comme je me réveillais ignorant, bien que traversé d'éclairs instinctifs et de connaissances brumeuses... Je faillis le lui dire avec bonhommie, mais m'en empêchais. Quelle tristesse que de ne pouvoir suivre les élans de sa personne ! Enfin, du moins puis-je lui répondre ainsi :

    "Eh bien Dame Qaguia ! Si cela vous agrée, quand nous le pourrons, je me ferais une joie que de vous expliquer le mystère de la Grue... !"

    Démontrer était hors de question - quant à une illusion de l'acte, n'y pensez-pas ! -, mais il était de nombreux contes autour de la question que je pourrais évoquer, et peut-être y glisser quelques vérités sur ce qu'il en était réellement.
    Mes sens continuèrent de palier à la piste disparue, quoique je n'osais abuser du sort, au risque de me retrouver démuni face au moindre danger. J'eus alors la joie d'entendre ma passagère m'aider dans ma tâche !

    "Guettez Dame Qaguia ! approuvais-je.

    - Y voyez-vous quelques traces ?

    - Quel paysage fabuleux, une infinité dorée s'étendant devant nous... !

    - Mais oui, c'est bien vrai ! Parbleu, qu'il y en a tant !

    - Ah, sapristi ! Je crus entrevoir un rocher mais, vous avez raison... Ce n'était que du sable !

    - Vers l'infiniiiiiii et l'horizooooon !"

    Portés par mon infini espoir, mon sacré devoir et ma brave Laudine, nous bravâmes le désert, à la recherche de ma demoiselle égarée. Bigre, ce qu'elle avait marché, cette bonne âme !

    --------------------------

    "Milles grâces, ma protégée a dû trouver refuge auprès de ces gens...! soufflais-je de ma voix mental de jeune homme, à la vue du miracle se révélant à nos yeux. Bien sûr que vous pourrez boire, et j'aurais de quoi vous sustenter..." ajoutais-je presque distraitement.

    J’éperonnai ma monture, mon coeur volant - s'il en était resté quelque chose dans ma cage osseuse - vers le reflet bleuté divin et les silhouettes allant entre les bâtisses. Une étape pour les caravaniers sans-doute, où se reposaient voyageurs et marchands aux atours et aux étales colorées, et aux parlés tout autant riches et chantant. Ah, bien sûr que la belle serait-là, sans doute à rassembler des braves pour la guider jusqu'au lieu de ma chute ! Rassurée, nous pourrions mettre trouvez quelques belles offrandes pour ses futures noces, et ferions de ce malencontreux épisode une aubaine et une histoire à raconter à ses futurs enfants...

    Malheureusement, au fil de notre approche, mon espoir se flétrit à la vue d'un sombre nuage, un triste pressentiment me faisant porter mon gant à la lame battant le flanc de Laudine. Les figures ne paraissaient pas aussi souriante, les vêtements aussi riches qu'escomptés, pire : quand l'une des sentinelle nous repéra, je la vis lever son arc... Et à sa dégaine, mon doute se mua en certitude : l'oasis avait été prise par la vermine ! Des truands !

    "Accrochez-vous à moi, Dame Qaguia..." dis-je, ma voix reflétant malgré-moi le fantôme glacé de mon passé.

    Voilà, sûrement, pourquoi elle ne revenait pas, la demoiselle... La pauvrette était tombée entre de mauvaises mains. Qu'avaient pu lui faire ces vautours... ? Quelle peine avait-il osé infligé à sa famille ?!

    "Ces mécréants la retiennent sans doute... Chaque seconde est une seconde de trop entre leurs griffes..." dis-je à la dame.
    - Halte-là !" brailla l'une des mauvaises âmes à notre encontre.

    Cela sonna le glas de ma charge. Dégainant ma lame, je lançais Laudine vers le repère de vauriens, mon esprit galopant à vive allure le long du tracé des cauchemars que je projetais à leurs yeux. De cela, Dame Qaguia ne put avoir qu'un écho, de part la réaction des hommes, car sous leur regard effaré, ce ne fut pas un cavalier esseulé qui les chargea, mais une marée de spectres guidés par un cavalier chevauchant une monture squelettique. Leurs coeurs se glacèrent d'effroi, et si certains ne furent pas touchés par ces visions, ils n'en virent pas moins leurs confrères et consœurs perdre toute couleur, toute contenance, même hurler et en appeler à la clémence des esprits devant cette soudaine attaque macabre. A ceux qui les virent j'infligeais l'affreux murmures d'âmes viciés, à ceux qui ne purent fuir ce que leurs sens trompés leurs clamais, j'emplis la vue de figures faméliques et désespérées, envahissant les lieux tel une marée de brume glacée.

    "LIBÉREZ L'INNOCENTE, ENFANTS MAUDITS !" clamais-je au plus grand nombre d'affreux qu'il m'était permis.

    Là encore, certains ne perçurent rien - Dame Qaguia parmi ceux-ci -, mais ils purent voir leur semblable être saisis de stupeur sous l'effet de cette clameur envahissant leurs esprits, contribuant au chaos et à la débandade.

    "LIBEREZ-LAAAAA, SI VOUS TENEZ A VOTRE VIIIIIIIIIIE !"

    Sans doute devrais-je, en temps et en heure, expliquez à ma sauveuse pourquoi les hommes et femmes paniquèrent à ma seule vue, alors que nous ne faisions que galoper au milieu d'eux, et que je lui épargnerais à elle tous mes artifices. Mais telle n'était pas ma priorité pour l'heure... Il me fallait sortir ma protégée de là.

    "Dame Qaguia, recherchez l'innocente parmi ces forbans, je vous en pris ! Peut-être est-elle retenue quelque part..." lui soufflais-je, tout en continuant de mener mes illusions au devant des forbans.

    Loin étais-je de me douter que, à quelques bâtisses de là, la belle se trouvait bien... Mais qu'elle était loin de fuir les forbans. En réalité, elle fuyait avec l'un d'eux... Et elle me fuyait moi !
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  • Mer 5 Avr - 23:19
    Elle était curieuse de compléter la quête de la damoiselle disparue, bien sûr, mais il y avait des choses qui se font sur un estomac rempli et d'autres pas. C'était bien là de belles chaînes pour tout être vivant, et en quelques occasions Qaguia regrettait même les sacrifices financiers ou horaires nécessaires pour se trouver à boire ou manger, alors qu'elle pourrait faire plus utile, comme quitter le désert où s'acquérir eau et nourriture lui semblait plus difficile qu'ailleurs. Ces "oasis", dit t-on, sont d'ailleurs des pâles imitations de "vraies" forêts à l'est, avec de grandes plantes à foison autour de grands lacs d'eau. Quoi que le "dit t-on" venait d'un livre, appuyé de dires de voyageurs, que Qaguia admirait pour leur courage : il n'était pas sûr qu'elle revienne au Reike de sitôt et n'abandonne ces oasis géantes pour explorer encore plus d'étendues aussi arides qu'hostiles. Non, cinq-cent ans en "République", ça devrait faire l'affaire. Ou même juste un milieu rempli d'eau.

    Oui, quelque part d'entouré par de l'eau, même. Qu'elle ne voit plus la moindre trace de désert. Une île, quoi. Mais où, du coup ? Elle pourrait bien demander aux gens de cet oasis, en se procurant boisson et nourriture. Ils ont l'air gentils, dit t-elle, basée uniquement sur ce que ses yeux détectaient. Et elle faisait confiance à ses globes oculaires pour ne jamais se tromper. Sauf quand quelque chose était trop floue ou trop loin ou dissimulé de sa vision. D'ailleurs, si jamais Tadlos n'avait pas été aussi enthousiaste qu'elle à la vue de l'oasis, Qaguia aurait peut-être bien pensée que l'endroit n'était que création de son cerveau affamé et assoiffé, si aigre à trouver lieu de repos que, à défaut d'en trouver un, il ne pouvait que se fabriquer une illusion de toutes pièces.

    Beaucoup de ces humains sans peaux avaient du ramper sur des kilomètres, guidés par l'espoir de trouver de l'eau et de la nourriture, certains mourant déçus, d'autres se pensant seulement à quelques mètres du salut. Le même résultat pathétique. Et pour quoi, au final ? Elle ne comprenait vraiment pas. Il y avait des gens qui aimaient bien raccourcir très inutilement leur temps sur Terre. Pour chaque Tadlos, coincé dans un trou long mais nullement plaintif, il devait y avoir eu quelques pauvres voyageurs beaucoup moins chanceux. Et qui, une fois libérés, ne seraient pas repartis chercher leur damoiselle. Comment faisait t-il ? Si Qaguia ne se plaignait pas, c'était bien parce que la faim avait été un peu dissipée par son attention recouvrée mais sans plus.

    Mais bon, lui aussi pouvait être affamé, qui sait ? Elle vit d'ailleurs son enthousiaste s'évaporer comme liquide au soleil, la faisant soudainement douter de l'existence de l'oasis, avant qu'il ne lui intime soudainement de s'accrocher. Diantre, avait t-il vu quelque chose qu'elle ne voyait pas ? Voilà une vision divine ! Nul doute que son jugement était à croire. Et ainsi, elle se raccrocha à lui, passant ses bras autour de sa taille. Oh, il dégainait sa lame, allait t-il les tuer ? Oui, car ils étaient des "méchants", des gens pas gentils -bah oui hein- qui attaquent ou tuent les voyageurs. Les humains sans peaux dans le désert, ce n'est pas que le soleil, la faune ou le temps : c'est eux. Dans le grand jeu de la vie, ils s'étaient décidés à écourter celles des autres. Et la damoiselle était "parmi" eux.

    Elle était curieuse de voir sa première grande bataille en action, surtout quand l'un des camps était constitué de trois personnes -en comptant le cheval- mais Tadlos se révéla stratège surprenant, fonçant sur le groupe comme s'il menait véritablement une armée, au lieu d'une personne et un cheval.. Argh ! Voilà de quoi en faire penser à Qaguia qu'il avait définitivement pris un coup de chaud sous son casque ! Mais c'était en réalité un choix tactique respectable.. Car si oppressante semblait être la charge solitaire de Tadlos qu'à lui seul, il poussa des dizaines de scélérats à fuir, clairement pas habitués à un combat honorable même alors que leurs nombres paraissaient si dérisoires. C'était là donc la force des chevaliers ?! Peut-être qu'elle devrait en devenir une, histoire d'obtenir autant de charisme concentré.

    Décidant d'assister Tadlos, Qaguia enclencha ses cordes vocales pour hurler et accompagner la charge.

    AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

    Voilà.

    Que ce soit grâce à son intervention miraculeuse ou non, la manoeuvre de Tadlos faisait fuir les bandits, les dispersant comme des grains de sable au vent. Ventre saint gris ! Comment pouvaient t-ils ainsi fuir devant deux personnes ? De quelle assistance invisible est-ce que Tadlos pouvait bénéficier, à moins qu'il ne soit en fait la terreur des criminels, à l'armure si connue que sa simple vue faisait fuir les forbans ? Il semblait apte à gérer la situation sans l'aide de l'Ombra. Tous semblaient en train de prendre la fuite, sans qu'un seul n'essaye de riposter. Elle pourrait profiter des fruits d'une victoire facilement acquise, mais sa fierté réclamait plus ample intervention. Qui donc voudrait être un passif spectateur dans une situation ainsi ?!

    Tadlos lui-même réclamait maintenant l'aide de Qaguia pour chercher l'innocente : elle ne saurait donc regarder la bataille depuis l'arrière du poney. C'était sans nul doute pour voir sa bravoure devant le danger, en la faisant participer à la lutte contre le mal qui gangrénait le désert.

    Soit, elle n'aurait pas aimée se tenir les bras croisés alors que le combat faisait rage. Hm hhm. Bien sûr, je vais trouver la mademoiselle ! Fit t-elle, un sourire espiègle au visage pour accompagner son clignement d'oeil. Car oui bien sûr, la mademoiselle était surtout une invention. Ce qu'il voulait vraiment, c'était qu'elle neutralise les bandits. Mais il faudrait le faire de façon héroïque, en appelant la damoiselle pour qu'elle se sache sauvée. Afin que Qaguia prouve sa bonté. Descendant du poney d'un mouvement agile, Qaguia fit une roulade inutile au sol et se releva sur le genou droit, bras étendus sur les côtés alors que de ses pouvoirs, elle trouva bien humidité ambiante à convertir en glace.

    Et à lancer sur ses ennemis, créant autant de projectiles qu'elle n'en utilisait à chaque fois. Elle avait apprise à bien viser mais avait appris tôt que la quantité prime sur la qualité : en déchaînant piques après piques, elle pouvait toucher plus de forbans qu'en attaquant de façon contrôlée, une à la fois. En gros, elle spammait. Et avec quelle efficacité ! Un pique de glace perça la gorge d'un, arrosant les herbes de son hémoglobine bondissante. Un autre fut percé au menton, le pique lui traversant la tête de bas en haut. Un autre fut seulement frappé aux jambes, laissant le soin à d'autres projectiles de l'achever sans qu'elle ne vise précisément. Un autre fut frappé en haut de la tête, vivant suffisamment longtemps pour réaliser que la matière qui suintait de sa blessure n'était pas du sang.

    Ils menaient de si courtes vies. Un clin d'oeil de la part de Qaguia et l'âge aurait tôt fait de les rattraper. Pourquoi donc préserver vie si courte et fragile quand elle était sur son chemin ? D'ici la fin de la soirée, des bébés auront très rapidement remplacés ces bandits et les autres victimes du désert. La vie humaine était courte et commune, donc partait avec peu de valeur, même avec des individus exceptionnels comme Darmia et Tadlos pour relever le tout. Quand elle appartenait à un forban parmi milles ? Elle n'avait aucune hésitation à l'ôter. Car il avait décidé de s'ôter toute importance.

    MADEMOISELLE VENEZ VERS MOI ! Fit Qaguia, sourire aux lèvres, ses flèches de glace fendant les airs et les corps. Heureusement qu'il n'y avait pas vraiment de damoiselle à récupérer ! JE SUIS AVEC TADLOS ET DONC GENTILLE !!! VENEZ VERS MOI !!!
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  • Mar 11 Avr - 22:06
    SI j'avais su ! Ah, si j'avais su... ! Mes mots, je les aurais choisi autrement, des précautions j'en aurais prises, j'aurais, ah ! Mais je ne savais ! Et dame Qaguia s'engouffra avec moi sur le chemin de l'ignorance. Galopant, je cherchais furieusement du regard une silhouette familière, sommant encore et encore les vivants de libérer ma protégée, et déversant toujours plus de cauchemars sur les malheureux croisant ma route. Le nombre n'était pas notre force, et je comptais bien davantage sur la surprise et la peur que la force brute. Qu'elle ne fut pas ma surprise quand, aux milieux des éclats de stupeur, j'en entendis... De douleur ! Cela allait briser l'illusion, parbleu !

    Il me fallait retrouver la jeune femme... Mais si un nouvel ennemi était apparu, je devais l'en prémunir ! Faisant volt face à ma puissance Laudine, je revins sur mes pas... Et découvris, médusé, le carnage auquel se livrait ma sauveuse. Des pointes de glace, par dizaine, se plantaient dans les corps et les bâtiments. Que les Astres me pardonnent, la demoiselle souriait en faisant pleuvoir ses projectiles mortels ! Qu'était-ce là, qu'était cette folie ?! Pourquoi commettait-elle pareille infamie !?

    "DAME QAGUIA ! Cessez ce -...  clamais-je à son encontre.
    - ARRÊTEZ ! ARRÊTEZ DE TUER ! ARRÊTER !" hurla une voix de femme.

    C'est alors que je la vis. Ma protégée, vivante ! Accourant à toute allure d'entre les masures, vivante et libre ! Nous allions pouvoir échapper aux mécréants qui la retenaient, nous allions pouvoir... Mais, en un instant, une peur terrible m'étreignit l'âme : celle qu'un projectile de Dame Qaguia atteigne l'innocente. L'avait-elle vu ?! S'arrêterait-elle à temps ? Faute de certitude, j'implorais silencieusement ma pauvre Laudine, et lui tirait traîtreusement sur la bouche, la forçant à tourner brusquement, pour s'interposer entre ma protégée et ma sauveuse déchaînée. De douleur, ma monture se cabra en hennissant, et je m'accrochais d'une main et des jambes pour ne pas perdre mon assise.

    "DAME QAGUIA ! CESSEZ CETTE FOLIE ! VOYEZ ! ELLE NOUS A REJOINT ! VOUS N'AVEZ PLUS A TUER !"

    Plus tard, je la questionnerais, plus tard, j'éclaircirai le trouble qui m'avait pris à la vue d'un massacre si facilement réalisé, où la dame clamait sa 'gentillesse' tout en distribuant la mort sans hésitation. D'abord, il nous fallait fuir, et nous mettre à l'abri des ruffians, que mon sort avait délaissés, libres de reprendre leurs esprits, et de... HA ! L'UN D'ENTRE EUX POURSUIVAIT MA PROTÉGÉE !

    "HALTE !" imposais-je à l'esprit du malheureux tout en levant ma lame, prêt à le charger.

    Et c'est alors... Que la confusion me saisit davantage : ma protégée se mit entre moi et l'homme, empêchant ma charge !

    "ECARTEZ-VOUS ! lui dis-je vivement.
    - BOUCHER ! Allez-vous écouter avant de faire couler davantage le sang ?! me cracha-t-elle au visage.
    - ECARTEZ-VOUS VOUS DIS-JE ! La pauvre enfant avait semble-t-il perdu l'esprit après sa captivité...
    - J'AI FUIS, IMBECILE ! Je suis venue les retrouver ! Le retrouver !" glapit-elle encore.

    J'en perdis mes mots, ma lame s'abaissa, alors que le rustre atteignait ma protégée... Et lui touchait le bras, avec attention, et un regard ne clamait en rien de viles attentions, si ce n'est peut-être de sombres à mon égard, à la vue des cadavres aux alentours. Parbleu, mais que disait-elle ?!

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  • Jeu 13 Avr - 14:35
    Quel plaisir que de pourfendre le mal ! Qaguia n'avait qu'une idée assez ténue de ces idéaux, vu que bien peu de gens seraient véritablement "bons" dans le désert Reikois. De ce qu'elle pouvait déduire, il y avait des gens qui volent et qui tuent et qui font pire des fois, c'est les méchants. Il y a ceux qui ne font pas ça et c'est donc les gentils. Et quand un gentil tue un méchant, c'est donc justifié, parce que le méchant l'aurait tué en retour; C'était simple, propre et efficace. Et si Qaguia ne se voyait pas comme une agente de la justice, censée arrêter le mal sous toutes ses formes, véritable fantassin d'un conflit millénaire, elle ne risquait pas de laisser des bandits commettre de futurs massacres quand elle était dans le coin ! C'était là la meilleur façon de faire justice pour soi, dans le désert, et elle savait que pour chaque forban pourfendu, une mère ou un père reviendrait à ses enfants un soir prochain, encore qu'elle ne comprenait pas trop vraiment ce qu'était l'importance d'un père et d'une mère pour les humains : elle était particulièrement stable et mature alors qu'elle n'en avait eu aucun !

    Les stalactites continuaient de pleuvoir sur l'ennemi, les fauchant sans qu'ils ne puissent s'en protéger. Haha, dur que de pense que leur mort serait causée par de la glace au milieu du désert, hein ?! Elle était fière de voir sa maîtrise déjà avancée de sa magie. Dans un environnement plus idéal, il ne lui faudrait même pas un bête siècle pour tout maîtriser ! Misérable forbans ! Votre fin arrive ! Dit t-elle, essayant d'imiter un peu la façon de parler de son camarade. Drôle de façon de faire, d'ailleurs, mais c'était très certainement efficace et mémorable. Lui devait être en train de massacrer le reste du camp, d'ailleurs, quoi que c'était difficile de perdre de vue le paladin en armure sur un cheval, seul dans un océan de pouilleux fuyards.

    Et encore, l'océan commençait à ressembler à une flaque, fufufu. J'ai presque fini de mon côté, je cesse bientôt du coup ! Elle ne prêta pas plus attention à la voix l'incitant à s'arrêter, se disant qu'elle devait être tentative de lui faire baisser sa garde : surprise ultime, donc, quand Tadlos rejoignit cette dernièe, l'incitant à arrêter cette "folie". Pardon ? Que de quoi comme folie ? Qaguia n'eut pas le temps de répondre, voyant le poney et son propriétaire bondir entre elle et une jeune fuyard. Oh non ! Elle existait vraiment ?! Elle n'était pas métaphore ambigüe de l'innocence foulée mais bien femme véritable ?!

    Qaguia comme claqua des doigts et son premier projectile vers le poney redevint bête humidité ambiante, le massacre ralentissant alors qu'elle commençait à se demander ce qui avait été vrai et ce qui avait été faux dans tout ceci. Pour sa défense, il avait un peu commencé, en leur fonçant dessus avec son épée ! Même qu'il recommençait sur l'un proche de la damoiselle, avec une hâte à l'en embrocher sur son épée. Embarrassée, Qaguia ne vint pas l'aider, attendant un nouveau rebondissement. Et il en vint un rapidement : Tadlos n'était donc qu'un boucher ? Un commerçant qui vendait de la viande découpée et rôtie à des voyageurs ? Diantre, il ressemblait pourtant à un humble paladin. Mais alors, pourquoi chasser cette fille, si le grand homme ne s'avérait être qu'un humble commerçant, et non un puissant chevalier ?

    L'Ombra zieuta un peu les lieux : elle avait tué beaucoup d'humains, ne laissant que quelques survivants, dont un, aux longs cheveux bouclés, qui la regardait fixement depuis le sol, plaqué contre le sable pour survivre à sa pluie de glace. Devait t-elle continuer à les tuer ? Qaguia pensait que c'était la bonne chose à faire mais pas Tadlos ni la femme. Diantre, tuer serait donc une mauvaise chose en soi ? Même contre des méchants ? Et il semblait que sa fuite ait été délibérée, au lieu d'être une affaire de kidnapping. D'un coup, un éclair de compréhension frappa Qaguia : Tadlos avait été poussé, simplement ! Ou au moins, la damoiselle s'était arrangée avec son âme soeur (âme frère ? c'était un homme après tout) pour qu'il soit neutralisé avant de fuir.

    Ça lui paraissait sa foi assez compliqué. Et Qaguia se gratta le haut de la tête, s'approchant de la situation avec un air confus au visage, sourcil levé et tout. Que ce soit le temps ou la violence, la mort serait venue pour eux tous d'ici un petit siècle, commença t-elle. Il y eut une pause, puis elle cala sa tête sur le côté, penchant un peu le corps vers la gauche. Pourquoi ça vous gêne autant que les gens meurent ? Ils le font tout le temps, partout. La grue apportera plein de bébés pour les remplacer et eux aussi ils mourront d'ici un siècle. Je suis désolée mais vous êtes juste un peu éphémères quand même !

    Pour elle, c'était la vérité. Quelques espèces vivent longtemps, d'autres moins. Ce serait dur de s'imaginer ce couple vivre assez longtemps pour que Qaguia puisse les revoir d'ici un siècle. Elle n'avait pas dit par tact, mais si la vie était vraiment très précieuse, elle ne serait pas si... commune. Ou facile à ôter. Peut-être que c'était la mauvaise chose à faire, mais elle trouvait bizarre de regretter des inconnus qui seraient tous morts dans pas si longtemps.

    Mais bon, elle avait un peu faim et un peu soif. J'ai faim et soif, oui. Je vais manger un peu. Salut ! Elle pivota sur ses talons et faillit invoquer un énième stalactite en voyant le jeune homme aux cheveux bouclés de retour sur ses pieds, les mains levées pour montrer son évident manque d'arme.

    Hey, si vous avez faim et soif, je vous guide vers la réserve de nourriture si vous voulez ! Fit t-il, le ton servile. Mais elle venait de tuer ses potes, donc Qaguia ne croyait pas tant que ça à son offre aussi généreuse que soudaine. Il se frottait même un peu les mains, un sourire nerveux au visage, conscient du danger mais aussi satisfait de... l'occasion ?

    ok
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  • Mer 19 Avr - 22:08
    Parbleu ! S'il m'était resté un peu de derme, il eut viré blanc ossement en entendant les propos de ma sauveuse. Son mépris des vies éphémères ! Son agacement puéril pour avoir été interrompu dans sa folie meurtrière ! Sa naïveté qui jusqu'alors, m'avait touché, et m'horrifiait à présent. Comment ne pas l'être, de voir aussi inconscient de ses actes, un être capable de massacrer à la volée tant de mortels sans une goutte de sueur ni une larme de remord. Ah, mais qu'avais-je fait en l'emmenant avec moi ! La figure de ma protégée n'était que le pâle reflet de ma propre horreur, alors que les pièces d'un puzzle que j'avais si mal assemblé prenaient leur vraie place. Et par dessus tout ce désordre, la fille s'en fut chercher sa pitance ! Ma poigne tremblait sur ma lame, de honte, de rage et d'incompréhension, alors que la jeune femme que j'avais cru sauver levait sur moi des yeux accusateurs :

    "Fou... Elle est folle, et vous aussi ! Laissez-nous !
    - Je dois vous mener en sureté, jusqu'à votre promis... avançais-je, sans plus y croire.
    - A qui l'on m'a vendue ! Je n'irai pas, salaud !"

    L'insulte était une gifle que je n'esquivais pas, cerné par le devoir auprès d'un père et les siens, et la dure réalité d'une fille à la recherche de sa liberté.

    "Allez-vous en, vous et la cinglée... !" frémissait-elle de rage, larmoyante, sous le regard protecteur et vigilant de celui qu'elle avait rejoint.

    Sous moi, ma douce Laudine hennit de nervosité. Que ne pouvais-je la lancer simplement au galot dans le désert, et laisser derrière-moi l'infamie qui s'était livrée ici, et que j'avais malgré-moi jetez sur ces gens-là ! Mais une telle conduite eut été odieuse en bien des points, à commencer par le fait que je tournerais ainsi le dos à mon devoir, et à bien des réalités. Je ne m'adressais plus à ma sauveuse, car son esprit devait être pris par d'autres priorités, et j'expliquais mes craintes à ma protégée, que si elle ne venait pas, sans doute que d'autres viendraient, par son père, par la famille de son promis peut-être.

    "Nous disparaîtrons dans le désert ! Bourrique, qu'espérez-vous faire encore ! Partez, PARTEZ, MEURTRIERS !"

    J'eus voulu argumenter encore, proposer des alternatives pouvant les mener à un futur libre de toutes poursuites, puisque tel était son souhait... Certains diraient sans doute que cela n'était pas mon affaire et que j'eus dû la ravir pour l'emmener à l'homme qui l'attendait mais, n'aurais-je pas été alors, moi, le véritable brigand ?! Voleur de liberté, ravisseur d'amoureuse et ennemi du choix ? J'avais ouï que les Reikois étaient assez particuliers sur la question des femmes, et il est vrai que je m'étais heurté à cela à quelques reprises, mais ma mission, je l'avais cru, n'était censé être que mener une femme à son futur aimé... Je m'étais fourvoyé. Quel imbécile.

    Et dans ma stupeur débile, je réagis trop tard alors que ma protégée s'avançait en faisant de grands gestes pour effrayer ma Laudine. Malepeste, elle allait être blessée ! D'une manœuvre, je parvins à faire reculer ma monture avant qu'elle ne s'agita trop, sous les invectives de la femme. Confus, ne parvenant à me résoudre à agir autrement qu'en la laissant à son sort puisqu'elle ne m'écoutait pas, je pressais Laudine à travers le camp et ses cadavres frappés par la glace, voyant des figures sortant des recoins. Si nous ne nous pressions pas, nous courrions le risque d'être pris à revers. Quelle calamité !

    "DAME QAGUIA ! Il nous faut partir sur le champ ! lancais-je à son esprit, où qu'elle soit. Dans un éclair de lucidité, j'ajoutais : J'ai de quoi vous sustenter !"
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  • Sam 22 Avr - 2:21
    L'humain mystérieux roula des yeux et leva la main, les cinq doigts tendus en avant comme pour imiter le bec d'un bête oiseau -ou une bouche en général mais elle pensait à un bec- avant d'ouvrir et fermer le "bec" de son oiseau imaginaire au rythme des interventions verbales de l'autre humaine.. Haha, il était marrant, cet humain ! Qaguia pouvait comprendre ce qui la rendait si triste évidemment, elle n'était pas ignorante des excentricités humaines. Mais... bah, elle était un peu rude, non ? Ce n'était pas comme si elle avait eu tort. Parce que si une seule mage de glace pouvait les tuer en grand nombres, alors qui sait ce qui aurait pu leur arriver si plus impitoyable et puissant encore leur était tombé dessus ? Elle ne comptait pas se justifier de toute façon, elle avait tout dit. Si jamais ça posait problème, hé bien, que faire d'autre ? S'excuser ? Roooh. Les ramener à la vie ? Roooooooh. Ce qui est fait est fait.

    Mais ce qui n'était pas fait, c'était d'aller manger.

    Alors, normalement, haha, ç'aurait été difficile de vous donner facilement de la nourriture, Qaguia, l'humain fit, lui parlant alors qu'elle espérait qu'il avait une petite cuisse de poulet ou de la viande à lui donner. Anticipant déjà son repas, Qaguia forma une toute petite lance de glace entre son index et son majeur, humidifiant l'air en une lance aussi miniature que fière, qu'elle porta à l'espace entre deux de ses petits dents blanches, lorgnant vers le jeune homme d'un oeil, concentrant l'autre sur la caserne. Il ne semblait pas exactement en mauvaise condition physique, en dépit de sa vie désertique. Mais, haha, on dirait qu'on à soudainement de la place ! Ça ira alors, je pense ! Je suis Re'rtran, et vous ?Ni très énervé du fait qu'elle ait tué ses amis, vu la facilité avec laquelle il marchait au dessus de leurs corps. Curiosité : il n'avait donc rien à en faire ?

    Alors maintenant, Qaguia les avait tués. Et elle n'était pas très triste avec ça. C'était attendu, elle était une Ombra qui vivrait très longtemps. Lui ? Il semblait humain et vivait parmi eux. Pouvait t-il vraiment être si froid (fufufu) avec leurs morts ? Bah. Si elle était prudente de ne pas se faire attirer dans un piège, elle s'imaginait qu'il avait de quoi esquiver sa question. Lui montrait de la nonchalance envers leurs cadavres mais c'était elle qui avait, bah, justement produit ces cadavres. Lui aussi devait penser de façon différente des autres, sans doute qu'il était conscient de sa moralité fragile, contrairement à cette femme.

    Que faisiez vous là, sur cette oasis ? Vous bandissiez ?

    Il fronça un tout petit instant les sourcils, avant de les écarter, claquant des doigts. Ha, non non non ! Disons, je suis sûr que y a des gens qui seront pas d'accord, mais on traverse le désert en groupe pour se protéger contre le danger. La force dans le nombre, vous comprenez ? Qaguia lança un regard au sol, vers les douzaines de cadavres aux visages horrifiés à ses pieds, quand leurs têtes étaient encore assez intactes pour qu'on puisse y lire une expression. C'était dur de se dire qu'elle pouvait sauver Tadlos mais si facilement tuer ces badauds, hein ? Elle n'y pensa pas.

    Non.

    Hahaha, j'imagine que oui ! Hé bien, nous sommes des nomades, quoi. ou étions pour ces types Il pointa la jeune fille, sans que Qaguia ne se retourne. Il comprenait où il voulait pointer et elle était plus curieuse de voir cette foutue caserne, qui semblait être tel le soleil : toujours visible mais impossible à atteindre; On prend les gens rejetés par la société et on va voir ailleurs où on peut. Mais on tue pas les gens et on attaque pas les villages. Quand cette fille est venue avec Ma'kim, ils avaient vite pigés son histoire. Elle se disait que marcher dans le désert avec lui, jusqu'à leurs éventuels vieux jours, c'était une meilleure vie que ce qui l'attendait avec ce type.

    Qaguia n'avait pas grand chose à faire de tout ça, mais elle appréciait de pouvoir se coucher moins bête ce soir. Des rejetés de la société, hein ? Elle aussi en était une, quelque part. Sans maison, sans boulot, sans importance à la société Reikoise...  Bleh, ça lui déplaisait pas. Elle devait admettre qu'elle trouvait l'idée de marier quelqu'un à un autre sans consentement étrange. Le mariage n'est t-il pas censé être la complétion de deux êtres ? Ou, sinon le mariage, l'amour ? C'était pas juste d'infliger à quelqu'un un amour indésirable. Surtout à un humain ! Ils avaient tellement peu de temps pour trouver quelqu'un d'autre.

    Mais... elle vous a attirés à nous. Et à cause de ça, notre force dans le nombre, elle vient de prendre du sacré coup de mou. Pas de bol, hein ?

    Oui, je n'ai pas de bol de soupe entre les mains. Elle fit, lasse. L'autre continuait de parler, et elle sentait que son casse-croûte pourrait être vite interrompu.

    Mais la chance, pour moi, c'est un terme mignon pour le destin. C'est le destin qui a poussé Ma'kim vers elle et c'est le destin qui t'as lancé, en faucheuse, sur eux. Pourquoi se mettre en colère ? C'est pas une question de décisions mais de chemins préderminés, comme ma destinée avec-

    Oui bon tais-toi j'ai faim et... oh ? Ahh, Tadlos fuyait ? Qaguia faillit ne pas le suivre mais il mentionna de la nourriture et elle se lança, avec une vitesse à en surprendre le gugusse autour d'elle. C'était sympa, l'humain ! À dans une autre vie, vu que tu seras tout sec d'ici un petit siècle ! Avec une agilité à la surprendre elle même, elle voulut monter sur le poney de son compagnon, posant ses bras autour de sa taille, Ah, si elle avait un couvre-chef inutilement grand, elle aurait sans doute besoin de le scotcher à sa tête, avec ce vent ! Woohoo ! Allons-y, je suis vraiment affamée !
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  • Lun 24 Avr - 23:01
    Ignorante de toute éthique, indifférente aux souffrances d'autrui... Je me plongeais dans l'instant, ce moment où sous moi je sentais ma vaillante Laudine nous emporter loin de cette triste oasis et de ses ombres mortes, bravant dunes et sable pour nous éloigner, retourner d'où nous venions... Laissant derrière-nous les regards accusateurs des survivants, dont les morts finissaient de saigner sur un sable avide. Ah ! La puissante respiration de ma jument nous portait toujours plus loin, défiant le sable et l'horizon de nous retenir encore. Derrière-moi, il y avait ma sauveuse qui, sans hésitation, avait jeté de vie à trépas des mortels comme certains faucheraient les blés. Et pourtant, elle semblait n'avoir que des envies innocentes, boire et manger à satiété, aider un parfait inconnu à s'extirper d'un trou qui - pour un morte l lambda - aurait pu se révéler mortel. L'âme torturée, je laissais ma bête mettre de la distance entre nous et le charnier, sans un mot pour Dame Qaguia, à qui j'avais promis sa pitance. Ah...

    Mais il fallut bien que je brise mon silence, dont je n'étais pas coutumier. Doucement, je mis ma monture au trot, puis au pas, avant d'indiquer à ma passagère dans quelle sacoche entre nos jambes elle pourrait trouver de quoi apaiser les maux de son ventre, après une intense mastication. S'il ne m'était plus nécessaire de me sustenter depuis bien longtemps, je n'en gardais pas moins le nécessaire pour préserver les apparences me servant : de quoi manger et boire, notamment. Quoiqu'ait pu avoir en tête le forban qui avait proposé de nourrir la jeune femme - s'il n'avait pas en tête un coup de couteau vengeur -, ma sauveuse y avait renoncé et avait droit à la place, à un morceau de viande séchée, et à une gourde d'eau. Finalement j'arrêtais Laudine et mit bien à terre, la caressant distraitement, la remerciant de nous avoir ainsi porté... Sans parvenir à me détacher de ce qu'il était advenu plus tôt.

    "Dame Qaguia, des questions me taraudent... Mon timbre n'était pas enjoué comme lors de notre rencontre, mais sur la réserve, et sombre. Dites-moi, pourquoi m'avez-vous tiré de ce mauvais pas, si l'existence des mortels vous est si... Sentant ma nervosité, Laudine tourna la tête et vint m'inspecter de plus près. Je lui grattais la mâchoire distraitement. Ah, cela ne va pas. Non, non, cela n'est pas... Peste soit de la mauvaise paroles, des paroles voilées et des menteries !"

    J'eus souhaité le clamer aux cieux et à la terre, au sable et au désert, aux étoiles que la nuit révélerait bien assez tôt, et au Soleil qui dardait sur nous son oeil unique et intransigeant. Peste et vilenie, que penser de celle qui m'avait sauvé et pourtant avait tué tant avec une telle désinvolture ! Mon poing muet ne tira rien des cieux indifférents, et je secouais la tête, sous le regard impassible et curieux de ma monture.

    "La grue... Vous évoquiez la grue, c'est cela ? me rappelais-je après un instant. Eh bien, il me faut vous dire ce qu'il en est. Derrière l'oiseau, il n'est pas dit comme hommes et femmes s'étreignent jusqu'à ce qu'un être naisse, grandisse en la matrice de sa mère des mois durant, jusqu'à qu'un beau jour, dans un cri, il en soit sorti. Et alors, commence des années pour un nouveau-né innocent et vulnérable, qui ne pourra compter que sur ses parents, sa famille, pour espérer vivre jusqu'à devenir enfant, adolescent, puis adulte... Avant, d'à son tour, donner la vie, si elle ne lui est pas dérobée d'abord par la faim, la maladie, la guerre... Et toutes les forces incroyables qui raflent les existences mortelles comme autant de feuilles mortes chutant de l'arbre une fois l'automne, puis l'hiver venu. Un cycle sans fin, si simple, parfois violent comme beau, et laborieux et long... Pour qui ne compte pas ces vies comme des grains de sable lui tombant de la main, mais en prenant le temps de voir dans le grain, les myriades de secondes qui sont autant de pas que les êtres font pour avancer, vers leur renouveau et leur trépas mêlés."

    Mon souffle ne pouvait se perdre car je n'en avais plus. Plus aucune larme ne pouvait couler sur mes joues pour exprimer mon désarroi. Mes gestes avaient suivi mes mots et d'innombrables grains tombaient de ma main gantée. Oh comme j'en avais vu passé, et disparaître dans mon désert de désespérance... Les mortels allaient là où je n'étais jamais allé. Non pas que je m'en rappelle.

    "Ils sont peu de choses, et pourtant ils ont bâti des écoles, des empires. continuais-je dans un torrent insistant. Leurs vies ont, par leur flot, marqué le monde comme des rivières ont creusé des montagnes. Ils sont peu de choses Dame Qaguia, et l'on pourrait se tenir au bord du courant et n'en voir qu'une grande coulée bleue mais, si l'on prend le temps de regarder une goûte venue vous mouiller la main... C'est là un spectacle de reflet et de clarté, laissant sa trace légère sur votre peau..."

    Encore une fois, mes gestes suivirent ma pensée et, doucement, je versais une goutte d'eau sur la main de la jeune femme, me rendant compte dans ce même temps sa couleur atypique mais, ne m'y attardant pas. Durant un intense silence, je regardais la frêle humidité s'écouler, faire briller le derme bleutée de la 'mortelle' tout perdant peu à peu en taille jusqu'à disparaître, s'évaporant dans ses derniers instants à la faveur d'un cruel air sec que je ne pouvais que deviner.

    "Vous m'avez sauvé Dame Qaguia et, pour cela, je vous suis à jamais reconnaissant. Et... Je soupirais en relâchant sa main que j'avais tenu, sans violence, mais fermement.Cela me tourmente d'autant plus, que d'avoir vu une âme généreuse comme la vôtre se livrer à pareille... Barbarie."
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  • Ven 28 Avr - 12:17
    Qaguia ne pensait qu'à la faim et la soif en partant, c'était véridique, mais il y avait indéniablement un petit esprit de... regret, alors qu'elle constatait le silence oppressant de son compagnon de route. Lui qui avait été si délicieusement vocabulaire au début ! Aurait t-elle, elle osait dire ainsi, "merdé" au cours de l'opération ? Oui, elle pouvait dire que son meurtre casuel des bandits avait déstabilisé le pauvre Tadlos. Et Qaguia elle-même en était déstabilisée, parce que... hé bien, est-ce que sa propre moralité le rendait triste ? Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu faire. Elle voulait juste se justifier, quand elle ne pensait pas le devoir, face à une petite folle ! Si elle avait pu prévoir la portée de son discours... hé bien, elle serait restée silencieuse. Et même s'il aurait été indigné, parce qu'il l'avait été beaucoup, alors il n'aurait pas dû faire face au spectre hantant de sa propre moralité, si aisément arrachée de sa poitrine.

    Elle ressentait un peu de peine pour lui. Est-ce qu'il avait peur qu'elle le tue ? Bien sûr que non, vu qu'il n'était pas sur son chemin ! Mais est-ce qu'il pourrait décider de l'abandonner ou de ne pas l'escorter, fuyant loin pour la déposer quelque part de "sûr", par courtoisie, avant de continuer son propre bout de chemin ? Qaguia serait gênée si ça arrivait, elle voulait vraiment juste rejoindre les jungles et cesser de patauger dans ce maudit désert. Si jamais Tadlos, au poney qui servait de ticket de sortie de ces sombres lieux, décidait de la déposer, hé bien... elle serait pas très contente. Mais elle savait pas si elle pouvait le tuer, parce qu'elle l'appréciait. Il avait été gentil ! Il n'était pas méchant, comme ceux qu'elle venait de tuer. Donc Qaguia ne le tuerait pas.

    La sorcière se disait souvent ça au début, en voyant un corps s'affaisser lamentablement devant elle. Il était armé. Une menace directe envers sa longue vie. Ils se seraient jetés sur elle pour la poignarder, comme avec les autres qu'elle avait pu voir. Ceux qui avaient été trop lents. Ou naïfs. Ou pas assez rapides. Melipa lui avait montré, avant, que la vie dans le désert n'est pas faite pour les tendres. Et elle avait été assez encline à suivre sa logique. Après tout, pourquoi se retenir quand ils voulaient tous la tuer ? Comptait t-elle gâcher sa courte vie en mourant avant même un petit siècle, frappée par un voyou qui ne vivrait sans doute pas plus de cinq décennies après les faits ? Cette peur avait guidée sa main avec délicatesse pour accomplir ce qui était vu comme l'irréparable, le meurtre d'autrui, sans qu'elle ne se questionne. Qu'il suffise qu'elle s'imagine en danger, menacée d'une flèche fictive ou d'un poignard si discret à en être caché de son propre utilisateur présumé, pour tuer beaucoup de gens.

    Mais il avait été bénéfique pour sa part de voir tant de gens se tuer au cours des temps. Que ce soit des compagnons de route comme Tadlos ou des ennemis, le meurtre n'était jamais remis en question au Reike. En y repensant, puisant dans une mémoire qu'elle pensait puissante, Tadlos était sa première rencontre si... perturbée par le meurtre. Sans doute parce qu'elle avait cru comprendre qu'elle n'était pas si menacée que ça, justement ? Mais même-là, personne n'avait été si vocal dans son indignation. Parce qu'une fois un meurtre accompli au sein du Reike, surtout dans ces régions les moins gouvernées, la parole du plus fort seule compte. Mais, et elle ne s'en rendait compte qu'ici, la façon de faire du Reike était plutôt débile.

    Wouah ! Vous sentez très bon,Tadlos  ! Fit Qaguia, autant pour amadouer Tadlos que pour tenter, véritablement, de le complimenter. Ses justifications passées, ressentait t-elle finalement du remord ? Ou des regrets ? Non. C'était des étrangers qu'elle ne connaissait pas, sans importance aucune. Et elle savait que c'était peut-être pas la bonne réponse mais... c'était fait, quelque part. Elle en était tellement habituée à devoir tuer pour se défendre que, maintenant qu'elle constatait que c'était en fait plutôt pas gentil gentil, Qaguiia ne pouvait vraiment qu'être confuse. Est-ce que quelque chose n'allait pas avec elle ou est-ce que ses expériences passées étaient comme une enclume sur son esprit, l'influençant à commettre ce que les autres ne risquaient pas de trouver moralement correct ?

    Quand Tadlos s'arrêta pour lui tendre gourde et eau, Qaguia poussa un mici ! poli avant de se concentrer sur la chose qui importait : elle porta la gourde à ses lèvres en premier, laissant une cascade azure irriguer sa gorge sèche et apporter vie en son corps, délayant de nouveau cette sinistre horloge biologique qui la tuerait si elle venait à manquer du liquide. Sa priorité immédiate assumée, la "jeune" fille mordit dans le bout de viande, trouvant plaisir à lentement surpasser la durabilité de la chose par la force de ses dents. Et aurait t-elle moins de considération pour Tadlos, elle aurait été contente de le laisser parler au Soleil au dessus de leurs têtes, ne l'écoutant qu'en bruit de fond dans sa bataille contre le bout de viande, mais... elle voulait l'écouter pour compenser. Après tout, les perspectives différentes, ça l'intéressait. Et elle se sentait mal de l'avoir vexé.

    Ce n'était pas naturel, elle savait, que de tuer des dizaines mais d'éprouver seulement du remords pour les sentiments froissés d'un seul. Mais peut-être était t-il simplement facile de se dire que Tadlos avait un nom, une identité, une présence certaine, là où ses victimes n'étaient que des silhouettes geignantes anonymes et inconnues, ne communiquant avec Qaguia que par les cris ou la terreur. Plus l'on réduit une autre personne au rôle d'ennemi, plus l'on devient justifié et extrême dans ses méthodes de l'arrêter. C'était efficace. Peut-être trop, parce que Qaguia, si elle comprenait ce que Tadlos voulait dire, ne pouvait pas s'amener à être convaincue.

    Il y avait là de la passion légitime dans son argument, et elle écarquilla des yeux en apprenant ce que la Grue était vraiment, mais elle se tut, ne sachant pas si elle pouvait se ranger quelque part. Oui, c'était poignant et oui, il semblait vraiment triste de la voir succomber à la "barbarie" mais sa grimace n'en fut pas une de remords mais plus de confusion, détournant les yeux pour fixer le sable. Après une petite hésitation, elle se pencha en avant, les yeux fixés sur les petits grains de sable, comme pour observer sa métaphore. Puis, ça et aussi la goutte qui lui coula sur la main, tentée qu'elle était de la laper rapidement.

    Cela allait contre ses expériences et enseignements. Les gens se fichent de la valeur de la vie. Pourquoi faire pareil ? Peut-être que sa conviction était un moyen de justifier son apathie quelque part mais elle ne savait pas quoi penser.

    Je suis vraiment désolée de t'avoir rendu triste, elle débuta, après mûre réflexion. Mais non, rien de rien, non, je ne regrette rien. Pensa t-elle, incertaine.

    Je ne pense pas que tu comptes moins parce que tu vis moins. Quand je t'ai vu dans ce fossé, et que tu appelais à l'aide, hé bien, je me disais que je ne voudrais pas que ça m'arrive et que je me fasse ignorer. Et j'avais de la peine pour toi, fit -elle, pointant les mains vers elle. Mais aussi... je vois ce que tu veux dire mais ce désert est tellement marqué par la mort que... elle se leva, regardant autour d'elle, comme si un squelette mystérieux allait bondir pour appuyer son argument. Mais c'était le désert: il n'y avait là que du sable et des cauchemars.

    Dépitée, elle se rassit, ses pensées venant à elle et étant instantanément communiquées. Quand je vois comment les humains et tout se traitent entre eux je me dis... est-ce que la vie à de la valeur pour eux ? Pourquoi ils se tuent comme ça ? Et même s'ils ne vont pas se tuer, ils vont s'assommer et laisser leurs ennemis plantés dans un désert? J'ai... passé du temps à Shoumeï, avant de venir au Reike. Les gens y étaient plus gentils mais j'ai quand même vu des personnes méchantes pour être méchantes.

    Quand même, elle aurait dû y rester, peut-être. Elle n'aimait vraiment pas le Reike. Même si ça lui avait permis de croiser Melipa. Qaguia marqua une pause, les yeux cherchant aux alentours alors qu'elle prit un bout de viande.

    L'île où je suis née est hostile à ses propres habitants et ce désert n'est pas mieux. L'on y vit selon la loi du plus fort, j'ai bien vu ça. Et quand l'on montre de la gentillesse, on se met en danger. Je... mais elle avait pu en montrer, de la gentillesse, non ? Et ça avait été un sentiment doux, sans qu'elle ait besoin de se justifier autant que pour le meurtre comme au début. Mais encore, elle était confortable avec ça, maintenant... Tu es quelqu'un de bien, Tadlos, mais beaucoup de gens dans le désert ne le sont pas. Et j'ai l'impression que si j'essaye de faire du bien comme tu le fais, je me prendrais un coup de couteau, je n'ai pas ton armure. Je peux vivre très longtemps, je crois, mais je ne veux pas mourir. Je suis d'une espèce rare, née de la magie elle-même, je dois avoir un destin spécial. Je ne peux pas juste... mourir dans un désert pourri.

    C'est assez simple pour moi. Si la vie est si précieuse, pourquoi est-ce qu'elle est si... compliquée ? Pourquoi est-ce qu'elle est si facilement arrachée ? Pourquoi est-ce que ce monde est si défini par la mort ? Fit t-elle, ayant l'air de lui poser un quizz. Je veux savoir.
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