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    Le Coeur de Melorn
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  • Dim 14 Mai - 14:23
    Complainte nocturne
    Février 04


    Dans l'air froid, mes ailes s'étendent enfin de toute leur envergure. Longue. Encore affaiblies par la disette et la violence du recouvrement que j'ai subi il y a si peu de temps. La nuit, la ville prise dans la glace sous sa couverture de neige, est moins agressive pour mon cœur. Les esprit distants des dormeurs me laissent en paix et le soleil épargne mes yeux aux iris luminescentes. Enfin, le ciel m'entoure et m'enlace. Enfin les chaines sont tombées. Les plaies pourront se refermer.

    Cette nuit, seule, je me suis esquivé de la chambre de Panthère pour voler au clair de lune. L'image du moment ou j'avais quitté la roulotte pour aller réfléchir au bord du lac m'avait fait tremblé de frayeur, mais j'étais sortie tout de même. Je ne supportait plus le toit au-dessus de ma tête. J'avais attendu si longtemps !

    Mes pieds griffus se posèrent au sommet d'un des nombreux toits indistincts, entre quelques plaques de verglas et deux monticules de neige gelée. Agrippés au faîte comme des serres, je ne crains pour ma stabilité. Respirer est inutile, mais agréable et tout en observant la ville endormit sous les rayons multicolores de la Lune, j'inspire profondément. Sa lumière vive me caresse de la tête aux pieds et ses si jolies nuances irisent toutes les teintes de blanc et de gris si ternes sous le soleil de milles couleurs saturées et magnifiques.

    Sur le fond du ciel et de ce croissant de lune, ma silhouette s'étend comme une statue immobile. Ma peau gris cendre pourrait être de pierre si elle n'était pas parcourue d'arabesques élégantes des quelles suppurent la lumière violacée que ce corps physique ne contient qu'à grand peine. Deux longues cornes de diamant percent mon front et leurs pointes effilées luisent de ce même violet changeant, surplombées de petites flammes éthérées. Ma chevelure danse autour de ma tête comme celle d'une sirène sous l'eau, flammes impalpables variant du fuchsia au mauve en passant par tous les intermédiaires, chaude au touchée mais pas brulante. Cette lumière crépusculaire s'exfiltre de mon corps également en faisant luire mes iris aux pupilles fendues et en éclairant ma bouche faussement humaine, capable de se fendue d'une oreille. Entièrement nue, je garde les ailes agréablement déployées, dévoilant leur aspect de ciel étoilé à la tombé du jour, fond pourpre, violet et gris moucheté d'étoiles.

    j'ai la place ici. Pas de mur. Pas de souterrain. pas de meuble. pas de porte. Cela fait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi calme.

    Et cela fait très longtemps que je n'avais pas pu me confier à la Lune. Elle m'écoute toujours, elle.

    Ma fine queue terminé en pointe de flèche ondule doucement. ce même mouvement qu'ont les chats satisfaits qui regardent quelque chose de plaisant.

    Les loups sommeillent au creux des sylves...


    Quelques mots... ma voix est encore un peu rauque. Je me dégage la gorge et respire encore un peu, les yeux clos, avant de les ouvrir pour ne m'adresser qu'à la lune et aux ribambelles d'étoiles qui fête ma sortie du tombeau. Doucement, la mélodie s'échappe de mes lèvres sans aucun mot, seulement dans la détente de la laisser couler hors de moi. Sous cette forme, ma voix semble résonner dans ton mon corps, brulante d'émotions vives, rappelant à l'âme un instinct viscéral. Ce timbre tentateur et dérangeant forme bientôt des sons distincts, flottant au gré du vent, des mots, des phrases qui me libèrent le cœur.

    Les loups sommeillent au creux des rues.
    Les chauves-souris dansent hors de vue.
    Mais une âme seule reste en alerte.
    Guettant les faits des goules, démons et spectres...


    Souvent cette berceuse me venait aux lèvres lorsque j'étais dans ma forêt. Pas exactement les mêmes mots. pas exactement le même rythme. Mais la même chanson tout de même. La même douleur et la même crainte. La même bestialité et la même violence.

    Le sommeil en silence m'a quitté
    Ne me laisse pas seule à trembler
    Car le Chasseur au cœur de glace
    Que l'or jamais ne lasse
    S'en va, s'en vient,
    Ne laissant rien,
    Que malheur et chagrin.
    Grand Chagrin.


    Sans que ma voix s'en trouve troublées, les larmes sont montées à mes yeux. Les images de Mort, de ma capture, de la cage, du collier, de ce qu'il m'a fait... de ce qu'ils m'ont fait... L'horreur, la douleur, le malheur, le chagrin... La douceur dissonante de ma chanson en porte le poids et l'abysse déformé.

    La garde stupidement baissée, je ne suis que moi durant un délicieux moment.

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Lun 15 Mai - 18:23
    Les choses n'avaient pas été des plus simples récemment, d'abord il y avait eu ce petit « accrochage » avec l'artisan et son histoire de lingerie fine plutôt que de véritable matière première textile. Il fallait aussi rajouter à cela la mercenaire qui, à sa manière, n'avait pas facilité les choses. L'elfe voyait peu à peu sa patience dangereusement approcher d'un seuil critique et il allait avoir besoin de repos, c'était bien beau de travailler pour les autres, mais il tenait aussi à sa propre tranquillité. Même si dormir n'était plus un besoin vital, il arrivait souvent à l'elfe de se coucher et de fermer les yeux pour se « reposer ». Bien entendu au vu de sa condition « particulière », le repos était toujours de très courte durée puisqu'il pouvait entendre le moindre bruit, allant du simple craquement naturel d'une charpente, au vieil ivrogne en train d'uriner contre un des murs de l'auberge dans laquelle il résidait. Il ne fallait pas non plus oublier qu'au vu de sa véritable nature, l'environnement naturel de l'elfe était plutôt le monde nocturne, et cela même s'il avait grandement travaillé sur sa capacité à supporter la lumière du jour et à évoluer contre n'importe quel citoyen lambda.

    C'était une nuit comme celle qu'il appréciait, silencieuse où seule la Lune avait l'audace de se tenir face à lui. Cependant, alors qu'il s'apprêtait à se coucher pour essayer vainement de calquer le rythme des mortels pour paraître un peu plus « normal », l'elfe releva la tête, perturbé. Quelqu'un chantait et cela ne venait pas de l'auberge ni de la rue en contrebas, cependant cela provenait bien de l'extérieur, et peut-être même d'un peu plus haut. Chose encore plus étrange, il lui semblait connaître cette chanson, les paroles et le rythme n'étaient peut-être pas les mêmes que dans ses souvenirs, mais il était certain d'avoir déjà entendu cela. C'était une très vieille chanson, à un point tel que peu de personnes pouvaient être en mesure de la connaître. Il n'en fallait pas plus pour attiser la curiosité naturelle de l'elfe lorsque certaines choses touchaient au passé.

    Se hisser sur le toit de l'auberge ne fut pas une tâche difficile pour lui, ce n'était pas la première fois qu'il grimpait sur un bâtiment pour surplomber les rues d'une cité. Aussi discret que possible, Solenar progressa en observant la silhouette qui se tenait dos à lui. Ses détaillèrent les ailes et la peau couleur cendre de ce qui ressemblait à une jeune femme sans pour autant en être une. Vu la chose qui se tenait devant lui, l'elfe n'avait aucune raison de dissimuler sa vraie nature. Le vampire ne fit pas la bêtise de trop s'approcher, jugeant qu'il valait mieux rester prudent tant que les présentations n'étaient pas faites. Existait-il un meilleur moyen pour faire connaissance que de connaître la même chanson.

    Ne bouge pas, ne crie pas, sois silencieuse
    Le chasseur, brave et fort
    Payé en pièce d'or
    Te trouvera, te tranchera
    Et dévorera
    Tout de toi

    La fin était plutôt sinistre, du moins c'était la version que lui avait entendue il y avait de cela des lustres, au fil des âges beaucoup de choses parvenaient à évoluer alors pourquoi pas les chansons ? Restant à distance raisonnable et toujours sous sa forme elfique, l'elfe continua.

    - Même s'il n'y a aucun chasseur ici, il est fort dangereux de rester seule sur les toits une fois la nuit tombée, même lorsque l'on est doté d'une paire d'ailes.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Lun 15 Mai - 19:01
    Complainte nocturne
    Février 04


    Cette chanson était une une lente descente aux enfers. La mienne. Celle de bien d'autres êtres également. Une horreur que seuls l'air froid sur ma peau et la patiente oreille de la Lune apaisaient.

    Ainsi loin du sol, sentant bouger les émotions et les envies languides du peuple endormi, je me sens si loin du danger qui m'a talonné pendant des semaines que j'en oublie la prudence. J'en oublie qu'un toit n'est pas la branche d'un pin et que la neige ne couvre aucune épine argentée.

    Alors que les mots de plus en plus sombres s'alignent une voix grave se joint à la mienne, m'interrompant net. Une voix semblable à celle de Mort. Douce. Une soif curieuse. Je fais volte face, reculant dans le mouvement. Les griffes de mes mains et de mes pieds se plantent dans les tuiles d'ardoise, en lacérant une, brisant une autre. Les ailes rabattues le long du corps, les oreilles plaquées contre le crâne, mes pupilles fendues posées sur l'humain, je crache comme un chat... Mais ce bref débordement d'agressivité, n'est qu'un maigre masque alors que toute ma posture et mon cœur trahissent une peur viscérale.

    Humant l'air, je m'assure qu'il n'y a personne d'autre pour venir me passer la corde au cou, me lier les mains. Mais je ne sens que son odeur de sang et d'éther. Et je n'entends que sa voix au milieu de toutes les autres. Une voix et des mots qui me font tendre les oreilles vers lui, tel un chat curieux. Il connait la chanson... Elle n'est donc pas de moi. Sans doute l'ai-je entendue il y a longtemps. J'aime bien la fin qu'il lui donne. Tout déchirer, tout tuer tout manger. C'est ce que j'ai sur le cœur.

    Après ses premières paroles, je laisse courir un long silence pour réfléchir sérieusement à ce qu'il vient de dire.

    Il est... humain... Il prévient. Et je ne suis pas sûre de ses intensions. Il n'est pas en chasse, comme Mort, mais il n'est pas non plus au repos comme Panthère.

    - Tu parles pour menacer ou pour aider ?

    C'est perturbant... Sous cette forme, j'ai envie de me lever et d'aller vers lui, mais j'ai l'habitude de faire plus attention. C'est comme si les deux facettes d'une même pièce se disputaient pour savoir qui doit être au-dessus. Curieuse et affamée. Peureuse et attentionnée. Pile, Moi. Face, Moi. Je secoue la tête et détourne les yeux. Je ne veux pas qu'il prenne mon regard pour une provocation.

    - Tu es en danger, toi aussi ?

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Jeu 18 Mai - 14:52
    L'elfe resta de marbre face à cette démonstration d'agressivité soudaine, en même temps celui-ci ne s'était pas annoncé et surprendre quelqu'un n'était jamais une bonne idée. Cela lui permit au moins de mieux analyser la silhouette de son interlocutrice ailée. Une silhouette féminine, une paire de cornes et des pupilles fendues qui l'observaient avec un certain intérêt. Comme à chaque fois qu'il évoluait dans le noir, le regard émeraude de l'elfe devenait aussi noir que la nuit elle-même, deux iris sombres la scrutaient sans pour autant trahis une quelconque émotion. Solenar n'avait pas peur, pas plus qu'il était totalement en confiance, il connaissait ses capacités, mais préférait ne pas sous-estimer une éventuelle menace. Si les griffes qu'elle possédait pouvaient lacérer aussi aisément une tuile, mieux valait se tenir à bonne distance le temps d'évaluer la situation.

    - Une mise en garde plutôt qu'une menace, je crains qu'il ne soit pas dans mes habitudes de menacer sans raison les inconnues, même si elles sont ailées et cornues. Je souligne simplement le fait que des personnes étranges vivent en ville, et que nous ne sommes pas toujours les bienvenus.

    L'elfe fait d'abord un pas en avant, puis un autre, jugeant la réaction de celle qui lui faisait face, si jamais elle montrait une quelconque forme d'agressivité, il ferait aussitôt un pas en arrière, il souhaitait simplement discuter et non pas déclencher un quiproquo.

    Il haussa un sourcil lorsqu'elle parla de danger, il ne sentait pas d'autre présence dans les environs, si ce n'est quelques effluves écœurants provenant des ruelles en contrebas, mais rien de tout cela ne faisait penser à une menace immédiate, jusqu'à preuve du contraire les ordures ne pouvaient pas encore attaquer.

    - En danger moi ? Non, du moins si c'est le cas je ne suis pas au courant. Même si cela n'a pas toujours été le cas, je vis loin du danger à présent, et toi ? Tu n'as pas l'allure d'une petite créature en détresse, avec tes griffes tu pourrais aisément m'arracher le visage si telle était ton envie.

    Solenar hésita un bref instant à dévoiler sa véritable forme, mais il ne fit finalement rien, jugeant que son apparence elfique représentait un certain avantage, notamment celui de connaître les vraies intentions des gens. De prime abord, il avait surtout l'air d'un elfe normal prêt à aller se mettre au lit, une cible presque facile pour qui voudrait s'en prendre à lui, et il comptait bien user de cela à son avantage.

    - C'est une drôle de chanson que tu chantais là, les souvenirs douloureux ont pour habitude d'accompagner chacune des paroles, elle rouvre les vieilles blessures et lacère la chair.

    Cela lui rappelait l'époque où il était chassé comme on l'aurait fait avec un monstre. Avait-il été un monstre ? Sans doute, il avait fait bien des choses regrettables durant sa longue vie, des choses qu'il ne pourrait malheureusement jamais oublier. À défaut d'oublier, il avait appris à vivre avec car c'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Ven 19 Mai - 23:26
    Complainte nocturne
    Février 04


    L'humain m'observe, paisiblement. Il se tient là, droit comme s'il était posé sur le sol. Immense... C'est la première fois que je vois un humain me suivre sur une hauteur hormis... Mes oreilles s'abaissent tristement à la première pensée qui se tourne vers mon Grand Duc disparu. Mais l'inconnu avance et mon attention se focalise de nouveau entièrement sur lui, mon regard se dardant sur son visage pâle aux yeux d'un noir patiné de bien des nuances irisées.

    Il fait un pas en avant, je frémis et m'abaisse plus encore sur mes appuis, le corps presque collé aux tuiles givrées et la queue étroitement enroulée autour de ma cuisse. Seule ma chevelure de flammes rosées continuait à danser doucement. J'aurais voulu disparaitre mais cette forme me collait à la peau... Et pour la première fois j'en concevait une certaine frayeur.

    - Je ne suis jamais la bienvenue. " soulignais-je de ma voix chaude où se réverbérait un écho surnaturel.

    Un nouveau pas en avant. Cette fois je recule d'un pas. La tuile sur laquelle je m'appuies rechigne sous mon mouvement mal assuré et, profondément raclée par mes griffes, glisse de son emplacement. D'un mouvement sec, laissant échapper un pitoyable glapissement d'une terreur aiguë, je me retrouve étalée de tout mon long sur la pente du toit, seulement retenue d'une main sur le fait et d'un pied fermement planté dans une tuile plus costaude.

    L'humain me perturbe. Curieux. Intéressé. Si différent de la plupart de ses pairs. Il est pétri de regrets mais en même temps d'un calme beaucoup plus profond que ceux que je croise et observe. ... A vrai dire, il me rappelle mon Grand Duc par de plus en plus de points. Il est très grand. Paisible au point d'en être plus facile à supporter, à soutenir du regard. Terrifiant. Si différent des bêtes qui m'entourent et des humains qui me chassent que je ne sais ce qu'il peut me faire ni ce qu'il veut me faire. C'est perturbant. Ennemi sous les traits bien trop proches de ceux d'un ami ? Les humains ont toujours été changeants et trompeurs...

    Son odeur mâle n'appartient à aucune sorte d'humain que j'ai déjà croisé jusque là. ni les humains-oiseaux qui se nommaient Anges, ni mes pairs, ni les humain-animaux que j'affectionne tant... Mais il laisse tout de même ce goût d'éther indéfinissable sur le fond de la langue. ... Lui aussi a été en danger un jour, mais il ne l'ai plus aujourd'hui ? Comment ? Pourquoi ? Je veux savoir comment il a fait. Pourquoi il n'était pas aimé de ses pairs. Je souffle par le nez, sèchement, pour dissiper l'odeur et la redécouvrir plus finement, tout en me redressant. Assise sur mes talons, une main sur mes cuisses, l'autre au sol, fixe comme une gargouille, mes yeux luminescents le guettent... Et reculent soudain lorsqu'il laisse échapper que je pourrais le lacérer.

    - Non ! " m'exclamais-je en me recroquevillant sur moi, croisant les bras pour faire disparaitre mes mains à la vue de mon vis à vis, effrayée par cette possibilité. " Je ne suis pas dangereuse ! " Et dans le silence que je laisse, il parle encore pour revenir à la musique. Il a l'esprit vif. J'apprécie... Mais que puis-je bien lui dire ? L'idée qu'il me trouve dangereuse me terrifie... " Je ne lacère rien. " insistais-je alors qu'il parle pourtant de la chanson, je le sais. Cette chanson que lui aussi connait. Cette chanson qui mêle, il a raison, des malheurs présents et passés... qui lacère... qui tranche... " Elle rouvre pas... " Je ne veux pas... " Elle rouvre pas... "

    Une douleur stridente me vrille le crâne. Je serre les paupières sous l'intensité et un gémissement m'échappe, portant une main griffue à ma tête. Des images anciennes se superposent aux nouvelles. Des images que je ne voulais pas revoir ! Des sensations que je ne voulais pas revivre ! NON !

    - Tu te trompes ! " Je bondis droit sur lui en m'exclamant, tentant de faire taire les douleurs qui n'auraient du être que des souvenirs en m'accrochant à lui. Je tente maladroitement de m'accrocher à ses épaules, les jambes autour de sa taille, le nez au ras de sa peau pour chasser les anciennes images par les nouvelles questions. Mon cœur bat plus vite que celui d'un colibri malgré mon absence de respiration.

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Sam 20 Mai - 13:36
    Il n'existait aucun endroit où Solenar avait la chance de se sentir chez lui… Melorn était sa cité, sa patrie, et malgré tout lorsqu'il lui prenait l'envie de marchand dans ses grandes rues pavées, il se sentait tout bonnement comme un touriste, une âme égarée qui déambulait seule dans un souvenir qui n'avait que trop changé. Sa famille n'était plus, les amis étaient morts depuis des lustres. Bien que la cité n'avait jamais perdu de sa splendeur, Solenar ne pouvait nier qu'elle n'avait jamais été plus belle que dans ses souvenirs. L'elfe faisait trop souvent l'erreur de vivre dans le passé, malgré lui il avait l'impression d'être un voyageur du temps, un corps et une âme que les siècles ne pouvaient altérer. Au même titre que son interlocutrice, il n'avait pas la bonne allure pour évoluer parmi les mortels. Bien sûr cela ne l'empêchait nullement de vivre, il avait un travail, des connaissances plus ou moins proches, une résidence… mais tout cela n'était qu'une façade, un bien joli mensonge dans lequel se draper lorsqu'il en avait besoin.  

    - En quelque sorte nous sommes des réprouvés, cela nous fait un point en commun.

    L'elfe haussa un sourcil en observant le comportement de son interlocutrice, elle semblait mal réagir à ses propos, se pouvait-il qu'elle soit plus sensible qu'elle ne le laissait paraître ? Solenar hésita l'ombre d'un instant, jamais il n'aurait pensé que ses mots pourraient avoir ce genre d'effet, c'était comme s'il avait malgré lui touché une corde sensible. L'elfe fait l'erreur de faire un pas en avant.

    - Je n'ai pas dit que tu l'étais, mais que tu pouvais l'êt…

    Avant même qu'il ne puisse finir sa phrase, la silhouette ailée lui bondit dessus, l'elfe adopta aussitôt une forme nettement plus offensive pour se protéger, car impossible pour lui de savoir le véritable motif de cette attaque soudaine, tout ce qu'il savait c'était qu'il était la cible. Son nez et ses yeux changèrent légèrement de forme, décuplant ainsi ses sens. Sa bouche s'élargit à son tour, laissant apparaître une rangée de dents tout aussi dangereuses que des doigts affublés de grilles, son hésitation l'avait empêché de réagir suffisamment vite pour esquiver, la confrontation était donc inévitable. Solidement campé sur ses appuis, l'elfe réceptionna la diablesse qui enroula ses jambes autour de lui. Considérant ses bras comme la première menace, il s'en saisit aussitôt pour les bloquer et l'empêcher de gigoter.

    Alors collée à lui, la démone dégage une odeur qui lui semble familière, la fragrance s'intensifia et l'elfe cru reçoit un coup de masse sur la tête. C'était le parfum de Lirathïel, Sa Lirathïel… il revoyait son visage, son sourire, ressentait la douceur de ses caresses… il pouvait sentir le goût qu'avait eu son sang.

    - Lirathïel…

    Pendant quelques instants l'elfe fut totalement désemparé, si bien qu'il tenait la démone sans vraiment l'empêcher de bouger. Il secoua la tête pour tout ce que cela lui rappelait, quel était ce maléfice ? Une technique pour l'amadouer ? Frapper au plus profond de son être sans même le toucher ?

    - Donne-moi une bonne raison de ne pas soulager tes épaules du poids de ta tête.

    Son ton était clairement menaçant, de toutes les choses qui lui déplaisaient, jouer avec ses souvenirs était vraiment celle qu'il détestait le plus. Malgré tout la raison ne l'avait pas quitté et il devait bien reconnaître que même une fois contre lui la démone n'avait rien tenté à son encontre, il n'y avait que ce maudit parfum pour le harceler l'esprit.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Sam 20 Mai - 16:25
    Complainte nocturne
    Février 04


    Contre lui, je couine en sentant ses mains saisir mes poignets, aussi implacable que les doigts d'une statue de pierre... Puis, presque immédiatement, ils s’amollirent, me laissant m'appuyer d'un coude sur son épaule sans me lâcher pour autant, mon second bras presque tendu sur le côté en une étrange posture de danse. Toujours calée sur ses hanches, je le regarde, le cœur battant.

    - M'enchaine pas... " soufflais-je, la voix cassée, tirant sur mes bras, sans qu'il ne m'entende vraiment. Il murmure un mot que je suppose être un nom.

    La peur de mes souvenirs remplacée par celle d'être de nouveau contrainte par des fers qui m'affament et me blessent, son regard brumeux, assommé, m'arrête dans mes tentatives maladroites pour me défaire de sa prise. Lirathïel ? Ainsi contre lui, sa peau enserrant mes poignets toute hargne oubliée, je me coule dans ses immenses prunelles noires qui mangent la moitié haute de son visage. Le goût du sang sur mes lèvres. Mon coeur éclate en un milier de morceaux et les larmes me viennent aux yeux. Un rejet violent me prend aux tripes et en un instant il n'y a plus contre l'être bipède qui me tient qu'une petite forme à la peau rose pâle, aux grands yeux reptiliens et aux longs cheveux d'un même fuchsias. Mes énormes cornes s'étaient raccourcies en deux petits pics de diamants. Mes ailes avaient disparues et ma queue s'était étroitement enroulée autour de la jambe de mon porteur.

    Lorsqu'il parle, je frémis, l'observant, toujours les yeux luisants de larmes et la gorge tendue. Il veux me faire du mal. ... C'est un jeu pour lui ? Dois-je gagner ma liberté ? mon confort ? ma pitance ?

    - Ne me fais pas de mal... S'il te plait...

    Enfin,, en scrutant ses yeux surnaturels, je me rend compte que son visage a peut-être un peu changer. Non ? Trop effrayée pour lui poser des questions, je crois que ses yeux et son nez ne sont plus les mêmes. Sa bouche est large, garnie de plus de crocs que celle de Loup ou de Ratel. Même que Kebossa... Je déglutis, certaine qu'il va me mordre. Le goût du sang sera sur ses lèvres cette fois.

    - Il me déteste... mais je ne comprends pas très bien pourquoi. Je n'aurais pas du le toucher ? Sans doute... les humains n'aiment pas ça. Malgré tout, j'inspire et vibre d'une volonté à moi, d'un désir qui ne va pas souvent dans le sens des autres, mis que je ne peux oublier. j'ai essayé. Je n'y arrive pas. Alors, tout bas, je bredouille encore.

    - Je veux pas avoir mal. ... Dis moi ce que tu veux... Je peux aider. Je peux être utile...

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Dim 21 Mai - 0:43
    L'enchainer ? Pourquoi voudrait-il faire une chose pareille ? Le vampire resta muet, ne sachant plus comment réagir. Quelques instants plus tôt, il aurait cru la démone capable de lui arracher la tête et… mais il devait bien avouer qu'elle n'était tout compte fait pas si menaçante que son apparence le laissait croire. Elle pleurait et couinait comme une enfant que l'on aurait sermonnée un peu trop vigoureusement. De la silhouette ailée et affublée de griffes, il ne restait plus qu'une jeune femme à la peau rose. L'elfe avait vu suffisamment de choses et vécu trop longtemps pour se faire avoir par un simple changement d'apparence. Solenar relâcha doucement son étreinte sans pour autant baisser totalement sa garde.

    L'elfe ne parvenait pas à comprendre ce qu'il voyait, enfin si, il pouvait clairement identifier la créature comme étant un démon, mais c'était bien la première fois qu'il en voyait un que l'on pourrait presque qualifier de petite chose « innocente », c'était… comme si cette petite chose rose et effrayée n'avait pas conscience de sa nature profonde, ni de la puissance naturelle dont cela la doté. L'odeur de Lithariel était toujours présente et cela perturbait son esprit et ses réflexions.

    - Je ne comptais pas te faire de mal, pas plus que je souhaite t'en faire à présent.

    Solenar se détendit légèrement, relâchant encore un peu son étreinte tout en gardant une pointe de méfiance envers celle qui s'accroche à lui, c'est d'ailleurs bien la première fois que quelqu'un agissait ainsi à son égard, l'elfe n'avait pas l'habitude d'être considéré comme un obstacle qu'il fallait gravir. L'elfe reprit son apparence purement elfique, abandonnant les traits « monstrueux » qui avaient en partie déformé la beauté naturelle de son visage.

    - C'était instinctif, quand tu as bondi je n'ai pas eu d'autre choix qu'envisager une attaque, les gens ne sautent pas sur les autres sans raison et généralement quand ça arrive, ce n'est pas pour se blottir comme son interlocuteur.

    Leur proximité n'avait d'ailleurs rien de protocolaire, c'était même tout l'inverse, pourtant l'elfe n'était pas perturbé, du moins pas par des choses qui auraient sans conteste atteint l'esprit des plus faibles. Restant de marbre, il continua.

    - Je ne fais pas de mal aux gens qui ne le méritent pas, tu peux me croire, je me défends simplement contre les menaces, et pour l'instant tu ne sembles pas en être une.

    Si ce n'était pas totalement faux, ce n'était pas pour autant totalement vrai. Disons que l'elfe n'avait pas pour habitude d'éliminer des gens qui selon lui ne le méritaient pas, par contre lorsqu'il en décidait autrement…
    Mais heureusement tout cela elle n'avait pas obligé de le savoir, pas plus qu'elle n'était obligée de le comprendre, d'ailleurs peu de personnes pouvaient comprendre cela. La majorité des gens vivaient dans leurs petites bulles, respectant des règles qu'ils ne comprenaient même pas, espérant de tout cœur être meilleurs en les suivant à la règle. Solenar était au-dessus des règles, au-dessous de tout ce qui régissait le monde .

    - Utile ? Tu es sûrement beaucoup de choses, mais je ne crois pas que tu sois « utile », et les outils sont utiles, et le propre des outils c'est d'être utilisé sans consentement et je ne pense pas que ce soit ce que tu souhaites.

    Il la relâcha totalement, néanmoins, il laissa une main dans le dos de la démone pour qu'elle ne bascule pas en arrière.

    - Est-ce que tu as conscience de ce que tu es ?

    Une bien étrange question, mais qui pouvait avoir son importance de ce genre de rencontre nocturne.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Dim 21 Mai - 11:03
    Complainte nocturne
    Février 04


    La peur refluait doucement, mais la forte impression de sang, de rejet et de perte me labourent toujours le cœur. Une larme roule sur ma joue de son propre chef. Doucement, mes poignets échappent à ses mains et je ne remarque pas vraiment son changement de visage. Il est toujours le même qu'importent ses yeux et ses crocs. Il pourrais toujours me mordre, j'en ai la conviction.

    J'acquiesce quand il souligne le fait que lorsqu'on bondit sur quelqu'un, c'est rarement pour l'enlacer. Il a raison. Je l'ai pris par surprise parce que je ne voulais pas penser. En un mouvement plein d'affection, j'enlace  tendrement les épaules du grand humain prédateur et loge mon visage dans son cou, inspirant le parfum de sa peau à l’apaisant bouquet d'éther et d'obscurité. Pour me rassurer ? Pour apaiser la perte et l'horreur ? Parce qu'il me rappelle tant Aryan avec sa façon de simplement m'expliquer ce qui a lieu sans se formaliser que je ne sois pas tout à fait humaine encore ?

    - Je ne mérite pas... " soufflais-je, sibylline, mon cœur comprenant bien plus de choses que ce que ma tête et encore moins mes mots ne pouvaient exprimer.

    Il ne me trouve pas utile mais je ne me formalise pas. Il ne sait pas... Et moi non plus je ne sais pas ce que je veux. Utile... Utilisée... Je fronce le nez. Est-ce que c'est ce que je veux ? Je ne sais pas... Mais lui ne veut pas m'utiliser et ça me suffit.

    - Ce que je suis ? " je me redresse pour le regarder en face, yeux dans les yeux, les oreilles tendues sous l'attention que je lui porte. Un sourire rayonnant illumine mon visage. " Maintenant oui !

    Cette question jadis si lourde avait maintenant une réponse simple. Une impression douce. Me tenant à lui d'une main, l'autre vient repousser une mèche de cheveux de son front trop pâle.

    Je suis l'ombre voilée, de peur de te haïr,
    Le chemin embrumé qui mène à ton plaisir.
    Je motive tes pas ou élève tes peurs.
    Je suis le creux au ventre et la faim en ton cœur.

    Libère-toi, je m'éteins.
    Etreins-moi, je te mange.
    Pulsions et émotions me font un lit étrange.

    Bien heureux celui qui de moi se nourri
    Bien fade devient la vie pour celui qui m'oublie.
    Sauras-tu qui je suis ?


    Pour la première fois, ce poème ne me donne qu'une impression de jeu délicieux. Maintenant, moi, j'en connais la réponse. Je sais ce que je suis. J'ai été nommée. J'ai été rappelée. Lui saura-t-il ce qui se cache en mon feu aussi doux qu'intense ? Très loin de penser à une autre nature ou aux noms que m'ont donné les humains il y a longtemps, un nom que je ne comprends pas et ne reconnais pas, c'est le mien qui demande à être prononcer encore une fois.

    Dans un nouvel élan de curiosité, je poursuis cependant, la voix toujours aussi caressante.

    - Et toi ? Qu'es-tu ? Qui es-tu ? Tu sens la nuit, l'éther, le chasseur, le sang et les premiers rayons d'une lune d'hiver... Je n'ai jamais vu d'humains comme toi.

    CENDRES
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  • Mer 24 Mai - 13:56
    Malgré son âge plus qu’avancé, Solenar n'avait jamais été habitué à de tels élans affectifs, se faire enlacer n'était clairement pas quelque chose de courant, tout comme se faire grimper dessus d'ailleurs. De par son expérience, le vampire s'imaginait mieux « réagir » à ce contact soudain que la plupart des gens, bien sûr il fallait mettre de côté sa première réaction uniquement due à son instinct. Même s'il resta de marbre lorsqu'elle enfouit son visage dans son cou, l'elfe ne pouvait nier que quelque chose l'affectait. Depuis combien de temps parcourait-il ces terres ? Beaucoup trop, trop d'années à errer… à devoir se cacher, à être considéré contre un vulgaire monstre, chose qu'il avait appris à assumer au fil des âges. Apprendre à vivre sans s'occuper du regard des autres avait été très difficile durant les premières années de sa malédiction… mais il était parvenu à passer outre, ce qui n'était pas le cas concernant ses vieux démons…

    Vieux démons qui prenaient plaisir à lui lacérer le cœur depuis qu'il avait reconnu le parfum de sa bien-aimée… Malgré tout, il n'était pas certain que l'effet soit volontaire, que ce soit une chose que la démone fît volontairement, mais plutôt une chose de passive sur laquelle elle ne pouvait pas influer. Malgré son comportement et sa vraie nature, elle restait contre lui… comme si elle ne craignait pas ce qu'il était… C'était bien la première fois qu'une telle chose arrivait, c'était peut-être aussi une des rares fois où il avait changé de forme sans pour autant donner la mort.

    Attentif à la devinette, l'elfe resta mué plusieurs secondes, il réfléchit un instant sans pour autant donner de réponse, et puisqu'elle semblait s'intéresser  lui autant répondre.

    - C'est peut-être parce que je ne suis pas un humain ? Je peux être tout à un tas de choses. Un ami, un ennemi, un marchand, un elfe, un vampire ou encore un monstre. À toi de choisir par quel mot tu souhaites me nommer. Le commun des mortels utilise cependant mon prénom : Sølenar.

    Il jugea que préciser son métier de négociant originaire de Melorn n'était certainement d'aucun intérêt avec ce genre d'interlocutrice, c'était comme parler de la pluie et du beau temps. La devinette lui revint en mémoire.

    Bien heureux celui qui de moi se nourri
    Bien fade devient la vie pour celui qui m'oublie.

    Je t'aime Lirathiël…


    L'image de sa belle lui revint en mémoire et lui serra le cœur, c'était comme si celui-ci était pris entre des griffes acérées le blessant un peu plus à chaque battement. Aussitôt la réponse sembla plus claire, peut-être trop d'ailleurs. Il n'était pas mentir que de réfléchir à la devinette avec ses besoins et ses envies actuels ne lui permettait pas de trouver une réponse. Il devait visualiser la chose avec un autre état d'esprit, celui d'un mortel au besoin plus « classique ». L'abandon… la solitude, tout ce qu'il avait vécu depuis faisait de lui quelque chose de plus difficile à cerner, mais il pensait avoir trouvé, ou du moins être sur la bonne piste.

    - Et toi es… tu es la « passion » ? Ou peut-être « l'amour », celui qui nourrit les cœurs.

    Amour… drôle de façon de se définir.
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  • Mer 24 Mai - 21:55
    Complainte nocturne
    Février 04


    Je cligne des paupières. Lui aussi est beaucoup de choses ! C'est si surprenant ! Alors d'autres se laissent définir par le monde qui les entoure tout en gardant leur nature propre ?

    - Sølenar. " répétais-je pour être sûre d'avoir le bon ton.

    Je n'avais encore jamais vu un humain faire ça avec autant d'aplomb. D'ordinaire c'est moi et je ne comprend pas pourquoi ils sont si réticents à m'offrir un nom, une envie, un besoin. Quoi que ce n'est pas exactement pareil. J'ai bien des noms sur une nature. Lui à un nom mais bien des natures. Elfe. Marchand. Vampire. Un monstre. Il n'a pas l'air d'un monstre à mes yeux, mais je suis sûrement mal placée pour le voir étant donner que je ne le vois pas non plus en moi... Et je ne crois pas l'avoir vu dans qui que ce soit. Humain ou non. Monstre, ça veut dire mauvais et non naturel. Des concepts qui restaient assez abstraits pour moi. Mais... Vampire ?

    - C'est quoi un vampire ?

    Écoutant sa réaction par tous les pores de ma peau, mes oreilles pointées vers lui, je le scrute. Mes petites cornes de diamant scintillent sous les rayons de la lune. Mais lui, il est stoïque. Imperturbable. Il me soutient et son corps vibre pour lui, mais son visage imperturbable n'offre rien. Surface de glace. Soif de sang. Froideur d'une créature aux couleurs trompeuses masquant un visage bien différent. Un regard dont chaque facette semble d'une nature différente au point de s'oublier lui-même malgré son nom unique... Et pourtant capable de devenir un être complètement différent... Un véritable Papillon.

    Mais il continue et bascule à nouveau sur les mots que j'ai gravé sur le cœur. ... Et fait l'erreur de s'exclure. Penser comme un autre. Papillon volette sans oser se poser et vise finalement la fleur d'à côté. En se prenant pour quelqu'un d'autre, il fait ce que beaucoup font, galvaudant un mot en l'utilisant pour tant de choses qui n'en sont pas. Un gloussement m'échappe et je caresse sa joue, taquine, ma voix fluide coule de source.

    - Si proche et si loin, comme le commun des humains. Je suis Amour pour bien des cœurs mais ce n'est pas le mien. La passion brûle et dévore mais ne nourrit rien. Vous aimez tellement souffrir de ce que vous adorez. " Je penche la tête sur le côté, cherchant plus loin dans ses yeux, une lueur d'un feu d'outre tombe luit dans mes pupilles fendues, si dilatées qu'elles en deviennent rondes. Il trouvera... Il retrouvera le chemin, où je le retrouverai pour lui.

    La journée passée contre Panthère m'évite de saliver. Je repose ma tête au creux de son cou, me détendant entre ses bras. Longtemps... Si longtemps que je ne me suis pas sentie soutenue ainsi.

    - Tu as des ailes ? Comment tu fais pour vivre au milieu des humains sans qu'ils ne te fassent du mal ?

    CENDRES
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  • Lun 29 Mai - 19:21
    L'elfe ne savait que peu de choses concernant les démons, certains racontaient qu'ils étaient tous mauvais, d'autre qu'ils étaient à l'image du monde, que tout ne pouvait pas être blanc ou noir et qu'il existait bon nombre de nuance. Quel genre de nuance pouvait-elle être ? Solenar avait l'étrange impression de jouer avec une rose, aussi magnifique qu'elle pouvait l'être, une rose n'en restait pas moins affublé de pique, ou de griffes pour être plus « pertinent ». Elle n'avait visiblement pas peur de lui, tout comme il n'avait pas peur d'elle, mais la méfiance était quant à elle bien présente.

    - Les vampires sont… les victimes d'une ancienne, très ancienne malédiction. Ils y gagnent l'immortalité, mais sont dévorés par un appétit que seul le sang frais peut sustenter. C'est un mal qu'aucun guérisseur ne peut soigner, et ce n'est pas faute d'avoir essayé.

    Des dizaines de tentatives vouées à l'échec pour se débarrasser d'un mal qu'il n'avait jamais désiré. Au final jamais rien n'avait fonctionné, l'acceptation cependant… acceptée ce qu'il était avait permis de passer outre le mal. Il ne pouvait pas revenir en arrière, il ne pouvait pas se soigner alors pour quoi ne pas embrasser cette nouvelle condition plutôt que de passer une éternité à voguer à contre-courant ?
    Il n'était pas un simple elfe, il était bien plus que cela à présent.

    - Mais nous ne sommes pas tous égaux, certains vampires sont plus jeunes que d'autres, plus fougueux que d'autre, certains tuent uniquement par plaisir, d'autre telle que moi le font pas nécessité.

    L'elfe présentait toujours la chose sous le même angle : la nécessité.
    La nécessité de se nourrir, la nécessité de se défendre, la nécessité de rendre juste… l'on pouvait mille et une façons de justifier un meurtre de sang-froid. Dans la grande majorité des cas, l'elfe n'éprouvait aucun plaisir à tuer, excepté quand ladite personne ne méritait, ce qui arrivait quelquefois.

    Solenar haussa un sourcil, visiblement, même en ayant quinze mille d'existence, il était toujours aussi mauvais aux devinettes, conclusion qui ne flattait pas vraiment son égo, mais il survivrait. Il avait bien d'autres idées, mais encore une fois il pouvait se tromper, il allait tenter une approche beaucoup plus subtile en espérant voir une quelconque réaction.

    - Vous… C'est vite dit ça « vous », dans mon cas la faim brûle et dévore plus la que la passion, et je doute que « faim » soit ton nom. Je ne suis malheureusement pas un grand adepte de la souffrance, du moins j'y ai suffisamment goûté pour avoir d'autres désirs.

    Vivre au milieu des humains… la chose n'était ni simple, ni compliqué, il fallait se contenter de copier leur mode de vie.

    - Comment ? Et bien je leur ressemble, cela facilite grandement les choses. J'étais comme eux il y a fort longtemps, je veux dire « mortel », sous cette perspective le monde est tout autre ; peur, doute… les humains sont animés par toutes sortes de pulsions qui les rendent fascinants à observer. Eux aussi ils désirent bon nombre de choses…

    Cela faisait déjà de nombreuses minutes qu'ils étaient là à discuter sur le toit comme si le monde leur appartenait, or ils n'étaient pas seuls.

    - Je pourrais t'en dire plus, mais avant tout, pour vivre au milieu des humains il faut paraître normal, se tenir dans les bras et discuter en pleine nuit sur un toit ne fait pas partie de la normalité chez eux, il serait de bon aloi de rentrer.
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  • Lun 29 Mai - 20:44
    Complainte nocturne
    Février 04


    J'écoute. Je me repaît de ses explications autant que de sa chaleur. Comme un animal à sang froid, cette proximité me tient alerte. Les pensées qui coulent. Les émotions qui fleurissent. Dans une confortable ouverture, je ne suis qu'un cours d'eau qui charrie les galets, les feuilles et laisse passer les poissons aux couleurs changeantes et à l'éclat fugace. Un sourire glisse silencieusement. Il cherche...

    - ... et je doute que « faim » soit ton nom.
    - et pourtant... " riais-je à demi sous son oreille attentive.

    Menteur... Pas un adepte de la douleur. Mais il articule et appuie sur un mots qui aurait du être son contraire. Je dresse littéralement une oreille. Les syllabes roulent sur sa langue et passent ses lèvres. Sa gorge vibre à un souffle des miennes, sous l'effet de ses cordes vocale. Le battement qui aurait du se trouver là, le long de son cou, était absent. Une première chez un humain... Mais l'important est une question bien plus pressante. L'a-t-il fait exprès ? C'est comme jouer à cache-cache avec un écureuil ! J'aime cette chasse aux mots !

    C'est bien la première fois que cela m'arrive. Pas seulement trouver mes mots ou prendre ceux des autres, mais masquer un mot que j'ai déjà pour le plaisir de voir un autre le trouver. C'est doux et ça picote la langue comme du miel de printemps.

    Je plisse les yeux sans me redressée, toujours logée dans son cou. De nouveau il prononce ce mot. Articulé à l'extrême, son intention clairement portée sur moi. La caresse de deux syllabes amusées. Je resserre un peu ma prise autour de ses épaules, mes pupilles fendues rétractées derrière mes paupières closes. Mon cœur bat profondément et un délicieux frisson me remonte le long du dos alors que l'instinct revient à la charge. Je ne me retient que difficilement, le serrant un peu plus fort, mais je me retiens de tout commentaire. Ma main caresse l'angle de sa mâchoire. J'ouvre la bouche, respirant bruyamment alors que je lutte contre moi-même... Pas envie de lui dire si vite. Pas juste comme ça. Comment ? Je ne sais pas.

    - Les peurs, les doutes et les pulsions ne dépendent pas du temps. " soufflais-je avant de pencher la tête contre son épaule, surprise parce qu'il continuait à dire. Normal. Se tenir dans les bras ne l'est pas... " Pourquoi ? Pourquoi ce n'est pas normal ? ... Et où rentrer ?

    Et soudain, une idée incongrue, mais qui me semble assez bien correspondre aux humains, me vient en tête.

    - Tu oseras me nommer, au lieu de chasser l'air de rien, lorsqu'il n'y aura plus d'autres yeux que les miens ? "

    CENDRES
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  • Sam 3 Juin - 13:35
    L'elfe observait silencieusement, guettant la plus infime des réactions chez son interlocutrice. D'ailleurs il y avait bien eu une réaction lorsqu'il prononça un mot précis. Soit il touchait au but, soit il n'était plus très loin de la véritable réponse. Contre toute attente Solenar se prêtait finalement au jeu avec un certain plaisir coupable. Il avait envie de savoir jusqu'où cette petite devinette aux allures anodines allait le conduire, la curiosité était certes un vilain défaut, mais pouvait-on lui reprocher un cet intérêt pour une rencontre hors du commun ? Ce n'était pas tous les soirs que l'elfe avait l'occasion d'échanger avec un démon, encore moins un démon qui de prime abord semblait inoffensif, bien sûr il fallait oublier les extrémités griffues et cette fragrance qui inondait son esprit, mais au-delà de ça rien ne l'inquiétait réellement.

    Même s'il n'en laissait rien paraître, pouvoir sentir le parfum de celle qu'il avait autrefois aimée était… une sensation particulièrement douloureuse, c'était comme farfouiller dans son cœur et dans son esprit avec une lame affûtée.

    L'elfe ne se rendait pas forcément compte que cette sensation, cette odeur familière influait d'une manière ou d'une autre sur ses sens. Inconsciemment il se sentait plus confiant, c'était… comme si sa bien-aimée se tenait encore contre lui, il n'avait qu'à tendre la main pour caresser l'une de ses joues, pencher la tête pour quérir ses lèvres dans un long baiser, elle était juste là…
    Non.
    Il devait se ressaisir, rester maître de ses émotions. Elle était morte et enterrée, elle n'était pas là. Ce qu'il ressentait… cet amas de sentiment d'un autre temps n'avait plus sa place ici, ce n'était qu'un effet secondaire au contact du démon, rien de plus.

    - On dirait que tu t'y connais en émotions, je serais curieux de connaître tes doutes, tes peurs, tes désirs…

    Il jouait, peut-être un peu trop d'ailleurs. Solenar flirtait dangereusement avec le zèle, c'était quelque chose qu'il aimait, marcher au bord du précipice pour se sentir vivant… sauf que cette fois le précipice était accroché à son cou et jouer au plus malin n'était peut-être pas la meilleure idée qu'il pouvait avoir.

    - Disons simplement que tu as beaucoup à apprendre du monde qui t'entoure, je pourrais t'aider, du moins si c'est ce que tu souhaites. Moi aussi j'ai dû apprendre certaines choses à mes dépens, le fait est que moi personne ne proposait de me guider.

    Comprendre ce qu'il était devenu, comprendre ce que les gens ressentaient en le voyant… tout cela lui avait prit beaucoup de temps, trop de temps qu'il avait passé à errer comme une âme en peine en craignant les chasseurs, la justice ou toute organisation qui aurait souhaité lui faire voler la tête des épaules. Maintenant il n'avait plus cette crainte, comme n'importe quel autre mortel il pouvait aller boire et manger dans une taverne, sortir de jour comme de nuit, et cela sans que rien ni personne ne puisse le soupçonner de quoi que ce fut. C'était un savoir qu'il pouvait transmettre, ou garder précieusement pour lui en fonction de son humeur.

    - Oser ? J'ose bien des choses, j'aime simplement être sûr de mes mots. Suis-moi.

    ***

    L'elfe se laissa tomber sur le balcon de la chambre qu'il louait, faisant preuve d'une agilité certaine propre à sa race, il avait fait preuve d'une grande discrétion. Il poussa légèrement la porte-fenêtre qu'il avait laissée entrouverte en quittant la chambre et invita le démon à le suivre.

    - Ici personne ne risque de nous voir.

    Ni de les surprendre, l'elfe pouvait sans difficulté entendre quelqu'un se déplacer dans le bâtiment, si une quelconque âme comptait s'approcher de la porte, il l'entendrait à coup sûr bien avant qu'elle n'atteigne la porte. L'elfe fait volte-face et pose son regard sur son interlocutrice.

    - Désir, c'est bien cela ? Pourquoi faire tout un mystère de ton nom ? J'espère que le prononcer n'attire pas de malédiction, une à la fois ça me convient.
    Invité
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  • Mar 6 Juin - 1:40
    Complainte nocturne
    Février 04


    - Les miens ?

    Je reste à l'abri de son cou, mais j'ai perdu mon sourire. Décidément, plus il parle, plus il me rappelle mon Grand Duc. Les miens... Mes doutes. Mes peurs. Mes... Mes... En ai-je à moi ? Mort m'a-t-il laissé des doutes ? Mes peurs... ça oui, j'en ai mais pourquoi veut-il les connaitre ? Une flamme le gratte et le chahute, comme elle me gratte moi à la vue de quelque chose d'imprévu, sauf qu'en plus de suivre le papillon, lui va chatouiller le dragon qui dort.

    - Panthère a dit qu'elle pourrait m'aider. Grand-Duc aussi. Toi maintenant. Mais je ne sais pas comment... je ne suis pas quelqu'un qui sait... "
    soufflais-je à regret, parfaitement sérieuse. Je n'étais pas digne et pourtant certains m'apprenaient quand même un peu. Derrière ces mots nébuleux se trouvaient la marque au fer rouge de celui qui avait condensé mon être par sa soif avide. Maintenant je sais à quel point il était un parfait produit de l'humanité mais à l'époque il était mon Maître. " Je suis quelqu'un qui sert. "

    Cette lourdeur disparait aussi vite qu'elle est venue. Mes idées scintillent, vont et viennent au fil des changements de la brise et du vol des lucioles. Grisée par son jeu de cache-cache, je le défi juste un peu et il relève avec honneur. Alors je glisse à bas de son corps et le suis sur les tuiles pentues.

    - Ah. Tu n'aimes pas avoir tort. " soufflais-je en comprenant sa dernière assertion.

    Il saute souplement sur le balcon, sans problème, et je glisse à sa suite, sautant sur la rambarde puis sur le sol à quatre pattes, comme un fauve, avant de me relever sur mes jambes, droite et souple comme une flamme sur le fond noir. un peu plus loin dans la rue, un fumeur attardé à sa fenêtre nous suis encore des yeux, ébahit. Un homme puis une ravissante femme nue entièrement rose, se déplaçant sur le gris et blanc du toi hivernal jusqu'au balcon. Le saut bestial. La fluidité surréaliste. Il prend une autre goulée de fumée verte et se retourne vers son bureau, attrapant sa plume et la page laissée en plan.

    Toujours debout sur le balcon, ma main se pose sur le chambranle de la porte fenêtre qui laisse entrer l'air froid et la lumière multicolore de la lune. Cette lueur splendide qui repeint de teintes vives le sol, les draps, le bois, les moulures, chaque détail de cette chambre encore plus grande que celle de Panthère. L'odeur de Papillon était présente mais peu imprégnée. Une nouvelle tanière ou une ancienne dans laquelle il venait de revenir. La douceur de la température intérieur me lèche par moment le visage et les mains sans que je ne franchisse le seuil, l'agitation de ma queue trahissant la mienne.

    Il n'y a personne d'autre ? Vraiment ?

    Il ne me trahira pas tout de suite ?

    Je scrute un moment, sens et écoute. Puis, doucement, lentement, en bête farouche, je fais un pas, les oreilles basse, inquiète et suspicieuse envers celui qui m'ouvre sa porte. Entièrement entrée, je vérifie la porte derrière moi, toujours ouverte, et m'enfonce un peu plus loin dans la pénombre de la salle. Du bout de mes petites griffes - bien moins impressionnantes sous cette forme que sous celle qu'on m'a rendue il y a si peu de temps - je suis la ligne d'une gravure dans le bois d'une table. Il attend que je tourne à nouveau mon regard vers lui, marchant d'un pas lent en arc de cercle, lui présentant toujours le même profile en une caracole étrange après avoir été si proche de lui.

    - La porte peut restée ouverte ? " demandais-je en m'arrêtant enfin face à lui. A droite la porte d'entrée. A gauche la fenêtre qui m'illumine à moitié, laissant l'autre dans l'ombre. La ligne que nous formons est parallèle au mur extérieur. Là ça va. Je ne me sens pas trop à l'étroit. C'est surprenant... Peut-être que Mort est allé trop loin. Peut-être qu'il m'a prit cette peur là avec le reste ?

    Mes oreilles se dressent droit vers mon hôte. Il me nomme cette fois. Directement. Franchement. Ses yeux d'un noir abyssal croisent mes pupille reptiliennes, soudain étrécies en deux fines lignes dardées au fond de ses prunelles. Le sourire de la jeune femme s'étend en une expression invitant à tous les possibles. Un vent doux, saveur d'un éternel printemps, souffle dans la pièce, caressant le visage du vieil humain, passant en doigts délicat dans ses cheveux d'ébène. Le sourire s'étend encore, la commissure des lèvres s'ébrèche sans le moindre son. Il cille. Une fois. La créature rose n'est plus. Ni de corps, ni de son.

    Non, le seul son qui parvient à Papillon tout d'abord, c'est un coup sourd. Profond. Grave. Puis un deuxième en échos. Puis encore. Ils vont par paire. Au fond de sa poitrine. Tou-Toum. Tou-Toum. Tou-Toum. Chaque coup produit un sursaut dans ses veines, une chaleur sous sa peau. Tou-Toum. Tou-Toum. Tou-Toum. Mais qu'y-a-t-il de plus normal... Tou-Toum. Tou-Toum. Tou-Toum... Qu'un cœur qui bat.

    Autour de lui, la chambre est la même et pourtant, elle a légèrement changée. Ici un miroir à main posé sur la table. Là une petite bouteille d'huile. Là-bas des rubans sur la table de nuit. Et sur le fauteuil, une robe de jour abandonnée. Dans l'air une autre fragrance est mêlée à la sienne. Une odeur du passé qui l'avait presque poussé à caresser une inconnue après l'avoir poussé à la menacer. Une odeur haïe et espérée. Un désir si douloureux né d'une culpabilité ineffable.

    Trois petit coups portés avec légèreté font vibrer la porte de bois.

    CENDRES
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