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  • Mer 7 Juin - 18:22
    Sauver les antilopes du Reike !
    Un mystérieux prédateur rôde.


    - On va entrer sur le territoire de ce vieux parano…

    Contrairement aux femelles oryx, les mâles étaient sédentaires, solitaires et territoriaux. Damiq était sans conteste une anomalie sur ce point. Comme les femelles, il était itinérant. En plus, il voyageait avec une mule et un humain. De part sa vie nomade, il devait connaître les territoires de chaque oryx mâle qu’il traversait. Si certains, conscients de sa stérilité, ne le voyaient pas comme un concurrent et le laissaient passer sans histoires, d’autres étaient un peu plus réticents. Et c’était le cas du seigneur de ces lieux. On le surnommait le Borgne, car il avait perdu un œil suite à une bagarre contre un jeune qui avait voulu s’approprier son fief. En raison de tempérament agressif, Damiq privilégiait la prudence. En plus loin, en contrebas, il pouvait voir la route empruntée par les bipèdes en direction de Kyouji. Ces derniers n’auraient pas d’ennuis avec le Borgne. Mais ils c’était les esclavagistes et autres bandits qui risquaient de s’en prendre à eux.

    Après avoir été quelques jours à Kyouji, Damiq repartait vers le nord. Sa destination principale était Sable d’Or, mais avant de l’atteindre, il passerait par de nombreux villages. Autour de lui, la végétation était encore bien présente, mais l’oryx allait quand-même devoir faire un arrêt dans un village pour se ravitailler en eau et se reposer. Puis peu à peu, elle se ferait plus rare. Mais Damiq était parfaitement taillé pour les longs voyages dans le désert.
    Tandis qu’il progressait, l’oryx constatait quelque chose d’étrange. Connaissant la grande méfiance du Borgne, c’était étonnant qu’il n’ait pas encore été repéré. En général, celui-ci surveillait de près les mâles qui traversaient son territoire et faisait en sorte que sa présence soit bien remarquée par ces derniers afin de leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas les bienvenus et qu’ils avaient intérêt à traverser son territoire rapidement. Même Zab ne suffisait pas à dissuader l’oryx. Peu à peu, une odeur nauséabonde de cadavre en décomposition se fit sentir. Les oreilles de l’hybride se baissèrent tandis qu’il masquait son museau dans son foulard afin d’atténuer la puanteur. Derrière un rocher, des mouches s’agitaient, puis des vautours s’envolèrent, dérangés dans leur festin. Les voyageurs se stoppèrent quand ils virent ce qui était à l’origine de l’odeur.


    - Pouah… Maintenant on sait pourquoi le Borgne n’était pas en train de nous fliquer !

    En effet, l’oryx gisait au sol. Puis quelque chose interpella Damiq. Son corps portait des traces de dépeçage ne pouvant-être que l’œuvre d’êtres sachant se servir de couteaux. Donc des humanoïdes circulaient à des endroits habituellement réservés à des animaux, surtout des grands herbivores. Puisque le Borgne ne s’approchait jamais de la route principale utilisée par les caravanes. Et bien-sûr, il était actif la nuit et au crépuscule, ce qui était rarement le cas des bipèdes. Damiq regarda autour de lui. Aucun son suspect, rien d’anormal. S’il y avait empreintes, elles avaient été effacées. Le coupable se cachait. Sans doute des rebelles qui chassaient pour se nourrir. Malgré tout, l’hybride avait senti une grande violence chez le, ou les responsables de la mort du Borgne. Sa trachée avait été arrachée d’un coup de mâchoire, mais juste après, il avait été soigneusement dépecé avec un objet tranchant. Cela avait quelque chose d’étrange.

    Il ne valait mieux pas trop s’attarder, car le corps du Borgne risquait d’attirer les prédateurs. Finalement, Damiq reprit son chemin, et alors qu’il s’éloignait, des vautours revenaient sur la dépouille pour reprendre leur repas. Ainsi, ils allaient empêcher que des épidémies ne se propagent aux autres oryx.

    Un peu plus loin sur la piste des herbivores, Damiq, remarqua la dépouille d’un Addax ayant subi les mêmes mutilations que le Borgne. Pas de doutes, le coupable était le même. Et surtout, il avait tué plusieurs antilopes en peu de temps vu que les carcasses étaient relativement fraîches. Sans doutes qu’il avait un groupe à nourrir, sinon, il tuait pour le plaisir. S’il trouvait un troupeau de femelles, il allait devoir les avertir de ne pas passer par le territoire du Borgne. Si cette chose tuait autant d’antilopes, les routes étaient encore moins sécurisées qu’avec uniquement les prédateurs naturels.

    Puis ce fut autour de trois gazelles Dorcas d’être victimes de l’étrange prédateur. Cela mit d’avantage en alerte l’hybride. Cette fois, les antilopes de la région étaient réellement en danger.

    Peu avant l’aube, l’hybride arriva enfin à destination, au village où il allait se reposer la journée. Il était bien content d’être arrivé entier. Car n’ayant pas trouvé de troupeau de femelles oryx, il avait été bien plus vulnérables aux attaques de prédateurs. Il demanda à Zab de remplir leurs outres et de l’attendre dehors avec la mule tandis qu’il allait demander une chambre pour la journée. Tandis qu’il entrait, des ivrognes sortaient, complètement torchés après une nuit de beuverie. Sans doutes qu’ils allaient profiter de quelques heures de sommeil avant de reprendre le travail. Damiq aurait toute la journée pour dormir. Il proposerait de vendre ses produits, ainsi que des consultations en fin de journée.


    - Bonjour, je voudrais une chambre pour deux et une place dans les écuries pour la journée.

    Un peu surprise, la gérante, une humaine, se montra un peu moins réticente quand l’oryx déposa une bourse devant-elle. Parler à des humains autres que Zab n’était pas ce qui enchantait le plus Damiq, mais il était bien obligé s’il voulait entretenir son esclave et sa mule. Une fois le paiement fait, la patronne amena l’hybride en direction de sa chambre. C’était assez modeste, avec deux nattes en guise de lit, mais il n’allait pas se plaindre. Il leur arrivait régulièrement de dormir à même le sol. Ils seraient au moins au frais pour la journée. Une fois les affaires déposées, Damiq rejoignit Zab afin qu’ils retirent le harnais de la mule et qu’ils l’installent dans les écuries. La bête s’empressa de manger la ration de foin qui lui avait été préparée. Puis ils laissèrent l’animal. Après un repas ressemblant d’avantage à un petit-déjeuner, ils prirent la direction de la chambre.

    Il fallut attendre la fin de l’après-midi pour que l’oryx ressorte. Il s’installa sur la place du village avec un stand modeste où étaient présentés divers produits. Damiq se mit en tailleur sur une natte et Zab l’imita. Pour le moment, les clients ne se pressaient pas vraiment au portillon. Tandis qu’il patientait, il entendit un berger se plaindre que quelque chose avait abattu ses moutons, ainsi que son chien venu les défendre du mystérieux prédateur. Ils avaient eu la trachée arrachée avant d’être dépecés. Quelque chose de curieusement familier pour l’oryx. Un soldat lui répondit que malgré des recherches, la chose arrivait toujours à se cacher, impossible de la dénicher. Mais elle semblait se déplacer, mais par d’autres routes.

    La curiosité de Damiq interpella le berger.


    - Toi l’oryx, t’as l’air d’en savoir quelque chose ! Tu connais le coupable ?!

    L’hybride soupira. Il n’avait pas vraiment envie de parler à ce type, mais il n’avait pas envie de se faire chasser.

    - J’ai vu des carcasses d’antilopes qui ont subi le même sort que ce que vous me décrivez avec les moutons et votre chien…
    - Donc ce truc s’en prends aussi aux antilopes du coin ?! Enfin, j’prèfère qu’il tue les antilopes que mes moutons…

    L’oryx baissa les oreilles d’un air agacé.

    - Enfin, même s’il tue que les antilopes, il prive les autres carnivores de nourriture et les prédateurs risquent de s’en prendre à votre bétail…

    Un homme posa sa main sur l’épaule du berger.

    - C’est triste à dire, mais on dirait que l’hybride vient de te clouer l’bec !

    Finalement, Damiq se mit au travail quand un elfe vint le voir pour avoir un remède contre des maux de ventre. L’argent n’allait pas se gagner tout seul ! Surtout que le soleil déclinait, et ils allaient bientôt reprendre la route.

    CENDRES

    Addax et Gazelle Dorcas:
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    Invité
    Anonymous
  • Mer 7 Juin - 20:31
    Enfin, se dit-il, il a réussi à sortir des collines découpant le sud du Reike en deux. Quelle farce cruelle. Si les montagnes étaient la source de minerais rares, et par conséquent la demeure des nains, avides de pouvoir les exploiter pour créer de leurs mains les merveilles de demain. Si les plaines étaient le terrain idéal pour transporter rapidement ces merveilles au quatre coins du monde. Alors les collines étaient l'entre-deux bâtard qui ne pouvait s'empêcher de décevoir sur ces deux aspects de ses nobles pères. Des routes tortueuses, si tant est qu'elles existaient, des plateaux et des vallons riant au nez des voyageurs tandis qu'ils se succédaient pour amocher aussi bien les roues que les pieds. Un sol changeant prêt à se dérober sous la botte ou bien révéler un caillou dissimulé.
    Leur seule grâce, c'était le terrain de chasse unique qu'elles offraient, mais là encore, Kérémir n'était que de passage, et son voyage avait été on ne peut plus tranquille à ce niveau là.


    Devant lui s'étendaient désormais les plaines orientales du Reike. S'il en croyait sa carte, quelque part au nord se trouvait Taisen, alors qu'au sud s'élevait Kyouji. Enfin, ça c'était en théorie, en pratique, Kérémir était au beau milieu de nulle part, et sa seule consolation était d'avoir quitté ces collines désespérément banales. Autant se mettre en route. S'il voulait rejoindre Taisen, il avait bien des lieues à parcourir. Le soleil était encore haut dans le ciel, et le nain était loin d'être épuisé. Et quand bien même il le serait, il n'avait pas vraiment envie de bivouaquer en terrain découvert, il ne connaissait pas la région, et par conséquent ses prédateurs, ou ses bandits. Après tout, les monstres et les bêtes sauvages n'étaient pas les seuls dangers sur les routes, des êtres mal intentionnés pouvaient également les parcourir, et Kérémir ne serait probablement pas capable d'en repousser plus d'un petit groupe sans y laisser des poils de barbe.


    Il continua ainsi sa route, alors que les arbustes et les roches faisaient lentement place aux herbes et aux blés. Au bout de quelques heures supplémentaires, il commença même à apercevoir des champs et prairies, et de temps à autre un fermier ou un berger. Normalement, il les auraient ignorés, mais il cherchait un endroit ou se reposer, et ces travailleurs étaient la preuve qu'il approcherait d'un village quelconque s'il suivait leur provenance, ou même leurs trajets si certains se décidaient à rentrer pendant qu'il cheminait. Une stratégie qui porta rapidement ses fruits, une heure à peine après avoir aperçu les premiers paysans, il arriva en vue d'une petite bourgade. Plus qu'à espérer qu'il pourrait s'y reposer.

    On ne l'arrêta même pas aux portes, ou à ce qui aurait éventuellement fait office de porte s'il y en avait eu une. L'endroit relevait plus de l’agglomération de fermes que d'une véritable bourgade, il y avait au mieux quelques barrières pour délimiter les propriétés et empêcher le bétail de se faire la mise. Kérémir rehaussa son sac sur ses épaules avant de s'engager sur la route fatiguée menant à la place du village. Elle n'était d'ailleurs pas très loin, au détour du deuxième bloc de bâtiments tout au plus. En arrivant sur place, il remarqua du coin de l’œil plusieurs stands plus au moins improvisés proposant divers services, entre le boucher essayant de vendre le fond de son stock, le potier qui proposait ses bols en terre cuite, et ce qui semblait être un herboriste ? En voyant l'hybride, le nain se crispa légèrement, il avait beau avoir rencontré plusieurs hybrides au cours de ses voyages, et fini par apprendre qu'ils n'étaient pas forcément néfastes, mais c'était toujours pour lui une vérité difficile à avaler, surtout quand l'individu faisait presque deux fois sa taille. Relâchant finalement sa garde en le voyant converser avec un client, Kérémir détourna le regard et se remit en quête d'un endroit où passer la nuit. Si quelque chose le mettait mal à l'aise, il avait juste à prendre une autre direction, et un bon pot-au-feu finirait de calmer son ardeur.

    Il ne lui fallut pas longtemps pour dénicher ce qu'il cherchait, une petite auberge délabrée qui ferait parfaitement l'affaire. Il poussa le battant de la porte, cherchant du regard la réception. Le comptoir n'était pas bien loin, mais il était un peu trop élevé pour la courte stature du nain. Fort heureusement, la réceptionniste était présente, et elle ne manqua de remarquer l'être singulier qui venait de passer la porte de son établissement, évitant ainsi une situation quelque peu embarrassante. Comme à l'accoutumée, Kérémir recensa son équipement auprès de la dame, visiblement tendue en le voyant détailler ses différentes armes, avant de demander une chambre pour la nuit et de sortir sa bourse.

    Quelques minutes plus tard, il était désormais installé dans sa chambre, une pièce simple avec une natte et une armoire en vieux bois. Il se déchargea lentement avant de se diriger vers la salle commune. Cette dernière n'était pas bien grande, mais le nain remarqua assez vite un coin un peu plus calme où il pourrait s'installer avec sa choppe et son bol de gruau. Alors qu'il soupait tranquillement dans son coin, il ne put s'empêcher d'entendre les discussions animant la salle en cette fraiche soirée.

    J'te dis que j'ai encore perdu un mouton ce matin. J'tourne les yeux deux secondes, et vlà ti pas que cette foutue brebis disparait. j'ai mis la journée à retrouver ce qu'il en restait.
    T'avais qu'à retourner la terre plutôt que de t'enticher avec ces bêtes. Combien d'années qu'elle avait, et pour quel résultat ?
    J'te rappelle que t'as perdu la moitié de ta récolte l'année dernière parce que ton copain le soleil a décidé de briller un peu trop fort.
    Raaah, ça va, j'avais assez grain en réserve pour tenir l'hiver, et j'ai juste eu à replanter cette année. Ton mouton il te faudra des années pour en élever un autre.
    C'est une calamité je vous dis. Ca commence avec les bêtes, mais qui vous dit que ça ne va pas aussi finir par faucher les champs, hein ?


    Pfft, il y avait fort à parier que ce n'était qu'un loup qui avait fauché la pauvre bête, pensa Kérémir. Des bêtes qui disparaissent, ça arrive tout le temps, surtout dans un endroit aussi rural.

    Ouais bah, peut-être qu'un de ces quatre, c'est toi qu'on va retrouver dépecé avec ta gorge en charpie !

    Dépecé ? L'hypothèse du loup était désormais à écarter, un simple prédateur n'avait ni les moyens, ni l'envie de s'adonner à ce genre de pratiques. Peut-être que ce village était plus digne d'intérêt que ce que Kérémir avait initialement imaginé, mais ce n'était pas le bon moment pour creuser la question. Trouver un employeur à cette heure-ci était probablement hors de question et de toute façon, se mettre au travail sous le couvert de la nuit était le meilleur moyen de finir six pieds sous terre face à cet ennemi inconnu.

    Il décida tout de même d'en toucher un mot à la réceptionniste avant de remonter dans sa chambre. Peut-être qu'elle pourrait l'aiguiller pour le lendemain.

    Dites, c'est quoi cette histoire de bête qui rôde dans les parages ? Besoin d'aide ?

    Alors même qu'il prononçait ces mots, l'hybride qu'il avait aperçu plus tôt sur la place du village fit son entrée dans le hall de la réception, obligé de se courber pour ne pas se prendre le cadre de la porte avec ses longues cornes.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mer 7 Juin - 22:56
    Sauver les antilopes du Reike !
    Un mystérieux prédateur rôde.


    Le soleil finit par enfin se cacher derrière l’horizon, signe qu’il était l’heure de fermer boutique. D’ailleurs, un potier pas loin, était déjà en train de ranger soigneusement ses récipients en céramique. Aidé de Zab, Damiq se chargeait de ranger son stand. Avec la nuit qui tombait, ils allaient poursuivre leur route. L’oryx doutait que le sort des antilopes locales puisse émouvoir les locaux. Tout le monde s’en fichait des antilopes. Elles n’étaient bonnes qu’en trophées de chasse ou en rôti. Tandis qu’il allait aux écuries en compagnie de Zab pour préparer la mule, il entendit des habitants parler du mystérieux tueur de bétail. L’un d’eux attira leur attention. Un chasseur mentionnait des antilopes tuées par la bête.

    Il était compliqué de vivre avec les bipèdes quand on était une espèce-proie, même si on avait un Zab qui s’était bien acclimaté à la vie avec un troupeau d’oryx et connaissait bien les codes sociaux. Mais il était plus l’exception que la règle. Damiq attacha sa mule à l’abreuvoir réservé aux voyageurs de passage et entra dans la taverne suivi de Zab en direction de sa chambre pour prendre ses dernières affaires  avant de lever le camp. Bien sûr, pour passer la porte, il avait été contraint de se baisser à cause de ses cornes et de sa grande taille. Zab, plus petit, n’avait pas besoin de ça. Beaucoup de regards se tournèrent vers l’oryx. Entre sa grande taille, son statut d'hybride et le fait qu'il ne se contente que d'un pagne comme tenue avait de quoi attirer l'attention. L’humain qui l’accompagnait se cachait derrière lui. Il n’était pas très à l’aise avec ses semblables. Une enfance en tant qu’esclave, ainsi qu’un premier maître tyrannique n’ayant pas vraiment aidé.

    Encore des discussions sur les moutons tués par la mystérieuse bête. Au comptoir, Damiq remarqua un nain. Mais il n’y prêta pas d’avantage attention. Ce n’était pas très rare d’en voir un. Jusqu’à ce que le nain en question ne pose une question trahissant un certain intérêt pour cette étrange bête. En tout cas, si les habitants voulaient coincer cette chose. Chercher autour du village ne suffirait pas. Damiq soupçonnait le mystérieux tueur de bétail et d’antilopes d’user des pistes des grands herbivores pour se déplacer.

    Tandis qu’il montait à l’étage pour aller chercher ses affaires, Damiq repensa aux antilopes. Puis au nain qui disait vouloir enquêter. Il avait beau ne pas faire confiance totalement aux bipèdes, il se disait que la situation était critique pour les antilopes. Si on n’arrêtait pas cette chose, l’oryx craignait des conséquences tragiques pour des animaux dont il était proche. Neutraliser le mystérieux prédateur avant de devoir prévenir tous les troupeaux d’éviter la zone. Avec ses pouvoirs de communication animale, il pourrait également avertir les autres espèces.
    Il regarda Zab.

    - Tu remets la mule aux écuries et je vais voir pour payer une nuit de plus ici.

    L’humain s’exécuta et quitta l’auberge pour s’occuper de la mule tout en cherchant à éviter les regards des autres clients. Puis Damiq descendit à son tour et alla voir la tavernière pour lui demander une nuit supplémentaire. Puis il prit place près du nain au niveau du comptoir.

    - Cette bête vous intéresse ? Sachez qu’elle s’en prend aussi aux antilopes… Et il se comporte à la fois comme un bipède et comme une bête…

    L’oryx se gratta le menton d’un air songeur. Un des clients rétorqua une nouvelle fois qu’ils en avaient rien à faire des antilopes.

    - Je vous rappelle que si cette bestiole massacre les antilopes, sachez que les autres prédateurs s’en prendront au bétail bien plus qu’avant et pas sûr que vos chiens soient de taille à lutter…

    L’aide que Damiq proposait n’était désintéressée. Car cette chose rendait les routes des grands herbivores moins praticables.

    - Je pense que le mystérieux individu se dirige grâce à des routes alternatives.

    Un chasseur semblait voir de quoi il parlait. Cependant, rares étaient les bipèdes connaissant aussi bien ces routes.

    - Les pistes des grands herbivores…

    L’antilope hocha la tête.

    - Ouais, il se sert sûrement de ces pistes pour échapper aux bipèdes comme vous tous… Un peu comme les antilopes…

    Damiq connaissait bien ces chemins alternatifs. Il avait décidé de coopérer afin de faire stopper le massacre. Peut-être que les informations données par l’hybride pourraient aider à cerner la bête et mettre fin au massacre. Car Damiq ne se sentait pas de taille à affronter cette chose. Et si le Borgne y était passé aussi facilement, c’était clairement pas un adversaire à prendre à la légère.

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Jeu 8 Juin - 9:48
    C'était bien sa veine, il fallait que le sort se moque de Kérémir en lui mettant l'hybride sous le nez. Quelle plaie. Et la réceptionniste qui n'était pas non plus d'une grande aide, se contentant de hausser les épaules et de lui expliquer que des histoires circulaient sans cesse sur des bêtes sauvages et que les villageois étaient probablement en train d'exagérer comme à leur habitude. Et dire que cette soirée commençait si bien. Quoi qu'il en soit, une bonne nuit de sommeil était de mise, et Kérémir sentait qu'il n'obtiendrait rien de plus de la part des résidents, pas ce soir en tout cas. Il était sur le point de se lever pour quitter la pièce et retourner dans sa chambre, évitant autant que possible cette amalgame étrange entre un homme et ce qui semblait être une sorte de grande bête à cornes, probablement herbivore à en juger les sabots au bout de ses pattes, jusqu'à ce que...

    Cette bête vous intéresse ? Sachez qu’elle s’en prend aussi aux antilopes… Et il se comporte à la fois comme un bipède et comme une bête…


    Se comporter en même temps comme un bipède et une bête ? Il était clair que ce n'était pas là l’œuvre d'un banal prédateur, mais Kérémir ne s'était pas encore penché sur la question. Si tel était effectivement le cas, ça pourrait justifier les gorges déchiquetées et le dépeçage, à supposer qu'il y ait réellement un motif derrière ces massacres. Mais ça ne faisait pas de sens. Si l'auteur était réellement pourvu d'intelligence, pourquoi laisser les carcasses derrière lui ? Et si c'était une monstruosité sans cervelle, pourquoi chercher à les dépecer ? Et même, comment est-ce qu'il arrivait à perpétrer ses actes sans se faire remarquer ? Il était concevable qu'il arrive à isoler un ou deux moutons, mais au vu de ce qu'il avait entendu, il y avait eu nombre de récidives, alors comment ? Quelque chose clochait. Soit le modus operandi de la créature était incompréhensible, soit Kérémir avait à faire à quelque chose de bien plus sinistre que ce que ces paysans pouvaient imaginer. Une créature mi-homme mi-bête avec des pouvoirs occultes ? Et si elle était capable de se dissimuler parmi les hommes ? Après tout, il fallait bien qu'elle en fasse quelque chose de ces peaux qu'elle collectait.

    L'hybride ? La possibilité n'était pas à écarter, si c'était effectivement lui, venir parler à Kérémir pouvait être une stratégie pour lui faire baisser sa garde et ainsi le supprimer plus facilement. Mais il n'y avait eu aucune mention de meurtre sur autre chose que le bétail et les animaux sauvages, ce qui rendait cette hypothèse improbable. Un allié potentiel alors ? C'était le premier à avoir avancé une hypothèse plus élaborée qu'une simple superstition, et il savait peut-être des choses que le nain ignorait. Dans tous les cas, maintenir un œil sur lui pourrait se révéler utile.

    Ses instincts de chasseur étaient partis au quart de tour, mais sa méfiance était également montée en flèche. Le cas était épineux, et il serait sans doute sage d'éviter d'attirer l'attention. Fort heureusement, personne ne connaissait précisément les raisons de sa venue, si ce n'est la réceptionniste qui avait vu son attirail et écouté ses questions à l'instant, et l'hybride qui semblait l'avoir percé à jour. Il était alors plausible de déduire que si sa nouvelle proie était au courant de sa présence, elle ne se doutait pas encore de la traque qui l'attendait, mais il fallait rester prudent, et éviter de propager l'information pour mettre toutes les chances de son côté.
    Kérémir se retourna vers le demi-oryx.

    Pas maintenant, et pas ici. Trop d'oreilles. Si tu veux coopérer, va aux écuries, demain matin.

    Il n'attendit pas la réponse, se contentant de quitter le comptoir et de remonter dans sa chambre, qu'il s'empressa de fermer à clé. Cette nuit, il dormirait avec sa hache à portée de main pour éviter les mauvaises surprises. L'auberge n'avait qu'un seul étage, mais ça rendait tout de même une attaque par les fenêtres périlleuse, donc pas trop de mouron à se faire de ce côté là non plus.

    Il se réveilla très tôt le lendemain, les premières teintes du gris annonciateur de la journée pointant à peine à l'horizon. Il ne s'encombra pas outre mesure, n'emportant avec lui qu'une hachette de jet qu'il attacha à sa ceinture, histoire de ne pas être trop voyant tout en ayant un moyen de se défendre sans devoir transformer le village en brasier géant.
    Il y avait deux raisons à cette sortie matinale. D'abord, étudier le terrain alentours à une période de la journée où sa proie ne serait que peu ou pas active, et épier son futur compagnon avant de conclure un accord. Il était trop tôt pour lui accorder sa confiance, surtout qu'il était encore à ce stade un suspect potentiel.

    Il sortit de l'auberge, prenant soin de faire aussi peu de bruit que possible sur le plancher grinçant de l'établissement. Il n'avait pas choisi les écuries au hasard pour son lieu de rendez-vous. Elles étaient situées sur le flanc gauche de l'auberge, et elles ne donnaient pas directement sur la porte d'entrée, ce qui signifiait qu'il serait possible de s'éclipser sans se faire remarquer par l'hybride s'il venait à décider de s'y rendre plus tôt que prévu.

    Après s'être assuré que la voie était dégagée, Kérémir bifurqua dans la direction opposée aux écuries, se dirigeant vers la bordure du village. Une fois arrivé, il commença à en faire le tour, observant méthodiquement le relief du terrain. L'orée du village était globalement saturée de champs, mais le terrain était inégal, et il pouvait apercevoir quelques bosquets au loin, ainsi qu'un début de collines à l'ouest. Le territoire était varié, idéal pour un prédateur. Le débusquer sans informations complémentaires s'avérait déjà compliqué.
    Qu'importe, les premiers rayons du soleil commençaient à pointer, et les bergers s'affairaient lentement autour de leurs étables. Et aucun signe de l'oryx, peut-être que sa méfiance était mal placée après tout.

    Faisant bien attention à rentrer du même côté qu'il était parti, il se mit en route vers les écuries, fin prêt à parler chasse avec le dernier collaborateur auquel il aurait pensé s'adresser lors de ses voyages.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Jeu 8 Juin - 22:26
    Sauver les antilopes du Reike !
    Et accessoirement, les moutons !


    La méfiance du nain envers sa personne ne surprenait pas vraiment Damiq. En tant qu’hybride, il avait l’habitude qu’on le regarde de travers. C’était pour cela qu’il préférait largement voyager en compagnie des oryx. Les regards de travers étaient moins nombreux. Puis les animaux jugeaient d’avantage au comportement qu’à l’apparence. Beaucoup d’oryx avaient des cornes parfois tordues ou manquantes, ce qui n’empêchait pas un troupeau de les accueillir. Même Zab qui était un humain, avait finit par être accepté par les troupeaux de femelles avec qui voyageait Damiq. La mule et lui étaient là, c’était ainsi. Surtout qu’il avait appris à respecter les règles de vie chez les oryx. Même lui préférait vivre parmi eux. Mais parfois, il était nécessaire de passer chez les humains. Heureusement que ces voyages parmi les oryx offraient un peu de légèreté. Sauf quand une vieille bique avait l’idée de faire visiter un village ayant subi un massacre ignoble.

    Peut-être qu’il ne fallait pas insister. Au pire, il enquêterait de son côté et surtout, préviendrait les troupeaux de quitter une région devenant hostile. Tant-pis que les prédateurs s’en prenaient au bétail. Au bout d’un moment, si les bipèdes refusaient de coopérer. Puis Damiq n’était pas là pour chercher les embrouilles. Il avait un commerce à faire tourner et ces attaques de la bête mystérieuse rendaient les pistes des grands herbivores bien plus risquées. S’il pouvait de son côté au moins faire en sorte que les troupeaux évitent le territoire du défunt Borgne.

    Tandis que Damiq était sur le point de remonter dans sa chambre pour retrouver Zab qui était déjà en haut, une réponse lui vint de la part du nain. Il lui donnait rendez-vous dans les écuries le lendemain matin. Au fond, il n’avait pas tort.


    - Entendu, je serais aux écuries demain !

    Puis le nain prit congé de l’herbivore et alla dans sa chambre. Pour Damiq, c’était l’heure de manger. Il quitta la taverne et alla s’excentrer un peu du village pour aller brouter. Il allait profiter du fait que les bêtes soient parquées pour s’adonner à son repas. En plus, les mouches seraient moins nombreuses à le harceler à cette heure-ci. Peut-être des moustiques, mais ses poils limitaient les risques. Tandis qu’il mangeait, l’oryx restait attentif, ses oreilles pivotant au moindre bruit suspects. Quelques jappements d’hyènes se firent entendre, mais ils eurent en guise de réponse les aboiements de chiens du village.

    Un autre son interpella Damiq quand il remarqua les silhouettes de hyènes dans les hauteurs, prendre la fuite. Puis une ombre étrange que l’oryx ne saurait décrire traversa le décor très rapidement avant de disparaître à travers la végétation et les reliefs très inégaux du coin. Mais elle fut beaucoup trop rapide pour qu'il distingue quoique ce soit pouvant-être décrit. Par prudence, Damiq mit fin à son repas nocturne et retourna à la taverne pour rejoindre Zab dans leur chambre. Il se contenta de ruminer un peu avant de dormir. Pour le cas de l’humain, celui-ci était déjà plongé dans un profond sommeil. Bien sûr, il fallait encore qu’il dorme dans une de ses positions étrange qui poussait l’oryx à se questionner sur le confort de ce genre de pratique. L’esclave s’était mit en étoile de mer, perpendiculaire à la natte, ses pieds étant sur celle de Damiq. Mais celui-ci ne dit rien et se contenta de s’endormir.

    Il était rare que l’oryx dorme la nuit. Tout comme son acolyte humain. Contre les terribles températures du désert, ils s’étaient adaptés en étant actif, de la fin de l’après-midi au petit matin et pendant la nuit. Ils avaient marché pas mal de temps ces derniers jours et parfois rester quelques jours dans un même village n’était pas désagréable. Cela permettait notamment de s’offrir un bain. Même si l’oryx n’était pas un grand amateur de baignades, de temps en temps, cela ne faisait pas de mal.

    Damiq se réveilla le lendemain matin aux aurores. Après s’être lavé, il descendit avec Zab pour prendre un petit déjeuner. En tant qu’hybride, contrairement aux antilopes normales, il pouvait consommer de la nourriture humaine, comme des céréales et aliments cuits. Les humains étaient des omnivores n’ayant pas la meilleure dentition, en particulier pour les végétaux. Alors ils avaient inventé la cuisson comme une façon de pré digérer leur nourriture. Habile de leur part. En plus de donner de nouvelles saveurs.

    Une fois son repas terminé, Damiq alla en direction des écuries. Il avait laissé Zab à l’auberge, du repas ne lui ferait pas de mal. Puis il avait demandé à ce qu’on ne dérange pas l’humain. L’oryx retrouva sa mule qui mangeait tranquillement son foin, l’air de rien. Désormais, il n’avait plus qu’à attendre l’arrivée du nain. En espérant qu’il ne lui pose pas un lapin. Enfin, les bipèdes n’étaient pas ce qu’il y avait de plus fiable pour l’hybride, hormis ce cher Zab bien sûr.


    CENDRES
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  • Ven 9 Juin - 13:34
    Il approchait désormais de l'auberge dont les occupants se réveillaient doucement. Peut-être que les écuries n'étaient pas le meilleur point de rendez-vous finalement, il risquait vite d'y avoir du monde si les clients les plus matinaux se décidaient à récupérer leurs montures pour reprendre la route, mais tant pis, Kérémir avait fait vite, et ça devrait suffire. Il continua son chemin, et prit le tournant menant à l'entrée des écuries. Elles n'étaient pas bien grandes, comprenant à peine huit box avec un sceau en guise d'abreuvoir, disposés de part et d'autre d'un couloir principal. Des sacs de lins étaient entassés pêle-mêle contre le mur au fond, contenant sans doute diverses ressources appartenant au tenancier.

    Au niveau de la troisième rangée de box, il aperçut le demi-oryx, visiblement affairé avec une mule pendant qu'il attendait son arrivée. Ainsi donc, l'hybride s'était montré, et il n'avait pas encore exhibé le moindre comportement louche. Plus qu'à voir comment il allait réagir et ce qu'est-ce qu'il avait à offrir. Kérémir s'avança dans le couloir, hélant son collaborateur avec sa mine renfrognée habituelle.

    Oy, le cornu, je vois que t'es vraiment venu. Le nom c'est Kérémir, et je chasse les monstres.

    Les mots étaient secs et provocateurs, mais c'était là le parler habituel du nain, si l'hybride ne pouvait pas le supporter, c'était son problème.

    Je vois que t'as l'air d'avoir plus de jugeote que les corniauds du coin, mais je dois te prévenir. Si t'es pas le monstre en question, tu risques gros. Ce truc n'est pas un simple prédateur. Il est suffisamment rusé pour frapper sans se faire voir, et son but est étrange. Arracher des gorges, c'est bon pour les bêtes, mais en plus dépecer les victimes et laisser la carcasse au grand jour, ça ne fait aucun sens. C'est soit une créature intelligente avec des pouvoirs et des motifs cinglés, soit une abomination incompréhensible.
    Ce que je veux, c'est savoir ce que t'as vu, ou ce que tu sais. Si tu veux m'aider après... tu peux, mais je garantis pas que tu vas t'en tirer. Si j'ai vu juste, c'est une sacrée saloperie qui se balade dans le coin, et j'ai mieux à faire que de protéger une grande perche poilue.


    Kérémir se garda de détailler l'entièreté de son raisonnement, le demi-oryx était encore suspect, et il valait mieux aller droit au but et voir sa réaction avant de se lancer dans des hypothèses qui pourraient très bien s'avérer fausses. Après tout, combien de fois n'avait-il pas dû réajuster son point de vue après avoir vu faux ? Les bêtes sauvages étaient relativement faciles à cerner une fois qu'on avait de l'expérience, mais les créations impies, c'était une toute autre histoire...
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  • Ven 9 Juin - 19:37
    Sauver les antilopes du Reike !
    Et accessoirement, les moutons !


    Damiq s’affairait à brosser sa mule. L’équidé gardait son air blasé. L’hybride ne regrettait pas d’avoir troqué le petit chariot pour cet animal. Au moins, ils pouvaient passer par les pistes des grands herbivores plus accidentées. Mais au moins, il n’avait pas de risques d’attaques de pillards. Enfin, s’il n’y avait pas eu cette saleté ayant décidé de faire de ces routes alternatives, un de ses terrains de chasse. Si le nain ne déboulait pas, il irait chercher Zab et reprendrait sa route et sur le chemin, il tâcherait de prévenir un maximum d’antilopes pour que troupeaux évitent le territoire du Borgne. Heureusement qu’il avait son pouvoir de communication animale afin de se faire comprendre d’autres espèces.

    Finalement, le nain arriva enfin. Damiq avait déjà entendu les sons de ses pas. L’hybride fut interpellé par l’appellation du cornu. Il avait connu pire comme insultes. Il fit les présentations. Ainsi, il s’appelait Kérémir et se spécialisait dans la chasse aux monstres. Pas étonnant qu’il soit intéressé par la chasse à la créature tueuse d’herbivores. Son ton n’était pas des plus aimables, mais l’hybride préférait un type franc comme lui que certains marchands bien mielleux pour mieux te rouler par la suite. C’était aussi le cas de certains clients pour espérer une ristourne. Et quand ils comprenaient que leur attitude de lèche-bottes lourd ne fonctionnait, ils révélaient leur vrai visage avec un torrent d’insultes qui allait avec. Par échange de bons procédés, l’oryx se présenta à son tour.


    - Enchanté, moi c’est Damiq, herboriste itinérant.

    Kérémir en vint aux choses sérieuses. Damiq avait donc été un suspect dans l’affaire, ses oreilles se baissèrent. Il n’avait aucun intérêt à massacrer les antilopes. Les moutons auraient été effectivement un moyen de se venger des bipèdes, mais cette hypothèse s’effondrait rapidement quand on rajoutait les herbivores sauvages. Concernant les risques, le nain, avait parfaitement raison. Damiq ne sentait pas cette chose. Puis il n’était clairement pas taillé pour chasser la bête. En revanche, il avait des connaissances en matière de soins, savait quelles étaient les routes des grands herbivores et en profiterait pour avertir les utilisateurs animaux d’éviter les lieux.

    - Je suis conscient que cette chose est dangereuse. Elle rend les pistes des grands herbivores moins sûres, alors qu’on est tranquille vis-à-vis de ces ordures d’esclavagistes. Même si mes compétences en combat sont discutables, je connais bien les itinéraires des grands herbivores. Et ayant vu des cadavres d’antilopes sur le chemin pour venir ici, ce truc connaît ces chemins alternatifs. Mais vous, vous les connaissez ?

    L’oryx prit une petite pause.

    - Je suis spécialiste des soins. Donc si cette chose est si dangereuse, je pourrais au moins me charger de vous remettre en état. Vous aurez cette chance de votre côté, pas ce truc, en espérant qu’il soit seul. Aussi, je compte me servir de mes capacités à communiquer avec les animaux pour avertir les herbivores de quitter ce territoire au plus vite et trouver d’autres routes. Mais il est possible qu’on obtienne également des informations. Il arrive que les bêtes voient des choses qui sont invisibles aux bipèdes.

    En discutant avec le nain, Damiq pensait qu’il serait intéressant de parler avec ceux que la chose épargnait et qui profitaient des carcasses laissées par celle-ci. Les vautours, s’ils trouvaient ces rapaces, ils en sauraient peut-être sur ce mystérieux chasseur. Il avait encore en tête l’image des volatiles autour de la carcasse du Borgne.

    -Et dernière chose, en sortant hier-soir pour manger, j’ai vu une ombre dans les reliefs. C’était très rapide, j’ai pas pu distinguer quoique ce soit. Mais sa vitesse était supérieure à la plupart des prédateurs du coin. Et d’après les sons et empreintes, on est surtout sur des hyènes, des loups, des chacals et des lycaons.

    Connaître les différents prédateurs de chaque région était essentiel pour une espèce-proie comme Damiq. Surtout que les routes qu’il empruntait étaient bien plus en proie à ces derniers. En compensation du fait qu’elles soient moins fréquentées par des par les pillards et autres esclavagistes. Mais il était nécessaire également de comprendre comment ces chasseurs fonctionnaient afin de mieux leur échapper. Contrairement aux bipèdes, les bêtes sauvages chassaient rarement pour le plaisir. Ils étaient conscients des risques face à des proies qui pouvaient se défendre. Avec sa part humaine, Damiq avait appris à se servir d’armes, mais surtout du feu. La plupart des animaux en avaient peur et n’importe quel prédateur se montrait moins téméraire en présence de celui-ci, même les lycaons dont il était difficile d’échapper à leurs griffes.

    En revanche, le prédateur que Kérémir comptait chasser n’était pas une créature ordinaire. S’il savait se servir d’outils pour dépecer ses proies, il n’avait sans doutes pas peur du feu. Si Damiq se retrouvait face à cette chose, il aurait beaucoup de mal à se défendre. Mais il avait des talents à proposer au nain, ses talents de soin, la communication animale, ainsi que des itinéraires qui lui étaient inconnus.

    - Bref, c’est vous qui voyez. Je comprendrais que vous ayez d’autres priorités que de protéger une grande perche poilue. Même si celle-ci connaît des choses qui pourrait vous aider à coincer ce prédateur. Pour être honnête, ça ne m’enchante pas de travailler avec un bipède qui me traître de grande perche poilue, mais si c’est nécessaire pour éviter que les antilopes et le bétail du coin se fassent exterminer, sans parler de rendre impraticables les pistes des grands herbivores, je le ferais.

    Que le nain se rassure, il n’était pas le seul à devoir travailler en équipe à contrecœur avec un être qu’il n’appréciait guère. Mais dans certaines situations, il fallait parfois faire des compromis et mettre son orgueil de côté. C’était le fait d’avoir Zab et une mule à nourrir qui avait poussé Damiq à retourner au contact des bipèdes avec qui il avait eu de mauvaises expériences.

    CENDRES
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  • Sam 10 Juin - 12:31
    Herboriste itinérant... Si l'hybride disait vrai, et Kérémir l'avait vu travailler de ses propres yeux donc la partie herboriste était indiscutable, les chances qu'il soit effectivement l'auteur des tueries tombaient pratiquement à néant, coupler son travail en journée avec les plaisirs de la chasse n'était pas concevable. Ou alors il faudrait qu'il soit extrêmement doué en supercherie, magie d'illusions ou quoi, et il n'en avait définitivement pas le profil. D'un autre côté, il restait tout de même un hybride, ce qui était amplement suffisant pour mettre Kérémir mal à l'aise, mais s'il voulait travailler avec lui, il n'avait pas vraiment d'autre choix que de s'accommoder de sa présence.

    Une bonne chose à noter par contre, c'était son caractère. Malgré le côté franchement bourru de Kérémir, il ne perdait pas pied pour autant et continuait d'étayer ses propres théories et compétences. Même la mention de la suspicion à son égard n'avait pas suffi à l'arrêter, même s'il avait manifestement été touché par les accusations. S'il n'était pas un combattant, force était de constater qu'il démontrait une trempe d'acier face au nain.

    Celui-ci croisa les bras, loin de se montrer amical, son animosité descendit tout de même d'un cran, ils commençaient à entrer dans le vif du sujet et l'instinct de chasse de Kérémir eut tôt fait de prendre le dessus sur son inconfort. L'hybride souleva un point très important. L'objectif de leur traque s'en prenait également aux herbivores sauvages, et il semblait connaître leurs trajets à travers le territoire. Kérémir n'était pas de la région, ni même de ce climat, et il avait beau avoir acquis une certaine compétence pour analyser efficacement un terrain, ça n'en restait pas moins un travail fastidieux. La topographie, le comportement saisonnier des animaux, les ressources naturelles présentes... Il y avait bien des paramètres à prendre en compte, paramètres pour lesquels Kérémir préférait s'en remettre aux experts locaux pour faciliter son travail, bien que ça ne l'ait pas empêché de développer personnellement un certain flair vu qu'il ne pouvait pas toujours compter sur une aide extérieure. En outre, il possédait une compétence particulière lui permettant de plus rapidement déceler des créatures inhabituelles, son ouïe, grâce à laquelle il pouvait repérer les sons particuliers de loin.


    Damiq, hmm ? Non, je ne connais pas ces fameux chemins. Je pourrais les trouver, mais toi t'as l'air familier avec eux, ce qui peut m'épargner des jours de boulot. J'en déduis que tu passes également par là hmm ?
    Le nain lâcha un petit ricanement.
    Je peux comprendre, à vue de nez t'es au moins à moitié un herbivore, et l'herbe est sûrement meilleure là où il n'y a pas de la pisse de fermier qui traîne. M'enfin bon, dans tous les cas, ça va se révéler utile.


    Damiq fit également mention de ses talents de guérisseur, qui n'étaient guère surprenants au vu de sa profession d'herboriste, mais Kérémir ne pouvait pas nier que ce serait un atout considérable. Il avait beau avoir la constitution des nains et une capacité de régénération accrue, les blessures étaient inévitables sur le long terme et il n'était pas spécialement doué en soins au delà des entailles légères et des garrots. Et au vu de la tendance du monstre à égorger sauvagement ses victimes, il n'était pas impossible que la bête ait une morsure ou des griffes prodigieuses. Assurément, avoir un soigneur à ses côtés pour atténuer les conséquences potentielles de l'affrontement serait bienfaiteur.

    Il y a une autre raison pour laquelle je t'ai fait venir ici. Il y a des chances que notre cible puisse se cacher parmi les villageois, ou qu'elle ait des collaborateurs, une telle furtivité c'est pas normal, elle aurait du se faire chopper au moins une fois avec le temps. On ne peut faire confiance à personne. A toi non plus je te fais pas encore confiance hein, mais garder un œil sur une seule personne, ça je peux le faire, et t'as l'air d'avoir assez de compétences pour en valoir le risque. Remarque, pour ce que t'en sais, ça pourrait même être moi le tueur, mais je te rassure, c'est pas le cas. conclut-il avant de se fendre d'un vrai rire cette fois-ci.

    Imperturbable, le demi-oryx continua à dévoiler ses talents, se vantant d'être capable de communiquer avec les bêtes. Etait-ce si étonnant ? Il était bien un amalgame incongru entre un être humanoïde et une bête à cornes, alors pourquoi ne pourrait-il pas pousser la fusion jusqu'au point de pouvoir communiquer avec les deux mondes dont il était issu ? Et ce serait un moyen tout à fait unique de glaner des informations. Aucun être humain n'avait pu identifier ce sinistre prédateur, mais ce dernier ne se douterait probablement pas du regard de simples bêtes sauvages. Cependant, pour communiquer avec elles, il fallait déjà pouvoir s'en approcher, et donc s'exposer à la menace. Ceci-dit, le pari d'emporter Damiq dans la traque devenait de plus en plus alléchant, Kérémir avait déjà échoué plusieurs fois à coincer une proie par manque de sources fiables, et Damiq semblait être une mine d'or d'opportunités uniques.

    Communiquer avec les bêtes ? Un don rare, et très pratique... Mais aussi dangereux. Si t'as déjà parcouru les terres, c'est que t'as déjà échappé au danger une fois, t'auras ptêt pas la même chance sur une deuxième tentative, mais le pari est osé. Hmmm...

    Kérémir prit une pause et caressa pensivement sa barbe, considérant ses options. Alors qu'il réfléchissait, Damiq dévoila un dernier élément d'une importance capitale. Il avait vu une ombre très rapide dans les reliefs, pendant la nuit. C'était un premier pas potentiel pour déterminer les capacités de ce sombre individu, et nul doute que si Damiq se mettait à fureter et que le monstre s'en rendait compte, il n'aurait aucun mal à le supprimer en un éclair si une vitesse surnaturelle faisait effectivement partie de son arsenal. Le pari n'en était plus un. Si Kérémir n'assurait pas sa protection, c'était une aide précieuse qu'il allait perdre et une bête bien plus alerte qu'il aurait à chasser. Soit il devait assurer la protection de l'hybride, soit le dissuader entièrement de s'impliquer, et la deuxième option semblait perdue d'avance au vu de sa détermination.

    Hrmph, je n'ai pas vraiment le choix, te laisser vagabonder risque de compliquer mon travail, et t'as des arguments de poids à faire valoir. Je ne peux pas garantir que tu vas t'en tirer, mais je ne peux plus te laisser clamser et je vais avoir besoin de ton aide. Tu peux m'accompagner, mais je te préviens, ce sera dur, et il va falloir être discrets, quelque chose ne tourne pas rond ici. On part demain matin, dès que le ciel commence à griser, parce que ce sera le meilleur moment pour se faufiler hors du village et prendre une longueur d'avance pendant que notre proie somnole encore. Jusque là, évite de te faire remarquer. Je vais profiter de la journée pour préparer mon équipement et des provisions.

    Il fallait vite clore la discussion, le soleil montait dans le ciel et ils allaient finir par attirer des oreilles indiscrètes s'ils s'éternisaient encore.
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  • Sam 10 Juin - 18:21
    Sauver les antilopes du Reike !
    Et accessoirement, les moutons !


    Les arguments de l’oryx semblaient avoir convaincu le nain. Déjà concernant les pistes des herbivores, il reconnaissait que d’avoir quelqu’un les connaissant déjà lui ferait gagner un temps considérable. Donc ce type aussi avait un minimum de jugeote. Ce qui était sans conteste un atout pour chasser une bête insaisissable. Il avait l’air tenace et têtu que la mule de Damiq qui était d’avantage impassible, même dans des endroits aussi infernaux qu’Ikusa que l’oryx cherchait le plus à éviter.

    - Oui je passe régulièrement par ces coins. Pour éviter les esclavagistes et autres pillards, c’est ce qu’il y a de mieux. Et la plupart des prédateurs craignent le feu ou les humains.

    La présence de Zab, bien que peu menaçant, tendait à rendre la plupart des prédateurs moins téméraires. Concernant cette histoire de pisse, c’était sans doute une tentative de faire une blague. Si c’était le cas, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus convaincant. Heureusement, que l’odorat de l’oryx, suffisait à éviter les endroits où quelqu’un avait récemment ses affaires.

    - Hmm… On va dire que c’est l’inconvénient quand la bouffe se trouve à ras-le-sol…

    Revenir à des choses plus sérieuses ne fut pas plus mal. Les réflexions du nain étaient pertinentes. Il avait eu parfaitement raison de se méfier des gens du coin. Effectivement, la chose devait bien connaître le village et ses environs et cela pouvait expliquer pourquoi les gens du coin ne l’avaient pas encore choppé. Damiq se mit à penser à des genres d’hybrides très particuliers. Les lycanthropes, la combinaison d’une bête et d’un humanoïde, étant capables de changer de forme, contrairement aux hybrides. Sous leur forme animale, ils pouvaient se montrer incontrôlables, pris d’une grande sauvagerie. Mais contrairement aux hybrides, ils étaient bien acceptés dans la société malgré les dégâts potentiels qu’ils pouvaient créer. On le justifiait par une malédiction dont ils n’étaient aucunement fautifs. Damiq ne pouvait s’empêcher de voir une grande hypocrisie. Les hybrides n’étaient pas non plus fautifs des choix de leurs parents. La mère de l’oryx n’était aucunement coupable, non, le seul responsable était son enfoiré de père qui avait décidé de l’abandonné par la suite. Mais c’était sa mère et lui qui avaient reçus une mauvaise réputation, pas le père qui avait la chance d’être un noble.

    Inutile de dire que certains hybrides vouaient une jalousie, voire une haine, envers les lycanthropes. Les hybrides étaient vu comme des ratages des dieux, là où les lycanthropes étaient une forme de perfection. Damiq n’en était pas à ce point et critiquait d’avantage l’hypocrisie de ceux qui avaient décidé arbitrairement de discriminer les uns et épargner les autres, même quand ils pouvaient causer des dégâts. Sans doute le fait que ça soit des loups devait aider.


    - Vous n’avez pas tort. Avec ce que vous me racontez, si c’est un villageois, il ne faut pas exclure le cas d’un lycanthrope. Cette chose ayant à la fois eu un comportement bestial et humain avec ses proies. Mais il y a tout de même un truc qui me chiffonne, je n’ai vu aucun prédateur parmi ses victimes… Pourtant, il a attaqué des gazelles Dorcas, plus rapides que les carnivores locaux, donc si les Dorcas n’arrivent pas à échapper à cette chose, alors ça ne serait pas normal que tous les carnassiers survivent à cette bête. Enfin sauf les chiens, mais je les vois d’avantage comme des victimes collatérales car ils ont défendu les moutons. Je n’ai pas entendu parler de victimes humaines. Décidément, cette bête est étrange.

    Oui, il était bien étrange que ce truc épargnait les carnivores. Peut-être qu’il les appréciait, mais si c’était le cas, il était en train de les priver de leurs proies. Et les prédateurs connaissant les pistes des herbivores, on aurait dû en retrouver parmi les victimes. L’oryx prit un air songeur.

    - N’empêche, j’ai du mal à imaginer quelqu’un vouant une haine uniquement aux herbivores…

    Damiq s’imaginait quelqu’un ayant un délire de supériorité et voyant les herbivores comme des faibles à exterminer. Mais cela ne tenait pas vraiment. Enfin, chez les humains, il y avait bien certains crétins faisant une fixette sur cette connerie qu’était la loi du plus fort, qui n’était en réalité qu’une affaire de qui était le plus riche ou le plus violent. Juste une question de chance au final. Sans parler qu’en réalité, ceux qui s’autoproclamaient « forts » étaient terriblement dépendants de ceux qu’ils qualifiaient comme faibles. Sans doutes, que ce type devait souffrir d’un délire du genre.

    - M’enfin, je ferais le plus attention possible. La prudence est quelque chose d’important chez les proies comme les oryx. C’est pour ça qu’on voyage en troupeau. Enfin, j’ai une requête à vous demander, s’il devait m’arriver quelque chose, je vous demande de prévenir mon associé, il s’appelle Zab.

    Sur ces mots, l’hybride prit congé du nain. Il retourna à l’auberge pour rejoindre Zab qui était réveillé et semblait se demander où était passé son ex-maître. Damiq se permit de lui faire part de la situation et qu’il allait rester à l’auberge pour sa sécurité. Il savait qu’il pouvait faire confiance à Zab. L’humain enserra l’oryx comme s’il sentait que ce dernier ne reviendrait pas forcément.

    - T’en fais pas, je reviendrais, j’en fais la promesse.

    Un lien fort s’était tissé entre les deux personnages. Zab avait eu beau être l’esclave de Damiq, pourtant, il n’avait aucune animosité envers l’hybride.

    Ils installèrent le stand d’herboriste pour la matinée avant d’aller se reposer l’après-midi. Tandis qu’il officiait, l’oryx observait les différents comportements potentiellement suspects. Mais jusque-là, rien de particulier. Enfin, sauf ce type qui semblait le regarder particulièrement de haut. Il semblait même un moment se retenir quand il avait été bousculé par un mouton dont le troupeau se faisait conduire vers les pâturages. Enfin, à sa place, ça l’aurait un peu agacé, mais pas au point de partir en pétards. A moins qu’il ait eu une mauvaise journée. Damiq ne dit rien de plus, se concentrant sur ses clients, mais il retenait ce gars qui entrait potentiellement chez les suspects. Mais cela ne tenait que si la théorie du haineux des herbivores était la bonne. Enfin à leur stade, aucune piste n’était à exclure, même la plus absurde.

    Puis quand le soleil fut trop haut, Damiq et Zab remballèrent leurs affaires et allèrent à l’auberge pour se reposer. Parfois, rester un peu sur place faisait du bien, même si ça aurait été mieux dans d’autres circonstances. L’oryx ne remit son stand qu’en fin d’après-midi. Les clients étaient loin d’être aussi affluents, et pour cause, il avait le malheur d’être un hybride. Mais certains étaient prêts à faire fi de cela quand il était question de soins. La peur de la bête du coin poussa même certains à lui demander de quoi protéger leur bétail.


    - Je suis pas chamane…

    Puis vint enfin le matin de rendez-vous, Damiq avait préparé un sac de plantes médicinales, de l’eau, ainsi qu’une lance et un poignard pour se défendre. Il chercha à faire le moins de bruit possible avec ses sabots. Car ces choses avaient beau protéger du sable brulant, ça restait assez bruyant. Le village était encore endormi. Il n’entendait pas de bruit suspect pour le moment. Il espérait qu’ils puissent coincer assez rapidement le coupable. Histoire que tout cela se finisse et que les routes des herbivores puissent-être praticables.

    CENDRES
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  • Dim 11 Juin - 10:05
    Zab hein ? Je le ferai, pour peu que je m'en sorte moi-même d'abord.

    Voilà qui était inattendu, s'il y avait bien une chose que le nain n'avait pas considéré, c'était que l'hybride puisse avoir un associé, Il n'en avait certainement pas l'air en tout cas, vêtu en tout et pour tout d'un pagne et voyageant à travers le Reike avec une mule pour offrir ses services d'herboriste à quiconque ne le rejetterait pas au premier regard. Quoique, il avait bien vu un gars basané et également peu habillé autour du stand de l'herboriste, bien qu'il n'y ait pas prêté beaucoup d'attention, sans doute était-ce là ce fameux Zab.
    Mais Kérémir n'insista pas, laisser des êtres chers derrière soi pour sauter au devant du danger, n'était-ce pas là un comportement avec lequel il était familier, lui qui avait quitté sa femme et son fils pour une quête d'envergure de plus en plus insensée ? Il n'aimait peut-être pas les autres races, et encore moins les anomalies issues de leurs folies respectives, mais il avait néanmoins des principes, le désir de protéger les siens était une vertu que Kérémir pouvait respecter, et il honorerait sa promesse si le pire venait à venir.

    Qui plus est, le nain non plus n'avait pas dévoilé tous ses secrets. Il se garda bien de parler de ses aptitudes les plus avancées, pour l'instant du moins. Malgré les précautions prises, ils n'étaient pas tout à fait à l'abri des oreilles indiscrètes... ou des espions. Toutefois, il savait qu'il devrait tôt ou tard mentionner sa maîtrise du feu. L'hybride restait en partie un animal, et Kérémir ne pouvait pas anticiper sa réaction face à cet élément si effrayant pour les bêtes du monde sauvage. Ca ne l'enchantait guère, mais c'était une nécessité, même s'il venait à ne pas s'en servir au final, le temps était sec, et une utilisation incontrôlée de ce pouvoir aurait tôt fait de transformer la région en brasier digne du plus dément des enfers avant d'abattre son ennemi. Son maître atout en revanche, Kérémir le garderait pour lui, cet adroit lancer de hachette l'avait tiré de bien des pétrins et c'était souvent parce que personne ne s'y attendait.

    C'est alors qu'il prit congé de l'hybride. Il avait encore une journée devant lui, et il comptait la mettre à profit pour acheter une nouvelle pierre à aiguiser et de la corde, ainsi que pour épier les villageois en quête d'indices potentiels. Passer inaperçu ne serait pas difficile, il était d'un naturel renfrogné et peu commode, il lui suffirait de s'asseoir dans un coin de la place et de lorgner périodiquement les passants pendant qu'il affûtait ses lames pour que personne ne lui prête trop d'attention. Ca lui laisserait également le temps de songer aux derniers propos de Damiq.

    Un lycanthrope ? Evidemment, il en avait déjà entendu parler, et ça pourrait être une explication sur comment cette mystérieuse cible échappait aux regards si elle pouvait se dissimuler parmi les villageois, mais ça n'expliquait toujours pas son mode opératoire, ni ses motifs, et encore moins pourquoi elle ne s'en prendrait qu'aux herbivores et agresseurs directs. Agirait-elle de concert avec les prédateurs de la région ? Peu probable, quel intérêt de laisser les carcasses de ses victimes au grand jour si elle travaillait au profit d'une meute ? Mais alors pourquoi les ignorer, à moins qu'elle ne les ait également attaqués, mais dans l'ombre cette fois ci ? Décidément, Kérémir n'arrivait pas à comprendre à quoi il avait à faire. La seule hypothèse sensible qui lui parvenait était que son ennemi était délirant, et il avait croisé bien des choses qui en avaient l'air, mais cette assomption se révélait trop souvent fausse, témoignant plutôt d'un manque de compréhension des simples mortels face aux desseins de ces créatures innommables.

    Il remarqua également que Damiq semblait suivre un horaire particulier. Il avait installé son stand dans la matinée, avant de se réfugier à l'auberge quand le soleil atteignit son zénith, alors que hier il avait travaillé en fin d'après-midi, et il avait confié au nain qu'il était également sorti la nuit pour brouter. Si l'instinct de Kérémir avait vu juste, alors ce dernier évitait le milieu de la journée et compensait en étant plus actif autour de l'aube et du crépuscule. Une aubaine qu'il ait proposé de partir aux premières lueurs de l'aurore, ils pourraient non seulement parcourir pas mal de terrain d'emblée de jeu, mais ça laisserait également le champ libre à Kérémir pour agir seul en milieu de journée, si tant est qu'ils parviennent à trouver un endroit sûr pour Damiq, jouer les gardes du corps serait une perte de temps précieuse.

    La journée se passa sans encombres, comme si le temps lui même était impatient de voir comment le lendemain allait se dérouler. Kérémir avait déjà refait son sac la veille, il ne lui restait plus qu'à s'harnacher et prendre la route en compagnie de son insolite acolyte. Il enfila ses bottes, réajusta sa cotte de mailles et sa brigandine, resserra les sangles de son sac avant de jeter son bouclier par dessus, attacha sa hache ainsi que l'une de ses hachettes à la ceinture, et rendit les clés de la chambre avant de quitter l'établissement. Damiq l'attendait déjà, et il était grand temps de commencer cette nouvelle traque.
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  • Dim 11 Juin - 18:04
    Sauver les antilopes du Reike !
    Et accessoirement, les moutons !


    Comme prévu, Kérémir vint rejoindre la demi-antilope. Pour une fois, Damiq allait devoir se mettre dans la peau d’un chasseur. Chose un peu contre-nature pour une proie. Mais il fallait que ce massacre prenne fin. Le nain était lourdement équipé pour faire face à la bête, cotte de mailles, hache, bouclier. L’hybride ne se sentait pas vraiment malin avec juste une lance rudimentaire avec une pointe en fer bon-marché légèrement rouillé tenant avec des liens en cuir. Il comptait vraiment se mettre au silex, au moins ça ne rouillait pas. Puis il commençait à prendre la route en direction des pistes des herbivores. Du village à celles-ci, il fallait un peu de temps. Puis ils arrivèrent enfin. Des traces de sabots témoignèrent de cet état de fait.

    Les premiers utilisateurs qu’ils croisèrent, pas avant un certain temps, ce fut quelques gazelles au pelage sombre qui n’étaient pas des Dorcas. Ces animaux n’étaient pas des plus simples à approcher. Ainsi, l’oryx demanda au nain de rester un peu à distance tandis qu’il progressait prudemment vers le groupe de gazelle déjà en alerte. Il les interpella en usant de son pouvoir. Malheureusement, comme pour les oryx, les mâles étaient sédentaires et territoriaux, et il pouvait en reconnaître un parmi le petit groupe.


    - Vous devez partir le plus loin possible ! Il y a une chose qui attaque les herbivores. J’ai vu des Dorcas tuées.

    Si les femelles furent coopératives. Le mâle se montra plus réticent.

    - Par ici, il y avait un oryx comme vous, il n’a pas survécu. Si vous restez, faites très attention à vous !

    Le mâle s’éloigna, mais semblait moyennement convaincu. Au moins, Damiq avait tenté. Il retourna vers Kérémir.

    - Et un troupeau qui a dégagé. Enfin sauf le mâle, ils sont sédentaires et territoriaux chez cette espèce… Mais au moins les petits et les femelles vont partir !

    Ils reprirent la route. Aucun animal pour le moment, jusqu’à ce qu’ils tombent sur la dépouille d’un addax, mais il était déjà très décomposé, Damiq crut tout de même voir des traces de découpes sur des os. La gorge semblait également arrachée. Pas de doutes, le coupable était la créature qu’ils traquaient. Leur prudence augmenta. Les oreilles de l’oryx étaient dressées, cherchant le moindre son suspect.
    Sur une colline un peu plus loin, Damiq remarqua un groupe de lycaons. Un peu plus loin, les restes éparpillés de ce qui devait-être leur proie. Les animaux semblaient avoir festoyé et désormais, profitaient d’une pause digestive. Peu de risques d’attaques de leur part. Cependant, ces animaux repus, étaient bien plus calmes. Il fit signe au nain de rester un peu en retrait, mais toujours en alerte si les choses tournaient mal. Ils pourraient en profiter pour leur demander des informations.

    Damiq s’approcha très prudemment des animaux. Ceux-ci baissèrent les oreilles, prêt à attaquer ou fuir. Car la vérité était que même les prédateurs préféraient fuir plutôt que d’attaquer quand il n’était pas nécessaire de tuer pour se nourrir.


    - Euh… excusez moi, j’ai quelques questions à vous poser. Ne vous en faites, pas, je ne veux pas vous causer d’ennuis.

    Damiq commença a pauser ses questions sur la mystérieuse bête. A la question de savoir s’ils avaient été attaqués, les carnassiers répondirent par la négative. Non, personne chez-eux n’avait subi une quelconque attaque. Puis l’un d’eux donna une information intéressante. Il y a quelques jours, ils avaient été abordés par un bipède capable de parler leur langue comme c’était le cas avec l’oryx devant-eux. Il leur avait partagé un délire à base de prédateurs vus comme des élus des Titans et d’herbivores vu comme une offense à la perfection de ces derniers et des faiblards devant disparaître. Les lycaons ne l’avaient pas vraiment pris au sérieux. Ils avaient besoin des herbivores pour vivre. Ils assurèrent à l’hybride que s’ils revoyaient le type louche, ils ne diraient rien. Ils ne gagnaient rien à balancer ceux qui traquaient cette nuisance.

    Malgré cela, Damiq restait méfiant et un peu coupable. Il prit tout de même la peine de partager ses informations avec Kérémir. A voix basse. Bien que cette piste soit utilisée par les animaux, ils avaient la confirmation qu’un humanoïde se promenait dans le coin.


    - D’après les lycaons, ils auraient croisé un type qui leur a dit que les prédateurs comme eux seraient bénis des Titans, mais que les herbivores seraient des êtres indignes de ces derniers et se devaient d’être exterminés. Ouais, ça paraît complètement délirant. L’ennui, c’est que notre cible est aussi capable de parler aux bêtes. Après les lycaons et les gazelles n’avaient aucun intérêt à nous balancer. Yep, les lycaons jugeaient que cet individu devait-être stoppé car à cause de lui, ils galèrent bien plus à trouver des proies. Mais il va falloir qu’on fasse attention, surtout avec les prédateurs. Même si beaucoup n’ont aucun intérêt à nous balancer, vaut mieux faire gaffe.

    Le fait que ce type sache parler aux animaux rendait leur enquête plus compliquée. Si des bêtes les balançaient. En théorie, les herbivores, ainsi que certains prédateurs qui en dépendaient n’avaient aucun intérêt à dénoncer. Damiq allait trouver les autres herbivores pour qu’ils partent. Ainsi, ils reprirent la route.

    Un moment donné, ils retombèrent sur un troupeau d’herbivores. Malgré tout, Damiq n’était pas très enchanté. Sur toutes les antilopes circulant dans la région, il avait fallu qu’ils tombent sur les pires. En effet, devant eux, un troupeau d’hippotragues noirs. Ces animaux étaient réputés pour leur sale tendance à charger. Les mâles étaient assez agressifs et pas de chance, il y en avait un parmi le troupeau. A la vue de l’hybride et du nain, celui-ci s’approcha, les oreilles baissées comme pour montrer qu’ils avaient intérêt à débarrasser le plancher.


    - Excusez moi, j’ai pas envie qu’on se batte ! On ne fait que passer. D’ailleurs, vous feriez mieux de partir… Vous êtes en danger !

    Le mâle hippotrague, un jeune certes, mais à ne pas prendre à la légère au vu de ses nombreuses cicatrices s’approcha de Damiq qui se mit à reculer.

    - Toi l’oryx bipède, t’as pas à me donner des ordres et ça vaut aussi pour le bipède miniature qui t’accompagne !

    Heureusement que Kérémir ne comprenait pas ce que l’hippotrague disait, car Damiq se disait que ça devait-être un peu la pire idée du monde d’insulter un nain au sujet de sa taille. Surtout quand ils étaient connus pour avoir un sale caractère. Un peu comme l’hippotrague en face. Sauf que ce crétin n’était pas armé d’une hache et n’avait pas de cote de mailles.

    - A ta place, je m’abstiendrais d’attaquer. Et crois moi, ici, il y a une chose qui tue tous les herbivores du coin, y compris les moutons des humains. La plupart des prédateurs qui s’en prennent aux moutons, ils vivent pas très longtemps, c’est pas le cas de ce truc… Si les humains galèrent à chopper cette chose, pourquoi toi tu réussirais ?

    Son interlocuteur, visiblement avec une grande fierté montra ses cicatrices.

    - Figures toi, que je suis pas à mon premier prédateur tué, et j’ai déjà vaincu un humain !

    En plus d’être agressif, cette bestiole était vantarde.

    - Bon j’ai assez perdu de temps avec vous, maintenant, dégagez !

    L’antilope commença à regarder Damiq de travers, puis se tourna vers Kérémir.

    - Bon, je vais commencer par la demi-portion tiens !

    L’hippotrague se mit à charger Kérémir les cornes baissées en avant. Damiq se dirigeait vers le nain tout en surveillant les femelles qui semblaient assez passives, bien que méfiantes. Surtout qu'elles avaient des petits et n'avaient pas envie qu'ils prennent des risques. Malgré les protestations de quelques unes, le mâle resta campé sur ses positions.

    - Tsss… Sur toutes les antilopes, il a fallu qu’on tombe sur les plus agressives et en plus un mâle un peu trop bouché !

    Cette bestiole risquait de créer du grabuge qui pouvait alerter le mystérieux prédateur.

    CENDRES

    Hippotrague noir et Gazelle de Cuvier:
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  • Dim 11 Juin - 20:49
    Quelle ne fut pas la paire qui quitta le village ce matin là, le nain suffisamment équipé pour partir en guerre et l'hybride faisant deux fois sa taille armé en tout et pour tout de ce qui ressemblait à une esquisse de lance rouillée. Ah si les villageois les avaient vus, ils auraient été la discussion de la semaine, les théories auraient fusé autour d'une bonne pinte sur les roues du sort qui avaient poussé un tel développement à se produire. Mais il n'en serait rien, ils s'étaient esquivés de bonne heure, et pas un chat ne sembla remarquer leur départ.

    La première étape de leur travail consistait à trouver les pistes des grands herbivores, et tenter de communiquer avec ces derniers pour poser les bases de leur recherche. C'était bien la première fois que Kérémir devrait se reposer sur les témoignages de bêtes sauvages pour démarrer une traque, mais s'il avait appris une chose au cours de ses trajets, c'est qu'il ne fallait jamais prendre son métier pour acquis, la chasse de monstres était une entreprise tortueuse, et chaque nouvelle créature étrange pouvait nécessiter de nouvelles pratiques pour être abattue.

    Les quelques heures qui suivirent leur départ furent relativement tranquilles, avant d'enquêter il fallait d'abord arriver sur les lieux, et Kérémir n'avait d'autre choix que de se reposer sur les talents de son compère pour les trouver. Ce furent d'ailleurs là presque les seuls sujets de conversation qui parvinrent à étayer quelque peu le silence qui marquait leur progression. Ils avaient beau avoir décidé de coopérer, l'un était peu bavard et taciturne, alors que l'autre était totalement étranger au domaine de la chasse et devait consacrer beaucoup d'attention au comportement du nain et sa façon de progresser dans les étendues sauvages. En effet, même s'il ne s'attendait pas à subir de quelconques attaques aussi tôt dans leur voyage, prudence était mère de sûreté, et c'étaient là des pratiques qu'il avait gravées dans sa mémoire.

    Puis enfin, des traces de sabot apparurent dans la terre encore fraîche du matin, et Kérémir allait devoir redoubler de précautions pour ne pas apeurer les herbivores qu'ils allaient finir par croiser, non pas que ça lui pose problème de se montrer discret, mais les raisons derrière l'acte étaient pour le moins inhabituelles. La première altercation arriva bien assez tôt après avoir aperçu les marques au sol, et Damiq s'approcha prudemment du groupe de gazelles pendant que Kérémir restait en retrait, une main fermement agrippée à sa hachette au cas où les choses tourneraient mal. L'échange fut bref, ce n'était pas du côté des herbivores qu'ils allaient trouver des réponses au vu de leur statut de victimes ignorantes, et Damiq se contenta de les mettre en garde et de leur conseiller la fuite, ce fut là ce qu'il raconta par la suite à Kérémir en tout cas, et ce dernier n'avait d'autre choix que le croire sur parole et essayer de vérifier les faits.

    Ils continuèrent alors leur route, laissant les gazelles à leurs occupations. Kérémir était désormais aux aguets, usant pleinement de son ouïe pour tenter de déceler une présence ou un son inhabituel, ce qu'il finit par trouver en la qualité d'un bourdonnement d'insectes plus retentissant que ceux qui accablaient normalement les herbivores. C'était probablement un cadavre en proie aux nécrophages, et Kérémir eut tôt fait de le retrouver. Pas de doute, la pauvre bête avait été une victime de leur cible, sa carcasse pourrissante gisait là, vidée de son sang qui s'écoulait désormais sur le sol, couvrant l'herbe de perles cramoisies et brunissant la terre alors qu'il séchait lentement sous les rayons du soleil. Sa gorge avait manifestement été éventrée de la plus sauvage des manières, et il ne subsistait qu'une bouillie de lambeaux sanguinolents là où aurait du se trouver l’œsophage de l'addax. Le corps non plus n'était pas en reste, ce qui restait de sa chair était couvert de moisissures et de mouches, dégageant une puanteur insoutenable. Enfin, les membres complètement disloqués complétaient ce spectacle macabre. Parmi les os fêlés dévoilés au grand jour, ils remarquèrent également tous deux de légères entailles, beaucoup trop nettes pour être l’œuvre d'un coup de croc ou de griffes. Ce que Damiq avait déjà pu observer, Kérémir le constatait désormais, forcé de reconnaître qu'aucun mot n'avait été mâché quant à la description du massacre.

    Mais ce n'était pas là ce qui l'intéressait. Ce que Kérémir voulait voir, c'étaient les traces potentielles que l'agresseur aurait pu laisser derrière lui. Malheureusement pour lui, la terre autour du cadavre était complètement piétinée, entre les débattements probables de l'addax, les va et vient des divers petits carnivores, les affres du temps qui avait passé... Impossible de confirmer des empreintes claires. La seule chose que Kérémir put déceler, c'était des cratères plus larges qui finissaient par se perdre dans les herbes. C'était là l’œuvre d'une créature avec des pattes prodigieuses en comparaison des bêtes sauvages que les deux chasseurs avaient pu croiser.
    Non loin, Kérémir remarqua également la présence d'un groupe d'animaux visiblement en repos, et ce fut par là qu'il orienta les recherches.

    Damiq fut le premier à trouver l'origine de ces nouveaux bruits, un groupe de carnivores que l'hybride reconnut être des lycaons. Après avoir donné une sommaire description du comportement de ces animaux, Damiq demanda une nouvelle fois à Kérémir de rester en retrait tandis qu'il essayait de converser avec ces nouveaux individus. Même si Damiq lui avait assuré qu'il ne risquait probablement rien, et qu'il pouvait confirmer lui-même que ces prédateurs étaient repus et ne risqueraient pas de se montrer agressifs sans bonne raison, le nain restait en alerte, circonspect quant au scénario unique qui allait prendre place sous ses yeux.

    La chance était de leur côté, au-delà d'accepter de discuter avec Damiq, les lycaons allèrent jusqu'à expliquer que non seulement ils n'avaient pas été attaqués, mais qu'en plus ils avaient été approchés par un humanoïde qui leur avait vendu un récit dément de supériorité naturelle des prédateurs, bénis par la grâce des Titans. Quoi qu'il en soit, les informations directes et indirectes que les lycaons purent prodiguer venaient de commencer à lever le voile sur l'identité de leur cible. Une fois éloignés du groupe de carnassiers, Kérémir répondit au demi-oryx.

    Entre ça et les empreintes que j'ai vu autour du cadavre précédent, je pense qu'on est fixés. Si c'est pas un lycanthrope, c'est au moins un change-forme, mais tes dires n'expliquent toujours pas pourquoi ce salaud dépèce ses victimes. Un rituel barbare ? Même le plus bourré des nains n'irait pas jusque là. Hrmph... Et en plus lui aussi peut parler aux animaux, ce qui veut dire que plus on avance, plus on a de chances de se faire cramer avant de trouver ce qu'on cherche. Faut qu'on trouve vite une bonne piste à suivre ou ça va devenir compliqué de le débusquer.

    Il fallait continuer à progresser, et il ne leur fallut pas longtemps avant de tomber sur un autre groupe d'herbivores que Damiq comptait mettre en garde. Comme précédemment, il demanda à son compagnon de rester en retrait avant de s'avancer  Face à lui approcha un mâle à l'allure farouche et aux multiples cicatrices, et Kérémir ne put s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. Si les lycaons s'étaient montrés plutôt calmes, ce gusse là semblait bien plus énergétique, et Kérémir ne put s'empêcher de mettre la main à la hache.

    Oh, si seulement il avait été capable de comprendre le langage des animaux, il aurait pu mieux anticiper la tournure qu'allaient prendre les événements. Après un dernier mugissement particulièrement bruyant, l'hippotrague se crispa, avant de se pencher et de s'élancer, chargeant avec ses puissantes cornes recourbées. Et merde ! Kérémir était trop loin pour l'intercepter avant qu'il n'empale Damiq, mais il s'élança tout de même également, dégageant sa hache de sa ceinture. Ce ne fut que trop tard qu'il comprit que la bête avait bifurqué vers lui et qu'il s'était projeté droit vers l'impact.

    Sauter sur le côté ? Impossible, il n'en n'aurait pas le temps. Tenter de l'entraver ? Il n'avait pas sa hachette à la main et la distance était trop courte pour un lancer précis capable d'arrêter la course de l'animal. L'arrêter de force ? La bête était puissante et en pleine inertie, Kérémir avait beau être fort, ses chances de réussir un tel exploit étaient minces. Il eut tout juste le réflexe de renforcer son corps au maximum avant d'encaisser l'impact.

    Si la cotte de mailles arrêta la percée des cornes, et si le renforcement de son corps lui évita de voir sa cage thoracique voler en éclats, Kérémir fut tout de même propulsé en arrière sous la force de la charge et ses membres grincèrent alors qu'il retombait lourdement sur le sol, lâchant au passage un juron hargneux de douleur. Sa hache lui avait échappé des mains, et son bouclier essayait désormais de lui entailler le flanc, s'étant empêtré sur le côté de son sac.

    Il n'avait même pas le temps de se relever que son adversaire préparait déjà sa prochaine charge. Il n'avait pas le choix. Il avait été pris au dépourvu et il était désormais acculé s'il n'usait pas de ce talent qu'il n'avait pas encore montré au grand jour. L'hippotrague entama sa nouvelle course, mais ce coup ci il n'atteindrait jamais sa cible.

    Dégageant sa main droite de sous son sac, Kérémir tendit son bras vers l'animal en furie, et de ses doigts jaillit la dernière chose à laquelle les bêtes et l'hybride auraient pu s'attendre. Tandis que l'herbivore chargeait, une lueur familière, synonyme de terreur pour le monde sauvage et symbole du pouvoir que les bipèdes avaient obtenu en domptant la nature, vint se refléter dans ses pupilles écarquillées avant de lui embraser le museau. Une gerbe de flammes dévorantes venait de s'écraser sur son visage, lui obstruant la vue et le foudroyant de douleur, déviant sa course au passage alors qu'il perdait pied dans sa confusion et s'écrasait à son tour au sol.

    Kérémir fut prompt. A la seconde où l'hippotrague l'avait raté, il s'était relevé et il sautait désormais sur l'animal qui mugissait tout en se tortillant alors qu'il essayait d'éteindre les flammes en proie à son visage. D'un geste adroit, le nain esquiva les coups de tête avant de le saisir par les cornes. Les rétines de la bête étaient brûlées, mais la force incroyable qui stoppa ses agissements suffirent à lui faire comprendre qu'elle était condamnée. Elle s'était vantée, avait fièrement choisi de prouver sa valeur pour satisfaire son égo, et elle allait maintenant en payer le prix. Cela-dit, elle fut si surprise par le blocage de son cou qu'elle s'arrêta brièvement de mugir, elle avait arrêté ses cris, et Kérémir ferait en sorte que ce soit le dernier alors qu'il lui brisait la nuque en la tordant par les cornes qu'il avait empoignées.

    Il en profita pour éteindre les langues de feu qui affligeaient encore le corps désormais sans vie de l'audacieux herbivore, avant de se rendre compte de la scène qui l'entourait désormais. Les femelles avaient pris la fuite, épouvantées autant par l'apparition subite de ce cruel prédateur qu'était le feu, que par la mort brutale du mâle qu'elles n'avaient pas su raisonner. Se relevant péniblement et ramassant sa hache, son regard n'avait plus qu'un seul endroit vers lequel se tourner, vers son compagnon hybride qui venait d'assister aux horreurs de la chasse qui étaient le quotidien du nain. Kérémir était conscient de ce qu'il venait de faire, et ça le remplissait de dégoût et de dépit d'avoir dû en arriver là, alertant au passage tous les alentours qu'un nouveau combat avait eu lieu. Mais les actes passés ne pouvaient être changés, ce qui était fait était fait, et la seule solution était de continuer à aller de l'avant en se souvenant des ce qui avait été commis. Le nain fit signe à l'hybride de le suivre. S'il avait des choses à dire, ça devrait attendre, il fallait d'abord se mettre en sécurité avant d'attirer l'attention du monstre et d'engager un affrontement où Kérémir serait fortement désavantagé avec son corps meurtri de courbatures, et possiblement de quelques côtes fêlées.
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  • Lun 12 Juin - 15:17
    Sauver les antilopes du Reike !
    Et accessoirement, les moutons !


    Aussitôt, l’hippotrague un peu trop audacieux chargea le nain. Damiq avait la main sur son visage l’air de dépit face à l’audace de l’animal. Le nain ne s’attendant pas à ça se fit éjecter par un coup de corne bien placé. L’oryx plissa les yeux et grimaça ayant mal pour son associé d’infortune.

    Heureusement, il en fallait plus pour terrasser un nain. C’était coriaces ces petites choses ! Aveuglé par son coup d’éclat, l’antilope au pelage noir se remit à charge. Mais cette fois, son adversaire semblait bien plus préparé à l’accueillir. Avant même que l’hippotrague ne puisse anticiper quoique ce soit, du feu sorti de la main du nain et embrasa la face de l’herbivore. Il émit un cri de douleur déchirant.
    Damiq remarqua les femelles prenant la fuite. Cela lui rappela des souvenirs.


    ____________________________________________________
    Quelques années plus tôt,

    Un vieil homme marchait sur une route du désert suivi d’un esclave hybride qu’il avait acheté récemment qui tirait sa roulotte contenant ses affaires et ses diverses herbes pour son travail. Il finit par faire un arrêt proche d’un arbre mort pour installer un campement.


    - Peux-tu me préparer un feu ?

    L’esclave se raidit, il était comme une bête à la mention de celui-ci. Sa mère lui avait appris combien le feu était une chose de dangereuse qu’il ne devait jamais approcher.

    - Euh…C’est dangereux ?! Moi sais pas faire naître l’feu. Feu fait peur…

    A cette époque, Damiq peinait encore à maîtriser le langage des humains. L’homme soupira et invita son esclave à approcher tandis qu’il préparait du petit bois, des excréments séchés d’animaux pour servir de combustible. Puis il prit deux pierres qu’il frappa entre-elles et des étincelles en jaillirent et un peu de fumée, puis un feu apparut peu à peu.

    - Tu es comme une bête, tu as peur du feu, tu ne le comprends pas. Mais si tu apprends à le maîtriser, à le dompter. Tu verras qu’il te sera bien utile.

    Ce feu était comme un petit cœur chaud. Il restait à sa place et se chargeait de maintenir au chaud des humains n’ayant pas de pelage. En plus cela permettait de cuisiner. C’est ainsi que Damiq dompta sa peur instinctive du feu et comprit que celui-ci pourrait lui être utile. Malgré une crainte restant présente.

    - Mais tu as raison de rester prudent. Si on ne fait pas attention, le feu peut créer des catastrophes…

    Damiq avait raison de continuer de se méfier. Pourtant, il avait réussi à dompter le feu, ce qu’aucun oryx n’avait put faire. Et cela lui serait bien pratique à l’avenir.

    ________________________________

    Des années plus tard, Damiq savait désormais utiliser le feu et avait dompté sa peur de celui-ci. Mais il était incapable d’en produire comme le nain qui était en train de lutter contre l’hippotrague aveuglé et terrifié. Finalement, l’audacieux animal rendit son dernier souffle après qu’il ait terminé la nuque brisé. L’oryx ne cautionnait pas vraiment cela, mais il ne cherchait pas non plus à défendre l’herbivore qui s’en était pris au nain. Comme tous ceux avides de pouvoir et prônant la loi du plus fort, cet hippotrague venait de recevoir la leçon que ces individus auraient sans exception. On finissait toujours par trouver plus puissant que soi et cette quête perpétuelle de force et de pouvoir était un puits sans fond. C’était l’une des raisons qui avait poussé Damiq à rester nomades et ne pas adopter une vie sédentaire comme d’autres oryx contrôlant un territoire. Il avait l’impression que le pouvoir avait tendance à rendre stupide et irrationnel.

    - J’espère que ces femelles trouveront un mâle plus sage…

    Il s’approcha du nain pour évaluer les dégâts. Mais avant, ils devaient s’éloigner, car le grabuge avait sans doutes un peu trop attiré l’attention. L’oryx indiqua un endroit où il se rappelait avoir vu régulièrement le Borgne. C’était en hauteur, mais un rocher pouvait cacher si besoin. Puis ils auraient un bon point de vue pour surveiller. Et ce n’était pas trop loin.

    Une fois sur place, Damiq demanda à Kérémir de soulever sa tunique au niveau de l’endroit où l’hippotrague l’avait frappé afin d’évaluer les dégâts. Il prit son sac prêt à soigner le nain. Ses oreilles étaient dressées, traquant le moindre son suspect.


    - Heureusement que vous aviez votre cote de mailles. Enfin désolé que cet abruti s’en soit pris à vous. Les mâles hippotragues ont cette réputation d’être assez bornés et agressifs. Enfin certains oryx sont pas mal non plus. Mais disons que les oryx réfléchissent d’avantage avant de charger.

    Si ça avait été le Borgne, même avec son caractère de cochon, à la vue du nain, il se serait contenté de les fliquer comme à son habitude. Damiq s’en voulait que l’hippotrague ait visé le nain et pas lui, après tout, celui-ci n’avait pas été celui qui avait ouvert les hostilités.

    Il repensa à ce que Kérémir avait dit un peu avant cette confrontation avec l’hippotrague. Notamment à propos des empreintes qui n’étaient pas celles d’un loup. Et Damiq avait constaté qu’elles étaient imposantes et arrondies. Il parlait d’un change-forme. Ce qui serait une piste intéressante, mais c’était insuffisant. Comme l’avait fait remarqué Kérémir, personne ne serait prêt à faire quelque chose d’aussi délirant, même sous l’emprise de substances.
    Commettre des massacres. Damiq se souvint d’un épisode récent de ses voyages. Alors qu’il était avec des femelles oryx, la matriarche les mena dans un village ayant subi un massacre. Tous les habitants, y compris ceux qui ne représentaient pas vraiment une menace, dont les animaux, avaient été tués. Et les agresseurs semblaient y avoir pris du plaisir. En discutant avec celle-ci pour comprendre les motivations des responsables, il avait supposé que cela servait à maintenir la terreur. Ou bien de représailles contre des rebelles. En tout cas, il fallait être un énorme déchet pour s’en prendre à des innocents sans vergogne et jouer avec leurs dépouilles. Cependant, ce n’était pas des troupeaux entiers qui étaient massacrés, mais quelques individus. En tout cas, Damiq y voyait un point commun avec le village fantôme, si ça se trouve, ce déchet utilisait cette motivation tordue pour justifier qu’au final, il ne tuait et dépeçait ses victimes que pour le plaisir. Un plaisir de se sentir puissant et comme pour oublier qu’il n’était qu’un minable.


    - Personnellement, je pense qu’on a pas trop de logique à chercher chez ce salopard. Et qu’il se sert de son discours tordu juste pour tenter de justifier le fait qu’il ne tue et mutile que pour le plaisir. En dehors de ça, rien ne justifie les dépeçages. Et il vise les herbivores juste pour se donner un semblant d’objectif…

    Puis il repensa à ce qu’avait dit la matriarche à propos de ceux qui avaient massacré le village. Il n’y a aucune gloire dans le fait de tuer des enfants. Un peu comme les moutons.

    - Par contre, il y a une chose que je sais, même s’il est dangereux, c’est un putain de lâche qui préfère se cacher parce qu’il ne veut pas subir les conséquences de ses actes. Puis il n’y a aucune gloire à s’en prendre à des moutons ou des gazelles Dorcas… C'est à la portée de n'importe quel prédateur du coin...

    CENDRES

    Hippotrague noir et Gazelle de Cuvier:
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  • Lun 12 Juin - 18:59
    L'affrontement terminé, Damiq indiqua la position d'un endroit où ils pourraient s'installer le temps de se reposer et de réévaluer la situation. Kérémir n'appréciait pas l'idée de laisser la carcasse de l'hippotrague à découvert, surtout avec les traces de brûlures longeant son crâne jusqu'au début du col, mais emporter le corps ou s'en débarrasser serait long et fastidieux, surtout qu'ils n'étaient que deux et de gabarits diamétralement opposés, ce qui compliquerait considérablement une tentative de transport. La seule option réaliste était de laisser le corps et prier que des nécrophages viennent profiter du festin avant que leur invité d'honneur ne débarque sur les lieux pour constater la scène.

    Ils finirent par atteindre un endroit surélevé, une sorte de grande bute couronnée d'un grand rocher. Ce n'était pas idéal, ils étaient encore exposés, mais ça avait le mérite d'être un point plus facilement défendable, avec une bonne vue sur les alentours, et un tant soi peu de couvert. Ca ferait l'affaire dans l'immédiat, se dit Kérémir.
    Une fois posés, Damiq insista pour inspecter son état. Sans doute n'avait-il jamais soigné de nain, et encore moins un chasseur chevronné, parce qu'il ne put rien trouver de sévère, à peine quelques contusions au niveau de l'impact qu'une pommade saurait prestement arranger. Malgré tout, ses tempes le lancinaient, il avait pris une sacrée attaque au dépourvu et son corps mettrait quelques heures à retrouver le nord après une telle collision.

    Damiq ne semblait pas trop déboussolé après ce qu'il venait de voir, s'il n'était pas exactement heureux de la tournure des événements, il comprenait au moins les actions de son compagnon et ne les condamna pas outre mesure, préférant orienter ses préoccupations sur les femelles en déroute. En outre, il avait manifestement un bien meilleur sang froid que les simples animaux vis-à-vis du feu, ce qui soulagea quelque peu Kérémir, parce que ça allait faciliter aussi bien ses explications sur ses talents magiques, que les utilisations futures des-dits talents.

    Hmrph, je m'attendais pas à ce qu'il me charge moi, quelle saloperie ce beuglard. Aaah c'est pas bon, non seulement j'ai encore la tête qui tourne, mais en plus j'ai signalé notre présence beaucoup trop tôt. Ce sera un miracle si notre change-forme ne renforce pas sa vigilance après ça. On va dire qu'au moins je suis échauffé maintenant, et je n'ai plus de raison de cacher ce pouvoir. Je comptais t'en parler à notre prochain bivouac de toute façon.

    Sur ces mots, Kérémir manifesta de petites bougies chatoyantes au dessus de sa main droite.

    De là d'où je viens, ceux qui le peuvent sont entraînés à manier la magie du feu. Quand tu vis au Mont Kazan, c'est un gars qui te suit partout, alors autant en faire un allié plutôt qu'un ennemi. Kérémir se frappa la poitrine de la main gauche. Notre âtre intérieur nourrit cette flamme, et si nous le voulons, nous pouvons la manifester, de bien des façons, et je m'en sers souvent au combat quand j'affronte des monstres. C'est efficace, versatile, et souvent inattendu. Enfin, ça le serait si je n'avais pas déjà dû le montrer. M'enfin bon, qu'il soit au courant ou pas, je compte bien lui roussir le poil à notre gusse, surtout si c'est vraiment un lycanthrope.

    La révélation qui n'en n'était plus une fut relativement bien accueillie, du moins de l'avis de Kérémir. Dans tous les cas, l'hybride n'avait pas flanché et c'était amplement suffisant pour le nain. Ils continuèrent alors leur discussion jusqu'à ce que Damiq mentionne la logique de leur proie, qu'il jugeait tout bonnement injustifiable.

    De ton point de vue il est juste timbré, mais c'est ça qui nous différencie. Les méninges grillées, c'est la dernière option qu'un chasseur va considérer. Si ta cible est folle, elle est impossible à anticiper, ce qui rend la chasse d'autant plus difficile. Tu dois toujours essayer de comprendre comment une proie fonctionne, et pourquoi. Une bonne préparation est primordiale, et notre cible est au moins assez maligne pour pas se faire prendre, ce qui veut aussi dire qu'elle peut être piégée si on découvre comment elle réfléchit. Même si ça te dégoûte, tu dois te mettre dans sa peau si tu veux espérer l'arrêter. A ce niveau là, notre priorité, c'est de trouver comment elle choisit ses cibles. C'est des attaques isolées, donc il y a forcément une logique derrière, et c'est ça que nous allons exploiter.


    Au fur et à mesure que leur conversation progressait, les pensées de Kérémir se faisaient lentement plus claires, et la douleur se faisait plus tolérable. Il allait être temps de reprendre le travail. Le soleil était encore haut dans le ciel, et ils avaient un point d'observation idéal, que le nain comptait bien utiliser à son avantage.

    On va rester ici jusqu'à ce le soleil commence à décliner. Je dois avouer que le spot est bien trouvé, et il sera parfait pour faire le guet. Monte la garde aussi bien que tu peux, je vais me concentrer et écouter la nature. Si notre cible décide d'attaquer dans le coin, je pourrai la trouver, et si elle décide de venir fureter prêt de notre bagarre, elle passera pas non plus inaperçue. Si on ne trouve rien d'ici là, on bougera et tu continueras à interroger tes potes. Profite-en pour manger un bout si tu veux, mais reste concentré.

    Les dés étaient jetés, plus qu'à voir comment le monstre allait réagir.
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  • Lun 12 Juin - 22:12
    Sauver les antilopes du Reike !
    Et accessoirement, les moutons !


    Les blessures du nain étaient relativement superficielles. Damiq se contenta de lui appliquer un baume pour le soulager. Heureusement que ces êtres avaient la peau dure. Tandis que le soleil progressait dans le ciel, Kérémir se décida de raconter un peu son talent concernant le feu. Les nains étaient des forgerons réputés, donc pas étonnant qu’ils aient tant besoin du feu. Puis la qualité de son équipement contrastait avec sa pauvre lance. Il combattait peu et n’avait pas spécialement investi dans une arme de haut standing. Le feu était une arme redoutable, mais difficile à maîtriser. En tout cas, le nain semblait à l’aise avec celle-ci.

    - Là-dessus, je vais pas vous empêcher de cramer ce guignol.

    Damiq regardait les petites flammes qui dansaient au dessus de sa main droite.

    - Quand j’étais encore avec ma mère, qui était une oryx, elle m’a appris à craindre le feu. Puis j’ai été l’esclave d’un herboriste qui m’a appris mon métier actuel et c’est grâce à lui que j’ai domestiqué le feu avec ma part humaine. Et je dois reconnaître que c’est pas inutile pour tenir à distance les prédateurs. Ils sont assez nombreux que les pistes des herbivores.

    Le passé d'esclave faisait partie de ce qui avait construit Damiq. Même s'il condamnait cette pratique, il avait tout de même eu de la chance de tomber sur un maître qui le traitait correctement. Aux réflexions de l’oryx sur ce qui pouvait expliquer le comportement de leur cible, le nain vint apporter des nuances à cela. Pour lui, la folie était la dernière hypothèse qu’un chasseur comme lui allait prendre en compte. Il était vrai que Damiq ne pensait pas vraiment comme un prédateur, même s’il connaissait certains comportement de chasse des carnivores qu’il croisait sur les routes des herbivores, leur cible semblait bien plus complexe. Sur plusieurs points, le nain avait raison. Notamment sur le fait qu’un type totalement fou ne serait pas aussi discret que l’était le mystérieux prédateur. Ils devaient comprendre la logique derrière cela. Damiq repensa au cas du village. Même si l’action était d’une barbarie sans nom, il y avait une logique. Celle d’instaurer la peur pour éviter que les gens ne se révoltent. Mais le mystérieux prédateur n’attaquait qu’un groupe réduit de victimes à chaque fois. S’il avait été dans la même logique que pour le village, il y aurait eu des troupeaux entiers massacrés. Damiq devait reprendre ses esprits pour réfléchir comme le prédateur.

    - A vrai dire, je suis de base un herbivore, donc la chasse c’est pas trop dans ma nature. En général, les prédateurs, j’ai plutôt tendance à en être la victime. Les rares bestioles que j’ai abattues étaient des prédateurs qui m’attaquaient.

    En général, il les dépeçait, la viande nourrissait Zab, la peau et les os pouvaient-être vendus. Il n’y avait pas de petits bénéfices. Mais Damiq ferait l’effort de tenter de se comporter comme un prédateur. Il se gratta le menton avant de commencer à brouter un peu. Les plantes avaient des goûts assez différents et contrairement à ce que pouvait penser Kérémir, ce n’était pas à cause de la pisse de fermier. C’est alors qu’il repensa à ce qu’ils traquaient. L’ennemi avait pris le temps de dépecer ses proies, donc il avait prélevé de la nourriture. Mais il l’avait fait que plusieurs animaux différents. Donc les viandes devaient avoir des saveurs différentes. Ses fréquentations bipèdes lui avaient fait comprendre que les chairs des différents animaux avaient des saveurs différentes. Malgré ses idées délirantes, si c’était quelqu’un qui cherchait des saveurs particulières en cuisinant différentes viandes. Puis les bipèdes chassaient et élevaient pour la viande surtout des herbivores.

    L’oryx interrompit son repas et alla toucher deux mots au nain.


    - Je viens de penser à un truc. Il a tué des animaux très différents, et chaque fois, il a prélevé de la chair sur eux. De ce que je sais des bipèdes, ils mangent surtout des herbivores et apparemment, comme les plantes, les goûts varient selon les espèces. Et si notre suspect était amateur de bonne cuisine ?! Et vu que c’est plusieurs cadavres par jour sans tuer des troupeaux entiers, il doit nourrir plusieurs personnes.

    Enfin, restait le cas du chien, mais il n’avait apparemment pas été dépecé, donc c’était bien les herbivores qui étaient visés, mais pour des raisons alimentaires. Une autre chose que Damiq avait remarqué concernant la viande, c’était son prix. Une denrée assez coûteuse. Une raison pour laquelle Zab en mangeait très peu et Damiq en prenait plutôt de la séchée, des insectes ou du poisson.

    - La viande, c’est pas donné, et j’imagine qu’un tavernier doit payer le prix pour s’en procurer comme pour les autres denrées. Et chasser ces animaux peut-être un moyen de faire des économies. Enfin, il y a quand-même quelques détails qui me chiffonnes, comment amener la viande sans se faire remarquer par les clients, pendant qu’il chasse, il peut pas faire tourner sa taverne, enfin il a des employés pour ça. Sans parler du délire avec les Titans dont ont parlé les lycaons. Et s'il veut massacrer les herbivores jusqu'au dernier, il aurait abattu des troupeaux entiers et ça aurait été contre-productif pour son commerce. Bon après rien ne dit que ça soit la bonne piste…


    Cette théorie avait encore pas mal de failles, mais pour le moment, tout était bon à prendre.

    L’oryx gardait les oreilles en alerte, bougeant uniquement pour tenter d’identifier un éventuel son ou chasser un insecte. Avec le soleil arrivant bientôt à son zénith, Damiq chercha un coin d’ombre pour ne pas trop peiner de la chaleur tout en restant vigilant sur les alentours. En tant que proie, il était taillé pour repérer les prédateurs. Mais jusqu’à la fin de l’après-midi, il ne constata rien de particulier. Hormis un rassemblement de vautours vers l’endroit où se trouvait la dépouille de l’hippotrague qu’ils n’avaient pu déplacer. Au moins, ils allaient en partie effacer ce que Kérémir avait fait à cet animal un peu trop audacieux.


    - Bon, j’ai rien vu d’anormal pour le moment. Même niveau sons, j’ai rien entendu de particulier.

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