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  • Sam 8 Juil - 15:03

    // Présence d'éléments pouvant être graphiques - médical \\

    La Peste et le Choléra [Dahlia] 54m184X


    Melorn. Cité elfique. Une ville engloutie dans un dôme magique dont le but initial était de préserver la cité état de tout mal. Tout du moins, c'est ce qui racontait ici et là. Des récits colportés par quelques saoulards et autres paysans qui, pataugeant dans la boue, me délivraient leurs mots entre deux toussotements. En vérité, il ne s'agissait que d'un trucage météorologique. Une boule de douce chaleur qui permettait aux elfes évoluant dans la cité de continuer de s'habiller comme s'ils se rendaient dans des diners ou des bals. Abjecte. Stupide. Quel usage stupide de la magie. Si tous les elfes œuvraient ainsi à s'efforcer bêtement de garder la beauté et le confort au cœur de leurs préoccupations, il n'était pas vraiment étonnant que l'ancien empire se soit effondré.

    Quittant mon admiration silencieuse du ciel pourpre, je me remettais doucement à marcher dans les rues fleuries de cette cité surcotée. Cela faisait plusieurs jours que mes pas m'avaient mené ici. Plusieurs journées passées à pratiquer diverses consultations et autres soins sur les habitants qui n'avaient pas les "moyens" de troquer quelque chose contre des services aussi simple que soigner un herpes ou nettoyer une vieille plaie. Il était amusant de constater quelques inégalités même au sein d'une ville dont le communautarisme était sensé être la clé de voute permettant de solidifier l'effort ethnique. Comme quoi, les êtres vivants étaient vraiment égoïstes. Quand ils n'étaient pas tout simplement xénophobes, à se chamailler entre eux pour une quelconque origine supposée. J'en avais d'ailleurs fait les frais, à mon arrivée. J'étais observé avec dédain, curiosité et dégout. On me voyait comme un étranger qui n'avait ni sa place, ni de raison de venir salir les si beaux pavés de Melorn. Seulement, mes travaux avaient eu le mérite de faire taire les plus imbéciles, ou de me faire ignorer par les plus méprisants. Peu m'importait en réalité, tant que je pouvais travailler. J'avais obtenu un petit atelier, près de l'auberge qui m'hébergeait. Rien de très spacieux, ni de très propre. Mais quelque chose de suffisant pour que je puisse pratiquer diverses consultations et, le soir venu, tester de nouvelles concoctions ou moyens d'altérer la chair. Les elfes étaient cependant assez désagréable et fouineur, aussi il me fallait agir avec plus ou moins de discrétion afin que personne ne vienne m'embêter avec des valeurs morales inconsidérées et profondément inutiles. La science n'attendait pas, et mes outils non plus.

    A ce propos, on devait d'ailleurs me fournir de nouveaux ingrédients afin que je puisse fabriquer d'autres sirops. Un mélange collant, sucré, qui permettait de soulager les maux de gorge et autres petits tracas que les explorations en dehors de Melorn pouvait provoquer. Pour cela, il me fallait du thym séché, du sucre et un peu de miel. Pour le reste, l'eau de l'auberge me suffirait. C'est ainsi, plongé dans mes propres réflexions, que je continuais de déambuler dans la cité état. En milieu d'après-midi - et même s'il était difficile de situer le temps à cause de ce maudit dôme -  je retournais enfin dans mon atelier. Là-bas, deux elfes à la chevelure noire m'attendaient sagement, assis sur un banc de médiocre facture. Même si, je devais bien l'avouer, ce dernier était toujours bien plus travaillé que certains meubles républicains. Les saluant doucement de la main, je ne leur accordais pas plus d'attention tandis que j'entrais dans mon laboratoire de fortune. Je déposais ensuite ici et là les différents ingrédients, tout en commençant à faire bouillir l'eau nécessaire à la préparation du sirop. La médecine, après tout, n'attendait pas.
    L'un des oreilles pointues entra finalement pour me retrouver, se moquant visiblement des règles de bienséance et de mon invitation. Peu m'importait en réalité car, déjà, je déployais mon nombreux outils comme si je savais de quoi il en était question. A son air sévère, ses quelques cicatrices difficilement dissimulées et son regard froid, je devinais chez l'individu une ancienne carrière militaire. Ou à défaut, criminelle. Relevant doucement le bec de mon masque pour "faire face" à l'intrus, je faisais doucement craquer le cuir de mes gants, impatient de connaître la raison stupide qui poussait cet individu à pénétrer "chez moi".

    - Navré de venir vous déranger ainsi, docteur. Croyez-bien que j'aurais préféré voir l'un des miens mais... Il s'agit d'une affaire particulière et nécessitant une discrétion certaine. Aussi, certains de vos "patients", m'ont informé de votre professionnalisme. Et de votre silence.

    Penchant doucement la tête sur le côté, l'elfe venait d'obtenir ma curiosité. Il ne venait pas simplement me questionner sur mes travaux. Non, il venait pour m'offrir visiblement du travail. Merveilleux. Activant ma magie, ma "voix" commençait à résonner dans l'esprit de l'elfe, distordue comme à son habitude par le simple fait que je savais pas à quoi celle-ci ressemblait.

    * Je peux en effet garantir mon silence. Vous devez cependant m'indiquer la nature réelle de votre visite, ainsi que votre nom, que je sache au moins à qui j'ai à faire. Et si cela concerne une infection de l'appareil génital ou autre soucis lié à la visite d'un bordel peu hygiénique, ne vous en faites pas, je peux aussi m'en occuper. *

    Ma remarque sembla faire tiquer le bougre qui, grognant, fit un non de la tête particulièrement vif. Ah, l'égo des elfes. Aussi réputé qu'amusant. Sortant d'une de ses sacoches une sorte de missive, l'oreille pointue vint alors déposer sur ma table cette dernière tout en m'invitant à m'approcher. Derrière lui, son compère semblait monter la garde.

    - Vithrir Velsolir. Membre de la garde de l'érudite Shyn'talas. Cette dernière nous a demandé de trouver quelqu'un de suffisamment "compétent" et "discret" pour résoudre un souci concernant la cité. Tous les détails sont inscrits ici. Inutile pour moi d'en dire plus mais comprenez bien la nature délicate de la chose.

    M'avançant doucement, je récupérais donc le parchemin afin d'en lire l'intégralité. Derrière les monocles de mon masque corbin, mes yeux s'agrandirent légèrement, à la fois amusé et intrigué.

    * Quand pensez-vous pouvoir m'amener le corps? *
    - Je pense qu'il serait plus efficace pour vous de venir directement à son domicile.
    * Soit. Mettons nous en route alors. Je refuse de perdre plus de temps. *
    - Suivez moi. Au fait, nous n'avons pas pu obtenir votre nom. Les personnes vous ayant recommandé non pas pris soin de nous le dire.
    * Appelez-moi simplement "le Docteur". Le reste n'est pas important. *

    Si ma réponse ne fut pas bien reçue, l'elfe n'en démontra rien. C'est donc ainsi, escorté par deux gardes bien particuliers, que je me retrouvais dans la partie "noble" de la ville. Evoluant parmi les badauds, ces derniers ne m'affichaient plus ce dédain habituel que j'ai pu observé les journées précédentes. Peut-être était-ce dut à mon escorte, ou bien au fait que sous mon masque, il était de toutes façons bien difficile de deviner ma nature humaine. Mes deux compagnons de fortune m'emmenèrent alors dans une maison relativement luxueuse. Si on pouvait utiliser cet indicatif dans une ville où l'argent n'avait aucune valeur. L'intérieur était spacieux, bien décoré. On y devinait une richesse incroyable des matériaux tout comme un confort de vie évident. Pourtant, le corps gisant en plein milieu de la salle de séjour révélait un spectacle bien plus macabre. Et aussi bien plus intéressant. M'avançant doucement vers le macchabé, je constatais avec amusement que mon escorte refusait de s'approcher d'avantage. Si faibles. Si ignorants. Triste réalité que celle-ci.

    Mon attention se porta néanmoins sur l'individu échoué contre le marbre. Visuellement, il s'agissait d'un elfe encore "jeune", donc l'âge se situait probablement dans les cent cinquante ans. Ses vêtements raffinés démontraient une certaine appétence pour le visuel et la beauté. Ce qui tranchait énormément avec ses traits figés et son expression de douleur. Ses yeux injectés de sang, le raisiné coulant de ses narines et de sa bouches tout comme les multiples bubons présents sur son cou étaient révélateurs d'une mort douloureuse mais rapide. Une maladie foudroyante, venue cueillir cet elfe chez lui. Attrapant l'un de ses bras pour en tirer la manche, j'observais alors les autres bubons présents, sortant mon scalpel pour pratiquer une légère incision sur l'un deux. Le pus jaunâtre et odorant qui s'en dégagea révéla la présence de potentiels pyogènes. Relâchant le membre sans réelle subtilité, j'ouvrais alors ma sacoche pour en sortir divers ustensiles, sous le regard attentif et dégouté des deux elfes m'accompagnant.

    * Je vais à présent commencer l'autopsie du corps. Cela sera sans doute salissant mais, si vous désirez le moindre résultat, je n'ai pas le choix. *      

    Sans plus de cérémonie, et surtout sans attendre leur accord, je coupais avec ma dague la tunique du pauvre homme avant de commencer mon œuvre. D'abord un examen minutieux du corps. De nombreux bubons, des veinules noires ainsi que quelques traces de profondes griffures, probablement réalisées par le sujet lui même. Ce qui fut d'ailleurs confirmé via la présence de chair sous ses ongles noircis. Puis, une fois mon observation faite, je commençais enfin ma dissection. Une coupure nette de la cavité thoracique, de l’abdomen, de la région cervicale et de la boîte crânienne. Etirant la peau pour la bloquer ici et là via divers instruments, je retirais ensuite les différents viscères de leurs cavité naturelle afin d'en observer la couleur, la texture, l'odeur et le poids. C'est là que je pus observer le vrai mal qui avait touché ce corps. Le sang était épais, d'une teinte plus bleue qu'à l'accoutumée. De plus, les différents organes se retrouvaient recouverts d'une pellicule nauséabonde, à la fois visqueuse et malodorante. Pour ce qui était du poids, enfin, le foie, les reins et les intestins étaient bien trop lourds pour ne pas avoir été saturés d'éléments infectieux. Le cœur lui, se retrouvait partiellement atrophié et on pouvait facilement remarquer les multiples lésions au niveau des poumons. Par sécurité, je sectionnais l'un d'eux pour en regarder le contenu. S'ils se trouvaient imbibés de raisiné, l'organe voyait également sa structure interne déformée et de multiples caillots s'étaient greffés ici et là. La maladie avait rongé le corps de cette pauvre victime. Mais le plus triste restait le fait que je n'avais aucune idée de quel genre de peste le malade avait souffert. Ce n'était pas la légendaire peste titanesque, mais ce n'était pas non plus la bubonique habituelle. Non, il s'agissait d'un mal nouveau. Replaçant doucement les différents viscères à l'intérieur du corps de mon sujet, je prenais ensuite soin de recoudre tout ce que je venais de sectionner. De ce que je voyais, les traces d'infections ne semblaient pas contagieuses mais, dans le doute, je laissais ma magie œuvrer sur mon propre corps puis je me redressais enfin vers les deux gardes. Le plus jeune, légèrement en retrait, affichait une pâleur caractéristique des personnes venant de vomir. Visiblement, la vue de mon travail avait retourné l'estomac de ce gringalet.

    * Je suppose qu'il y en a eu d'autres? *
    - Trois. Celui-ci est le quatrième. Chaque fois, il s'agissait de voyageurs. Donc nous fermions les yeux.. Mais cette fois...
    * Cette fois cela touche un membre de votre race et qui plus est un notable. Je comprends. Les corps ont été disposés? *
    - Oui, sur ordre de l'érudite. Pour le moment l'affaire est également étouffée et à part vous, personne n'est au courant.
    * Merveilleux. Disposez également de ce dernier. Je vous conseille cependant de porter des masques et d'incinérer les restes de cet individu. Pour ma part, je vais aller consigner ce que j'ai remarqué dans mon atelier, et tenter de comprendre comment créer un potentiel antidote. Ou, au moins comment éviter une potentielle contagion. Si je découvre quoique ce soit, j'en informerai directement Dame Shyn'Talas. *
    - Fort bien. Nous reviendrons vous voir si on nous informe également de quoique ce soit. Ou au moins pour vérifier votre avancée.

    Les saluant de la tête, je quittais les lieux sans plus de cérémonie, tapotant doucement ma sacoche remplie de petits échantillons et autres fioles de sang. J'avais, enfin, quelque chose d'intéressant à me mettre sous la dent depuis mon arrivée à Melorn. Redescendre dans les quartiers plus "modestes" ne fut pas réellement compliqué ni très chronophage. Ce fut au début de soirée que j'arrivais enfin à la rue qui menait jusque mon foyer temporaire. Comme le reste de la journée, une douce lumière baignait la ville de son aura violacée et il ne faisait ni sombre ni lumineux. Comme si la ville elle même s'était figée dans le temps. Plongé dans mes pensées, je manquais presque de remarquer la présence féminine qui siégeait près de l'entrer de mon atelier. Sa chevelure blonde et ses traits fins étaient remarquables, bien que complètement inintéressant pour moi. Ce qui m'intriguait, c'était la façon qu'elle avait de fixer les différents panneaux qui avaient été installés à la va-vite et qui indiquaient la nature de mon activité.

    Marchant donc doucement vers la silhouette inconnue, je souriait doucement sous mon masque corbin. Une nouvelle patiente? Sûrement, les dieux ne pouvaient pas me gâter de plusieurs cas ainsi en une seule journée. Mais. Après tout, tout était possible dans la cité ancestrale du peuple arcanique, n'est-ce pas? Arrivant enfin à son niveau, j'ouvrais doucement la porte du laboratoire, ignorant comme précemment les règles sociales habituelles afin d'entrer directement dans mon atelier. Une fois dedans, je déposais ma sacoche sur une table avant de me retourner vers l'entrée.

    * Bien. Que puis-je faire pour vous? Des soins? Des remèdes contre une infection quelconque? Une contraception d'urgence ou un avortement, peut-être? *

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  • Sam 8 Juil - 20:05


    Assise sur son fauteuil à balance, Dahlia regardait le plafond. Les yeux grands ouverts, elle rêvait, laissant ses songes la porter là où bon leur semblait. Ses doigts gigotaient nerveusement sur le bois, le tapotant à plusieurs reprises, la Fae essayant tant bien que mal de s'ancrer dans la réalité alors qu'elle commençait lentement à dissocier. Sa vision se fit trouble, son souffle plus court et doucement ses paupières se fermèrent, la pénombre prenant ses aises dans son esprit troublé. Elle était seule, tout du moins physiquement. Ses pensées se mélangeaient, sa conscience allait errer dans ses souvenirs et une grimace s'empara de ses traits fatigués. Loin de la ravir, sa grossesse faisait planer un voile de doute sur son existence, sur ses objectifs et sur ce qu'elle devait abandonner pour y parvenir. Sa main libre se posa sur son ventre légèrement rebondi et elle prit une longue inspiration. La porte de sa demeure venait de se refermer dans un cliquetis à peine perceptible, les domestiques quittant son domicile a pas feutré pour ne pas déranger la maîtresse de maison. Dahlia, elle, redoutait d'être ainsi abandonnée dans un silence de mort, sans la présence réconfortante d'Eliëndir à ses côtés, sans le moindre son pour apaiser ses angoisses. Elle avait pensé, à tort, trouver la rédemption dans la cité elfique. Ainsi, durant un bref instant, quelques mois à peine, elle crut avoir réussi à toucher le bonheur du bout des doigts, avoir pris l'ascendant sur ses démons. Un long soupir s'échappa de l'entre-ouverture de ses lèvres. Une longue journée l'attendait, et se complaire dans son malheur ne l'aiderait point à en venir à bout.


    D'un mouvement sec, presque trop brusque pour sa condition, la Fae quitta le siège qui la berçait et quitta les lieux, prenant soin de refermer la porte à clef derrière elle malgré les nombreuses patrouilles qui se baladaient dans le domaine d'Aradhel. Paranoïaque jusqu'au bout des ongles, Dahlia n'était que rarement soulagée du fardeau gargantuesque qui pesait sur ses épaules, persuadée que l'épée de Damoclès qui se tenait juste au-dessus de sa nuque menaçait de la rompre à chaque instant. Les lèvres pincées, la démarche chancelante, la jeune femme se dirigea d'un pas faussement assuré vers sa boutique qui se trouvait non loin, quittant les quartiers privés pour se retrouver dans une des nombreuses ruelles commerçantes qui jonchaient Melorn. Saluant d'un sourire de façade autant les voyageurs que les autres artisans, elle se dépêcha d'entrer dans sa deuxième demeure toute de marbre blanc, recouverte d'une centaine de fleurs et de plantes grimpantes différentes, retournant le signe accroché à l'entrée pour indiquer que le commerce était à présent ouvert au public. Les clients s'enchaînèrent à un rythme soutenu, ne laissant guère le temps à la Fae de s'ennuyer alors qu'elle s'agitait d'un bout à l'autre de la boutique, soulevant pots après pots, ajustant les bouquets de roses des vents qui lui avaient été commandés la veille. L'horloge avançait dangereusement et lorsqu'elle releva la tête, elle constata qu'une fois de plus, elle était en retard dans ses livraisons. Un sourcil légèrement plus froncé que l'autre, Dahlia confia l'échoppe à une de ses assistantes avant de se précipiter dehors, une orchidée violette sous le bras, dans sa main libre un parchemin sur lequel était notée l'adresse de celui qui l'attendait depuis déjà une bonne vingtaine de minutes. Déployant ses ailes iridescentes dans son dos, elle prit son envol et se dirigea tout droit vers sa destination sans prendre le temps d'apprécier le panorama sublime de la cité ancestrale, virevoltant d'une habitation à l'autre avec aisance.


    Après avoir vérifié une nouvelle fois qu'elle ne se trompait pas d'adresse, la Fae se posa délicatement sur les escaliers qui menaient aux immenses portes en chêne derrière lesquelles se trouvait un jeune Elfe au caractère impétueux, ayant laissé une marque particulière dans l'esprit de la fleuriste. Elle s'avança avant de toquer à trois reprises, attendant que l'on vienne lui ouvrir. Rien. Pas un bruit de pas, pas une voix. La demoiselle pencha la tête sur le côté, une moue interrogative sur son visage cerné par ses nuits sans sommeil, sa longue chevelure dorée dansant au creux de ses reins. S'il ne s'agissait pas d'un client fidèle, elle ne l'imaginait pas lui poser un lapin, pas après avoir fait tant de manières pour être livré ce jour. De quoi s'agissait-il déjà ? Un anniversaire. Elle plissa les yeux, mettant toute sa concentration à l'épreuve pour se souvenir du contexte dans lequel l'Elfe était venu la voir, la prise à haute dose de médicaments ayant malheureusement leur petit effet sur ses capacités neurologiques. Elle finit par abandonner, haussant les épaules, sa main se posant délicatement sur la poignée avant qu'elle ne constate que la porte était ouverte, un minuscule entrebâillement la laissant entrapercevoir le mobilier luxueux auquel elle s'était elle-même rapidement habituée. Elle poussa doucement pour l'ouvrir un peu plus, levant la voix pour signaler sa présence. « E… Excusez-moi je… Je suis là pour votre livraison, veuillez m'excuser du retard, j'étais un peu malad… ».


    Son cœur loupa un battement et le pot tomba à ses pieds dans un grand fracas, la terre cuite se brisant au contact du plancher. Tout le corps de la Fae se mit à trembler, constatant l'effroyable état de son client qui gisait au sol, le corps parsemé de traces de griffures, un mal terrible l'ayant emporté. Une larme silencieuse coula sur sa joue rosie et elle quitta les lieux dans la précipitation, meurtrie, sans même appeler à l'aide. Au fond d'elle, Dahlia savait. Elle se souvenait de son sourire, de son air hautain, de son comportement odieux. De la façon dont il avait jeté sa bourse sur son comptoir, la sommant de faire « mieux que la dernière fois, pour une étrangère, c'est bien la moindre des choses ». Elle avait enragé. Son sang s'était mis à bouillir, son regard se plantant dans le sien, une brume verte s'échappant des interstices de ses doigts pour se faufiler sous ses vêtements, profitant de chacune de ses respirations pour s'installer au plus près de son hôte. Elle courait, affolée, trébuchant sur ses propres pieds dans une fuite qui lui semblait interminable, son coeur fracassant les parois de sa cage thoracique alors que les larmes continuaient de couler. Elle n'était plus censée se laisser dominer par ses émotions. Les remèdes avaient fonctionné. A Melorn, elle était heureuse. Alors pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Saisissant sa chevelure dans ses mains, elle la tira, persuadée que la douleur physique prendrait le pas sur les tourments psychologiques qui l'assaillaient. Elle secoua la tête, reniflant un bon coup, reprenant soudainement conscience de l'endroit où elle se trouvait. Personne ne devait savoir. Personne ne devait la voir. Et elle devait trouver une solution, d'urgence.


    Sans se retourner, laissant le cadavre dans son dos, elle reprit sa route vers les quartiers modestes de la cité elfique, une idée bien précise en tête. Depuis quelques jours, un Docteur était arrivé en ville. Dahlia entendait de nombreux ragots à son sujet, et emplie de désespoir, elle se mit en tête que seul un être aussi dérangé qu'elle pourrait lui venir en aide. Une idée sordide, stupide, une tentative vaine de se racheter sans pour autant prendre la responsabilité de ce meurtre ignoble qu'elle venait de commettre. Quelques minutes plus tard, la Fae atteint enfin sa destination et elle s'arrêta, contemplant les panneaux avec curiosité, une pointe de doute l'envahissant, insuffisante pour la faire rebrousser chemin. Bientôt le son caractéristique de bottes qui foulaient les pavés vint quérir son attention et elle se retourna, constatant l'arrivée de l'étrange personnage qu'elle venait déranger. Bien plus grand qu'elle, il la surplombait très largement, passant à côté sans même lui adresser la parole avant de s'engouffrer dans son laboratoire. Dahlia marqua un temps d'hésitation, incapable de comprendre si l'individu désirait qu'elle entre à sa suite, ou si sa nonchalance signifiait simplement qu'il avait terminé son service. La voix déformée de l'inconnue retentit dans son esprit et la Fae eut un léger mouvement de recul sous le coup de la surprise, avant de réaliser que cette communication discrète ne lui serait que bénéfique. La jeune femme entra à son tour, refermant soigneusement la porte derrière elle avant de répondre également en usant de sa télépathie, tentant médiocrement de ne laisser percevoir aucune émotion qui pourrait la trahir.


    « Tout autre chose, Docteur. ». Elle rétracta ses ailes, son regard errant sur le cabinet avec curiosité, tout en plaçant une main protectrice sur son ventre. « Ma grossesse était désirée, merci de vous en soucier. ». Si son interlocuteur ne pensait pas à mal, il venait de solidifier les barrières que Dahlia érigeait face aux inconnus, devenue terriblement méfiante. « Je pensais que vous pourriez m'aider avec une problématique bien plus complexe. ». À ses mots, la brume verte commença à se répandre progressivement dans la pièce. « Je ne suis pas dangereuse, pour vous, pour l'instant. Tant que vous savez tenir votre... langue. J'ai entendu dire que vous étiez particulier, vous n'êtes pas le seul. L'origine de la plupart des maux que vous rencontrez à Melorn se trouve devant vos yeux. ». Sa voix dans sa tête se fit plus basse, presque murmure alors que la culpabilité l'attaquait de plus belle. « J'aimerais… arrêter. Je voudrais… contrôler. On dit de vous que vous êtes le meilleur. J'ai rencontré bien des médecins, aucun n'a été en mesure d'endiguer le mal qui me gangrène. Tant qu'il ne sera pas contenu, alors vous ne mettrez jamais la clef sous la porte. Une aubaine pour vous, sans doute. ». Sa confiance en elle se mit à flancher dangereusement et une nausée la secoua, la forçant à se rattraper à une chaise, des gouttes de sueurs perlant sur son front fiévreux, les fleurs qui ornaient sa chevelure tombant à la renverse. « J'ai… J'ai besoin de votre aide... Maintenant... ».
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  • Dim 9 Juil - 14:19

    Quand l'inconnue commença à me répondre télépathiquement, ma curiosité fut titillée. Non pas que c'était la première fois que je découvrais quelqu'un partageant ce pouvoir. Car ce dernier était somme toute assez commun. Mais plutôt, les gens ne prenaient généralement pas la peine de me répondre de cette manière, principalement en raison des efforts psychiques nécessaires à cette manœuvre. Ou au fait qu'à tout moment, la conversation pouvait prendre fin selon la volonté d'un des deux interlocuteurs. Mon esprit se recentra cependant rapidement sur la créature me faisant face. Ses mots, couplés à son attitude dégageait à la fois une menace non dissimulée et une panique certaine. L'origine des maux que j'avais pu apercevoir dans la cité? Réellement? Voila qui devenait intéressant. Croiser un être véhiculant maladies et malheurs était chose rare. Encore plus quand celui-ci semblait tout aussi apeuré par son potentiel que par ses propres effets. La fumée verdâtre qui se dégageait des doigts de la blonde pouvait avoir l'air inquiétant, pour quiconque craignait la maladie. Pour ma part, cela n'éveilla que mon attention. Mes vêtements médicaux, couplés à mon pouvoir me protégeaient aisément des maux que la donzelle pouvait chercher à répandre. Après tout, et d'après mon estimation, ce qui avait fauché l'elfe ne mettrait que quelques longues minutes avant de commencer à faire effet. Tout du moins, c'était vers cela que ma théorie partait. En vérité, peu importait car je comptais bien lancer mon propre sort si la fumée parvenait jusqu'à moi.

    Lorsqu'elle évoqua par la suite le fait que son absence de contrôle me fournirait un travail infini était réaliste. Mais, contrairement à ce qu'on pouvait penser, cela ne m'enchantait guère. Travailler au même endroit, éternellement, sans avoir de diversité dans les patients pourraient devenir rapidement ennuyeux. Pire encore, mes multiples travaux et expériences risqueraient fort de finir par être découverts et je finirais non seulement par être chassé de la ville mais, en plus, on pourrait s'en prendre à mes œuvres. Ce qui serait intolérable. Aussi, il était évident qu'il faille que je tente d'aider cette âme en peine. Quand elle flancha légèrement pour s'appuyer sur une chaise, je commençais à bouger doucement. Attrapant deux petites fioles qui siégeaient sur une étagère, je m'approchais de l'inconnue aux ailes iridescentes (qu'elle avait d'ailleurs fait disparaître) pour lui déposer doucement les deux récipients, naviguant dans la brume verte qu'elle continuait de répandre.

    * Le premier flacon est un calmant et un anti vomitif, le second vous redonnera un peu d'énergie. Il est nécessaire que vous puissiez vous calmer pour arrêter de... propager, cela. De plus, bien que je ne puisse encore déterminer exactement l'origine de votre mal, je ne sais même pas si cela ne pourrait pas se transmettre à votre... progéniture. De ce fait, mieux vaut aussi pour vous que le calme regagne votre esprit. J'accepte de vous aider. Cela m'intrigue. *

    Ne prêtant pas réellement attention à si elle se décidait ou non à boire les liquides que je lui offrais, je me retournais pour déposer sur une étagère les morceaux de viscères et échantillons de sang prélevés sur le dernier individu victime de ce prétendu "pouvoir". Soupirant doucement derrière mon masque, j'étais partagé entre la curiosité vis à vis de cette demoiselle et l'envie de commencer mes analyses pour mieux comprendre la nature de cette maladie pestilentielle.

    * Votre visible faiblesse et la sueur perlant votre front son probablement des vertiges liées à votre grossesse. Procréer est une tâche éreintante et la croissance du ou de la petite est une chose qui épuise à tout instant. Mais rien ne dit que votre état n'est pas le résultat de ce que vous répandez. *

    Me retournant doucement, je fixais de nouveau l'inconnue tandis que je sortais mon carnet de notes. Il fallait commencer l'étude rapidement, afin d'espérer des résultats tout aussi véloces.

    * Il me faudrait tout d'abord quelques éléments basiques. Votre nom. Votre race. Votre âge. Pour le reste, j'aimerais savoir depuis quand... "Ceci" se produit. Est-ce dû à votre grossesse? Ou bien cela prédate-t-il cet événement? Êtes-vous systématiquement épuisée après l'usage de cette technique ou bien cela dépend-il d'une intensité quelconque? D'ailleurs, depuis quand portez-vous votre enfant? Une idée? Si vous l'ignorez, je pourrais rapidement le savoir pour vous via des analyses non invasives. Dites-vous simplement que plus j'aurais d'informations, plus je serais à même de vous aider. Et pour ce qui est de tenir ma langue. Je ne compte pas propager la moindre information. Pas tant que je n'en saurais pas plus sur ce que vous produisez. Pour l'instant, j'ai quelques hypothèses mais il me faut travailler un peu plus dessus. Je marquais une pause, écoutant ses premières réponses tandis que je griffonnais sur le dit carnet. Pour ma part, vous pouvez m'appeler "Docteur". Je n'ai pas vraiment d'autre nom à donner et mon identité véritable ne serait, de toute manière, pas réellement utile même si j'étais à même de vous l'offrir. Et ne vous en faites pas, je ne représente aucun danger pour vous. Vous m'intriguez bien trop pour que je ne parle de votre spécificité à qui que ce soit ou aux autorités. *

    La vérité. Purement et simplement. Je me tenais de jouer franc jeu. Je n'avais cure des pauvres gens ravagés par la maladie, ou encore des jeux politiques elfiques. Ces elfes xénophobes ne méritaient de toute façon pas mon empathie. D'ailleurs, je crois bien que personne au monde ne la méritait. Même cette personne. Aussi innocente pouvait-elle paraître malgré l'aura maladive qu'elle avait préalablement répandue. Elle n'était pour moi qu'un sujet d'expérience. Une bête à analyser et comprendre. Si l'envie de l'aider n'était pas ma source de motivation, j'étais également sincère dans mes propos. Cela faisait partie de l'expérience, après tout. Et j'étais un scientifique hors pair.

    Refermant brusquement mon carnet, je déposais ce dernier dans ma sacoche avant de préparer quelques ustensiles et "ingrédients" particuliers. Dans l'hypothèse où ce que faisait cette personne provenait d'un pouvoir non maîtrisé, il fallait lui permettre d'apprendre à doser ce dernier. S'il s'agissait d'une malédiction inconnue ou d'un envoûtement, alors j'opterais sur mon propre pouvoir pour tenter de faire quelque chose. Mais pour l'heure, il valait mieux partir sur la première hypothèse. M'approchant donc finalement de la blonde, je lui tendais doucement un scalpel ainsi qu'une petite plaquette de verre.

    * Il va me falloir un peu de votre sang. Afin que je puisse voir si la maladie coule dans vos veines ou si le moindre mal y réside. Comme je me doute que venir vous en prendre directement moi même pourrait vous inquiéter, j'aime autant que vous soyez celle qui pratique l'incision. Inutile de trop vous couper, quelques gouttes suffisent alors n'allez pas vous taillader les veines comme une adolescente en mal d'attention. *

    Me détournant ainsi d'elle, je plongeais le morceau de foie prélevé sur la dernière victime dans une solution de ma conception. Le but était simple: voir si les éléments néfastes de la pestilence étaient toujours présents dans les organes après la mort. Si le liquide chauffé devenait bleu, alors le mal persistait. S'il restait rouge, la mort permettait l'élimination des maux. Cela avait l'air basique, mais une infection post mortem pouvait très souvent être la principale cause de la propagation d'une maladie. Après tout, certains clans barbares du Nord projetaient souvent des cadavres pestilentiels par dessus les remparts de villes assiégées afin de répandre la peste. Quittant mes réflexions pour me recentrer sur mon invitée de fortune, je la dévisageais doucement tandis que je revenais vers elle pour récupérer l'échantillon sanguin.

    * Au fait, j'y pense mais... Vos victimes. Est-ce qu'une raison spécifique les relie? Ou bien est-ce vraiment des accidents à chaque fois? Un élément déclencheur peut-être? Le moindre détail vous revenant pourrait nous être utile. *
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  • Dim 9 Juil - 19:53
    Auprès de ce docteur qui n'en avait probablement que le nom, la Fae se sentait autant démunie que rongée par la colère, conséquence de la culpabilité qui lui hurlait de faire machine arrière et de se rendre. Elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas. Un avenir radieux l'attendait à Melorn, un renouveau, une véritable rédemption qu'elle avait cherchée toute sa vie. Les yeux mi-clos, la main fermement crispée sur la chaise qui la soutenait, elle s'empressa de s'y asseoir sans demander son reste, poussant un long soupir de soulagement alors que son corps ne menaçait plus de rencontrer le sol à tout instant. Eliëndir lui accordait une confiance aveugle et elle faisait maintenant partie d'une des familles les plus influentes de la cité elfique. Elle n'avait plus le droit à l'erreur, encore plus maintenant qu'elle savait qu'il était aisé de remonter jusqu'à elle, sa signature magique traînant sur chaque cadavre victime des maladies qu'elle inoculait par mégarde. Frôlant la crise d'angoisse, la Fae sut par miracle conserver un peu de contenance face à cet inconnu qui la jaugeait sous ce masque épais au bec pointu. S'il venait à ébruiter leur échange, elle savait déjà qu'elle n'aurait guère le choix que de le faire taire par la force. Il lui aurait suffi de le glacer sur place, de s'immiscer dans son esprit, ou plus simplement de quérir la garde de Melorn sur le domaine d'Aradhel. Dahlia n'oubliait pas son statut de privilégiée, aussi nouveau soit-il.


    Elle releva les yeux pour constater la présence des deux flacons devant elle, marquant un temps d'hésitation. Sa méfiance lui hurlait de ne pas y toucher, son désespoir tout le contraire. Si autrefois elle les aurait engloutis sans se poser la moindre question, aujourd'hui elle n'était plus seule dans ce corps. Une main distraite caressant son ventre, elle resta silencieuse en fixant les liquides qui dansaient dans les fioles, attendant que la voix déformée du docteur ne retentisse encore une fois dans son esprit névrosé. Pour l'heure, elle ne croyait pas plus en lui qu'elle ne croyait en elle-même, à ce titre les échanges restaient transactionnels et la Fae poussa les remèdes du bout des doigts pour les éloigner de sa vision. Elle respira un bon coup, prenant quelques minutes de pause pour se remettre de la bouffée de chaleur qui l'affaiblissait, son coeur retrouvant un rythme plus raisonnable quand bien même ses sens restaient en alerte. « J'ai… Bon espoir que ce ne soit pas génétique. Mes parents pratiquaient la magie, pour autant ils n'ont jamais eu à faire avec ce… type de désagréments. ». Leur souvenir lui faisait l'effet d'une brûlure, ses pensées intrusives commençant à se mélanger au peu de raison qu'il lui restait. Que ferait-elle si son enfant partageait cette affliction, alors que sa propre mère demeurait incapable de se contrôler après quatre cents ans d'existence ? Se comporterait-elle mieux que ses propres géniteurs ? Elle ne l'abandonnerait pas comme eux l'avaient fait, néanmoins le résultat resterait le même. L'impuissance la plus totale face à des pouvoirs qui la dépassaient en tous points.


    Ses yeux suivirent les déplacements hasardeux du Docteur qui se saisissait à présent d'un carnet pour prendre ses notes. Si Dahlia n'appréciait pas l'idée d'être ainsi analysée, elle devait s'en remettre à ses compétences et à ses propres capacités à annihiler son interlocuteur si les informations venaient à fuiter. Pourtant, elle restait consciente qu'une méfiance aussi grande l'empêcherait d'obtenir un diagnostic fiable. Un long soupir s'échappa de ses lèvres rosies et une fois la sueur sur son front essuyée avec un mouchoir en tissu qu'elle sortit directement de sa sacoche, elle entreprit de formuler une réponse satisfaisante. « Mon nom est Dahlia. Je suis une Fae, de sang pur. Quant à mon âge, je l'estime à 403ans, néanmoins je ne peux pas être sûre de cette information, les registres à mon sujet ont été brûlés avant que je n'ai le temps de mettre la main dessus. ». L'ancienne directrice d'orphelinat avait sans doute détruit les archives concernant la Fae pour son propre bien, cela ne retirait point la rancune que Dahlia éprouvait à son égard, se sentant privée de toute une partie de sa vie. « Ma grossesse n'a rien à voir avec tout ceci. ». Son regard erra sur la pièce qui se remplissait de brume et elle prit une grande inspiration, la dissipant en retrouvant son calme. L'air redevenait respirable, quand bien même aucun d'entre eux n'en profiterait. « J'ai commencé très jeune, encore enfant. Les enfants du voisinage tombaient régulièrement malades après avoir passé du temps à mes côtés, fort heureusement les parents faisaient rarement le lien. ». Une chance de ne pas avoir été ostracisée par les habitants de la forêt républicaine. Un malheur qu'il ait fallu que ses propres géniteurs la trahissent à la place. Quant à la fatigue après que le sort ait été lancé, elle ne put retenir un rire nerveux. « Je suis constamment épuisée, depuis plusieurs centaines d'années. A ce titre je ne pourrais pas vous dire si cela vient de ma magie, ou s'il s'agit de la conséquence d'une vie consacrée à m'occuper d'autrui, jour et nuit. ». Elle soupira, encore. « Pour être honnête avec vous, je n'ai pas conscience de ce que je fais. J'apprends la mort ou la maladie de ceux dont j'ai croisé le chemin souvent plusieurs jours après les faits. Auparavant j'éprouvais de la difficulté à faire le lien, aujourd'hui j'en suis devenue paranoïaque. ».


    Mère Nature n'existait plus dans son esprit. Elle demeurait l'unique responsable des épidémies qui frappaient Melorn, plus tôt Liberty. Enfermée dans son cocon de culpabilité, martyrisée par sa conscience qui lui chuchotait des atrocités, Dahlia était une cause perdue. « Je… Je ne suis pas sûre pour… pour mon enfant. Le plus probable serait depuis février, ce qui voudrait dire que ma date d'accouchement approche à grands pas. Je ne peux pas me permettre de répandre des maladies et de devoir en gérer les conséquences alors que je m'apprête à devenir mère. ». Ignorant sa propre condition, la Fae refusait de se donner le choix, de s'offrir le luxe de commettre une erreur de temps en temps. Son cas l'intriguait et il ne dirait rien. De belles paroles qui ne valaient pas grand chose, tout du moins Dahlia sembla légèrement se détendre en constatant qu'aucun picotement ne venait déranger le bout de ses doigts. Le Docteur pouvait disposer de belles lignes de défense face aux arcanes psychiques, néanmoins elle doutait qu'il ait eu le temps et l'envie de les mettre en place face à une pauvre demoiselle esseulée. Il ne lui mentait pas, et cette simple constatation suffisait à lui mettre un peu de baume au cœur et à l'apaiser. « Parler aux autorités ne vous serait d'aucune utilité. Je suis plus protégée que je ne le laisse paraître. ». Autant par ses propres capacités que par le fait d'être la belle-fille d'un des membres du conseil des érudits. Galvanisée par cette sécurité qu'elle avait cherchée pendant tant d'années, la Fae en aurait presque fait une histoire d'égo. « J'apprécie néanmoins votre honnêteté à mon égard. Vous ne m'intéressez pas, et si vous m'aidez, je vous assurerais de ne pas être dérangé dans vos travaux tant que vous restez à Melorn. Ce qui vous arrive une fois les portes de la cité franchies ne sera plus de mon ressort. ». Peut-être que sa nouvelle connaissance n'avait cure d'une quelconque protection, pour autant Dahlia se sentait obligée d'offrir une contrepartie au service qui lui était rendu. Sans doute ignorait-elle que la curiosité maladive que ressentait son interlocuteur suffirait à éponger sa dette.


    « Pardon ? Une adolescente en manque d'attention, vous dites ? ». Ses sourcils se froncèrent, la colère grondant dans son esprit alors que ses insinuations commençaient à lui taper sur les nerfs. Elle dut user de toute la force dont elle disposait pour se retenir de l'attaquer ici et maintenant, de brutaliser ses capacités mentales jusqu'à ce qu'il soit inapte à les utiliser, de l'enfermer dans une prison de glace. Le souffle court, Dahlia peinait à se contrôler, complètement esclave de ses émotions, instable à souhait, un véritable danger public. Elle aurait pu le tuer. Elle n'était pas assez bête pour le faire. « Vous êtes ignoble, mais vous le savez probablement déjà. ». Ses yeux se posèrent sur le scalpel bien plus longtemps que de raison, marquant un temps de pause durant lequel ses pensées se bousculèrent. Venait-il réellement de donner une arme à une âme aussi perturbée que la sienne? Certes il était bien plus grand qu'elle, pouvait sans doute la maîtriser physiquement, pour autant ce manque de précautions flagrant rangeait le docteur dans une catégorie bien précise : celle des inconscients, celles de ceux qui n'avaient rien à perdre. Elle s'en empara silencieusement, pratiquant une incision fine au niveau de sa paume, laissant les gouttes tomber une par une sur la plaquette en verre avant d'enrouler sa main dans son mouchoir. Elle détourna le regard, ignorant ce que le fou manigançait avec ce foie qu'il manipulait, n'entendant qu'un bref « plouf » alors que l'organe baignait dans un liquide inconnu. Elle ferma les yeux, tentant de reprendre pied avec la réalité tandis que la solution se teintait de bleu, le mal persistant après la mort, la contagion n'en devenant que plus probable. Quiconque s'était approché un peu trop près du cadavre se retrouverait bientôt dans le même état.


    « Un… Un élément déclencheur vous dites ? Hm… Je suis sûre d'une chose, je n'ai que rarement eu l'envie de tuer, ou de blesser à ce point. Je ne suis pas une meurtrière, encore moins une tortionnaire. ». Elle prit son menton entre son pouce et son index, se plongeant dans la réflexion, les paroles de Nineveh lui revenant instantanément à l'esprit. « La médecin que j'ai consulté avant vous parlait d'un très grand flux de magie, contenu trop longtemps. J'ignore si elle a raison, cela reste une piste à explorer. Quant aux victimes… ». Elle plongea son regard dans les deux orifices du masque qui cachait le visage du Docteur, soudainement plus sévère. « Je dirais simplement qu'il ne vaut mieux pas croiser ma route en ayant des intentions belliqueuses. Parfois, il s'agit juste d'un manque de chance, parfois... Un Elfe est mort aujourd'hui, sans doute avez-vous croisé sa route. Vous allez me trouver idéaliste, néanmoins je ne tolère pas la xénophobie ou l'injustice. Vous comprendrez que la situation est urgente, car à moins que le peuple de Melorn ne se décide à se montrer plus clément avec les étrangers, nous risquons bien plus qu'un accident. ». Son attention se redirigea vers son ventre qui la fit sursauter, sa progéniture se faisant remarquer en donnant des petits coups de pied. « Je sais que je peux vous paraître froide et déconnectée, pour autant je tiens à vous assurer que je ne tire aucun plaisir de mes pouvoirs. Je les apprécierais bien plus si j'en avais le contrôle, à ce titre ils seraient utilisés à bon escient. ». Oh, la Fae ne comptait pas arrêter d'user de sa pestilence. Eliëndir avait réussi à lui rentrer dans la tête qu'il s'agissait d'un don fascinant et comme chaque don, il nécessitait de l'entraînement. Ce que l'amour pouvait faire dire, comme âneries…
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  • Lun 10 Juil - 0:38
    Attrapant l'échantillon, je me retournais finalement pour me diriger vers différents tubes à essai. Ces derniers, remplis de la même solution que pour le foie, attendaient sagement que je ne vienne y déposer doucement les gouttes sanguines de la fae. Visiblement, et d'après ce que je pouvais observer sur l'organe prélevé, la maladie persistait même après la même. Une méthode de propagation somme toute classique, mais intéressante.

    * Concernant votre enfant, avez-vous ressenti des symptômes particuliers? Autre chose que quelques vomissements, fatigue ou éléments similaires. Je parle là d'éléments déterminants. Comme des saignées au niveau de votre appareil génital ou bien une sensation d'infection généralisée? Cela pourrait être synonyme de danger. Pour votre comme pour votre progéniture. N'oubliez pas que tout ce que vous subissez se transmet à votre enfant. Les maladies aussi, surtout lorsqu'elles sont magiques. *

    Approchant alors du foie contaminé, je plongeais doucement mes mains dans le récipient afin d'en extraire ce dernier. Usant de ma propre magie, je laissais cette dernière pénétrer l'attribut avant de le déposer dans une nouvelle solution, constatant cette fois avec satisfaction que ce dernier ne devenait pas bleu. Bien. Au moins le "mal" était curable. Tournant légèrement la tête vers Dahlia, je l'observais du coin de l'œil afin de continuer notre discussion.

    * Aucun soucis dans vos urines également? La moindre douleur? Pas de mousse ou d'écume? Ces questions sont peu ragoutantes mais, avant de passer à la suite je préfère être certain que votre état n'est pas mauvais. Comprenez, je suis, ignoble comme vous dites, mais j'ai dit vouloir vous aider. De ce fait, j'aimerais éviter de vous voir défaillir ou périr pendant que nous traitons votre problème. *

    Je soupirais doucement, fixant l'échantillon sanguin et constatant que ce dernier ne provoquait pas de réactions particulières. Bien. Au moins, la maladie ne coulait pas littéralement dans ses veines. Ce qui était plutôt un bon signe, et le symbole qu'il s'agissait probablement d'une utilisation de pouvoir non maîtrisée plutôt que d'une malédiction quelconque.

    * Mes premiers tests confirment effectivement qu'il s'agit plutôt d'une utilisation magique non désirée. Enfin, j'entends par là que vous n'êtes pas véritablement un baril de maladie prête à exploser au moindre faux pas. Seulement, votre utilisation semble pour l'heure très aléatoire et régie par vos émotions ce qui, vous conviendrez bien de cela, est assez dangereux pour une femme enceinte. Je rebondissais alors à sa remarque sur les elfes. Effectivement, vu le comportement des habitants de cette cité, il vaut mieux trouver pour vous une solution. Car même si vous faisiez partie intégrante du conseil des érudits, je ne pense pas que ces derniers laisseraient une "étrangère" semer la mort et la maladie dans ce qui représente le dernier bastion de leur empire d'antan. Les elfes sont trop nostalgiques pour laisser pareil vestige sombrer à cause d'une personne trop instable pour contrôler ses propres pulsions. Sans offense bien sûr. Dans l'état, c'est exactement ce que vous êtes. Et à présent qu'une érudite a demandé une enquête sur ces morts étranges, je doute que le moindre statut puisse vous protéger de l'ire vengeresse des oreilles pointues. *

    Tapant dans mes mains, je quittais le bord de la table contre laquelle je m'étais appuyé pour venir attraper une vieille clé siégeant contre un crochet, près du cellier.

    * Avant que nous continuions, je veux être certain que vous êtes prêtes à suivre mes indications. Vous venez frapper à ma porte et demandez mon aide. Mais je vois votre méfiance et votre dédain depuis le début de nos échanges. J'ai déjà accepté de vous aider. A vous d'accepter de l'être. Sinon, vous savez par où se trouve la sortie. Le temps est une ressource précieuse et bien que votre cas m'intrigue, je ne souhaite pas le perdre avec une personne qui souhaite de l'aide sans accepter d'être un peu bousculée. Dans tous les cas, sachez que votre enfant sera en sécurité. Je n'ai que peu d'intérêt pour votre progéniture. *

    Je pris alors le temps d'entendre sa réponse, avant de finalement me diriger vers une arrière salle, toujours aussi silencieux. Si la fae me suivait, elle passerait alors devant une multitude de bocaux aux viscères entreposés et autres restes humains, témoins muets d'expériences passées et surtout de maux guéries avec efficacité. D'ailleurs, chaque bocal était identifié d'une étiquette narrant la nature de la maladie, de l'envoutement, ou de la malédiction ayant frappé la personne. Ainsi que les rapports sur ces dernières. Il s'agissait là de premiers tests, ayant permis la guérison de nombreuses vies. En quelques sortes, ces trophées étaient des hommages aux martyres ayant accepté de suivre des traitements expérimentaux.

    Ouvrant doucement la porte, je m'enfonçais alors dans le grand couloir sombre menant aux sous-sol. M'arrêtant alors pour que la fae vienne à son tour, je refermais alors derrière elle la porte avant de reprendre ma descente. Il valait mieux que nous puissions être tranquille si nous souhaitions travailler convenablement.

    * J'ai vu que vous n'aviez pas pris les fioles que je vous avais déposé. Si le moindre malaise vous assaille par la suite, sachez que j'en ai d'autres dans ma sacoche. Et non, ce n'est ni du poison pour vous ou pour votre enfant. Même si les haut-le-cœur que vous pourriez avoir ne seront peut-être pas liés à votre grossesse. *

    Certains pouvaient trouver mes travaux repoussant. D'autres, immoraux. Pourtant, je ne faisais qu'œuvrer pour la médecine et pour le progrès. En bas des grandes marches, une salle s'étirant sur plusieurs mètres de longs était éclairée grâce à la lueur de lanternes aux verres vieillis et à quelques torches mourantes. Au milieux de la pièce se trouvait une table à stries sur laquelle le corps d'une femme était déposé. Entièrement nue, cette dernière était proprement éviscérée et l'entièreté de son abdomen avait été ouvert afin de permettre l'accès aux cavités internes. Sur le côté, chaque organe avait été déposé avec soin dans des bocaux remplis de liquide d'embaumement afin de les conservé. Malgré la lumière douce, on pouvait également voir dans le corps de l'inconnue les organes reproducteurs ainsi que les os et tissus musculaires. De plus, l'air ambiant était devenu parfaitement nauséabond pour qui n'y était pas habitué. Une odeur de mort. Et de fluides corporels. M'avançant doucement vers le corps du sujet d'expériences, je passais ma main gantée au niveau du cou de l'elfe autopsiée.

    * Une lacération de quelques centimètres. Ici, et ici. Pas assez suffisante pour causer une hémorragie fatale et pourtant, cette demoiselle est morte quand même. Pourquoi? Et bien à cause de la maladie. Votre maladie. Je me dirigeais alors vers l'un des bocaux, soulevant ce dernier et révélant à la fae un cœur aussi noirci que la plus sombre des roches. La gangrène a atteint le cœur ainsi que d'autres organes. Officiellement, cette demoiselle a succombé à un poison virulent. Mais les traces de lames sont post-mortem. Quelqu'un a donc maquillé cet incident. Et quelque chose me dit que vous savez à la fois qui est cette demoiselle, ou qui pourrait avoir fait cela. Peu importe, en réalité, la question est à présent résolue et il nous faut nous tourner vers votre problème. *

    Déposant le bocal, j'invitais Dahlia à me suivre vers une autre partie de la pièce. Cette fois, le corps d'un nain se trouvait sur une autre table d'opération. Si j'avais pu demeurer dans mon ancien laboratoire, il y aurait eu une multitude d'autres sujets visibles. Et les différents bras et autres membres pendant au plafond n'auraient pas été aussi encombrants dans nos déplacements.

    * Avant que vous ne posiez la question, j'ai tout à fait le droit de disposer de ces différents appendices. L'atelier m'a été mis à disposition le temps que je fasse mes affaires ici. Pour le reste, je ne vous ai pas amenée ici pour simplement vous révéler la nature de mes travaux. Voyez ce nain, par exemple. Sa mort est simplement le résultat d'une trop grande consommation d'alcool et d'un pari stupide pour savoir si les petits hommes étaient capables de voler naturellement comme des vessies gonflées. Aucun de ses organes internes n'a été spécifiquement endommagé, à part son cerveau à la suite de la fracture violente de sa boite crânienne. Nous allons changer cela, tous les deux. *

    Je venais me poser près du cadavre, attrapant au passage l'un de mes outils de découpe tout en fixant la fae qui me faisait à présent face.

    * Bien. Pour commencer, vous allez tenter de répandre cette... Fumée dans le corps de ce sujet. L'incision réalisée permettra la pénétration de votre gaz pestilentiel. Le but est simple, tenter pour vous de choisir volontairement de laisser ce pouvoir être utilisé. Plus encore, de ne le concentrer qu'au corps de ce macchabé. La première étape pour votre maîtrise sera de savoir déclencher et mesurer votre don. Par la suite seulement, nous pourrons travailler sur votre maîtrise émotionnelle ou les autres aspects de cette pestilence. N'attendant pas plus, j'enfonçais mon outil dans la poitrine du pauvret, taillant la chair et laissant un long filet sanguin glisser le long de mes gants et de sa peau blanchie. A vous de jouer, Dahlia. *

    Maintenant, il restait à savoir si ma nouvelle patiente avait ce qu'il fallait ou si j'allais devoir "l'encourager" un peu.
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    Anonymous
  • Mar 18 Juil - 22:46
    Les yeux rivés sur le Docteur qui s’agitait dans son atelier, manipulant le foie qu’il avait ôté à une de ses victimes, Dahlia se sentait mal à l’aise. Ce n’était pas tant cette atmosphère étrange ou cet individu qui ne lui inspirait pas confiance que le sentiment inhabituel d’avoir besoin d’aide, de nécessiter la présence d’autrui pour faire face à ses problèmes. Profondément solitaire, la Fae s’acharnait à arranger subterfuges et manipulations pour se défaire de ses obligations, de ses responsabilités face à la populace de Melorn qui baissait en nombre, les médecins arrivant en ville se remplissant bien plus les poches qu’avant son installation dans la cité elfique. Son interlocuteur ne la ravissait guère, pourtant les options continuaient à s’amenuiser et elle se trouvait dans une impasse. Un long soupir s’échappa de l’entre ouverture de ses lèvres avant que son souffle ne se coupe sous la surprise. Elle s’était longtemps demandée si sa propre pestilence pouvait atteindre son enfant, et si personne n’avait jamais été capable de lui répondre, son don se faisant de plus en plus rare, ce qui ne l’arrangeait guère, elle-même n’avait jamais été capable de lever cette suspicion. Les sourcils froncés, les yeux légèrement plissés, elle se gratta nerveusement le bras, y laissant quelques marques rouges sous l’angoisse qui la gagnait malgré tous les efforts qu’elle faisait pour ne pas la laisser s’exprimer. La Fae mit un certain temps avant de répondre aux interrogations du Docteur, les questions se bousculant dans son esprit sans trouver leurs réponses et lorsqu’elle fut à même d’organiser ses pensées, elle tenta de paraître la plus détendue possible.


    « Non, rien de particulier. Je suis suivie par une médecin ici à Melorn et rien ne sort de l’ordinaire concernant ma grossesse, ni au niveau de mon appareil génital. Mon enfant étant ma priorité, je me suis assurée de recevoir les meilleurs soins afin de pouvoir subvenir à ses besoins. La probabilité que je transmette mes maladies à mon enfant sont minces d’après les spécialistes que j’ai consultés, en partant du principe que je ne me rends pas moi-même malade. Néanmoins, mince ne veut pas dire inexistant. ». Cela lui coûtait de l’admettre, mais Dahlia restait un danger. Pour elle-même, pour ceux qui l’entouraient, pour le petit être qui grandissait dans son ventre. Si la magie médicinale avait fait ses preuves, elle n’en restait pas moins vacillante en termes de résultats purs. Pour la Fae qui appréciait les faits concrets, cela signifiait qu’elle continuait de nager en mer inconnue. « J’espère ne pas vous avoir blessé en vous qualifiant d’ignoble. Ce n’était pas tant une insulte qu’un constat, je ne dois pas être la première à avoir été répugnée par votre travail. Le fait est qu’il reste nécessaire, et qu’étant donné que vous m’accordez votre aide, je vous suis reconnaissante. ». Dahlia détestait se sentir redevable. C’était un moment difficile à passer, et elle irait l’enfouir au fin fond de sa mémoire dès lors qu’elle aurait quitté l’atelier.


    Elle écouta les remarques du docteur avec appréhension, masquant assez mal la peur qui commençait à la paralyser. Prenant de longues inspirations et de lentes expirations, Dahlia maîtrisait ses émotions avec difficulté, d’autant plus qu’elle savait très bien qu’il avait raison. Sa grossesse avait augmenté la fréquence de ses sautes d’humeur, diminué sa patience drastiquement. Ce n’était pas un hasard si le taux de maladie à Melorn avait bondi le jour où elle avait appris qu’elle portait la vie. Un minuscule sourire étendit ses traits alors que l'homme au bec pointu se perdait dans ses explications. Certes, il n'avait pas tort, les Elfes restaient des Elfes, des êtres profondément xénophobes, prêts à tout pour conserver la seule relique de leur empire d'antan. Si au début l'intégration avait été complexe, elle ne l'était pas moins aujourd'hui, pourtant Dahlia ne voyait plus Melorn de la même manière. Elle serait toujours une étrangère, toutefois cela ne l'empêchait pas de trouver une place, sa place. Celle que personne d'autre ne saurait prendre, celle qu'elle défendrait farouchement. Pour l'heure, sa situation lui suffisait, si ce n'est qu'elle devrait trouver le moyen d'arrêter de semer les maladies dans son sillage.


    « Vous ne m'offensez pas, vous pouvez y aller franchement. Je suis une bombe à retardement, j'en ai bien conscience. Croyez-bien que si la situation était maîtrisable, je ne me retrouverais pas ici aujourd'hui. ». Des années de tentatives pour contrôler sa magie, des échecs encore et toujours. Si la Fae ne croyait plus réellement en une possible rédemption, elle espérait pouvoir faire pencher la balance en sa faveur. « Vous vous méprenez. Ce que vous prenez pour du dédain n'est qu'incompréhension et méfiance. Je serais bien sotte d'aller voir le premier venu en lui déclarant un de mes plus grands secrets sans m'attendre à ce qu'il sorte de sa bouche à la première incartade. Tout ceci n'a rien de personnel, je réalise que votre temps est… ». Elle fit une pause de quelques secondes avant de reprendre. « Précieux, tout comme le mien. Je n'ai pas l'intention de m'opposer à vos pratiques, tant qu'effectivement, elles n'affectent pas mon enfant. Si je voulais de la douceur et nager en mer connue, je serais restée chez un médecin traditionnel. Vous avez toute mon attention. ». L'instinct maternel avait toujours été présent chez Dahlia, renforcé par tant d'années à prendre soin de plusieurs centaines d'enfants à l'orphelinat, mais le regard qu'elle adressait au docteur aujourd'hui trempait dans l'indifférence. Elle refusait de se laisser aller, tournant en rond telle une lionne en cage, craignant de faire le pas de trop et de déclencher un cataclysme.


    Remarquant qu'aucune réponse ne résonnait dans son esprit, la Fae emboita le pas du Docteur en restant elle-même silencieuse, observant les environs avec un dégoût non dissimulé. Si l'odeur de la mort restait très présente dans son quotidien, sa vision demeurait rare, aussi le fait de se retrouver aussi proche de viscères et d'organes humains lui fit tourner la tête. S'accrochant à la rambarde des escaliers alors qu'ils poursuivaient inlassablement leur descente dans les sous-sols, Dahlia en vint à se demander si tout ceci était véritablement nécessaire. Elle souhaitait que cela ne soit pas le cas, néanmoins la vérité ne tarderait pas à la rattraper. L'essentiel était que des personnes telles que le docteur se complaisaient dans ce type de vocation, les évitant à des âmes qui n'auraient point le choix que de les exercer. Un haut-le-cœur vint la saisir et elle s'arrêta sur les marches, penchant la tête en arrière, prenant de grandes et longues inspirations puis expirations pour se ressaisir. Son courage ne suffirait peut-être pas à l'empêcher de vomir. Cependant, elle parviendrait à mettre un pied devant l'autre, focalisant son regard sur la silhouette particulière de son interlocuteur devenu insensible à ce genre de spectacle. Une fois en bas des marches, elle s'arrêta et prit connaissance de ses alentours, une moue dégoûtée sur le visage, un sourcil légèrement plus relevé que l'autre, son teint devenant de plus en plus pâle. Elle toussa un bon coup, tentant d'étouffer son envie de rendre son repas sur le sol froid du laboratoire du docteur, peinant à garder sa contenance alors que son enfant commençait à donner de petits coups de pieds dans son ventre. La Fae plongea sa main dans sa poche pour en sortir un mouchoir en tissu qu'elle disposa sur son nez et sur sa bouche en s'approchant tout doucement du cadavre qui gisait sur la table d'opération. « Pour être honnête avec vous, j'ignore qui a pu maquiller cette mort. Je sais que j'en suis la cause, j'imagine qu'elle ne devait pas être appréciée de ses pairs. Je suis une meurtrière, ne vous détrompez pas, j'ai parfaitement conscience de ma responsabilité et du fait que je refuse de l'assumer. Pour autant, je ne m'abaisserai pas à ce genre de… fourberies. ».


    Toujours le mouchoir devant sa bouche, elle suivit le docteur au pas de course avant de s'arrêter en sentant qu'un vertige la gagnait et qu'elle lâchait prise. Elle s'agrippa à l'embrasure de la porte et se mit à hyperventiler, des gouttes de sueur perlant sur son front. Toute cette escapade était le fruit d'une mauvaise idée, d'une panique incompréhensible face à une mort parmi tant d'autres. Elle lui en voulait. Elle s'en voulait. Elle en voulait au monde entier. Après avoir pris une pause nécessaire, sans s'excuser d'avoir pris du retard, elle reprit la marche et une fois devant le cadavre du nain, elle se contenta d'acquiescer. Dans sa névrose, Dahlia possédait plus d'une carte dans sa manche, et elle jouait aujourd'hui celle de la dissociation. Le regard perdu dans le vide, s'aventurant sur toutes les étagères autour du corps, la bouche légèrement entrouverte, elle sursauta presque en constatant qu'elle devait… infliger une maladie à cet homme. Perplexe, elle se défit de sa protection factice et croisa les bras devant sa poitrine, une de ses mains allant flatter son ventre rebondi. « Je… vous êtes sûr que je peux? C'est que.. enfin… ». Elle s'apprêtait à dire que tout ceci n'était pas très éthique, mais rien de ce qui se passait entre ces murs ne l'était réellement. De plus, elle se trouvait devant une véritable opportunité de pratiquer sur quelqu'un qui ne souffrirait pas. « Je… je vais essayer. Je ne vous promets rien, comme dit, je n'ai pas l'habitude que ce soit… volontaire. ».


    Timidement, la Fae leva une main, puis l'autre. Dans un silence glaçant, elle agita doucement les doigts et ferma les yeux pour tenter de rassembler sa maigre concentration pour une première tentative. Ses poignets tremblaient, sa respiration saccadait de plus en plus. De quoi avait-elle si peur ? D'être vue comme un monstre ? C'était déjà le cas. De ne plus réussir à revenir en arrière ? Elle pouvait toujours enfermer ses pouvoirs avec un sceau ou un artefact. Dans les faits, elle ne craignait rien, si ce n'est que le poids immense de sa conscience ne tombe en fracas sur sa nuque tel une épée de Damoclès. Après quelques secondes, la brume commença à apparaître, d'abord légère, elle s'envola dans une brise artificielle vers la plaie confectionnée par le docteur. S'y infiltrant avec lenteur, la couleur verdâtre de la brume s'intensifia, avant de disparaître. Les yeux toujours clos fermement, la jeune femme n'osait pas regarder le résultat. Lorsqu'aucun son ne se fit, ni dans sa tête ni dans la pièce, elle finit par les rouvrir, constatant un échec cuisant. Le corps demeurait inerte, comme si rien ne s'était passé. Elle se retourna vers le docteur, ses ongles grattant à nouveau son épiderme sous le stress qui s'emparait de ses membres. « Je.. je suis désolée je… je vous jure que j'ai essayé, j'y ai mis énormément de force mais… je… je pense que ma magie ne m'obéit tout simplement pa… ».


    SBLARK



    Toujours immobile, tout le corps de Dahlia se mit à trembler alors que sa main remontait jusqu'à sa joue maculée de sang. À sa droite, la poitrine du nain venait tout juste d'exploser, repeignant les murs du laboratoire de son liquide rouge et putride, laissant une belle trace sur le masque pointu du Docteur. Les bronches du pauvre malheureux s'étaient bouchées, laissant les poumons se remplir de gaz jusqu'à éclater. Le repos n'avait été que de courte durée et bientôt des larmes se mirent à couler sur les joues de Dahlia qui s'empressa de trouver un seau, vide ou non, pour rendre son déjeuner. A vouloir faire de son mieux, elle l'avait réellement fait.
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  • Mer 19 Juil - 11:35
    Les yeux fixés sur la fae et le cadavre du nain, j'analysais silencieusement les mouvements de la femme enceinte. Son attitude froide et sa tentative de paraître sûre d'elle s'étaient estompées pour révéler une incertitude certaine et une crainte quant à son propre pouvoir. Ce n'était pas une peur liée fondamentalement à une crainte pour sa vie, tout du moins je ne le percevais pas comme ça. En réalité, peu m'importait. Cette peur était le moteur de ses actions et la raison de sa venue dans mon atelier. De ce fait, il était assez peu délicat de ma part de m'attarder sur ces potentielles craintes quand ma nouvelle patiente commençait son œuvre sous ma propre injonction.

    La fumée verdâtre quitta ses doigts pour se répandre doucement. Un filet simple, régulier mais assez fin qui venait glisser jusqu'à l'entaille que j'avais réalisé sur le corps du demi homme. Comme je m'y étais attendu, la maladie que Dahlia déversait en ce pauvre corps ne rongeait pas directement les tissus extérieurs. Peut-être, et je l'espérais, cette brume nauséabonde commençait son travail à l'intérieur de la cavité abdominale. Mon observation était, naturellement, des plus silencieuses. Mon regard glissait de l'entaille à ma patiente, revenant ensuite sur le sujet d'expérience dont je notais vaguement l'oscillation des tissus épidermiques et ce léger gonflement. Presque imperceptiblement l'abdomen du nain était devenue un peu plus convexe. Comme quelqu'un cherchant à retenir sa respiration. Cependant, en prenant en compte l'état du cadavre et notre petite expérience, j'arrivais rapidement à la conclusion que la brume de Dahlia venait se loger à l'intérieur des poumons du sujet. Ou, au moins, entre ses organes. Quels allaient être les effets? Une nécrose avancée? Un déchirement des tissus ou la fonte des muscles? Des bubons internes peut-être? Je sentais une pointe d'amusement et d'excitation grimper en moi, avide d'en savoir plus quant à cette forme de pouvoir particulière et face aux maladies qu'elle pouvait générer.

    Quand la fae cessa enfin de répandre sa brume, je me redressais naturellement pour lui faire face. Ses mots, couplés à son attitude me faisaient penser à une enfant qui venait de briser un pot familial et qui se cherchait des excuses. Oh, ma chère Dahlia, votre don avait fonctionné à merveille. Vous ne le saviez juste pas encore. D'ailleurs, et comme pour ponctuer mes pensées, une légère détonation résonna dans la pièce. Sous la pression du gaz, les poumons du bougre avaient fini par éclater, propulsant viscères et giclées de sang un peu partout. Ici et là, quelques petits débris d'os retombaient lamentablement dans un petit éclat sonore tandis que le sujet adoptait à présent une pose difforme et malodorante. Sa cage thoracique, brisée, s'ouvrait telle une rafflesia pour révéler l'intérieur du corps mutilé. Ou plutôt, pour montrer ce qui ne s'y trouvait plus. Derrière mon masque, un sourire était venu s'ancrer sur mes lèvres tandis que j'observais le visage choqué de Dahlia. Il ne fallut que quelques secondes pour que l'état de choc ne passe et que la réalité la rattrape. Tandis qu'elle vomissait dans le premier seau attrapé, je laissais mon regard glisser vers elle tandis que je me décalais doucement de la table d'opération, écrasant au passage quelques organes déjà mutilés. Un bruit humide qui permit au moins à la fae de m'entendre approcher. Sortant de ma sacoche l'une des fioles que je lui avais proposé plus tôt, je la déposais près d'elle en fixant les larmes qui s'écoulaient sur ses joues.

    * Le calmant, et l'anti vomitif que vous avez refusé de prendre plus tôt. Maintenant que vous savez que je ne compte pas m'en prendre à vous, n'hésitez pas à boire ce liquide. Ce n'a pas bon gout, mais c'est toujours mieux que l'acidité gastrique.*

    Je retournais par la suite près du cadavre, glissant mes doigts gantés dans la cavité ouverte du corps meurtri. J'y relevais quelques petites irrégularités internes, non pas dues à l'explosion mais probablement à une légère nécrose. Compte tenu de la pression exercée sur l'intérieur de l'abdomen, cela pouvait tout aussi bien être la résultante d'un étirement prolongé et intense. Non, cela ne collait pas. Si l'intensité de la brume avait fait éclater les poumons, elle n'avait pas dut être assez forte pour provoquer une maladie particulière. Rien d'étonnant en soit, mais c'était bon à savoir. Déplaçant mes doigts, je continuais silencieusement à toucher les différentes parties internes du corps avant de finalement prélever des restes humides de peau déchirer pour les plonger dans un flacon que je refermais par la suite. Il allait falloir vérifier si l'infection était tout de même présente, ne serait-ce que pour confirmer ma théorie.

    Recentrant finalement mon attention sur la fae, je plaçais le flacon d'échantillon contre la table avant de tendre un tissu à cette pauvre fille. Son visage immaculé était à présent couvert de quelques pellicules rougeâtres et si cela ne me dérangeait pas le moins du monde, la demoiselle ne possédait ni mes protections ni ma désensibilisation et la laisser ainsi pouvait compromettre le reste de nos petits essais.  

    * Visiblement, votre magie vous obéit tout de même un peu. Il y a encore un travail à faire sur l'intensité et sur la concentration de maladie. Mais ces premiers résultats sont déjà prometteurs. Voyez cela comme un début de réussite, aussi traumatisant que cette dernière puisse être. De toutes façons, votre pouvoir donnera toujours des effets répugnants. Voir de vos propres yeux les résultats pourra aussi sans doute vous aidez dans votre maîtrise. *

    Je marquais alors une pause, retournant près du cadavre tout en attrapant une scie à os que je plaçais à la jonction de la cuisse et du bassin du macchabé.

    * Prenez une chaise, laissez le produit agir le temps que je règle ça. Il existe encore quelques choses que nous devons tester. *

    Sans attendre réellement de réponse, je commençais à découper la chair du pauvre individu. Un bruit humide, couplé au raclement de la scie résonna alors dans le laboratoire. Puis, enfin, ce craquement caractéristique de l'os finalement tranché. Tirant doucement, j'arrachais le membre avec délicatesse pour venir l'accrocher contre un des crochets de boucher encore libre. Puis, comme si de rien était, je reprenais ensuite sur les autres membres jusqu'à n'avoir plus que le tronc du pauvret. Une fois ce dernier disposé de tous ses membres, je le tirais doucement en dehors de la table pour venir le déposer dans un sac que je refermais doucement. Traînant ce dernier, je m'avançais alors jusqu'à plusieurs trappes murales. Le bruit humide du sac accompagnait le claquement de mes bottes sur le sol marbré avant qu'enfin je n'ouvre l'une des dites trappes pour y glisser les restes de notre sujet d'expériences. En réalité, il s'agissait là d'anciens fours abandonnés, que j'avais reconvertis en tiroirs médicaux le temps de mon séjour. Chacun des fours servait à entreposer des corps, au moins le temps que je ne les évacue ou bien que je puisse pratiquer dessus. La fraicheur de la pierre, couplée aux produits injectés permettait de les garder "en état" au moins quelques jours. Et aussi de canaliser l'odeur. Ouvrant par la suite une nouvelle trappe, j'en extirpais le corps juvénile d'une petite humaine. Agée d'à peine une dizaine d'années, l'enfant m'avait été apportée par un elfe particulièrement abject. S'il avait tenté de masquer ses pratiques, j'avais rapidement deviné la raison de la cause de la mort de ce pauvre enfant et aussi pourquoi l'elfe nobliau avait cherché à s'en débarrasser. Fort heureusement pour lui, mon compas moral n'était pas véritablement aligné avec celui de la société dans laquelle j'évoluais. Et il était toujours compliqué de pratiquer sur de jeunes enfants alors, qui aurais-je été pour refuser une telle proposition? Pour ne pas accepter cette humble requête.

    Prenant le corps de la jeune fille, je venais la déposer délicatement sur la table où se trouvait précédemment le pauvre nain. Préparant diverses concoctions, je déposais les fioles autour de la petite brune à la peau de pèche, avant de reporter mon attention sur la fae qui m'accompagnait.

    *  Nous avons pu voir grâce à vos efforts que la brume que vous produisiez pouvait avoir des effets... Destructeurs sur l'intérieur des corps. Je vais maintenant vous demander de matérialiser de nouveau votre pouvoir. Cette fois seulement, il ne s'agira pas de simplement déverser votre brume de manière continue. Il vous faudra plutôt la laisser s'imprégner sur le corps de ce sujet. De ronger seulement l'extérieur du corps et de ne pas toucher la surface interne. En somme, voyez cela comme plusieurs graduations d'intensité. Je m'arrêtais quelques instants, déposant mon regard sur la blonde. Je sais que votre pouvoir est couteux en mana et en énergie, sans parler de l'enfant que vous portez. Aussi, si vous le préférez, nous pouvons faire une pause. Ou bien je peux vous fournir quelques stimulants, le choix est votre. Et pour ce qui est du sujet... Ne vous en préoccupez pas plus que cela, voyez vraiment cela comme une étape à franchir. Si vous parvenez à utiliser votre don sur... Ca. Alors votre maîtrise ne sera pas si difficile à atteindre. *

    Je mentais, naturellement. Je n'avais pas de certitude quant à la maîtrise de sa pestilence ou de son endurance. Mais je savais qu'une fois les barrières morales franchies, les êtres étaient souvent capables de se dépasser. Et puis. Il ne s'agissait que de cadavres pour le moment. Des corps immobiles qu'elle ne pouvait que profaner. Pas faire souffrir.

    Alors il n'y avait vraiment pas de mal. N'est-ce pas?    
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  • Lun 7 Aoû - 21:17
    Le long de ses joues, les larmes coulaient inlassablement, formant un tracé glissant et droit alors que certaines venaient même glisser le long de son cou, atterrissant sur la naissance de sa poitrine. Dahlia se tenait au seau qui venait d'accueillir ses précédents repas, refusant d'ouvrir les yeux alors que les sanglots la secouaient toujours un peu plus. Comment avait-elle pu croire qu'une telle expérience la ferait progresser dans un quelconque domaine ? Pire qu'un pas en arrière, la Fae se vit régresser à une vitesse phénoménale, se jurant à maintes et maintes reprises de ne plus jamais user de cette magie morbide qui lui pourrissait l'existence, la plaie béante de sa culpabilité qui s'ouvrait un peu plus à chaque seconde qui passait. La jeune femme poussa le seau de sa main tremblante pour ne plus en apercevoir le contenu au risque de rendre cette fois de la bile et lentement, elle se recroquevilla sur elle-même. L'image de femme forte et impitoyable qu'elle avait tenté de tisser tout le long de leur altercation venait de s'effondrer tel un château de cartes et devant cette réalisation, Dahlia réalisa que le mensonge ne lui sauverait pas la mise. Elle se retrouvait piégée par ses propres actions et si elle pouvait toujours fuir ce sous-sol immonde et ce docteur qui la toisait, ses yeux cachés derrière son épais masque, elle ne pouvait pas abandonner maintenant. Elle refusait de céder à ses pulsions, d'accorder grâce à son corps qui ne supportait plus la torture psychologique qu'elle s'infligeait. Tout devait prendre fin, aujourd'hui.


    Sa voix resta enfermée dans sa gorge serrée, les mots refusant de sortir, ses pensées s'entrechoquant à une vitesse folle dans son esprit névrosé alors que ses doigts attrapaient enfin les fioles tendues par le docteur. Elle considéra les options qu'elle possédait durant quelques secondes, constatant qu'elles n'étaient pas nombreuses. Elle pouvait s'entêter à refuser d'engloutir quoi que ce soit provenant de ce sordide personnage et rester entre la crise d'angoisse et l'énième vomissement, ou céder aux demandes du même énergumène qui ne voyait visiblement en elle qu'une expérience de plus, qui l'amusait assez pour qu'il n'y mette pas un terme prématurément. Les yeux plissés, une confiance inexistante en lui, elle déboucha doucement les fioles avant d'en renifler le contenu, manquant de vomir à nouveau. Les potions ne sentaient jamais la rose, à son grand désarroi. Sans faire plus de manières, paradoxalement déterminée et résignée à la fois, la Fae avala le contenu des remèdes prodigués alors que ses doigts se baladaient dans ses cheveux, retirant des morceaux d'os qui parcouraient sa crinière dorée. Elle détestait l'admettre, mais il avait raison. Bien lottie dans ses quartiers, Dahlia évitait soigneusement de croiser les effets dévastateurs des maladies qu'elle inoculait. Toute cette mascarade amplifiait son sentiment d'injustice, d'innocence. Elle était autant la victime que le bourreau. Les fesses vissées entre deux chaises, la jeune femme balbutiait tout juste queqlues mots pour montrer son acquiescement au docteur, profondément choquée par l'explosion qu'elle avait provoqué. Elle poussa sur ses mains pour se hisser sur une chaise, essuyant sa peau maculée de sang par la même occasion alors qu'elle sentait lentement mais sûrement les antidotes faire effet. La Fae se racla la gorge, toussant à plusieurs reprises avant que sa voix ne s'élève à nouveau dans l'esprit du Docteur. « Nous n'avons pas la même définition de réussite. ». Dans son malheur, Dahlia réalisait qu'elle pouvait expérimenter sur des cibles qui ne mourraient pas par sa faute. Pour autant, elle ne se trouvait pas dans un état assez stable pour ressentir de la gratitude. Cela viendrait. Peut-être.


    En le voyant retourner vers le cadavre, armé de sa scie, la Fae comprit instantanément ce qui allait se passer. Elle avala sa salive avant de prendre une grande inspiration, ses doigts venant se loger dans ses oreilles pour ne plus entendre le son du métal qui frottait sur la peau, sur les muscles puis enfin sur l'os qu'il vint trancher sèchement. La jeune femme dirigea son esprit sur des éléments plus doux, sur cette vie qu'elle allait pouvoir modeler selon ses envies, sur ce que la cité elfique pouvait lui offrir. La cité elfique ? Non. Ce qu'Eliëndir allait lui offrir. Les autres lui importaient peu, et si elle devait être parfaitement honnête avec elle-même, contrôler sa magie n'était qu'une énième manière d'obtenir l'approbation de l'être aimé. Au fond d'elle, Dahlia cherchait encore la validation d'autrui, incapable de s'aimer elle-même, son amour propre mis au placard dès l'enfance alors que s'occuper des autres devenait sa vocation. Sa respiration saccadée trouva un temps d'accalmie tandis que le son des pas du docteur sur les pavés lui revenait en écho, signalant que sa macabre expérience touchait à sa fin. La Fae rouvrit les yeux et se figea presque instantanément devant la vision d'horreur qui se déroulait devant elle. Un ultrason lui traversa les oreilles et la voix du Docteur dans son esprit se retrouva noyée sous ses pensées qui se mélangeaient, ses yeux rivés sur le visage inexpressif du cadavre juvénile. Elle ne parvint qu'à saisir vaguement l'essence de ce que lui demandait l'individu masqué. Elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas ?


    Ses doigts se mirent à nouveau à trembler et elle manqua de tomber à la renverse, s'accrochant à la table pour ne pas valser en arrière. Son regard auparavant empli de dégoût se transforma en une peur paralysante, mêlée à une colère noire qui ne faisait que grandir. « N… non. ». Pour la première fois, la Fae brisa la télépathie qu'ils partageaient. « Non…». Son épiderme frémissait, son rythme cardiaque s'accélérait dangereusement. Comme une entité dénuée de volonté propre, Dahlia ne faisait que se répéter. « Non, non, non, non… ». Dans son dos, la brume commença à prendre forme. Incapable de la voir, oubliant presque la présence du Docteur qui en attendait beaucoup trop d'elle, la Fae n'eut aucune réaction, le regard rivé sur l'enfant. Une montagne de questions se bousculaient en elle, l'empêchant d'aligner ses pensées afin de se calmer. Qui était cette petite ? De quoi était-elle morte ? Ses parents étaient-ils au courant? Pourquoi le docteur l'avait récupérée, elle en particulier ? Elle cligna des yeux rapidement. La reconnaissait-elle ? Venait-elle de son orphelinat ? D'un autre, ici, à Melorn ? Avait-elle déjà mis les pieds dans sa boutique de fleurs ? Si quelqu'un l'avait tué, alors qui ? Prise d'un vertige, la Fae glissa de sa chaise pour tomber à genoux, sa robe immaculée se teintant du sang qui gisait encore sur les pavés. Sa voix se brisa. « Non ! »


    Au même instant, la brume se mit à tourner autour du Docteur, essayant par tous les moyens de trouver une faille dans sa tenue pour s'y immiscer, une muqueuse quelconque sur laquelle se déposer. Dahlia, elle, tombait en proie à une violente crise d'angoisse. Sa respiration ne se fit que plus rapide et bientôt, elle fut en état d'hyperventilation, ses mains agrippant fermement ses cheveux alors qu'elle sombrait dans la folie. « Je… je ne peux pas non, pas à une enfant, non c'est hors de question, et et… et… non, non, non ! T... Tout sauf un enfant, tout, tout, absolument tout !  ». Dans sa perte de contrôle monstrueuse, la Fae ne s'apercevait pas de la manifestation puissante de sa Pestilence qui, faute de se diriger vers le Docteur, s'en alla directement sur le moindre organe qui gisait à l'air libre, s'y infiltrant en les faisant noircir, parfois exploser. Tout le laboratoire semblait être en proie à une ébullition, à une démonstration dévastatrice d'une magie incontrôlée, incontrôlable. Naturellement, suivant son angoisse, la Fae se mit à pleurer à chaudes larmes, se refermant à nouveau sur elle-même. « Je… je ne peux pas faire ça je… j'ai déjà pris tant de vies, tant d'enfants, j'étais censée les protéger je… je suis ignoble mais… ne… ne me forcez pas à ça je vous en supplie… »
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  • Jeu 10 Aoû - 17:05
    Je devais l'avouer. La réaction de ma patiente avait été... Brutale.

    Sombrant dans une terrible crise d'angoisse, la fae déblatérait en boucle sa volonté de ne surtout pas toucher aux enfants. Qu'elle ne pouvait juste pas procéder à des expériences sur des corps juvéniles. Je trouvais cet écart moral particulièrement amusant. Détruire les corps d'êtres adultes ne gênait absolument pas Dahlia mais, en revanche, les enfants semblaient déclencher chez elle un profond dégout. Une peur surprenante. Pourtant, dans toute cette tornade d'émotion, dans cette crise, la blonde était parvenue à manifester de nouveau son pouvoir. Et je touchai là au cœur du problème. Sous couvert de ses sentiments déchainés, la fae laissait tout autour d'elle voler un nuage aux propriétés néfastes.

    Le gaz glissa sur moi, cherchant à entrer et m'atteindre par n'importe quel moyen. Ma tenue était complète, parfaite. Mais, dans le doute, je me préparai tout de même à lancer mon sort de guérison au cas où le mal serait tout de même assez insidieux pour se glisser par un quelconque port, une quelconque faille existante. Ne pouvant donc m'annihiler, la fumée lâchée par Dahlia se répandit dans l'air à une vitesse folle. Une pestilence vorace qui vint frapper les membres suspendus aux crochets. Sur ces derniers de nombreux bubons, cloques et autres chairs nécrosées firent leur apparition tandis que la maladie s'amusait à frapper tout ce qui n'était pas protégé. Tandis que la blonde demeurait recroquevillée, je tournai mon bec en direction du corps de la jeune enfant, constatant dans un haussement de sourcil que le corps juvénile se voyait lui aussi dévoré par la maladie. Je le comprenais, si je laissais la patiente voir le résultat de sa propre folie, alors l'impact psychologique serait trop grand. Elle finirait par craquer, et pouvait alors tenter des actes profondément stupides. Et en aucun cas, je n'aurais accepté que celle dont j'avais promis de m'occuper ne sombre toute seule dans la spirale suicidaire de sa propre crainte. Attrapant donc le corps de la jeune enfant, je portai ensuite son corps déformé pour le ramener vers le four à pierre. De multiples bruits humides résonnaient peu à peu, échos des membres explosant ou des bubons emplis de pus se déversant sur le sol marbré. Refermant la portière du tiroir où l'enfant avait été déposé, je me retournai finalement vers Dahlia, sortant de ma sacoche une seringue emplie d'un calmant pour forcené.

    * Calmez-vous Dahlia. Vous n'aurez plus à observer ce genre de spectacle concernant les enfants. J'ai compris. *

    Ne lui laissant pas le temps de réagir, je plantai l'aiguille au niveau de son cou, appuyant sur le piston pour laisser le liquide se répandre dans le corps de la fae en larmes. Très vite, les effets se firent et je sentis son corps se détendre et se ramollir. Et avec cela, la fumée commença à se dissiper. Portant dans mes bras le corps de la blonde enceinte, je venais déposer cette dernière contre une chaise propre afin de la laisser revenir à elle peu à peu. Elle se trouvait sûrement dans une espèce de réalité hallucinée, où son esprit manifesterait divers délires rassurants et déformés. Quant à moi, je retournai auprès du lieu "d'explosion" afin de constater l'étendue des dégâts. Tous les corps exposés avaient été rongés. Tous les organes qui n'avaient pas été scellés avec minutie se voyaient noirci par la maladie et la mort. Certains avaient même explosé et ne ressemblaient plus qu'à une sorte de pulpe noirâtre et nauséabonde. C'était un gâchis. Tant de potentielles expériences qui se retrouveraient complètement réduites à néant. Enfin. Aux vues des problèmes que je devais à présent gérer, cela importait peu. Dahlia avait besoin d'aide et, si rien était fait, Melorn allait finir par devenir un lieu aussi vivant que Sancta. Ou alors, la cité survivrait, mais la fae serait exécuté. En soit, son sort m'importait peu si les elfes prenaient une telle décision, mais pour l'heure, c'était aussi mon devoir de faire en sorte que cela n'arrive pas. Et puis... Je devais bien reconnaître une certaine fascination morbide à l'égard de sa fumée pestilentielle. Cela faisait un moment que je n'avais vu pareil gaz toxique. Une source d'inspiration, assurément.

    Mon analyse achevée, je venais par la suite tirer la chaise de la blonde pour l'acheminer jusqu'à une zone plus "propre" puis, enfin, je la portai de nouveau pour la faire remonter à l'étage. Une fois en haut, je me dirigeais vers la partie arrière pour l'allonger sur le lit qui avait été mis à ma disposition. Même si je ne l'utilisai pas. Ce n'était pas vraiment mon style, après tout. Par la suite, je retournai à mon nettoyage et mon isolement. Il me fallait retirer ce qui avait été contaminé. Brûler ce qui pouvait transmettre le mal à d'autres. La tâche fut relativement mon longue mais, alors que les flammes de la cheminée du sous sol léchaient les restes calcinés des membres pourris, je réfléchissais à la suite des événements. Il ne me restait plus vraiment de quoi pratiquer sur des cadavres. Peut-être un, deux tout au plus, mais rien de suffisamment nombreux pour obtenir un résultat maximal. Passant une main sur mon torse, je laissais ma magie de guérison parcourir mon corps et neutraliser toute potentielle trace de la pestilence de la fae. Plus que tout, il aurait été sacrément dommage que le Docteur ne tombe malade à cause de son patient. Dans un soupire las, je quittai mon admiration silencieuse du brasier pour recommencer la préparation de diverses concoctions. Quand Dahlia serait enfin réveillée, elle aurait tout le loisir de revenir me voir pour que nous discutions. Car même si son coup d'éclat avait ruiné une partie de mon laboratoire, il m'avait tout de même ouvert les yeux sur certaines choses. Et sur des moyens de potentiellement canaliser les émotions de la blonde et de trouver une solution.

    Attrapant la potion que je venais de réaliser, je faisais tourner le liquide bleuté qu'elle contenait devant les flammes de la lanterne se trouvant à ma gauche. Puis, dans mon dos, j'entendais les pas légers de ma patiente qui descendait de nouveau les marches de mon atelier. Tournant légèrement mon visage masqué pour observer la nouvelle arrivante, j'étirais sur mes lèvres un sourire mesquin.

    * Ravi de vous revoir, Dahlia. J'espère que vous vous sentez mieux. Si vous avez toujours quelques nausées à cause du calmant, je vous ai préparé ceci. Je déposai sur la table la potion préparée. Il s'agit d'un concentré de vitamines et autres herbes stimulantes. Rien d'autres. Et outre ses propriétés, cela vous fera du bien à vous, tout comme à votre enfant. Si vous avez quelques questions, n'hésitez pas. Pour votre cas, j'ai également une proposition... Les corps ne sont plus trop en état d'être utilisés pour nos examens futurs. Alors.. Soit vous me laissez en récupérer d'autres ou bien... Nous pouvons passer à une étape plus... Extrême. C'est comme vous le désirez. *
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  • Ven 15 Sep - 19:10
    Recroquevillée dans un coin du laboratoire, des larmes coulant le long de ses joues pour atterrir jusqu'à la naissance de sa poitrine, Dahlia n'entendait plus rien. Un ultrason puissant parcourait ses oreilles, la voix du docteur résonnant en écho, comme si sa tête avait été plongée sous l'eau. Son souffle était court, saccadé, son rythme cardiaque un véritable déchaînement de violence, une cavalcade lancée à pleine vitesse vers une mort certaine. La gorge serrée, incapable d'émettre le moindre son si ce n'est les sanglots qui parvenaient par miracle à quitter ses cordes vocales de temps à autre, la Fae était dans un état plus que pitoyable, absolument misérable. Le visage de l'enfant restait gravé dans son esprit, lui revenant en flash chaque fois qu'elle fermait les yeux, comme imprimé sur ses paupières. Comment pouvait-elle ainsi désacraliser un corps juvénile, lui faire subir un affront aussi atroce que celui de s'attaquer à son cadavre sans défense ? Dans son esprit, la jeune femme se considérait comme un monstre, pourtant certaines limites ne pouvaient être dépassées, aussi étranges soient-elles. Les noms des orphelins morts de ses mains défilaient dans son esprit névrosé, une liste interminable, plus de trois cent ans de pestilence incontrôlée ayant fait des ravages dans son sillage. Ses doigts tremblaient, ses épaules s'affaissaient sous toute cette pression insoutenable et la torture semblait impossible à stopper. Dahlia avait perdu ses moyens, le peu de santé mentale qui lui permettait d'exister en société. Elle n'était plus qu'une loque, qu'un corps aussi inanimé que ceux qui jonchaient le laboratoire du Docteur. Elle était morte.


    La douleur de la seringue qui transperçait sa peau la réveilla d'un petit bond, ses paupières s'ouvrant enfin sur le corps du médecin à quelques centimètres du sien. Proche. Trop proche. Incapable de déceler ce qui lui était injecté, la Fae commença à paniquer, tentant de se défaire de cette emprise imaginaire tandis que le liquide s'immisçait dans ses veines, la rendant aussi docile qu'un chaton. Un froid glacial parcourut son épiderme, suivi d'une chaleur réconfortante, ses muscles se détendant naturellement sous l'effet du remède administré par celui auquel elle était venu quémander ses services. La tête penchée en arrière sur la chaise, le cou bloqué contre le dos en bois de son assise, Dahlia ne remarqua pas même que sa fumée s'était estompée. Elle ferma les yeux, une nouvelle fois, pour ne trouver dans ses songes que souffrance et désespoir, deux entités qui rythmaient sa vie depuis le commencement. Elle se revoyait, enfant, courir dans les forêts républicaines entourant la capitale. L'odeur du ragoût de sa mère. Le bruit des branches coupées sous la hache de son père. Le voisinage en effervescence, les sourires des marchands qui s'arrêtaient pour quérir un verre d'eau avant de reprendre leur route. Les livreurs venant chercher les bouquets préparés le matin-même par Mariette. Les patients d'Erik qui se succédaient dans son cabinet de fortune. Aussi ironique que cela puisse paraître, Dahlia en venait à oublier qu'elle était la fille d'un médecin, que sa malédiction elle-même se jouait de son destin risible à souhaits. L'espace d'un instant, elle se sentit heureuse. Sereine. Comblée. Elle entra dans leur maisonnette, sentant encore la légère résistance de la poignée chaque fois qu'elle la saisissait, résultat d'une course poursuite un peu trop mouvementée entre son père et elle, un soir d'été. Une brise envoya sa longue chevelure blonde valser en arrière et elle s'arrêta pour humer l'air, la douce fragrance des fleurs se mélangeant à l'odeur âcre et puissante des cadavres de ses parents qui se retrouvaient soudainement sur le plancher, leur sang se déversant entre les planches devenues moites.


    Inconscient, le corps de la Fae était parcouru de légers sursauts, témoins des hallucinations qu'elle subissait. Bientôt, les corps sans vie de ses parents disparurent pour ne laisser place qu'à un silence de plomb et une obscurité complète. La pénombre était si forte que la Fae ne pouvait pas même distinguer ses pieds alors elle avança, à l'aveuglette, à la recherche d'une réponse qui ne lui serait pas donnée. Au fur et à mesure de son avancée, des sons étrangers venaient se glisser dans ses oreilles. Des murmures, des chuchotements. Une voix qu'elle ne connaissait que trop bien. La sienne. « Regarde toi… ». Elle grimaça. « Même à Melorn tu ne fais que détruire… ». Elle ne pouvait nier. « Oh, tu pensais qu'en suivant ton petit amoureux, tout allait rentrer dans l'ordre ? Je te plains Dahlia. Je nous plains. ». Ce n'était qu'une question de temps. « Voyez-vous ça. Quatre cent ans d'existence, une montagne de cadavres dans le placard, pourtant l'espoir subsiste. Tu n'as que ça à la bouche. Un rappel à l'ordre te ferait le plus grand bien. ». Elle s'était tant excusée. Elle avait même prié, en tant qu'athée. « J'oubliais que le pardon permet aux morts de revenir parmi nous. Quel dommage que nous ne nous soyons pas orientés vers la nécromancie. Nous aurions été parfaites. Tu aurais été parfaite. ». Elle n'aurait jamais pu. Elle ne se serait jamais permis. « Tu geins, tu pleures, mais rien ne se passe. Le docteur ne pourra pas t'aider. Personne ne le peut. Tu es une cause perdue, tu fais peine à voir. ». Une main se glissa sur son épaule, la caressant doucement tandis que la présence dans l'obscurité ne faisait que grandir, remplissant l'espace. « Il n'est pas trop tard pour mettre un terme à cette hécatombe. ». Dans son sommeil artificiel, elle hurla. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus. Avait-elle seulement le choix ?


    Un coup de pied dans son ventre la fit sursauter, mettant un terme à l'illusion. Elle rouvrit les yeux. Le monde réel. Celui qu'elle haïssait et qu'elle était pourtant ravie de revoir. Ses yeux acclimatés à l'obscurité mirent plusieurs secondes pour s'adapter à la luminosité ambiante, bien que faible. Depuis combien de temps dormait-elle ? Comment s'était-elle retrouvée à cet endroit ? S'approchant d'une fenêtre, elle observa les environs, une vague de réconfort apaisant ses maux alors qu'elle se rendait compte qu'elle se trouvait toujours dans la capitale elfique. Ses souvenirs embrouillés commençaient à lui revenir, et après s'être assurée que son enfant allait bien en attendant un signe de vie de ce dernier, elle commença à descendre lentement les escaliers. Il ne fallut pas énormément de temps pour que le docteur ne remarque sa présence, se tournant vers elle dans une expression qu'elle devinait plus chaleureuse que la sienne. Le calmant… Ses yeux erraient dans le laboratoire, plus vide, plus… propre. Si l'on pouvait qualifier le laboratoire de propre. Elle devinait les ravages qu'elle avait causé sans même qu'on lui en fasse la remarque et les yeux rivés sur le sol, Dahlia se mit à baragouiner. « Je… Je suis désolée. Je ne voulais pas mettre à mal votre lieu de travail j'ai… ». Elle poussa un long soupir. « J'ai perdu le contrôle. Comme souvent. Comme trop souvent. ». Après ce constat qui lui coûtait bien plus qu'elle ne désirait l'admettre, elle se rapprocha très lentement de la fiole qui lui était tendue pour l'engloutir. Le désespoir l'avait rendue moins méfiante, plus prompt à la docilité qu'on lui connaissait d'ordinaire. Le Docteur avait-il réussi à la dompter ? Cela restait un mystère, même pour elle. « Je… J'espère ne pas vous avoir fait de mal. J'ai conscience que vous devez avoir de quoi vous remettre sur pied dans ce type de circonstances, pour autant je ne peux pas être sûre de ce que je vous ai infligé, ou ce que j'ai infligé à votre laboratoire. Vous m'en voyez sincèrement navrée et… confuse… ». La Fae revenait à elle, à ses habitudes, à cette manie de s'excuser en boucle, accablée par la culpabilité. Ainsi, elle avait ruiné tous les corps exploitables. Une surprise aussi regrettable que rassurante, toutefois le soulagement ne sut durer trop longtemps. « Plus extrême ? Je… ». Son cerveau se mit à carburer et rapidement, le lien se fit. « Je… Je ne veux plus rien faire à des innocents. Si… Si nous devons nous diriger vers ce… ce type d'expérience, je… je sais que ça paraît inimaginable et stupide mais… serait-ce possible qu'une personne consentante puisse exister ? ». Si seulement elle avait su à qui elle s'adressait. « Vous pouvez soigner. Vous pouvez tout soigner. ». Presque devenue fanatique face à l'accablement, Dahlia s'en remettait dangereusement à la folie du Docteur. Elle s'approcha de lui, venant par réflexe saisir ses mains entre les siennes. « Je… Je n'ai pas l'habitude de … de me comporter ainsi mais… Je veux venir à terme de cette affliction, de ce manque de contrôle. Je ferais ce qu'il faut pour m'en débarrasser. Je vous suivrais. ». Elle planta ses yeux ambrés brûlants de détermination dans les trous de son épais masque. Il pouvait l'aider. Il devait l'aider. Ils n'avaient plus le choix.
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    Le Docteur
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    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2033-termine-what-better-laboratory-than-the-blood-soaked-battlefield-le-docteurhttps://www.rp-cendres.com/t2950-dictionnaire-medical-chronologie-du-docteur#25745
  • Mar 19 Sep - 0:18
    La Fae semblait... Choquée. Pour utiliser un mot relativement léger. Dans ses yeux, il n'y avait plus que cette détresse caractéristique des gens à bout. D'une certaine manière, je pouvais le comprendre aux vues de sa position. Une femme enceinte, dont l'époux représentait l'un des "puissants" de Melorn. Elle n'était pour lui qu'une bombe à la mèche trop courte. Un problème pour le moment dissimulé mais qui risquait de ressurgir au pire moment et de mettre dans l'embarras son aimé. Pire, si les érudits estimaient la menace trop grande, ils pourraient même la forcer à l'exil, ou l'abattre. Les elfes se disaient souvent nobles et vertueux mais lorsqu'il s'agissait de gérer leur petite ville violette, ils devenaient directement agressifs et hautains. Alors, dans ces conditions, que valait la vie d'une femme et son enfant en comparaison de celle de tous les autres elfes? Pas grand chose.

    Ecoutant les propos de l'elfe, je l'observai silencieusement, appréciant cette fois le fait qu'elle accepte de boire la potion préparée ainsi que de continuer l'expérience avec moi. Elle aurait put prendre peur. Abandonner et baisser les bras, quand bien même tous ces tests n'étaient que préliminaires à ce que je réservai véritablement pour résoudre son petit problème. Elle s'excusa ensuite, encore et encore pour sa perte de contrôle. Comme si la destruction de quelques corps pouvait me paraître désagréable. Oui, cela était un peu regrettable, mais ce n'était pas grand chose par rapport à certains travaux que j'avais mené et les cadavres étaient généralement d'une qualité assez médiocre alors, je me contentai d'hausser les épaules doucement à la mention de ce ravage non maîtrisé. Quand elle vint saisir mes mains en revanche, je dus retenir un mouvement de recul instinctif. Les contacts physiques ne m'étaient pas toujours agréables. Non pas car je me sentais agressé ou quoique ce soit. Plutôt parce qu'ils révélaient trop souvent une folie quelconque chez la personne qui s'avérait trop tactile. Et pas le genre de folie que je pouvais apprécier. Réussissant cependant à me maîtriser et à ne pas chercher à enfoncer mon bec dans les yeux de ma patiente, je laissai un léger sourire glisser sur mes lèvres fines alors qu'elle me donnait ses conditions pour la suite des événements. Un patient volontaire hein? Pas de victimes triées sur le volet? J'aurais pu, pourtant, sélectionner des raclures traînant ici et là afin de leur faire payer leurs vices. Mais... Elle souhaitait spécifiquement des personnes acceptant de subir des maladies potentiellement mortelles. Je ne connaissais qu'une seule personne ayant assez de cran pour accepter cela. Et cette personne avait actuellement les mains saisies par la fae blonde. Laissant mon esprit glisser jusqu'au sien, je pris finalement la parole afin de lui répondre.

    * Trouver une personne volontaire va nous être incroyablement difficile. Outre la rareté des melornois acceptant de servir à quelque chose, il est encore plus délicat de trouver quelqu'un qui accepterait d'être un sujet d'études pour une expérience de la sorte. De plus, vis à vis de votre situation, la personne devrait être suffisamment digne de confiance pour ne pas révéler votre secret et votre implication dans les morts de ces derniers jours. Trop de variables inconnues pour une équation déjà trop complexe. *

    Me détournant de la fae une fois mes mains libérées, je me dirigeai vers ce qui servait de cuisine pour y attraper quelques vivres que j'avais préparé durant le sommeil de Dahlia. Lui déposant l'assiette remplie de légumes cuits au feu de bois ainsi qu'un peu de poisson, je lui fis signe de manger.

    * Je ne sais pas si vous êtes végétarienne mais peu m'importe. Vous devriez vous nourrir. Les vitamines vont vous faire du bien, mais votre enfant a besoin que votre ventre soit plein. Surtout depuis les incidents d'un peu plus tôt. *

    N'attendant pas spécialement de réponse, je me retournai de nouveau cette fois pour aller attraper quelques fioles et autres ustensiles.

    * J'ai une solution. Pour notre problème de cobaye. Mangez doucement puis rejoignez moi. Je vous expliquerai tout. *

    Quittant la position de la blonde, je me dirigeai alors vers la partie "bureau" de l'atelier. Là bas, une succession de schémas anatomiques et autres croquis maladroits démontraient une nature bien spécifique de mes travaux: l'étude des corps et les différences de structures entre chaque espèces. Puis, au milieu de tout ce tas de papiers, mon carnet de note. Le même sur lequel j'avais inscrit toutes les observations concernant Dahlia et ses spécificités. L'ouvrant doucement, j'y lus de nombreux commentaires afin d'affiner les étapes de la prochaine expérience à réaliser. Si les stimulus émotionnels ne fonctionnaient pas, alors je pouvais opter pour une autre solution. Quand la blonde me retrouva enfin, je fermai finalement le carnet pour le déposer doucement sur le bureau, avant d'ensuite guider la demoiselle jusqu'à une table opératoire contre laquelle elle pouvait adopter une position assis-debout, si son ventre lui provoquait trop de tension dans les reins. Me tenant droit, je restai ainsi quelques secondes avant de briser le silence, mon esprit se raccrochant de nouveau au sien.

    * Comme je vous le disais plus tôt, trouver un cobaye volontaire va être délicat. Alors, il nous reste une option plus extrême. Puisque vous semblez disposée à accéder à ce type de pratique, voici ce que je vous propose... *

    Je retirai alors mon gant gauche, avant de relever ma manche jusqu'à mon coude. Sur ma peau pale, on pouvait voir les nombreuses traces de coupures, brulures et autres cicatrices d'injections que je m'étais moi même infligé. Non pas de la scarification, mais des expériences réalisées sur mon propre corps afin de comprendre le fonctionnement de certaines poisons, certaines acides, et certaines lames. Fixant la fae, je continuai mon explication.

    * Vous allez tenter d'injecter votre mal dans mon bras. Comme pour le corps du nain plus tôt. Seulement, l'exercice sera cette fois d'y aller progressivement. De tenter de concentrer votre mana avec assez de fluidité pour pouvoir gérer les "doses" de manière progressives. Voyez cela comme un ruisseau dont l'eau s'écoule avec rapidité et où l'on viendrait poser un barrage afin de gérer cet afflux aqueux. Seulement cette fois, et afin d'éviter que mon bras ne gonfle et n'explose, j'utiliserai ma propre magie pour contrebalancer la votre. Je marquai une pause, souriant. Si j'ai sut me prémunir de votre perte de contrôle, je devrai pouvoir gérer cette petite expérience. Pour le reste, nous aviserons selon votre état et le mien. Mais ne vous préoccupez pas de mon état. Focalisez vous uniquement sur mes mots, et le fait de gérer votre utilisation de pouvoir. *

    Je laissai un peu de temps filer, écoutant de potentielles remarques avant de continuer.

    * Les émotions sont pour le moment un moyen d'activation pour votre peste. Seulement, ces réactions sont pour le moment incontrôlables car vous ne savez pas gérer votre magie en état normal. Nous allons donc travailler sur cela. Ainsi, vos potentielles crises pourront être dans un premier temps atténuées. Puis, je l'espère, neutralisées dans un futur prochain. Tendant mon bras vers elle, j'étirai sous mon masque un sourire sadique. Allez-y. *
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