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Mis à part son créateur, son père et le médecin tenu au silence qui l’avait examinée, personne ne savait qu’elle avait été changée en créature de la nuit. La supercherie durait depuis des mois et plus exactement depuis "L’effondrement des catacombes qui a fait trois victimes de l’Université de Drakstrang et une miraculée !". Voilà le titre des publications colportées dans les rues les jours ayants suivi "l’accident", et les mêmes mots ou presque échangés entre nobles faussement inquiétés et dans les couloirs de l’académie grouillant d’hypocrites du même rang. Orleah était passée du statut de marginale à véritable célébrité en quelques jours. Certains étaient d’avis qu’elle n’était qu’une pauvre victime, tandis que d’autres, et le plus insupportable à entendre pour elle, qu’elle n’avait rien eu à y faire et qu’elle l’avait mérité. Ses amis qui eux y étaient restés, l’avaient-ils mérité ? Elle avait la haine, premièrement car la cause officielle de leurs morts n’était qu’un ramassis de mensonges, très probablement inventé pour couvrir la présence de goules dans un lieu de sépulture et rendant hommage aux défunts soldats de la récente guerre. Deuxièmement, car les colporteurs et leurs colportages étaient considérés comme une source d’informations fiable par des personnes instruites et qui auraient dû être capables de se poser la question de leurs véracités. Non, l’effondrement imaginé par qui sait quel salopard ne servait en réalité qu’à divertir la Haute, vivant dans l’ennui le plus absolu tant qu’un conflit n’était pas à sa porte. Fort heureusement pour elle, bien que cela ait été une lourde perte pour l’Empire, les récentes nouvelles sur Sable-d'Or l’avaient faite retomber dans l’oubli…
[Suite directe de la présentation :]
Elle s’était réveillée quelques heures plus tard, dans un lit qui n’était pas le sien et son calvaire commença. Orleah avait entamée sa transition seule, sans savoir ni comprendre ce qu’il lui arrivait. Elle avait une fièvre délirante, la gorge asséchée et une soif inextinguible. Elle avait d’abord fait le tour de la bâtisse, dont seule la chambre au premier était aménagée et semblait avoir été récemment utilisée. Lorsqu’elle avait trouvé de l’eau et qu’elle s’en était étanchée, elle l’avait immédiatement rejetée sur le plancher, en plus de sa bile à la teinte rose. Son estomac était retourné et très douloureux et elle était toujours autant assoiffée. Elle avait essayé de sortir, titubante, mais le soleil lui brûla les mains et le visage. Elle s’était réfugiée à l’intérieur comme une bête que l’on chasse et n’était plus ressortie avant la nuit tombée.
Elle avait trouvé son père dans son salon, entrain de fermer boutique et s’était effondrée dans ses bras. Le premier réflexe de l’homme avait été d’appeler le médecin de famille à l’aide et de la coucher dans un fauteuil. Les jours qui suivirent, le salon resta fermé et Orleah, elle, resta attachée au même fauteuil, après avoir essayé à plusieurs reprises de mordre les deux hommes. Le diagnostic du médecin dévasta son père qui, prit la lourde décision de venir en aide à sa fille et de le cacher à son épouse et au reste de sa famille.
Durant les cinq semaines et demie qui suivirent, Orleah était restée dans sa chambre, dans le noir et la cheville attachée par une corde au pied de son lit, comme si cela aurait pu l’arrêter... Son père le lui avait demandé, par "précaution", lorsqu’il venait lui apporter du sang animal à boire/manger, pour la maintenir en vie et surtout suffisamment saine d’esprit pour qu’il n’ait pas à envisager le pire. Elle était, certes, devenue pâle, d’une blancheur maladive, mais elle était parvenue à nouveau à fonctionner normalement, humainement. Ce sont les pressions de sa mère, qu’elle avait refusée de voir pendant tout ce temps, qui les obligèrent son père et elle, à changer de stratégie. D’après elle, qui n’était pas au fait de son véritable état, il était temps qu’elle fasse son deuil et qu’elle retourne à l’Université, sans quoi elle n’aurait pas son année. Toujours d’après elle, sa fille avait déjà assez attiré les regards sur sa famille et continuer de la sorte était inacceptable. En conséquence, Orleah dû prendre sur elle et son père dû lui faire assez confiance pour qu’elle retourne à Drakstrang la semaine suivante. Elle dû se vêtir de façon à ce que sa peau ne soit pas exposée à la lumière du soleil, dû éviter de s’asseoir du côté des fenêtres des salles de cours, dû être dispensée d’entraînements et faire profil bas pour se nourrir du sang de rongeurs et surtout ne mordre personne. En d’autres circonstances, son comportement aurait pu paraître suspect, mais "l’accident" des catacombes où elle avait perdu non pas un, mais tous ses meilleurs amis, avait suffi à ce que l’on ne voit rien de plus en elle qu’une étudiante endeuillée, qui s’était rendue malade à cause du terrible choc.
[Fin de la suite directe.]
Quatre mois plus tard (aujourd’hui), Orleah vivait une constante souffrance. Elle ne souffrait pas uniquement physiquement, de son alimentation à base de sang animal qui lui retournait les tripes à chaque fois qu’elle en consommait pour au final ne jamais être pleinement rassasiée, ou des journées ensoleillées à Ikusa passées à côtoyer des proies, à. longueur. de. temps. Elle souffrait également psychologiquement, à savoir qu’elle se haïssait pour ce qu’elle était devenue et ce à quoi elle avait été réduite. Elle en était rendue à se mordre les avant-bras pour souffrir physiquement et détourner son attention, pour ne pas se jeter au cou de ceux et celles qui lui rappelaient "qu’elle l’avait mérité"... Boire du sang de mortel, d’humain, d’elfe ou qu’importe, était devenu une obsession. Elle avait soif, si soif… et elle se mettait à imaginer des tueries de masse, si satisfaisantes que de jour en jour, elle perdait un peu plus pieds et toute volonté de sauver les apparences.
[Suite directe de la présentation :]
Elle s’était réveillée quelques heures plus tard, dans un lit qui n’était pas le sien et son calvaire commença. Orleah avait entamée sa transition seule, sans savoir ni comprendre ce qu’il lui arrivait. Elle avait une fièvre délirante, la gorge asséchée et une soif inextinguible. Elle avait d’abord fait le tour de la bâtisse, dont seule la chambre au premier était aménagée et semblait avoir été récemment utilisée. Lorsqu’elle avait trouvé de l’eau et qu’elle s’en était étanchée, elle l’avait immédiatement rejetée sur le plancher, en plus de sa bile à la teinte rose. Son estomac était retourné et très douloureux et elle était toujours autant assoiffée. Elle avait essayé de sortir, titubante, mais le soleil lui brûla les mains et le visage. Elle s’était réfugiée à l’intérieur comme une bête que l’on chasse et n’était plus ressortie avant la nuit tombée.
Elle avait trouvé son père dans son salon, entrain de fermer boutique et s’était effondrée dans ses bras. Le premier réflexe de l’homme avait été d’appeler le médecin de famille à l’aide et de la coucher dans un fauteuil. Les jours qui suivirent, le salon resta fermé et Orleah, elle, resta attachée au même fauteuil, après avoir essayé à plusieurs reprises de mordre les deux hommes. Le diagnostic du médecin dévasta son père qui, prit la lourde décision de venir en aide à sa fille et de le cacher à son épouse et au reste de sa famille.
Durant les cinq semaines et demie qui suivirent, Orleah était restée dans sa chambre, dans le noir et la cheville attachée par une corde au pied de son lit, comme si cela aurait pu l’arrêter... Son père le lui avait demandé, par "précaution", lorsqu’il venait lui apporter du sang animal à boire/manger, pour la maintenir en vie et surtout suffisamment saine d’esprit pour qu’il n’ait pas à envisager le pire. Elle était, certes, devenue pâle, d’une blancheur maladive, mais elle était parvenue à nouveau à fonctionner normalement, humainement. Ce sont les pressions de sa mère, qu’elle avait refusée de voir pendant tout ce temps, qui les obligèrent son père et elle, à changer de stratégie. D’après elle, qui n’était pas au fait de son véritable état, il était temps qu’elle fasse son deuil et qu’elle retourne à l’Université, sans quoi elle n’aurait pas son année. Toujours d’après elle, sa fille avait déjà assez attiré les regards sur sa famille et continuer de la sorte était inacceptable. En conséquence, Orleah dû prendre sur elle et son père dû lui faire assez confiance pour qu’elle retourne à Drakstrang la semaine suivante. Elle dû se vêtir de façon à ce que sa peau ne soit pas exposée à la lumière du soleil, dû éviter de s’asseoir du côté des fenêtres des salles de cours, dû être dispensée d’entraînements et faire profil bas pour se nourrir du sang de rongeurs et surtout ne mordre personne. En d’autres circonstances, son comportement aurait pu paraître suspect, mais "l’accident" des catacombes où elle avait perdu non pas un, mais tous ses meilleurs amis, avait suffi à ce que l’on ne voit rien de plus en elle qu’une étudiante endeuillée, qui s’était rendue malade à cause du terrible choc.
[Fin de la suite directe.]
Quatre mois plus tard (aujourd’hui), Orleah vivait une constante souffrance. Elle ne souffrait pas uniquement physiquement, de son alimentation à base de sang animal qui lui retournait les tripes à chaque fois qu’elle en consommait pour au final ne jamais être pleinement rassasiée, ou des journées ensoleillées à Ikusa passées à côtoyer des proies, à. longueur. de. temps. Elle souffrait également psychologiquement, à savoir qu’elle se haïssait pour ce qu’elle était devenue et ce à quoi elle avait été réduite. Elle en était rendue à se mordre les avant-bras pour souffrir physiquement et détourner son attention, pour ne pas se jeter au cou de ceux et celles qui lui rappelaient "qu’elle l’avait mérité"... Boire du sang de mortel, d’humain, d’elfe ou qu’importe, était devenu une obsession. Elle avait soif, si soif… et elle se mettait à imaginer des tueries de masse, si satisfaisantes que de jour en jour, elle perdait un peu plus pieds et toute volonté de sauver les apparences.
Citoyen du monde
Valmyria
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Allongée dans le bassin, Misry laissait son esprit voguer au rythme régulier des petites ondulations que son corps provoquait dans l'eau laiteuse. Etendue dans le mélange savonneux, l'élémentaire de sable profitait silencieusement de sa relaxation matinale. Cela faisait quelques jours qu'elle avait enchainé des cours particulièrement intense au sein de l'université et, pour une fois, elle possédait un peu de temps libre pour elle. Pour se détendre, enfin, et prendre soin de sa peau caramel. Fermant les yeux, la dirigeante du clan Lurrak repassa comme à son habitude différents programmes d'entrainements et, surtout, des événements de sa vie passé. Il s'agissait d'un exercice qu'elle ne s'épargnait pas. Avec ses nombreux siècles d'existence, la dame de sable se devait bien de renforcer sa mémoire et de bien la compartimenter. Elle se refusait à l'amnésie totale ou partielle de sa propre existence. Et même si elle avait oublié les noms de certains guerriers qui avaient combattu à ses côtés il y a des centaines d'années, elle tentait au moins d'ancrer leur visage dans sa psyché. Dans un long soupire, Misry continua sa presque totale immersion en plongeant dans l'eau pour ne laisser que son nez et le haut de son visage dépasser de la surface laiteuse. Après de longues minutes, l'élémentaire rouvrit finalement les yeux avant de se lever pour finalement quitter le bain. Attrapant un tissu et commençant à se sécher, la rousse essora sa tignasse avant de la coiffée de manière hasardeuse en une longue queue de cheval. Son repos avait été appréciable mais, comme d'habitude, il n'était pas éternel. Dès l'après midi, son devoir allait reprendre. Et comme elle ne souhaitait pas non plus épuiser tout son temps à barboter dans un bain laiteux, il valait mieux qu'elle s'active.
Sortant des bains, Misry enfila rapidement ses habits avant de quitter le bâtiment qu'elle avait réservé pour ensuite se diriger vers l'université d'Ikusa. D'autres cours à donner, d'autres leçons à enseigner. Et, surtout, les premiers entretiens individuels. Des échanges entre professeurs et élèves, dont le but était non pas de châtier ou récompenser les étudiants, mais plutôt de mettre en évidence les faiblesses et lacunes potentielles. Et, surtout, de discuter de l'avenir. Pour certains, il s'agissait de confirmer le cursus suivi et des possibilités qui suivrait Drakstrang. Pour d'autres, il s'agissait de réorienter l'élève, sans avoir nécessairement à repasser par la durée normale des modules. Après tout, Misry comme d'autres professeurs était tout à fait au courant de la pression de certaines familles ou des à priori des élèves eux mêmes. Ignorant parfois des prédispositions ou des talents innés. C'était pour cela que Misry faisait ces entretiens, malgré leurs aspects chronophages. Elle refusait de laisser ses élèves dans la tourmente. Après tout, la plupart d'entre eux ne possédait pas sa chance. Sa longévité. De fait, il était plus que nécessaire de permettre aux pupilles de la nation de s'éveiller à leurs pleins potentiels. Et d'intégrer l'armée dans les régiments qui leur correspondent le plus. Surtout à présent que Sable-d'Or avait eu lieu, et que la Griffe tout comme le couple impérial avaient fait montre de leurs exigences.
Arrivant au campus, l'élémentaire salua chaleureusement les gardes de l'académie puis elle se dirigea rapidement vers son bureau. A l'intérieur de ce dernier, un grand bureau en acajou l'attendait tandis qu'un fauteuil de cuir trop peu utilisé attendait silencieusement son arrivée. En dehors de cela, une grande armoire vitrée se trouvait à la gauche du meuble. A l'intérieur de cette dernière, de nombreux trophées de guerre et armes d'expositions siégeaient comme les témoins silencieux d'une vie de guerre et de service. Au centre de l'armoire, dominant tous les autres objets, se trouvait le blason héraldique du clan de l'élémentaire de sable. Une fierté personnelle qui lui rappelait chaque fois qu'elle posait les yeux dessus pourquoi elle se battait. Pour le reste, deux petits fauteuils attendaient devant le bureau et l'éclairage de la pièce ne se faisait qu'à l'aide d'une petite lucarne donnant sur l'arrière du bureau, ou par des lanternes murales. Souriant doucement, Misry avança doucement vers son fauteuil avant de s'engoncer dedans dans un long soupir de satisfaction. Si elle appréciait le repos, et des divertissements comme la musique et la danse, l'élémentaire devait bien reconnaître qu'elle prenait son travail bien à cœur. Plus encore, c'était pour elle une véritable passion. Enseigner. Combattre. S'entrainer. Guider les nouvelles générations. En plus de six cents ans d'existence, Misry connaissait un sentiment d'épanouissement depuis qu'elle avait commencé à donner des cours à l'université, il y a plus de deux siècles. Et, à présent, elle ne se voyait plus faire autre chose. Quelques missions ici par là, peut être, mais jamais quelque chose qui l'éloignerait trop de l'université. Et ce malgré le retour des manœuvres titanesques comme à la cité portuaire. D'ailleurs, c'était aussi "l'ordre" qu'elle avait reçu. Continuer à donner des cours. Car pour l'heure, rien ne nécessitait visiblement une conscription massive, ce qui était somme toute plutôt bon signe. Même s'il fallait voir pour combien de temps encore. A présent assise, l'élémentaire de sable observa le cadran solaire qui siégeait contre le mur éclairé de son bureau. Elle était encore arrivée un peu en avance, tant mieux. Bientôt, elle n'aurait plus une minute à elle.
Cela faisait quelques heures que Misry avait commencé ses entretiens. Elle en avait fini avec certains étudiants du module de combat, et avait ensuite enchainé sur le cursus administratif. Bien plus verbeux que leurs camarades de l'université, c'était aussi dans ces enseignements qu'on retrouvait le plus de nobliau et autres futurs administrés. Des personnalités parfois ennuyeuses, parfois déboussolées. Parfois agacée d'être là plutôt que de se complaire dans le luxe et l'oisiveté. Tâchant de rester la plus impartiale possible, la professeure appela les nouveaux élèves à se présenter. Toujours assise, elle remarqua alors un des éléments qu'elle avait remarqué passer la porte. Une jeune femme, dont les nombreuses rumeurs avaient fait jaser pas mal d'étudiants de l'université. Une figure pâle, à la chevelure d'ébène et au regard azur. Et au comportement si étrange. Surtout depuis son "incident". Misry n'avait eu que quelques rapports légers sur la chose. Elle n'avait pas obtenu énormément de renseignements ni cherché à en avoir de nouveaux. Tout ce qu'elle voulait, c'était que la jeune femme puisse poursuivre son cursus en toute normalité. Même si ce mot ne voulait malheureusement plus rien dire pour elle. Fort heureusement, les scandales populaires ne duraient jamais bien longtemps, surtout lorsque des événements comme l'arrivée des archontes détournaient l'attention du plébéien lambda. Invitant l'élève à s'asseoir, Misry dévisagea quelques instants cette dernière avant de croiser les jambes pour venir ensuite s'appuyer doucement sur son bureau, attrapant au passage la fiche qu'elle avait rédigée sur celle qui - bien qu'elle ne le savait pas encore - était devenue vampire.
- Mademoiselle Fyllaenor-Sorranar. Ravie de vous voir aujourd'hui. Comme pour vos camarades, et comme vous le savez, vous êtes ici pour que nous puissions toutes les deux faire le points sur votre cursus et votre situation actuelle. Comme je suis votre référente, j'ai eu accès à vos notes dans les différentes sections et dans les divers exercices, tout comme à vos souhaits. Qui, je dois bien l'avouer, sont différents de ceux émis par vos géniteurs. Fort heureusement, ces derniers ne sont plus vos tuteurs légaux et vous êtes apte à prendre votre propre décision. Elle marqua une pause, déposant la fiche tout en s'ancrant dans le fond de son siège. De ce que j'ai compris, la voie administrative ne vous plait guère. Vous avez fait preuve d'un certain talent dans le combat et les entrainements physiques. Si bien que je peux tout à fait comprendre vos motivations. Simplement, je me dois de vous demander si vous désirez vous réorienter tout de suite, ou bien si vous préférez achever votre cursus actuel pour ensuite vous respécialiser.
S'arrêtant pour écouter la réponse de l'intéressée, Misry fixa son regard de jade dans l'océan glacial des pupilles de sa protégée. Il n'était jamais aisé de choisir ce genre de chose. Encore plus lorsque la famille pouvait potentiellement faire pression. Mais l'élémentaire se devait de poser la question et, au besoin, elle saurait se montrer compatissante et convaincante auprès des parents de l'élève pour expliquer ses choix. En revanche, outre cette question, il y avait d'autres sujets que la professeure souhaitait aborder. Des choses moins agréables.
- J'aimerais également savoir quelque chose... Vous êtes naturellement au courant des mots de couloirs vous concernant. De la stupidité crasse de celles et ceux qui osent dire que le malheur vous ayant frappé était mérité ou je ne sais quoi. S'il est évident que je ne cautionne aucunement ces propos et que je les trouve stupides, j'aimerais simplement savoir si récemment vous en aviez encore été victime. Si nous vous changeons bien de "cursus", ou si vous émettez des souhaits particuliers, il faut tout de même garder à l'esprit ce détail désagréable que vous risqueriez fort de subir de nouveaux pareils racontars. Et je ne parle même pas des remarques faites quant à votre condition féminine. D'autant plus que récemment on m'a remontée vos positionnements douteux par rapport aux fenêtres. Vos déplacements rapides dans les couloirs. Je ne sais pas si c'est la résultante de votre incident. Ou s'il s'agit de quelque chose d'autre. Mais, vraiment. S'il y a quoique ce soit, Orleah. Dites le moi.
Elle acheva ses mots en se replaçant dans son siège. Son regard s'était adoucie, non pas par preuve de pitié mais par compassion. Si elle n'avait pas vécu de troubles particuliers quant à ses études à l'université, Misry n'était pas naïve et ses nombreuses années de vie lui avaient permit de reconnaître la souffrance chez ses étudiants et plus encore de comprendre les adversités potentielles qu'ils pouvaient rencontrer. Et, même si la gestion des relationnels de ses pupilles n'était pas une tâche inscrite dans son dossier, l'élémentaire de sable savait plus que quiconque à quel point cela était nécessaire.
Maintenant, il restait à savoir si son élève accepterait de parler. Ne serait-ce qu'un peu.
Sortant des bains, Misry enfila rapidement ses habits avant de quitter le bâtiment qu'elle avait réservé pour ensuite se diriger vers l'université d'Ikusa. D'autres cours à donner, d'autres leçons à enseigner. Et, surtout, les premiers entretiens individuels. Des échanges entre professeurs et élèves, dont le but était non pas de châtier ou récompenser les étudiants, mais plutôt de mettre en évidence les faiblesses et lacunes potentielles. Et, surtout, de discuter de l'avenir. Pour certains, il s'agissait de confirmer le cursus suivi et des possibilités qui suivrait Drakstrang. Pour d'autres, il s'agissait de réorienter l'élève, sans avoir nécessairement à repasser par la durée normale des modules. Après tout, Misry comme d'autres professeurs était tout à fait au courant de la pression de certaines familles ou des à priori des élèves eux mêmes. Ignorant parfois des prédispositions ou des talents innés. C'était pour cela que Misry faisait ces entretiens, malgré leurs aspects chronophages. Elle refusait de laisser ses élèves dans la tourmente. Après tout, la plupart d'entre eux ne possédait pas sa chance. Sa longévité. De fait, il était plus que nécessaire de permettre aux pupilles de la nation de s'éveiller à leurs pleins potentiels. Et d'intégrer l'armée dans les régiments qui leur correspondent le plus. Surtout à présent que Sable-d'Or avait eu lieu, et que la Griffe tout comme le couple impérial avaient fait montre de leurs exigences.
Arrivant au campus, l'élémentaire salua chaleureusement les gardes de l'académie puis elle se dirigea rapidement vers son bureau. A l'intérieur de ce dernier, un grand bureau en acajou l'attendait tandis qu'un fauteuil de cuir trop peu utilisé attendait silencieusement son arrivée. En dehors de cela, une grande armoire vitrée se trouvait à la gauche du meuble. A l'intérieur de cette dernière, de nombreux trophées de guerre et armes d'expositions siégeaient comme les témoins silencieux d'une vie de guerre et de service. Au centre de l'armoire, dominant tous les autres objets, se trouvait le blason héraldique du clan de l'élémentaire de sable. Une fierté personnelle qui lui rappelait chaque fois qu'elle posait les yeux dessus pourquoi elle se battait. Pour le reste, deux petits fauteuils attendaient devant le bureau et l'éclairage de la pièce ne se faisait qu'à l'aide d'une petite lucarne donnant sur l'arrière du bureau, ou par des lanternes murales. Souriant doucement, Misry avança doucement vers son fauteuil avant de s'engoncer dedans dans un long soupir de satisfaction. Si elle appréciait le repos, et des divertissements comme la musique et la danse, l'élémentaire devait bien reconnaître qu'elle prenait son travail bien à cœur. Plus encore, c'était pour elle une véritable passion. Enseigner. Combattre. S'entrainer. Guider les nouvelles générations. En plus de six cents ans d'existence, Misry connaissait un sentiment d'épanouissement depuis qu'elle avait commencé à donner des cours à l'université, il y a plus de deux siècles. Et, à présent, elle ne se voyait plus faire autre chose. Quelques missions ici par là, peut être, mais jamais quelque chose qui l'éloignerait trop de l'université. Et ce malgré le retour des manœuvres titanesques comme à la cité portuaire. D'ailleurs, c'était aussi "l'ordre" qu'elle avait reçu. Continuer à donner des cours. Car pour l'heure, rien ne nécessitait visiblement une conscription massive, ce qui était somme toute plutôt bon signe. Même s'il fallait voir pour combien de temps encore. A présent assise, l'élémentaire de sable observa le cadran solaire qui siégeait contre le mur éclairé de son bureau. Elle était encore arrivée un peu en avance, tant mieux. Bientôt, elle n'aurait plus une minute à elle.
Cela faisait quelques heures que Misry avait commencé ses entretiens. Elle en avait fini avec certains étudiants du module de combat, et avait ensuite enchainé sur le cursus administratif. Bien plus verbeux que leurs camarades de l'université, c'était aussi dans ces enseignements qu'on retrouvait le plus de nobliau et autres futurs administrés. Des personnalités parfois ennuyeuses, parfois déboussolées. Parfois agacée d'être là plutôt que de se complaire dans le luxe et l'oisiveté. Tâchant de rester la plus impartiale possible, la professeure appela les nouveaux élèves à se présenter. Toujours assise, elle remarqua alors un des éléments qu'elle avait remarqué passer la porte. Une jeune femme, dont les nombreuses rumeurs avaient fait jaser pas mal d'étudiants de l'université. Une figure pâle, à la chevelure d'ébène et au regard azur. Et au comportement si étrange. Surtout depuis son "incident". Misry n'avait eu que quelques rapports légers sur la chose. Elle n'avait pas obtenu énormément de renseignements ni cherché à en avoir de nouveaux. Tout ce qu'elle voulait, c'était que la jeune femme puisse poursuivre son cursus en toute normalité. Même si ce mot ne voulait malheureusement plus rien dire pour elle. Fort heureusement, les scandales populaires ne duraient jamais bien longtemps, surtout lorsque des événements comme l'arrivée des archontes détournaient l'attention du plébéien lambda. Invitant l'élève à s'asseoir, Misry dévisagea quelques instants cette dernière avant de croiser les jambes pour venir ensuite s'appuyer doucement sur son bureau, attrapant au passage la fiche qu'elle avait rédigée sur celle qui - bien qu'elle ne le savait pas encore - était devenue vampire.
- Mademoiselle Fyllaenor-Sorranar. Ravie de vous voir aujourd'hui. Comme pour vos camarades, et comme vous le savez, vous êtes ici pour que nous puissions toutes les deux faire le points sur votre cursus et votre situation actuelle. Comme je suis votre référente, j'ai eu accès à vos notes dans les différentes sections et dans les divers exercices, tout comme à vos souhaits. Qui, je dois bien l'avouer, sont différents de ceux émis par vos géniteurs. Fort heureusement, ces derniers ne sont plus vos tuteurs légaux et vous êtes apte à prendre votre propre décision. Elle marqua une pause, déposant la fiche tout en s'ancrant dans le fond de son siège. De ce que j'ai compris, la voie administrative ne vous plait guère. Vous avez fait preuve d'un certain talent dans le combat et les entrainements physiques. Si bien que je peux tout à fait comprendre vos motivations. Simplement, je me dois de vous demander si vous désirez vous réorienter tout de suite, ou bien si vous préférez achever votre cursus actuel pour ensuite vous respécialiser.
S'arrêtant pour écouter la réponse de l'intéressée, Misry fixa son regard de jade dans l'océan glacial des pupilles de sa protégée. Il n'était jamais aisé de choisir ce genre de chose. Encore plus lorsque la famille pouvait potentiellement faire pression. Mais l'élémentaire se devait de poser la question et, au besoin, elle saurait se montrer compatissante et convaincante auprès des parents de l'élève pour expliquer ses choix. En revanche, outre cette question, il y avait d'autres sujets que la professeure souhaitait aborder. Des choses moins agréables.
- J'aimerais également savoir quelque chose... Vous êtes naturellement au courant des mots de couloirs vous concernant. De la stupidité crasse de celles et ceux qui osent dire que le malheur vous ayant frappé était mérité ou je ne sais quoi. S'il est évident que je ne cautionne aucunement ces propos et que je les trouve stupides, j'aimerais simplement savoir si récemment vous en aviez encore été victime. Si nous vous changeons bien de "cursus", ou si vous émettez des souhaits particuliers, il faut tout de même garder à l'esprit ce détail désagréable que vous risqueriez fort de subir de nouveaux pareils racontars. Et je ne parle même pas des remarques faites quant à votre condition féminine. D'autant plus que récemment on m'a remontée vos positionnements douteux par rapport aux fenêtres. Vos déplacements rapides dans les couloirs. Je ne sais pas si c'est la résultante de votre incident. Ou s'il s'agit de quelque chose d'autre. Mais, vraiment. S'il y a quoique ce soit, Orleah. Dites le moi.
Elle acheva ses mots en se replaçant dans son siège. Son regard s'était adoucie, non pas par preuve de pitié mais par compassion. Si elle n'avait pas vécu de troubles particuliers quant à ses études à l'université, Misry n'était pas naïve et ses nombreuses années de vie lui avaient permit de reconnaître la souffrance chez ses étudiants et plus encore de comprendre les adversités potentielles qu'ils pouvaient rencontrer. Et, même si la gestion des relationnels de ses pupilles n'était pas une tâche inscrite dans son dossier, l'élémentaire de sable savait plus que quiconque à quel point cela était nécessaire.
Maintenant, il restait à savoir si son élève accepterait de parler. Ne serait-ce qu'un peu.
" Que les flammes de leur volonté permettent aux cendres de ce monde de faire renaître les âmes impures. "
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