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    Gunnar Bremer
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  • Dim 17 Sep - 20:07
    -Qu’est ce qu’on s’emmerde…
    -Ouai, et c’est bien ça qu’est agréable.

    Que je fais en contemplant le fond de ma chope désespérément vide alors que le comptoir paraît si loin, et pourtant si prêt. J’essaie d’évaluer ma motivation, mais deux heures de planque m’ont suffit à annihiler toute velléité de produire quelque chose d’utile de ma journée, en dehors de ma mission d’une importance capitale, du moins, d’après ce qu’a raconté le commissaire local. Ces gens-là enjolivent toujours les choses pour qu’on se sente davantage investi. ça fonctionne plutôt bien sur les petits nouveaux à peine sortis des sept années de formations, pétris de bonnes intentions et convaincus que le boulot, c’est poursuivre des méchants toute la journée sans pouvoir s’accorder la moindre pause. Quelle naïveté. Je l’ai jamais été, crédule sur ces côtés là de l’Office. On m’a très tôt habitué à me méfier des forces de l’Ordre et à faire attention à leur comportement. Et une des premières leçons de ma jeune expérience de délinquant des rues, c’est que les officiers républicains ne sont pas les derniers quand il s’agit de rien foutre.

    -Je tiens pas en place, putain…
    -Si tu veux te dégourdir les jambes, tu peux faire un tour du quartier. Et si tu pouvais aller me remplir mon verre avant ça, tu serais un chic type…
    -Et c’est ça qu’on nomme Capitaine ? J’ai trois fois plus de courage que toi. Je devrais être commissaire alors !
    -T’as été à Kaizoku ?

    Je lui pose la question avec un regard d’en-dessous, accompagné d’une grimace. La question est rhétorique. Absolument pas. Et il sait que moi, c’est le cas. Tous les rapports ne saisissent pas totalement l’horreur que c’était, mais ils les décrivent assez pour que les bleus nous regardent avec une profonde marque de respect dans le regard. Et Prestige ne déroge pas à la règle. Il baisse les yeux, se remémorant les histoires qu’on raconte à mon sujet. Ça raconte que j’ai tellement été héroïque à Kaizoku que j’ai reçu les félicitations de la Grande Mécène, elle aussi sur place. Je vous parlerais pas de ce qui s’est réellement passé entre nous, surtout parce que c’est pas encore écrit, mais que c’est surtout pas le sujet. Les rumeurs initiales sont de toute façon incorrectes. Je n'ai pas été particulièrement héroïque. J’ai sauvé ma peau. C’est déjà beaucoup. Les récentes circonstances ont fait évoluer les histoires à mon sujet et si d’habitude, j’essaie d’éviter de me faire remarquer, je veux bien m’en servir pour obtenir la paix quand je veux.

    Lentement, Prestige se lève et va au comptoir commander une nouvelle chope, partagé entre mon dégoût de mon laisser-aller et son devoir de servir les vétérans. Je suis capitaine, accessoirement, mais je suis toujours rattaché à Courage. Je repars bientôt et en attendant, on me file des missions tranquilles. Je considère ça comme des vacances bien méritées, je sais bien qu’une fois rentrée à la maison, on me jetera en pâture aux milliers de cas à élucider, fort de ma nouvelle autorité. Des conneries, évidemment, mais Patoche sera davantage sur mon dos que par le passé. ça ne sera pas agréable.

    -Tiens, v’là ta bière.
    -Merci Prestige.

    Il tique, mais ne réagit pas. C’est le surnom que ces collègues lui ont donné, tellement il les a rabâchés pendant les premiers jours avec le prestige de l’uniforme, l’honneur de l’Office et les devoirs envers nos concitoyens. On a le sens du devoir, certes, mais faut pas non plus en faire des caisses. Évidemment, ça touche sa fierté qu’on le traite ainsi, mais il est jeune, il apprendra comme les autres. On dit bien qu’on fait sept ans d’études, mais qu’on en fait encore trois autres pour être un vrai officier républicain. Il faut bien ça pour former l’élite de la nation, et ne me parlez pas des limiers. Déjà, on les voit jamais ceux là alors que moi, là, les pieds croisés sur une table, le chapeau bas sur les yeux, donnant l’illusion presque réel que je sors d’un roupillon, j’ai au moins le mérite d’être visible et de rassurer mes concitoyens par ma présence.

    -Et si elle revient jamais ?
    -Quand tu en auras vraiment marre, tu classeras le dossier.
    -Je peux le classer aujourd’hui ?
    -Ton chef a filé ce boulot ce matin, ça fait un peu rapide, conseil de pro. Il aura l’impression que tu veux saloper la tâche.
    -Mais… il y a rien à faire ! Qu’est ce que je peux saloper ?
    -Ca, tu ne le sais pas, mais le Capitaine, il le voit parfaitement.
    -Et vous voyez quoi ?
    -Je te le dirais pas.

    Dis-je avec un sourire malicieux, dissimulant le fait que j’en ai aucune foutre idée, mais moi, ça m’arrange. Si des marins de la SSG pouvaient déserter plus souvent, je deviendrais volontiers un spécialiste de ce genre de cas. Attendre en planque devant chez eux qu’il se pointe afin d’apposer la main ferme et accusateur de l’Office Républicain sur leur fragile épaule. Le commissaire m’a probablement mis sur ce job facile parce que la fille n’a pas voulu aller à Kaizoku, sûrement pour que je sois impitoyable. Il se trompe un peu, j’aurais eu le choix, je ne serais pas aller sur l'île pirate, mais c’est tout de même pas une chose à laisser impuni que de pouvoir se barrer alors que le pays a besoin de toi. ça fait désordre.

    -J’y vais.
    -Ouai, bonne patrouille.

    Je prends une gorgée bien mérité avant de clore à demi les yeux, soupirant d’aise. Qu’il est doux de se reposer quand tout s’agite autour de soi, hein ?
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    Ayna Yelcan
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  • Sam 23 Sep - 14:57
    On a passé les portes de la ville en silence, avec Elnael. On a eu l'occasion de parler, de toutes façons, sur le retour. On s'est longuement expliqué, et j'ai encore beaucoup de choses à digérer avec tout ce qu'il m'a raconté. Je n'arrive pas à le voir comme autre chose que mon petit garçon, mon petit dragon, cet enfant que j'ai élevé depuis la mort de sa mère. J'avais déjà du mal à accepter qu'il grandisse, qu'il soit maintenant un adolescent en pleine puberté, alors imaginer qu'il a des centaines d'années de souvenirs qui viennent d'apparaître et qu'il est plus vieux que moi dans sa tête, ça me scie. Lui aussi est bouleversé, de toutes façons. Le jeune garçon a du mal à faire de la place au vieillard, et ça crée une véritable dissonance en lui. On a convenu de se laisser du temps, l'un et l'autre, pour réfléchir à tout ça avant d'en reparler. Je suis sa tante, malgré tout, c'est encore à moi de le protéger et de m'occuper de lui. Ça, il en a convenu. Ces souvenirs ne lui donnent pas la maturité qui lui manque, pour l'instant, et il va avoir besoin de temps pour assimiler tout ça et s'approprier cette autre vie, cette sagesse, cette histoire.

    Il voudrait que je l'envoie à Magic, mais il comprend bien que je n'ai pas les moyens pour lui payer une école de ce calibre. Et étudier à Drakstrang avec Camille est évidemment hors de question. Je ne l'enverrai pas à une mort certaine alors qu'il a l'esprit aussi fragile. Je ne peux me fier à ce Camille, même si j'en ai envie. Je viens à peine de le rencontrer. Enfin non, mais si. Tout ça est bien compliqué. Je préférais ma vie quand je devais juste subvenir à nos besoins, à bébé Elnael, Ineg et moi, et qu'on vivait pauvrement sur Kaizoku. Au moins, il y avait moins de questionnements philosophiques. Pour l'heure, l'objectif est de rentrer chez nous à Liberty, mettre nos affaires en ordre, et lui trouver un précepteur qui ne soit pas hors de prix. Il faudrait que j'aille voir Casris, dans les jours qui viennent, pour lui demander si elle peut me recommander quelqu'un. La diplomate connaît tout le monde, dans le coin, elle devrait pouvoir m'aider. Ensuite, il va falloir que je me manifeste auprès de la SSG pour pouvoir reprendre les missions. Le capitaine Brooke m'a couvert et m'a aidé à retrouver Elnael, mais ils savent forcément que je n'étais pas à Kaizoku pendant les événements tragiques. Alors si l'équipage de l'Ecumeur de Nuages est prêt à me reprendre quand je veux, il faut quand même que je tire ça au clair si je veux continuer à avoir un salaire. Pour pouvoir payer un précepteur à mon neveu. C'est le dragon qui se mord la queue.

    Je pousse un long soupir, Elnael se retourne vers moi. Ses yeux bleus me transpercent comme s'ils pouvaient lire mon âme. J'ai du mal à retrouver mon petit garçon là dedans. Mais il est bien là, dans ces traits innocents, dans ces sourcils froncés qui ne savent pas discerner mes pensées. Je lui passe la main dans les cheveux et lui sourit, son visage s'adoucit.

    « Ça va aller, Ayna.
    - C'est pas à toi de me rassurer gamin.
    - Je ne suis pas un gamin !
    - Si, t'es mon petit dragon.
    »

    C'est son tour de soupirer, mais je surprends son sourire derrière ses fossettes. Il est aussi paumé que moi, le pauvre. Mais il a raison, ça va aller. Tant qu'on reste tous les deux, on trouvera une solution à nos soucis. On arrive bientôt dans notre rue, et je suis contente de la retrouver. Plus de deux mois depuis qu'on est partis, ça va être le bordel à l'intérieur. Et puis en passant devant une échoppe, je vois la date du jour, et j'écarquille les yeux.

    « Eli... C'est ton anniversaire, demain !
    - Ah oui tiens... déjà ?
    »

    Il s'arrête en plein milieu de la rue, pour en prendre conscience avec moi. Comment est-ce qu'on a pu oublier tous les deux ? Il faut vite rentrer, nettoyer, préparer, et j'irai lui acheter une tourte aux noix comme il en raffole. S'il en raffole toujours ? Oui, récupérer les souvenirs de son ancienne vie n'a pas pu altérer ses goûts... Hein ? Le brouillard reprend sa place dans ma tête, et c'est quand sa main vient de saisir de la mienne pour me tirer et me faire avancer qu'il se dissipe enfin.

    « Une tourte aux noix, ce sera très bien. »

    Et en plus il lit les pensées maintenant ce petit con. Ça va être compliqué. Faites des gosses, qu'ils disaient. Il est même pas à moi celui-ci, je l'ai pas choisi. Même si je l'échangerai pour rien au monde. On avance comme ça, main dans la main, jusqu'à la porte, et il me faut un moment pour retrouver la grande clé en cuivre de la serrure. Je cherche dans mon sac, elle doit bien être là, j'ai pas eu l'occasion de la sortir depuis deux mois. Même s'il s'est passé un tas de choses, en deux mois. J'aurais pu la perdre quelque part ? Il n'y a pas de trou dans mon sac, pourtant... Et il ne s'est jamais renversé... Enfin, je crois ? Merde, merde, merde... AH ! La voilà ! Je sors la clé, victorieuse, quand une main musclée se pose sur mon épaule. Je me retourne pour croiser le visage d'un jeune Officier qui tient un document dans l'autre main.

    « Vous êtes euh... Anya Yolkin ?
    - Non. Ayna. Ayna Yelcan.
    - Ah. Ils avaient dû faire une erreur sur le rapport. Vous travaillez bien pour la Société des Sept Gardiens, comme corsaire, depuis un an et demi ?
    - Oui...
    - Et vous n'étiez pas à bord de votre navire, l'Ecailleur de Rouages, pendant la dernière attaque des pirates à Kaizoku, on est d'accord ?
    - C'est l'Ecumeur de Nuages. Et non, effectivement, mais vous ne voulez pas que j'ouvre la porte et qu'on discute à l'intér...
    - Anya Yolkin, vous êtes en état d'arrestation.
    - Ayna. Yelcan.
    - Vous êtes en état d'arrestation quand même.
    - Ah.
    »

    Comme si ça pouvait être plus compliqué encore.
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    Gunnar Bremer
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  • Dim 1 Oct - 22:50
    Je finis mon verre et avant que vous vous fassiez des idées, on met plus grand chose dans ces verres de nos jours. Même les commerçants essaient de nous escroquer alors qu’on les protège avec tout notre courage contre les dangers croissants de la criminalité. Franchement, où va le monde ? Mais c’est peut-être parce que les gens ne me connaissent pas ici. C’est important de nouer de belles relations avec les petits commerçants du coin. Ils sont souvent du genre à entendre bien des histoires et à apprécier les raconter à ceux qui savent écouter, comme des clients fidèles et assermentés, par exemple. Je lève un sourcil lourd pour jeter un œil autour. Pas de Prestige à l’horizon. Bizarre. j’avais calculé exactement que le temps qu’il mettait à patrouiller faisait qu’il revenait au moment d’aller me chercher la suivante. Je commence à me redresser. C’est là qu’on voit l’officier républicain responsable et impliqué. Là où un mauvais collègue aurait haussé les épaules, jugeant que c’était juste un coup du sort et salissant ainsi l’honneur de toute la profession, un bon officier républicain se pose les bonnes questions et part enquêter. Je le vois déjà gros comme une maison. Prestige a vu un injustice et il s’est senti pousser les ailes d’intervenir au détriment de sa mission première. Les bleus font tout ça. Ils pensent qu’ils doivent tout faire alors que la base d’un monde bien fait, c’est de se contenter de faire le boulot qu’on t’a attribué. Prendre la tangente, c’est désorganiser tout le système. Bref, je soupire, je me lève, je m’étire et je prends mes affaires avant d’y aller. Le tenancier m’interpelle.

    -Et la note ?
    -Mets là sur celle de Prestige ! Il reviendra !

    Il reviendra sûrement, honnête qu’il est. Je prends son chemin de ronde en sens inverse d’un pas lent, mais assuré. Le soleil tape un peu sur la caboche. Je pense à enfoncer ma casquette solidement sur la tête pour éviter les insolations. Autour, ça vit. ça s’agite. On pourrait croire que je déambule au hasard sans m’intéresser à rien, mais c’est juste que je me préoccupe de ce qui est important. Le regard acéré du représentant de la Justice détaillant les criminels et les délinquants d’un regard. Je constate qu’il y a eu un accident entre deux chariots, non loin, où les propriétaires s’engueulent copieusement et ceux depuis dix bonnes minutes d’après un témoin local, témoin qui m’affirme qu’un officier républicain, jeune, a tenté de mettre de l’ordre ; sans succès ; avant de partir ailleurs. J’ai une direction imprécise qui mène vers la demeure de notre cible. J’hausse un sourcil devant ce constat, puis je me mets en chemin.

    -Vous intervenez pas pour l’accident ?
    -Je laisse ça aux autres.
    -Les autres ? Ils arrivent quand ?
    -Bientôt.

    Qu’ils arrivent dans cinq minutes ou jamais, c’est pas mon problème. Même que ça change rien. L’important, c’est que le civil ait l’impression que les officiers arrivent toujours à un moment donné. Et si c’est trop le merdier, ça finira avec des procès-verbaux à la fin de la journée. Ne jamais sous-estimer la capacité d’un officier républicain à dégainer son carnet à amende pour n’importe quelle situation. taper à la bourse à pièces, ça fait toujours un certain effet. Ce que j’ai fait, donc, ou mon absence d’intervention, c’est le meilleur moyen que ça se résoud automatiquement. Et que c’est bien un monde où l’on a rien à faire pour que le boulot se fasse. Pas comme à devoir marcher après avoir bu. Quelle erreur de Prestige.

    En approchant de la destination, j’entends le chuchotement d’une conversation. J’accélère legerement en comprenant qu’il y a une sorte de dispute et je fronce les sourcils plus je m’approche. Est-ce que c’est bien le moment de chercher les ennuis. Je finis par trouver l’officier Prestige en pleine discussion animée avec une civile accompagnée d’un jeune homme, le tout devant la porte du bâtiment où habite notre fugitive.

    -Oh la ! Oh la ! Qu’est ce que c’est que tout ce raffut, officier Prestige !
    -C’est elle, Capitaine ! Et ne m’appelez pas comme ça devant des citoyens !

    Elle ? Bigre. C’est une accusation lourde de conséquences. Faut-il que j’intervienne dans une affaire pour qu’elle se résolve dans la journée ? Est-ce là un de mes nouveaux pouvoirs ? On peut faire beaucoup de choses avec la magie, alors, ça ne serait pas étonnant. Je m’approche, les pouces dans les boucles de mon ceinturon jusqu’à atteindre le niveau du trio.

    -C’est vous Anya Volkin ?
    -Ayna Yelcan, mais je l’ai déjà dit à votre collègue.
    -C’est vrai ça Prestige ?
    -Oui capitaine. La suspecte n’a pas niée..
    -Suspecte de quoi ? De quoi m’accuse-t-on ?
    -On ne donne pas les raisons de l’arrestation, Prestige ? C’est une entorse à la procédure.
    -Je lui ai dit, mais elle n’arrête pas de me couper !
    -C’est vrai ça ?
    -Il ne s'exprime pas très bien. Et puis, votre rapport est bourré de fautes. Qu’est ce qui me fait dire que ce pourquoi on m’accuse n’est pas faux non plus ?
    -C’est vrai ça, Prestige, que le rapport est faux ?
    -Les informations sont très parcellairement inexactes, visiblement.
    -Encore un coup des grattes-papiers, faut pas leur faire confiance, Prestige.
    -Alors, qu’est ce qu’on fait ? J’aimerais bien pouvoir rentrer chez moi.
    -Ah c’est donc chez vous. On est d’accord là-dessus. Et si vous offriez l’hospitalité à deux fiers officiers républicains qu’on parle de tout ça à l’ombre ?
    -Genre parler de quoi ?
    -Vous pensez quoi de ce qui s’est passé à Kaizoku ?

    Que je dis en la surveillant du regard. Petite question pas du tout anodine qui peut en dire long. parce qu’on cause peut-être, mais c’est qu’il faut quand même bosser.
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    Ayna Yelcan
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  • Sam 7 Oct - 18:46
    Je pouffe. C'est plus fort que moi. Et ça devient un petit rire de gorge. J'ai même une épaule qui se hausse légèrement. C'est nerveux, faut le dire. Je souffle ostentatoirement, puis je fais tourner la clef dans la serrure. Je surprends le regard interloqué de l'officier "Prestige", qui porte bien son nom, et qui doit croire que je me moque de lui. L'autre, son aîné, a le petit air sympathique de ce genre de personnes qui vous mettent immédiatement à l'aise, même quand on est sur le point de se faire arrêter pour désertion. Le pire, c'est qu'ils fassent ça devant mon neveu, je crois. Je lutte un peu contre la serrure, doit m'y reprendre à deux fois pour réussir à ouvrir la porte, puis elle pivote enfin dans un nuage de poussière. J'invite les deux hommes à passer devant.

    « Je m'excuse d'avance pour le bazar et la poussière, je suis partie un peu précipitamment, il y a presque trois mois maintenant.
    - Pas d'inquiétudes, on est pas là pour contrôler l'état de propreté de votre logement.
    - Bien que ça ne ferait pas de mal...
    »

    Je laisse Elnael, qui n'a pas dit un mot depuis l'arrivée des officiers, passer devant moi, puis j'entre enfin dans notre petite maison avant de refermer la porte derrière moi. Sur la droite, la petite cuisine à l'abandon est envahie par les mouches et quelques autres insectes dont il va vite falloir s'occuper, mais pour l'instant, j'invite tout le monde à avancer dans l'étroit couloir qui mène à une maigre pièce de vie. Trois chaises en bois sont disposées autour de la table ronde, et une quatrième à qui il manque une patte est posée contre un mur, près d'un fauteuil où j'aime lire mon journal ou un bon livre le soir. Mon neveu file au fond de la pièce pour ouvrir la fenêtre qui donne sur une petite cour, et je lui fais signe de monter à l'étage pour poser ses affaires. Quant à moi, je me dirige vers le buffet que j'ouvre en grand.

    « Qu'est-ce que je vous sers, messieurs ? Il ne doit pas rester grand-chose, mais de mémoire je dois avoir un reste de bouteille de rhum ou alors... ah oui un Casris offert par la Dame elle-même. J'ai bossé pour elle plusieurs fois, elle était satisfaite de notre travail, on a eu une caisse en remerciement, c'est la dernière qui reste, mais elle est fameuse...
    - Ça ira merci, nous ne sommes pas là pour...
    - Un verre d'eau pour l'officier Prestige, et moi je goûterai bien à ce Casris.
    - Avec plaisir.
    - Mais Capitaine !
    - Pas de mais, on ne refuse pas la politesse d'un citoyen, Prestige. Mets toi ça dans le crâne.
    »

    Je souffle du nez en sortant trois verres et la fameuse bouteille, alors qu'Elnael redescend les marches trois par trois.

    « Ne cours pas dans les escaliers tu vas te faire mal !
    - Ta maman a raison, bonhomme.
    - C'est pas ma maman.
    - Ah, c'est cet âge-là...
    - Non, je ne suis vraiment pas sa maman. Mais vous n'êtes pas là pour écouter nos histoires familiales, me semble-t-il. Vous m'avez posé une question.
    - Ah oui, il est vrai, au sujet de Kaizoku.
    - Je vous en prie, asseyez vous. Eli, tu peux passer un coup de chiffon sur les verres s'il te plait ? Et... sur la table aussi. Je vais chercher une carafe d'eau.
    - Ce n'est pas la peine madame Volkin.
    - C'est toujours Yelcan, et je n'en ai pas pour longtemps, ne vous dérangez pas. Installez vous, j'arrive.
    »

    Je surprends le regard inquisitoire d'Elnael, qui semble me dire "Mais qu'est-ce que tu fous ?", et je hausse discrètement les épaules. Je gagne du temps, gamin. Apprends la diplomatie, c'est le moment. Et avec un peu de chances, on va réussir à s'en sortir pas trop mal. Dans tous les cas, il faut jouer le jeu. S'opposer à des officiers de la République n'a aucun intérêt. Surtout que je n'ai rien fait de mal. J'ai fait mon service militaire, moi aussi, je sais très bien comment ça se passe, dans ce genre de situations. Il faut rester calme, et éviter de monter dans les tours. Civilisé. La piraterie est loin derrière moi, j'ai été éduquée comme une bonne petite républicaine maintenant.

    Après avoir dégoté dans la cuisine une carafe pas trop sale et l'avoir remplie d'eau, je reviens dans le salon, où les deux hommes m'attendent. Le Capitaine s'est assis, mais l'autre est toujours droit comme un piquet, les bras dans le dos.

    « Oh, vous n'avez pas ouvert la bouteille ?
    - Non, voyons, c'est vous l'hôte.
    - Oh mais faites comme chez vous voyons Capitaine. Tenez, voilà le tire-bouchon, pendant que je sers votre collègue. Elnael, sois gentil, prends quelques pièces dans ma bourse et va acheter quelques petits biscuits à l'épicerie...
    - Ça ira madame, ne vous embêtez pas, c'est déjà bien suffisant. Tu peux rester ici, mon petit.
    »

    Bon, il va falloir que je trouve autre chose pour éloigner le gamin. Pour l'instant, je souris et acquiesce, avant de tendre un verre d'eau plein au plus jeune des deux. Eli s'assoit dans le fauteuil, le chiffon avec lequel il a fait le nettoyage toujours dans les mains. Je le sens crispé. Il y a de quoi. Je lui sers aussi un verre d'eau et récupère le chiffon, avant de tapoter sa tête, l'air de dire "ça va aller, ne t'inquiète pas". Un "poc" musical retentit, et je pose deux verres à vin devant le Capitaine pour qu'il y verse le doux liquide bordeaux qui glougloute hors de la bouteille. J'espère que c'est un bon crû, Rim Casris a intérêt à me porter chance sur ce coup-là.

    « Hm. Très bon. Très très bon. C'est vrai que quelques biscuits, voire un petit saucisson, ça irait parfaitement avec ça...
    - Elnael, tu...
    - Non, ne bouge pas petit. Prestige...
    - Capitaine ?
    - Va à l'épicerie nous chercher ça.
    - Comment ?!
    - Allez. On n'arrive pas les mains vides chez quelqu'un qui nous invite, normalement. C'est malpoli. Va vite.
    »

    Il doit être aussi surpris que moi, mais finit par s'exécuter, estomaqué. J'ai un petit rire.

    « Ils sont durs à former, je ne vous dis pas...
    - J'imagine bien, oui...
    - J'espère que cet enfant vous cause moins de problèmes...
    - Ah ça...
    »

    On trinque, et je me détends un peu. Ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais, mais ça se passe mieux que prévu. A ce moment on entend du bruit par la fenêtre de la cour. C'est la vieille Armande, qui habite avec son mari à côté. Elle doit nous avoir entendu arriver. Une occasion en or, j'en profite pour dire à Elnael d'aller lui dire bonjour et lui expliquer qu'on est revenus. Plus que le Capitaine et moi, maintenant. Malheureusement, il doit lui rester un semblant de conscience professionnelle, puisqu'il me relance.

    « Alors, Kaizoku ?
    - Oui, oui, pardon, je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps.
    - Ce n'est pas le cas, je vous assure. Je passe déjà un très bon moment.
    - Tant mieux, alors.
    - Mais il faut quand même répondre. Prestige vous l'a dit, on a un mandat d'arrêt sur vous. Mais on peut probablement trouver la vérité, où qu'elle se trouve, et s'arranger pour que les instances supérieures la prennent bien compte.
    - Je vois. Je pense quoi de ce qui s'est passé à Kaizoku, c'est ça ? Très honnêtement, Capitaine, c'est un drame. Voyez-vous, mon neveu et moi sommes origines de Kaizoku, et je me sens coupable de ne pas voir été là pour essayer d'arranger les choses. J'ai... j'avais... de la famille là-bas, même si je les ai perdus de vue, et je connaissais beaucoup de gens. Les pirates n'ont jamais compris ce que la République pouvait leur apporter, contrairement à moi, c'est pourquoi j'ai rejoint le continent il y a plusieurs années déjà. J'ai fait mes classes à Courage, voyez-vous ? J'aurais pu travailler sur un navire de guerre, mais j'ai préféré la Société des Sept Gardiens, ça correspondait mieux à mes ambitions, surtout avec un enfant à charge... enfant à charge, qui a fugué la veille du départ pour Kaizoku. Je n'ai pas déserté, Capitaine, je suis partie à sa recherche, car mon neveu s'était mis en tête de parcourir le monde. Il a treize ans, treize ans demain, il paraît que c'est de son âge. La rébellion, tout ça. C'est dur, je ne suis que sa tante, il n'a plus ni père ni mère, je ne pouvais pas le laisser comme ça, alors je suis partie à sa recherche. Le capitaine Brooke, que je seconde au sein de l'Ecumeur de Nuages, était d'ailleurs au courant, et n'a certainement pas eu le temps de le mentionner dans son rapport à la SSG. Mais nous sommes revenus avec lui, et il doit justement aller régler ce problème à Liberty dans les jours qui viennent. Vous voyez, tout ceci n'est qu'un malentendu, Capitaine. Un malentendu de la SSG, et peut-être quelques erreurs dans le rapport que l'on a transmis, aussi, même si je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, et loin de moi l'idée d'accuser les institutions de la République...
    »

    Je lève mon verre, et le porte à mes lèvres à nouveau. J'ai soif, après avoir tant parlé. Et l'autre officier qui ne revient pas, c'est normal ? Il ne serait pas allé chercher des renforts, en fait ? Merde. D'un coup, je suis en alerte. Est-ce que je viens de tomber dans un piège ?
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  • Sam 21 Oct - 12:03
    Je reprends une gorgée de Casris. Plutôt goûtu. Je ne connaissais pas. En même temps, je n’ai pas la prétention de connaître tous les alcools existants en ce monde. Déjà que je ne connais pas toutes les distillations expérimentales de l’officier Gégé. En même temps, certaines me tueraient à coup sûr. Puis, j’ai un boulot et des responsabilités qui m’écrasent constamment. Si déjà je ne compte pas mes heures, comment je peux passer des heures à goûter tous ces alcools ? Impossible, évidemment. Mon verre est presque vide, mais ce serait dangereux d’enchainer les services. Je suis en service et j’ai du travail. En tant que nouveau capitaine de l’office républicain, je dois faire face à de nouvelles responsabilités. Le commissaire Patoche nous a souvent dit qu’avec le grade vient l’interprétation de la loi. Tout n’est pas blanc ou noir. Il faut savoir faire la part des choses et voir la situation dans son ensemble. Je me gratte la moustache en réfléchissant.

    -Il est vrai que douze ans ; du coup ; c’est jeune pour fuguer. Surtout dans un monde de plus en plus dangereux tel que le nôtre. S’il lui était arrivé quelque chose, sûrement que son responsable légal aurait été  poursuivi pour négligence.
    -Je ne l’ai pas pensé comme ça, mais c’est l’idée. C’est plus l’instinct familial que le respect de la loi.
    -Evidemment, qu’est ce qu’on ferait pas pour sa famille ? C’est une chose importante.
    -Tout à fait. On ne la choisit pas, mais on a quelque chose dans les tripes qui nous pousse à nous battre pour elle.

    J’ai une brève pensée pour la perte de mon paternel. Des informations transmises durant une rencontre récente ont altéré quelque peu ce que je croyais indéboulonnable. Les choses ont changé et au premier instant où mes certitudes ont été attaquées, j’ai senti une réaction violente au fond de moi. La volonté de savoir. L’envie de justice. Le désir de punir. Le souvenir est encore beaucoup trop vivace pour que je m’y attarde. Je secoue la tête et je tente de me vider la tête par un sujet beaucoup plus trivial et agréable. Est-ce qu’il y a un pas un monde où la jeune femme en pince pour moi ? Je sais que l’uniforme de capitaine, c’est un bel outil pour faire tourner les têtes et pas seulement par crainte de finir en cellule, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Elle est bienveillante. Elle tente de me faire boire pour abaisser mes limites morales. On pourrait croire qu’elle a quelque chose à cacher en éloignant son neveu ; qui est l’origine de sa désertion, faut pas oublier ; sous un pretexte quelconque, le gamin n’ayant pas l’air des plus enclins à être accueillant envers une vieille voisine. L'œil avisé du Capitaine que je suis y voit l’opportunité saisie d’être seul à seul avec votre humble serviteur et d’user de ses charmes avec un talent certain. Sans exubérance. Une ligne qui ne demande qu’à être détaillée du regard. Des volumes qui n’attendent qu’à être jugés.

    Je me change de position sur ma chaise, passant une jambe au-dessus de l’autre dans une attitude bien plus décontractée qu’auparavant. Visiblement, on a des arguments pour traiter cette affaire sans problème. Autant faire prendre cette conversation dans la direction souhaitée par miss Volkin. Je vois bien que ça veut déjà parler de vie privée.

    -Les gens avouent rarement être originaire d’être Kaizoku.
    -Pourquoi le nier ? C’est réprimé par la loi ?
    -Kaizoku et piraterie sont souvent liés.
    -Tous les Kaizokians ne sont pas des pirates.
    -C’est vrai. Et c’est probablement encore moins vrai aujourd’hui.

    Après l’attaque de Kaizoku par les pirates et l’explosion du volcan, les lignes ont assurément bougées.

    -Moi, par exemple, j’évite de dire que je suis de Kaizoku.
    -... Vraiment ?

    Elle plisse les yeux. Les probabilités sont faibles qu’une telle rencontre se produise, mais pas nulle. Je souris.

    -Ma mère est une Kaizokian.
    -Il n’y a pas de honte à le cacher.
    -Oui, mais comme je l’ai dit, Kaizoku et piraterie sont souvent liés.

    Je laisse le sous-entendu passer dans une dernière gorgée de Casris avant de poser mon verre sur la terre. Je cause rarement de ça, mais généralement, je le fais à des gens avec qui je ne travaille pas, et jamais de but en blanc. Je déboutonne ma chemise par le haut d’un air détendu. C’est que l’alcool donne chaud. Il peut être traître. C’est ça avec les trucs qu’on ne connait pas trop, on ne sait pas à quoi s’attendre en matière d’alcoolisme. Elle n’a pas le temps de répondre puisque Prestige rapplique à ce moment-là.

    -T’en a mis du temps.
    -C’est qu’il y avait la queue. Et une vieille dame retrouvait plus ses pièces.
    -Tu l’as aidé à compter, j’espère ?
    -Bah… non…
    -Rolala. C’est quoi ces jeunes qui ne pensent pas à aider leurs aînés. J’espère pour toi que tu as bien choisi.

    Prestige dépose les victuailles sur la table. D’une main habile, je me saisis du saucisson, sortant un canif d’une de mes poches, objet non réglementaire qui sert majoritairement à couper des saucissons pendant les rares pauses du service.

    -C’est un classique. J’ai pensé que c’était mieux pour tout le monde.
    -Il y avait autre chose ?
    -Du saucisson aux noisettes.
    -Et tu l’as pas pris ? Mais quelle idiotie ! C’est les meilleurs ! T’y connais rien aux meilleurs mets de l’apéro, non ?
    -J’essaie d’éviter. J’ai tendance à renverser mon verre sur les autres.
    -Une pratique que je te prierais d’éviter ici. J’aimerais éviter de devoir changer de pantalon ici-même.

    Quoique.
    Prestige reste immobile.

    -Bah alors ? Bouge !
    -Faut vraiment que je…
    -Madame Volkin…
    -Yelcan.
    -... dites lui.
    -Le saucisson aux noisettes, c’est meilleur. Vous êtes allé à l'épicerie des petites écuries ? Il est extra en plus.
    -Ecoute la dame et ne déçoit pas.
    -Bien… capitaine… mais pour l’affaire en cours ?
    -J’ai interrogé la suspecte et sa défense est très pertinente. Je ne pense pas qu’il y ait besoin de se montrer si ingrat.
    -D’accord…

    Il repart. Je soupire. Heureusement, on a un autre saucisson pour l’attendre. Je commence à découper de fines tranches, démontrant ainsi toute mon expertise dans cette discipline. On me ressert une rasade de Casris, ce que je ne refuse pas, sûrement pour renforcer mon avis sur l’affaire.

    -C’est vrai que vous êtes convaincu ?
    -Quelques vérifications d’usage et ça devrait être bon. En même temps, même si vous n’aviez pas d’arguments, je vous en aurais pas trop voulu. C’était un enfer.
    -Vous y étiez ?
    -Dès le début de l’attaque.

    Peut-être bien que ça détend l’atmosphère, en quelque sorte. Il y a toujours un respect un plus appuyé à ceux qui ont traversé l’enfer. Je lui tends du saucisson et elle s’en saisit.

    -Vous m’avez pas dit votre nom. Même si vous avez du mal avec le mien.

    Je souris intérieurement. Le poisson est ferré.

    -C’est qu’il me fait penser à un truc, mais je sais pas quoi. Sûrement sans intérêt. Capitaine Bremer. Gunnar Bremer. Pour vous servir.

    Que je fais avec un petit sourire charmeur. Celui que j’entraine devant le miroir. Elle s’immobilise instantanément, ce qui n’est pas la réaction que j’attends, je dois vous avouer. Elle semble chercher quelque chose, comme si elle avait un mot sur le bout de la langue et finit par le lâcher dans un semi-cri de surprise.

    -...Gouny ?

    J’ai un sourire niais l’espace d’un instant, sans comprendre, avant que le surnom remonte des tréfonds de plus de vingt années de souvenir. J’écarquille peu à peu les yeux, mettant alors un mot sur le petit truc qui me tracassait. Si improbable.
    Ayna Yelcan ? Mais évidemment !

    C’est le moment que choisit son neveu pour revenir.
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    Ayna Yelcan
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  • Jeu 9 Nov - 19:15
    On est pas passés loin de la catastrophe, je me dis. Parce que bon, entre les allers-retours des uns et des autres, moi, j'étais déjà en train de prévoir ma soirée. Une petite soupe, l'enfant au lit, et je faisais le mur pour aller boire encore quelques verres avec le beau moustachu, en sachant pertinemment où nous menait la suite de la soirée. Faut dire, après toutes ces semaines à cavaler sur tout le continent à la recherche de mon neveu, j'ai pas vraiment eu le temps de décompresser, et ça aurait été exactement ce qu'il me fallait. Mais comme je suis une poissarde notoire, il fallait que le gars soit mon cousin.

    Hé, j'en ai connu que ça dérangeait pas, hein...

    J'efface tout de suite cette possibilité de mon esprit, surtout avec Elnael qui vient de repasser la porte, les bras chargés de sucreries.

    « Tatayna ! Regarde ce que m'a donné madame Armande ! Des cookies ! Il y en a au chocolat, et au caramel, et au miel, et... »

    Il s'interrompt quand il voit nos visages pétrifiés. Ça y est, Gouny m'a aussi reconnu. En même temps, il peut s'en prendre qu'à lui, je lui ai donné mon nom au moins trois ou quatre fois, il a pas été capable de faire le lien, alors que lui ne vient de se présenter que maintenant. Elnael pose doucement ses cookies sur la table, et son regard passe de l'un à l'autre, alors que son angoisse monte.

    « M'sieur, s'il vous plait, embarquez pas ma tante, elle a rien fait, elle a...
    - C'est pas ça, Eli.
    - Je vous en prie, c'est pas sa faute, c'est moi qui suis parti, elle y serait allée, sans ça, à Kaizoku, et...
    - Eli.
    - En plus, elle paye bien ses impôts et elle va au travail tous les jours de bonne humeur, elle a fait ses classes pour devenir une bonne citoyenne républicaine, c'est moi qui...
    - Eli, arrête. Il ne va pas m'embarquer. Enfin, je crois ?
    »

    Je me tourne vers lui. C'est vrai ça, il va pas m'embarquer hein ? Parce qu'il y a deux minutes, c'était un peu la promesse de ce qui pouvait se passer après, qui me mettait hors de danger. Mais là, il va plus rien se passer après. Mais il a dit qu'il fallait se battre pour sa famille, non ? Et...

    « Non je vais pas embarquer ta tante, petit. Elle n'a rien fait de mal.
    - Tu dis ça parce que...
    - Non, c'est vrai, ton argumentaire se tenait. Et celui du petit aussi.
    - Donc c'est pas parce que...
    - Bah disons que ça vient appuyer mon propos.
    - Tu veux dire qu'on aurait pu s'arranger... ?
    - Pour la famille, il y a toujours moyen de moyenner. Mais là, c'est pas le cas, hein ? Y'a pas de mal.
    - Mais de quoi vous parlez ? Et pourquoi vous vous tutoyez, là, vous vous connaissez en fait ?
    - Capitaine, capitaine, regardez ce que j'ai trouvé à l'épicerie ! De la tapenade !
    »

    Prestige revient, mon neveu nous dévisage en faisant des "hein ? hein ?" et avec Gouny, on se jauge. Avec la tragédie de Kaizoku, notre si grande famille doit être largement réduite. Ceux qui ont réussi à en réchapper ont dû migrer majoritairement vers les Iles Paradisiaques, ô combien mystérieuses. Certains ont probablement demandé l'asile soit à République soit au Reike, mais au final, la famille n'est plus soudée, puissante, nombreuse. Gouny, tout bon Républicain qu'il est par son père, avait toujours des contacts avec eux, et doit forcément savoir qu'Ineg et moi avions coupé les ponts après la naissance d'Elnael. Alors, sommes-nous des connaissances avec un vague passé commun, sommes-nous des ennemis au vu des trahisons qui sont passées par là, ou restons-nous deux gamins qui jouaient sur le sable avec des épées en bois ?

    Nous nous levons, tous les deux, pour se jauger. Et puis on tombe dans les bras l'un de l'autre. Au cours des derniers mois, j'ai été focalisée sur Elnael, sans me laisser le temps de processer le fait que ma patrie d'origine, mon île, ses habitants, ma famille, toutes ces choses auxquelles j'avais tourné le dos mais qui faisaient partie de moi, tout avait disparu. Ça me faisait froid dans le dos quand on m'en parlait, quand je lisais les journaux, que j'écoutais les rumeurs. Mais je n'avais pas encore pris le temps de constater à quel point ça me bouleversait. Pas avant de découvrir qu'il me restait quelque chose. Qu'il me reste, quelque chose. Gouny, comme moi, n'a pas vécu pleinement au sein du clan Brock. Mais comme moi, ils en fait partie, et c'est quelque chose que l'on ne peut effacer. Maman et sa mère étaient soeurs, nous avons joué, pleuré, ri ensemble tant de fois. Et quand il repartait pour République, il emportait avec lui mes désirs précoces d'un monde meilleur.

    On se sépare, et je prends le temps de le dévisager, vraiment. Il est devenu grand, fort, beau. Capitaine de l'Office républicain, rien que ça. Je me soutiens de mes stages à l'Office, quand je faisais mes classes. J'étais tombé sur une tête à claques en mentor, ça m'a coupé toute envie d'y foutre un pied. Je me refais la conversation de tout à l'heure à l'envers. Il ne cache pas d'être kaizokian. Et pourtant, s'il y était, ce n'était probablement pas du côté des pirates. Comme moi, si j'y avais été. Je continue à me poser, encore et encore, la même question : est-ce que ça aurait changé quelque chose, que j'y sois ? Aurais-je pu sauver quelqu'un ?

    « Bon, quelqu'un va m'expliquer ? »

    Oh, l'adulte à l'intérieur d'Elnael vient de ressortir. Il nous transperce avec ses yeux bleus scrutateurs. Sa naïveté est cachée derrière un masque sévère, et je contemple à nouveau la dichotomie entre celui qu'il est et celui qu'il a été, la trêve qui vient d'être actée entre ces deux personnalités, pour tirer au clair cette histoire. On se rassoit. Prestige est toujours là, avec sa tapenade et son saucisson aux noisettes, sans comprendre ce qui se passe. Heureusement, Gunnar prend les choses en main.

    « Prestige, mettez vous au boulot, coupez du saucisson, étalez de la tapenade, on a une longue histoire à raconter, Ayna et moi. »

    Et on déroule l'histoire familiale. Ça prend un temps certain, mais les deux nous écoutent sans piper mot. On se corrige l'un l'autre, parfois, quand une anecdote est transformée par le poids des années, on a des rires, souvent, en se souvenant de telle bêtise qu'on a fait dans le dos de Mamie. Je vois une larme émue, un sourire à peine masqué, sur les visages de notre public de fortune. On se raconte ce qu'on a fait, en omettant moult détails problématiques, l'un et l'autre, depuis qu'on ne s'est plus vus. Je lui parle un peu d'Ineg, de son décès, de la vie sans elle. Puis vient le temps des questions. Elnael en pose, beaucoup, surtout à Gunnar. Je sens une certaine forme d'admiration qui monte. Et je comprends. Il n'a pas eu d'homme dans sa famille, jamais. Il arrive à un âge, où ça devient important.

    Le soleil se couche, et on est encore en train de discuter tous les quatre. Des bouteilles ont été ouvertes, des cadavres ont rejoint les autres. Au milieu de la nuit, après avoir posé une couverture sur Elnael et que Prestige ait pris congé pour aller faire son rapport, on se retrouve sur le banc du balcon du premier étage, avec Gunnar. On écoute le bruit de la ville. Je sors ma tabatière. Il est l'heure des discussions de grands, maintenant. Il est l'heure de savoir à quoi notre famille va ressembler, pour la suite.

    « Tu fumes, Gouny ? »
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  • Dim 19 Nov - 20:09
    -Rarement. Quand l’occasion s’y prête.

    Sourire en coin. Pas la peine d’en dire plus. Ayna prépare pour nous deux. Ca me fait penser que je devais passer la soirée avec des gars de la nouvelle promotion d’officiers, des gars qui ont trimé comme des fous pour obtenir leur galons rapidement en faisant les pires lèches-cul alors apparemment, il suffit d’avoir survécu à l’enfer pour qu’on vous donne le destin d’une dizaine de pauvres gars entre vos mains. Evidemment, je me sens mieux ici. Sur le plan familial, les dernières semaines ont été compliquées et retrouver un membre perdu de vue depuis si longtemps, ça redonne du baume au cœur. On se dit que le monde qui semble aller de plus en plus mal n’est peut-être pas qu’en pente douce vers le chaos. Il y a encore de bonnes choses.

    Ayna me file une tige de tabac qu’elle allume d’un coup d’allumette avant d’allumer la sienne. J’inspire une fois, légèrement et un léger toussotement y fait écho. Elle sourit.

    -Rarement hein ?
    -Faut le temps que ça revienne.
    -Pourquoi t’es pas tombé dedans ?
    -J’ai déjà un sacré vice.

    J’avale justement le fond de mon verre, anesthésiant le fond de ma gorge. On a bien bu, en quantité raisonnable, mais sur le long terme, comme un marathon. L’occasion s’y prête. On regarde la nuit un instant, bercé par l’odeur du tabac. Il y a temps de questions, tant de sujets qu’on a pas abordé en présence des deux autres, autant pour le gamin que pour balancer des informations un peu trop compromettantes à Prestige. ça m'emmerdait de devoir le faire taire, même si depuis peu, il semble vain de faire disparaître ceux qui en savent trop sur moi.

    -Tu as eu des nouvelles ?

    De la famille. Evidemment. Du clan.

    -Oui. Ils étaient sur l'île quand ça s’est passé. Le patriarche. Le noyau dur. Ma mère aussi. Comme je l’ai longtemps redouté. Heureusement, ils ne sont pas du genre à ne pas écouter les rumeurs. Dès le début de l’attaque, ils se sont préparés à toute éventualité et quand le volcan a explosé, ils ont pris la mer. Il y a quelques Brock portés disparus, qui n’étaient pas avec les autres quand ça s’est passé. Probablement mort, mais la mer est capable d’une bonne nouvelle parfois.

    Comme cette conversation qu’on n’aurait pas imaginé.

    -Il parait aussi que d’autres cousins, de l’autre côté, qu’on a jamais croisé de notre vie, ils en étaient de l’attaque. Eux, ils sont probablement morts. Quel merdier.
    -C’était comment ?

    Lentement, avec des mots choisis, je raconte. Les cloches d’alarmes qui nous réveillent en pleine nuit. Dire qu’on était là pour que les choses se passent en douceur. On a bossé pour éliminer les pourris de la GAR qui abusaient des locaux. On a passé des semaines à nettoyer les côtes à la recherche des réseaux de contrebandes. On a fait un bon boulot. Lutter contre la république, c’est un rêve éveillé. Quand on est une épine dans le pied d’un géant, on finit toujours par être retiré brutalement. Nous, on devait être la pommade avant que ça ne reparte en couille. Avant que les têtes brûlées ne viennent sacrifier toutes l’ile pour des idéaux qui ne font pas vivre les gens du peuple. Surtout qu’on a beau dire, mais la vie à Kaizoku n’était pas parfaite et Ayna ne devrait pas me contredire là-dessus. Enfin, j’avais un peu d’espoir, puis j’ai vu la flotte pirate et j’ai su que ça finirait mal. Pas aussi mal, évidemment. Puis il y’a les combats, maritimes d’abord, les pirates cherchant à forcer le blocus. Les pluies de flèches et de feux grégeois. Les morts agonisant dans l’eau. Les blessés achevés sur place. L’horreur. Même si au milieu de tout ça, il y a eu des éclairs de paix, comme quand la corsaire Alvida a changé de bord. A ce souvenir, j’ai un petit sourire. Si ça pouvait être mon seul fait d’armes, je m’en contenterais même si le choix qu’elle a fait n’a pas été des plus cléments à son égard.

    Puis la bataille sur les quais, rang contre rang. Un bain de sang auquel j’ai contribué. Invisible, une lame dans l’ombre, j’ai tué. La trahison d’une partie des loyalistes, le chaos ambiant et le déversement magique. Ce sentiment d’être un insecte au milieu d’individus capable de deverser une magie brute et destructrice juste parce qu’il en a envie, détruisant d’un claquement de doigts des dizaines de vie, voire des centaines. L’apparition de puissantes mages, qui semblaient être les instigatrices de l’assaut. Mon combat contre eux avec d’autres. Le ras-de-marée qui balaie la ville et mon geste de folie qui s’en est suivi.

    Ayna fronce les sourcils. Elle ne me croit pas.

    -T’as vraiment pris une vague avec une planche de bois, au milieu de la ville, jusqu’à poignarder une sorcière ?

    Je fais une grimace, un peu gêné.

    -Ouai.
    -Mais c’est complètement con.

    Elle pouffe un instant de rire. Je ne lui donne pas tort.

    -Comme je suis toujours là, c’était une plutôt bonne idée.
    -Ne tente pas ta chance une deuxième fois.
    -Clairement.

    Puis le dernier rempart avec le Général Fieracier. Le combat titanesque compte l’Amiral Béros. Les quais bombardés de gaz toxiques. La mort partout. Puis l’éruption. La fuite et le désespoir qui ramènent chacun à ses plus bas instincts dans l’espoir d’une survie miraculeuse. Je m’en suis tiré, mais je n’étais pas en forme. Plutôt même brisé, exténué. L’apparition du Kraken comme réveillé des mythes par l’ampleur de la catastrophe comme pour finir une nuit, un cauchemar éveillé. Un blanc s’installe après mes derniers mots. Mon tabac est déjà terminé et je ressers une tournée de la gnole qui reste.

    -Ah oui. C’est autre chose que les rumeurs.
    -Et encore, j’explique mal.
    -Tu sais ce qu’ils font ?
    -Les Brock ?
    -Oui.
    -J’ai eu mes nouvelles d’un contact commun à Courage avant que je ne parte pour ici. Ils se faisaient discrets dans un petit port de la côte. Les îles paradisiaques semblent être la meilleure solution et j’ai déjà entendu des nouvelles en ce sens de l’office.
    -Tu vas les retrouver ?
    -Oui, mais…

    Je laisse en suspens. C’est que mise à part Kaizoku, les dernières semaines ont été aussi riches en nouveautés, mon grade étant la moins notable, c’est dire. Outre que les événements ont permis de créer des liens étroits par la camaraderie face à la mort, notamment avec une corsaire, une sénatrice, un duo de ratons-laveur et un vieil instructeur.

    -Ca te dit quelque chose Altarus Aearon ?
    -Non, pourquoi ?
    -Un vieux marin. Borgne. Un capitaine avec qui j’ai fait mes classes dans ma jeunesse. Le hasard a voulu qu’on s’échappe ensemble de Kaizoku. Encore une rencontre fortuite.
    -C’est lui qui t’empeche de retrouver la famille ?

    J’ai un regard dans le vague, me remémorant une rencontre incongrue, quelques jours plus tôt.

    -Non… une sénatrice.

    Ayna a une grimace moqueuse. Je dissipe tout malentendu d’un geste de la main.

    -Rien de tout ça. Je bosse juste pour elle.
    -Je ne te pensais pas du genre à te mettre au service d’une sénatrice.

    Je garde le silence un moment et ma cousine finit par comprendre que c’est important. Les mots disparaissent dans ma bouche qui n’arrive pas à les prononcer. Je me reprends à plusieurs fois, fusillant les ténèbres du regard, m’imaginant un visage que je n’ai jamais vu. Des traits d’une probable noblesse vers lesquels je dédie ma haine.

    -Elle sait… qui a tué mon père. Et elle peut m’aider à le venger.

    Je lui explique brièvement qu’au cours d’une récente entrevue, j’ai fait la connaissance de Dorylis de Rockraven, Grande Mécène et Sénatrice de la République. Elémentaire de son état. Que mon grand-père et mon père ont bossé pour elle. Que les auteurs du meurtre de mon père a été ordonné par les chefs de la famille rivale des Rockraven, les Linawong.

    -Si je ne bossais pas pour elle, je devais oublier notre conversation. Je devais oublier les assassins de mon père. Ce n’était pas envisageable. Me voilà engagé. A nouveau.

    Auprès des Brock. Auprès de l’Office Républicain. Auprès des camarades et subalternes Officiers. Et dorénavant auprès de ma cousine.

    -Toi et Elnael, aussi, je ne vous abandonnerais pas. Si nos chemins se sont croisés à nouveau, crois pas que je vais me contenter d’une soirée souvenirs. J’ai l’impression que c’est compliqué avec le gosse. S’il a déjà fugué, il peut recommencer. De quoi tu as besoin ?
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