Trois pour un [Sixte]

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Un coup d’oeil à la fenêtre me fait dire que quelques heures à peine ont passé, et qu’on approche de la fin de matinée. J’ai du sable pleins les yeux et les membres lourds et engourdis par la bagatelle et la fatigue. A côté, Sixte dort en chien de fusil, son visage appuyé à moitié sur l’oreiller et à moitié sur mon épaule. J’retiens un soupir de contentement en voyant la pochette en feutre par terre, au milieu de la pièce, des ruines de la table, et de nos vêtements éparpillés au hasard. Pas de repos pour les braves, hé ?

Presqu’en retenant mon souffle, j’retire mon bras, un brin ankylosé, et j’me lève en priant pour que les lattes du lit et du plancher se mettent pas à grincer. Incapable de dire si elles l’avaient fait à l’aller. Faut dire que la situation se prêtait pas trop à l’analyse. Sixte murmure un peu, se renfonce dans le bout de matelas que j’viens de quitter et qui est encore tout imprégné de ma chaleur. A pas de loup, j’ramasse mes fringues et la pochette, objet de toutes les convoitises des derniers jours. C’est que j’ai toujours un boulot à rendre.

J’me mords l’intérieur de la joue avant de laisser quelques pièces à côté de la table pour la réparer ou la remplacer. Puis j’vais payer la chambre en bas après m’être rhabillé tant bien que mal dans le couloir. Y’a juste une bonniche qui est passée, et qui m’a laissé un regard blasé avant de repartir avec son seau et son balais. Puis j’passe la porte, et j’arrive dans la lumière éclatante de la mi-journée.

Et j’vais pour refiler la pochette au sénateur qui l’a demandée.

Le goût plaisant de Sixte mêlé au mien est maintenant salement amer.