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  • Ven 29 Déc - 5:08
    "Ah tu t'crois costaud hein ? Viens par là Pitt, ça fait bien longtemps que j'me suis pas tapé une bonne assiette de homard !"
    "Un crabe, abruti."

    "Hein ?"

    "Mon père était un crabe. Pas un homard."
    "On s'en cogne. Prend ça dans ta gueule !"


    Epiloguer sur les goûts un peu trop originaux de la génitrice du pauvre Pitt constituait un coup trop bas, même pour un pirate. Ce fut d'ailleurs un grand coup en plein dans l'entrejambe que l'hybride doté de l'anatomie d'un crustacé humanoïde vint recevoir de plein fouet et malgré son imposante stature, il put sentir ses bourses bien trop humaines à son goût se tordre à l'impact. Lâchant de l'écume par sa gueule difforme, le pauvre Pitt malmené et pris en traître fut ensuite jeté comme un misérable sac à patates sur l'une des tables de la taverne du Brochet Cramoisi tandis qu'aux quatre coins de la pièce, les forbans s'excitaient à l'idée d'être témoins d'une énième bagarre.

    Si tous semblaient se réjouir de ce spectacle d'autant plus sympathique car il était gratuit, il y avait sur une banquette un personnage qui ne semblait pas d'humeur à se prendre au jeu. Installé au fond d'une banquette de cuir de bien mauvaise facture, l'étrange individu était accompagné d'une véritable armada de jeunes catins qui s'évertuaient à le servir pour l'apaiser mais rien ni personne ne paraissait pouvoir extraire ce dernier à l'humeur massacrante dans laquelle il s'était plongé depuis le début de la journée.

    L'Amiral Bigorneau était de très mauvais poil et s'il était toujours difficile de prévoir la prochaine idée du pirate dément, il était évident pour tout le monde que s'attirer ses foudres lorsqu'il était courroucé n'avait rien d'une bonne idée. La rixe l'aurait sans doute fort distrait en temps normal mais en ce jour bien particulier, l'Elémentaire avait fichtrement besoin de réfléchir et sentait la moutarde lui monter au nez à chaque chaise démolie et à chaque éclat de voix empli d'injures.

    "Arrêtez vos conneries. Vous emmerdez tout l'monde."

    Lorsqu'il entendit la voix rauque et qu'il sentit le regard particulièrement sombre de Bigorneau sur lui, Pitt le crabe s'immobilisa net et son échine cuirassée fut alors parcourue d'un frisson glacial. Tous ceux qui connaissaient le capitaine de la Ginette firent de même et cessèrent immédiatement de rire ou de chanter mais certains, trop inconscients ou trop alcoolisés pour se soucier de l'invective de l'Amiral, continuèrent de s'esclaffer malgré tout. Encouragé par ces derniers, l'imbécile qui avait déclenché le combat contre l'hybride pivota en direction de l'Elémentaire attablé non loin de lui, puis il cracha :

    "Qu'est-ce qu'il a dit, le Colonel Coquillage ? J'crois pas t'avoir sonné. Laisse-moi finir de massacrer ton gars, je viendrai te tirer les oreilles après."

    Plusieurs des témoins blêmirent, sachant pertinemment qu'un violent ouragan se préparait et qu'il signait l'arrêt de mort de l'idiot trop courageux pour son propre bien. La piraterie était souvent affaire de jeux de puissance et si celui-ci avait bel et bien compris que la loi du plus fort était toujours en vigueur malgré l'aspect plus ou moins civilisé de Brumerive, il avait visiblement surestimé sa position dans la chaîne alimentaire.

    "Comment m'as-tu appelé ?"

    "Co-lo-nel Co-qui..."

    Il n'eut pas l'occasion de conclure sa phrase.

    A une vitesse extraordinaire, Bigorneau se dressa d'un bond et tendit son bras en direction du malandrin ayant eu l'outrecuidance de lui manquer de respect. Alors que les plus alertes se mettaient à l'abri, un véritable torrent d'eau salée se déchaîna depuis la paume ouverte de l'Amiral. Ne se déversant pas comme un jet pensé pour trancher dans la chair de sa cible, le courant contrôlé en un tourbillon s'étendit comme un titanesque tentacule et vint enserrer sa victime avant de croître pour l'engloutir entièrement, formant en quelques secondes une prison aqueuse dans laquelle il fut enfermé tout entier.

    Alors que le malheureux se noyait sous les regards absolument abasourdis de l'assistance, l'écho étouffé de sa voix se fit entendre à travers le mur d'eau tandis que d'innombrables bulles quittaient sa bouche ouverte en un cri à peine audible. Bigorneau s'avança avec lenteur et mesure puis, lorsqu'il arriva à quelques centimètres seulement du pirate tourmenté, il lui glissa d'un ton profondément mauvais :

    "Attrape la dague qui se trouve à ta ceinture et tranche ta propre langue, petite raclure de fond d'cale. Si tu y arrives avant de te noyer, j'te libère. Dépêche-toi, ton piaillement de pucelle t'a déjà fait perdre beaucoup d'air."

    Ce fut à cet instant qu'un homme pénétra dans la taverne et lorsque Bigorneau accorda au nouveau-venu un regard en coin, il le reconnut immédiatement. La mine sadique de l'Amiral se décomposa et, médusé qu'il était, il en oublia de maintenir la prison magique qu'il avait érigé dans le cadre de son petit jeu pervers.

    L'eau maintenue en suspension s'écroula, inondant l'entièreté de la salle dans un fracas puissant et Bigorneau, les yeux écarquillés par la surprise, ne jeta même pas un coup d'œil à sa victime agenouillée qui s'étranglait en peinant à chasser de sa gorge l'eau qui avait manqué de l'assassiner. Complètement sous le choc, Bigorneau ne lâcha pas l'intrus des yeux et articula dans un murmure :

    "Par le Père de toutes les mers... Altarus..."

    Un nouveau sourire au sens illisible remplaça le premier.
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    Altarus Aearon
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  • Ven 29 Déc - 22:21
    "Et je maintiens que c'est une très mauvaise idée ! "

    Altarus écoutait son Second, pendant qu'il fixait la mise à l'eau d'une chaloupe.

    "Le Charbon Ardent a besoin d'avoir les vergues renforcées pour installer et supporter les bonnettes. "
    "Mais c'est de la.... "
    "...folie, je sais. Tu l'as encore dit précédemment, Frenzo. Inutile de te répéter. Ta sollicitude me touche, vraiment. Mais je ne changerai pas d'avis. "

    Un des marins annonça que la chaloupe était prête. Deux marins étaient déjà à bord, attendant la venue de leur Capitaine. 

    "Et les arsenaux de Mael ? Y avez-vous songé ? "
    "Oui. J'ai estimé que cela prendrait trop de temps, tant pour s'y rendre que pour les délais de travail sur la corvette. De plus, l'Empire du Reike est en pleine effervescence, avec leur nouveau décret. "
    "Euh, ça concernait un truc sur leur armée ou je ne sais quoi ? "
    "Un nouveau décret impérial. Mais je te l'expliquerai plus tard. Termine les dernières tâches à bord du Charbon Ardent. Et n'insiste pas pour m'accompagner... "
    "Prenez plus d'hommes alors ! "

    Altarus retint un soupir et tourna son visage marqué par le temps et les actes sur les flots. Son seul oeil bleu acier luisait d'un sérieux à ne pas remettre en question. 

    "Ma décision est prise."
    "Et si vous ne trouvez pas le Vieux Charpentier ? "
    "J'aviserai."

    Frenzo n'était pas plus rassuré que cela. Brumerive était devenu bien plus qu'un simple recoin à pirates... C'était devenu LE refuge pour les pirates depuis le désastre de Kaizoku. Qui sait comment le Capitaine sera accueilli là-bas… 

    La chaloupe arriva sur l'un des pontons principaux. Avec une certaine agilité, Altarus attrapa une des échelles faites de bric et de planches. Cela grouillait fort dans le port, comme cela grouillait à son dernier passage, qui remontait à bien des mois... D'un signe de tête, il ordonna à ses deux marins de retourner vers la corvette. Il n'avait nul besoin d'escorte pour l'objectif qu'il s'était fixé. Il n'était pas certain de trouver le Vieux Charpentier ici, et il devait s'en assurer, avant de se mettre en quête d'un autre maître charpentier. Le dernier recours à ses services remontait à plus de deux ans, et il n'était déjà plus tout jeune... 

    Il rejoignit la terre ferme, ignorant les regards de quelques curieux qui voyaient un borgne débarquer de cette corvette là-bas, qui avait jeté l'ancre non loin de là. Peut-être y avait-il eu quelques regards moins curieux, reconnaissant le demi-elfe borgne. Altarus n'en avait cure. En quête d'informations, il n'y avait qu'un lieu où il pourrait avoir une réponse : la  taverne du Brochet Cramoisi. 

    Le temps d'y arriver, il nota les changements qui s'étaient opérés à Brumerive. Kaizoku n'étant plus, les pirates qui sillonnaient les mers et qui avaient réchappé à toute la destruction étaient venus jeter leurs ancres en ces lieux. Combien de tous ces ruffians, forbans, brigands des mers... s'étaient retrouvés dans la flotte de Beros ? Altarus ne cherchait pas le chiffre. Une brève mélancolie envahit son esprit à la place, en songeant à l'Île. La reverra-t-il verdoyante comme autrefois, avec les voiles gonflés de la puissance du vent en quittant le port ? Il leva son oeil vers l'enseigne à moitié pourrie de la taverne, serra les dents et posa sa main gantée de noir sur la poignée rouillée de la porte. 

    A peine avait-il pénétré que les odeurs rances d'une taverne mal entretenue assaillirent son nez. Son attention se porta immédiatement sur l'attraction sadique de l'instant, surtout ce qui se dressait juste à côté. Comment ne pas le remarquer ! Altarus fronça des sourcils.  Par les abysses, il fallait qu'il croise celui-là ! Son arrivée dans la taverne ne laissa pas le Bigorneau pantois. La prison liquide obéissant à nouveau à la gravité se répandit en un mini tsunami dans toute la salle, rinçant les bottes noires du borgne jusqu'à hauteur de ses chevilles. Le demi-elfe impavide à cette courte inondation, attendit patiemment que l'eau ait fini de s'échapper par la porte et les espaces irréguliers du sol planché.

    "Il y a des habitudes qui ne changeront pas.... "murmura-t-il. 

    D'un pas assuré, il se dirigea vers le comptoir, n'ignorant pas que Bigorneau n'avait d'yeux que pour lui. 

    "Un arrack... "demanda-t-il sans guère de politesse au tenancier.
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  • Ven 29 Déc - 23:03


    Il y eut après l'arrivée d'Altarus un silence pesant que seule la toux mêlée aux gargouillis du marin étouffé venait rompre. Sous les regards appuyés de très nombreux clients et plus particulièrement d'un certain Amiral au teint fort bleu, le capitaine du Cetus esquiva sans problème les quelques flaques tenaces que le sol n'était pas parvenu à absorber après le coup d'éclat de Bigorneau. Une tension palpable régnait dans la pièce et sembla atteindre son absolu paroxysme lorsque le demi-elfe s'accouda au comptoir pour commander une boisson sans accorder à sa vieille connaissance le moindre coup d'œil.

    "Un arrack, qu'il dit..."

    Dans les quelques points d'eau qui subsistaient au sol, des remous semblables à de minuscules vaguelettes firent leur apparition. Le plancher rendu humide par le tour de magie précédent craquela subitement et émit un son lancinant assimilable au rugissement lointain d'une bête marine. Les yeux exorbités ainsi qu'un sourire à moitié béat sur ses lèvres, Bigorneau enjamba le malandrin qu'il avait fait tuer quelques secondes plus tôt et s'approcha avec lenteur de cette vieille branche d'Altarus tout en portant l'une de ses mains gantées à sa ceinture. Les doigts se refermèrent doucement sur la poignée de son sabre richement décoré et à une vitesse folle, Bigorneau fit siffler l'acier de son arme somptueuse et pointa cette dernière droit vers le marin borgne.

    "ALTARUS AEARON !"

    Son cri particulièrement intense était pour les tympans un véritable supplice et les plus anxieux esquissèrent un sursaut de surprise et d'angoisse. Malgré l'hostilité évidente du geste de Bigorneau, le concerné ne semblait pas réagir à la menace et se contentait d'observer le comptoir sur lequel il était appuyé, donnant ainsi l'impression que la planche qui constituait son support abritait des secrets particulièrement intéressants. Le sabre de Bigorneau s'éleva pour décrire au dessus de sa tête un arc, puis virevolta à toute vitesse pour ensuite s'abattre droit sur...

    ...le goulot d'une bouteille posée non loin de lui.

    Du fait de la vitesse surhumaine du geste, l'Elémentaire avait sectionné la bouteille et non la cire qui faisait pour elle office de bouchon. Le geste avait été si brutal que l'alcool s'était mis à mousser, explosant donc en une effusion parfumée qui remonta jusqu'au plafond. Exultant et riant aux éclats, Bigorneau hurla sa joie et leva son poing libre en tournant sur lui-même pour inviter la foule à le rejoindre dans son esprit de célébration. La plupart ne comprenaient absolument ce qui motivait un élan de bonheur aussi subit et étrange, mais ils décidèrent de se prendre au jeu pour ne pas vexer l'Amiral qui était, comme chacun savait, particulièrement célèbre pour ses sautes d'humeur imprévisibles. De sa voix infiniment désagréable et rauque, Bigorneau beugla ensuite :

    "Cette tournée est la mienne ! Qu'on porte les tonneaux de rhum jusqu'à la salle ! Nous fêtons le retour d'un grand homme, messieurs dames ! Buvez et bouffez jusqu'à vous en crever la panse, c'est un ordre de l'Amiral !"




    Les rires et les applaudissements devinrent alors plus sincères et gagnèrent tous en volume ainsi qu'en fréquence. Les conversations reprirent tranquillement, les chopes rouillées se rencontrèrent dans une cacophonie de tintements et chacun retourna chanter et danser. Le malheureux qu'avait manqué de noyer Bigorneau profita de l'occasion pour prendre la poudre d'escampette et rampant jusqu'à la porte d'entrée pour ensuite se faire la malle, chose que ne vit même pas l'Elémentaire. Se postant à côté d'Altarus qui n'avait même pas daigné lui offrir un sourire jusqu'à présent, Bigorneau remit son sabre au fourreau et tonna :

    "Allez Altarus ! Tu croyais vraiment pouvoir faire un crochet par Brumerive sans retomber sur ma sale trogne ?"

    Altarus consentit enfin à se tourner vaguement dans la direction de son ancien camarade, une opportunité que Bigorneau vint saisir pour se jeter contre le demi-elfe, le serrant dans ses bras grossièrement en ponctuant le tout d'éclats de rire qui empestaient autant les algues salées que l'alcool. Tapotant le dos du gaillard avec force et entrain, il s'en sépara finalement et vint s'accouder juste à côté de lui tandis que le tenancier, habitué à de telles sauteries, s'occupait de remplir trois énormes chopes. Toujours aussi souriant, Bigorneau frappa le bras de son vis-à-vis du revers de sa main et le pointa du menton tout en ajoutant :

    "Qu'est-ce que tu deviens, mon vieux ? Je sais qu'on a pas toujours été très copains mais après ce qu'on a vécu... récemment, tu t'imagines bien que je fais une croix sur nos précédents désaccords !"

    Le fameux évènement "récent" lui avait particulièrement tenu à cœur, justement.
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  • Sam 30 Déc - 18:26
    Altarus ignorait totalement le Bigorneau, et sciemment. Une fois accoudé au comptoir, il attendait patiemment son verre d'Arrak, se demandant si celui-ci serait à base de fruits ou de canne à sucre. Il commandait que très rarement ce genre de boisson. Au moins, ce sera plus plaisant à son palais que du rhum coupé à l'eau qu'on servait ici, dans cette taverne, pour faire plus de profit au détriment de la qualité. De la qualité... pouvait-on réellement parler de recherche de plaisir gustatif à offrir aux clients de cette masure d'établissement ? Tant que c'était de l'alcool buvable, peu importait à ces pirates de se remplir l'estomac avec du breuvage de mauvaise qualité.

    Le bois du plancher craqua d'un son sinistre. Même à ce signal effrayant qui annonçait l'approche de l'élémentaire caractériel, en plus du pas lourd qu'émettait chacun de ses pas pour rejoindre le demi-elfe, celui-ci ne cilla même pas. Stoïque, imperturbable... La tempête en approche n'était pas encore redoutable. Même quand il se mit à mugir son nom, plus puissamment que le souffle qu'un maelstrom à la force incommensurable, aucun frisson ne perturba sa posture sereine. La lame pointée dans sa direction était sujette à menace pourtant. Aucune sueur froide ne coula le long de ses tempes ou entre ses omoplates. Les seuls à être perturbés étaient les plus angoissés de l'assemblée spectatrice, et ils retinrent leur souffle quand l'Amiral leva son sabre pour l'abattre... sur une malheureuse bouteille qui n'avait rien demandé ; Son goulot explosa au passage du tranchant de la lame. Un véritable geyser alcoolisé en surgit. D'un coup, le pirate qui était de mauvais poil et qui avait manqué de noyer un homme par simple plaisir de vengeance sadique rit aux éclats.

    Altarus, de son oeil unique, occupait sa patience à suivre les lignes naturelles du bois du comptoir, essayant de deviner l'histoire d'une tâche ou la chronologie d'un creux poli par le temps et par le passage des chopes et des bouteilles. Il n'ignorait pas totalement tout le cirque que Bigorneau provoquait à côté de lui pour attirer ton attention.

    *Telle une girouette qui change au vent de son humeur... *

    Et la girouette tourna encore, quand Bigorneau hurla une tournée générale, attirant les vivas des autres enivrés et apeurés de tantôt. D'un presque silence pesant, l'intérieur de la Taverne du Brochet Cramoisi devint bordélique de rires, de chansons et de danses. L'ambiance devenait soudaine et chaleureuse, à l'annonce de l'arrivée des tonneaux de rhum. Une ambiance devenue plus folle avec de l'alcool ! Et tout cela parce que l'élémentaire retrouvait un visage connu, avec qui il avait déjà des démêlés ; et que d'autres poindront, c'était certain !

    Quand l'Amiral se plaça une bonne fois pour toutes au comptoir, à proximité du demi-elfe, Altarus consentit cette fois à briser la glace et tourna sa tête vers un Bigorneau si enjoué, que, dès qu'il croisa son seul œil valide, ce dernier l'entoura vivement et d'un coup de ses bras vigoureux, riant aux éclats comme jamais. Altarus se retint de froncer du nez à l'odeur agressante de marée basse alcoolisée. Par les Abysses, il ne s'était pas préparé à une telle accolade, à la limite de s'en faire décoller les poumons de la plèvre quand Bigorneau le tapota dans le dos.

    Après cette cérémonie très expressive faite pour fêter ces retrouvailles impromptues, son lunatique interlocuteur s'accouda au comptoir pour se mettre totalement à l'aise. Altarus en profita pour remettre en ordre sa sombre tunique, en la tirant simplement vers le bas. Après une petite tape amicale au bras, Bigorneau quémanda des nouvelles. À un fait que partageaient bien des pirates fuyards ou survivants, il se rembrunit un peu, se retenant de détourner la tête. Kaizoku était une blessure qui mettra du temps à se refermer.

    "Je navigue toujours… Si je suis là, c'est que la mer n'a pas encore réclamé mon dû. Ou que la République n'a pas encore réussi à me couler définitivement. "

    Le tenancier, après avoir rempli trois grosses chopes, apporta en face du borgne une bouteille de verre blanc emplie d'un liquide proche d'un vin à moitié dilué d'eau. S'empêchant de hausser un sourcil de doute quant à la saveur du liquide, il prit la décision de ne pas faire la fine bouche. Tant que ce n'était pas du rhum. Aux très légères effluves qui parvenaient à ne pas se mélanger aux odeurs corporelles marino-éthyliques du Bigorneau, il crut discerner une odeur de sucre de canne. Il ne sera peut-être pas déçu après tout. Il rapprocha la bouteille en l'attrapant d'une main et attendit que le pirate aquatique ait son propre poison en main, dans une chope ou dans une bouteille, pour trinquer.

    "Et comme toi, de ce qu'on a vécu... cela a changé bien des choses, et certaines ne seront plus jamais les mêmes. Mais je te connais Bigorneau, bien assez et depuis longtemps pour savoir que de nos désaccords passés, tu ne les enterreras pas tous. Ce ne sera qu'une question de temps avant que ton caractère de cachalot vienne à les remonter à la surface. Mais assez parlé de moi... hormis jouer avec des abrutis, comme j'ai vu tantôt, que deviens-tu ? "

    Si Bigorneau demeurait de bonne humeur, il serait le plus à même de toute Brumerive de le renseigner sur le Vieux Charpentier.
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  • Sam 30 Déc - 20:25
    Altarus s'ouvrit un peu à son interlocuteur dont les flots d'émotions chaotiques paraissaient vaguement apaisés, l'océan tumultueux symbolisant son esprit étant déjà bien noyé dans une belle portion de rhum parfumé dont il s'enivrait sans la moindre retenue. Très heureux de faire la découverte d'une trogne connue au beau milieu de ces jeunes pirates qui n'étaient pour Bigorneau que de petits bambins, il n'allait pas se priver de saisir cette opportunité en or de ressasser les souvenirs d'un temps oublié où la piraterie ne se heurtait pas si régulièrement à la puissance écrasante de la Nation-Bleue.

    "Encore heureux que tu navigues toujours. T'as beau être un cœur d'artichaud, t'es fait pour la mer. Je l'ai toujours su, Altarus. Tout c'que j'attends de toi, c'est que tu pourrisses un peu comme moi. Ou "mûrisse", 'dépend du point de vue. "

    Cela dit, les deux marins trinquèrent joyeusement, prenant ainsi part à l'ambiance festive de cet atypique rassemblement et s'offrant un instant de sérénité bienvenue en ces temps particulièrement troublés. La curiosité était un vilain défaut, mais certainement pas le plus ignoble de Bigorneau et si le demi-elfe ne comptait pas échanger plus que de raison sur l'épineuse question de l'assaut de Kaizoku; Bigorneau pour le coup avait la ferme intention de s'y intéresser en profondeur. Avalant une rasade de rhum qui lui donna l'impression de l'ébouillanter sur son passage, il toussota en même temps qu'il se mit à rire lorsque son vis-à-vis fit passer une remarque bien sentie sur son comportement emprunté aux carnivores marins.

    "C'est pas faux, c'est pas faux."

    Puis vinrent des questions plus actuelles encore que le sort de l'ancien refuge des fripons maritimes. Bigorneau posa ses deux coudes contre le comptoir, soupira longuement en faisant mine de s'intéresser aux culs des bouteilles ensablées que l'on avait entreposé le long du bar puis après s'être humecté les lèvres, il entreprit son discours non sans une pointe de mélancolique nostalgie :

    "Les choses changent, Altarus. On a tout paumé ce jour-là. Beros est introuvable, probablement mort... Mes hommes ont rejoint les abysses lors du second assaut et moi avec. J'ai coulé avec tous les autres et lorsque j'ai repris connaissance, la bataille était déjà terminée et les rescapés fuyaient les coulées de lave. J'ai eu de la chance de m'en tirer."

    Bien qu'extrêmement imbu de sa personne, il savait reconnaître à quel point il avait été faible en ce jour fatidique. Les honneurs qu'il avait tant voulu obtenir en sauvant la cause pirate que tous croyaient perdus, il avait l'impression de se les être fait volés par un vilain coup du sort. Une nouvelle gorgée de poison vint chasser passagèrement la douleur qu'occasionnait ce retour au deuxième plus grand coup dur de sa carrière puis, d'un ton subitement très grave et étrangement sérieux, l'Amiral que toute joie avait quitté reprit tout en pivotant pour s'adosser contre le comptoir.

    "Tu vois les minettes là-bas ?"

    Il pointait du doigt un trio de sirènes absolument magnifiques qui faisaient mine de rire aux éclats en écoutant les élucubrations d'un ivre chasseur venu tout droit des îles paradisiaques. Bigorneau savait déjà quel sort les harpies réservaient au malheureux mais n'en avait cure, bien évidemment.

    "J'ai recruté tout ce que l'océan rejette. Parias, exilés et évadés en tout genre... Ceux dont les civilisés ne veulent plus trouvent un foyer chez moi. Je rassemble sous ma bannière les derniers vestiges d'une liberté que le nouveau Monde semble vouloir voir disparaître. Jamais muselés, toujours en guerre. Pas vrai, Altarus ?

    Reprenant sa posture initiale, il s'accouda non loin de son interlocuteur et vint, avec une sympathie fraternelle absolument rarissime chez lui, planter son regard luisant dans l'oeil unique du pirate borgne tout en posant une paluche humide sur le bras de son compère. Déjà bien alcoolisé, Bigorneau lui dit :

    "Je suis comblé d'apprendre que malgré nos différences et qu'après tous ces ouragans qu'on a subi, t'as pas viré de bord et que tu viens toujours poser ton vieux cul sur nos chaises bancales. A ta santé, capitaine."

    Enième gorgée, plus longue que les précédentes.
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  • Sam 30 Déc - 22:51
    Le borgne leva sa bouteille, la tenant fermement dans sa main droite. Il trinqua avec Bigorneau, faisant tinter le verre contre la chope pour en faire sortir une note enjouée. Ainsi, il s'épargna de faire l'effort de se montrer festif. Puis, il porta le goulot vers ses lèvres, stoppa son court parcours à mi-course.

    "La maturation de l'excellence dépend en effet de l'âge... mais également de l'environnement."

    La bouteille progressa d'un ou deux centimètres vers son objectif.

    "Un cœur d'artichaud... C'est flatteur venant de ta part. Tu comprends enfin que j'ai plus de sentiments pour la mer que toi. Tu as raison, je suis bien fait pour la mer. "

    Un bref rictus amusé marqua le recoin de ses lèvres, qu'il effaça rapidement en buvant une première rasade de son breuvage. Là où le rhum provoqua une brève toux chez le pirate élémentaire, le demi-elfe haussa un sourcil tout en regardant quelques secondes le contenu un peu réduit de sa bouteille. Ce n'était pas vraiment de l'arrak... ou alors c'était mélangé à un reste de confiture qu'on avait dilué dans de l'eau. Au moins, il ne risquera pas de se prendre une cuite avec ça. Et c'était mieux ainsi.

    Après avoir ri de bon cœur à la comparaison faite avec un cétacé réputé pour son caractère irascible, il fut pris de mélancolie quand vint son tour de parler un peu de sa personne. Tout comme lui, Bigorneau n'entra guère dans les détails. L'amertume de cette défaite, face à l'irrésistible espérance de remporter la victoire sur les Républicains et de récupérer Kaizoku se sentait dans le peu qu'il narra. Altarus joua lentement avec sa bouteille pour remuer son contenu. Lui aussi avait été pris dans cette folie d'espoir, avant de comprendre qu'il avait fait un mauvais choix... qu'une bonne partie des pirates avaient été fourvoyés par Beros, lui-même manipulés par ces sales sorcières. Il ferma sa paupière droite. Si Beros avait été plus vigilant, il aurait mené la flotte et donc l'assaut autrement... Mais enivré des rêves de conquête et de gloire par les paroles empoisonnées de ces sales... Il attrapa vivement la bouteille et avala une plus grande rasade.

    Bigorneau finit par caler son dos au comptoir, interpelant Altarus pour qu'il se tourne à son tour et pose son œil valide sur trois jeunes femmes qui prenaient un certain bon temps avec un ivrogne de passage, ou bien du coin, peu lui importait. Il prêta plus d'attention à la parole de Bigorneau, pour savoir pourquoi il lui avait désigné ces trois damoiselles-là. Il demeura silencieux à ce qu'il entendait. Les rumeurs se répandaient aussi vite que le vent qui survolait les flots. Là où son homologue reprit sa posture initiale, lui, la garda ainsi. Il ne frémit point quand la main moite se posa sur son bras. Il s'interrogeait, se demandant si le pirate connaissait une partie de la vérité.

    "Le monde change, et pour y survivre, il faut s'adapter ou périr. Si tu réunis assez de monde sous ton pavillon, juste ceci... ne commets pas les mêmes erreurs que Beros. "

    Son oeil bleu acier était braqué sur ceux brillants de Bigorneau. Il se prépara à répliquer quelque chose qu'un autre trancha d'une voix forte dans les joyeuses festivités du moment :

    " z'êtes sûr Amiral ? Qu'il n'a pas viré de bord ? ch'est pas ce que j'ai 'tendu..." balança un marin bien en avance sur son état d'ivresse, qui titubait à la limite de se vautrer sur le plancher.
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  • Dim 31 Déc - 4:32
    "Tu es donc mieux informé que je l'pensais sur mes agissements, Altarus. Je compte effectivement sur les quelques braises qui animent encore les cœurs des plus vaillants d'entre nous."

    Une flotte rebâtie sur les décombres et ossements de la précédente. Pouvait-on espérer un résultat différent avec une formule identique ? Probablement pas, Mais Bigorneau caressait l'espoir de faire pour les pirates restants un dirigeant moins aveugle que son prédécesseur que les grands rêves, malheureusement, avaient emporté. Il serait plus cruel, plus fourbe et plus malin que Beros ne l'avait jamais été. Il serait digne de lui mais ne ferait pas l'erreur de confier ses aspirations aux premiers-venus au point d'en oublier ses valeurs premières. Avec une pensée pour son ami déchu, il leva sa chope, yeux perdus dans le vide et gorge nouée par l'émotion.

    "A toi, mon ami."

    Il s'enfila une nouvelle rasade puis cessa de s'adresser aux fantômes de son passé et se recentra sur le demi-elfe qui, contre toute attente, était parvenu à rester quant à lui en chair et en os. L'observant avec une certaine gravité, il parut réfléchir un instant pour peser le poids des mots de son vis-à-vis puis, après avoir pris une grande inspiration, il répondit :

    "Tes conseils m'sont précieux, Altarus. Trop précieux d'ailleurs pour n'être offerts qu'occasionnellement. Concernant mon pavillon justement et en vue de ton expérience, j'aimerais t'inviter à..."

    Ce fut cet instant que choisit le soulard du coin pour entrer en scène. Tanguant comme un vaisseau secoué par une mer agitée, le marin sévèrement éméché venait de faire une révélation bien mystérieuse qui ne manqua pas d'attirer l'attention de l'Amiral. Arquant un sourcil tout en esquissant un mouvement de tête trahissant sa surprise et son incompréhension, Bigorneau tourna la tête en direction de l'intrus et lui ordonna :

    "De quoi tu causes, toi ? Sois précis."

    La tête de l'autre corniaud bourdonnait tant qu'il en perdait la notion du danger et, plutôt que de clarifier pleinement la chose, il choisit de rétorquer en ricanant à moitié :

    "Ben... disons qu'il est pas aushi droit dans shes bottes qu'il le laisse shupposer, votre copain là."

    Le bidule qu'il mâchonnait en causant agaçait au plus haut-point l'Amiral, qui décida donc de l'en délester de force. L'une des paumes de Bigorneau lâcha la chope et s'en éloigna pour donner naissance à un large tentacule translucide entièrement composé d'eau. Manié tel un fouet, l'élément s'étira pour se refermer sur le cou du malheureux, pressant un peu sa gorge tout en l'attirant vers l'Amiral qui prenait sans doute un malin plaisir à appliquer une pression quelque peu excessive pour le forcer à cracher ce qu'il boulottait. L'Elémentaire continuait pendant ce temps à siroter sa boisson de son autre main et lorsque sa proie fut assez proche, il relâcha le sort d'un geste désinvolte et l'excroissance aquatique s'écroula pour tremper à nouveau le sol fait de bois.

    Les lèvres encore à moitié posées contre sa chope, Bigorneau reprit :

    "C'est pas précis ça, m'sieur Bollasto. Parle clairement, abruti."

    La peur et l'adrénaline l'ayant fait très légèrement dessoûler, le pauvre homme profita de cette salvatrice crevure de son ivresse afin de reprendre son souffle et, non sans accorder un regard en biais quelque peu inquiet vers le demi-elfe, il bredouilla :

    "Ben... l'Altarus, il a pas combattu pour Beros jusqu'au bout. 'Fin moi je sais pas en fait mais c'est les gars de la Linotte Rousse qui me l'ont dit, pis ceux de l'équipage de la Baudroie Marrante qui m'ont causé pour m'dire pareil. 'Parait qu'il a... rejoint l'camp opposé, Amiral."

    Il y eut alors un silence pesant durant lequel les yeux blancs et vitreux de Bigorneau fixèrent ceux de l'autre pirate penaud avec une insistance extraordinaire, comme si l'Elémentaire cherchait à creuser pour sonder jusqu'à l'âme de celui qu'il détaillait. Il ne lisait, à son grand regret, par la moindre trace de mensonge ou d'esprit de revanche contre le capitaine du Cetus. Désireux de lever les soupçons qui pesaient sur son compagnon de beuverie, Bigorneau tourna légèrement la tête et marmonna :

    "De quoi il parle, Altarus ? Je... je n'pige pas, là."

    Une nouvelle vague de tension apparut au large.
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  • Dim 31 Déc - 14:23
    Bigorneau s'était bouffé une cuisante défaite lors de l'affrontement avec les forces républicaines en place à Kaizoku. L'amertume de n'avoir pas réalisé un rêve longtemps chéri devait être bien ancrée dans ses tripes, à lui aussi. Pourtant, il gardait une lueur d'espoir de redonner quelque chose à toute la confrérie pirate. Il avait été un des proches amis de Beros. S'il ne se perdait pas sa vanité et son orgueil, si les drames de leur Île le motivaient plus sérieusement, dans l'esprit du demi-elfe, il avait toutes les chances d'atteindre son objectif. Altarus n'avait jamais vraiment porté l'élémentaire dans son cœur, en raison de bien des convictions divergentes et de moralité, mais il reconnaissait pleinement le charisme que possédait l'Amiral pour réunir autour de lui des engeances qu'on pensait plus bonne à rien et de les motiver à l'unisson. Il fallait ne pas omettre les erreurs du passé...

    Toujours adossé au comptoir, il hésita à se retourner pour reprendre sa bouteille et se rincer la gorge une nouvelle fois. Pour l'instant, il préférait largement faire la conversation que de se noyer l'estomac avec un pseudo arrack. Bigorneau, après avoir accordé un lever de chope pour honorer la mémoire de son ami disparu, l'observait avec un bien étrange air mélangeant réflexion et mélancolie ; un mélange rarissime chez lui. Quand il rouvrit la bouche, ce fut pour commencer à parler d'un sujet des plus sérieux. Il fut coupé sur le point crucial de sa proposition qu'un ivrogne lâcha une rumeur, qui fut une marée galopante de souvenirs encore culpabilisants à certaines décisions prises durant l'offensive de Kaizoku dans l'esprit du demi-elfe. Il s'était plus ou moins préparé à ce que cela refasse surface, mais pas en la présence de Bigorneau. On ne choisit pas ces rudes moments pour affronter les conséquences de ses choix.

    Impavide face à l'éthylique accusation, son unique œil s'était braqué sur l'individu qui espérait jouer les trublions pour amuser la galerie. Il ne souffla mot, privilégiait l'attente et l'observation de cette nouvelle vague qui alourdissait l'atmosphère festive de la taverne. Bigorneau avait été piqué de curiosité. En invoquant un tentacule liquide, il fit venir à lui le soûlard, qui changea d'expression en voyant qu'il n'avait que trop attiré l'attention sur lui. L'apeuré alcoolisé jeta un regard empli d'inquiétude en direction du borgne, qui n'avait toujours pas cillé, restant de marbre. Seule la couleur de son œil bleu avait pris la teinte grise d'une mer à l'approche de l'expression de sa fureur tempétueuse. Et l'interrogation de Bigorneau tomba.

    "Il parle de ce que ses oreilles ont pu entendre, et du peu qu'il a pu en comprendre… Alors qu'il n'a pas vécu l'enfer..."

    Il fronça légèrement ses sourcils en direction de l'autre éméché. Toujours les mêmes imbéciles qui mémorisaient des dires sans connaître la réalité qui se dissimulait derrière. Il tourna suffisamment sa tête pour que son œil valide croise le regard perplexe de Bigorneau. Le bleu acier de son regard réduit luisait d'une farouche et glaciale sincérité.  

    "Toi, moi, Beros... Nous avons tous été manipulés, bernés. La flotte a pu se former parce que ces femmes qui le secondaient, à la puissance indéniable, l'ont encouragé à la créer, à rallier le maximum d'hommes et de femmes sous son pavillon, pour reprendre Kaizoku des mains des Républicains, avec une trahison armée organisée au sein de leurs rangs ; que je découvris plus tard. Jamais Beros n'aurait pris le risque d'une telle entreprise si ces sorcières ne l'avaient pas assuré de leur soutien. J'ai été pris moi aussi dans cet espoir de libérer notre Île et de lui redonner son panache d'autrefois, avant de tomber sur une de ces scélérates qui aura mis à mal à tout ce que je croyais pour cet assaut. "

    Il ferma sa paupière quelques secondes, le temps de soupirer. C'était à cet instant-là qu'il avait dû prendre une décision irrévocable, pour demeurer l'être qu'il a toujours été, et pour ne pas être perverti par cette damnée et ses pairs.

    "Comment aurais-tu réagi à l'injonction d'une vieille Sœur de la Côte de battre en retraite, en plein milieu d'un affrontement avec un navire républicain ? Qu’elle te promet une place de Frère de Côte en échange de ta soumission, alors qu'elle avait toute la puissance magique nécessaire pour participer à l'affrontement ? Qu'en cas de refus, tu rejoindrais les abysses ? Dans une cause où tous étaient censés faire front commun... à promettre une place qui se mérite dans un duel et pas sur un acte de fuite... quelque chose n'allait pas. Cette femme a fini par connaître la mort. "

    Pour sauver ses amis, ses alliés... et apprendre plus tard toute la machination qu'il y avait eu derrière ce conflit orchestré de toute pièce.

    "Elle était membre de ce qui est l'Assemblée, une sorte de groupuscule qui a ses ramifications jusqu'au cœur même de la République. Depuis la destruction de Kaizoku, j'essaie d'en apprendre un peu plus et jusqu'ici, je ne remonte rien des abîmes. Tout ce que je sais est que la disparition de Beros et de Fieracier leur est plus que profitable. Deux hommes capables de fédérer des combattants, bien ennemis, auraient été à même  de faire front commun et de devenir une menace pour elles. À cela, qu'elles avaient connaissance de l'existence de l'élémentaire de lave et de son instabilité… l'éruption du volcan n'était pas due au hasard...."

    Pourra-t-il avouer qu'il l'avait récupérée de l'île, quand il était revenu sur les lieux du désastre pour espérer trouver des survivants, qu'elle lui avait avoué sans remords être à l'origine du réveil d'Hephaïs ? Il garda cela en réserve...

    "J'ai fait un choix, j'ai pris une grave décision... pour essayer de mettre la main sur les véritables responsables de la perte de Kaizoku, du massacre des pirates pour une cause qui nous dépassait toujours, juste bon à être des pions sacrifiables. Ce n'est pas pour autant que je suis du camp de ces enfoirés de bleus. Même si la perte de Kaizoku m'a ébranlée, je n'ai pas changé de cap de mes convictions et de mes orientations morales. Libre à toi de penser ce que tu veux de tout ce que tu viens d'entendre. "

    À voir comment il se prendra le tsunami des conséquences surtout... Durant toute son élocution, son ton n'avait pas flanché, sa voix n'avait pas trahi la moindre frayeur. Sa posture était demeurée droite et fière comme à son habitude. Son œil droit avait toujours gardé cette détermination qui le caractérisait quand venait un cyclone dangereusement mortel...Un instant, il jeta un regard glacial à l'autre enivré, qui était bien taiseux pour le coup. Il devait être trop imbibé et trop stupide en même temps pour réellement saisir toute la tragédie de sa stupide intervention. Restait à voir maintenant la réaction de Bigorneau....Il avait voulu savoir ? Maintenant, il savait...
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  • Dim 31 Déc - 18:03
    Il était évident et également un peu prévisible qu'après l'annonce d'une telle trahison de la part d'Altarus, l'Amiral s'apprêtait inévitablement à jouer de ses aptitudes particulières afin de créer par l'esprit une véritable tempête d'eau salée qui se serait abattue tel un ouragan haineux et sauvage en plein dans la poire du demi-elfe borgne. Seulement voilà, s'il y avait une chose que Bigorneau n'était pas malgré ses innombrables défauts, c'était "prévisible". Médusé par les révélations inadmissibles et pourtant trop justes de son confrère pirate, l'Amiral demeura aussi immobile qu'une statue face à son vis-à-vis qui lui avouait sans sourciller la réalité tragique d'un combat que Bigorneau, dans sa faiblesse momentanée, n'avait pu mener jusqu'au bout. Le pirate partiellement responsable de l'amorce de tempête trouva malgré le regard glacial qu'Altarus lui portait le courage de reprendre la parole :

    "Vous voyez Amiral ? Il l'admet lui-même !"

    Bien content de pouvoir se ranger du côté de l'Elémentaire fripon qui risquait fort de devenir un peu soupe-au-lait dans les plus brefs délais, le marin qui avait eu l'outrecuidance de parler plus fort que tous les autres fut stoppé dans son élan de racontar car Bigorneau, sans mot dire, leva une main avec force pour ordonner le silence. Altarus continua alors ses explications et l'Amiral, non sans laisser transparaître sa surprise et son incompréhension dans une expression désormais décomposée, resta une fois encore muet face à tout ce qui lui tombait sur la gueule.

    Lorsqu'enfin le demi-elfe eut fini son discours, Bigorneau réalisa alors qu'accordéons et vielles à roues s'étaient tues les uns après les autres car à en juger par la mine de l'Amiral, les mots du borgne méritaient d'être écoutées avec une attention toute particulière. D'un ton sec et sans quitter des yeux le rescapé de Kaizoku, L'Amiral ordonna brusquement :

    "Tout le monde sort, sauf mes gars."

    "Oh bah Amiral, la soirée vient tout juste de commencer !"

    "Ta gueule. Dégage."




    Après le coup de la prison aqueuse et la menace de langue tranchée, personne n'avait le cœur à s'opposer à la volonté du Fléau. Soupirant comme des gosses qu'on privait de leur jouet, les grands marmots qu'étaient les pirates du coin récupérèrent leur attirail et embarquèrent pour la plupart assiettes et chopes pour aller continuer à festoyer sur les plages de Brumerive. Ils passèrent la porte en file indienne et les Naufrageurs de Bigorneau, quant à eux, se postèrent furtivement aux quatre coins de la taverne. Plus de sourires, plus de ricanements. Ils accordaient tous à Altarus un regard au sérieux inconditionnel et conféraient chacun à leur façon une atmosphère bien pesante à l'endroit. Avant que les brigands ne quittent tous la pièce, le tavernier beugla tout de même :

    "Et vous m'ramènerez la vaisselle demain à l'aube, bande de soulards !"

    Bigorneau hocha la tête et répéta gravement :

    "Et vous lui ramènerez sa vaisselle, ou vous aurez affaire à moi."

    De toute évidence, une pile parfaite serait déposée sur le palier au petit matin.

    Bigorneau s'éloigna un peu du comptoir, l'air pensif et les yeux dans le vide. Il regarda un court moment par la fenêtre crasseuse puis agrippa un tabouret bizarrement haut qu'il fit racler sur le sol en revenant sur ses pas. Il vint s'y asseoir d'un bond et invita Altarus à faire de même par un geste courtois. S'assoir, c'était aussi montrer qu'on avait pas d'intention hostile. Du moins, pas immédiate. Après s'être raclé la gorge, il extirpa de l'une de ses poches de veste une montre à gousset cassée, une étoile de mer étrangement sèche et finalement, une petite boite circulaire ornée d'or et représentant une hydre.

    Avec adresse et précision, il fit claquer le couvercle qui s'ouvrit en révélant le contenu du petit objet. De la poudre verte, denrée rare et ô combien prisée par les amateurs de sensations fortes. Un sourire timide aux lèvres, Bigorneau accorda à son compagnon de beuverie un clin d'œil ainsi qu'un regard en biais et glissa :

    "P'tit remontant. Longue nuit en perspective."

    Il tapota la boite contre le dos de sa main, faisant ainsi choir sur son gant ensablé une portion de la poussière légèrement luminescente qui s'y trouvait. Approchant sa truffe écailleuse de la trace ainsi créée, Bigorneau en aspira tout d'un coup de narine puis secoua vivement la tête et se pinça le nez, avant de tirer la langue et de se la mordiller. Sacrément forte, cette fichue poudre. Elle avait au moins le mérite de remettre les idées en place.

    Sans cérémonie, il prit la main d'Altarus dans la sienne, occultant ainsi toute possibilité de refus. Trois petits coups sur la boite, et voilà que le demi-elfe était servi à son tour. Les perles vitreuses plongées dans l'œil unique du borgne, Bigorneau lui dit :

    "Toi aussi. Profite."

    Sans attendre de savoir si l'invitation à se détruire le crâne avait été acceptée, l'Amiral reposa la boite dans la poche intérieure de son manteau, puis il reprit avec avec une émotion indescriptible, mêlant sans doute tristesse, colère et résignation :

    "Beros savait pertinemment dans quoi il s'embarquait. Les greluches dont tu m'causes, je sais qu'elles existent. Je les ai vues, ces vipères. Elles nous ont dit... vois-tu, que la piraterie trouverait bientôt le terme de son règne sur les eaux. Beros et moi, tu t'doutes bien, on les a pas crues une seule seconde et on s'est bien moqué de leurs mises en garde. Puis s'est passé ce qu'il s'est passé, tu connais la suite."

    Nouveau reniflement, puis fort que les précédents.

    "Quand elles sont revenues, on s'est dit qu'on allait tendre l'oreille. La prise de Kaizoku, ça pouvait pas marcher et pourtant, on y est allés avec confiance et courage. Elles nous ont promis un soutien infaillible, un pouvoir dépassant nos rêves les plus fous. Beros a sauté dedans à pieds joints, mais il s'est pas rendu compte que la flaque était plus profonde que prévue. Cette affaire de sorcières, ça va plus loin que ce qu'on connaît, Altarus."

    Lentement, son index se releva et il tapota le torse de son compère, en plein au niveau du cœur.

    "Mais tu sais ce qu'on a mal fait, la première fois ? On s'en est remis à quelqu'un d'autre. On a serré la main dégueulasse d'étrangères qui n'avaient ni nos intérêts, ni nos valeurs. Les seuls en qui on peut s'fier, c'est nous-même, tu comprends ? Les seuls vrais gars dans c'monde qui part dans tous le sens, c'est les pirates, bordel. Qu'elle reviennent, ces catins. Elles trouveront un interlocuteur autrement plus filou, cette fois-ci."

    La main se déplaça avec l'élégance d'une murène se tortillant dans les eaux et elle vint saisir fermement celle d'Altarus, l'écrasant presque dans une poigne solide.

    "Rappelle tes navires et dis-leur, Altarus. Rejoins ma foutue flotte et faisons ensemble ce que Beros n'a pas su accomplir. Qu'importe les prophéties et au diable les sorcières ! La piraterie prévaudra toujours."
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    Altarus Aearon
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  • Mar 2 Jan - 0:46
    L'œil du borgne ne se détourna pas une seule fois de la mine mi-perplexe mi-décomposée qui assombrissait le visage de Bigorneau. Le silence était étrange et lourd. Les musiciens qui animaient l'intérieur de la taverne avec des sons rythmés ne touchaient plus les cordes ou ne pressaient plus les souffles de leurs instruments. Les chants des pirates et clients aux voix braillardes ou déformées par l'effet brûlant d'une surconsommation de rhum très fort s'étaient tous tus. Ne restait plus qu'un éméché qui ravala une nouvelle connerie en déglutissant au geste du pirate. Du changement de son environnement, Altarus n'y avait pas prêté attention. La seule chose qu'il guettait stoïquement était la réaction de son interlocuteur, en proie à une petite soufflante de ressentis dans sa caboche. Sans mot dire, il attendait tout en laissant son esprit analyser le moindre fait, le moindre souffle, le moindre geste.

    L'instant était-il critique ? La réponse paraissait évidente, quand on savait l'Amiral dangereux, voire mortellement dangereux quand son humeur décidait de devenir une vague scélérate, véritable déferlante qui arrivait sans prévenir. Pourtant, le demi-elfe ne trembla pas. Il gardait le bleu acier de son regard réduit sur son congénère. D'autres à sa place auraient fini par se faire dessus. Soudain, Bigorneau ordonna à tous de sortir, sauf ses comparses. Ça protesta, la réplique fut injurieuse, sans appel. Il y eut quelques jérémiades, des messes basses d'une soirée définitivement foutue, quittant un à un les tablées, prenant ce qui leur restait de bouffe ou de boisson pour aller le terminer sur les docks ou sur le sable face à la mer. À cela, le tavernier brailla qu'il attendait le retour de la vaisselle, appuyé de l'autorité de l'Amiral. Jusqu'au bout, pour la moindre petite chose qui pourrait le contrarier, Bigorneau intervenait. Sans sourciller, Altarus nota que cela aussi était une manie qu'il n'avait pas perdue. 

    Quand tous furent sortis, que le tavernier s'en fut à ses affaires qu'on pouvait à peine oser nommer une cuisine, que les sbires se soient mis dans les quatre coins de la salle, le Capitaine du Cetus ; ou plutôt du Charbon Ardent, en attendant d'aller récupérer son brick, observa le déplacement de Bigorneau, qui avait quitté le comptoir, pris dans ses préoccupations. Il était en pleine réflexion. Altarus ne chercha même pas à voir où s'était placé chacun de ses membres d'équipage. Ils étaient demeurés dans la taverne, pour venir faire du poids au cas où la situation viendrait à s'envenimer. Leur Amiral était un individu puissant et impitoyable, mais une confrontation avec le demi-elfe ne le laissera pas indemne. Ce dernier n'était pas n'importe qui, pour que Bigorneau l'eût accueilli presque en grandes pompes. 

    Bigorneau chopa un haut tabouret et revint, se foutant de laisser un des pieds miteux racler le plancher de l'établissement. Celui-ci était déjà rayé de partout de toute manière. D'un simple regard, Altarus comprit qu'il devait l'imiter et alla chercher le sien du même acabit. Il ne tenait pas à s'asseoir un niveau en dessous de celui de son comparse. Après y avoir pris place, il ne put empêcher un de ses sourcils de se hausser à la sortie d'une petite boîte ronde, au motif multicéphale. Il reconnut une hydre. Quand le couvercle dévoila son contenu, Altarus là, sourcilla en détaillant la poudre verte. Il préféra garder le silence et voir jusqu'où Bigorneau irait avec cette substance. Nul doute que la soirée sera longue, mais de là à prendre ça ? 

    D'abord, l'élémentaire s'en prit une petite dose, après l'avoir méticuleusement répandue sur le dos de sa main. Après l'avoir inspiré d'un coup sec par une de ses narines. Les effets furent instantanés, à voir sa grimace. Sans prévenir, s'en foutant de demander même, il saisit l'une des mains du borgne, qui n'eut guère le temps de protester. Les dents serrées, il s'était fait violence pour ne pas refuser. Il n'estimait pas être en position de force pour empêcher Bigorneau de lui mettre de la poudre verte sur le dos de sa main. La matière poudreuse contrastait sinistrement avec le cuir noir du gant qui recouvrait la main du vieux Capitaine.

    Circonspect de cette substance, Altarus eut un instant une hésitation. Il n'avait jamais vraiment eu recours à des drogues pour défaire ses doutes et ses angoisses passées. Hormis s'être pris une méchante cuite après la destruction de Kaizoku, il ne s'était pas refusé dans ce genre de produits. Pas même pour se cacher de sa phobie. Sa paupière droite se ferma une fraction de seconde, le coupant à peine de la vision de la poudre verte. Face à l'adversité, il ne reculait pas. Il l'affrontait. Il leva sa main et inspira d'un coup cette matière qui emplit ses fosses narines. Il frémit à la sensation et secoua la tête aux effets qui se déclaraient déjà. Par les Abysses, il avait l'impression de se prendre une tempête à l'intérieur de son cerveau même ! Après avoir cligné plusieurs fois de suite sa paupière et inspiré un bon coup, il se redressa un peu. Bigorneau reprit alors la parole, mais pour rester dans le sujet de tantôt, à la limite d'être une houle corrosive.

    Altarus l'écouta, croisa ses bras sur sa poitrine dès les premières phrases qui découlèrent des lèvres de l'Amiral. En même temps, les effets de la poudre verte l'embrouillaient doucement. Son cœur avait pris un peu plus de vitesse dans ses battements et son esprit avait l'air d'être moins vigilant, plus désireux de se relâcher et de suivre des courants inhabituels. Le demi-elfe n'aimait guère l'idée de cette perte de contrôle. Jouer de doubles vigilances sera bien plus difficile... Plus encore quand il apprenait de la bouche même de Bigorneau que lui et Beros étaient au courant et que, malgré l'effet d'un premier doute qu'ils auraient dû suivre depuis le début, avaient fini par céder à la tentation d'une aide extérieure par l'apport d'une puissance sans nom à la cause pirate. Rien que cela, il eut envie de lui hurler sa stupidité à la gueule. Sa mâchoire se crispa... Bon sang... c'est ce qu'on appelait avoir le désir de se lâcher.

    Bigorneau poursuivait son discours. Puis, comme cela, il usa de son index pour venir tapoter l'emplacement du coeur. C'était un appel à s'accrocher à ses sentiments. Ses dernières paroles renforçaient cet appel, voulant saisir en même temps la loyauté d'Altarus. Sa main moite se déplaça, avidement et en ondulant même, et se referma sur celle du borgne, lui infligeant une forte poigne. Altarus la sentit à peine, la regarda quelque seconde avant de lever son oeil unique dans les yeux laiteux de son interlocuteur. 

    "Par Kaiyo ! Beros et toi, vous le saviez depuis le début... et vous n'avez pas suivi votre instinct !
    *Bouffés d'orgueil et de vanité ! Bandes de sinistres imbéciles ! *réussit à contenir dans ses pensées. Fichue drogue qui laissait son esprit avide de s'exprimer plus ouvertement et avec moins de recul. Le cuir de son gars craqua en douceur, quant à son tour, il serra la main de Bigorneau. 

    "Une de ces sorcières a essayé de me manipuler, elle y a laissé la vie. Malheureusement, ce ne fut pas assez pour endiguer le mal que ses autres congénères ont provoqué. Vous auriez dû refuser " 
    *Vous auriez dû mieux réfléchir ! *

    Il se retint de soupirer.

    "Mais.... Comme tu le dis si bien, il est encore possible de réaliser ce que Beros n'a pas su accomplir... "
    *A condition d'user de son cerveau et pas de se laisser aller à la facilité !
    "Si je rejoins ta flotte, je ne veux pas que tu me considères comme un chien de second plan. S'il y a des prises de décisions importantes à trancher, je veux en être. Nous n'avons pas été d'accord sur bien des sujets, mais des contraires peuvent naître une union plus forte."

    Il serra plus fortement sa poigne, pour être à l'égale de celle de Bigorneau, la tirant même pour obliger l'élémentaire à se rapprocher. 

    "Si tu veux être l'Amiral d'une nouvelle flotte, plus digne et plus forte encore que celle de Beros, il faudra nettoyer les fonds de cale pour que la vermine servant dans l'ombre les sorcières de cette Assemblée ne vienne pas perturber tes projets. De mon côté, je veux continuer à mener les recherches que j'avais déjà entrepris après Kaizoku... même si elles ne progressent pas aussi vite que je le souhaiterai ! Ah ! et j'allais omettre... les satanées enflures pourraient avoir soudoyé un ou plusieurs Frères de Côte, il ne faudrait pas négliger cela..."

    Il passa sa main libre sur son visage. Par les abysses, son esprit sortait un peu trop de ses rails... lui qui pensait réussir à le garder cadré... 

    "Par Kaiyo, comment arrives-tu à réfléchir correctement avec cette poudre.... "
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  • Mar 2 Jan - 4:03


    Grimaçant en secouant la tête, tant par déni qu'à cause des vapeurs de poudre verte qui lui attaquaient les neurones par vagues successives, Bigorneau refusait d'admettre que l'entièreté des tords vis-à-vis de l'assaut de Kaizoku lui revenait. S'il avait une part de responsabilité non-négligeable dans ce cuisant échec, il était tout bonnement hors de question pour lui de laisser germer l'idée selon laquelle il s'était trompée. Pour lui, il avait simplement été floué par des forces qui le dépassaient de loin, une version des faits qui lui convenait bien mieux et qui ne mettait pas ses propres décisions à mal. La vérité pourtant, apparaissait à l'œil du borgne avec la clarté d'une eau tropicale. La poignée de main, rude mais amicale, eut tout de même l'avantage de détendre un peu les Naufrageurs qui s'étaient préparés pourtant à fondre sur celui que beaucoup catégorisaient comme traître à la cause.

    "Je sais, Altarus. Beros ne m'a pas laissé le choix. S'il m'a permis d'assister aux premières conversations, puisque nous ne prenions pas encore ces ensorceleuses au sérieux, les choses sont devenues différentes à leur retour. Il avait... changé, vois-tu ? Nos premières défaites l'ont transformé, elles l'ont rendue moins confiant, moins fervent dans ses croyances et dans ses aspirations. Sa foi en nous a été ébranlée."

    Son regard quitta à nouveau celui de son interlocuteur pour se perdre dans le vide, tourmenté qu'il était par un passé douloureux mais révolu. Il sonda le fond de sa chope, jouant avec le petit fond de liquide mousseux qui s'y trouvait encore, puis reprit d'une voix rendue étranglée par la colère et le dépit :

    "Je crois qu'avant l'attaque de Kaizoku, il n'avait même plus confiance en moi. Le fait que tu en sois venu à pourfendre cette sorcière que tu me décris prouve au moins une chose : nous sommes pour elles de simples pions, des armes dont on dispose et qu'on jette hors du plateau à volonté. Lorsqu'elles se lassent d'un jeu, elles passent au suivant..."

    Altarus, après un moment de longue hésitation durant lequel il pesa le pour et le contre, parut après ses quelques mots accusateurs s'apaiser à la manière des vents imprévisibles qu'il incarnait, se rangeant contre toute attente du côté de son interlocuteur. Suite aux mises en garde d'Altarus concernant la place qu'il aurait éventuellement au sein de la flotte du nouvel Amiral, Bigorneau ricana tant de joie que de stupeur et annonça fièrement :

    "Altarus, ai-je une trogne à siéger à l'Assemblée ? Nous n'sommes pas des diplomates de pacotille ni des bonimenteurs à queues-de-pie, mais des foutus pirates !"

    Il tapa du poing sur la table et sourit avec enjouement tandis qu'Altarus renforçait sa poigne sur la main de Bigorneau. Son rire se fit plus bruyant, seulement pour être immédiatement imité par les membres de son équipage qui l'observaient avec confiance. Levant sa seule main libre, il énuméra au fil de son discours les points les plus alléchants de son offre et leva un doigt à chaque élément évoqué :

    "Ma flotte fonctionne précisément comme un équipage, mais à une échelle autrement plus grande. Je n'suis pas là pour te dire où pisser, ni qui fourrer, et encore moins quand faire l'un ou l'autre. Un capitaine dirige son navire mais ne possède pas les âmes qui en foulent le pont, un point c'est tout. Pas d'grade, pas d'secret, pas d'tromperie. Nous sommes des hommes fiers et..."

    "Et des femmes..."

    "Quoi ?"

    L'Amiral tourna la tête, faisant alors face à la frimousse accusatrice de Cyané, l'une des plus proches sirènes. Les sourcils froncés, elle glissa :

    "Des hommes ET des femmes, Amiral."

    "Ca va de soi, ne m'coupe pas pour rien dire, Cyané. C'est vrai qu'elle cogne, cette foutue poudre, je me perds dans mes pensées... Nous sommes des hommes ET DES FEMMES fiers et vaillants, égaux en tous points. Si quelqu'un se range derrière moi, ce n'est ni par crainte ni par dépit. C'est parce qu'il croit en quelque chose, mon ami."

    S'humectant les lèvres suite à son long discours, il rangea ses doigts pour venir tapoter énergiquement le comptoir, avant de conclure son explication :

    "Nous serons sans doute amenés à l'avenir à refaire face à ces harpies. Continue à mener tes recherches Altarus. J'aimerais qu'à notre prochaine rencontre avec elles, nous détenions cette fois-ci une main plus avantageuse que celle que nous possédions la fois passée. Et puis j'vais te dire un truc, mon frère, et je me MOQUE que cette information quitte cette taverne pour passer de la gueule d'un rat à l'oreille d'un autre..."

    Dans un élan aussi tempétueux qu'inattendu, Bigorneau extirpa de l'arrière de son ceinturon une dague droite et usa brusquement de sa magie pour accélérer son mouvement, ce afin de violemment enfoncer l'arme droit dans le comptoir qui supportait les boissons, ce dans un vacarme assourdissant. La lame vibra à l'impact, tout comme les boissons entreposées non loin de là, et s'enfonça net dans le bois tandis que l'Amiral, avec une furie tout à fait surprenante en vue de ce moment de franche camaraderie, lançait en vociférant :

    "J'EMMERDE LES FRERES-DE-CÔTES ET J'EMMERDE LES SORCIERES ! La piraterie n'a jamais eu besoin d'être institutionnalisée comme un fichu gouvernement ou comme une dictature impériale, pas vrai ? Pourquoi sommes-nous des pirates, Altarus ? Nous sommes des pirates parce que nous croyons à une liberté absolue, totale et in-con-di-tio-nnelle. Qu'ont-ils accompli pour nous, ces "frères" dont la fraternité n'est bonne que lorsqu'elle les avantage, qu'ont-ils fait pour les véritables pirates, hein ? Je n'veux pas que mes hommes vivent dans l'ordre établi par un... Code des Affranchis. De quoi pourrait-on s'affranchir, si ce n'est des codes eux-mêmes ? Je veux et j'exige que mes hommes vivent TOUT COURT."

    Serrant son poing dans un crissement de cuir, il planta son regard embrasé par la fougue dans celui du borgne :

    "Que les forts que nous sommes reprennent leurs droits. Brumerive n'est qu'une goutte dans l'océan et cet océan... il NOUS revient !"

    Les Naufrageurs se mirent à taper du pied, ricanant et s'offrant mutuellement des embrassades grossières mais sincères. Toujours avec cette éternelle hargne, Bigorneau tapa une énième fois sur un comptoir déjà bien malmené, se pencha vers le demi-elfe et conclut :

    "Alors vogueras-tu avec moi... ou pas, Capitaine Altarus Aearon ?"

    Ils se serraient déjà la main, après tout.
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  • Mer 3 Jan - 13:06
    L'atmosphère sonore était devenue quelque peu étrange aux oreilles du demi-elfe, qui écoutait la verve chaotique de Bigorneau sortant de ses lèvres bleuties au rythme de ses humeurs. Il l'écouta, devant se concentrer avec plus d'efforts pour espérer contourner les effets de la poudre qui s'incrustait bien profondément dans son esprit. Par les abysses, il aurait dû refuser d'absorber cette substance. Mais cela aurait été marqué par un manque cruel de courtoisie à l'égard de l'élémentaire, qui avait privilégié la conversation que l'affrontement direct, au vu de sa "trahison". Les deux pirates se côtoyaient depuis plus de deux siècles sur les flots, ne s'étant guère accordés sur leur propre vision de la piraterie, mais ils avaient développé une forme de respect mutuel. 

    Par moment, Altarus avait l'impression d'entendre son congénère comme s'il était dans une bulle, avant d'en sortir d'un seul coup. C'était vraiment désagréable. À cela se rajoutait une vision entachée d'ombres difformes à peine perceptibles, qui apparaissaient et s'étiolaient comme des brumes de surface. Foutue poudre verte. Heureusement, il se raccrocha à l'importance que revêtait la conversation, pour aider son esprit à garder le cap malgré les effets perturbants de la drogue. Une fois encore, il se mordit les lèvres en entendant Bigorneau balancer comment la situation était avec Beros. Une fois de plus, d'aucun n'avait écouté la voix de la raison ! Comment avaient-ils pu se fourvoyer à ce point, sérieusement. Il eut envie de le hurler. 

    *Bon sang Bigorneau ! Tu avais des doutes, tu savais qui étaient ces femmes et tu as suivi quand même suivi Beros au casse-pipe ! Le raisonner, le pousser à faire un meilleur plan, voilà ce qui aurait dû être fait !  * 

    La colère pulsait dans ses veines, au rythme d'un cœur accéléré par les effets pervers de la poudre verte. Par les Abysses, il ne devait pas s'emporter. Il devait tenir les rênes du contrôle. Il inspira longuement pour calmer son être intérieur bouillonnant, tout en continuant d'écouter religieusement l'Amiral. Même à l'intervention de ses membres d'équipage au féminin, il arriva à demeurer stoïque, comme nullement surpris de la réaction des sbires qui se sentaient flouées de ne pas être incluses dans les propos de leur capitaine. Par les Abysses, là aussi, la vision de Bigorneau sur comment il voyait la gestion d'un équipage avait de quoi l'énerver ! S'il reportait cela à une flotte, pas étonnant que les Sorcières avaient réussi à exploiter les pirates comme des pions à sacrifier sans vergogne. 

    Bigorneau, après sa petite correction verbale faite pour faire plaisir à ses comparses féminines, reprit la parole. Il ne voyait aucun inconvénient à ce que le borgne continue à mener ses recherches sur ces garces de l'Assemblée, au contraire, il y voyait un possible avantage à avoir sur elles pour la prochaine fois, s'il y avait une prochaine fois. C'était déjà cela de gagner sur cette conversation.

    Soudain, il se crispa instinctivement quand Bigorneau explosa, jetant d'un coup très vif une dague qu'il avait arrachée de son ceinturon. L'arme courte se planta dans le bois du comptoir avec une violence de rage sans précédent. Là, Bigorneau beugla comme le vent d'un cyclone, injuriant son avis sur ce qu'était la confrérie des Frères de côte, y rajoutant les Sorcières, bien entendu. La dague vibrait encore derrière eux quand Bigorneau planta son regard enivré de rage dans celui esseulé et posé d'Altarus. De chaque recoin de la pièce, là où chacun des membres des Naufrageurs s'était posté, s'enthousiasmèrent bruyamment de la parole de leur chef. Puis Bigorneau réitéra sa question, bien insistante.

    Cette interrogation était un nouveau carrefour déterminant pour le demi-elfe. Une fois qu'il aura pris une de ces voies, il ne pourra plus reculer… Son esprit tourbillonnait, s'emportant même dans tout ce qu'il avait pu entendre de la bouche de l'élémentaire. Bon sang ! Il eut un désir écœurant de lui rentrer dedans à coup d'assaut verbal et de lui dire le fond de ses pensées enhardies par l'effet de la poudre verte. Ce désir de se mettre sur la même ligne d'attitude de Bigorneau pour l'écraser et le confronter à ses propres erreurs ! Altarus cligna plusieurs fois de sa paupière et brutalement, comme pour se secouer un peu. Par Kaiyo, ce n'était pas lui ça ! Lui aussi avait connu des échecs, des déboires, des doutes, la colère, mais jamais, il n'avait lâché les rênes de l'individu qu'il était réellement.

    "Non, clairement, tu n'as pas une tête à siéger le cul sur une chaise sénatoriale ou impériale. Tu manquerais d'engraisser.... "Puis, il reprit sur un ton des plus sérieux. "Nous sommes des pirates, mais il ne faut pas négliger l'importance d'avoir un semblant d'ordre au sein de nos équipages, et donc d'une flotte. Je suis d'accord que toi ou moi, nous ne possédons pas l'âme de nos équipages, ils sont libres de nous suivre ou pas. Mais s'ils nous suivent, c'est pour cette liberté de vie que nous offrons, qui répond à leurs souhaits intérieurs. Cette loyauté qu'ils nous offrent, nous leur devons, mais en retour, c'est à toi et à moi de veiller à ce qu'ils continuent de profiter de l'existence qu'ils chérissent, sur le pont de nos navires, à nos côtés. Et pour cela, je te contredis sur un point : à mes yeux, chacun doit avoir sa place, celle qui le valorise le mieux. Tu le fais déjà, sans peut-être réellement t'en apercevoir, réglant leur compte aux brebis galeuses qui viennent de se manifester.

    Bon sang de bois ! Cette drogue ne lui pourrissait pas que le cerveau, il lui pourrissait son élocution ! Il n'arrivait pas à sortir clairement le fond de ses pensées. Il se mordit l'intérieur de la joue pour se remettre sur le bon cap. Il grimaça, s'étant trop mordu. Il passa le dos de sa main gantée sur le coin de ses lèvres, avant de reprendre.

    "Ce que je veux dire, ta flotte, pour qu'elle demeure puissante, doit avoir ses éléments bien placés. Si un abruti à l'esprit de sardine souhaite prendre une place à côté de ton navire, comme second de la flotte, tu vas lui accorder sous prétexte qu'il le veut pour sa totale liberté. "

    Il grimaça à nouveau. Il enrageait de ne pas réussir à s'exprimer !

    ''Par Kaiyo ! Tu vois ce que je veux dire ? Ces enfoirées de harpies ont su exploiter une faille qu'on ne voyait pas, qu'on ne croyait pas réelle. Une faille du manque d'unité et de synchronisation… Une faille sur le manque de foi qu'on a tous à faire front commun pour une même cause. Ce qu'elles ont fait, c'est d'attiser notre soif de pouvoir et de conquête, pour nous faire miroiter à un retour de notre vie d'avant, quand Kaizoku était une ancre sur laquelle s'accrocher. Ces sales garces ont su mettre dans leurs poches les Frères et les Sœurs de côte qui n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes, terminant de se noyer de désillusions et se cachant sur un titre et le code qu'ils ne respectaient plus depuis l'annexion de Kaizoku par la République."

    Il se tut quelques secondes, prenant le temps de calmer le tambourinement de son cœur emballé. Bon sang, il s'emportait de trop.

    "Revendiques leur place ! "

    L'idée de faire de même frôla son esprit tourmenté par les effets de la poudre verte. Et pourquoi pas, songea-t-il brièvement ?

    "Il faut une vraie figure de proue et pas des fantoches. "

    Il se pencha un peu en avant, imitant Bigorneau pour finalement lui apporter une réponse à sa question de tantôt.

    "Je voguerai avec toi, mais dans ton sillage. À tes côtés, quand il faudra faire front face à l'adversité, pour faire sombrer celles et ceux qui veulent nous anéantir. À tes côtés pour détruire cette Assemblée qui pourrait bien réitérer. Les détruire comme elles ont provoqué la destruction de Kaizoku ! Mais elles, elles ne s'en relèveront pas ! "
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  • Jeu 4 Jan - 4:51
    Bigorneau lâcha la main d'Altarus.

    Leur pacte était scellé.

    "Glorieux. Ne crois pas que je t'ai sélectionné pour la puissance de feu dont tu disposes, Altarus. C'est toi que je veux à mes côtés et même si tu n'avais été qu'aux commandes d'un humble sloop peuplé d'estropiés, ma proposition aurait été la même. Je n'veux pas d'un nouveau maître, mais je sais tout aussi bien que toi que mes idées et ma ferveur ne suffisent pas dans une telle entreprise. J'attends beaucoup de toi et de tes conseils. Tu as ma confiance, fais-en bon usage."

    Visiblement peu habitué aux murmures insidieux de la Poudre Verte, Altarus en perdait son vocabulaire et se noyait parfois dans des élucubrations au moins tout aussi erratiques que celles dans lesquelles se plongeait usuellement l'Amiral au teint bleuté. Fort heureusement pour le demi-elfe, son compère affublé d'un tricorne de bois que décoraient des crustacés et morceaux de pieuvre n'allait pas nécessairement lui faire des remarques sur l'état de sa caboche et encore moins sur la santé mentale d'une manière générale. Maudit jusqu'à la moelle et fou à lier en toutes circonstances, les effets de la drogue verdâtre passaient au final bien plus inaperçus chez l'Amiral au cerveau bouilli que chez le borgne qui s'imposait généralement comme voix de la raison.

    "J''ai compris l'idée que tu voulais faire passer, Altarus. Une place pour chacun et chacun à sa place. Te martèle pas trop le cerveau et laisse les effluves vertes te porter, ça vaut mieux que de se griller le cigare en luttant dans le vent. Tiens d'ailleurs, deuxième service pour ma pomme..."

    Maudit jusqu'à l'os et habité depuis tant de décennies par des voix qui n'étaient pas les siennes, le forban évoluait de toute manière en compagnie des démons nés de sa démence en toutes circonstances. Que quelques entités jaillissant des flots chaotiques de ses pensées incompréhensibles ne changeait pas grand chose au fond du problème. Un petit rictus malicieux aux lèvres, le Fléau des eaux reprit sa petite boite à merveilles et tapota le cul de cette dernière pour reproduire sur le dos de son gant une ligne poudreuse similaire à celle qu'il avait précédemment reniflé. S'abaissant pour se la coller en plein dans la truffe, il se frotta énergiquement les naseaux contre sa main en lâchant un son disgracieux puis se balança en arrière pour ensuite cogner furieusement le comptoir à plusieurs reprises.

    "Bordel de merde, que ça fait du bien ! Qu'est-ce que je disais... AH ! Arrête de t'en faire pour des conneries, nom d'un Kraken à barbe. J'ai cinq siècles de boutique, t'en as la moitié dans les pattes, tu crois vraiment qu'on aura le moindre souci pour faire filer droit une troupe de joyeux lurons comme celle-ci ? Je ne crois pas à la discipline, encore moins aux grades. L'idée d'une hiérarchie me fait à elle seule tomber les écailles et c'est uniquement par obligation que je m'y plie, dans la mesure du raisonnable."

    Son sourire vint subitement s'effondrer et son regard de cabillaud mort harponna solidement l'œil du demi-elfe. Une grimace indéchiffrable accrochée à sa gueule de prédateur prit la place du rictus jovial qu'il arborait puis, avec gravité, il ajouta :

    "Mes gars savent ce qui est bon pour eux. Sois-sûr mon ami que même si mes oreilles sont bouchées par le sable, la poudre et la flotte, tes mots ont tout de même atteint leur cible. La corruption des harpies que tu me dépeins ne trouvera de chemin que jusqu'aux cœurs des veules et ceux-là ne feront pas long feu face à nos convictions. La conquête, nous l'aurons, mais nous n'serons pas partageurs. Ceux qui dérogent aux maigres règles qu'impose notre idéal ne seront pas jugés par les lois des bleus, ni même par celle que dicte les Frères-de-côtes. La seule loi, Altarus, la loi des forts et des justes..."

    Il pinça le pommeau de la dague plantée dans le bois, tira un peu dessus et la lâcha soudainement pour la faire vibrer de plus belle dans son support.

    "...c'est la loi du sabre."

    Se reculant légèrement, il marqua un pesant silence avant de continuer sur sa lancée tracée par une folie déchaînée :

    "Je n'revendiquerai pas la place des Frères et tu devrais faire comme moi. Je n'ai cure de leurs querelles et j'abhorre leurs batailles intestines. Les Frères sont méprisables jusqu'à leurs racines, quel intérêt aurions-nous à bâtir une flotte en chapardant les planches pourrissantes qui constituent leur nid de charognes ? Pas de quartiers, pas de concessions, pas de prisonniers."

    Des mots lourds, un appel au sang que tous ici ou presque considéraient comme la plus belle des invitation. Les crocs acérées et immaculés du monstre des mers se dévoilèrent encore, ramenant la grimace de mégalodon que l'on lui connaissait, puis il vint ajouter du sel à la plaie :

    "Toi, Saumâtre, le Rouge, le Fléau, Halimède, Dent-Tranchante... Peut-être même Néphériane, avec un peu de bol. Autant de pirates légendaires que nous pouvons réunir sous un même étendard. Je n'veux pas abattre un système qui me fout la nausée pour m'installer dans les bottines crasseuse de ceux dont j'ai coupé la tête. Je veux d'une nouvelle ère des pirates, une ère d'aventures et de chaos. Je veux retourner aux enseignements d'Hiran et de ses suivants. Je veux... le retour de la bonne vieille piraterie. La vraie, la digne; l'irréprochable."

    Il agrippa sa chope, en dégusta une gorgée et finit après une longue expiration :

    "Qu'ils se mettent en travers de nos routes, ces Frères au sang vicié et ces sorcières vaniteuses. Nous les éperonnerons et nous les enverrons rejoindre les grands fonds."

    Il baissa la tête et leva son verre, invitant tout le monde à faire de même :

    "A nous !"
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  • Jeu 4 Jan - 21:22
    De cette poignée de main, Altarus avait choisi sa voie, à ce crucial carrefour. Maintenant qu'il s'était engagé auprès de Bigorneau, il ne pourra plus faire marche arrière. Il arrivait à en prendre totalement conscience, malgré la poudre verte qui ébranlait ses capacités cognitives. Par les abysses, il évitera d'en prendre la prochaine fois. En tentant de prendre du recul sur tout ce qu'il avait pu déblatérer, vu que la drogue attendait aussi ses autres facultés, il comprit qu'il devra mieux refaire le point une fois que les effets se seront entièrement estompés. La question de la possible énormité de ce choix effleura à peine l'esprit embrouillé. L'heure de faire le point n'était pas encore venue...

    En silence, essayant de calmer cette hardiesse débilitante qui n'avait visiblement pas terminé de l'envahir, il lui sembla de nouveau entendre les paroles de Bigorneau comme s'il se trouvait dans une bulle. Il serra un peu les dents, pendant que son vis-à-vis expliqua ce qu'il visait exactement chez lui. Au moins, avait-il compris ce que le borgne avait réussi à expliquer, malgré son élocution manquant de grâce réflexionnelle. Au moins, il semblerait que l'élémentaire ait sa propre vision de qui occupait déjà quelle place au sein de sa flotte. Il avait déjà attribué celle de son interlocuteur qui luttait pour ne pas s'échouer dans les bans de la déraison récréative de la poudre verte. Altarus nota ce fait, pour mieux l'appréhender plus tard. Dans un sens, Bigorneau était un peu en parallèle là non ? Bon sang, foutue poudre verte !

    Bigorneau lui suggéra de lâcher les rênes, que d'essayer de lutter contre le courant. Peut-être devrait-il le faire, finalement, avant de trouver cette idée totalement déraisonnable quand il contempla la seconde dose que s'enfila l'Amiral, toujours par la même voie nasale, mais qui parut être plus percutante à ses sinus. Décidément, comment pouvait-il accepter de se moisir l'esprit de la sorte… Il ferma son seul œil quelques secondes pour essayer de calmer le tumulte chaotique qui tonitruait dans son esprit. Tenir le cap, comme il l'avait toujours fait… Il devra tenir plus solidement la barre pour éviter de s'emporter comme tantôt. Il ouvrit la paupière quand le pirate bleuâtre termina de se cogner contre le comptoir pour faire passer les effets qui jouaient au bilboquet bourré contre les parois de sa caboche.

    De la suite, le Capitaine demeura taiseux quant à ce que lui balança Bigorneau. L'ancienneté… Il y aurait eu à en causer ! Mais vu son état, Altarus préféra rester dans le mutisme. Laisser passer la tempête était parfois plus sage que de l'affronter. Bon sang, il était en train d'appliquer ce que lui avait chaudement recommandé Bigorneau... Il sentait les rênes du contrôle lui échapper. Il croisa les bras sur sa poitrine, comme pour caler quelque part ses mains qui tremblaient quelque peu. Bon, et pour cette histoire de hiérarchie… là aussi, il pourrait en dire... il se raccrocha étrangement plus au sérieux qui se mit à luire dans son regard de poulpe dépourvu de pupilles. Il sentit comme un souffle de raison passer dans les tourbillons de songes et de flottement à l'instant où la dague vibra après le passage de la main moite du pirate dessus... Comme un son qui appelait à... à quoi déjà... Bon sang, qu'il détestait perdre pied comme cela !

    "La loi du sabre... qui sera plus efficace quand et où on saura l'abattre… de manière judicieuse et déterminante. "

    Il était en train de se perdre. Par les abysses, il n'aurait pas dû lâcher la barre ! Rattraper le cap devenait difficile. Il inspira un bon coup. L'idée de revendiquer la place d'un Frère de Côte était stupide, quand il y resongea. Il concéda que Bigorneau avait raison. Prendre la place d'un des leurs, alors qu'ils représentaient tout ce qui se rattachait à un passé révolu... C'était très stupide. Pourquoi avait-il eu cet élan d'ambition ? Prendre la place d'un de ses êtres d'un autre temps serait resté cliver aux erreurs passées, et donc les réitérer. Une fois encore, il reconnut que l'élémentaire avait raison… Par Kaiyo, il était plus qu'affaibli mentalement pour en arriver à accepter ses dires... ou alors, réellement, le drame de Kaizoku avait été comme une révélation... ou un peu des deux ? Difficile de raisonner à l'heure actuelle.

    Puis, Bigorneau mit en avant son rêve de voir la piraterie renaître de ses cendres, sous un nouveau jour, d'une forme toute nouvelle. Loin de ces vieillots de Frères et Sœurs de la côte, pour ceux qui en restaient encore en vie... Il se rappela ses convictions ébranlées quand l'autre enfoirée de sorcières lui avait révélé avoir le potentiel d'être un des leurs, s'il tournait voile durant l'assaut... Au plus profond de lui, revoir Kaizoku renaître, c'était aussi revoir la piraterie reprendre vie, mais sous une nouvelle aube.

    "Ils ont fait leur temps… Ils ont marqué leur inaptitude lorsque nous avons perdu Kaizoku. Notre existence sur les flots doit revoir le jour, connaître une aurore plus rayonnante... Qu'ils viennent revendiquer leurs places, et qu'ils connaîtront le goût de la vase des abysses ! "

    Il se tourna pour choper sa bouteille et la leva.

    "A nous ! Qu'ils tremblent face à notre détermination !

    La poudre verte... quelle saloperie !
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    L'Amiral Bigorneau
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    Vocation: Guerrier combattant
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    qui suis-je ?:
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  • Jeu 4 Jan - 23:31
    "La looooooooi du sabre, Altarus ! Je m'fous du reste ! Quand les fripons viendront nous chercher des poux, ça ne s'règlera que dans l'sang et l'acier !"

    Illustrant son propos par une manœuvre aussi surprenante que théâtrale, Bigorneau bondit du tabouret sans oublier de choper sa boisson au passage, puis il pivota avec entrain en direction de l'un de ses gars. Le Naufrageur souriant jusqu'aux oreilles fit face à son Amiral et eut l'insigne honneur de voir l'Elémentaire extraire son sabre magnifique de son fourreau. Sachant pertinemment ce que préparait Bigorneau en vue des curieuses coutumes qu'il avait mis en place au sein de son vaisseau, le concerné abandonna sa propre chope et vint se munir à son tour de son arme favorite. D'une manière joviale, dénuée de vraie violence mais tout de même vive et sauvage, le pirate et son supérieur se mirent à feindre un combat en effectuant des passes rapides durant lesquelles l'Amiral se montrait étrangement agile en vue de son ébriété plus qu'avancée. Pas assez concentré pour cesser ses grandiloquents discours, il reprit tout en croisant le fer avec son camarade :

    "T'as bien parlé, mon grand ! Poudre ou pas, tu sais où on va. On a l'vent dans le dos, Altarus. Et toi, fais gaffe à ta garde !"

    Le sabre de Bigorneau fusa à toute allure pour cogner l'arme de son adversaire à la base de la poignée et dans un tintement bruyant, son confrère pirate fut désarmé sans même comprendre précisément par quelle prouesse l'Amiral était parvenu à le vaincre avec tant d'aisance. Faisant mine de fêter sa victoire par une danse un peu ridicule, Bigorneau tournoya sur lui-même sous les applaudissements de ses compagnons et vint en traître administrer au duelliste vaincu un croche-patte violent qui l'envoya balader en arrière, pour finalement agripper le col du triton qui basculait et le sauver d'une chute à la fois douloureuse et humiliante. Les rires résonnèrent dans la taverne et Bigorneau, toujours lancé dans son inarrêtable gigue, tourna vers Altarus pour beugler :

    "Faisons fi des tempêtes, amusons-nous de la sale face de Kaiyo ! On n'tardera pas à montrer aux bleus que Kaizoku ne porte le drapeau d'aucune République de mange-merdes. Nos pavillons seront bientôt levés partout sur cette île de malheur, je vous en fais le serment !"

    Infiniment heureux de voir le demi-elfe lever sa bouteille à leur accord, Bigorneau sourit de plus belle et le geste d'Altarus fut encore imité par les Naufrageurs présents. Aucune remise en question dans les rangs, pas l'ombre d'un soupçon concernant la trahison dont avait été accusé le bon vieux capitaine. Divergences d'opinion et dissensions évidentes étaient à prévoir, dans une alliance aussi improbable que celle-ci, mais les deux pirates fiers de siècles d'expérience partageaient au moins leur inconditionnel amour de leur vocation et c'était sur cette solide base qu'ils avaient choisi de lever l'ancre ensemble plutôt que de batailler l'un contre l'autre. Leurs différends passés ne tarderaient pas sans doute à se profiler pour étendre leur ombre sur le partenariat mais l'un comme l'autre savaient que leurs valeurs de forbans primaient sur le reste.

    "Bien parlé, Capitaine !"

    Trop enivré lui-même pour réaliser qu'Altarus devait en partie sa ferveur à la substance trop puissante qu'il avait ingéré sans grande conviction, Bigorneau voyait là pour sa flotte une immense victoire et ne se souciait nullement des encombres semées sur les sentiers de leur avenir commun. Tapant furieusement du pied, le pirate fou dansa jusqu'à s'en détruire les semelles pour être rejoint dans cet élan par ses très nombreux pairs. Galvanisés par l'alcool et les vapeurs de poudre dont ils se repaissaient, les brigands bienheureux ne cessèrent de démontrer leur joie qu'au petit matin.

    Quel beau jour pour la piraterie !
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