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22 Octobre de l'An 4 au soir...
Le restaurant “Le Grand Faubourg” est un établissement prisé situé en plein centre ville à Justice, dans la rue qui débouche sur le Palais de Justice, naturellement bien situé grâce à la proximité avec le premier bâtiment le plus important de la ville, il jouit d’un succès franc grâce à la qualité de ses mets cuisinés par la même famille de père en fils depuis des générations. Fréquenté en toutes saisons, aujourd’hui aussi sa grande salle bourdonne d’activité, les tables de magistrats, d’hommes et femmes de droit, de fonctionnaires de la Mairie ou de riches marchands créent un brouhaha constant et galvanisant qui octroie à l’ambiance une énergie contagieuse, et Himir Bellamy n’y échappe pas. Le jeune secrétaire du Sénateur Fraternitas referme le parapluie qui le protégeait de l’averse automnale et entre lorsque le portier lui ouvre, il essuie la boue de ses chaussures cirées sur la brosse montée à l’entrée et jette sur les clients attablés un regard joyeux. Il est content d’être là, content de faire un travail qui lui permette de venir manger ici et content de la simplicité apparente de sa mission. Himir s’assied à table, passe commande, mange, et arrivé au dessert il est légèrement inquiet lorsqu’il réalise que sa cible n’arrive pas, huit heures et quart, elle devrait déjà être là non? Monsieur d’Élusie avait normalement précisé que oui, son absence est donc consternante, aurait-elle refusé l’invitation? En même temps… une lettre anonyme conviant la jeune noble à un rendez-vous mystérieux, parlant vaguement d’histoires ésotériques de partie de chasse… L’étudiant en comptabilité ne pouvait pas s’avancer bien loin, mais il pensait tout de même bien connaître Zelevas et il était persuadé que la chasse ne faisait vraiment pas partie de ses occupations récréatives, déjà que celles-ci étaient peu nombreuses. Il s’agissait donc sans doute d’une missive discrète, d’un message en filigrane, mais comme son employeur ne lui avait rien confié, le jeune homme savait très bien qu’il devait rester à sa place en ne posant aucune question. Un serveur passe devant lui et soudain il l’aperçoit, alors qu’il avale le dernier morceau de sa crème vanillée, il ne peut s’empêcher de dissimuler un sourire en essuyant sa bouche avec sa serviette, elle est vraiment ravissante. La jeune femme paraît légèrement plus jeune que lui, un peu plus petite et de figure élancée, mais ses traits agréables l’empêchent de passer inaperçu malgré sa petite carrure. Un visage doux, des cheveux bruns soyeux, un regard olive charmant et surtout une posture et une démarche qui transpirent la confiance et le bien-être. Alors qu’elle attend qu’on vienne à sa rencontre sans connaître le visage de son rendez-vous secret, Himir l’observe un peu plus, son coeur de jeune homme est volontier happé par ce que certains qualifieraient comme le charisme de sa cible, mais lui préfère la déclarer plus modestement comme bien servie par la nature, et du plaisir de ses yeux, il ne va pas s’en plaindre. Il retire la serviette de ses genoux, la dépose sur la table avec quelques pièces pour régler le repas et se lève pour rejoindre la jeune femme à laquelle il offre sa main tendue, paume vers le ciel.
”Mademoiselle de Hengebach, à moins que, veuillez n’en excuser ma prononciation, cela ne se dise Hengebach? Ravi de faire votre connaissance.”
Un baise-main d’étiquette plus tard, il se redresse et baisse légèrement sa tête pour regarder la noble dans les yeux:
”Je m’appelle Himir Bellamy, je travaille pour l’homme qui vous a envoyé la lettre qui vous conviait ici, je crains cependant que celle-ci ne fut un peu trompeuse dans sa formulation, car l’invitation à dîner tient, mais elle ne se déroulera pas ici-même.”
Il devait reconnaître que la tentation d’une table au Grand Faubourg aurait déterré bon nombre de gens de leur cachette, couplé à la curiosité inévitable que suscite une lettre anonyme, il y avait bien plus de chance que Mademoiselle de Hengebach ne réponde présent en l’ayant convié ici que si la lettre l’avait directement invitée à les rejoindre à leur destination finale. Guidant donc la jeune femme vers l’extérieur de l’établissement, il ramasse son parapluie dans la corbeille puis l’amène quelques pas plus loin devant une diligence, la portière est ornée d’une armoirie dont le pavois central encadré par deux têtes de kirins affiche un sautoir pourpre sur fond d’azur. Aidant la jeune femme à prendre place à l’intérieur, le secrétaire referme la porte derrière elle et monte s’asseoir avec le cocher, en hauteur. Il n’aurait bien évidemment pas dis non à partager le compartiment de la voiture avec une aussi belle jeune fille, mais il était profondément déconvenu d’importuner la demoiselle invitée par son patron, sans parler du risque de divulguer des informations avant l’heure. En attendant, il devait se contenter de la place ingrate sur le toit du véhicule, à devoir braver la pluie et la nuit tombante. La diligence se met en route et se dirige lentement en périphérie de Justice, sortant de la ville, Himir se penche du banc pour rassurer leur passagère:
”Ne vous inquiétez pas, ce n’est plus très loin, nous y serons dans la dizaine de minutes.”
L’obscurité ne tarde pas à masquer les environs et à dissimuler ainsi la véritable nature de leur destination, Himir s’était bien gardé pendant toute la durée du trajet de répondre aux éventuelles interrogations que la jeune femme aurait pu porter sur le véritable lieu concerné par l’invitation, conformément aux instructions de Zelevas. Son patron l’avait bien prévenu qu’il était probable que la jeune femme ne soit tentée de s’éclipser si le nom d’Élusie était mentionné. Au détour d’un énième sentier à travers la forêt domaniale éponyme, la voiture arrive enfin en vue d’une unique lueur qui éclaire faiblement l’entrée d’un portail rouillé. La diligence s’arrête juste devant et Himir descend donc pour ouvrir le passage, sortant un trousseau de clé de sa poche pour déverrouiller la serrure. La voiture s’engage, il salue à l’occasion la jeune femme en apercevant son visage à travers le carreau de la portière.
”C’est qu’il ne se refuse rien le vieux.” Un sourire amusé décore le visage du jeune homme dont les pensées sont bien lointaines de la réalité.
Le Manoir d’Élusie est délabré, et fort heureusement, la pénombre de la nuit naissante fait le meilleur des caches misères en occultant à la vue de la jeune femme qui descend les marches de la voiture, les nombreux trous noirs dans la toiture de tuiles bleues où le vent les a arraché, les décorations des fenêtres à croisillons qui s’effritent, mangées par le lichen, les masses noirâtres de mousse qui recouvrent les rambardes des escaliers et de l’entrée, la façade grisonnante à cause de la poussière et du manque d’entretien. Les carreaux de l’imposant bâtiment sont pour la plupart entier par un miracle inconnu, mais certains présentent des fêlures rafistolées à la va-vite avec un linge ou un drap, et tous sont cependant trop opaques d’usure et de poussière pour pouvoir y distinguer quoi que ce soit au travers. Aucune lumière dans l’immense propriété mise à part la lueur dansante d’un feu de cheminée que l’on devine au travers du flou des vitres sales. La porte en bois de l’entrée est déjà partiellement ouverte, laissant défiler un léger courant d’air et invitant la jeune femme à y pénétrer sans se faire prier, l’intérieur du vestibule est sombre, menant sur un couloir qui file droit vers les ténèbres, épaulé à sa gauche par un escalier qui monte pareillement dans le noir, il n’y a que la porte sur la droite qui mène à un salon d’où provient le peu de lumière. Le carrelage noir et blanc du sol est taché, rayé, les toiles d’araignées sont omniprésentes, cachées dans les moindre recoins, la poussière est sur chaque meuble. L’endroit pourrait passer pour abandonné que cela serait tout à fait plausible et encore, les ombres masquent pourtant les moisissures noires qui mouchètent les tapisseries murales.
La pièce est visible depuis le cadre de la porte, deux fauteuils sont orientés vers un âtre chatoyant, touche de chaleur au milieu de l’austérité du Manoir, une table basse en verre est installée entre les deux et précède un canapé de la même collection que les sièges, sur l’un d’entre eux, une pipe incandescente est déposée sur une cale gravée dans le poing d’un accoudoir. Un fin filet de fumée s’en échappe, virevoltant vers l’obscurité de la hauteur de plafond. Plus loin, à moitié dissimulé par les ombres, Zelevas s’affaire dans le cabinet d’argentier, versant un verre de bourbon. Il ne porte plus le typique manteau qui l’accompagne partout et le rend si identifiable lors de ses apparitions publiques, ni même la veste rouge au col blanc qu’il porte religieusement en dessous, à la place une simple chemise blanche hâtivement boutonnée surplombe un pantalon en tissus noir. En entendant l’arrivée de son invitée, il s’écarte du meuble et dévoile ainsi son visage, un large sourire de satisfaction froissant les pattes d’oies à ses yeux.
”Léonora de Hengebach, la petite Alessandro. Un rafraîchissement Mademoiselle? Enfin, ce serait plutôt Madame n’est-ce pas?”
Il lui sert également un verre de champagne à sa demande et s’approche de la lueur des flammes avant de déposer les crystals sur la table, puis il vient à la rencontre de la jeune fille et lui tend une main avenante.
”Je suis navré d’avoir eu recours à toutes ces simagrées pour vous convoquer jusqu’ici, mais je craignais que vous ne répondriez pas à une invitation au nom d’un d’Élusie. Mon neveu Séraphin peut se révéler… déstabilisant.” C’est une façon de le présenter, et selon l’avis de Zelevas, c’est certainement une des plus enjolivées. ”Asseyez-vous je vous en prie.”
Il conserve toute sa courtoisie habituelle, et pourtant entre la mention de son neveu, la venue si particulière de Léonora en ces lieux et les détours par lesquels Zelevas avait contacté la jeune femme, il régnait une certaine tension dans la pièce. Une tension renforcée par ce sourire du vieil homme qui sonne terriblement faux. Un sourire non pas accueillant, mais carnassier, le sourire de l’ancien Juge, de l’ancien Limier, le sourire du prédateur qui a trouvé sa proie. D’un côté un Sénateur dont le dévoilement du Projet Palladium au grand public ainsi que l’existence de Mortifère venait tout juste de faire beaucoup de bruit, bon comme mauvais, de l’autre une jeune noble républicaine dont la façade qui cache un secret obscur et une double-vie fatale est menacée d’éclater au grand jour.
”J’aimerai grandement converser avec vous, permettez moi donc de vous chaparder à votre maison le temps d’une soirée.”
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
Messages : 277
crédits : 2841
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
Dans les jours qui avaient précédé, Léonora avait reçu une lettre énigmatique, émanant d'un expéditeur anonyme. Son contenu, obscur et intrigant, laissait planer le spectre d'une menace imminente. Des mots choisis avec soin semblaient suggérer que les murs se rapprochaient, que l'étau se resserrait autour d'elle. Ébranlée par cette missive mystérieuse, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de ressentir un frisson d'appréhension glisser le long de son échine. Les événements récents, la présence du Limier, les ombres du passé qui semblaient la poursuivre avec son père, tout concourait à éveiller en elle un sentiment d'urgence, un pressentiment oppressant.
Assise à sa coiffeuse, éclairée seulement par la lueur vacillante des bougies, elle contemplait la lettre entre ses mains, les pensées tourbillonnantes dans son esprit. Devait-elle prendre tout cela au sérieux ? Fallait-il quitter la République, abandonner tout ce qu'elle avait construit pour se mettre à l'abri des menaces invisibles qui semblaient la guetter ? Son regard se porta vers la fenêtre, à travers laquelle la nuit étendait son voile sombre sur la ville endormie. Les étoiles scintillaient dans le ciel, silencieuses témoins des tumultes qui agitaient l'âme de Léonora. Les heures s'écoulèrent dans un silence troublé seulement par le crépitement du feu dans la cheminée. Finalement, dans un geste empreint de résolution, elle prit une décision. Elle ne fuirait pas. Elle affronterait les ombres qui la traquaient si c’était le cas. Ainsi, dans l'obscurité de la nuit, une nouvelle détermination s'ancra dans son cœur.
Elle prit une profonde inspiration, rassemblant ses forces pour ce qui l'attendait à Justice, une ville où les rumeurs et les secrets étaient monnaie courante. Le restaurant renommé auquel elle était conviée était le point de rendez-vous, un lieu où les murmures se mêlaient aux saveurs exquises.
Elle prit soin de revêtir une tenue bleue élégante et ses couteaux dissimulés. Enfin, elle atteignit, légèrement en retard, le lieu de rendez-vous dont la façade élégante se dressait dans la lumière vacillante des réverbères qui venaient d’être allumés en prévision de la nuit qui ne tarderait. Elle pénétra dans l'enceinte du restaurant, la brune chercha du regard son contact qui devait être quelque part dans cette salle, attendant de livrer les informations cruciales qui pourraient changer le cours des événements. Les parfums alléchants qui s'échappaient de la cuisine semblaient lui murmurer des promesses de réconfort.
Elle scruta chaque visage dans l'espoir de repérer un signe familier. Et puis, soudain, elle le vit : un homme assis à une table, observant silencieusement la foule qui l'entourait qui se leva. Leurs regards se croisèrent alors que le jeune homme, fort bien de sa personne, s’approcha et la jeune femme déposa sa main dans celle qui lui était tendue.
De Hengebach c’est bien ainsi, il est rare de l’entendre prononcé correctement dès le premier essai.
Même s’il était évident que son interlocuteur était simplement très bien renseigné, il exécuta aussi à la perfection le baise main en ne soufflant que très légèrement sur le dos de sa main. Bellamy se présenta courtoisement et Léonora retint sa surprise face à cette révélation inattendue. Le repas ne se déroulerait pas dans le luxueux restaurant, cela ne fit que renforcer son sentiment de méfiance. L'homme qui l'avait contactée, sa véritable identité demeurait encore dans l'ombre. Bellamy n'était donc qu'un intermédiaire, un messager.
Elle réprima une pointe d'irritation alors qu'elle fixait l’homme à peine plus âgé qu’elle, ses yeux cherchaient à percer le voile de mystère qui l'entourait. Elle n'avait guère d'autre choix que de le suivre vers ce lieu mystérieux où son véritable interlocuteur l'attendait.
Et où cela nous mène-t-il donc ? demanda-t-elle d'une voix froide.
Bellamy l’invita à le suivre à l’extérieur sans une réponse, où les attendait une diligence aux armoiries qui lui étaient inconnues. Il l’aida à grimper à l’intérieur et c’est seule qu’elle poursuivit son voyage alors que la nuit tombait lentement. Durant le trajet, Léonora observa les alentours avec méfiance, ses sens en alerte maximale. Sa vue lui permettait d’y voir en pleine nuit comme en plein jour, ballotée dans tous les sens alors qu’ils arrivaient maintenant en pleine forêt, la jeune femme ignorait totalement où elle se trouvait. Elle se prépara à ce qui allait suivre, prête à découvrir les vérités cachées dans l'ombre et ce fut une immense demeure qui s'offrit à ses yeux.
La diligence s’arrêta, pour reprendre la route jusqu’à la destination finale. Une fois descendue et seule, elle scruta le manoir délabré qui se dressait devant elle, une relique d'un passé glorieux désormais englouti par le temps. Ses murs autrefois majestueux étaient désormais marqués par les ravages du temps et de l'abandon, tandis que les fenêtres brisées laissaient filtrer des lambeaux de lumière. Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine alors qu'elle s'approchait de l'entrée. Malgré la décrépitude qui régnait autour d'elle, il y avait quelque chose dans l'atmosphère qui laissait présager que ce lieu avait autrefois été le théâtre de grandeurs oubliées. Cela était fort dommage, selon la Hengebach.
La porte grinça lamentablement sur ses gonds rouillés lorsque Léonora la poussa, révélant un intérieur obscur. Elle hésita un instant puis avança dans le hall sombre, ses pas résonnaient sur les dalles de marbre abîmés. Les ombres dansaient autour d'elle, semblant prendre vie dans l'obscurité oppressante du manoir abandonné. Pourtant, malgré le pressentiment qui l'envahissait, elle ne recula pas. Elle poursuivit son chemin, le filet de lumière, comme le fil qu’elle devait suivre, attira la jeune femme. Leonora inclina la tête, ses yeux scrutaient avec curiosité l'espace derrière la porte entre-ouverte.
La pièce semblait empreinte d'un charme désuet, comme figé dans le temps. Deux fauteuils en velours, témoins silencieux d'innombrables veillées, se faisaient face, promettant confort et confidences. Entre eux, une table, une pipe. L'âtre, élément central de cette scène, était bordé de pierres noircies par la suie, témoignant des feux qui y avaient brûlés, réchauffant les cœurs et les corps lors des froides soirées d'hiver.
La lumière vacillante d'un feu naissant dans l'âtre jetait des ombres dansantes sur les murs, et parmi ces ombres, une silhouette se détachait avec une présence presque palpable. Un homme se tenait là, dans une semi-pénombre, un verre à la main. Leonora sut instantanément qui il était. Ses yeux ne la trompaient pas. Il n'y avait aucun doute : l'homme devant elle était le sénateur Zelevas, une figure entourée de rumeurs et de pouvoir, dont le nom seul suffisait à ouvrir des portes autant qu'à en fermer.
À mesure qu'elle s'approchait, le sénateur Zelevas Fraternitas se détacha de l'ombre, révélant son visage éclairé par un sourire satisfait. C'était un sourire qui en disait long, chargé d'assurance et d'une pointe de défi rien qu’à ses premières paroles. Son nom prononcé parfaitement, la mention de son père comme s’ils étaient autrefois proches...
Léonora, saisie par un instant de réflexion profonde, resta silencieuse alors que le sénateur, avec une aisance qui trahissait son âge avancé, posait délicatement les verres sur la table. L'acte, simple en apparence, était chargé de signification dans le contexte de leur rencontre. C'était un geste d'hospitalité, certes, à entamer un dialogue où les mots seraient pesés avec soin où la tension restait palpable. Le silence de Léonora n'était pas dû à un manque de mots ou à une hésitation. C'était plutôt une pause calculée, un moment pour observer, pour évaluer son interlocuteur qui lui tendait la main qu’elle ignora.
J’aurai pu répondre à l’invitation d’un Fraternitas.
Tout comme celle d’un d’Elusie, ce qu'elle garda pour elle. Puis cette révélation, que le limier était en réalité le neveu du sénateur. Cette connexion familiale inattendue entre les deux hommes était un morceau du puzzle qui commençait à prendre forme, suggérant une toile de relations et de motivations qui s'étendait bien au-delà de ce qu'elle avait initialement perçu.
Consciente du poids de l'instant, permit à ses yeux de rencontrer ceux du sénateur. Il y avait dans son regard une étincelle, un mélange d'intelligence vive et de prudence, qui révélait sa pleine mesure de l'enjeu de leur rencontre. Finalement, brisant le silence avec une voix teintée d'une assurance tranquille, elle dit :
Pardonnez-moi mais, nous connaissons-nous ?
Léonora, saisit le verre avec une grâce mesurée, avant de s’asseoir. Elle prit une gorgée qu’elle recracha dans le verre avant de le reposer sur la table accompagné d'une légère grimace.
Elle était maintenant toute ouïe, droite et attentive à ce que le vieil homme avait à lui dire.
Assise à sa coiffeuse, éclairée seulement par la lueur vacillante des bougies, elle contemplait la lettre entre ses mains, les pensées tourbillonnantes dans son esprit. Devait-elle prendre tout cela au sérieux ? Fallait-il quitter la République, abandonner tout ce qu'elle avait construit pour se mettre à l'abri des menaces invisibles qui semblaient la guetter ? Son regard se porta vers la fenêtre, à travers laquelle la nuit étendait son voile sombre sur la ville endormie. Les étoiles scintillaient dans le ciel, silencieuses témoins des tumultes qui agitaient l'âme de Léonora. Les heures s'écoulèrent dans un silence troublé seulement par le crépitement du feu dans la cheminée. Finalement, dans un geste empreint de résolution, elle prit une décision. Elle ne fuirait pas. Elle affronterait les ombres qui la traquaient si c’était le cas. Ainsi, dans l'obscurité de la nuit, une nouvelle détermination s'ancra dans son cœur.
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Elle prit une profonde inspiration, rassemblant ses forces pour ce qui l'attendait à Justice, une ville où les rumeurs et les secrets étaient monnaie courante. Le restaurant renommé auquel elle était conviée était le point de rendez-vous, un lieu où les murmures se mêlaient aux saveurs exquises.
Elle prit soin de revêtir une tenue bleue élégante et ses couteaux dissimulés. Enfin, elle atteignit, légèrement en retard, le lieu de rendez-vous dont la façade élégante se dressait dans la lumière vacillante des réverbères qui venaient d’être allumés en prévision de la nuit qui ne tarderait. Elle pénétra dans l'enceinte du restaurant, la brune chercha du regard son contact qui devait être quelque part dans cette salle, attendant de livrer les informations cruciales qui pourraient changer le cours des événements. Les parfums alléchants qui s'échappaient de la cuisine semblaient lui murmurer des promesses de réconfort.
Elle scruta chaque visage dans l'espoir de repérer un signe familier. Et puis, soudain, elle le vit : un homme assis à une table, observant silencieusement la foule qui l'entourait qui se leva. Leurs regards se croisèrent alors que le jeune homme, fort bien de sa personne, s’approcha et la jeune femme déposa sa main dans celle qui lui était tendue.
De Hengebach c’est bien ainsi, il est rare de l’entendre prononcé correctement dès le premier essai.
Même s’il était évident que son interlocuteur était simplement très bien renseigné, il exécuta aussi à la perfection le baise main en ne soufflant que très légèrement sur le dos de sa main. Bellamy se présenta courtoisement et Léonora retint sa surprise face à cette révélation inattendue. Le repas ne se déroulerait pas dans le luxueux restaurant, cela ne fit que renforcer son sentiment de méfiance. L'homme qui l'avait contactée, sa véritable identité demeurait encore dans l'ombre. Bellamy n'était donc qu'un intermédiaire, un messager.
Elle réprima une pointe d'irritation alors qu'elle fixait l’homme à peine plus âgé qu’elle, ses yeux cherchaient à percer le voile de mystère qui l'entourait. Elle n'avait guère d'autre choix que de le suivre vers ce lieu mystérieux où son véritable interlocuteur l'attendait.
Et où cela nous mène-t-il donc ? demanda-t-elle d'une voix froide.
Bellamy l’invita à le suivre à l’extérieur sans une réponse, où les attendait une diligence aux armoiries qui lui étaient inconnues. Il l’aida à grimper à l’intérieur et c’est seule qu’elle poursuivit son voyage alors que la nuit tombait lentement. Durant le trajet, Léonora observa les alentours avec méfiance, ses sens en alerte maximale. Sa vue lui permettait d’y voir en pleine nuit comme en plein jour, ballotée dans tous les sens alors qu’ils arrivaient maintenant en pleine forêt, la jeune femme ignorait totalement où elle se trouvait. Elle se prépara à ce qui allait suivre, prête à découvrir les vérités cachées dans l'ombre et ce fut une immense demeure qui s'offrit à ses yeux.
La diligence s’arrêta, pour reprendre la route jusqu’à la destination finale. Une fois descendue et seule, elle scruta le manoir délabré qui se dressait devant elle, une relique d'un passé glorieux désormais englouti par le temps. Ses murs autrefois majestueux étaient désormais marqués par les ravages du temps et de l'abandon, tandis que les fenêtres brisées laissaient filtrer des lambeaux de lumière. Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine alors qu'elle s'approchait de l'entrée. Malgré la décrépitude qui régnait autour d'elle, il y avait quelque chose dans l'atmosphère qui laissait présager que ce lieu avait autrefois été le théâtre de grandeurs oubliées. Cela était fort dommage, selon la Hengebach.
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La porte grinça lamentablement sur ses gonds rouillés lorsque Léonora la poussa, révélant un intérieur obscur. Elle hésita un instant puis avança dans le hall sombre, ses pas résonnaient sur les dalles de marbre abîmés. Les ombres dansaient autour d'elle, semblant prendre vie dans l'obscurité oppressante du manoir abandonné. Pourtant, malgré le pressentiment qui l'envahissait, elle ne recula pas. Elle poursuivit son chemin, le filet de lumière, comme le fil qu’elle devait suivre, attira la jeune femme. Leonora inclina la tête, ses yeux scrutaient avec curiosité l'espace derrière la porte entre-ouverte.
La pièce semblait empreinte d'un charme désuet, comme figé dans le temps. Deux fauteuils en velours, témoins silencieux d'innombrables veillées, se faisaient face, promettant confort et confidences. Entre eux, une table, une pipe. L'âtre, élément central de cette scène, était bordé de pierres noircies par la suie, témoignant des feux qui y avaient brûlés, réchauffant les cœurs et les corps lors des froides soirées d'hiver.
La lumière vacillante d'un feu naissant dans l'âtre jetait des ombres dansantes sur les murs, et parmi ces ombres, une silhouette se détachait avec une présence presque palpable. Un homme se tenait là, dans une semi-pénombre, un verre à la main. Leonora sut instantanément qui il était. Ses yeux ne la trompaient pas. Il n'y avait aucun doute : l'homme devant elle était le sénateur Zelevas, une figure entourée de rumeurs et de pouvoir, dont le nom seul suffisait à ouvrir des portes autant qu'à en fermer.
À mesure qu'elle s'approchait, le sénateur Zelevas Fraternitas se détacha de l'ombre, révélant son visage éclairé par un sourire satisfait. C'était un sourire qui en disait long, chargé d'assurance et d'une pointe de défi rien qu’à ses premières paroles. Son nom prononcé parfaitement, la mention de son père comme s’ils étaient autrefois proches...
Léonora, saisie par un instant de réflexion profonde, resta silencieuse alors que le sénateur, avec une aisance qui trahissait son âge avancé, posait délicatement les verres sur la table. L'acte, simple en apparence, était chargé de signification dans le contexte de leur rencontre. C'était un geste d'hospitalité, certes, à entamer un dialogue où les mots seraient pesés avec soin où la tension restait palpable. Le silence de Léonora n'était pas dû à un manque de mots ou à une hésitation. C'était plutôt une pause calculée, un moment pour observer, pour évaluer son interlocuteur qui lui tendait la main qu’elle ignora.
J’aurai pu répondre à l’invitation d’un Fraternitas.
Tout comme celle d’un d’Elusie, ce qu'elle garda pour elle. Puis cette révélation, que le limier était en réalité le neveu du sénateur. Cette connexion familiale inattendue entre les deux hommes était un morceau du puzzle qui commençait à prendre forme, suggérant une toile de relations et de motivations qui s'étendait bien au-delà de ce qu'elle avait initialement perçu.
Consciente du poids de l'instant, permit à ses yeux de rencontrer ceux du sénateur. Il y avait dans son regard une étincelle, un mélange d'intelligence vive et de prudence, qui révélait sa pleine mesure de l'enjeu de leur rencontre. Finalement, brisant le silence avec une voix teintée d'une assurance tranquille, elle dit :
Pardonnez-moi mais, nous connaissons-nous ?
Léonora, saisit le verre avec une grâce mesurée, avant de s’asseoir. Elle prit une gorgée qu’elle recracha dans le verre avant de le reposer sur la table accompagné d'une légère grimace.
Elle était maintenant toute ouïe, droite et attentive à ce que le vieil homme avait à lui dire.
”De nom très certainement, mais person-”
Zelevas avait déjà commencé à répondre à la jeune femme en employant le ton typique d’un meneur de jeu, de quelqu’un qui amorce sa conversation exactement de la façon dont il l’espérait, mais en voyant son invitée faire une moue quasi-imperceptible en goûtant le champagne, le Sénateur affiche un air interloqué. Il se demande ce qui ne va pas, réfléchis deux secondes et réalise sa bêtise, il cesse alors ses manigances prédatrices et s’avance vers la table pour récupérer le verre encore plein.
”Mille excuses, je vous prie de me pardonner, je n’y pensais plus mais il est vrai que ce champagne a été ouvert il y a bien trop longtemps. Attendez, je vais vous servir autre chose, si si j’insiste…” Il retourne auprès du cabinet d’argentier et fouille entre quelques bouteilles avant de se rabattre sur le compartiment en carbonite du meuble. ”J’ai… un Haute-Côte de Justice An 2, Chateau de Casteille.” Suite au hochement de tête approbateur de madame, il verse dans un nouveau verre une lampée du blanc sec qui lui avait été offert par la Sénatrice de Casteille puis, il revient s’asseoir à côté d’elle. ”Reprenons.” Il tousse pour se dégager la gorge et rétablir sa prestance après cette mésaventure inopinée. ”Donc, je disais que personnellement, nous ne nous connaissons pas encore. Cependant, vous savez qui je suis, et c’est réciproque.” Zelevas s’adosse dans son fauteuil et récupère sa pipe calée dans le socle de l’accoudoir. Il la coince entre ses deux lèvres et en tire longuement une bouffée avant de continuer en soufflant. ”Mon père Maximilian d’Élusie, était Gouverneur au comptoir de la SSG à Courage, il se trouve que quand il est mort, j’ai dû régler les affaires qu’il avait en suspens, entre autre à Shoumeï, et votre père le Comte Alessandro m’a apporté une précieuse aide à ce moment là. Il m’a permis de conclure très facilement beaucoup des chapitres qui avaient été laissés sans conclusion par la disparition subite du vieux d’Élusie.” S’arquant de nouveau en avant, son changement de posture accompagne l’évolution de son discours. ”Quelle ne fut donc pas ma surprise quand j’apprend que sa fille cadette chérie a non seulement survécue au cataclysme de Shoumeï mais qu’en plus elle a atterrit en République, qu’elle s’y est construite une nouvelle vie sous un nouveau nom, et qu’en plus de tout ça, mon neveu Prévôt et Limier du Razkaal lui a rendu une petite visite pour des raisons confidentielles qui relèvent d’une enquête en cours.” Ses yeux bleus aciers scrutent parcimonieusement les réactions faciales de son interlocutrice, sa beauté fatale semble être une façade circéenne qui cache quoi qu’il se trame dans cette tête. Le vieillard a vu défiler parmis les plus vils criminels de la République derrière ses barreaux ou ses tribunaux, il a mené un nombre phénoménal de négociations musclées au cours de ses carrières politiques et commerciales, et pourtant il ne parvient pas à lire ce que peut bien penser la jeune Alessandro. ”Séraphin m’a informé de la teneur des accusations qui pèsent contre vous, et de mon expérience de Haut Juge, à la vue des chefs d’inculpations un bon avocat ne suffira plus, il va vous falloir la moitié du barreau de la ville. Il paraîtrait que vous vous adonniez dans votre temps libre, à certaines activités. Ça tombe bien, j’ai besoin de certains services.” Quittant son air grave et accusateur, il esquisse un sourire à l’adresse de Léonora et la pointe avec sa pipe. ”Votre meilleure option serait en fin de compte que l’enquête n’aboutisse à rien de concluant. Si je vous ai fait venir, vous vous doutez donc que c’est pour discuter de vos compétences particulières, et comme je vous l’ai signifié, j’ai un besoin particulier, cependant il ne me sied guère d’obtenir votre coopération par chantage.” Il désigne le feu à l’âtre d’un geste vague de la main. ”Est-ce que vous n’avez pas trop froid? J’ai nourris le feu de cheminée avec des bûches de sapin… et les rapports d’investigation vous concernant. Considérez ceci comme un service rendu pour honorer votre père, et maintenant que les dettes sont réglées, je souhaite donc courtoisement vous proposer de me souffrir le temps d’un dîner. Une proposition que vous êtes maintenant tout à fait libre de refuser, plus rien ne vous retient de force ici-même.”
Ce n’est qu’à moitié vrai. les preuves rassemblées une fois par Séraphin pouvaient l’être de nouveau, tout comme il lui suffirait de rerédiger un rapport de plus. Personne ne viendrait questionner pourquoi la rédaction du Prévôt de liaison de Courage serait imprécise et manquerait de rigueur. Zelevas se contente simplement de faire bonne figure et de présenter sous le meilleur jour possible le marché qu’il tente de passer avec l’assassine. Pendant qu’il met sommairement la table, le vieillard enchaîne donc:
”La haute sphère de la Nation Bleue est impitoyable, il y a des espions partout, des oreilles indiscrètes dans chaque coin de cour ou aux tournants de tout couloirs, et les personnes de peu de scrupules n’hésitent pas à recourir aux moyens les plus bas pour arriver à leurs fins.” Ironique venant de sa part, mais ça il n’a pas besoin de le préciser. ”J’avais auparavant les services d’un de vos… confrères, malheureusement celui-ci a fait preuve d’un grave manque de compétence et a fini par faire les frais de celles d’un de ses collègues. J’ai bien quelques autres cordes à mon arc, mais le vide qui est laissé par ce désistement infortuné est trop spécifique pour être comblé par le premier venu. Séraphin a beau cocher toutes les cases de la traque comme il a pu vous le montrer par lui-même, sa condition de Prévôt et son lien familial avec moi lui attirent des yeux trop alertes pour qu’il puisse passer inaperçu dans les soirées mondaines. De même pour mes autres hommes de mains, qu’il ne s’agisse de Mortifère qui, inutile de le préciser ne pourra jamais se déplacer nul part sans s’accaparer l’attention, ou d’autres candidats qui ne possèdent malheureusement ni l’étiquette ni l’éducation requise pour évoluer subrepticement dans ce milieu.”
L’Officier Dosian ne pouvait pas faire bonne figure pour deux sous avec ses airs de fils de boulanger qui transparaissait au premier regard, Sixte détestait bien trop le Sénateur pour pouvoir jouer le jeu nécessaire à la situation épineuse qu’il devait résoudre maintenant et les espions du réseau Fraternitas ne s’avéraient pas être suffisants. Il avait dû chercher ailleurs et en en parlant avec Séraphin, la mention de Léonora avait été faite à ses oreilles, une aubaine bien tombée mais qu’il ne devait pas laisser passer. Les plats sortis de la tour du fourneau encore chaud de la cuisine, Zelevas dépose une assiette fumante d’un riz-de-veau aux légumes tournés devant Madame de Hengebach avant de s’asseoir en face d’elle à la grande table devant la sienne.
”Un travail qui ne serait pas purement profitable qu’à moi, vous auriez aussi à y gagner. Je sais que s’introduire dans la sphère noble de la République est un défi coriace pour une étrangère, comment vous en êtes vous sortie sur ce point jusqu’à présent?”
Il saisit ses couverts et juste avant qu’elle ne commence à répondre, il glisse en souriant avec sa courtoisie forcée un ”Bon appétit.” trop appuyé pour être sincère.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
La révélation des collaborations passées entre le sénateur et le père de Léonora ajoutait une dimension encore plus personnelle à l'intrigue qui se déroulait. Pour elle, la découverte que son propre père avait travaillé de concert avec le sénateur Zelevas, et potentiellement pour des desseins obscurs, était particulièrement troublante. Elle connaissait bien son père, un homme de principes parfois, mais aussi quelqu'un capable de naviguer dans les eaux troubles de la politique et du pouvoir pour atteindre ses objectifs et surtout, faire de l’argent.
Cette nouvelle information jetait une lumière différente sur le vieil homme à ses côtés. Léonora était forcée de reconnaître que, malgré l'amour et le respect qu'elle portait à son père, il y avait des aspects de sa vie sur lesquels elle avait peu de prise, des secrets bien gardés qui faisaient maintenant surface, la confrontant à une réalité inattendue. En prenant une gorgée du vin présenté, Léonora n'eut cette fois-ci pas l'impression qu'on tentait de l'empoisonner et apprécia le nectar à sa juste valeur. Ce n’était pas le vin d’une cuvée exceptionnelle, mais il se laisser se boire.
Elle l’observait et l’écouter faire, l’analyse avant d’agir, de répondre. Laisser penser qu’il avait l’avantage, même si cela était présentement le cas. Le sénateur Zelevas, afficha une assurance caractéristique d'un homme habitué à naviguer dans les méandres du pouvoir, de la politique et la justice. Un trait de caractère qui le distinguait comme un manipulateur né, un prédateur dans l'arène politique où seuls les plus astucieux et les plus résolus pouvaient espérer triompher. Léonora ne se faisait aucune illusion sur la nature de l'homme qu'elle rencontrait. Elle savait que derrière chaque mot prononcé par le sénateur se cachait une stratégie, chaque silence était calculé, chaque geste mesuré pour influencer, pour maintenir l'avantage. La pièce, avec ses ombres dansantes projetées par l'âtre, semblait envelopper le duo où chaque vérité révélée, chaque secret gardé, avait le poids d'un verdict. La jeune femme l’observait, consciente que dans cette confrontation d'esprits, la moindre faille dans sa propre armure pourrait être exploitée.
Elle écoutait attentivement, triant les mots du vieillard, cherchant entre les lignes la vérité cachée. Elle savait que derrière ce discours apparemment transparent se cachait une réalité plus complexe, des couches d'intentions et de motivations entrelacées que seul un esprit aiguisé et aussi calculateur que celui de l’homme pouvait orchestrer. Une question persistait dans son esprit : quel était le véritable rôle du Limier dans cette rencontre ? Cette question laissait la porte ouverte à une multitude de réponses et une semblait se profiler.
La possibilité que le Limier se soit joué d'elle, que ses intentions n'aient jamais été de la recruter comme il l'avait laissé entendre, mais plutôt de rassembler des preuves et d'exploiter cette rencontre pour gagner sa confiance et la jauger, remettait en question toute la perspective sur les événements, sur Séraphin lui même. Cette suspicion, mettait en lumière les machinations entourant la rencontre de ce soir. Le Limier, avec son lien familial à Zelevas et sa réputation d'efficacité, semblait jouer un jeu dangereux, un équilibre délicat entre loyauté familiale et obligations professionnelles. La rencontre, une manœuvre calculée, une tentative de sonder les intentions et les capacités de Léonora sans révéler ses propres cartes.
Elle maintenait une expression de marbre, impénétrable à toute tentative d'intimidation ou de manipulation. Son visage ne trahissait rien de ses pensées ou de ses émotions, un masque de calme et de détermination. Cette maîtrise de soi n'était pas seulement une façade ; c'était le résultat d'une volonté de fer, d'une conscience aiguë du jeu dangereux dans lequel elle était engagée. Chaque question qu'il posait, chaque insinuation qu'il lançait dans le but de la déstabiliser, se brisait contre son indifférence apparente. C'était un duel de volontés, un échange où chaque mot, chaque silence, était chargé d'une signification profonde. Elle était consciente que le sénateur était un maître de la rhétorique et allait jusqu’au chantage même s’il osait prétendre le contraire.
Léonora s’était levée en le suivant, son verre de vin à la main, elle observait Zelevas mettre sommairement la table, une certaine tension flottait dans l'air. Malgré le contexte chargé d'insinuations et de jeux de pouvoir, cette action révélait une facette plus terre-à-terre, presque vulnérable, du personnage jusqu'alors impénétrable. Léonora saisit ce moment pour l'étudier attentivement, cherchant à discerner derrière ce geste banal des indices sur le caractère et les intentions réelles du sénateur.
Le mystère commença à se dissiper à mesure qu'ils abordaient le cœur du sujet. La tension initiale, accentuée par les jeux de pouvoir et les tentatives d'intimidation, laissait place à une conversation plus directe et significative. Zelevas, révéla peu à peu la raison de son intérêt pour elle. Il avait besoin d'elle, non pas comme d'un pion dans ses jeux de pouvoir, mais comme d'une alliée dont les compétences, la condition, le rang social, et l'éducation représentaient des atouts inestimables dans les soirées mondaines dans lesquelles elle avait l’habitude de naviguer, avant d’arriver en République.
Le repas servi, elle s’installa avant d’être rejoint par son hôte et sortir du silence.
Coriace, en effet. Mais je ne doute que vous devez déjà avoir une idée de ma situation sur ce point, Sénateur. Je n'ai pas de liens directs avec cette sphère de la société. Même aucun. Mon implication jusqu'à présent s'est principalement concentrée sur d'autres domaines.
Son implication dans la huitième par exemple et d’autres qui brûlaient en ce moment même dans l’âtre.
Sa posture restait droite, son regard maintenant fixé sur son assiette comme si elle se concentrait la bouchée qu’elle allait avaler avec une intensité presque méditative. Le bruit discret des couverts contre la porcelaine se mêlait au murmure de la conversation, créant une ambiance feutrée et intime.
Et comment comptez-vous m’introduire ? Elle posa les yeux de nouveau sur le Fraternitas et finit la dernière gorgée de son vin et reposa délicatement le verre sur la table.
La fille d’un vieil ami ? Une cousine lointaine sortie de nulle part ?
Cette nouvelle information jetait une lumière différente sur le vieil homme à ses côtés. Léonora était forcée de reconnaître que, malgré l'amour et le respect qu'elle portait à son père, il y avait des aspects de sa vie sur lesquels elle avait peu de prise, des secrets bien gardés qui faisaient maintenant surface, la confrontant à une réalité inattendue. En prenant une gorgée du vin présenté, Léonora n'eut cette fois-ci pas l'impression qu'on tentait de l'empoisonner et apprécia le nectar à sa juste valeur. Ce n’était pas le vin d’une cuvée exceptionnelle, mais il se laisser se boire.
Elle l’observait et l’écouter faire, l’analyse avant d’agir, de répondre. Laisser penser qu’il avait l’avantage, même si cela était présentement le cas. Le sénateur Zelevas, afficha une assurance caractéristique d'un homme habitué à naviguer dans les méandres du pouvoir, de la politique et la justice. Un trait de caractère qui le distinguait comme un manipulateur né, un prédateur dans l'arène politique où seuls les plus astucieux et les plus résolus pouvaient espérer triompher. Léonora ne se faisait aucune illusion sur la nature de l'homme qu'elle rencontrait. Elle savait que derrière chaque mot prononcé par le sénateur se cachait une stratégie, chaque silence était calculé, chaque geste mesuré pour influencer, pour maintenir l'avantage. La pièce, avec ses ombres dansantes projetées par l'âtre, semblait envelopper le duo où chaque vérité révélée, chaque secret gardé, avait le poids d'un verdict. La jeune femme l’observait, consciente que dans cette confrontation d'esprits, la moindre faille dans sa propre armure pourrait être exploitée.
Elle écoutait attentivement, triant les mots du vieillard, cherchant entre les lignes la vérité cachée. Elle savait que derrière ce discours apparemment transparent se cachait une réalité plus complexe, des couches d'intentions et de motivations entrelacées que seul un esprit aiguisé et aussi calculateur que celui de l’homme pouvait orchestrer. Une question persistait dans son esprit : quel était le véritable rôle du Limier dans cette rencontre ? Cette question laissait la porte ouverte à une multitude de réponses et une semblait se profiler.
La possibilité que le Limier se soit joué d'elle, que ses intentions n'aient jamais été de la recruter comme il l'avait laissé entendre, mais plutôt de rassembler des preuves et d'exploiter cette rencontre pour gagner sa confiance et la jauger, remettait en question toute la perspective sur les événements, sur Séraphin lui même. Cette suspicion, mettait en lumière les machinations entourant la rencontre de ce soir. Le Limier, avec son lien familial à Zelevas et sa réputation d'efficacité, semblait jouer un jeu dangereux, un équilibre délicat entre loyauté familiale et obligations professionnelles. La rencontre, une manœuvre calculée, une tentative de sonder les intentions et les capacités de Léonora sans révéler ses propres cartes.
Elle maintenait une expression de marbre, impénétrable à toute tentative d'intimidation ou de manipulation. Son visage ne trahissait rien de ses pensées ou de ses émotions, un masque de calme et de détermination. Cette maîtrise de soi n'était pas seulement une façade ; c'était le résultat d'une volonté de fer, d'une conscience aiguë du jeu dangereux dans lequel elle était engagée. Chaque question qu'il posait, chaque insinuation qu'il lançait dans le but de la déstabiliser, se brisait contre son indifférence apparente. C'était un duel de volontés, un échange où chaque mot, chaque silence, était chargé d'une signification profonde. Elle était consciente que le sénateur était un maître de la rhétorique et allait jusqu’au chantage même s’il osait prétendre le contraire.
Léonora s’était levée en le suivant, son verre de vin à la main, elle observait Zelevas mettre sommairement la table, une certaine tension flottait dans l'air. Malgré le contexte chargé d'insinuations et de jeux de pouvoir, cette action révélait une facette plus terre-à-terre, presque vulnérable, du personnage jusqu'alors impénétrable. Léonora saisit ce moment pour l'étudier attentivement, cherchant à discerner derrière ce geste banal des indices sur le caractère et les intentions réelles du sénateur.
Le mystère commença à se dissiper à mesure qu'ils abordaient le cœur du sujet. La tension initiale, accentuée par les jeux de pouvoir et les tentatives d'intimidation, laissait place à une conversation plus directe et significative. Zelevas, révéla peu à peu la raison de son intérêt pour elle. Il avait besoin d'elle, non pas comme d'un pion dans ses jeux de pouvoir, mais comme d'une alliée dont les compétences, la condition, le rang social, et l'éducation représentaient des atouts inestimables dans les soirées mondaines dans lesquelles elle avait l’habitude de naviguer, avant d’arriver en République.
Le repas servi, elle s’installa avant d’être rejoint par son hôte et sortir du silence.
Coriace, en effet. Mais je ne doute que vous devez déjà avoir une idée de ma situation sur ce point, Sénateur. Je n'ai pas de liens directs avec cette sphère de la société. Même aucun. Mon implication jusqu'à présent s'est principalement concentrée sur d'autres domaines.
Son implication dans la huitième par exemple et d’autres qui brûlaient en ce moment même dans l’âtre.
Sa posture restait droite, son regard maintenant fixé sur son assiette comme si elle se concentrait la bouchée qu’elle allait avaler avec une intensité presque méditative. Le bruit discret des couverts contre la porcelaine se mêlait au murmure de la conversation, créant une ambiance feutrée et intime.
Et comment comptez-vous m’introduire ? Elle posa les yeux de nouveau sur le Fraternitas et finit la dernière gorgée de son vin et reposa délicatement le verre sur la table.
La fille d’un vieil ami ? Une cousine lointaine sortie de nulle part ?
Les mots de Madame de Hengebach s’enchaînent avec la suave fluidité pareille à l’araignée tisserande qui fabrique précautionneusement son fil. Elle est une prédatrice dans son microcosme, mais est à la merci des aléas du vrai monde comme le vent impétueux, la pluie battante, le froid impitoyable, ou les mauvaises intentions de gens comme Zelevas. Celui ci l'écoute répondre à sa question en se prétendant un air dissipé, accueillant la confirmation d'éléments qu'il connaissait déjà par la simple réputation inexistante du nom de Hengebach dans la haute classe républicaine. Si le nom lui avait dit quelque chose grâce à une fortuite collaboration passée, plus personne ne se souvenait vraiment de ce nom étranger sans patrimoine tangible après le passage des Titans. Rares seraient ceux qui auraient eu les relations avec l'ancien Shoumeï nécessaires pour connaître feu le Comte Alessandro qui, s'il avait eu un bagage dans l'ancienne théocratie, n'avait pas la même notoriété à la Nation Bleue. C'était justement cet anonymat partiel qui était si profitable à la mission que Zelevas cherchait à affecter à la veuve noire, un ordre qui utiliserait au mieux la trouble ambiguïté d'une vérité méconnue. En entendant les suggestions soulevées par la jeune femme, le Sénateur dépose ses couverts dans son assiette et s'adosse au fond de sa chaise, épousant ses lèvres de sa serviette pour prendre la parole :
”Non.” Il prend le temps de boire une gorgée d'eau, évitant d’accompagner son repas de vin parce qu’il a déjà bu du bourbon tantôt et qu’à son âge il n’est vraiment plus recommandé de mélanger les alcools, il mesure le geste avec une certaine lenteur, faisant patienter son invité en jouant avec le rythme de la conversation pour asseoir son contrôle. La dynamique n'est pas qu’importante ici, elle est primordiale. ”La mission que j'ai pour vous va nécessiter des besoins précis, notamment une proximité avec ma personne qui soit suffisamment développée pour vous rendre politiquement intouchable, mais suffisamment éloignée pour éviter que les gens ne vous mettent d'office dans le panier de mes agents ou hommes de mains. La fille d’un vieil ami vous rend donc trop distante de moi, vous manquerez non seulement de protection, mais surtout la soirée à laquelle je vous convie est organisée par un individu… prudent. Il me serait difficile de justifier vous avoir amené comme ma plus un. Quant à un membre éloigné de ma famille, il est de notoriété certaine que mon neveu Séraphin est le dernier membre vivant de mon arbre généalogique.” et c'est de surcroît faux. se garda-t’il de rajouter. Zelevas avait déjà eu suffisamment de mal à l'époque où il n'était encore que le fils Limier d'un Gouverneur dans une famille mineure, à duper le monde entier pour faire passer Séraphin comme l'héritage triste d'un frère défunt que bizarrement personne n'avait jamais vu. Expliquer que soudainement on lui découvrait une cousine même éloignée à l'âge de soixante sept ans, alors que sa figure était désormais d'une notoriété publique, c'était prendre ce même monde pour des cons. ”L'amour capricieux d'un vieil homme, voilà comment je vais vous introduire. Les gens ne questionneront pas la véracité de notre lien parce que la réalité qui se dessinera toute seule dans leurs esprits sera évidente comme le nez au milieu du visage. Une jeune femme coquettement séduisante, un vieillard dont la campagne présidentielle ravive un certain égo, ils s’imagineront ce qu’ils voudront et ça jouera en notre faveur. Je conviens que ça ne projettera guère une image flatteuse de vous comme de moi, mais cette mascarade temporaire sera tout à fait adaptée à la situation et nous pourrons nous débarrasser de ce secret de polichinelle à l’envie sans faire d’esclandre.”
Ledit vieillard gâteux reprend ses couverts et tranche de la lame du couteau un des riz de veau morcelé dans son assiette avant de le piquer au bout de sa fourchette, il le porte à hauteur de son visage et l'observe à la lueur des bougies en faisant tourner le couvert dans sa main. La sauce homogène qui s’agglutine sous l’effet de la pesanteur emporte avec elle un mince fil rouge sang qui contamine le brun crémeux au fur et à mesure de sa descente, jusqu'à former une goutte perlant au bas de la viande d’une couleur plus foncée. Le regard bleu acier de Zelevas alterne entre la jeune femme de l’autre côté de la table et le morceau de tendre viande qu’il manipule de sa main, et quand le gras se détache pour s’écraser dans son assiette, le Sénateur enfourne lentement le morceau dans sa bouche sans plus de contemplation. Il désigne d’un geste absent Léonora avec le bout de sa fourchette, et semble presque réfléchir à voix haute alors qu’il entre un peu plus dans les détails de cette fameuse mission:
”Dans deux semaines jour pour jour, se tiendra une réception à Justice chez James Ironsoul. Il s’agit du cousin sous-sous-germain de Dardane Ironsoul, et il est le Directeur de la Grande Bibliothèque Ironsoul. À cette soirée sera conviée un homme très important, Sullivan Chevalier, l'intérêt qu’il représente pour la pérennité de ma campagne présidentielle est capital pour que je saisisse la cinquième circonscription de Liberty, il ne sort que très très rarement de ses quartiers parce que sa santé est d'une fragilité effarante. Il se trouve aussi que Sullivan est un homme remarquablement détesté par beaucoup trop de monde pour qu’il ne puisse sortir de chez lui l’esprit tranquille, mais ce soir, dans deux semaines, il fera une exception pour James. Et ça tombe plutôt bien parce qu’à cette réception ne seront conviés que les principaux mécènes de la GBI, ce qui représente une liste d’environ cinq cents convives si j’en crois celle de l’année dernière. Le problème que j’ai, et qui demande une solution spécifique, c'est que mes informateurs m'ont alerté de la présence d’un intrus à cette soirée. Il y aura une personne, dont j'ignore pour l'instant toujours l'identité, qui sera un assassin commandité par une des innombrables personnes qui en veulent après notre cher Chevalier, et qui aura donc sans doute pour directive de l'abattre.” Zelevas finit son plat avec quelques coups de poignet pour éponger son assiette d’un morceau de pain avant de conclure, ”J’aimerai vous inviter à cette soirée, et que vous ne vous occupiez de cet intrus avant qu’il ne s’occupe de lui.”
Il y avait bien sûr d’autres façons de régler le problème, notamment en convaincant Sullivan de s’abstenir de se présenter à la réception, mais Zelevas avait non seulement besoin de la présence du malade à ce sommet, mais il désirait également faire passer un message. La mort du Courtier avait laissé un trou dans son réseau que d’autres pensaient interpréter comme une faiblesse exploitable, il se devait de faire passer un message. On ne pouvait pas s'en prendre impunément à ses soutiens. Il est cependant hors de question que l’affaire ne soit exposée au grand jour, car même si les Ironsouls avaient convié Zelevas à la réception afin d’exprimer leur soutien envers le Champion des Réformateurs, ils demeuraient à la base des adversaires politiques redoutables et un coup d’éclat à une soirée où il était convié par étiquette relèverait d’un scandal inadmissible. Seule une mort discrète de l’assassin commandité par l’ennemi exprimerait avec suffisamment d’insistance l’intransigeance des Élusie à l’égard de cette pratique.
”Nous avons deux semaines. Il va falloir construire une illusion crédible dans ce court laps de temps, je souhaiterai donc passer le plus de temps possible en votre compagnie pour préparer cette opération, il ne s’agit pas seulement de vous former aux us et coutumes de l’étiquette républicaine, mais je tiens également à vous mettre à la page le mieux que possible sur le microcosme de notre noblesse. J’aimerai aussi que nous travaillions à façonner une promiscuité la plus convaincante possible. Je ne suis pas vraiment connu pour être un bourreau des coeurs ou un coureur de jupons, mais plutôt un romantique. Nous allons avoir besoin de la meilleure complicité possible, et de faire courir du bruit. Je veux tout savoir de votre passé, et que vous sachiez tout du mien.”
À ce stade, la notion de choix pour la jeune femme semblait avoir complètement disparu de son discours. À juste titre, le marché avait été passé quand elle avait accepté de s’attabler avec lui.
”Une première apparition en public à l'opéra du Petit Sekaï devrait déjà faire l'affaire pour répandre des rumeurs parmi la haute. Aimez-vous les tragédies Mademoiselle de Hengebach?”
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Dans cette atmosphère de calme apparent, la discussion entre Zelevas et Léonora se déroulait avec une précision remarquable. Le sénateur démontrait une patience infinie, prenant le temps de choisir chaque mot avec soin, conscient de la portée de ses paroles. Rien n'était laissé au hasard, chaque phrase était calculée pour transmettre un message spécifique, pour influencer le cours de la conversation dans une direction particulière. Chaque geste, chaque pause, était soigneusement orchestré pour maintenir un contrôle total sur la situation, utilisant habilement la rhétorique pour guider Léonora dans les méandres de sa pensée, pour la conduire là où il le désirait, tout en préservant l'apparence d'une conversation ouverte et équitable.
Consciente de la subtilité de la situation, la jeune femme répondait avec une vigilance égale, analysant chaque mot, chaque geste du sénateur avec acuité. Elle comprenait que derrière chaque apparence de courtoisie se cachait une intention, une stratégie, et elle était déterminée à ne pas être prise au dépourvu. Cependant, elle lui accorda volontiers avoir l’avantage, en plus de celui de l’âge et de son expérience.
Elle continuait à prendre son repas, s'adaptant au rythme posé du vieil homme. Ses mouvements étaient synchronisés avec ceux de Zelevas, un ballet silencieux qui témoignait de son engagement dans cette conversation délicate. La mission se précisait, il devenait de plus en plus évident pour Léonora que cette tâche exigerait une préparation minutieuse en amont. Les enjeux de celle-ci étaient peut-être plus grands qu'elle ne l'avait initialement envisagé.
Elle releva lentement les yeux de son assiette, ses sourcils se relevaient alors que Zelevas révélait le rôle inattendu qu'il souhaitait qu'elle joue. Le silence qui suivit fut lourd de significations non dites, chaque seconde s'étirant alors que Léonora tentait de comprendre les implications de cette proposition.
Rien que ça ? Ironisa-t-elle froidement.
Être introduite par Zelevas comme étant son parfum doux du moment, dans les cercles politiques n'était pas seulement une question de relation personnelle, c'était aussi une stratégie politique audacieuse qui aurait des répercussions sur sa réputation, son indépendance et sa capacité à poursuivre ses propres objectifs.
Ne craignez-vous pas que cette association puisse jouer contre vous lors des élections ? L'opinion publique peut être volatile, et un tel rapprochement pourrait susciter des questions sur votre intégrité. Autant dans ma région natale, cela était très banal voire encouragé, comment cela serait perçu en République ?
Sa question était directe, mais respectueuse. Elle voulait comprendre la stratégie politique derrière cette proposition et évaluer les risques potentiels pour le sénateur Zelevas, mais surtout les siennes. Les apparences comptaient beaucoup dans le monde politique, et elle voulait s'assurer que cette décision était mûrement réfléchie, que ses conséquences avaient été pleinement prises en compte, bien que ce n’était pas son problème le concernant.
Il lui exposa les faits, sa mission qu’elle synthétisa pour mieux l’appréhender : Dans deux semaines, réception chez James Ironsoul, cousin éloigné de Dardane Ironsoul et Directeur de la Grande Bibliothèque du même nom. L'invité d'honneur Sullivan Chevalier, crucial pour la campagne présidentielle de Zelevas. Sullivan est rarement vu en public, santé fragile, fera une exception pour cette soirée. Environ cinq cents invités de la GBI. Des informateurs ont alerté Zelevas de la présence d'un assassin à l'identité inconnue qui vise Chevalier. Marivauder, sourire, éliminer l’intrus.
Léonora avait déjà dû se montrer au bras d'un homme plus âgé, ayant passé six longues années aux côtés de feu son époux. Cette expérience lui avait appris à naviguer dans les eaux troubles des apparences, à jouer un rôle dans le monde des puissants sans compromettre son intégrité. Au moins, dans cette nouvelle situation avec Zelevas, lui était plus intéressé par la stratégie politique que par des intentions plus sinistres. Cela lui offrait une certaine assurance dans cette nouvelle alliance, sachant qu'elle n'était pas simplement utilisée pour des desseins plus personnels. En étant présentée comme la compagne de Zelevas, Léonora aurait un accès privilégié aux cercles politiques et aux réseaux d'influence, ce qui pourrait lui permettre de développer des relations précieuses et d'obtenir des informations cruciales pour ses propres objectifs futurs.
Cependant, ils n’avaient que deux semaines pour tout mettre en place. C’était court surtout pour un homme occupé comme Zelevas.
Aurez-vous réellement tout ce temps à m’accorder, Sénateur ?
Aussi elle poussa son verre du bout des doigts pour être resservie en vin. Il lui fallait bien cela ce soir pour accuser le coup car le vieil habile ne lui laissait plus le choix, mais lui en avait-il vraiment laissé un dès le début ? Surtout lorsque la première sortie en public était déjà actée, qu’il s’intéressait à ses goûts pour le bien de leur collaboration. Léonora hocha la tête, son esprit déjà rempli d'anticipation pour cette soirée spéciale à venir. Elle releva délicatement la serviette pour essuyer sa bouche, un geste de courtoisie instinctif alors qu'elle réfléchissait à la question de Zelevas.
J’ai un grand amour pour l'opéra, la musique, les grandes œuvres littéraires, et tout ce qui touche à l'art en général. Cette passion n’est pas que le résultat de mon éducation liée à mon genre, même si elle m’a influencée, façonnée mes goûts et mes intérêts.
Tout comme avoir six frères et tous les mâles de la famille depuis des générations engagés et gradés dans les armées Shoumeïennes.
Permettez-moi de poser une question. Cet accord entre nous prendra fin après cette réception ?
Consciente de la subtilité de la situation, la jeune femme répondait avec une vigilance égale, analysant chaque mot, chaque geste du sénateur avec acuité. Elle comprenait que derrière chaque apparence de courtoisie se cachait une intention, une stratégie, et elle était déterminée à ne pas être prise au dépourvu. Cependant, elle lui accorda volontiers avoir l’avantage, en plus de celui de l’âge et de son expérience.
Elle continuait à prendre son repas, s'adaptant au rythme posé du vieil homme. Ses mouvements étaient synchronisés avec ceux de Zelevas, un ballet silencieux qui témoignait de son engagement dans cette conversation délicate. La mission se précisait, il devenait de plus en plus évident pour Léonora que cette tâche exigerait une préparation minutieuse en amont. Les enjeux de celle-ci étaient peut-être plus grands qu'elle ne l'avait initialement envisagé.
Elle releva lentement les yeux de son assiette, ses sourcils se relevaient alors que Zelevas révélait le rôle inattendu qu'il souhaitait qu'elle joue. Le silence qui suivit fut lourd de significations non dites, chaque seconde s'étirant alors que Léonora tentait de comprendre les implications de cette proposition.
Rien que ça ? Ironisa-t-elle froidement.
Être introduite par Zelevas comme étant son parfum doux du moment, dans les cercles politiques n'était pas seulement une question de relation personnelle, c'était aussi une stratégie politique audacieuse qui aurait des répercussions sur sa réputation, son indépendance et sa capacité à poursuivre ses propres objectifs.
Ne craignez-vous pas que cette association puisse jouer contre vous lors des élections ? L'opinion publique peut être volatile, et un tel rapprochement pourrait susciter des questions sur votre intégrité. Autant dans ma région natale, cela était très banal voire encouragé, comment cela serait perçu en République ?
Sa question était directe, mais respectueuse. Elle voulait comprendre la stratégie politique derrière cette proposition et évaluer les risques potentiels pour le sénateur Zelevas, mais surtout les siennes. Les apparences comptaient beaucoup dans le monde politique, et elle voulait s'assurer que cette décision était mûrement réfléchie, que ses conséquences avaient été pleinement prises en compte, bien que ce n’était pas son problème le concernant.
Il lui exposa les faits, sa mission qu’elle synthétisa pour mieux l’appréhender : Dans deux semaines, réception chez James Ironsoul, cousin éloigné de Dardane Ironsoul et Directeur de la Grande Bibliothèque du même nom. L'invité d'honneur Sullivan Chevalier, crucial pour la campagne présidentielle de Zelevas. Sullivan est rarement vu en public, santé fragile, fera une exception pour cette soirée. Environ cinq cents invités de la GBI. Des informateurs ont alerté Zelevas de la présence d'un assassin à l'identité inconnue qui vise Chevalier. Marivauder, sourire, éliminer l’intrus.
Léonora avait déjà dû se montrer au bras d'un homme plus âgé, ayant passé six longues années aux côtés de feu son époux. Cette expérience lui avait appris à naviguer dans les eaux troubles des apparences, à jouer un rôle dans le monde des puissants sans compromettre son intégrité. Au moins, dans cette nouvelle situation avec Zelevas, lui était plus intéressé par la stratégie politique que par des intentions plus sinistres. Cela lui offrait une certaine assurance dans cette nouvelle alliance, sachant qu'elle n'était pas simplement utilisée pour des desseins plus personnels. En étant présentée comme la compagne de Zelevas, Léonora aurait un accès privilégié aux cercles politiques et aux réseaux d'influence, ce qui pourrait lui permettre de développer des relations précieuses et d'obtenir des informations cruciales pour ses propres objectifs futurs.
Cependant, ils n’avaient que deux semaines pour tout mettre en place. C’était court surtout pour un homme occupé comme Zelevas.
Aurez-vous réellement tout ce temps à m’accorder, Sénateur ?
Aussi elle poussa son verre du bout des doigts pour être resservie en vin. Il lui fallait bien cela ce soir pour accuser le coup car le vieil habile ne lui laissait plus le choix, mais lui en avait-il vraiment laissé un dès le début ? Surtout lorsque la première sortie en public était déjà actée, qu’il s’intéressait à ses goûts pour le bien de leur collaboration. Léonora hocha la tête, son esprit déjà rempli d'anticipation pour cette soirée spéciale à venir. Elle releva délicatement la serviette pour essuyer sa bouche, un geste de courtoisie instinctif alors qu'elle réfléchissait à la question de Zelevas.
J’ai un grand amour pour l'opéra, la musique, les grandes œuvres littéraires, et tout ce qui touche à l'art en général. Cette passion n’est pas que le résultat de mon éducation liée à mon genre, même si elle m’a influencée, façonnée mes goûts et mes intérêts.
Tout comme avoir six frères et tous les mâles de la famille depuis des générations engagés et gradés dans les armées Shoumeïennes.
Permettez-moi de poser une question. Cet accord entre nous prendra fin après cette réception ?
Zelevas repose doucement ses couverts dans son assiette et se sert un verre d’eau, inutile de trop boire, la soirée est non seulement encore jeune mais il reste en plus de nombreuses préparations à discuter avec son invitée par rapport à la réception de James. L’inquiétude de Léonora vis à vis de l’apparence qu’ils donneront en se présentant comme un couple est on ne peut plus justifiée, et le vieillard y apporte certains éléments de réponse:
”Il y a une insistance prononcée dans notre Nation, à séparer le professionnel des affaires personnelles. Notre pays est gouverné par six grandes Familles depuis des millénaires, les conflits d'intérêts ont été légion à travers l'histoire et la noblesse de la République a pourtant appris à faire la part des choses. Je ne pense pas que qui que ce soit vous considère comme un potentiel danger pour mon intégrité à moins que vous ne décidiez de mettre vous-même un pied en politique. Le cas échéant, l'opinion publique serait de toute façon paradoxalement le dernier de vos soucis.” À commencer par moi. mais il ne le précisa pas.
Saisissant à nouveau la bouteille de vin, Zelevas obligea la jeune femme en lui resservant un verre. Décidément le cru de Casteille faisait son petit effet, et même le Sénateur était bien obligé de reconnaître qu’il le trouvait à son goût après s’être laissé tenté à s’en verser une gorgée pour le goûter. Frais, délicieusement acidulé et avec une touche minérale fort prononcée grâce aux terreaux âgé des vignes de Casteille, il forçait le vieil homme plutôt porté sur le rouge en matière d’oenologie à cette fois tomber d’accord avec la jeune femme. Il n’allait cependant pas aller plus loin, ce serait mauvais pour son foie alors qu’en ce moment, c'est un organe qui mérite qu’on en prenne soin. Il entendit la préoccupation de Madame de Hengebach concernant son temps, une inquiétude non seulement pertinente mais bien visée. Il y répond d’abord avec une grimace d’un frognement du nez sur un pincement de ses lèvres avant d’expliquer contri:
”Malheureusement, il se trouve qu’effectivement le temps soit mon bien le plus précieux et ma denrée la plus rare. Cependant nous avons tout de même un peu de chance dans la coordination cette opération. La Societas vient de clôturer son troisième trimestre fiscal de l’An 4, alors je vais pouvoir déléguer la grande majorité de mes responsabilités vis à vis de la SSG à mon bras droit. Quant aux besoins de ma campagne présidentielle…” l'information n’était pas encore rendue publique, mais selon le vieil homme ça ne saurait tarder et il avait entendu par la Grande Mécène que l’annonce ne serait désormais plus qu’une question de jours. ”...la situation est particulière. Je ne peux pas vraiment vous en dire plus mais les élections seront délayées momentanément. Le Gouvernement devrait l’annoncer officiellement en rendant la raison publique d’ici la fin de la semaine. Pour l'instant, ça reste entre nous, et en ce qui nous concerne je devrai m’absenter les matins pour remplir mes devoirs mais dès la fin de matinée je souhaiterai que nous nous retrouvions tout les jours pour poursuivre les préparatifs.”
Il affiche un sourire étrange quand la jeune femme s’enquiert de la limite de leur ‘contrat’, et Zelevas répond avec un grain d’amusement dans la voix:
”Occupons-nous déjà de notre cher ami Chevalier, je pense qu’une fois cette mission effectuée nous aurons tout le loisir de discuter de la suite. En fonction des résultats de notre petite opération et de nos besoins mutuels nous pourrons décider d’en arrêter là, ou de poursuivre la mascarade si j’ai à nouveau recours à vos services et que vous désirez d’avantage intégrer la cour républicaine.” Se tamponnant le bout des lèvres de sa serviette, Zelevas se leva péniblement, son estomac un peu lourd après le souper lui pèse sur ses genoux rouillés, et tandis qu’il s’approche de l’escalier à la sortie du salon dans le vestibule, il dit à son invitée:
”Je vais me préparer, je ne serai pas long.”
Montant les marches une par une de son manoir pour rejoindre le palier du premier étage, le vieil homme entre dans sa chambre et ferme doucement la porte derrière lui. Quand la clanche s’actionne dans le cadre de la porte et émet le clic caractéristique, il ferme ses yeux, laisse son poids tomber contre le bois de chêne en s’adossant contre la porte et pousse un profond soupir de fatigue. Il laisse son regard las errer dans le vague et s’élever vers les tapisseries des murs aux motifs ternis par la poussière et les toiles d’araignées, regarder les boiseries des meubles dont le vernis noir de crasse ne brille plus depuis bien longtemps, et achever sa course sur la porte de sa salle de bain de l’autre côté de la pièce. Il se redresse en s’aidant de sa main contre le mur et déboutonne sa chemise sur le trajet, la laissant choir par terre alors qu’il passe une main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu. À l’intérieur de la salle carrelée où l’air est lourd d’humidité, il se regarde dans la glace usée. Son reflet est morne.
”Aller Zel. Encore un peu.”
Son torse nu était comme cette maison, autrefois resplendissante de fierté, de force, de vitalité. Aujourd’hui sa peau flasque constellée de taches brunes, de cicatrices et de rides n’avait plus rien de glorieux si ce n’était l’histoire qu’elle racontait. Le vieil homme se maintient debout en se tenant agrippé aux rebords de l’évier, ressentant dans ce moment de solitude le poids accablant des pressions qui pèsent sur lui. Sa respiration s’accélère, il déglutit avec difficulté et cherche le baquet d’eau, il y plonge des mains tremblantes pour asperger un visage transpirant et se ressaisit. Zelevas termine sa toilette avec un air grave, cherchant à oublier un de ces moments de faiblesse qui commencent à un peu trop se multiplier à son goût, il arrange ses cheveux, se parfume, recoiffe également sa barbe et s’habille cette fois avec son costume typique. Chemise, veste rouge, pantalon assorti, bouton de col du barreau à droite et de l’ordre des Limiers à gauche, ceinture blanche, lourd manteau gris, il saisit sa canne et redescend les marches de l’escalier.
”Je suis prêt, j’espère ne pas trop vous avoir fait attendre?”
Alors que la diligence apprêtée par Himir les attend dehors, le vieillard aide la jeune femme à monter et en s’installant à ses côtés lui demande:
”Commençons par votre vie, frères? Soeurs? Famille? École? Je vous écoute, et soyez méthodique.”
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
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En entendant les paroles de Zelevas, ses craintes quant à la perception de leur relation dans les cercles politiques et de la République commencèrent à s'apaiser. Les paroles du sénateur étaient empreintes d'expérience, et sentit qu'elle pouvait lui faire confiance.
Il lui versa un verre de vin, puis se servit également. Le liquide rougeâtre scintillait dans la lumière tamisée de la pièce, évoquant un sentiment de « convivialité » toute retenue. Le vin brillait d'une teinte rouge profonde, éclatant comme un joyau précieux. Des reflets pourpres dansaient à sa surface. À mesure que Léonora inclinait légèrement le verre, des arômes enivrants s'échappaient, emplissant l'air de notes complexes et délicates. Une légère touche de chêne se faisait également sentir, apportant une subtile profondeur à l'ensemble. Alors qu'elle observait attentivement Zelevas déguster le vin avec une certaine délectation, Léonora ne put s'empêcher de se demander s'il était un amateur de bon vin. Les petits gestes qu'il faisait pour savourer chaque gorgée semblaient indiquer une certaine familiarité avec le breuvage, une appréciation pour ses nuances subtiles et ses arômes complexes. Cette pensée lui apporta un sentiment de point commun potentiel entre eux au-delà des différences apparentes, en tout bien tout honneur. Si le sénateur partageait son amour pour le bon vin, l’opéra, peut-être partageait-il également d'autres intérêts ou valeurs qui pourraient les rapprocher davantage et les aider dans cette supercherie. Cette constatation la remplit d'un sentiment d'optimisme et d'anticipation pour les opportunités futures qui pourraient se présenter dans leur collaboration naissante. Elle porta le verre à ses lèvres et prit une petite gorgée du nectar pourpre, laissant les saveurs se répandre délicatement sur sa langue.
Elle prit une légère inspiration, absorbant les détails de ses paroles avec une attention aiguë. La nouvelle concernant l’annonce des élections repoussées, information surprenante, qu'elle garderait pour elle jusqu'à ce qu'elle soit rendue publique. Elle n’avait guère le choix.
Léonora acquiesça silencieusement aux instructions de Zelevas, prit note de l'importance des réunions quotidiennes en fin de matinée pour travailler et entretenir l'illusion de leur prétendue romance. C'était un compromis nécessaire et elle était prête à s'y engager pleinement pour atteindre leurs objectifs communs.
Où dois-je vous retrouver pour les préparatifs ?
Puis un moment, elle restait silencieuse, son esprit tournant déjà à la logistique de leurs futures rencontres quotidiennes.
Soudain, Zelevas se leva pour s'absenter, laissant Léonora seule dans la pièce. Les échos de leur conversation récente semblaient encore flotter dans l'air. Elle se retrouva à contempler la pièce. La salle baignait dans une atmosphère d'abandon regrettable. Les rideaux autrefois luxuriants étaient maintenant tirés, qui devaient laisser filtrer la lumière terne de l’extérieur à travers la pièce. Des meubles élégants, autrefois dignes, étaient maintenant recouverts d'une fine couche de poussière, témoignant de leur négligence prolongée. Les tapis moelleux, sans doute autrefois luxueux sous les pieds, maintenant fanés et usés par le temps. Des portraits de familles anciennes, autrefois accrochés avec fierté, semblaient maintenant observer silencieusement la pièce dans un état de décrépitude désolante. Léonora se sentit poussée à explorer la pièce. Elle fit le tour lentement, laissant ses doigts effleurer les meubles recouverts de poussière puis s’essuya les doigts en se frottant les mains, son regard parcourait chaque coin et recoin de la pièce avec une curiosité. Chaque objet semblait raconter une histoire, portait les marques du temps et de l'histoire de la famille qui avait jadis occupé cette demeure. Malgré tout, il y avait aussi une certaine beauté dans la pièce, une élégance fanée mais toujours présente qui rappelait les grands jours de la famille d’Elusie. Et tandis qu'elle continuait à explorer, Léonora se surprit à ressentir une empathie pour son histoire oubliée.
Zelevas revint enfin puis l’invita à le suivre après ce maigre repas. Le véhicule les attendait. Dès que Zelevas et Léonora furent confortablement installés dans l'intérieur de la voiture, le vieil homme, avec cette même méthodologie et précision qui le caractérisaient, lança les hostilités en posant ses premières questions. Son regard perçant fixé sur Léonora, non pas avec la froideur d'un juge, mais avec l'intérêt aiguisé du politicien véreux.
Léonora se laissa emporter par les souvenirs, pas toujours bons, racontant sa vie passée sans aucune note de nostalgie dans la voix, monocorde. J'ai grandi dans une grande famille, entourée de quatre frères et cinq sœurs. Leur maison était toujours pleine de vie, de chamailleries enfantines lorsque le père n’était présent, ni les aînés. Ils étaient une mosaïque de personnalités, chacun cherchant sa place au sein de cette famille nombreuse. Malgré les défis que cela représentait, leurs parents ont toujours veillé à ce qu’ils reçoivent une éducation solide, sévère. Sauf Léonora qui avait été la plus libre durant l’enfance. Mais cette liberté a rapidement été rattrapée par la dure réalité de cette catin de vie.
Les Von Keyserberg ont toujours servi notre nation avec honneur et dévouement. Mon père, tout comme mes frères, ont porté l'uniforme avec fierté, servant sur de nombreux champs de bataille. Cette tradition militaire remonte à plusieurs générations, faisant de notre famille l'une des plus respectées et reconnues dans les cercles militaires et nobles du Shoumeï. Les récits de leurs exploits et de leurs sacrifices jalonnent l'histoire de notre famille, chaque génération apportant sa pierre à l'édifice de notre réputation. Si l’on faisait abstraction de la déchéance de son père qui mena sa famille jusqu’à la ruine.
Quant à ma mère, elle est décédée en couche. Epuisée par les nombreuses grossesses difficiles et successives. Mais le Sénateur devait déjà connaître cette partie de son histoire.
Elle poursuivit, … j'ai été envoyée à l'université de Maël, une institution réputée pour son excellence. Ces années ont été parmi les plus formatrices de sa vie, lui offrant une éducation riche et variée. Passionnée par les arts, la littérature et la stratégie militaire, absorbant tout ce qu’elle pouvait avec un appétit vorace.
Léonora marqua une pause, le regard lointain à travers la vitre, puis reprit, mes études ont été interrompues lorsque j'ai atteint l'âge de dix-huit ans. J'ai été mariée le jour de mon anniversaire au Baron de Hengebach dit de Benedictus, un homme que je connaissais à peine, qui avait l’âge de mon grand-père, elle leva les yeux sur Zelevas, le votre.
Le baron avait été bon avec elle. Mais cette transition brutale l'avait arrachée à un monde d'apprentissage et de découverte pour la plonger dans un rôle qu’elle n'avait pas choisi. Malgré tout, elle avait appris à trouver sa force et son indépendance. Et maintenant, ici, avec cette nouvelle entreprise qui se profilait, elle sentait que toutes ses expériences, toutes ses épreuves, l’avaient préparée pour ce qui venait. Je sais donc tenir compagnie aux vieillards. Lança-t-elle avec ce même regard froid qu’elle n’avait jamais quitté depuis leur rencontre, pourtant avec une détermination nouvelle, presque palpable elle ajouta. Je ne suis pas ici par hasard, ni pour me complaire dans une vie d'oisiveté. J'ai des ambitions, des objectifs précis. Je compte bien faire ma place, gravir les échelons dans la GAR et mettre mes talents au service de la République. Et par talent, elle ne parlait pas de servir de concubine pour gonfler l’orgueil du premier géronte venu. Et là encore, il n'était pas nécessaire de se justifier et ainsi insulter l'intelligence du sénateur.
Et vous ? Soyez bref, nous n’avons que quelques jours devant nous. Et où comptez-vous m’emmener maintenant ?
Il lui versa un verre de vin, puis se servit également. Le liquide rougeâtre scintillait dans la lumière tamisée de la pièce, évoquant un sentiment de « convivialité » toute retenue. Le vin brillait d'une teinte rouge profonde, éclatant comme un joyau précieux. Des reflets pourpres dansaient à sa surface. À mesure que Léonora inclinait légèrement le verre, des arômes enivrants s'échappaient, emplissant l'air de notes complexes et délicates. Une légère touche de chêne se faisait également sentir, apportant une subtile profondeur à l'ensemble. Alors qu'elle observait attentivement Zelevas déguster le vin avec une certaine délectation, Léonora ne put s'empêcher de se demander s'il était un amateur de bon vin. Les petits gestes qu'il faisait pour savourer chaque gorgée semblaient indiquer une certaine familiarité avec le breuvage, une appréciation pour ses nuances subtiles et ses arômes complexes. Cette pensée lui apporta un sentiment de point commun potentiel entre eux au-delà des différences apparentes, en tout bien tout honneur. Si le sénateur partageait son amour pour le bon vin, l’opéra, peut-être partageait-il également d'autres intérêts ou valeurs qui pourraient les rapprocher davantage et les aider dans cette supercherie. Cette constatation la remplit d'un sentiment d'optimisme et d'anticipation pour les opportunités futures qui pourraient se présenter dans leur collaboration naissante. Elle porta le verre à ses lèvres et prit une petite gorgée du nectar pourpre, laissant les saveurs se répandre délicatement sur sa langue.
Elle prit une légère inspiration, absorbant les détails de ses paroles avec une attention aiguë. La nouvelle concernant l’annonce des élections repoussées, information surprenante, qu'elle garderait pour elle jusqu'à ce qu'elle soit rendue publique. Elle n’avait guère le choix.
Léonora acquiesça silencieusement aux instructions de Zelevas, prit note de l'importance des réunions quotidiennes en fin de matinée pour travailler et entretenir l'illusion de leur prétendue romance. C'était un compromis nécessaire et elle était prête à s'y engager pleinement pour atteindre leurs objectifs communs.
Où dois-je vous retrouver pour les préparatifs ?
Puis un moment, elle restait silencieuse, son esprit tournant déjà à la logistique de leurs futures rencontres quotidiennes.
Soudain, Zelevas se leva pour s'absenter, laissant Léonora seule dans la pièce. Les échos de leur conversation récente semblaient encore flotter dans l'air. Elle se retrouva à contempler la pièce. La salle baignait dans une atmosphère d'abandon regrettable. Les rideaux autrefois luxuriants étaient maintenant tirés, qui devaient laisser filtrer la lumière terne de l’extérieur à travers la pièce. Des meubles élégants, autrefois dignes, étaient maintenant recouverts d'une fine couche de poussière, témoignant de leur négligence prolongée. Les tapis moelleux, sans doute autrefois luxueux sous les pieds, maintenant fanés et usés par le temps. Des portraits de familles anciennes, autrefois accrochés avec fierté, semblaient maintenant observer silencieusement la pièce dans un état de décrépitude désolante. Léonora se sentit poussée à explorer la pièce. Elle fit le tour lentement, laissant ses doigts effleurer les meubles recouverts de poussière puis s’essuya les doigts en se frottant les mains, son regard parcourait chaque coin et recoin de la pièce avec une curiosité. Chaque objet semblait raconter une histoire, portait les marques du temps et de l'histoire de la famille qui avait jadis occupé cette demeure. Malgré tout, il y avait aussi une certaine beauté dans la pièce, une élégance fanée mais toujours présente qui rappelait les grands jours de la famille d’Elusie. Et tandis qu'elle continuait à explorer, Léonora se surprit à ressentir une empathie pour son histoire oubliée.
Zelevas revint enfin puis l’invita à le suivre après ce maigre repas. Le véhicule les attendait. Dès que Zelevas et Léonora furent confortablement installés dans l'intérieur de la voiture, le vieil homme, avec cette même méthodologie et précision qui le caractérisaient, lança les hostilités en posant ses premières questions. Son regard perçant fixé sur Léonora, non pas avec la froideur d'un juge, mais avec l'intérêt aiguisé du politicien véreux.
Léonora se laissa emporter par les souvenirs, pas toujours bons, racontant sa vie passée sans aucune note de nostalgie dans la voix, monocorde. J'ai grandi dans une grande famille, entourée de quatre frères et cinq sœurs. Leur maison était toujours pleine de vie, de chamailleries enfantines lorsque le père n’était présent, ni les aînés. Ils étaient une mosaïque de personnalités, chacun cherchant sa place au sein de cette famille nombreuse. Malgré les défis que cela représentait, leurs parents ont toujours veillé à ce qu’ils reçoivent une éducation solide, sévère. Sauf Léonora qui avait été la plus libre durant l’enfance. Mais cette liberté a rapidement été rattrapée par la dure réalité de cette catin de vie.
Les Von Keyserberg ont toujours servi notre nation avec honneur et dévouement. Mon père, tout comme mes frères, ont porté l'uniforme avec fierté, servant sur de nombreux champs de bataille. Cette tradition militaire remonte à plusieurs générations, faisant de notre famille l'une des plus respectées et reconnues dans les cercles militaires et nobles du Shoumeï. Les récits de leurs exploits et de leurs sacrifices jalonnent l'histoire de notre famille, chaque génération apportant sa pierre à l'édifice de notre réputation. Si l’on faisait abstraction de la déchéance de son père qui mena sa famille jusqu’à la ruine.
Quant à ma mère, elle est décédée en couche. Epuisée par les nombreuses grossesses difficiles et successives. Mais le Sénateur devait déjà connaître cette partie de son histoire.
Elle poursuivit, … j'ai été envoyée à l'université de Maël, une institution réputée pour son excellence. Ces années ont été parmi les plus formatrices de sa vie, lui offrant une éducation riche et variée. Passionnée par les arts, la littérature et la stratégie militaire, absorbant tout ce qu’elle pouvait avec un appétit vorace.
Léonora marqua une pause, le regard lointain à travers la vitre, puis reprit, mes études ont été interrompues lorsque j'ai atteint l'âge de dix-huit ans. J'ai été mariée le jour de mon anniversaire au Baron de Hengebach dit de Benedictus, un homme que je connaissais à peine, qui avait l’âge de mon grand-père, elle leva les yeux sur Zelevas, le votre.
Le baron avait été bon avec elle. Mais cette transition brutale l'avait arrachée à un monde d'apprentissage et de découverte pour la plonger dans un rôle qu’elle n'avait pas choisi. Malgré tout, elle avait appris à trouver sa force et son indépendance. Et maintenant, ici, avec cette nouvelle entreprise qui se profilait, elle sentait que toutes ses expériences, toutes ses épreuves, l’avaient préparée pour ce qui venait. Je sais donc tenir compagnie aux vieillards. Lança-t-elle avec ce même regard froid qu’elle n’avait jamais quitté depuis leur rencontre, pourtant avec une détermination nouvelle, presque palpable elle ajouta. Je ne suis pas ici par hasard, ni pour me complaire dans une vie d'oisiveté. J'ai des ambitions, des objectifs précis. Je compte bien faire ma place, gravir les échelons dans la GAR et mettre mes talents au service de la République. Et par talent, elle ne parlait pas de servir de concubine pour gonfler l’orgueil du premier géronte venu. Et là encore, il n'était pas nécessaire de se justifier et ainsi insulter l'intelligence du sénateur.
Et vous ? Soyez bref, nous n’avons que quelques jours devant nous. Et où comptez-vous m’emmener maintenant ?
Quatre frères, cinq soeurs. Les frères soldats, comme le père, fierté, bataille, militaire, c’est donc de là que lui vient l’appétence pour l’assassinat? Hmm, mère morte en couche, une tragédie trop courante malheureusement, donc grands frères et grandes soeurs du coup. Il faudra que je m’en souvienne, ce détail est important. Université, Mael, dix-huit ans? Donc ça fait, voyons-voir, probablement quatorze ans à l’entrée? Ou est-ce douze ou treize à Shoumeï? Quelques. Baron de Hengebach oui... Il ne relève pas la remarque concernant la compagnie aux vieillard, il n’avait pas démarché Léonora pour ses talents d’escorte mais il accueille tout de même la nouvelle avec un brin de pragmatisme, si tant est qu’elle ne ressente pas de dégoût particulier à l’idée de s’afficher en publique en compagnie de sa personne, c’était d’autant mieux pour la réussite de leur petite entreprise. La GAR? À la mention de ce mot le Sénateur hausse un sourcil interrogateur, si le lourd héritage militaire que Madame von Keyserberg transporte fait sens avec cette aspiration, le fait qu’elle veuille maintenant s’adonner corps et âme pour la République en intégrant la Grande Armée est questionnable quand à ses motivations. S’agît-il là d’une volonté d’accomplissement personnel puisqu’apparemment la gloire du pays n’est pas tant un facteur que ça? La cadette du Compte Alessandro aspire donc à faire une carrière martiale, plutôt par tradition familiale visiblement, mais il n’est pas question d’une quelconque ferveur envers le Shoumeï, curieux. Il apprécie le résumé rapide d’une vie pourtant riche en péripétie, et maintenant que la diligence file de bon train et approche des limites de Justice, Zelevas compte bien en faire de même. Il réfléchit rapidement à ce dont il souhaite lui faire part et commence donc à parler également:
”Fils unique, les d’Élusie sont une branche annexe des Fraternitas qui s’est écarté de la lignée principale il y a plus d’un siècle. Mon père s’appelait Maximilian d’Élusie gouverneur à la Societas, ma mère Athéra d’Élusie, écrivaine. J’ai fait mes études à l’Université des Aviaires à Justice, service militaire à la GAR de deux ans, j’ai intégré les Limiers du Razkaal…” Il détourne le regard pour observer les bâtiments de la banlieue justicière qui défilent au rythme de leur progression. ”...c’est là où j’ai récupéré Séraphin d’ailleurs. Sa mère était une, euhm, résidente, que j’avais moi-même incarcéré, nous ne savions pas qu’elle était enceinte en la coffrant, et quand elle a finit par accoucher dans sa cellule je l’ai emmené.” L’implication lugubre que les Nevi’im seraient la cause de l’incarcération de la Galeuse plane dans un léger silence, Zelevas n’avait jusqu’à présent rien dit à Séraphin tout comme il n’y avait pas fait allusion à Léonora, mais il se doute que si le jeune homme avait récupéré les Démons de sa mère alors l’hypothèse qu’il les refile à ses propres progénitures était probable. ”Six ans, ensuite j’ai quitté l’ordre et j’ai repris la vie civile, j’ai étudié les économies et les droits, j’ai passé le barreau parce que mon frère adoptif l’avait lui-même fait et… on s’est mutuellement entraînés dans une course judiciaire. Juge, Haut Juge, Garde des Sceaux, j’ai été ami avec Falconi Génova pendant fort longtemps.” Pas la peine de préciser que c’était toujours le cas, le cryptex dans son coffre fort qui lui permettait d’échanger avec le Président déchu devait rester un secret bien gardé. ”Directeur de la Societas en Comptabilité, Sénateur aux dernières élections.”
Une description de carrière autrement plus longue et verbeuse que celle de la jeune femme, mais c’est là l’inévitable lot des années de plus qu’il accuse par rapport à Madame de Hengebach. Il profite des quelques minutes de trajet restantes pour compléter un peu:
”Je suis un homme de travail, je n’ai pas vraiment de passe-temps dans mon temps libre parce que je n’ai pas vraiment de temps libre à y consacrer. J’aime les mets délicats, les spiritueux raffinés et l’art du beau, mais ça s’arrête bien là, je vis par mon travail, pour mon travail.” Et pour la République. se garda-t’il d’ajouter. Ses chevilles avaient déjà bien du mal à le supporter à cause de l’arthrose qu’il n’a pas besoin de les gonfler plus que ça. ”En coeur je suis un romantique, j’ai beaucoup papillonné de mon temps dans les institutions armées, mais je me suis marié à la nation.” Il retourne son regard bleu acier dans les jades de la jeune femme, ”Si on vous pose la question, nous nous sommes rencontrés à la soirée de Mademoiselle Satta, c’est une jeune fille qui a du sang Shoumeïen également, mais comme feu son père était républicain elle a eu plus de chance que vous pour s’intégrer dans la noblesse, la semaine dernière elle a organisé une soirée en l’honneur du succès de son atelier de tapisserie qui s’est récemment agrandi, j’y avais été convié, il sera aisé de prétexter que vous y étiez également.”
La diligence commence tout juste à ralentir, et Zelevas jette un coup d’oeil par la fenêtre avec un rictus satisfait.
”Quant à votre dernière question, juste ici.”
Il pointe d’un doigt ganté à travers la fenêtre, désignant un immense bâtiment à la façade richement ornementée. Le fronton majestueux et imposant en bas-relief représente une scène d’une tragédie culte de la République, tirée de la Guerre des Plumes. En dessous de la corniche au niveau de l’entablement, une frise alterne entre triglyphes ciselés et métope dépeignant les visages de chaque grand dramaturge des siècles passés de la Nation Bleue, rendant hommage à ceux qui ont façonné l’histoire culturelle du pays. L’architrave du bâtiment qui surplombe les chapiteaux en feuilles d’acanthe des colonnes de marbre se distingue de l’ensemble par sa simplicité trompeuse, l’heure tardive camoufle les fines gravures du plaquage doré qui l’agrémente et le fait paraître pour un simple aplat, mais les écritures qui le parsèment sont tirées des pièces et des opéras marquants de la République à son deuxième millénaire, lorsque l’Opéra Aveugle a été construit. Les escaliers qui montent vers le surplombement sur lequel le bâtiment repose, sont encadrés par des statues immortalisant des créatures fantastiques du folklore républicain et des héros des temps anciens, la pierre blanche luit sous les quelques lumières de l’éclairage publique de Justice.
”Terminus.” fait Zelevas avec un air amusé.
Le vieillard ouvre la portière, descend les quelques marches en s’aidant de sa canne et de la poignée sur l’extérieur de la voiture et tend une main à la jeune femme pour l’inviter à le suivre. Une fois à terre, il présente son bras à Madame de Hengebach:
”L’étiquette est plus ouverte en République qu’à Shoumeï, les fiançailles sont plus une formalité qu’une réelle permission de contact. Je vous en prie.”
Accueillant donc la main délicate de la jeune femme au creux de son coude, Zelevas mène donc Léonora vers les marches de l’Opéra et gravissent ensemble l’escalier du crépis frontal. Si les gens affluent lentement en direction de l’édifice, ils ne sont pas immédiatement reconnus par la foule à cause de la luminosité faible et de l’effet de masse. Quelques exclamations leurs parviennent tout de même des gens les plus proches d’eux et le nom de Zelevas ou de Fraternitas s’entend faiblement dans les bouches. Que les gens se réfèrent à lui par son nom d’emprunt hérité de la Famille Humaniste n’énerve pas le Sénateur, il est après tout depuis le départ de Vigent du Sénat, le dernier “Fraternitas” à siéger à l’hémicycle, mais il doit avouer qu’il a une hâte toute particulière d’un avenir proche où le nom d’Élusie écrasera le patronyme de la Grande Famille qui lui colle à la peau.
”Par ici.” Il désigne une petite allée dérobée sur le côté de l’édifice. ”Je préfère tout d’abord faire preuve d’un peu de discrétion pour une première soirée.”
S’engouffrant dans les doubles portes de ce qui semble être une entrée tertiaire de l’Opéra, le couple factice évolue dans les couloirs de l’Opéra Aveugle et rencontre quelques employés du bâtiment qui les saluent avec une curiosité évidente. Zelevas sourit intérieurement, que les gens fassent donc ce qu’ils font de mieux, jaser sur des rumeurs, répandre de la mésinformation, c’est justement ce sur quoi il compte. Arrivés à un escalier intérieur en colimaçon, le Sénateur délaisse le bras de la jeune femme pour passer devant et ouvrir la voie, mais après un moment il sont interrompu dans leur ascension.
”Ah! Direct-, enfin ce serait plutôt Sénateur d’Élusie ce soir n’est-ce pas?”
Le vieil homme s’arrête net dans sa progression en entendant la voix grasse qui l’interpelle, il se retourne alors sur le palier où il se tient avec Léonora et dévisage la silhouette corpulente et affable de Stantal qui commence à monter les marches de l’escalier à leur rencontre avec un regard jovial qui ne le quitte jamais. Le d’Élusie glisse doucement une explication à l’oreille de Léonora:
”C’est le directeur de l’Opéra et une bonne connaissance des Fraternitas.” puis à voix haute à l’adresse du grassouillet bonhomme, ”Monsieur Haresskeip, un plaisir de vous revoir, comme toujours.”
”Mais tout le plaisir est pour moi Sénateur, je suis ravis de vous accueillir une fois de plus parmis nous, je ne savais pas que vous nous feriez le plaisir de votre présence!” La physionomie généreuse de Stantal Haresskeip est communicative, à tel point que Zelevas ne peut s’empêcher d’éprouver un sincère plaisir à lui serrer la main et à échanger une bise amicale avec lui. ”Est-ce qu’on doit votre visite à la fortuite providence ou aviez-vous réservé une place, parce que je n’en étais vraiment pas informé, mais ça ne fait rien, on va bien s’occuper de vous n’est-ce pas?”
Dans la fin de cinquantaine, Stantal fait parfaitement son âge, entre ses cheveux châtains légèrement dégarnis qui commencent tout juste à s’éclaircir en battant en retraite de son front, et ses grands yeux qui surplombent des paupières flasques et tombantes comme des poches, il respire la fin de carrière prochaine. Ses iris brunes dévorent Léonora avec un intérêt curieux certain, l’homme épicurien qu’il est ne retenant nullement son admiration envers la jeune femme plantureuse qui accompagne le Sénateur.
”Monsieur Haresskeip, je vous présente Mademoiselle Léonora de Hengebach, elle est une chère connaissance à moi, Mademoiselle, je vous présente Monsieur Stantal Haresskeip, Directeur de l’Opéra Aveugle, ancien conseiller au ministère du Mécénat et plus anciennement encore chef de l’orchestre philharmonique de Justice.”
”Oh je vous en prie Sénateur, malgré votre grandiloquente introduction, la brillance de mes accomplissements pâli en comparaison de la beauté de Mademoiselle.” Le Directeur se plie en deux aussi bas que son gros ventre lui permette, tandis qu’il salue d’un geste de la main la Damoiselle. ”Allez-y suivez moi, je vous placer en personne.” Le trio progresse alors à travers les dédales des diazomates, le gros Haresskeip interjectant à la volée les employés qu’il rencontrent. ”Tiens mon garçon, il y a des encens dans la Loge Royale? Vous deux ramenez plus de coussins pour monsieur dame, avec une collation.” Il se retourne d’un coup vers Zelevas et Léonora et reprend sans attendre la réponse. ”Vous avez faim? Qu’on leur serve quelque chose, avec une bouteille de v… C’est bourbon pour vous n’est-ce pas? Bourbon! Ma fille va voir dans la cave si nous avons un bourbon, hein, tu demandes au chef…”
Enfin arrivés devant la porte de la Loge Royale sur le deuxième balcon, le Directeur ouvre la porte et laisse entrer ses deux invités dans une loge privée, sur le côté du balcon près de la scène, séparée des autres par deux paroies feutrées de velour bordeau élégant et noblement meublée.
”Je vous demande pardon, mais je vais devoir prendre congé de vous, je vous souhaites une bonne soirée mes petits choux, je vous retrouverai après la représentation je dois aller régler quelques petites affaires avant le début.”
La porte se referme, laissant le couple s’installer confortablement sur des fauteuils capitonnés dans l’ambiance intime du cocon de l’Opéra.
”Attachant, envahissant même, mais attachant.” Il s’affale dans le fauteuil avec un soupir et se penche en avant pour observer le par-terre et les autres loges des balcons en face, l’air attentif. Il se penche soudainement vers Léonora et lui désigne une personne de l’autre côté de l’amphi. ”L’homme avec les cheveux noirs au deuxième étage, celui assis à côté de la vieille dame avec les longs cheveux gris et la robe blanche, c’est Horatio de Graves, un industriel qui fabrique quasiment tout le matériel équin du pays, fournisseur officiel de la GAR. Il devrait aussi être présent à la soirée d’Ironsoul. De l’autre côté là bas, la femme avec le veston d’officier bleu et or. Non là, celle la là bas. Suivez mon doigt. C’est Caroline Konstnar, une Colonel de la GAR dans la IIème je crois, dans le civil elle assiste son frère qui siège au conglomérat KTE, c’est eux qui l’ont fondé, on devrait sans doute la croiser aussi dans deux semaines.”
Il pianote nerveusement de ses doigts sur les accoudoirs en attendant le début de la représentation, puis ajoute:
”Souvenez-vous attentivement de leurs visages, ils sont à éliminer des suspects à la soirée et surtout ces gens là nous sont favorables. M.de Graves est un pro Réformateur, Col.Konstnar est inscrite au Parti Goldheart mais ce n’est que par obligation professionnelle, elle traine dans les pattes des Ironsouls depuis des années c’est un secret de polichinelle.”
Les lustres à huile sont amenuisés en approvisionnement et les lueurs de la salle commencent progressivement à diminuer en intensité pour mourir une par une. Juste avant que les artistes lyriques ne montent sur scène, la figure enrobée de Stantal fait son apparition depuis les rideaux rouges de l’estrade, sous l’applaudissement général de la foule qui honore le maître des lieux il s’avance au milieu du par-terre et déclame d’une voix puissante à l’audience:
”Mon fantastique publique! Je vous remercie d’être là ce soir, à l’Opéra Aveugle, en cette magnifique soirée pour regarder la Troupe du Septentrion interpréter la revisite de l’Aubaine Noire par Garfileni.” Nouvelle envolée d’applaudissement. ”J’aimerai également vous informer messieurs dames, de la présence parmis nous ce soir d’un invité d’exception, un grand ami à moi et quelqu’un qui m’est très cher, le Sénateur et candidat à la présidentielle Zelevas d’Élusie Fraternitas!”
Le concerné se lève de son siège en entendant son nom, et en approchant de la rambarde du balcon, il salue la foule qui le cherche des yeux en applaudissant. Les réactions de l’assemblée sont légèrement mitigée, une clameur qui aurait été bien différente à Liberty ou à Courage mais pas à Justice, son fief, son coeur électoral.
”Levez-vous aussi Mademoiselle, que les gens vous voient également.” fait-il avec un sourire carnassier.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
Dans la calèche, les cahots du début de leur trajet étaient incessants, chaque secousse les faisait rebondir sur les coussins usés. Les roues s'engouffraient avec brutalité dans chaque ornière, envoyant des vibrations à travers la structure en bois de leur véhicule. Toutefois, après un moment, le cocher atteignit une route plus praticable. Le tumulte des secousses s'apaisa graduellement, et le roulement devint plus doux et régulier. L'intérieur de la calèche, avec ses boiseries et ses sièges fatigués recouverts de tissu râpé, offrait désormais un refuge contre le vacarme extérieur. La conversation, auparavant entravée par le besoin de crier pour surpasser le fracas des éléments, devenait maintenant possible sans avoir à élever la voix. Ils se trouvaient donc dans une bulle de quiétude relative, bercés par le ronron plus doux des roues sur une chaussée moins hostile. Les regards pouvaient se croiser plus aisément, et les mots circulaient avec une facilité que le début du voyage n'avait pas permis, tandis qu'ils poursuivaient leur route vers leur destination encore inconnue de la jeune femme.
Le sénateur, profitant de l'amélioration des conditions de voyage, prit à son tour la parole pour dévoiler son propre parcours, en commençant par les origines les plus fondamentales de sa vie. Son Pédigrée… Riche en histoire et en importance au sein de la société. Tout comme elle, mais dans une toute autre mesure, il appartenait à une lignée ancienne et distinguée qui suscite chez elle le respect et un certain intérêt pour Zelevas. Ses pensées oscillaient donc entre admiration et réflexion critique, tout en prenant soin de tout mémoriser car le but était là.
Il était assez surprenant qu’il fasse allusion à la mère de Séraphin, à sa naissance entre les murs du Razkaal. Cela ne l’était sans doute pas dans la tête du vieil homme, mais ses paroles sonnaient comme une confidence, comme s’il savait pour son « neveux » et elle. Il était peu probable que Séraphin ait parlé de leur relation, si l’on pouvait appeler ce rapprochement ainsi.
Il reprit son récit là où il l'avait laissé, sa voix un peu plus basse, presque introspective, comme s'il traversait à nouveau les moments qu'il décrivait. Zelevas, était une énigme enveloppée dans une aura d'expériences diverses et profondes. Elle l'écoutait, fascinée par les divers chapitres de sa vie, chaque segment révélant de nouvelles facettes de son caractère et de ses convictions. Impressionnant personnage, si l’on faisait abstraction du fond, il le fallait.
Léonora pouvait percevoir la dévotion totale de Zelevas envers son travail, une passion qui semblait le définir plus que tout autre aspect de sa vie, une ambition dévorante. Son identité était indissociable de son occupation, chaque souffle, chaque pensée était dédiée à cette mission qu'il s'était fixée. Elle ne pouvait qu’admirer sa détermination et son engagement, mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il avait trouvé un équilibre dans sa vie. Zelevas l’avouait lui-même, il vivait et respirait son travail au point de sacrifier d'autres aspects de son existence. Pouvait-il parfois éprouver un vide, un manque dans les moments de solitude, s’il en avait, où il n'avait que ses pensées pour compagnie ? Qu’est- ce qui pouvait le motiver au plus profond de lui-même, ce qui le poussait à sacrifier tant pour son travail, serait-ce uniquement pour le pouvoir ?
Ainsi, tandis qu'elle absorbait les paroles de Zelevas, la révélation de son romantisme caché, sa période de jeune homme qui papillonnait, contrastaient avec son dévouement total envers son travail. Mais la phrase suivante, "je me suis marié à la nation", Léonora comprit que pour Zelevas, son engagement envers son travail, la République était tellement profond qu'il avait renoncé à d'autres formes de relation.
Il n'était pas nécessaire pour Léonora de verbaliser ses propres pensées alors que Zelevas partageait ses confessions. Pour elle, les paroles étaient superflues, car son vécu et son expérience parlaient d'elles-mêmes, mais elle rebondit malgré tout.
J’ai été élevée dans une région où les traditions étaient profondément enracinées et où les responsabilités familiales prévalaient sur les désirs individuels j’ai toujours été consciente de mon devoir envers ma famille. Les plaisirs fugaces et les relations éphémères n'ont jamais trouvé leur place dans ma vie, mon éducation m’ayant enseigné la valeur de la constance et de l'engagement.
Au lieu de cela, elle avait consacré son énergie à remplir ses obligations envers sa famille, son sacrifice pour assumer les responsabilités qui lui étaient confiées, celui de redorer leur nom et renflouer les caisses. Mais c'était depuis sa rencontre avec Séraphin que son propre parcours avait pris un tournant inattendu. Il avait apporté avec lui des sentiments qu'elle n'avait jamais connus auparavant et avait découvert les plaisirs charnels... Chaque instant passé avec lui était une aventure en soi, une opportunité de découvrir une nouvelle facette de son être et de savourer l'instant présent, de la vie simplement. Dans ses bras, elle avait trouvé un refuge contre les attentes extérieures.
Le regard de Léonora suivit celui de Zelevas à travers la fenêtre de la diligence qui avait ralenti, et ce qu'elle vit la laissa sans voix. Le bâtiment imposant qui se dressait devant eux, avec sa façade richement ornée, était une œuvre d'art en soi, témoignant de la grandeur et de la richesse culturelle de la République.
Zelevas se montra comme un homme d'action, prompt à saisir les opportunités et à agir rapidement pour les concrétiser. Son approche directe et efficace contrastait avec la délicatesse et la subtilité que Léonora avait parfois observées chez lui.
Le fait qu'il l'ait conduite si rapidement à l'Opéra Aveugle, après une simple mention de celui-ci dans leur conversation, témoignait de sa détermination à mettre son entreprise en oeuvre. Ils avaient une passion commune et avait agi en conséquence, bien que, si elle avait répondu qu’elle avait cela en horreur, elle ne doutait qu’ils seraient malgré tout à cet endroit même. Mais la jeune Hengebach n’allait pas gâcher son plaisir et profiter.
Vous ne perdez pas de temps, Sénateur. Dit-elle avait avec une pointe d’amusement.
Elle saisit le bras de l’homme et s'approchèrent de l'entrée majestueuse du bâtiment. Léonora se sentit confiante et à l'aise dans sa tenue, consciente que sa mise était à la hauteur du lieu et de l'événement bien qu’imprévu. Elle savait que son apparence reflétait sa noblesse, son respect pour l'art et la culture, ainsi que sa gratitude envers Zelevas, tout cela pour l’illusion.
Les murmures qui atteignaient leurs oreilles, porteurs de reconnaissance, ne passèrent pas inaperçus pour Léonora ni Zelevas. Son statut de candidat à la présidentielle suscitait l'intérêt et l'attention de ceux qui les entouraient.
Ils prirent une porte secondaire, moins fréquentée, et entrèrent loin des regards et des chuchotements des autres spectateurs.
Une voix les interrompit, attirant leur attention. C'était le directeur de l'Opéra, une silhouette forte et élégante se tenant à quelques pas derrière eux, le visage arborant un sourire chaleureux. L’ex Shoumeïenne entra dans son rôle et afficha un sourire qui parut des plus naturel en plus d’être charmant en le saluant d’un signe de tête.
Ils furent conduits jusqu’à la loge royale. La loge, luxueusement décorée avec des tissus riches et des ornements dorés, offrait une vue imprenable sur la scène, leur permettant de profiter pleinement du spectacle à venir dans le confort et l'intimité. Le directeur, toujours courtois et attentionné, s'assura que tout était à leur goût, s'occupant personnellement de chaque détail pour garantir leur confort et leur satisfaction pour profiter pleinement de la performance.
Une fois que tout fut parfaitement en place, le directeur s'éclipsa avec un sourire, les laissant seuls dans la loge royale pour profiter de la soirée qui s'annonçait. Léonora esquissa un sourire en entendant le commentaire de Zelevas sur le directeur. Elle savait exactement ce qu'il voulait dire. Le directeur avait certainement une personnalité marquante, une présence qui pouvait sembler un peu envahissante par moments, mais néanmoins, il était difficile de ne pas être charmé par son attention et sa courtoisie.
Oui, c'est le moins qu'on puisse dire, répondit-elle avec un léger sourire, partageant le sentiment de Zelevas. Le sénateur put remarquer le changement subtil dans l'expression de Léonora, la chaleur émanait de son visage. Le jeu pour maintenir une ambiance apparente agréable entre eux.
Alors qu'ils s'installaient côte à côte, Zelevas profita de l'intimité du moment pour partager discrètement quelques informations. Il lui glissa à l'oreille les noms sur les visages de quelques personnes dans la salle, des individus dont la présence était importante pour prochaine soirée et dont il avait besoin pour ses propres desseins. La brune écouta attentivement, absorbant chaque nom et chaque détail avec une attention soutenue. Elle échangea un regard complice, montrant qu'elle avait bien pris note des informations qu'il lui avait données tout en faisant bonne figure pour les quelques regards tournés vers eux.
Après le discours d’ouverture, et à la demande de Zelevas, Léonora se leva, un sourire plaqué sur le visage tourné vers lui et se mit à l’applaudir à son tour, suivie aussitôt par d’autres qui se levèrent et nourrissaient d’avantage les applaudissements. Elle sentit le poids des regards de l'assemblée se poser sur elle et les murmures, analysant chaque détail de son apparition aux côtés de Zelevas. Sa posture, bien que contrainte par la situation, se voulait élégante et assurée, une façade soigneusement cultivée. Son rôle ce soir était celui d'une compagne charmante, un visage agréable à associer à la campagne du sénateur.
Les lumières faiblirent, la premières notes, puissantes et envoûtantes, transportaient les spectateurs dans un monde de mystère et de suspense. Dans l'opéra "L'Aubaine Noire", l'atmosphère est chargée de mystère et d'intrigue dès le début. L'action se déroule dans un sombre et majestueux château. Les décors somptueux évoquent une époque révolue, où les secrets et les passions se mêlent dans les ombres des salles obscures. La musique est à la fois sombre et envoûtante, capturant l'essence même de l'intrigue dramatique et des émotions qui parcourent les personnages. Composée avec finesse et sensibilité, elle guide le spectateur à travers les méandres de l'histoire, amplifiant chaque moment clé avec une intensité poignante.
Au centre de l'intrigue se trouve le protagoniste, un noble tourmenté par les fantômes de son passé et les machinations de ses ennemis. Son visage est marqué par le chagrin et la douleur des tourments intérieurs. Dans ce premier acte, les thèmes de la trahison, de la vengeance et de l'amour interdit se tissent ensemble, créant un tableau captivant et émouvant. Les personnages se croisent dans un ballet complexe d'intrigues et de passions, qui révèle peu à peu les liens qui les unissent et les secrets qui les hantent. Les costumes élaborés ajoutent à la grandeur et à la richesse de l'ensemble, créant un spectacle visuel époustouflant. Chaque mouvement, chaque geste est chargé de significations cachées, contribuant à l'atmosphère envoûtante. Les chœurs, puissamment interprétés par les voix des artistes, ajoutent une dimension supplémentaire à la musique, remplissant la salle de leur sonorité imposante.
Le passage des solistes est tout aussi remarquable, avec des airs émouvants qui expriment les tourments et les aspirations. Les voix, empreintes de passion et d'émotion, transmettent chaque nuance de leurs sentiments les plus profonds, captivant l'audience et l'invitant à plonger encore plus profondément dans l'histoire.
À la fin du premier acte, les tensions sont à leur comble, laissant le public suspendu dans l'attente de ce qui allait suivre. Promesse d’une soirée remplie d'émotions intenses et de rebondissements inattendus.
Alors que les dernières notes résonnaient dans la loge royale, Léonora se retrouvait profondément touchée par l'intensité de la performance. Son visage, éclairé par la douce lumière des lampes suspendues au-dessus de la loge, trahissait une vulnérabilité rarement exposée. Ses yeux, légèrement humides, brillaient d'une lueur d'émotion retenue, tandis que ses mains, posées sur les accoudoirs de velours, elle cherchait à se maintenir ancrée dans la réalité face à la puissance du drame qui se déroulait devant elle.
Pardonnez-moi, lançait-elle en essuyant de son index une larme au coin de l’œil. Je me suis laissée happer par l’histoire.
Le sénateur, profitant de l'amélioration des conditions de voyage, prit à son tour la parole pour dévoiler son propre parcours, en commençant par les origines les plus fondamentales de sa vie. Son Pédigrée… Riche en histoire et en importance au sein de la société. Tout comme elle, mais dans une toute autre mesure, il appartenait à une lignée ancienne et distinguée qui suscite chez elle le respect et un certain intérêt pour Zelevas. Ses pensées oscillaient donc entre admiration et réflexion critique, tout en prenant soin de tout mémoriser car le but était là.
Il était assez surprenant qu’il fasse allusion à la mère de Séraphin, à sa naissance entre les murs du Razkaal. Cela ne l’était sans doute pas dans la tête du vieil homme, mais ses paroles sonnaient comme une confidence, comme s’il savait pour son « neveux » et elle. Il était peu probable que Séraphin ait parlé de leur relation, si l’on pouvait appeler ce rapprochement ainsi.
Il reprit son récit là où il l'avait laissé, sa voix un peu plus basse, presque introspective, comme s'il traversait à nouveau les moments qu'il décrivait. Zelevas, était une énigme enveloppée dans une aura d'expériences diverses et profondes. Elle l'écoutait, fascinée par les divers chapitres de sa vie, chaque segment révélant de nouvelles facettes de son caractère et de ses convictions. Impressionnant personnage, si l’on faisait abstraction du fond, il le fallait.
Léonora pouvait percevoir la dévotion totale de Zelevas envers son travail, une passion qui semblait le définir plus que tout autre aspect de sa vie, une ambition dévorante. Son identité était indissociable de son occupation, chaque souffle, chaque pensée était dédiée à cette mission qu'il s'était fixée. Elle ne pouvait qu’admirer sa détermination et son engagement, mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il avait trouvé un équilibre dans sa vie. Zelevas l’avouait lui-même, il vivait et respirait son travail au point de sacrifier d'autres aspects de son existence. Pouvait-il parfois éprouver un vide, un manque dans les moments de solitude, s’il en avait, où il n'avait que ses pensées pour compagnie ? Qu’est- ce qui pouvait le motiver au plus profond de lui-même, ce qui le poussait à sacrifier tant pour son travail, serait-ce uniquement pour le pouvoir ?
Ainsi, tandis qu'elle absorbait les paroles de Zelevas, la révélation de son romantisme caché, sa période de jeune homme qui papillonnait, contrastaient avec son dévouement total envers son travail. Mais la phrase suivante, "je me suis marié à la nation", Léonora comprit que pour Zelevas, son engagement envers son travail, la République était tellement profond qu'il avait renoncé à d'autres formes de relation.
Il n'était pas nécessaire pour Léonora de verbaliser ses propres pensées alors que Zelevas partageait ses confessions. Pour elle, les paroles étaient superflues, car son vécu et son expérience parlaient d'elles-mêmes, mais elle rebondit malgré tout.
J’ai été élevée dans une région où les traditions étaient profondément enracinées et où les responsabilités familiales prévalaient sur les désirs individuels j’ai toujours été consciente de mon devoir envers ma famille. Les plaisirs fugaces et les relations éphémères n'ont jamais trouvé leur place dans ma vie, mon éducation m’ayant enseigné la valeur de la constance et de l'engagement.
Au lieu de cela, elle avait consacré son énergie à remplir ses obligations envers sa famille, son sacrifice pour assumer les responsabilités qui lui étaient confiées, celui de redorer leur nom et renflouer les caisses. Mais c'était depuis sa rencontre avec Séraphin que son propre parcours avait pris un tournant inattendu. Il avait apporté avec lui des sentiments qu'elle n'avait jamais connus auparavant et avait découvert les plaisirs charnels... Chaque instant passé avec lui était une aventure en soi, une opportunité de découvrir une nouvelle facette de son être et de savourer l'instant présent, de la vie simplement. Dans ses bras, elle avait trouvé un refuge contre les attentes extérieures.
Le regard de Léonora suivit celui de Zelevas à travers la fenêtre de la diligence qui avait ralenti, et ce qu'elle vit la laissa sans voix. Le bâtiment imposant qui se dressait devant eux, avec sa façade richement ornée, était une œuvre d'art en soi, témoignant de la grandeur et de la richesse culturelle de la République.
Zelevas se montra comme un homme d'action, prompt à saisir les opportunités et à agir rapidement pour les concrétiser. Son approche directe et efficace contrastait avec la délicatesse et la subtilité que Léonora avait parfois observées chez lui.
Le fait qu'il l'ait conduite si rapidement à l'Opéra Aveugle, après une simple mention de celui-ci dans leur conversation, témoignait de sa détermination à mettre son entreprise en oeuvre. Ils avaient une passion commune et avait agi en conséquence, bien que, si elle avait répondu qu’elle avait cela en horreur, elle ne doutait qu’ils seraient malgré tout à cet endroit même. Mais la jeune Hengebach n’allait pas gâcher son plaisir et profiter.
Vous ne perdez pas de temps, Sénateur. Dit-elle avait avec une pointe d’amusement.
Elle saisit le bras de l’homme et s'approchèrent de l'entrée majestueuse du bâtiment. Léonora se sentit confiante et à l'aise dans sa tenue, consciente que sa mise était à la hauteur du lieu et de l'événement bien qu’imprévu. Elle savait que son apparence reflétait sa noblesse, son respect pour l'art et la culture, ainsi que sa gratitude envers Zelevas, tout cela pour l’illusion.
Les murmures qui atteignaient leurs oreilles, porteurs de reconnaissance, ne passèrent pas inaperçus pour Léonora ni Zelevas. Son statut de candidat à la présidentielle suscitait l'intérêt et l'attention de ceux qui les entouraient.
Ils prirent une porte secondaire, moins fréquentée, et entrèrent loin des regards et des chuchotements des autres spectateurs.
Une voix les interrompit, attirant leur attention. C'était le directeur de l'Opéra, une silhouette forte et élégante se tenant à quelques pas derrière eux, le visage arborant un sourire chaleureux. L’ex Shoumeïenne entra dans son rôle et afficha un sourire qui parut des plus naturel en plus d’être charmant en le saluant d’un signe de tête.
Ils furent conduits jusqu’à la loge royale. La loge, luxueusement décorée avec des tissus riches et des ornements dorés, offrait une vue imprenable sur la scène, leur permettant de profiter pleinement du spectacle à venir dans le confort et l'intimité. Le directeur, toujours courtois et attentionné, s'assura que tout était à leur goût, s'occupant personnellement de chaque détail pour garantir leur confort et leur satisfaction pour profiter pleinement de la performance.
Une fois que tout fut parfaitement en place, le directeur s'éclipsa avec un sourire, les laissant seuls dans la loge royale pour profiter de la soirée qui s'annonçait. Léonora esquissa un sourire en entendant le commentaire de Zelevas sur le directeur. Elle savait exactement ce qu'il voulait dire. Le directeur avait certainement une personnalité marquante, une présence qui pouvait sembler un peu envahissante par moments, mais néanmoins, il était difficile de ne pas être charmé par son attention et sa courtoisie.
Oui, c'est le moins qu'on puisse dire, répondit-elle avec un léger sourire, partageant le sentiment de Zelevas. Le sénateur put remarquer le changement subtil dans l'expression de Léonora, la chaleur émanait de son visage. Le jeu pour maintenir une ambiance apparente agréable entre eux.
Alors qu'ils s'installaient côte à côte, Zelevas profita de l'intimité du moment pour partager discrètement quelques informations. Il lui glissa à l'oreille les noms sur les visages de quelques personnes dans la salle, des individus dont la présence était importante pour prochaine soirée et dont il avait besoin pour ses propres desseins. La brune écouta attentivement, absorbant chaque nom et chaque détail avec une attention soutenue. Elle échangea un regard complice, montrant qu'elle avait bien pris note des informations qu'il lui avait données tout en faisant bonne figure pour les quelques regards tournés vers eux.
Après le discours d’ouverture, et à la demande de Zelevas, Léonora se leva, un sourire plaqué sur le visage tourné vers lui et se mit à l’applaudir à son tour, suivie aussitôt par d’autres qui se levèrent et nourrissaient d’avantage les applaudissements. Elle sentit le poids des regards de l'assemblée se poser sur elle et les murmures, analysant chaque détail de son apparition aux côtés de Zelevas. Sa posture, bien que contrainte par la situation, se voulait élégante et assurée, une façade soigneusement cultivée. Son rôle ce soir était celui d'une compagne charmante, un visage agréable à associer à la campagne du sénateur.
Les lumières faiblirent, la premières notes, puissantes et envoûtantes, transportaient les spectateurs dans un monde de mystère et de suspense. Dans l'opéra "L'Aubaine Noire", l'atmosphère est chargée de mystère et d'intrigue dès le début. L'action se déroule dans un sombre et majestueux château. Les décors somptueux évoquent une époque révolue, où les secrets et les passions se mêlent dans les ombres des salles obscures. La musique est à la fois sombre et envoûtante, capturant l'essence même de l'intrigue dramatique et des émotions qui parcourent les personnages. Composée avec finesse et sensibilité, elle guide le spectateur à travers les méandres de l'histoire, amplifiant chaque moment clé avec une intensité poignante.
Au centre de l'intrigue se trouve le protagoniste, un noble tourmenté par les fantômes de son passé et les machinations de ses ennemis. Son visage est marqué par le chagrin et la douleur des tourments intérieurs. Dans ce premier acte, les thèmes de la trahison, de la vengeance et de l'amour interdit se tissent ensemble, créant un tableau captivant et émouvant. Les personnages se croisent dans un ballet complexe d'intrigues et de passions, qui révèle peu à peu les liens qui les unissent et les secrets qui les hantent. Les costumes élaborés ajoutent à la grandeur et à la richesse de l'ensemble, créant un spectacle visuel époustouflant. Chaque mouvement, chaque geste est chargé de significations cachées, contribuant à l'atmosphère envoûtante. Les chœurs, puissamment interprétés par les voix des artistes, ajoutent une dimension supplémentaire à la musique, remplissant la salle de leur sonorité imposante.
Le passage des solistes est tout aussi remarquable, avec des airs émouvants qui expriment les tourments et les aspirations. Les voix, empreintes de passion et d'émotion, transmettent chaque nuance de leurs sentiments les plus profonds, captivant l'audience et l'invitant à plonger encore plus profondément dans l'histoire.
À la fin du premier acte, les tensions sont à leur comble, laissant le public suspendu dans l'attente de ce qui allait suivre. Promesse d’une soirée remplie d'émotions intenses et de rebondissements inattendus.
Alors que les dernières notes résonnaient dans la loge royale, Léonora se retrouvait profondément touchée par l'intensité de la performance. Son visage, éclairé par la douce lumière des lampes suspendues au-dessus de la loge, trahissait une vulnérabilité rarement exposée. Ses yeux, légèrement humides, brillaient d'une lueur d'émotion retenue, tandis que ses mains, posées sur les accoudoirs de velours, elle cherchait à se maintenir ancrée dans la réalité face à la puissance du drame qui se déroulait devant elle.
Pardonnez-moi, lançait-elle en essuyant de son index une larme au coin de l’œil. Je me suis laissée happer par l’histoire.
Alors que s’entremêlent les chants et les artifices de la technique cantatrice pour créer une atmosphère tragique à l’hubris étouffante, Zelevas observe l’Aubaine Noire avec une indifférence affichée, son visage n’exprime ni la tristesse du reste de l’audience, ni le suspens qui clouent les plus investis à leurs fauteuils. Un calme placide, une moue résignée, il témoigne des épreuves déchirantes qui assaillent le protagoniste jusqu’au point culminant du premier acte, interrompu abruptement en faisant miroiter un dénouement croustillant aux spectateurs par la tombée du rideau punitif. Pendant que les luminaires se ravivent pour permettre à l’assistance de disposer pendant la durée de l’entracte, le vieillard détourne ses yeux de la scène pour parler à sa compagne, mais une circonspection certaine le prend en voyant l’état larmoyant dans lequel la jeune femme s’était plongée. Il hausse un sourcil avec un regard à moitié étonné, avant de penser à lui-même que les meilleurs acteurs ne sont pas uniquement sur scène ce soir, si la jeune femme est capable d’autant manipuler sa propre expressivité, nul doute qu’elle saura bluffer les convives à la réception d’Ironsoul. Il s’apprête à féliciter le jeu de Madame de Hengebach quand celle ci prend d’abord la parole, et Zelevas légèrement surpris accorde un regard soutenu à sa compagne, se tournant même dans son fauteuil pour essayer de déchiffrer son visage. Un instant, son oeil critique explore les traits embués de la noble dame à la recherche du moindre indice, du moindre frémissement de son visage un peu suspect qui lui indiquerai qu’elle ne fait que jouer la comédie, mais elle semble sincèrement touchée. Le Sénateur est momentanément perplexe, l’Aubaine Noire est une pièce réputée pour être poignante mais il n’a pas encore esquissé un début de larme ni ne s’est senti touché par la représentation, il reconnaît la technicité des interprètes, l’harmonie des chants et des costumes, mais le sentiment n’est juste pas là.
Alors pourquoi?
Ses yeux bleus aciers sont rivés sur Madame de Hengebachn mais l’esprit de Zelevas n’est tout simplement pas là, il ne la voit pas, il regarde bien au delà dans des visions embrumées de son passé qui refont surface, remuant une vase de souvenirs tous plus affligeants les uns que les autres. Des moments à témoigner de la misère du monde dans sa forme la plus pure, celle qui pousse les gens à la plus basse criminalité, celle qui arrache les coeurs jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un mur froid. Jusqu’à ce qu’il devienne aussi antipathique que ceux qu’il traquait sans relâche. Ses sourcils légèrement froncés, il prend finalement la parole alors que les spectateurs finissent de sortir du parterre pour aller à l’extérieur et au buffet, et dans le calme relatif de la salle désengorgée, il pose une question bien singulière à la jeune femme:
”Est-ce que vous vous souvenez…” Ses iris remontent subitement du point vague qu’il fixait quelque part sur son visage pour venir s’ancrer dans les yeux de Léonora. ”... de la deuxième personne que vous avez tué?” Il porte machinalement une main à son visage, sans doute que l’opéra a bel et bien un effet sur lui en fin de compte pour qu’il se sente si sentimentaliste en cet instant, et cherchant la commissure de ses lèvres du bout de ses deux doigts il passe la surface du doux coton blanc sur sa bouche, effleurant les crevasses de sa pulpe lentement comme pour marquer sa réflexion. ”Parce que… la première on s’en souvient toujours, c’est un souvenir qui ne vous quitte pas. Jamais. Mais la deuxième, c’est une valeur étalon à la pesée de notre âme, ceux qui ont l’infortune de ne plus s’en rappeler, ce sont ceux pour qui ce deuxième meurtre est devenu anecdotique, perdu dans les méandres d’une foule de morts de leurs propres mains. Égarés. Je me pose la question parce que… vous aviez parlé de la GAR n’est-ce pas? Êtes-vous seulement sure que c’est là bas votre place?”
Elle est encore jeune, elle paraît si fraîche, avec ses joues au teint de pêche d’été et ses yeux à la couleur verdoyante comme une eau curative printanière, Zelevas la voit et l’espace d’un instant il se demande si elle n’est pas perdue, loin de sa patrie en ruine, loin de ce qui peut bien rester de sa famille, de son ancienne vie, ces larmes si précieuses qui naissent au creux de ses yeux pour perler dans le lit de ses cils sont les témoins d’une forme d’innocence encore préservées, comment peut-il en être autrement?
”C’est un chemin des plus sombres qu’est celui de la guerre, il marque, il emporte avec lui nos biens les plus précieux et tue les idées les plus rêveuses pour les remplacer par le pragmatisme cru de la réalité. Je me demande ce qu’une jeune femme comme vous cherche à y trouver.”
Ses yeux se portent sur la scène en contrebas, celle dissimulée par le rideau rouge. Il se rend soudainement compte du décalage de sa remarque et de ses questionnements, et il cligne des yeux avec insistance en balayant figurativement l’aparthée d’un mouvement de la main.
”C’est à votre tour de me pardonner, je divulgue.”
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
Zelevas l'observait, ses yeux perçants la scrutaient. Elle, assise dans son fauteuil sans avoir bougé, essuya la dernière larme qui traînait sur sa joue. Le silence emplissait de plus en plus la salle que la plupart des spectateurs quittaient pour l’entracte, seulement interrompu par la question du vieillard.
Se souvenait-elle de son second contrat ?
Léonora aurait pu tressaillir à cette question, son esprit dérivant dans ses souvenirs qu’elle avait si facilement enfoui. Ses mains se joignirent sur le tissu soyeux qui recouvrait ses jambes alors qu’elle se rappelait cette nuit fatidique. Le goût refit surface, la replongeant dans l’obscurité de son passé. Elle soutint son regard vert dans le bleu du sénateur. Les images s’imposèrent. Un cri étouffé, des yeux suppliants, et le froid implacable de l’acier sur le cou de sa victime.
Je me souviens de toutes. Murmura-t-elle finalement, sa voix aussi douce que si elle lui offrait ses premiers mots doux aux yeux de ceux qui pouvaient les observer. Comment pourrais-je oublier ?
Les images revenaient avec clarté. Comment pourrait-elle oublier le regard de sa victime, ces yeux pleins de terreur qui la fixaient à travers le miroir ? La peur sur son visage, son corps frêle qui tremblait de manière incontrôlable. Chaque détail de cette scène était gravé dans sa mémoire. Les yeux de la victime s'étaient emplis de larmes alors qu'elle la suppliait, sa voix cassée par l'angoisse. « Je vous en prie, laissez-moi vivre. Je peux tripler votre contrat, je vous donnerai tout ce que vous voulez. » Comment expliquer à quelqu’un, que l’argent n’était pas ce qui la motivait ? Mais la beauté, la perfection du geste...
Léonora se souvenait du désespoir palpable dans ces paroles, de la détresse qui perçait dans chaque mot. Elle aurait pu voir le reflet de sa propre humanité dans cette imploration, mais cela n’avait pas suffi à la détourner de sa mission. La culpabilité, jamais ne la rongeait.
Cette question la fit réfléchir. Elle revivait cette scène, tout en se demandant ce qui l’avait poussée à ignorer ce cri de vie.
Serai-je devenue une machine à tuer, insensible et implacable, emprisonnée dans un cycle de violence dont je ne pourrai jamais m’échapper ? Je ne crois pas. Et la GAR, ses mains se resserrant autour des accoudoirs du fauteuil avant de glisser une main sur celui de Zelevas. L’on pourrait croire qu’elle cherchait le contact pour ceux qui se faisaient une idée précise de ce qui se passait entre ces deux là. Mais il n’en était rien. Le jeu, encore et toujours.
Je ne cherche pas la gloire, ni la richesse. La guerre m'a pris bien moins que ce qu'elle m'a donnée. Elle m'a offert la liberté. Ce que je cherche... ce n'est certainement pas la rédemption. Son regard se fit plus intense, fixé sur Zelevas. Je suis devenue ce que je devais pour survivre à ce dont on m’avait imposée. Je ne peux pas effacer le passé, mais je peux essayer de construire un futur où ces sacrifices auront un sens. Elle baissa la tête, une lueur de défi dans les yeux. Ce que je cherche, peut être quelque chose de plus grand, de plus noble. Pour que les vies que j'ai prises ne soient pas simplement des ombres. La jeune femme redressa la tête, son regard s’assombrissait tandis qu’elle envisageait les alternatives. Que pourrais-je faire d'autre ? Murmura-t-elle, presque pour elle-même. Me marier, tenir une demeure et avoir des enfants ? Cela ne m’attire absolument pas. Elle laissa échapper un rire amer, secouant légèrement la tête. La banalité de la vie quotidienne, l'illusion d'une existence paisible... c’est quelque chose que je ne pourrai jamais embrasser. Ses yeux se perdirent un instant dans le vide, comme si elle voyait un futur qu’elle savait impossible. Les tâches domestiques, les petites joies simples... ce ne sont que des mirages pour moi. Je suis marquée par la vie militaire depuis l’enfance, la guerre, façonnée par elles.
Léonora fixa Zelevas, ses pensées tourbillonnaient. Elle savait qu'elle ne pouvait pas tout révéler. Il y avait une part de son âme, sombre elle aussi et secrète, qu'elle préférait garder pour elle-même. Elle n'avouerait jamais qu'elle immortalisait ses victimes en des peintures sombres et abstraites. Chacune avait sa toile, un exutoire artistique. Ces toiles, cachées dans sa demeure, étaient son seul moyen de se confronter à elle même sans perdre pied. Elle prit une profonde inspiration, se reprenant. La culpabilité, je ne la ressens pas. Les vies que j'ai prises ne sont que des ombres dans la nuit. Rien de plus.
Elle sourit finalement à ce vieillard qui s’excusait à son tour. La brune sentit le poids de la conversation s'alourdir, et une pensée lui traversa l'esprit. Elle se redressa légèrement et fixa Zelevas avec une lueur nouvelle.
Zelevas, commença-t-elle doucement, peut-être pourrions-nous profiter de l'entracte ?
Elle laissa la suggestion planer un moment, cherchant à alléger l'atmosphère oppressante. Il est des moments où il est bon de reprendre son souffle, de trouver un peu de répit avant de replonger dans l'obscurité. Elle se leva, faisant quelques pas vers le bord du balcon, regardant la salle de spectacle quasi vide. Qu'en pensez-vous ? Elle tourna son regard vers Zelevas, espérant voir une lueur d'acceptation dans ses yeux.
Se souvenait-elle de son second contrat ?
Léonora aurait pu tressaillir à cette question, son esprit dérivant dans ses souvenirs qu’elle avait si facilement enfoui. Ses mains se joignirent sur le tissu soyeux qui recouvrait ses jambes alors qu’elle se rappelait cette nuit fatidique. Le goût refit surface, la replongeant dans l’obscurité de son passé. Elle soutint son regard vert dans le bleu du sénateur. Les images s’imposèrent. Un cri étouffé, des yeux suppliants, et le froid implacable de l’acier sur le cou de sa victime.
Je me souviens de toutes. Murmura-t-elle finalement, sa voix aussi douce que si elle lui offrait ses premiers mots doux aux yeux de ceux qui pouvaient les observer. Comment pourrais-je oublier ?
Les images revenaient avec clarté. Comment pourrait-elle oublier le regard de sa victime, ces yeux pleins de terreur qui la fixaient à travers le miroir ? La peur sur son visage, son corps frêle qui tremblait de manière incontrôlable. Chaque détail de cette scène était gravé dans sa mémoire. Les yeux de la victime s'étaient emplis de larmes alors qu'elle la suppliait, sa voix cassée par l'angoisse. « Je vous en prie, laissez-moi vivre. Je peux tripler votre contrat, je vous donnerai tout ce que vous voulez. » Comment expliquer à quelqu’un, que l’argent n’était pas ce qui la motivait ? Mais la beauté, la perfection du geste...
Léonora se souvenait du désespoir palpable dans ces paroles, de la détresse qui perçait dans chaque mot. Elle aurait pu voir le reflet de sa propre humanité dans cette imploration, mais cela n’avait pas suffi à la détourner de sa mission. La culpabilité, jamais ne la rongeait.
Cette question la fit réfléchir. Elle revivait cette scène, tout en se demandant ce qui l’avait poussée à ignorer ce cri de vie.
Serai-je devenue une machine à tuer, insensible et implacable, emprisonnée dans un cycle de violence dont je ne pourrai jamais m’échapper ? Je ne crois pas. Et la GAR, ses mains se resserrant autour des accoudoirs du fauteuil avant de glisser une main sur celui de Zelevas. L’on pourrait croire qu’elle cherchait le contact pour ceux qui se faisaient une idée précise de ce qui se passait entre ces deux là. Mais il n’en était rien. Le jeu, encore et toujours.
Je ne cherche pas la gloire, ni la richesse. La guerre m'a pris bien moins que ce qu'elle m'a donnée. Elle m'a offert la liberté. Ce que je cherche... ce n'est certainement pas la rédemption. Son regard se fit plus intense, fixé sur Zelevas. Je suis devenue ce que je devais pour survivre à ce dont on m’avait imposée. Je ne peux pas effacer le passé, mais je peux essayer de construire un futur où ces sacrifices auront un sens. Elle baissa la tête, une lueur de défi dans les yeux. Ce que je cherche, peut être quelque chose de plus grand, de plus noble. Pour que les vies que j'ai prises ne soient pas simplement des ombres. La jeune femme redressa la tête, son regard s’assombrissait tandis qu’elle envisageait les alternatives. Que pourrais-je faire d'autre ? Murmura-t-elle, presque pour elle-même. Me marier, tenir une demeure et avoir des enfants ? Cela ne m’attire absolument pas. Elle laissa échapper un rire amer, secouant légèrement la tête. La banalité de la vie quotidienne, l'illusion d'une existence paisible... c’est quelque chose que je ne pourrai jamais embrasser. Ses yeux se perdirent un instant dans le vide, comme si elle voyait un futur qu’elle savait impossible. Les tâches domestiques, les petites joies simples... ce ne sont que des mirages pour moi. Je suis marquée par la vie militaire depuis l’enfance, la guerre, façonnée par elles.
Léonora fixa Zelevas, ses pensées tourbillonnaient. Elle savait qu'elle ne pouvait pas tout révéler. Il y avait une part de son âme, sombre elle aussi et secrète, qu'elle préférait garder pour elle-même. Elle n'avouerait jamais qu'elle immortalisait ses victimes en des peintures sombres et abstraites. Chacune avait sa toile, un exutoire artistique. Ces toiles, cachées dans sa demeure, étaient son seul moyen de se confronter à elle même sans perdre pied. Elle prit une profonde inspiration, se reprenant. La culpabilité, je ne la ressens pas. Les vies que j'ai prises ne sont que des ombres dans la nuit. Rien de plus.
Elle sourit finalement à ce vieillard qui s’excusait à son tour. La brune sentit le poids de la conversation s'alourdir, et une pensée lui traversa l'esprit. Elle se redressa légèrement et fixa Zelevas avec une lueur nouvelle.
Zelevas, commença-t-elle doucement, peut-être pourrions-nous profiter de l'entracte ?
Elle laissa la suggestion planer un moment, cherchant à alléger l'atmosphère oppressante. Il est des moments où il est bon de reprendre son souffle, de trouver un peu de répit avant de replonger dans l'obscurité. Elle se leva, faisant quelques pas vers le bord du balcon, regardant la salle de spectacle quasi vide. Qu'en pensez-vous ? Elle tourna son regard vers Zelevas, espérant voir une lueur d'acceptation dans ses yeux.
Il ne s’attendait pas à ça.
Il était à mille lieues de s’attendre à ça.
Et maintenant qu’il l’a entendu, il n’en revient toujours pas. Zelevas est rivé dans son siège avec un regard absent qui fait semblant de regarder la salle de l’Opéra se vider, mais la réalité est toute autre, perdu dans ses pensées qui fusent à toute vitesse il réfléchit aux paroles aggravantes qu’il vient d’entendre. Qu’est-ce que quoi? Mais qui est cette femme? Qu’est-ce que Séraphin fabrique avec elle… Non en fait à mieux y réfléchir ils se sont plutôt bien trouvé n’est-ce pas? L’ouverture soudaine du coeur de Hengebach fait l’effet d’une boîte de Pandore au vieux Sénateur qui l’espace d’un instant, se revoit dans ses années de servant de la Forteresse Maudite lorsqu’il osait regarder un peu trop hardiment dans les abysses des résidents les plus détraqués. Il y avait alors toujours trouvé une noirceur à la fois folle, facinante et incontrôlée qui faisait peur à écouter, mais rarement, très rarement il avait témoigné de la même chose que ce que Hengebach venait de lui confier.
Pas de culpabilité, pas de rédemption, une recherche illusoire d’un futur inexistant dans les ombres dévastatrices de la violence, la croyance bien évidemment trop naïve que la guerre a plus apporté qu’elle n’a morcelé, la fuite d’une vie normale… Zelevas se sent troublés par ces mots qui auraient pu être prononcés par…
”Je… je comprend oui.”
Donner un sens aux sacrifiés sur l’autel d’une cause irrationnelle. Le coeur de Zelevas se soulève de rage dans sa poitrine en entendant le discours exact dont son cerveau le berce depuis des années pour justifier toutes les horreurs qu’il enchaîne inlassablement les unes après les autres. Sa bouche s’ouvre pour répondre quelque chose de plus fourni mais il se retrouve absolument incapable de broder plus loin, et ses lèvres finissent par se refermer par dépit. Elle est trop jeune, trop jeune pour déjà avoir ce genre de mentalité, mais si comme elle lui a déjà raconté elle a vécu depuis toute petite dans un cadre militaire et dans la culture belliqueuse, y a-t’il au final quoi que ce soit d’étonnant à ce qu’elle ressemble aux vétérans les plus chevronnés de la GAR ou à un homme de soixante sept ans qui a déjà autant vu et vécu? Le regard de Zelevas se fait un peu fuyant alors qu’il sent sa poitrine soudainement se resserrer, il passe un doigt nerveux dans son col pour l’espacer un petit peu et mieux respirer, mais la sueur froide qui dévale le long de ses lombaires ne lui laisse pas de doute sur la crise d’angoisse qui le prend soudainement. Le fond de la salle d’opéra se constelle d’une myriade d’étoiles élusives au regard du vieil homme et il déglutit difficilement en acceptant maladroitement la proposition de sa compagne de la soirée.
”Euhm… oui bien sûr, tout à fait.” Il se décolle miraculeusement de sa chaise avant de se diriger vers la porte de la loge mais au dernier moment il se retourne vers Léonora. Son choc passager lui en a fait oublié le rôle qu’il endosse ce soir et il présente son bras à la jeune femme. ”Il y a un petit boudoir en face dans lequel nous serons confortables, vous allez voir c’est une décoration très… cocon.”
Le vieil homme troublé actionne la clanche de la porte et conduit Léonora à l’extérieur de la Loge, regardant les quelques autres invités privilégiés qui circulent eux aussi dans les couloirs de l’Opéra Aveugle. Il pousse ensuite le battant du boudoir et mène la jeune femme à l’intérieur de l’intime salon où la lumière des bougies projette une ambiance tamisée sur le velour rouge et voluptueux qui matelasse les murs. Zelevas se retourne alors vers la jeune femme à la beauté insaisissable, son esprit qui se veut déjà aguéri contraste avec une violence si passionnée contre la beauté éphémère de sa peau. Debout devant la noble rose après avoir refermé la porte du boudoir où ils se retrouvent seuls, l’homme mûr susurre à peine d’un souffle court:
”Léonora…”
- Spoiler -18:
Zelevas passe une main dans ses cheveux pour se recoiffer et aide Léonora à se relever, la débauche folle de ce qu’il vient de se passer l’aurait quelque peu laissé sans voix si ce n’était pour son expérience de vie, et il respire encore laborieusement en cherchant son souffle.
”C’était… intense.” Il regarde la jeune femme dont les joues sont encore roses d’émotion et son regard se pose sur ses épaules dénudées. ”Attendez, ne bougez pas.”
Il replace la bretelle démise de sa robe et s’assure que tout soit à sa place avant qu’ils ne ressortent ensemble du boudoir. Décontenancé par ce qui vient de se passer, Zelevas n’est pas tout à fait sûr de vouloir rester pour profiter de la dernière partie de l’Aubaine Noire, à la place il escorte la jeune femme dans les couloirs réservés aux invités de marque:
”Je pense qu’il serait bon de rentrer tout compte fait. Il se fait tard et j’ai sans doute surestimé mon corps, mon endurance n’accuse pas aussi bien le poids des années que mon esprit. Me feriez-vous peut-être le plaisir de me raccompagner chez moi? Je vous ferai reconduire chez vous avec ma voiture, à moins que je puisse ne vous proposer une chambre au Manoir si la faveur de la nuit vous dissuade de rentrer?”
Sortant par la même entrée grâce à laquelle ils avaient accédé à l’Opéra Aveugle, Zelevas et Léonora avancent bras dessus bras dessous sur le parvis du bâtiment, une pluie intense a profité de la tombée de la nuit pour battre le pavé, et ils commencent à descendre les marches des grands escaliers quand le pieds du Sénateur se dérobe subitement en dessous de lui.
”Ouh!”
Si ce n’était pas pour la réaction salvatrice de Léonora, il aurait sans doute fait une chute incertaine en sachant qu’ils se tiennent en haut des escaliers du parvis, l’averse a rendu les marches traîtreusement glissantes et il a bien failli les dévaler les quatre fers en l’air.
”Merci bien Léonora, je v-”
”Zelevas d’Élusie Fraternitas.”
Le susnommé toujours agrippé aux mains bienfaitrices de Madame de Hengebach relève la tête en entendant cette voix familière couvrir le bruit de la pluie pour l’interpeller. Il écarquille les yeux en reconnaissant la figure moqueuse de Sullivan Chevalier qui se tient quelques marches plus haut sous un parapluie et regarde le duo de nobles en contrebas.
”Mo-Monsieur Chevalier? Je ne m’attendais pas à vous voir ici, quelle agréable surprise.” fait le vieillard.
”Eh oui.” L’homme d’ordinaire insaisissable esquisse un sourire joueur en se délectant de la surprise du candidat aux présidentielles. ”Personne ne s’attend d’ailleurs à me voir où que ce soit, c’est bien ce qui me protège le plus lorsque je décide rarement de sortir de chez moi.”
”Pardonnez moi si je me montre un peu trop intrusif, mais c’est pour une représentation de l’Aubaine Noire que vous prenez autant de risque?”
”Moui, plus ou moins. C’est une pièce que j’affectionne mais c’est surtout pour les acteurs qui s’y sont donnés sur scène ce soir, mon fils fait ses débuts dans le théâtre et il tenait un troisième rôle ce soir, je ne pouvais pas rater sa première.”
Zelevas est toujours aussi ébahi par la présence de Sullivan à la représentation, mais pas autant par ce qui suit lorsque celui-ci descend les marches pour les rejoindre.
”Quant à moi je ne m’attendais pas à vous voir en compag-”
”Attention les marches so-”
Et sous les yeux horrifiés de Zelevas, Sullivan Chevalier dérape à son tour sur les marches décidément vraiment traîtres du parvis mouillé, il tombe en avant, poussant un hoquet de stupeur en tentant vainement d’amortir sa chute avec ses bras. Léonora, tenue fermement par Zelevas, est elle aussi impuissante tandis que pour la deuxième fois de sa vie elle regarde un homme important dévaler des escaliers meurtriers, et au fur et à mesure de sa chute le corps de Sullivan se fait de plus en plus désarticulé jusqu’à ce qu’il s’immobilise au bas des marches dans une position improbable. Le Sénateur et l’assassine regardent tout les deux le corps de Chevalier dont le cou incliné en angle droit est explicite sur la condition de son propriétaire, et aucun d’entre eux n’est capable de prononcer de mot pendant quelques instants. C’est Zelevas qui finit par briser le silence après un long moment, et après un instant d’hésitation, il dit:
”De toute façon je n’avais pas besoin de ces votes.”
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