- Huldrom ? Où est le soldat Huldrom ? -

Le Nain, en plein petit-déjeuner, se retourna vers l’officier qui beuglait dans le réfectoire. Les autres soldats s’étaient écartés de son passage, tout en effectuant le salut militaire. Huldrom se leva à son tour, effectua le salut, et s’identifia :

- C’est moi, officer -

- Viens avec moi -

Interloqué, le soldat laissa son repas sur la table et emboita le pas de l’officier reikois, sous les regards surpris, et parfois amusés, des autres soldats. Tous avaient entendu parler de la magistrale baston de bar pendant laquelle le Nain s’était mesuré à une garde royale, ainsi que la sanction exemplaire dont l’ex-janissaire avait écopé, suite à la plainte déposée par le tenancier. Dès qu’il aurait quitté la caserne, ses collègues se mettraient sûrement à parier sur la raison de cette convocation. La majorité parierait sûrement sur une nouvelle sanction, voire une affection peu avantageuse pour discipliner le Nain.

Une fois sorti du réfectoire, l’officier se retourna vers Huldrom :

- Nouvelle affection, soldat ! va t’équiper et suis-moi ! -

- ‘Scusez moi, officier ! On doit r’cevoir notre nouvelle mission c’matin par le chef de section -

- Mes ordres viennent d’en haut, soldat ! Y’a eu une tentative d’assassinat sur l’empereur, et l’un d’ces butors s’est échappé. T’as été désigné pour faire partie de l’équipe d’enquête -

Huldrom en avait évidemment entendu parler. Des assassins avaient tenté de mettre fin aux jours du souverain du Reike, et l’avait amèrement regretté.

- Et qu’est-c’que j’ai à voir là-d’dans, moi ? C’est pas les gardes royaux qui devraient s’en charger ? -

- L’assassin en question est un Nain, soldat. Maintenant, si t’as fini avec tes questions, bouge-toi ! On va rejoindre les autres enquêteurs -


Le trio se trouvait devant la garnison. A bien les regarder, ils formaient une équipe assez étonnante : un garde royal à la carrure monstrueuse, un soldat Nain, et un contrôleur royal. On aurait dit le début d’une mauvaise blague.

Huldrom les connaissait un minimum, mais n’avait pas de lien particulier avec eux. Il avait rencontré l’énorme individu vert pendant la guerre, sur l’un des nombreux fronts auquel il avait participé. Un monstre de puissance, avec les manières d’un dandy ne collant pas du tout avec son physique. Quant au contrôleur royal, le Nain l’avait rencontré à la suite d’une convocation pour un retard de paiement dans ses taxes. Évidemment, parmi tous les contrôleurs royaux servant le Reike, il avait fallu que ce Tagar Reyes soit mandaté pour cette mission. Foutu gratte papier !

Huldrom avait déjà cerné la raison de son affection. L’assassin en fuite étant un Nain, il pourrait sûrement apporter des connaissances et des éléments inconnus de ses compagnons. A moins que quelqu’un se soit juste dit « Rien de mieux qu’un Nain pour traquer un autre Nain », ce qui n’est pas complètement faux.


Alors que Brak’Trarg posait ses questions d’une voix ferme au soldat témoin de la fuite de l’assassin, Huldrom prit à son tour la parole :

- Z’avez pas vu des signes distinctifs ? Une marque de clan ? des ornements sur la barbe ? des traces sur le corps ? -

Ces informations pourraient potentiellement les mettre sur une piste. De la même manière qu’on pouvait voir que Rikus était un soldat de carrière, les enquêteurs pourraient faire des suppositions en fonction de ses observations. Il y avait de grandes chances pour que l’assassin ai une identité « officielle », pour se fondre dans la masse. La plupart du temps, les Nains servaient le Reike en tant que forgerons, artisans, orfèvres, guerriers, ou encore mineurs. En procédant par élimination, le trio pourrait au moins établir le profil du criminel, et concentrer leurs recherches en conséquence.

CENDRES