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  • Sam 20 Avr - 11:59

    Plus souvent qu’on le voudrait, on s’retrouve à patrouiller en pleine nature, là où y’a ni pavés, ni débits de boisson.

    Du coup, à la place, c’est les cailloux, les rochers branlants, des arbres pleins de racines et de branches dans tous les sens. En même temps, faut bien assurer l’ordre sur tout le territoire, y compris hors des villes et des villages de notre belle nation. Parfois, y’a un hameau ou une grande ferme qui vient rompre la monotonie ou, si on est vraiment chanceux, un relais. Là, on peut trouver une auberge de fortune qui sert de la pisse au vague goût de bière, et trouver un ragoût largement meilleur que ce qui est servi dans les bouges des bas-fonds de Courage.

    D’une, parce qu’il y a de la viande dedans. Et de deux, parce qu’on peut l’identifier, que ce soit au goût ou à sa forme.

    J’arrive au haut de la montée, et j’contemple un de ces petits coins charmants : trois maisons plus ou moins en cercle autour d’une petite place, une route constituée autant de graviers que de terre battue, et une bonne femme en train de faire sa lessive. Les autres doivent être dans les champs ou en train de relever des pièges dans les bois, pour ce que j’en sais. J’ai qu’une idée assez vague de comment ils survivent, aussi haut dans les montagnes à l’ouest de Courage. On y passe deux fois par mois, on discute dix minutes pour s’assurer que y’a rien de trop moche, et on repart.

    J’donne un coup de talon au canasson qui se remet en marche avec aussi peu de motivation que moi, en direction de l’habitante. J’suis venu tout seul, ce coup-ci : vu la taille de la montagne, une dizaine d’officiers pour faire une escouade complète aurait pas changé grand-chose, et ils étaient de toute façon déjà mobilisés sur une autre histoire. Ça m’apprendra à bousculer le commissaire par accident au coin d’un couloir. Il m’a bien fait sentir que, intentionnel ou pas, il avait assez peu goûté le fait de se retrouver sur le cul devant tout le monde.

    Reste que j’ai une vraie mission à part faire le tour des popottes : une certaine Ryma Karul est recherchée pour une série de meurtres, et ça serait bien de lui mettre la main dessus. Tous les gens à qui j’ai pu parler insistent qu’elle vient d’ici et on l’aurait vu partir dans cette direction. Le senseur magique remonte rien, mais c’est pas surprenant, pasqu’elle maîtrise le brouilleur, ce qui fait rudement chier.

    « Holà, que j’salue.
    - Holà. Qu’est-ce qui vous amenions ici ? »

    J’comprends un mot sur deux, tellement son patois est accentué, mais j’m’accroche.

    « Office Républicain, que j’dis en montrant mon insigne. Vous connaissez une certaine Ryma Karul ? »

    Elle hausse les épaules, crache à côté du bac à lessive.

    « C’est la petiote du vieux Mickaël. Elle estions partie en ville que le chêne là-bas dépassait à peine le toit de la maison des Sansons. »

    J’plisse les yeux. J’ai pas l’impression qu’il dépasse beaucoup plus maintenant, mais j’le vois pas tous les jours, et de toute façon, j’sais déjà qu’elle est arrivée à Courage y’a sept ans. Par contre, j’suis plus intéressé par son géniteur, qui est visiblement encore en vie et toujours là. Si elle se sait dans la merde, elle a de bonnes raisons de venir le voir pour lui demander un coup de main, ou de la cacher. En plus, le Reike et Melorn sont loin, mais pour peu qu’on ait l’habitude de voyager, y’a rien d’insurmontable, tant qu’on s’approche pas trop des ruines maudites. Un peu de marche, et on se retrouve dans la jungle chaude et humide.

    « Et il est là, le vieux Mickaël ?
    - Ah ben il est bien là le soir, aye.
    - Et... Maintenant ? »

    Elle fait un geste vague en direction de la montagne. Bon, d’accord. J’lève les yeux vers le ciel, et le soleil est déjà bas sur l’horizon. Ça se couche tôt, en plus, par ici. En vrai, ça se fait d’attendre. Un nouveau coup de talon et le cheval avance jusqu’à un arbre en bordure, et j’démonte pour l’attacher, retirer la selle, m’occuper vite fait de lui. J’en profite pour grignoter une pomme avant de lui filer le trognon, et j’fais passer le tout avec une rasade d’eau de ma gourde. J’suis à peine en train de finir que j’vois l’arrivée d’une nouvelle arrivée dans le village, en provenance de Courage.

    La forme est pas bien grande, même sur sa carne à elle, mais les cheveux blonds qui sortent de son capuchon me rappellent diablement quelqu’un, une impression rapidement confirmée quand elle démonte, et se dégage la tête. Même à cette distance, j’reconnais Sixte, et j’me rappelle d’une longue enquête, et d’une conclusion aigre-douce. J’me demande bien ce qu’elle fiche là, puis j’me rappelle que la famille d’une des victimes a publié un avis de traque et de recherche pour Ryma Karul. La prime est alléchante, au point que j’ai presqu’envie d’aller la récupérer moi-même plutôt que de refiler la coupable présumée au juge.

    « Hé, Sixte, ça va ? »

    Hm, malaise, un peu.

    « Qu’est-ce qui t’amène de beau par ici ? »

    J’pense que le mieux, c’est encore de pas en parler tant que le sujet arrive pas sur le tapis.
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    Sixte V. Amala
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  • Mar 23 Avr - 22:11
    Les nuits étaient froides en République mais ce n’était rien comparé à celles des montagnes. La saison était propice au vent et à l'humidité quand ce n’était pas à la neige. La terre se couvrait d’une fine couche de glace au petit matin qui rendait le sol aussi glissant qu’une patinoire. Seul le soleil de midi arrivait à le dégeler pour en faire une bouillasse vaseuse et malodorante. Les bottes de Sixte, qui en étaient recouvertes au moins jusqu’aux malléoles, avaient aussi coulées sur ses étriers et les flancs de son cheval. Après avoir pesté une bonne douzaine de fois, elle s’était résolu à ne pas les nettoyer. Ses affaires finiraient tôt ou tard par se salir de toute façon et elle n’avait pas prévu de revenir en ville avant plusieurs jours. C’est pourquoi le barda qui pesait en travers de sa poitrine mais aussi sur la croupe en forme de pomme de Seedra était si épais. Elle y avait entassé toutes les affaires qui n’avaient pas assez de valeur pour être cachées ou qui pouvaient lui être utiles puis elle avait quitté la Courage avec toute la discrétion qui lui était propre. Laissant derrière elle quelques belles ardoises dont, elle en était certaine, elle devrait s'acquitter à son retour et pour cause : elle n’avait plus grand chose en poche.

    Des dagues, une épée longue qui n’avait probablement jamais vu l’extérieur de son fourreau, un arc et plusieurs lots de flèches qu’elle continuait de tailler à l’aide d’un petit couteau lorsque le terrain était assez stable pour qu’elle laisse son coursier se débrouiller tout seul sur ses pattes. Elle avait aussi emporté des vêtements, un peu de nourriture et de quoi rendre l’endroit où elle s'établirait plus confortable qu’un sol dur ou un lit sommaire. L’elfe avait suffisamment foulé les montagnes et ses petits villages pour savoir qu’elle avait toutes les chances du monde de dormir dans un endroit aussi glacial que venteux. Deux choses qu’elle n’appréciait pas particulièrement. S’étirant comme un chat sur sa selle, Seedra manqua de la désarçonner lorsqu’il s’ébroua à l’unisson. Elle lui lança un regard mauvais avant de bailler bruyamment.

    Sixte s’était levée tard aujourd’hui après avoir passé la nuit à arpenter les rues de Courage. Elle n’était pas debout depuis longtemps et à choisir, elle serait encore perdue dans l'enchevêtrement de couverture de plumes dans lesquelles elle s’était lovée la majeure partie de la journée précédente. Mais cela faisait plusieurs semaines maintenant que son butin le plus juteux de l’année lui avait été dérobé et avec lui les pièces sonnantes et trébuchantes dont elle n’avait pas vu la couleur. En y repensant, elle contracta la mâchoire. Sa lame s'enfonça si profondément dans le bois de sa flèche qu’elle en brisa malencontreusement l’encoche. Tout en pestant, elle jeta le morceau abîmé qui rebondit sur un rocher avant de terminer sa course dans le ravin qu’ils longeaient. Sixte rangea sa lame et reprit les rênes juste à temps pour remarquer que le chemin tortueux devenait plus large ; ils étaient sur le point d’arriver.

    Le soleil était encore haut lorsque Sixte passa l’arche délimitant l’entrée du village mais déjà le ciel se zébrait d’un camaïeu pourpre, le soir ne tarderait pas à venir. Alors elle guida son cheval jusqu’à l’attache puis se laissa glisser de sa selle jusqu’à ce que ses pieds atteignent le sol dans un “splotch” humide. Ses doigts dé-sanglèrent la selle d’un geste habitué, en retour Seedra lui asséna un coup de dent qu’elle évita de justesse. Ses lèvres se soulevèrent légèrement alors qu’elle rabattait la capuche de sa cape et elle lança à l’animal : - Bien tenté. Mais son sourire retomba aussi vite qu’il était monté et un frisson lui picota la nuque lorsqu’elle entendit son surnom dans sa bouche.

    “Cette voix…” Pensa-t-elle alors que ses narines se dilataient et qu’elle prenait une longue inspiration pour s'assurer de son identité. Un bref instant, elle hésita à remonter sur son cheval, déchirer l’avis de traque et rentrer à Courage. Peut-être même jusqu’à Justice. Là-bas, au moins, il n’y aurait pas Pancrace Dosian. Son visage resta de marbre lorsqu’elle pivota sur ses pieds pour lui faire face.

    D’abord, elle s’imagina en train de lui coller une gifle, ensuite un bon crochet du droit dans son beau visage et pour finir un coup de pied bien sentit droit dans les valseuses. C’est du moins ce qu’elle aurait dû imaginer. A la place elle se revit contre lui, se pressant contre son corps pour réclamer plus de lui, plus de ses lèvres et plus de ses mains contre sa peau, elle se souvint de la façon dont leurs souffles s’étaient mariés et comment il l’avait fait gémir. Sa mâchoire se verrouilla puis elle tourna les talons sans lui accorder plus d’attention.

    “Putain d’humains.” Cracha-t-elle en son for intérieur alors qu’elle s’éloignait pour gagner le cœur du village.

    Ryma Karul semblait être une âme bien connue par ici mais que personne n’avait vu depuis belle lurette. Quelque chose qui n’allait pas arranger les affaires de la jeune femme et c’était sans parler de leur accent à couper au couteau dont elle ne comprenait qu’un mot sur deux.

    - M’gonflez, j’d’jà tout dit à vot’ copain. Ui, lui l’bas. Confirma une vieille femme d’un coup de nez dans la direction de Pancrace lorsque la blonde risqua un regard dans sa direction. - Voyez ‘vec lui, t’façon z’aurez pas l’choix qu’d’attendre. Un soupire échappa à l’elfe et l’ancêtre lui tapota l’épaule en murmurant : - Patience est mère d'sureté m’p’tite. Sixte ne put offrir qu’un maigre sourire à cette femme dont elle avait au moins trois fois l’âge.

    Ses pas la ramenèrent auprès de son cheval et par extension de la personne qu’elle aurait aimé ne pas croiser de ci-tôt. Hélas un quelconque dieu, titan ou entité malfaisante semblait prendre un malin plaisir à le replacer sur sa route et si elle avait espéré pouvoir au moins l’ignorer, il fallait croire que tout ne serait pas aussi simple. Rien ne l’était jamais. S’armant de son air le plus neutre, elle vint jusqu’à lui.  

    - Cette femme à dit que tu as des informations qui pourraient m’être utile. Ses yeux s’arrimèrent à ceux de l’officier. Deux éclats d’or dans le bleu des siens. - Donne-les moi et je m’en irai. Ryma Karul. Où est-elle ? Dès qu’il ouvrirait la bouche, elle lui fausserait compagnie, trouverait un bouiboui pour la nuit, de quoi abriter Seedra puis poursuivrait son enquête dès le matin suivant. Ou peut-être dans la nuit si le sommeil venait à lui fausser compagnie. Mais pour l’instant, elle devait arracher ces informations à l’officier.
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    Pancrace Dosian
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  • Dim 28 Avr - 11:42

    Bon, p’tet que j’ai été un peu optimiste de croire que j’aurais eu droit à un sourire, un bisou sur la joue ou ailleurs, et la promesse de collaborer en toute bonne foi avec les forces de l’ordre. Alors que, franchement, est-ce que c’est pas le devoir de tout citoyen républicain ? Uniquement la collaboration, pas le reste. En tout cas, difficile de pas se rendre compte à la mine un peu morne de Sixte et celle clairement renfrognée de la péquore que l’échange a pas dû se passer super bien. L’explication vient assez vite : si moi aussi, deux personnes différentes venaient me demander la même chose en l’espace de dix minutes, je commencerais à me dire que ça fait un brin chier.

    N’empêche, moi qui pensais que les races avec une longévité extrême laissaient la vie couler sur eux sans se laisser affecter par les petits tracas du quotidien, vaut croire que j’me suis trompé.

    J’tourne mes yeux vers le sommet de la montagne, à peine visible à travers les frondaisons, au bout du chemin qui traverse le hameau. Mais du coin du regard, j’continue à jauger la mercenaire. Vu qu’elle a déjà eu des liens avec des criminels qui voulaient récupérer la pochette de l’autre Sénateur et le soustraire aux autorités compétentes, ça tombe, elle bosse pour des alliés et Karul. Ça me paraît être un bon point à élucider avant de partager les informations.

    « C’est pour quelle raison que tu la cherches ? C’est qu’on a un mandat aussi, et que mes chefs voudraient vraiment que j’la ramène au commissariat, avant un aller-simple vers le Razkaal. »

    En tout cas, c’est sûr qu’on prévoit pas de la laisser en liberté ou passer la frontière. A un moment, faut payer pour ses crimes, et ils m’ont indiqué en prime qu’ils la voulaient vraiment vivante. J’suppose qu’ils se disent qu’elle sait p’tet d’autres trucs, ou qu’ils veulent en faire une affaire un peu publique, montrer que la République réagit et fournit des procès équitables, scabreux, y compris aux pires criminels, dans lesquels ils sont correctement condamnés. Ça calme la vindicte populaire. Les politiciens commençaient déjà à en parler dans des discours pour agiter les foules, en plus.

    « Moi, j’en ai vraiment besoin vivante. »

    Et j’suis à peu près certain que l’avis de recherche financé par les familles des victimes précise pas s’ils la veulent morte ou vive. Autant dire que y’a une option vraiment plus facile que l’autre. J’espère vaguement que y’a une prime si elle remue encore un peu, au moins. Genre, sans les jambes ou les bras, mais capable de manger sa pâtée. J’fronce les sourcils. Sale perspective.

    « En vrai, j’ai pas grand-chose, que j’réponds finalement en haussant les épaules. On attend que son vieux se radine, il est parti relever ses pièges dans la montagne ou quoi. »

    J’me demande à retardement pourquoi j’ai dit ça. J’ai vraiment aucune raison de donner la moindre information. En creusant un peu, j’identifie un noyau dur de culpabilité. Bon, c’est vrai que j’suis parti à peine quelques heures après nos ébats, sans rien dire, pendant qu’elle dormait profondément. Mais j’en suis pas vraiment à mon coup d’essai. Enfin, j’veux dire, parfois, vaut mieux pas attendre que monsieur rentre, quoi. Et parfois, on a d’autres obligations qui nous attendent aussi.

    Après, y’a la pochette, c’est vrai. Mais j’ai payé le repas et la chambre, vaut bien que je rentre dans mes frais aussi. Puis j’suis sûr que son commanditaire était plus joignable, à cause des embrouilles avec l’affreux informateur. Pas revu en République, lui, et c’est pas un mal, pasque j’l’aurais aligné à la première occasion. Il aurait pas revu sa famille de sitôt, sauf si j’avais réussi à les foutre au trou avec lui. Par principe, hein. Pasque faut pas laisser dehors ceux qui s’en prennent à des officiers républicains, ça leur donne des mauvaises habitudes.

    Comme les clébards qui commencent à mordre la main qui les nourrit.

    On est distrait d’échanges assez peu fructeux par le retour du vieux Mickaël. Honnêtement, l’est pas si âgé, p’tet un milieu de quarantaine bien tassée, davantage marqué par la rude vie des montagnes et le soleil et le vent. Les rides aux coins de ses yeux, de sa bouche, sont plutôt rieuses, et il a le teint hâlé de ceux qui passent leur temps dehors. Il trimballe un petit chevreuil avec lui. Moi qui pensais qu’il ramènerait deux lapins et un piaf, dis donc... Maigrelet, cela dit, son gibier. J’lève la main en signe de salut. Il me fixe d’un air interrogateur en lâchant son fardeau à l’arrière de sa maison.

    « Mickaël Karul ?
    - Lui-même. Que je puis-je pour vous-aut’ ? »

    S’il essaie de parler bien, on va pas s’en sortir.

    « Vous avez vu votre fille, récemment ? On la recherche, pour lui poser des questions. »

    Il se contente de cracher à côté de lui et à côté de sa proie. Puis il sort un gros couteau à dépecer et commence à se mettre à l’oeuvre sur la bête. J’attends un peu qu’il mastique la chique qu’il vient de se coller sous la lèvre inférieure.

    « Quel genre de questions ? Qu’il demande.
    - Des questions.
    - Hmmm. »

    Tout affairé qu’il est, il prend le temps de réfléchir et, surtout, de nous faire lambiner. J’sors pas forcément tout de suite mon symbole de l’office. Y’en a qui nous aiment pas trop, surtout dans les bleds de ce type, et j’commence à me dire que c’est probablement son cas. Puis il a une dégaine qui me sort par les trous de nez. J’me demande s’il a pas fait la GAR ou une connerie du genre, dans sa façon de s’accroupir, de se tenir. Méfiance.

    « Alors ? »

    Il hausse les épaules. J’jette un oeil à Sixte. Je hausse les miennes.
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  • Mar 30 Avr - 22:42
    “Merde, fais chier !” Pesta Sixte alors que son visage restait de marbre face aux informations que lui révélait Pancrace. Une fois de plus leurs routes se croisaient et une fois de plus ils n’étaient pas dans le même camp, c’était à se demander si là-haut, quelqu’un ne prenait pas un malin plaisir à se jouer d’eux.

    - Je dois la retrouver. Répondit-elle simplement. Et c’était la stricte vérité, une somme coquette l’attendait si elle arrivait à mettre la main sur la jeune femme. - Moi aussi, il me l’a faut en vie. Elle était au moins certaine que sur ce point ils ne risquaient pas de se tirer dans les pattes, pour ce qui était du reste cependant… “Chaque chose en son temps” s’intima-t-elle en réajustant sa cape sur ses épaules lorsqu’une bourrasque de vent vint la gonfler. Ses yeux le toisèrent d’un air mauvais. Sixte était prête à rebrousser chemin et se débrouiller par ses propres moyens. Le Pancrace qu’elle connaissait n’était pas du genre à offrir son aide gratuitement, elle l’avait comprit lors de leur dernière rencontre et ce n’était pas tant à lui qu’elle en voulait de l’avoir volé qu’à elle de lui avoir fait confiance. Elle exécrait l’idée d’avoir baissé sa garde autant que de savoir qu’il s’était infiltré dans cette brèche. Et puis il y avait la honte de s’être faites berner par un être aussi jeune, qui avait partagé sa couche par-dessus le marché. De cela, même des siècles d’existence ne pouvaient l’en protéger. Pourtant il lui répondit et elle cilla.

    - Bien. L’étonnement dans son regard sembla faire écho à celui du jeune homme mais ni l’un ni l’autre ne fit de remarque.

    Ils n’échangèrent guère plus de mots jusqu’au retour de Mickaël. Sixte se mura bien vite dans son propre esprit, passant en revu des choses qui n’avaient d'importance que pour elle, repoussant les paroles acerbes qui lui venaient mais qui n’auraient, de toute façon, aucun intérêt à être prononcées. Ce fut la voix de Pancrace qui l’arracha à ses rêveries et elle se tut jusqu’à ce que ses yeux mordorés ne viennent à sa rencontre. Le culot n’avait donc aucune limite, constata-t-elle tout en faisant un pas vers l’homme plus âgé. Dans la fleur de l’âge mais pourtant plus marqué qu'elle, il l'observa de pied en cap et se remit à mastiquer. Ainsi, il lui faisait penser à ses femmes de l'aristocratie Melornoise donc le faux-cul était à peine moins gros que l’égo mais elle n’en pipa mot et se contenta de demander :

    - A quand remonte la dernière fois que vous l’avez vu ?

    Mickael continua de la détailler des pieds à la tête, en passant par ses oreilles en pointe qui lui firent froncer les sourcils. Son visage, à elle, en tout cas ne laissa pas transparaître le moindre signe de gêne ou  d’impatience. Une longue minute s’écoula avant qu’il ne daigne enfin lui offrir une réponse.

    - Un bout d'temps.
    - Quel genre de bout de temps ?
    -  D'genre qui semblerait pas long à un elfe.

    “Vieux con” soupira-t-elle intérieurement.

    - Est-elle repassée par ici ?
    - P’t’être bien.

    “Agaçant.” Songea-t-elle tout en observant Pancrace du coin de l'oeil.

    - Je vais séjourner à l’auberge du champa noir, si vous changez d’avis. Lança-t-elle mais déjà l’homme reprenait son labeur. - Il parait qu’ils ont de magnifiques fleurs de fée. A cet instant, son couteau ripa et il releva la tête. Ses yeux marrons presque noir se posèrent sur Sixte et la fixèrent comme s’ils la voyaient pour la première fois.

    - Très bien. Un nerf se contracta au niveau de sa mâchoire et il hocha la tête avant de se remettre au travail d'une main presque trop dure.

    - Bonne soirée, messieurs. Ajouta-t-elle simplement, sans même ralentir lorsqu’elle son épaule manque de bousculer celle du Pancrace.

    Sixte aurait préféré garder cet atout dans sa manche un peu plus longtemps. La réaction de Mickaël avait été instinctive et elle savait que tout officier qu’il était, Pancrace l’avait sans nul doute remarqué. Heureusement, il ne savait pas ce que cela signifiait. Avec un peu de chance, il se contenterait de creuser dans son coin puis, peut-être, de repartir bredouille car il était certain que personne ici n’était prêt à vendre d’informations sur Ryma. Pas si l’on ne savait pas comment s’y prendre ou qu’on posait simplement des questions. Sixte espérait que cela se passerait ainsi et qu’elle verrait l’humain repartir sur sa vieille carne dès le lendemain matin. Mais quelque chose dans le tréfond de ses entrailles lui disait que cela ne se passerait pas aussi facilement. Pancrace était trop curieux et pugnace pour laisser ça ainsi, surtout maintenant que l’autre imbécile l’avait regardé avec des yeux de merlans frits. La demi-elfe soupira quand le hennissement de Seedra, impatient, l’accueillit.

    - Ouais, on va te trouver un coin pour la nuit. Puis elle défit les rênes de l’attache et se mit en quête du Champa Noir qui ne fut pas bien difficile à trouver étant donné qu’il s’agissait du seul semblant d’auberge dans le patelin miteux qui tenait lieu de village. Mais au moins ils avaient des chambres à louer et un garçon d’écurie suffisamment téméraire pour ne pas geindre lorsque l’hongre lui envoya plusieurs volées de coup de dents dès que Sixte eut tourné le dos. Elle laissa donc le coursier derrière elle pour trouver refuge dans l’une des chambres miséreuses du bâtiment. Ce n’était pas le grand luxe mais au moins le toit ne fuyait pas, la fenêtre fermait partiellement et elle avait un matelas même s’il n’était qu’en paille. Il y avait également un feu, fébrile, qui brûlait dans l’âtre mais pas assez de bois pour le maintenir allumé toute la nuit. Qu’à cela ne tienne, elle ne dormirait probablement pas de toute façon.

    La nuit ne tarda pas à tomber sur le village qui ne fut bientôt plus illuminé que par les rares lanternes vacillantes le long du chemin principal. Un atout pour l’elfe qui s’était déjà débarrassée de ses canons d’avants bras, de son plastron et de son arc pour ne garder que ses vêtements et armes les plus légers. A la fenêtre de sa chambre, elle observait la rue principale. Si les habitants se dispersèrent rapidement -il n’y avait guère d’activité en pleine montagne-, Sixte attendit d’être certaine que tout le patelin était endormis pour revêtir sa cape. Tendant l’oreille, elle écouta les sons du bâtiment  puis rabattit sa capuche et quitta sa chambre à pas de velours.

    Drapée d’invisibilité, elle longeait tout de même les ruelles les plus obscures avec précautions. Ses pieds laissaient, malgré elle, des traces dans la boue et elle craignait que la solidité des toits ne soit éprouvée par ses sauts. Néanmoins, elle réussit à s’extirper du cœur de ville sans se faire repérer puis dévala à nouveau la pente douce qui menait à la maison de Mickaël. Une fois devant la porte, elle frappa trois fois rapidement, une fois doucement, attendit quelques secondes et frappa deux fois. Le raclement d’une chaise lui parvint puis le son du loquet qui saute de sa serrure et enfin le grincement d’une porte en train de s’ouvrir.

    - J’ai cru qu’vous viendriez j’mais.
    - Je fais ce que je peux. Grogna Sixte dégageant ses cheveux coiffés en couronne de sa capuche. - Les rumeurs vont vite dans ce genre d'endroits.
    - P’t’ête mais…
    - Où est-elle partie ? Le coupa-t-elle.

    Mickaël lui rendait bien deux têtes, pourtant il avait l’air d’un chien perdu. Ses mains se tortillèrent maladroitement, il regarda Sixte puis la montagne et à nouveau l’elfe.

    - Depuis quand ? Renchérit-elle.
    - Deux jours.
    - Merde.

    Sixte se pinça l’arête du nez. Tout était toujours plus compliqué que ce qui devait être.
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  • Mer 1 Mai - 11:24

    J’rate pas une miette de l’échange entre Mickaël et Sixte. Y’a des courants là-dessous ou j’m’y connais pas. En tout cas, le vieux en connaît plus qu’il ne veut en dire, et ça m’étonnerait pas qu’il collabore avec sa fille. Est-ce que y’a quelque chose avec les elfes ? Ou, plus prosaïquement, les femmes ? Pasque si j’me base sur le modèle que j’ai vu en arrivant dans le village, faut clairement être pas très regardant sur la marchandise. Et à faire la lessive comme ça, rien que d’imaginer le contact de ses paumes sur la peau nue, c’est un coup à se faire écorcher vif.

    Autant dire que j’suis pas preneur.

    Nan, la réaction a eu lieu lors de l’évocation de l’auberge, le champa noir, donc c’est là que l’enquête va commencer. Des fois que, j’note la signature magique de Mickaël, pour si j’ai besoin de le retrouver par la suite, et j’emboîte le pas à Sixte. Sa vieille carne a pas l’air bien sympathique, et j’attends tranquillement mon tour pour que le garçon d’écurie récupère ma bête, beaucoup plus placide. Faut dire qu’elle est partagée entre tous les officiers républicains, donc elle en a vu passer, du monde. J’profite que la demie-elfe soit partie pour essayer de tailler la discussion avec le jeune homme.

    « Alors, y’a du passage, dans le coin ?
    - Pas trop. Rarement.
    - Et en ce moment ?
    - Ca arrête pas.
    - Ah ?
    - Y’a vous deux, déjà. Z’êtes ensembles ?
    - Hm... nan.
    - Ah. D’habitude, quand y’a des groupes, sont ensembles. Une fois, on a même eu douze personnes. C’était fou, on savait plus où donner de la tête. Pour les chambres, certains ont dû dormir dans des couchages par terre, et pour le repas... »

    J’écoute que d’une oreille en faisant des petits bruits d’assentiment et de surprise quand il reprend son souffle, pasque je suis pas du tout intéressé par ce qu’il peut bien me raconter.

    « ... et en fait, c’était pour une retraite spirituelle dans les montagnes, parce que y’a des cabines plus haut qui...
    - Ouais, ouais. Et à part nous, y’a d’autres gens de passage ? »

    Il réfléchit en mastiquant un bout de foin.

    « Non, pas vraiment. Du coup, quand y’a personne, je travaille à droite à gauche. Par exemple... »

    Au bout de quelques secondes, je coupe court, j’lui laisse une pièce pour sa gentillesse, pasqu’il est bien brave, et j’rentre dans ce qui sert d’auberge, à savoir plutôt une grande maison qui doit avoir quelques chambres à l’étage et un assemblage aussi hétéroclite qu’artisanal de chaises et de tables au rez-de-chaussée, dans ce qui sert de salle commune. Direct, j’me fais alpaguer par le propriétaire des lieux, qui ressemble aussi davantage à un trappeur vieillissant qu’à l’aubergiste professionnel dont j’ai davantage l’habitude.

    « Vous aussi, vous prendrez une chambre ? »

    Non, j’suis venu visiter, connard.

    « Oui, s’il vous plaît. Et un dîner, aussi.
    - Pas de souci, je vous prépare ça. On a un ragoût qui mijote, et sinon, pour un extra, je peux vous sortir du saucisson de sanglier et du cuissot.
    - Non, c’est bon, j’vais prendre le ragoût.
    - C’est parti pour un ragoût, alors. Je vous laisse poser vos affaire dans la chambre rouge. »

    J’monte l’escalier avec mes sacs de selle, relativement légers, jusqu’à une piaule qui n’a de rouge que le trait de peinture sur la porte. Le reste est suffisamment correct pour pas que je râle, mis à part un peu de poussière, ce qui semble diablement raccord avec ce que disait le garçon d’écurie, à savoir que y’a pas grand-monde qui passe dans le coin. La perspective du repas est bien engageante, en tout cas, et y’a pas d’autre client que Sixte et moi dans la barraque, un coup de senseur magique m’en assure.

    Ça se passe dans le calme, jusqu’à ce que Sixte retourne à ses pénates, et que j’me retrouve seul avec le patron qui grignote tranquillement.

    « Tenez, z’avez du vin ? On peut se partager une bouteille, mettez-la sur ma note. »

    Il m’adresse un large sourire. Le contraire m’aurait étonné, tiens. Puis il nous sert deux belles rasades dans des verres qu’il sort d’un tiroir à la porte grinçante. C’est pas très bon, âpre et rude, mais j’suppose que c’est raccord pour la population locale. On trinque, et j’en profite pour saucer le fond de mon écuelle. Contrairement à ce que je craignais, le ragoût est vraiment bon, probablement pasque y’a de la vraie viande dedans, et des légumes à la mine fatiguée mais qui font encore le taf.

    « Alors, c’est animé, en ce moment ?
    - Pas trop. Y’a vous et l’elfe, quoi.
    - Hm, ouais. Nan mais j’me disais, sur les derniers jours, pas forcément à l’auberge, mais dans le village.
    - Pas vraiment. »

    Il est davantage préoccupé par la bouteille que mes questions, ce bâtard.

    « Le garçon d’écurie...
    - Ah, le petit Leaf.
    - Ouais, lui. Pas si p’tit, cela dit.
    - Oui, il tient de son grand-père. Son père est minuscule, pourtant. Ça, c’est toujours mystérieux, hein. »

    J’ai bien une explication, mais j’pense pas que ce soit le lieu et le moment pour la proposer, alors j’ferme ma gueule sur le sujet.

    « Ouais, Leaf, il disait que parfois, des groupes passaient.
    - Ah, il vous a parlé des fadas religieux, là.
    - Ceux-là même.
    - Ils m’ont fait du chiffre, ces cons, y’a pas à dire. Par contre, vraiment, là-haut, ça allait pas, qu’il fait en montrant sa tempe.
    - Souvent, les religions, ça.
    - C’est clair. »

    J’me rends compte qu’à force de discuter à bâtons rompus, on arrive déjà au bout de la bouteille. J’fais signe d’en reprendre une. C’est qu’il va falloir creuser un peu.

    « J’ai parlé un peu avec Leana, aussi.
    - Leana ?
    - Mais si, la dame qui faisait la lessive à l’entrée du village...
    - Aaaah ! Pas Leana du tout, c’est Mila. »

    En même temps, j’ai balancé un prénom au pif juste pour relancer la conversation, j’ai pas la moindre idée de son blase et je l’ai même déjà à nouveau oublié.

    « Ouais, elle. Elle me disait que le vieux Mickaël avait des soucis.
    - Ah bon ? Première fois que j’entends ça. »

    J’ai l’impression qu’il a un regard un peu fuyant en le disant, et la moustache qui frétille pour cacher sa bouche. A creuser, comme prévu.

    « Ouais, que sa fille filerait un mauvais coton ou quoi.
    - Hm, ça m’étonnerait, ça fait des années qu’ils sont plus en contact. Une sale histoire, ça. Ils se sont embrouillés pasqu’elle voulait pas reprendre la chasse et les activités de trappeur. Elle est descendue en ville, du coup, on l’a jamais revue.
    - Jamais ? Ohlala, c’est dingue quand même de se séparer comme ça de sa famille. Encore, ça peut rester en bon terme et on se voit une fois par an, quoi. »

    Enfin, personnellement, j’ai coupé les ponts tout pareil, alors j’comprends exactement ce qu’elle a fait.

    « On en reprend une ? Propose l’aubergiste.
    - Allez. »

    J’passe la troisième bouteille à continuer de sonder un peu, pour en apprendre davantage sur Mickaël Karul, sa fille, et toutes les rumeurs qui agitent un bled comme celui-là. J’crois qu’en l’espace de deux heures, j’en apprends davantage sur la généalogie des villages des montagnes que dans tout le reste de ma vie. Et, pourtant, pas la moindre mienne sur la fille Karul, et pas grand-chose sur le père. Finalement, avec un mal de crâne qui commence à poindre, j’refuse la quatrième bouteille, et j’signale que j’vais monter. Lui, à part le teint rougeaud et les yeux un peu chassieux, il a l’air de bien tenir, pourtant.

    J’savais que j’aurais dû me méfier des montagnards, ils comblent l’ennui dans la bouteille.

    ****

    Au réveil, j’attrape la cruche d’eau à côté du plumard, et j’la descends cul sec. J’ai toujours autant soif, mais au moins, j’ai pas la barre plantée dans le cerveau. A voir le ciel, on est pas beaucoup plus loin que l’aube, et j’balance un coup de senseur. L’aubergiste, sa femme, et le garçon d’écurie sont bien là, mais j’note pas la présence de Sixte ni de son canasson. Une tentative plus loin, et y’a pas non plus trace de Mickaël. J’ramasse mes affaires fissa et j’me grouille en direction de mon canasson, sans oublier de prélever une grosse miche de pain dans la cuisine. En plus, elle refroidissant gentiment sur le rebord de la fenêtre, elle attendait que moi, ça se voyait.

    « Putain. »
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  • Lun 6 Mai - 22:37
    Une boue et une brume épaisse obligeaient l’étrange duo à avancer avec prudence. Sixte faisait pleinement confiance à son cheval dont les pieds glissaient malgré tout sur les zones encore gelées mais c’était de la mule de Mickaël qu’elle se méfiait. L’animal n’était pas fait pour les escapades aussi loin de ses champs, ses sabots n’étaient pas assez durs et ses habitudes bien trop maigres. Seedra avait été placé en tête, sa croupe amortissant l’encolure de la mule lorsque cette dernière trébuchait -ce qui arrivait souvent.

    - N’aurait pas pu y aller à pied ? Grommela son propriétaire.
    - J’ai de la route et pas de temps à perdre. Répondit-elle sèchement.

    La demi-elfe était agacée, renfrognée même. Elle n’avait pas essayé de le cacher à Mickaël lorsqu’il lui avait avoué qu’il avait passé la fin de journée en montagne pour escorter sa fille aussi loin que possible du village. Ryma n’aurait pas dû se trouver aussi profondément enfoncé dans les cols. Il avait été prévu qu’elles se rejoindraient chez son paternel, ainsi elles auraient mit les voiles ensemble vers Justice où la jeune femme n’était pas connu. De là, elle aurait adopté une nouvelle identité, le temps pour elle de se faire oublier. Mais c’était sans compter la solidarité des petits hameaux et leurs capacités extraordinaires à faire passer les informations. Vraies comme fausses puisque c’était à cause d’elle et Pancrace qu’ils en étaient là. Un veilleur dans le bourg aux pieds des monts avaient été suffisamment rapide pour faire parvenir leurs arrivées  avant même qu’ils n’aient franchi le premier lacet. Par sécurité, Ryma s’était enfuie. Ce qui aurait sans doute été une riche idée si seulement Pancrace avait été le seul à se rendre sur place ce jour-là. Pour Sixte, cependant, c’était une autre paire de manches. Qui lui demanderait de s’aventurer sur un territoire dont elle ne connaissait que trop bien les dangers.

    - Ryma connait l’montagne savez. D’grandes chances qu’elle vous r’trouve avant vous.

    - Pas si elle ne me fait pas confiance.

    - Pas faux. Le vieux se gratta la barbe, songeur, puis fouilla dans une poche pour en sortir un mouchoir qui, s'il était propre, avait vécu. - Pr’nez ça. Quand elle verra, elle saura. De petites initiales lettres de fils noir étaient cousu à l’un des angles : A.K. - C’t’ais à sa mère.

    - Il n'empêche que si je ne la vois pas, je ne pourrais… Oh laissez tomber. Soupira Sixte en balayant les non-dits d’un geste désinvolte avant de fourrer le mouchoir dans l’une des poches de sa cape.

    Le reste de leur trajet se passa en silence. A mesure qu’ils prennaient de la hauteur, la terre laissait place à la neige. Ils marchèrent ainsi pendant deux heures pleines avant d’arriver dans ce qu’il restait d’un hameau. Comme le village d’où ils venaient, plusieurs bâtisses jouxtaient une route dont on ne semblait pas avoir foulé le sol depuis bien longtemps. Elle montait abruptement vers les hauteurs sauvages des montagnes. Ici, la nature semblait avoir repris ses droits sauf sur un bâtiment. Une petite maisonnette dont la cour arrière était visible de la route.

    - J’rais pas plus loin. Annonça Mickaël d’un ton las et désolé.
    - Vous croyez qu’elle est allée aussi loin ? Demanda-t-elle en regardant la route au devant.
    - Aussi sûr qu’c’est ma p’tite.

    Sixte haussa un sourcil mais garda ses réflexions pour elle.

    - V’nez voir, on va d’mander à l’vieille Mimain.

    - Qui ?

    - Y’en a qu’persiste à vivre dans les monts. L’vieille en fait partie. Elle c’nait ma Ryma. Si elle est passé là, forcément qu’elle l’a vu. Se faisant, Mickaël mit pied à terre et conduisit sa mule à l’arrière. Il souleva le portillon en bois comme s’il s’était agi de son domaine et referma derrière l’elfe et son coursier. Ils attachèrent ensuite les bêtes puis rentrèrent par la porte arrière. A peine eurent-ils passé la porte, qu’un manche à balais s’abattit avec toute la violence du désespoir à l’arrière du crâne du pauvre homme qui couina comme un chien galeux. Le bout de bois prit la direction de sa tête, mais les dagues de Sixte avaient déjà prit la route de la gorge de leur assaillante et elle arrêta in extremis le tranchant de sa lame à la lisière de sa peau.

    - V’la ti pas qu’elle est complètement con celle-ci ! Pesta Mickaël en se frottant le haut du crâne. Malgré son couvre-chef, il avait sans doute écopé d’une belle bosse.

    - Micka ? Demanda la vieille femme. - T’pouvais pas prév’nir ? Puis c’qui celle là ? Sa voix de crécelle était aussi désagréable que les yeux âgés qui se posèrent sur Sixte, pis encore lorsqu’elle constata ses oreilles en pointe. Elle cracha par terre. - P'tain d’oreilles pointues ! T’as m’nacé l’ptit ! Ses maigres bras agitaient encore le manche à balais sous nez de la demi-elfe, comme si sa vue pouvait la faire détaler de terreur. Pourtant c’était bien sous sa gorge qu’était toujours posée méthodiquement la lame de sa dague.

    - Non ! S’écria Mickael en attrapant l’épaule de la matrone. - Elle est là pour aider la p’tiote.

    - J’fais pas confiance à c’t’engeance ! D’sales bêtes. Répondit-elle.

    L’homme se tourna brusquement vers Sixte, un air sincèrement désolé au visage.

    - C’pas ce qu’elle voulait dire, c’est… Je… Bredouilla-t-il.

    - C’est exactement ce qu’elle voulait dire. La voix de Sixte était sans timbre mais elle rengaina ses dagues. - Les humains sont trop éphémères pour ne pas être étroits d’esprit. Elle lança un regard à la vieille femme. - Surtout lorsqu’ils vivent reclus. Puis elle lui tourna le dos et entra dans sa bicoque.

    Autrefois, c’eut été un relais. En témoignait la taille de la pièce à vivre et les plusieurs tables disposées qui pourtant n’accueillait qu’une âme ; celle de Mimain. Au fond de la salle, une grande porte donnait sans doute sur les chambres et les appartements personnels de la tenancière. Mais Sixte n’en avait cure, il n’était pas midi et elle n’entendait pas rester oisive pour le reste de la journée. Dans son dos Mickael lui avait emboité le pas et si la vieille femme continuait de la gratifier de regards mauvais, elle avait reposé son balais.

    - Alors ? Demanda-t-elle. - Quand Ryma est-elle passé par ici ?

    Mimain lança un regard à Mickaël qui lui fit un signe de tête.

    - Hier soir.
    - Quand est-elle partie d’ici ?

    Nouveau regard vers le paternel qui soupira tout opinant du chef.

    - Aux aurores c’matin. J’lui ai dit de redescendre vers la vallée, que c’tait toujours mieux que le col. Mais elle m’a pas écouté. Elle a dit qu’elle c’nait la montagne comme sa poche et qu’elle voulait r’joindre le refuge d’Astrein.

    - Le refuge d’Astrein… ?Coassa Mickael.

    Ce fut au tour de Mimain de hocher la tête tout en arborant une expression de profonde tristesse. Puis sans crier gare, le paternel se jeta aux pieds de Sixte en pleurnichant.

    - J’double l’prix. J’double s’vous allez m’chercher ma Ryma !

    Sixte n’avait pas prévu d’augmenter son tarif mais ce fut proposé si gentiment qu’elle hocha la tête. Cependant, une question restait en suspens.

    - Qu’est-ce qu’il y a au refuge d’Astrein ?

    Mimain et Mickaël échangèrent un regard, comme s’ils pouvaient communiquer uniquement par la pensée et ce fut la vieille femme qui répondit enfin :

    - Personne ne le sait.

    Sixte les auraient volontiers étranglé tous les deux. A la place, elle profita d’un dernier repas chaud, laissa Seedra aux bons soins de Mimain et Mickaël -et la promesse qu’elle les tueraient tous les deux si à son retour l’animal était absent ou en mauvais état - puis quitta le hameau avec toutes les affaires qu’elle pouvait emporter. Elle regretta un peu de ne pouvoir emmener son cheval. Il était de bonne compagnie lorsqu’il ne tentait pas de la mordre et rendait ses voyages moins solitaires. Mais aussi vaillant et sûr soit-il, c’eut été bien trop dangereux de l’emmener. Sans compter qu’elle ne savait pas ce qui les attendait, ni si les anciennes routes étaient encore praticables. Mieux valait le laisser ici, même si cela voulait dire laisser un indice derrière elle si quelqu’un venait à remonter sa piste. Et porter ses sacs toute seule. Enfin, c'était ainsi.
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  • Dim 19 Mai - 11:59

    J’ai pas hésité longtemps avant de prendre la route qui monte en serpentant dans la montagne. Mon senseur magique m’indique que Sixte et Mickaël sont approximativement dans cette direction, et de toute façon, y’a rien d’autre à aller voir. J’suppose que Sixte arnaque le pauvre vieux en lui faisant miroiter qu’elle va aider sa fille à survivre, ou une connerie du genre. Puis à la fin, elle va ramasser la meurtrière et la foutre au trou. Le père, s’il survit, il lui restera ses yeux pour pleurer et sa montagne pour y mourir. Pas que j’en aie quelque chose à foutre, mais on m’a demandé de la retrouver, alors...

    J’plisse les yeux sur les traces, et y’en a p’tet qui sont celles de la demie-elfe et du trappeur. C’est dur à dire, c’est pas vraiment mon truc, puis la terre est sèche et caillouteuse et rien n’est vraiment marqué. Rapidement, la route s’éloigne de leur direction, et j’suis pas assez familier des lieux pour savoir si elle tourne ensuite pour les rejoindre, ou si j’dois prendre l’espèce de piste et ou de sente qui monte tout droit pour l’instant. Finalement, c’est ce que je fais, et il faut pas plus de quinze minutes pour que j’sois en train de pester en écartant les branches de mon visage tout en m’assurant que le canasson va pas se coincer la patte dans l’enchevêtrement de racines qui tapisse le sol.

    J’me résouds à mettre à pied et le guider de là. On traverse plusieurs ruisseaux, et si j’me sens pas particulièrement fatigué, j’vois que dans ma tête, Sixte et Mickaël continuent d’avancer, et que j’les rattrape pas pour un sou. J’arrive finalement sur une clairière au niveau de la route principale, et j’suis à peu près sûr de pas avoir gagné du temps. Chienne de vie. Mais là, j’suis surpris de voir un trio déjà sur place, en train d’utiliser de la magie et de relever les traces.

    A voir leurs armures mêlant cuir renforcé et plaques métalliques, les épées à leurs côtés, couplées à un arc et deux arbalètes de poing, et les couteaux qui parsèment leurs ceinturons, j’ai clairement pas face à moi des locaux partis relever les pièges à lapins. J’me râcle la gorge, et ils se tournent tous vers moi, la mine patibulaire. Ce que j’ai pris d’abord pour un gros barraqué est en réalité une drakyn au visage couturé de cicatrices dont certaines au moins semblent tenir davantage de la scarification. Elle est accompagnée d’un humain dont la gueule semble taillée à coups de serpe, sec comme un coup de trique, et d’un nain barbu qui tient ce qui serait une hache pour moi, donc un machin énorme à deux mains pour lui.

    « Holà, que j’salue.
    - Oui ? Demande la drakyn. »

    Pas très hospitaliers ni accueillants.

    « Qu’est-ce que vous faites là ?
    - Pourquoi, t’es de l’office républicain ?
    - Incidemment, oui. »

    J’montre mon insigne, et le nain qui pensait pouvoir faire le malin ferme brusquement bien sa gueule. La drakyn reprend la parole avec une diplomatie que j’aurais pas supposé chez elle initialement. En plus, elle a une voix un peu rocailleuse mais pas désagréable.

    « Désolée, officier, on savait pas. On cherche une criminelle, on est chasseur de primes.
    - Je vois.
    - Et qu’est-ce qui amène la fine fleur de la République dans des endroits aussi reculés ?
    - J’cherche une criminelle, sans grande surprise.
    - Ah. »

    La conversation patine un peu, pasqu’ils sont là pour la prime, et moi, j’suis là pour la ramener en vie et qu’elle puisse avoir un procès. Puis l’humain hausse les épaules.

    « Que le meilleur gagne, alors.
    - Ouais, ouais, on fera ça. »

    Ils prennent rapidement leurs affaires et reprennent la route, mais j’sens que le duo que je piste s’est, lui, arrêté brièvement, et que Mickaël commence à redescendre de la montagne, approximativement dans ma direction. Le croiser servirait à rien, il a choisi son camp, et il a pas vraiment de raison de vouloir aider la République à mettre sa fille en prison. Ça me fait chier, mais c’est difficile de lui en vouloir et d’estimer son choix illogique, surtout qu’il fait rien d’illégal. Donc à part le forcer à mentir, me donner le mauvais chemin ou juste le mettre mal à l’aise, j’pense pas avoir quoi que ce soit encore à lui dire.

    Le hasard des chemins de la montagne fait qu’effectivement, on se croise pas. Il doit prendre une sente moins praticable à cheval, en prime, pasque sur ma droite, c’est un genre de ravin infâme que j’ai dû contourner sur un bon kilomètre et que j’ai l’impression que c’est bien là qu’il descend. Le trio de chasseurs de primes est vite sorti de mon esprit, pasque ça m’étonnerait qu’ils arrivent à trouver quoi que ce soit : y’a trop de terrain à couvrir, à moins de connaître le coin. J’espère juste pour Mickaël qu’il va pas les croiser, pasqu’ils ont rarement la réputation d’être délicats quand ils cherchent à récupérer des informations. Mais, hé, chacun sa merde, il aurait pu m’aider moi, aussi, gentiment.

    Reste Sixte, donc, qui après s’être arrêtée quelques temps, a repris son petit bonhomme de chemin. J’enchaîne les sentes forestières, les pentes horribles, les rus et autres vallées, jusqu’à arriver à une nouvelle clairière, ou prairie peut-être, avec une maison et une vieille qui me regarde d’un air soupçonneux. C’est là que les deux sont arrêtés, j’en suis à peu près certain. J’fais un salut amical et mon sourire qui marche bien sur les dames d’un certain âge.

    « Bonjour, est-ce que vous auriez vu passer deux personnes par hasard ? Une elfe et un trappeur local que vous connaissez peut-être, Mickël Karul ? »

    Elle crache par terre, devant elle.

    « Non.
    - Et une certaine Ryma, peut-être ?
    - Non plus.
    - Je vois. J’vais pas vous déranger plus longtemps, alors.
    - Vaut mieux. »

    Hé, teigneuse, la vieille peau. L’a du bol que j’ai autre chose à foutre que lui apprendre les bonnes manières. Avec un dernier signe de la main, j’reprends en direction de Sixte. Si y’en a bien une qui va me mener à bon port, c’est elle. Puis le trio de chasseurs de primes est encore loin.
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  • Mer 22 Mai - 23:43
    Le refuge d’Astrein se trouvait à plusieurs lieues au nord. Niché au cœur de l’un des cols les plus reculés que les monts Républicains abritaient, il avait été un lieu de paix il y avait bien longtemps. Autrefois l’un des endroits les plus fréquentés par les voyageurs car il permettait de relier le versant sud au nord -et inversement- c’était maintenant de l’histoire ancienne. Sixte vivait depuis de nombreuses années en République et d’aussi loin qu’elle se souviennait, elle n’avait jamais connu qui que ce soit qui s’y soit aventuré ces cent dernières années. Même elle n’avait pas souvenir d’avoir un jour foulé son sol et cela malgré ses années d'errance au cœur du Sekaï. Ça ne l’empêchait pas de se diriger efficacement dans la montagne. Elle avait toujours été assez douée en cela de toute façon. Un talent qu’on ne pouvait pas négliger lorsqu’on embrassait la vie de nomade et surtout celle de mercenaire. Sa survie en dépendait.

    A mesure qu’elle avançait, la neige se faisait plus dense si bien que malgré son pas léger elle s’enfonçait aisément jusqu’à mi mollet. Petit à petit, les arbres aux branches nues et biscornues firent place à une forêt de gigantesques sapins qui lui bouchaient la vue et ralentissaient sa progression. Ses yeux balayaient les environs dans l’espoir, peut-être naïf, de tomber sur des traces de pas, des branches brisées ou n’importe quoi qui pourrait lui laisser un indice quant au passage de Ryma. Hélas, comme son père le lui avait dit, c’était une enfant des montagnes. Elle y était née, y avait vécu et était bien partie pour y mourir. Cette fille connaissait la nature comme sa poche, elle n’avait sans doute eu aucune peine à effacer les traces de son passage. Ce qui était une bonne chose dans le cas où elle aurait eu des poursuivants. Dans le cas de Sixte, cela lui rendait simplement la tâche plus ardue qu’elle ne l’était déjà. Tout ce qu’elle espérait c’est que personne ne les ait prises en chasse. Machinalement, elle jeta un regard par dessus son épaule comme si quelqu’un pouvait soudain sortir des arbustes de sauges derrière elle. Un soupir lui échappa et elle reprit sa route dans une neige toujours plus épaisse.

    Les joues et les cuisses en feu, la demi-sang avançait bon train mais elle n’avait toujours aperçu aucune trace ni de Ryma, ni du refuge. La mer d’épicéas s’étendait à perte de vue, l’empêchant de voir au-delà.

    “Peut-être n’en suis-je pas loin”. Pensa-t-elle simplement en s’adossant, le temps de reprendre son souffle, à un tronc d’arbre. Pourtant, elle était convaincue d’être déjà passée par ici. Détournant la tête, elle avisa d’un arbre un peu dégarni et dont la branche brisée était facilement reconnaissable. Elle cilla.

    - Je suis déjà passée par là. Annonça-t-elle à haute voix comme si quelqu’un pouvait lui répondre et lui indiquer subitement le bon chemin à prendre. Evidemment, seul le vent lui offrit un semblant de réponse en faisant vrombir et grincer les arbres autour d’elle, ce qui donna un air lugubre à cette forêt qui ne l’inquiétait pas le moins du monde jusqu’ici. S’arrachant à l’arbre auquel elle était adossée, Sixte remit sa cape en place puis son sac et posa naturellement la main sur la garde de sa dague en se remettant en route. Elle venait de décider qu’elle n’aimait guère cet endroit et de toute façon, il lui fallait trouver de quoi s’abriter avant que la nuit ne vienne. Sans plus de cérémonie, elle se mit à marcher en faisant bien attention à la direction qu’elle empruntait : nord-est. A nouveau, les secondes se mirent à défiler et bientôt se furent les minutes. Son corps se remit à chauffer, ses joues à rosirent mais une fois de plus, l’arbre à la branche cassée lui fit face. La mâchoire serrée, elle cilla.

    - C’est pas bon ça… Murmura-t-elle en levant le nez vers la canopée. Elle était sur le point de grimper à un arbre lorsqu’elle remarqua que, brutalement, le monde autour d’elle s'était tut. Le vent avait cessé de souffler, les oiseaux de piailler, les arbres de grincer et Sixte de respirer. D’un geste précautionneux, elle arracha ses dagues à leurs fourreaux et s’avança aussi discrètement que possible au travers des arbres, l’oreille tendue. Quelque chose ne tournait pas rond, il ne fallait pas sortir de MAGIC pour le deviner. Le laps de temps qui s’écoula dans le calme le plus assourdissant parut durer une vie mais au terme de celui-ci, le sifflement rageur d’une créature raisonna dans la forêt comme une corne de brume et Sixte n’eut pas besoin de le voir pour le reconnaître. Pivotant sur ses talons avec agilité, elle se mit à courir à travers les sapins sans réfléchir à la direction qu’elle prenait, elle devait fuir à l’opposé de l’endroit d'où venait le cri, c’était la seule chose dont elle était certaine.

    Ses pieds ne semblaient pas toucher terre, sa cape flottait dans son dos et bientôt de la sueur se mit à perler le long de ses tempes et à rouler le long de sa colonne vertébrale. La neige ne faisait que ralentir sa course mais Sixte n’était pas prête à mourir alors elle redoubla d’effort dès lors que son pied eut le malheur de déraper sur une plaque de verglas. Ses poumons étaient en feu. Au moins autant que ses jambes qui pourtant continuaient de la porter avec efficacité. D’un bond, elle passa un ruisseau qu’elle avait enjambé à l’aller. Ce fut seulement à ce moment qu’elle s’accorda un regard en arrière, pour découvrir la carcasse de mastodonte de la geomi qui l’avait prise en chasse.

    “Merde, elle est énorme.” C’était un euphémisme, cette chose était sans nul doute la représentante de son espèce la plus grande qu’il lui avait été donnée de voir.  L’angoisse lui tordit l’estomac avec au moins autant de force que le faisait l'adrénaline mais elle crut rendre son petit-déjeuner lorsque son corps en heurta un autre, les précipitant au sol dans un rouler bouler de neige, de boue et d’écorce vertigineux.
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    Pancrace Dosian
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  • Dim 26 Mai - 12:00

    Bizarre.

    Ça fait quelques heures que Sixte semble faire du surplace ou, à tout le moins, semble tourner en rrond. Est-ce que y’a une zone où elle s’attend à retrouver Ryma, ou lui tomber dessus, et du coup, elle patrouille ? J’suppose bien que c’est le cas, pasque j’vois pas comment ça peut être autrement. J’veux dire, certes, la montagne, on peut s’y perdre, mais pas au point de faire des cercles pendant trois plombes, surtout qu’il suffit de regarder le paysage, relativement dégagé, pour voir où on va.

    J’suis tout près quand elle me rentre dedans, poursuivie par une géomie colossale.

    Bon, effectivement, ça justifierait de courir en cercle.

    « Putain. »

    On a beau pas avoir le même gabarit, j’ai été surpris, et j’comprends même pas comment j’l’ai pas vue sortir de mon angle mort. Reste qu’on roule dans la neige, d’abord collés, puis nos masses respectives nous séparent quand une bosse la fait décoller du sol pour tomber dans une petite congère, tandis que j’finis ma course dans un amas de racines qui affleure au-dessus d’un rocher. Le souffle coupé, j’essaie de voir où est l’araignée géante. Elle incline la tête, fait cliqueter ses mandibules, fait un pas d’un côté puis de l’autre. Ses deux pattes avant fouillent un peu la neige avant d’avancer vers nous.

    A quelques mètres, la tête blonde de l’elfe sort de la poudreuse, blanchie, puis elle s’extirpe agilement tandis que j’me relève. J’balance des projectiles magiques qui rebondissent sur la carapace chitineuse du monstre, et j’commence à me dire que c’est vraiment pas de bol.

    « Mais bordel, qu’est-ce que tu nous as réveillé, Sixte, que j’murmure. »

    Si elle m’entend, elle répond pas. J’dégaine mon épée courte, sans grande conviction. A moins de trouver un oeil, la jointure de l’armure, je vois pas comment ça va passer au travers. P’tet que le ventre est plus faible, ou c’est les reptiles, plutôt ? D’autres projectiles magiques sont bloqués par les pattes avant et vont s’écraser dans la neige en-dessous. Mais la géomie avance pas davantage vers nous pour l’instant, se contentant de rester à l’orée des arbres, à une dizaine de mètres. Ça serait son territoire qu’elle défend ?

    « J’suppose que Ryma est juste de l’autre côté, hein ? »

    Sinon, ça serait pas drôle. Puis si j’voulais semer d’éventuels poursuivants en connaissant la montagne et ses monstres, effectivement, j’prendrais probablement le risque de passer par leur territoire en comptant sur eux pour me débarrasser des importuns. C’est un genre de pari gagnant que j’serais prêt à faire, en tout cas. Par contre, ça nous arrange pas des masses. D’un geste de la main, j’suscite des projectiles d’ombre, mais eux aussi échouent à faire quoi que ce soit à la géomie. Va falloir hausser l’intensité, j’pense.

    Forcément, on n’a même pas le temps de se calibrer pour la suite des opérations, pour survivre et avancer, qu’une autre géomie, aussi grosse que la précédente, fait remuer la neige derrière nous. Elle aussi, elle semble pas timide, et j’me demande si la première voulait pas avancer justement pasque c’était le territoire de la seconde. Mais comme elles se mettent à nous charger de concert, cette hypothèse prend vite l’eau. J’pousse un juron et on part tous les deux du même côté, à courir comme on peut dans la neige. Sixte grimpe prestement un arbre et court sur les branches basses tandis que j’respire comme un soufflet de forge à essayer de pas mettre le pied dans un creux du terrain.

    Les troncs sont trop épars pour vraiment bloquer les géomies, et elles gagnent rapidement du terrain, aidées par la longueur de leurs pattes. Elles avancent parallèlement à nous et, dès qu’on voit une ouverture, on reprend le sens de la pente. L’accélération se fait sentir directement, et j’balance un projectile magique sur un arbre pour le faire chuter en travers du chemin, mais l’araignée passe simplement au travers, sans s’arrêter.

    J’agite les bras pour pas tomber, j’suis obligé de freiner pour me retenir à un arbre, me figeant d’un coup sec qui me tire dans l’épaule, puis j’rebondis sur un rocher avant de reprendre ma course. Un coup d’oeil en arrière me montre que, bizarrement, les géomies se sont pas rapprochées, et Sixte est dix bons mètres devant. Mais à regarder par-dessus mon épaule, j’loupe une racine ou un caillou qui dépasse, et j’me viande tête la première dans une branche, avant de tomber sèchement sur le dos, immobile.

    Les monstres sont plus là.

    Au bout de quelques secondes, ils réapparaissent à la frontière de mon champ de vision, mais pas du tout où ils étaient auparavant. J’plisse les yeux. Un coup de senseur magique révèle que y’a rien ici, de même que l’écholocalisation. Plus loin, Sixte s’est figée dans un sapin, attendant de voir ce qui va m’arriver. J’me demande ce qu’elle voit. Les géomies approchent d’un air menaçant, mais j’me fous une patate, bien sur la pommette. Elles disparaissent à nouveau.

    J’laisse échapper un soupir de soulagement, et j’pose les mains sur les genoux pour reprendre mon souffle. L’elfe me demande si ça va, si elle doit venir m’aider.

    « T’inquiète, c’est bon. »

    J’hésite à ménager un peu de suspense, faire croire que j’vais les affronter héroïquement, mais j’voudrais surtout retrouver Ryma, avant les chasseurs de prime et avant Sixte, donc ça implique qu’on se mette pas en trop mauvais termes. Déjà qu’elle est rancunière, en plus...

    « Ils sont pas vraiment là. C’t’une illusion. »

    Puis j’avance d’un pas décidé vers eux, et ils reculent pour pas entrer directement en contact avec moi. Allez, y’a une montagne à finir de grimper, faut croire.
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  • Mer 29 Mai - 22:02
    “Ta gueule et cours”. Furent les premiers mots que Sixte adressa à Pancrace lorsqu’ils furent à nouveau sur leurs pieds et qu’elle eut reprit ses esprits après avoir atterri la tête la première dans une congère dont la neige avait réussi à infiltrer le col de sa cuirasse. Un frisson glacé l’avait parcouru et les secondes avant que les flocons ne fondent lui avait parut durer une éternité. Quoi qu’elle avait des affaires autrement plus urgentes à régler : les géomis leur collaient encore au train et quelque chose lui soufflait qu’ils n’étaient pas près de s’en débarrasser. Ryma fut bien vite reléguée au second plan au profit de sa propre vie et elle se remit à cavaler aussi vite que ses jambes le lui permettaient, Pancrace sur ses talons. Rapidement, il lui semblait évident que les hauteurs étaient sans nulles doutes bien plus adaptées et elle abandonna le plancher des vaches pour évoluer en hauteur à la manière d’un funambule sur son fil. Elle était rapide et discrète, assez pour commencer à semer l’humain mais pas assez pour échapper à l'œil vif des géomis.

    “Ça ne va jamais s’arrêter !” Gémit-elle intérieurement sans oser regarder derrière elle par peur de tomber. Toutefois, le son d’une chute la força à s’arrêter de courir. Dérapant sur une couche de sève gelée, elle se rattrapa de justesse à une branche sur laquelle elle se hissa pour mieux voir ce qu’il se passait.

    Pancrace était étendu sur le dos, la chute avait dû être rude car elle entendait son souffle saccadé sans même avoir besoin de tendre l’oreille. Peut-être aussi parce qu’il craignait de finir dévoré par une araignée géante. Elle pouvait aisément le comprendre. Mais pas l’aider. Ses yeux se posèrent en amont et tombèrent sur les créatures. Il ne leur faudrait que quelques enjambées pour venir le faucher, à moins qu’il ne se remette sur ses jambes pour fuir ou démontre des capacités magiques qu’elle ne lui connaissait pas -ce qui était hautement probable. Pour ce qui était du reste qu’il aille se faire foutre. Pourtant il ne se passa rien, les géomis restèrent à distance et l’officier se contenta de se gifler férocement sous le regard interloqué de Sixte qui s’était redressée sur sa branche.

    - T’es pas mort ? Besoin d’aide peut-être ?

    La réponse ne se fit pas attendre et l’explication allant avec son étrange comportement non plus, la seconde suivante il avançait face aux créatures comme si elles n’étaient rien de plus que deux buissons. Instinctivement, ses doigts se portèrent à la garde de ses couteaux de lancers mais rien ne se passa. Bouche bée, elle observa les araignées reculer.

    - Merde alors… Jura-t-elle en laissant ses bras retomber le long de son corps. Elle les regarda encore quelques secondes puis décida enfin de quitter son perchoir. En quelques bonds elle retrouva le sol neigeux de la forêt et avec quelques foulées de plus elle avait rattrapé Pancrace. Durant les premiers mètres elle ne parla pas plus qu’elle ne perdit des yeux les géomis qui continuaient de les suivre silencieusement, lâchant quelques sifflements stridents par moment. Elles semblaient se caler sur leurs pas, ralentissaient lorsqu’ils le faisaient et accéléraient s’ils allongeaient la foulée. Sixte avait beau savoir qu’elles n’étaient pas réelles -elle avait remarqué quelques détails qui ne collaient pas et qui maintenant lui sautaient aux yeux - elle était incapable de leur tourner le dos avec la même nonchalance que son compagnon d’infortune. Alors elle marchait tout en lançant des regards par-dessus son épaule à intervalle régulier et sans jamais cesser de s’assurer que ses dagues étaient facilement accessibles. Jusqu’à ce que les créatures ne disparaissent purement et simplement, de la même façon qu’elles étaient arrivées.

    - Tu m’as suivie. Lui lança-t-elle lorsqu’ils se retrouvèrent seuls. Ca n’avait rien d’une question, c’était une affirmation ; elle savait qu’il avait remonté sa trace. - La République vous donne pas les moyens de vous débrouiller par vous-même ou c’est juste toi ? Le railla la demi-sang. Une myriade de noms d’oiseaux lui vinrent en tête mais elle se contenta de lui lancer un regard mauvais. C’était un con mais un con qui pouvait être utile. De plus, elle n’était pas certaine que le provoquer en pleine montagne était une riche idée. Tout humain qu’il était, elle l’avait déjà vu combattre et ne tenait pas à l’affronter ; il était aussi doué en magie qu’elle l’était avec ses armes. - Tu sais quoi ? On peut juste se contenter de pas parler. Ça me va très bien.  Et sans lui laisser le temps de répondre, elle accéléra l’allure jusqu’à mettre assez de distance entre eux pour qu’ils ne puissent pas entretenir de conversation sans crier.

    Sans surprise, les arbres cessèrent de se ressembler, les pierres de se dupliquer et Sixte de tourner en rond. Elle arrivait sans difficulté à se repérer et d’un simple coup d’oeil à la boussole qui pendait à sa ceinture, elle leur permit de se remettre sur le bon chemin. Néanmoins, elle n’oubliait pas ce qu’il venait de se passer et qui était la preuve qu’ils n’étaient pas seuls car aussi maudit puisse être le refuge d’Astrein, aucune magie de ce type ne se manifestait sans raison et sans source. Mais la trouver n’était pas dans ses plans, tout ce qu’elle voulait c’était passer au travers, retrouver la trace de Ryma et… Elle jetta un regard par dessus son épaule… Se débarrasser de Pancrace. Au même moment, une bourrasque les balaya avec suffisamment de force pour la faire vaciller sur ses appuis et le froid lui glaça les os.

    Ils avaient réussit à s’échapper du bois et de ses arbres vertigineux mais ils devaient désormais affronter un désert de glace, de neige et de vent qui semblait le seul chemin vers l’apic qu’ils pouvaient apercevoir au delà de la brume qui était en train de descendre par le col et dans l’ombre d’un retour rocheux, on distinguait à peine la silhouette d’une bâtisse creusée à même le flanc de montagne. Sixte attendit que Pancrace l’eut rejoint puis elle pointa un doigt ganté vers le nord-est.

    - C’est là-bas que je vais. Mais peut-être ne pouvait-il pas le voir et dans ce cas, il n’aurait d’autre choix que de lui faire confiance. - Si on marche bien, on devrait pouvoir l’atteindre avant la tombée de la nuit. Je tiens pas à dormir ici, en plein vent. Puis elle se remit en route en resserrant ses vêtements autour de ses épaules. Mais à peine eurent-ils fait un pas que le vent redoubla et qu’un mur de glace se dressa sous leur nez. - Merde… Grinça Sixte, hésitante. - Ce serait trop te demander, de te charger de… ça ? D’un mouvement agacé, elle désigna la barrière gelée. Mais avant qu’il ne puisse répondre, un long craquement se fit entendre. - Qu’est-ce qu… Couche-toi ! Mais déjà, le mur volait en éclats.
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  • Ven 31 Mai - 22:27

    « La République nous apprend à réussir nos enquêtes. Jusqu’à présent, j’m’en sors pas si mal, à mon avis. Déjà, je m’enfuis pas devant des illusions. »

    Là, merde, on va pas se laisser marcher sur les pieds, non plus. Elle aurait pu dire merci, ça aurait été la moindre des choses. J’ai pas demandé non plus qu’on se prosterne ou un bisou sur le nez. Mais j’sens qu’elle a toujours pas bien digéré la dernière fois, et, d’une certaine façon, j’la comprends. J’veux dire, à sa place, j’l’aurais eu un peu mauvaise aussi. Mais, hé, si elle en a si marre, elle a qu’à... Bon, ben on va pas parler. Grosse ambiance. J’réfléchis à une blague pour détendre l’atmosphère, mais y’a rien qui me vient, sur le coup. Bah, l’occasion fait le larron.

    N’empêche, bordel, il caille.

    En l’espace de quelques centaines de mètres, j’ai l’impression qu’on a changé de saisons, d’heure, et de territoire. Encore un peu, et j’serais prêt à croire qu’on est plusieurs centaines de kilomètres au nord, dans les terres givrées de Melorn et des tréfonds du Reike. C’est que j’ai pas pris ma p’tite laine, moi. J’resserre les pans de ma cape autour de moi, et j’jette un regard mauvais au vent qui nous entoure. Ça marche pas pour l’intimider.

    Sixte pointe sa destination du doigt, mais j’distingue rien de particulier sinon le reste de la montagne. Je hausse les épaules, et j’m’apprête à la suivre en direction du pic. J’suppose qu’elle a dû avoir un tuyau comme quoi notre cible se trouverait là-haut ou passerait par là pour redescendre de l’autre côté, d’abord dans les ruines inhospitalières, jusqu’à l’Empire, avec p’tet un arrêt à Melorn sur le chemin. Les légendes locales disent que y’a du sang elfe dans les veines des locaux, mais vu leurs gueules, ça m’étonnerait : ils ressemblent pas des masses à Sixte.

    Le mur de glace qui se forme devant nous n’a rien de naturel, et c’est tout aussi artificiel quand il pète d’un coup et que les fragments, beaucoup trop gros, nous foncent dessus. Y’a une volonté derrière, mais la première étape, c’est de... d’un geste de la main, j’envoie une pluie de projectiles magiques réduire à l’état de flocons givrés ce qui essayait de nous empaler. J’plisse les yeux sur les alentours, j’utilise le senseur, mais j’remarque rien de particulier, alors m’est avis que le coupable se tient bien loin.

    « Sont rudement gros, les flocons de neige, par ici. »

    Pas ma meilleure, mais on s’échauffe.

    Si le senseur a rien vu, pas la peine d’utiliser l’écholocalisation, qui a une portée bien moindre. Et si quelqu’un essaie de nous empêcher, c’est qu’on se dirige probablement dans la bonne direction, ce qui me conforte dans l’idée que Sixte pointait le bon coin du doigt. De toute façon, l’un dans l’autre, les possibilités sont très limitées : on peut pas vraiment redescendre, pas avec la tempête qu’a l’air de se préparer et la nuit qui va plus tarder des masses à tomber. Donc, comme elle a dit, faut trouver un endroit où passer la nuit. A priori, la pente d’un col de montagne, dans la neige et le vent, c’est pas trop indiqué. Mais y’a un refuge plus loin, et, pour l’instant, c’est un peu tout ce qui m’intéresse.

    Ryma, ça peut bien attendre un peu.

    Le vent se met à souffler tellement fort qu’on est obligé d’avancer pliés en deux, et il faut pas très longtemps pour que j’me retrouve à ouvrir la marche. Avec son gabarit, c’est plus dur, puis y’a la neige en prime qui commence à s’accumuler rapidement, qui remplit nos chaussettes de son humidité glaciale, donc c’est mieux si c’est moi qui fais la trace. Juste, j’aurais préféré avoir un dos derrière lequel m’abriter dans une certaine mesure, quoi.

    Sixte me tape l’épaule, pointe un peu sur la gauche. J’ai dévié sans m’en rendre compte, probablement à cause des bourrasques, pour essayer de me soustraire un peu à leur angle. J’remonte mon écharpe, j’baisse ma capuche au maximum, pour avoir plus que mes yeux qui dépassent à peine. Malgré les gants, j’ai l’impression que mes doigts vont se congeler à l’intérieur, alors j’les fourre tant bien que mal sous mes aisselles dans l’espoir qu’ils se réchauffent un peu.

    C’est peine perdue.

    Un nouveau mur de glace apparaît devant nous, et j’regarde mon binôme pour savoir ce qu’il faut faire. Elle fait signe que c’est tout droit, alors je hausse les épaules. Les projectiles magiques écorchent la construction, mais suffisent pas à la percer rapidement, solide et épaisse comme elle est. J’me gratterais bien la joue en signe de réflexion, mais j’ai pas envie de la découvrir, même si le mur nous abrite un petit peu.

    « Je t’aide à monter, p’tet ? »

    A défaut d’une meilleure alternative, elle prend quelques pas d’élan, et quand elle arrive devant moi, j’vais comme un tremplin avec mes mains jointes, pour la projecter au sommet de la glace. Elle échappe brièvement à ma vision, et j’me demande si j’ai pas fait une connerie, à l’envoyer devant alors qu’elle a tellement essayé de se débarrasser de moi. J’veux dire, si elle décide de se barrer sans m’attendre, j’aurai l’air bien bon. Y’a quelques minutes inconfortables où j’suis blotti contre le mur, en train d’essayer de décider si j’me téléporte plus bas, quitte à laisser tomber la poursuite, et en me disant que j’la reprendrai le lendemain, ou bien si j’utilise le senseur pour savoir si elle s’est barrée.

    J’ai rien décidé, un peu abruti par la fatigue et le froid, qu’une corde tombe sur le haut de mon crâne puis devant mon nez. A l’autre bout, la demi-elfe me fait signe de grimper, alors j’pousse un soupir, et j’attèle à la tâche. Une fois en haut, j’vois l’arbre autour duquel elle l’a enroulée, et j’reste cramponné pour pas que le vent me fasse retomber en bas, quatre mètres plus loin. J’ai beau regarder autour, j’y vois comme dans un four, à cause de la fureur des éléments, alors j’me penche vers elle, et j’gueule.

    « Par où ? On fait quoi ? »
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  • Ven 14 Juin - 13:32
    Sixte avait toujours eu une préférence pour le froid, la neige et la glace que pour la chaleur, le soleil et la transpiration. Cependant, il se pourrait bien que son jugement soit en révision. Pour la seconde fois depuis le début de la journée, elle avait atterri la tête première dans la poudreuse et de la neige avait infiltré les coutures ainsi que les interstices de ses vêtements. Même ses bottes et ses gants étaient désormais humides et glaciaux. Ce qui n’était absolument pas une bonne chose surtout dans un moment pareil. L’humidité était sans nul doute un grand ennemi du voyageur mais elle pouvait aisément devenir son bourreau lorsqu’il s’agissait de la montagne. Elle s’obligea à bouger les doigts autant que les orteils après que Pancrace eut hissé son corps par-dessus leur mur de glace. Ses extrémités n’étaient pas encore froides, mais il suffirait d’un arrêt un peu trop long ou de quelques degrés de moins pour que cela arrive et dès que ce serait le cas, l'hypothermie et les engelures la guetterait.    

    “On ?” Cracha-t-elle intérieurement tout en lançant un regard presque courroucé à son nouveau compagnon d’infortune. Elle retint toutefois la réflexion acerbe qui la titillait et se contenta d’un coup de nez en direction d’une paroie rocheuse jalonnée de neige.

    - Par-là. Je vais passer devant. Elle se pencha et attrapa la corde qu’elle lui avait tendue pour grimper le long du mur de glace. Quand elle l’eut entièrement ramené jusqu’à elle, elle la passa  autour de sa taille et fit un nœud bien serré. Après une brève hésitation, elle enlaça la taille de l’humain puis s’attacha à faire un nœud tout aussi solide que le sien. - Je suis plus légère que toi, ce sera moins dangereux et je connais mieux la montagne. Elle y avait passé de nombreuses années après tout. - Si je tombe, je pense que ton poids me retiendra. D’un mouvement sec elle termina sa boucle et après avoir levé le nez pour accrocher les prunelles mordorées de Pancrace elle ajouta : - Si tu tombes on est mort, alors sois gentil : évite. L’elfe le gratifia d’une tape sur l’épaule avant de s’approcher de la corniche. Elle ne semblait pas très compliquée à franchir. Sa principale difficulté reposait sur le verglas qui se dévoilait peu à peu sous la neige poussée par le vent. Le pas agile, Sixte avança prudemment tout en guidant son camarade du mieux qu’elle le pouvait. A leur droite le gouffre qui les séparait de la plaine infertile n’avait de cesse de s’agrandir. Il était, au début, de quatre mètres puis se furent bientôt huit puis seize, trente deux et il arriva un moment où la jeune femme était bien incapable de faire la différence entre le sol et la masse des nuages qui s’ammoncelait sous leurs pieds.

    - Je crois que le chemin reprend normalement à quelques mètres. S’écria-t-elle suffisamment fort pour que sa voix recouvre le vent. - Après on aura juste à… Sa phrase mourut dans le hoquet de terreur qui s’étrangla dans sa gorge. Son corps venait comme d’être arraché à la neige et à la pierre qu’elle tenait fermement entre ses doigts. Ses pieds étaient stables, elle en était certaine. Pourtant le vent s’était refermé comme une main autour d’elle et la précipitait vers le vide. Ses yeux rencontrèrent ceux de Pancrace, elle y lut la même stupeur qu’elle ressentit avant que son cœur ne manque de sortir de sa poitrine lorsqu’elle se sentit tomber. Brusquement, la corde autour de sa taille se tendit. En réponse, son dos s'arque-bouta dans un angle impossible qui lui arracha un gémissement douloureux alors qu’elle entendait ses os protester. Puis une nouvelle rafale la balaya et son corps rencontra le flanc de la montagne.

    “Pourvu qu’il tienne.” Pria silencieusement Sixte, la nuque cachée entre ses bras pour amortir les chocs qui faisait vibrer ses os. Il n’y avait rien de plus important, ses attaches étaient solides, son corps capable d'encaisser les coups mais si son compagnon perdait ses prises et qu’il chutait, même tous les entraînement du monde ne pourrait la sauver des pics rocheux qui les attendaient une centaine de mètres plus bas.

    Sixte fut inapable de savoir combien de temps cela dura mais elle était certaine qu’elle serait courbaturée le lendemain. Lorsqu’elle estima que le vent s’était suffisamment calmé, elle tira doucement sur la corde. Quand elle la sentit se tendre, elle s’aida de ses pieds et de ses mains pour grimper. Cela lui prit quelques minutes mais elle parvint à saisir la main qu’il lui tendait.

    - Merci. Marmonna-t-elle tout en se frottant l’épaule qui avait amortis les chocs. - Ce vent… commença-t-elle. “N’était pas naturel.” - On verra plus tard. On doit avancer. Ce n’est plus très loin. Après une longue inspiration, elle reprit son avancée de funambule jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin sur un sentier plus large où même une bourrasque venteuse ne pourrait rien contre eux. Ils l’empruntèrent, marchèrent de longues minutes dans un froid glacial, à peine protégé par les quelques à-pic rocheux qui affleuraient des congères. Les arbres avaient même perdu leurs épines qui avaient été remplacées par une myriade de stalactites. Sixte était toujours en tête pour prévenir du risque de crevasses, aussi ils avançaient avec une lenteur exécrable mais au moins elle avait chaud, l’effort la forçait à faire bouger ses muscles et à ne pas trop réfléchir. Cependant, il l’a faisait également transpirer et ça, ce n’était pas une très bonne chose mais c’était un détail dont elle ferait son affaire plus tard.

    Enfin la silhouette du refuge se dessina dans le blizzard. Une maisonnée dont on ne distinguait même pas une fenêtre, ni même la charpente et encore moins le toit. Tout était englouti par des hauteurs de neige vertigineuses. C’était comme si personne n’était venu ici depuis un siècle et c’était peut-être bien le cas, sauf si une petite maligne avait parfaitement effacé ses traces. Que Ryma se trouve à l’intérieur ou pas, Sixte était bien décidé à entrer. Sa sueur ne tarderait pas à lui donner froid et le ciel assez sombre pour qu’elle commence à distinguer les premières étoiles.

    - On est arrivé. Intima-t-elle à Pancrace en avançant vers la porte. Son épaule valide vint heurter la porte qui refusa de s’ouvrir. D’un geste équivoque, elle la désigna à son camarade : - A toi l’honneur.
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    Pancrace Dosian
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  • Dim 16 Juin - 14:39

    J’suis frigorifié quand on rentre dans la petite maison. J’avais l’impression qu’elle était au sommet du col, en plein vent, mais y’a un genre de renfoncement ou de pli du terrain, et déjà à la porte, on est moins dans la courant d’air, encore qu’on l’entend siffler fort. Le poids plume de Sixte fait pas bouger le battant, alors j’carre l’épaule et j’tente ma chance aussi, mais le loquet est tenace, ou alors c’est une poutre derrière qui empêche. J’envisage une fraction de seconde de fracasser le bois avec un projectile magique, mais ça ferait juste l’équivalent d’une fenêtre ouverte en permanence, et j’rêve de rien autant qu’un coin de calme où il fait plus que moins quarante.

    Collée au bout de mon doigt, une masse d’ombre se coagule puis s’enfonce dans la serrure jusqu’à épouser les formes du barillet. Quand j’ressens le cliquetis du mécanisme, j’durcis les ténèbres et j’tourne mon doigt. Gentiment, la porte grince et s’entrouvre, et cette fois, le coup d’épaule me projette à l’intérieur. Un simple senseur magique m’assure qu’on est seul, et Sixte se précipite derrière pour refermer et j’ai l’impression d’avoir un bouchon qui saute dans mes oreilles, maintenant que le bruit du vent est comme étouffé par les épais murs du chalet.

    J’ai l’impression aussi qu’il fait une chaleur à crever, alors qu’on doit à peine atteindre les dix degrés à tout péter. Mais la comparaison fait pas long-feu. J’reprends mon souffle, puis d’un commun accord, on décide d’explorer notre refuge.

    « Y’a que nous, a priori, que j’lâche alors qu’elle porte la main à ses armes. »

    Son expression de concentration se détend, et elle desserre un peu son écharpe, pour dévoiler un bout de nez tout rouge. J’fais de même, et j’entrouvre le haut de ma cape pour faire un entrer un peu d’air. La capuche est déjà tombée, et j’me passe une main dans des cheveux trempés pour les rabattre en arrière. J’renifle audiblement et j’prends la première porte sur la droite tandis qu’elle va tout droit. De toute façon, vu la taille extérieure, on aura vite fait le tour, m’est avis.

    J’arrive dans ce qui doit servir de salle à vivre : y’a une cheminée avec du bois posé à côté, et un espace plutôt dévolu à des paillasses, à vue de nez. La poussière a été agitée récemment, il reste quelques cendres dans l’âtre, mais impossible de voir de quand elles datent. Par contre, le coin propre semble indiqué que Ryma a posé ses couvertures dans un coin devant le feu, dédaignant le coin éloigné de la pièce, plus froid. Un tapis épais en... mouton, probablement ? Qu’est-ce que j’en sais, putain, au final, trône aux abords du feu.

    La décoration est sommaire : y’a deux bougies plantées sur le manteau de la cheminée, deux chaises branlantes en bois et en paille, et un genre d’étagère qui contient une lanterne et de la poussière. La mèche a l’air encore bonne, et j’suppose que le contenant à côté doit être pour stocker l’huile. Pas dit qu’on sorte de nuit, cela dit, donc ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. De l’autre côté, la demi-elfe a fini son tour du propriétaire, encore plus rapide que le mien, et par l’embrasure, j’vois un genre de réserve avec davantage de bois, et des coffres qui contiennent de la viande séchée. Y’a des bocaux par lesquels on distingue des légumes vinaigrés, fermentés, des fruits qui baignent dans leur jus, et un amoncellement de petites pommes frippées de l’automne dernier.

    On avait notre stock, mais tant qu’à faire, si on peut éviter de l’entamer, c’est tant mieux. Puis on va pas tout bouffer non plus. Je hoche la tête, et elle attrape deux fruits, un bocal de légumes et plusieurs lanières de viande avant de me rejoindre dans ce qu’on appellera orgueilleusement le grand salon. Y’en a pas de petit, mais c’est qu’un détail. Et, évidemment, on referme toutes les portes en espérant garder le maximum de chaleur. La fenêtre laisse entrer un peu d’air, mais c’est pas dramatique.

    J’accroche nos capes à une patère clouée à un mur, et j’m’approche de l’âtre pour essayer de démarrer un feu. J’ai les doigts un peu gourds, alors j’souffle dessus, avant de mettre un peu de paille et une petite bûche au sol. Pas de braise encore rougeoyante pour faciliter le tout, évidemment. Puis, de la bourse à ma ceinture, j’sors mon briquet à amadou, que j’frotte pendant deux bonnes minutes sous le regard dubitatif de Sixte.

    « Ben vas-y, toi. Moi, j’vis en ville, d’habitude. »

    Il lui en faut pas beaucoup plus pour regarder vite fait mon matériel, avant de le dédaigner au profit du sien. Si le briquet était pas aussi humide, aussi, hein... Et oui, je blâme le matériel. J’pourrais être touché dans mon orgueil quand une flammèche apparaît, et que Sixte souffle doucement dessus, jusqu’à ce qu’elle prenne sur des brindilles, puis le morceau de bois posé à côté. Précautionneusement, elle place d’autre bûches aux alentours, et après une longue minute, on a un feu digne de ce nom qui commence à faire craquer l’écorce.

    « Bien joué, que j’commente avec un sourire soulagé. »

    Elle répond pas des masses. P’tet qu’elle fait toujours la gueule, ou qu’elle est exténuée. En tout cas, la tension qui retombe brutalement me fait frissonner, et j’prends conscience que j’me sens trempé de la tête aux pieds. J’retire ma veste, et le tissu dessous. Mon sac de couchage est humide, aussi, mais moins, alors j’m’enroule dedans après avoir posé mes vêtements à proximité du feu. Puis j’fais de même avec mes bottes mes chaussettes. J’prends le temps d’examiner chaque orteil pour vérifier qu’ils vont pas tomber pendant la nuit. D’abord, j’les masse pour faire circuler le sang, en essayant d’ignorer la douleur. Puis j’les remue précautionneusement. Mais tout va bien, on va rien perdre dans l’immédiat.

    A côté, Sixte fait pareil, mais j’reste concentré sur mes affaires, et j’vois juste quelques mèches qui dépassent de son amoncellement de couvertures. Maintenant que j’suis en caleçon, après avoir balancé le pantalon aussi à sécher, j’peux pas m’empêcher de me dire qu’il caille. Pour me distraire, j’attrape une lanière de viande séchée -du mouton, encore ?-, et j’ouvre le bocal de légumes pour en attraper un. La pomme, ce sera le dessert. Pas terrible, mais on prend ce qu’on a.

    « Y’a quelque chose qui veut pas qu’on monte. J’pense pas que ce soit Ryma, ça se saurait si elle était autant une cheffe en magie. Mais le blizzard a été aidé, même si son origine est p’tet naturelle. J’parle même pas des illusions. »

    J’me frotte le menton d’un air songeur. Si elle a des alliés qui touchent vraiment beaucoup la magie, ça va devenir une autre paire de manches.
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  • Dim 30 Juin - 18:39
    “Peut-être aurait-il mieux valu que je le sème.” Songea Sixte alors qu’elle était en train de se débarrasser de son pantalon ainsi que de ses bottes dont l’humidité n’avait d’égal que la froideur. Son regard était posé sur le feu, elle se forçait à s'abîmer la rétine sur la lueur des flammes plutôt que d’être surprise à tourner la tête dans sa direction. Il n’y avait rien à voir qu’elle ne connaissait pas déjà mais l’exercice était pourtant moins aisé qu’elle ne l’aurait cru. Une fois débarrassé de ses couches de tissu, elle les étendit tant bien que mal à côté de celles de Pancrace puis prit le temps d’inspecter son propre corps, ses extrémités ou des plaies qui lui aurait échappées, supplantées par la morsure du froid. Il n’y avait rien si ce n’était quelques contusions dues à une mission passée et qui n’avait rien d’inquiétant, elle s’autorisa donc à s’enrouler dans sa couverture jusqu’à ce qu’il ne reste plus d’elle qu’une tête blonde.  


    - Dans la région, on dit que ce refuge est maudit. Commenta-t-elle en imitant son compagnon de galère et en fourrant une lanière de viande bienvenue mais qui, hélas, ne l’aida pas à se réchauffer. Maintenant qu’elle avait ôté ses épaisseurs humides mais protectrices, il lui fallait réchauffer son corps. Malgré le feu, ce ne serait pas une mince affaire. - La plupart du temps ce n’sont que des racontars. Soit par des rigolos qui veulent s’octroyer les lieux à titres gracieux, soit parce que les gens se laissent trop facilement bercer par les histoires bien racontées. P’t’être qu’ici, c’est pas que des conneries. Conclut-elle dans un haussement d’épaule avant de se lever, toujours enroulée dans sa couverture. Un deuxième morceau de viande trouva le trajet vers sa bouche et tout en mâchant, elle se mit à marcher. Son pas était exagérément lent, elle forçait chacun de ses orteils à s’activer puis se hissait sur la pointe du pied et recommençait avec le pied suivant ; une manière comme une autre de faire circuler le sang.

    - Mais je ne vois pas pourquoi quelqu’un voudrait nous empêcher d’arriver ici. C’est un refuge qui a été abandonné depuis des lustres. Elle se pencha, saisit le bocal où se trouvait les légumes et en fourra un dans sa bouche en grimaçant : ils étaient horriblement amer. - Et il n’y a rien d’intéressant, il est orienté au nord ce qui fait que la neige y est éternelle. Même en été l’herbe n’arrive pas à s’y ouvrir un chemin. Il n’y a donc pas de terre fertile. En prime ce n’est même pas une place stratégique puisque que ce col n’est presque plus fréquenté. Même moi, je ne passe jamais par là.  Songeuse, elle continua de faire les cent pas dans l’espoir de se réchauffer et d’ingurgiter autant de lamelles de viande qu’elle en avait a disposition.

    - Les pouvoirs de Ryma ne sont pas de cette nature. Ajouta-t-elle au terme d’un silence seulement troublé par ses marmonnements, les mastications de Pancrace et le bruit grinçant de ses pas. - Et loin d’être aussi puissants. Enfin, ils ont pu me mentir mais ils n’avaient pas de raison de le faire. Alors ce n’est pas elle. Ce qui ne veut pas dire que la personne ou la chose qui nous met des bâtons dans les roues ne bosse pas pour… Ses yeux bleus se voilèrent un instant puis se posèrent sur Pancrace, toujours enroulé dans ses propres couvertures. Elle lui fournissait bien trop d’informations et elle savait qu’il les utiliserait dans son propre intérêt. Ses lèvres se pincèrent, son regard devint plus dur et elle se laissa tomber près du feu dans l’espoir, toujours, de faire augmenter sa température. - On aura pas le choix de passer la nuit ici. Entre les vêtements mouillés et l’obscurité, ça serait du suicide. Il fallait également ajouter à ça une entité inconnue qui, visiblement, ne les portait pas dans son cœur. - Je vais prendre le premier tour de garde. Si le feu s’éteint on sera dans la merde. Peut-être Pancrace avait-il réussi à se réchauffer mais ce n’était guère son cas, elle préférait donc repousser l’heure de son endormissement.

    Il n’y avait rien à faire ici et Sixte regretta bien vite de ne pas pouvoir simplement s’endormir. Au-delà du froid qui n’avait de cesse de lui mordre les doigts et les orteils, elle peinait à garder les yeux ouverts. La moindre seconde d'inattention était une occasion pour ses paupières de se fermer et elle manqua plus d’une fois de s’endormir. Alors elle se força à passer en revu ses affaires, ses flèches, son arc, ses dagues, ses vivres, sa corde. Elle réorganisa son paquetage comme s’il en avait besoin puis lorsqu’elle eut terminé, elle vérifia leurs vêtements. Loin d’être secs, ils avaient tout de même commencé à sécher. D’ici demain matin, avec un peu de chance, ils le seraient complètement.

    Dehors ils faisaient une nuit noire, quoi qu’elle était incapable de dire si c’était réellement le cas ou si c’était seulement le blizzard qui obscurcissait sa vision. En tout cas, le vent ne faiblissait pas alors Sixte se détourna de la fenêtre pour aller dans la remise ajouter du bois pour le feu. Puis elle s’assit aux côtés de Pancrace dans un silence où les crépitements des flammes semblait assourdissant. Elle resta ainsi longtemps, perdu dans son propre esprit, la lueur du feu dansant dans ses iris bleu jusqu’à ce que sa main ne se tende vers ce qu’elle supposait être l’épaule de son compagnon qu’elle secoua d’abord doucement puis plus fort.

    - J’ai froid. Annonça-t-elle d’une voix bourrue. Sixte abhorrait l’idée de se lover contre sa chaleur mais elle n’était pas fière au point de s’épuiser à se réchauffer plus longtemps.
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  • Dim 7 Juil - 12:12

    J’laisse ma salive imbiber la viande séchée, la ramollir un peu dans ma bouche, avant d’essayer de la déchiqueter un peu davantage. C’est sûr qu’on va pas manger trop vite, avec ça. Alors que sinon, on pourrait être tenté de se jeter sur la nourriture comme la misère sur le pauvre monde. J’attrape un légume et rien que de le poser sur ma langue, j’ai une grimace à cause de l’acidité, et et j’enserre plus fort ma couverture. Mais j’avale le tout avec une gorgée d’eau, et j’suis juste content de sentir le poids dans le nourriture dans mon estomac. Le feu semble chaud même si la pièce reste froide, même si l’amélioration est quand même considérable par rapport au blizzard extérieur.

    « Je sais pas, mais y’a clairement une volonté de nuire. Puis est-ce que c’est si abandonné que ça, finalement ? »

    A voir la couche de poussière sur les bocaux, probable que oui, à la réflexion. Mais la personne qui a laissé le bois et les rations devait forcément se dire qu’elle serait amenée à passer par ici à l’avenir. C’est clairement pas le daron de notre cible, vu qu’il est devenu tout blanc à l’évocation du col, donc quelqu’un d’autre. La vieille ? Peu probable aussi, vu que ce genre de superstitions est généralement partagé par tous les habitants du même coin. Y’a bien des chasseurs-trappeurs, mais ça m’étonnerait qu’ils traînent ici à l’année. J’ai beau cherché, j’ai rien qui me vient, comme idée. Il sera toujours temps de trouver le coupable demain, surtout s’il nous arrose à nouveau de magies élémentaires. Histoire de lui apprendre ce qu’il en coûte de se mettre en travers de la route d’un capitaine de l’office républicain.

    « Merci pour la garde. Réveille-moi dans quelques heures ou si tu sens que tu t’endors. »

    Si y’a bien un truc utile qu’on apprend à l’armée, c’est s’endormir rapidement et dans n’importe quelles circonstances. Donc j’me blottis en position foetale au milieu de mes couvertures, au plus près du feu sans le toucher, et j’ferme les yeux. Mais j’ai beau tenir mes orteils, souffler sur mes doigts, j’me sens glacé par l’air froid qui monte du sol, et quand j’réussis vaguement à somnoler, j’suis réveillé en sursaut par la crainte que le bout de mes pieds et de mes doigts noircissent et tombent, par un craquement, le souffle du vent, plus calme maintenant mais qu’on entend siffler, et par le craquement de la neige qui givre peu à peu.

    Quand Sixte annonce qu’elle se les gèle alors qu’elle marche de long en large, j’peux pas m’empêcher de pousser un grognement.

    « Moi aussi. »

    J’me lève pour aller toucher nos vêtements, mais ils sont encore humides, et là où initialement j’avais l’impression qu’il faisait une bonne tiédeur dans le refuge, j’me rends compte que les fenêtres et les murs sont pleins de trous et de fissures par lesquels l’air s’engouffre. J’retourne sans grand entrain mes chausses pour qu’elles cuisent sur un autre côté. Et j’profite d’être debout pour faire quelques pas supplémentaires, qui réussissent qu’à me faire frissonner davantage.

    « On pourrait mettre les couvertures en commun, en tout bien tout honneur. De toute façon, c’est ton tour d’essayer de prendre du repos. »

    Devant son hésitation, j’me sens obligé de rajouter des précisions.

    « En tout bien tout honneur, hein. J’préfèrerais qu’on puisse dormir un peu, se réchauffer et repartir du bon pied demain matin. »

    La perspective de continuer à se les geler à raison de ses réticences, et j’me défais brièvement de mes épaisseurs de tissu pour les ajouter aux siennes. Puis elle se pose en chien de fusil contre mon dos, avec juste son petit nez qui dépasse des couettes, et j’suis tourné dans l’autre direction, en tailleur, à observer la fenêtre et la porte, toutes deux fermées. Mais on n’est pas totalement couverts pasque les couvertures sont trop petites, et j’la sens remuer à la recherche d’une meilleure position. Finalement, elle me contourne et s’assied sur mes cuisses, son dos contre ma poitrine, après un regard d’avertissement menaçant.

    J’ressers les couvertures, et, avec l’elfe blottie dans mes bras et dont la tête dodeline vite sur mon épaule droite, j’continue de regarder des fois qu’il se passe quelque chose. Evidemment, rien du tout, ce qui facilite pas ma concentration, et j’suis vite contraint de me pincer l’intérieur des paumes et des avant-bras pour pas m’endormir à mon tour. J’compte les battements de mon coeur, puis du sien, en essayant de voir si le ciel s’éclaircit, dehors, mais y’a toujours rien.

    Bref, j’m’emmerde, et contrairement à une garde ou patrouille classique, j’peux pas bouger, j’suis au chaud et en charmante compagnie. J’essaie de pas trop y penser, d’ailleurs, ça serait vite physiquement gênant, encore qu’une simple réaction physiologique. Donc j’me remémore les derniers articles du code pénal, les droits de douane, bref, tout ce qui peut empêcher mon esprit de vagabonder et le maintenir concentré sur l’instant.

    J’étouffe un énième baillement.

    Et y’a un gros craquement dehors, du genre d’une congère qui s’effondre ou quoi.
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