Discussion ou leçon sur l'art de combat avec un handicap(avec Penny Valnera)

An+3, fin août

Je m'étais levée de bon matin pour m'entrainer, car le lendemain, je devais aller chasser dans la forêt afin de déplacer les araignées d'un parc vers un autre endroit. Toutefois, j'avais besoin d'aide pour réaliser cette chasse et je devais attirer des chasseurs ou chasseuse avec des affiches postées dans la soirée à travers les diffférentes pancartes de la cité Liberty.

J'étais partie à la périphérique de la cité et j'avais prise des épées en bois pour éviter d'attirer des ennuis avec les autorités qui pourraient se méprendre sur un combat alors qu'il s'agissait d'un entrainement. J'avais convaincu un ancien membre du GAR à faire office de partenaire pour exécuter quelques mouvements alors que j'étais privé de l'un de mes sens comme celui de l'ouïe. Nous arrivions sur une plaine et je commençais à me boucher les oreilles avec des chiffons mouillés. Nous prenions nos armes de bois et nous étions à une distance moyenne. Je me concentrais les sens présents notamment mon odorat et j'avais mémorisé l'odeur de mon adversaire.

Notre combat commençait assez rapidement et je n'avais pas de difficultés au début du combat, car je voyais mon adversaire devant moi. Toutefois, il changeait de tactique et il semblait se déplacer plus vite que moi. J'essayais de concentrer à ce moment-là avec mon odorat et j'arrivais à le suivre. Néanmoins, il arrivait à me toucher légèrement quand j'étais en défense. Cependant, je m'apprêtais à mettre en position offensive, quand mon odorat m'informait une présence dans le coin. Je fis signe à mon adversaire d'arrêter le combat et je tournais mon regard vers une personne qui nous regardait.

De légers pas cadençaient une marche lente à travers Liberty. En cette rayonnante journée aoutienne, Penny n’était guère pressée. Elle n’était liée actuellement à aucun engagement, si ce n’est celui de revoir une vieille connaissance qu’elle avait côtoyé pendant son service militaire. Le rendez-vous avait été fixé dans un restaurant symbolique, celui-là même où jadis, elle avait fêté sa première année au sein de la GAR. Pour cette entrevue, la mercenaire n’avait toutefois pas prévu d’accoutrement singulier. Peu versée dans les arcanes de la mode, elle s’était contentée d’enfiler les vêtements qu’elle utilisait traditionnellement pour travailler. Il va d’ailleurs sans dire qu’elle trimballait également son attirail de guerre.

À son arrivée dans le restaurant, ses équipements ne choquèrent guère les gérants qui avaient appris à connaître la tête de cette jeune femme, cliente régulière. Passées les sincères salutations, elle apprit au détour d’anodines parlotes que l’homme avait reprogrammé en catastrophe leur repas pour cet après-midi. En se basant d’ailleurs sur le scepticisme des gérants, il était tout à fait possible que ce nigaud finisse par ne pas honorer la réservation. Blasée par ce changement de dernière minute et cette absence de certitude, elle réussit néanmoins, par le biais de ces gérants bavards à connaître la raison derrière ce chamboulement.

— Je vais aller voir ce qu’il fabrique. A plus tard. Déclara-t-elle, en promettant indirectement d’honorer cette réservation.

Dynamique, sa marche se muscla vers les lieux où étaient supposés se terrer cette vieille connaissance. En toute honnêteté, Penny ne partageait aucun affect particulier avec cette personne. Elle souhaiter simplement honorer rapidement ce rendez-vous afin de s’en débarrasser une bonne fois pour toute. Ainsi, motivée par ce rêve de tranquillité, la mercenaire s’engouffra en périphérie, là où dominait plaines et verdures. Et sans forcément remuer ciel et terre, la jeune femme parvint à le débusquer. Au beau milieu d’une plaine soigneusement rasée, il persistait visiblement fatigué, sur ses jambes, tout dégoulinant de sueur. A ses côtés, une femme à la chevelure flamboyante se dressait dans une posture défensive. Tous deux étaient probablement en train de s’entrainer, mais cette vérité ne fut guère appréciable…

— C’est donc pour ça que tu m’as posé un lapin. S’exprima-t-elle, la voix saupoudrée de haine. Sans prévenir en plus… L’assassina avec d’autres paroles virulentes.

Le regard qu’elle posa ensuite sur la jeune rouquine n’était guère amical. Compte tenu de sa dureté verbale et de son regard sans cesse froid, certains pourraient à croire que Penny nourrissait une folle jalousie (presque amoureuse) envers cette femme. Il n’en était pourtant rien. La mercenaire souhaitait simplement se débarrasser rapidement de ce repas pour vaquer à ses occupations. Non versée dans l’art d’être chaleureux, elle n’engagea malheureusement pas la conversation de la plus aimable des façons.

— Et cette femme, qui est-elle ? Demanda-t-il à sa vieille connaissance en ignorant complètement la demoiselle concernée.

La considération qu’elle accordait à cette femme était effectivement minime par rapport à ce repas dont elle espérait se débarrasser expressément. Plus que connaître cette femme, Penny voulait surtout comprendre pourquoi cette personne le retenait ici.

Je voyais la femme qui semblait un peu énervée notamment avec ses sourcils, toutefois, je me rendais compte que je n'entendais pas ses propos. J'enlevais les chiffons mouillés de mes oreilles et je prenais au vol une seule question. Celle-ci concernait mon identité et je pensais que cette femme était la petite amie. Je ne voulais pas déclencher une dispute entre eux et je me lançais pour réparer les potentiels dégâts :

« Bonjour, je me présente Ruby et c'est moi qui suis responsable de ce rendez-vous d'entrainement. J'ai servi dans le GAR comme lui et il me devait une faveur. J'étais un peu rouillée niveau escrime et je voulais un partenaire pour reprendre quelques bases. Toutefois une fois arrivée ici, j'ai voulu pimenter les choses pour me remémorer mes précédentes batailles notamment quand on perd son audition suite à un effrondement de bâtiment par exemple. Vous deviez déjeunner je suppose ? »

Je m'arrêtais en espérant avoir appaiser la colère de cette femmme. J'attendais sa réaction et j'étais prête à faire de mieux pour ne pas être responsable d'une rupture de couple.