Une rencontre avec Mère

Elle hausse les épaules quand il lui annonce qu'ils sont sur la même longueur d'onde. Qu'est-ce qu'une onde, elle n'en a aucune idée, mais pourquoi pas ? Quand il est question d'animaux de compagnie, elle balaie la question de la main et lui annonce :

« Vous me suffirez largement, ne vous inquiétez pas »

Puis, elle le dévisage en attendant de voir quelle allait être sa réaction à ce sujet. Elle rit une nouvelle fois et précise un peu plus sérieuse :

« Non, non, je n'ai rien de tel. Je n'ai pas le temps pour cela, mais, j'aime les animaux. Je vais souvent voir les équidés de Pendor »

Quand la proposition d'une boisson vient, elle hésite un peu, puis lui annonce :

« Je vous remercie, ça va aller. Et puis, vous êtes courageux ! Je risque encore de tâcher vos vêtements. Il se fait tard, contentons nous de discuter encore un peu tranquillement et je vous laisserais entre les bonnes mains de votre maternelle, Tagar. Profitez bien du temps qui vous reste en mon auguste compagnie »

Elle commence effectivement à fatiguer, et, son jeune frère risque de s'inquiéter si elle rentre vraiment trop tard ; malgré le fait qu'elle rabâche qu'il ne lui arrivera rien. Elle le relance un petit peu, en lui demandant :

« Du coup, si nous nous marions, et nous avons des enfants, notre résidence sera ici même ? Aurais-je le droit de m'occuper de la décoration ?! »

J’ai droit à un compliment, enfin, je pense, quand elle m’indique que je vais lui suffire. Cela veut sûrement dire que physiquement, je lui plais, du moins j’espère, ou alors c’est que je suis suffisamment chiant pour ne pas vouloir se coltiner un deuxième mec. C’est difficile à dire.

Le second sujet la fait rire également, comme quoi elle apprécie mes paroles, même si je ne fais pas exprès d’être drôle. J’espère que le vieil adage, femme qui rit, à moitié dans ton lit va se réaliser, un jour ou l’autre. Après avoir refusé de boire, elle m’indique à mon grand soulagement qu’elle n’a pas d’animaux de compagnie, ce qui est une bonne chose. Les chevaux ne comptent pas, puisque ce sont ceux de son frère. La suite me fait sourire et je commence doucement par la reprendre, lui indiquant d’une voix douce :

Vous voulez dire quand nous nous nous marions et quand nous aurons des enfants.

Et oui, un simple mot change tout. Je continue ensuite pour répondre à sa question :

Ayant suivi ma Mère dans les magasins et dans les soirées mondaines pendant une grande partie de ma vie, je me flatte d’avoir un goût assez sûr sur la mode. Je sais bien que cette demeure devrait être mise au goût du jour, mais la famille Reys n’affiche pas sa richesse. Après tout, nous ne possédons que peu de bien, contrairement à d’autres familles. Nous avons toujours été des fonctionnaires de père en fils et si nous possédions quelques esclaves, maintenant affranchis, nous faisons bien attention à ne jamais avoir de dette. Si cette demeure vous convient, puisque Mère n’en aura pas l’utilité, je suis pour que cela devienne notre nid douillet.

Ne voulant pas la faire mariner plus longtemps, je conclus :

Nous referons la décoration ensemble, certaines pièces servant aux invités devront garder un côté assez austère, mais le reste peut tout à fait être changer selon votre goût. D'ailleurs, voulez vous garder votre nom de famille ?

Elle réagit d'un simple hochement de la tête et d'un haussement d'épaules. Elle l'écoute ensuite débiter sa tirade, pour au final avoir la réponse à sa question. Elle acquiesce alors vivement, même si elle tire un peu une moue déjà boudeuse. Austère, non. Sobre, oui à la limite. Pour le nom de famille, elle hausse les épaules, et lui explique simplement :

« Peu importe, je suppose que les gens d'Ikusa me verront comme dame Reys, et ceux de Taisen comme une de Sarleon. Dans les deux cas, je resterais une lionne »

Elle lève les yeux au ciel, voit la position dans la lune dans le ciel, réalise à quel point il doit être tard. Elle esquisse alors le mouvement de se dégager de la couverture et de se lever pour annoncer à Tagar :

« Mais c'est qu'il est vraiment affreusement tard ! J'ai peut-être un peu trop tardé. Me feriez-vous le plaisir de me raccompagner, Tagar ? »

Elle lui tend son bras pour qu'il puisse le faire dignement.

Cette entrevue s'est au final très bien passée, et elle rentre le cœur léger. Leur union ne saura tarder et bientôt, elle aura un nouvel époux, et des nouvelles opportunités pour elle et pour sa famille. Une page de sa vie se tourne, et elle espère que la prochaine sera au moins aussi bonne que cette dernière.

Je vois bien que ma réponse sur la décoration de notre futur nid d’amour ne lui plaît pas, sa grimace étant assez parlante. Mais je ne peux pas céder sur ce point, je suis un Reys et je dois partager mes valeurs avec mes enfants. Concernant le nom, elle ne semble pas vraiment prendre conscience de l’importance et comme elle indique qu’à la capitale, il faut l’appeler dame Reys, je prends cela comme un oui et qu’elle portera mon nom.

Bien trop vite, elle décide de partir et de quitter le refuge douillet de la couverture. Je me dépêche donc de me lever à mon tour et je prends doucement son bras pour l’aider à se lever. Une fois, debout, je prends la tête de notre petite équipe et je retrouve dehors les gardes du corps qui m’attendaient. Je n’ai plus qu’à écouter le Sajenti, Robert, qui a été nommé sous-officier de l'escouade. Comme il est très méfiant, mais extrêmement compétent, il me dit :

Je peux désigner quelques hommes pour raccompagner Dame de Sarleon, si vous le souhaitez. Cela évitera que vous preniez un risque.

Je souris devant sa sollicitude et je lui indique :

C’est gentil de votre part, mais je vais la raccompagner. Suivez-nous à une dizaine de mètres.

Je le vois hausser les épaules devant mon choix et il donne rapidement les consignes à ses hommes. Je peux donc faire le trajet en compagnie d’Alyssa, échangeant sur différents sujets. Une fois arrivé devant la demeure des de Sarleon, je prends les mains de ma future fiancée et je lui dis en souriant :

N’ayez pas d’inquiétude, je ne vais pas vous embrasser. Je voulais juste vous dire que j’ai beaucoup apprécié cette soirée et que je me sens privilégié de pouvoir devenir votre mari. Je vous promets que je ferai tout pour vous rendre heureuse et que nous aurons beaucoup d’enfants.