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  • Jeu 17 Nov - 13:25
    Kylian était un jeune homme simple. Marié depuis peu et installé dans une demeure de la capitale, le jeune soldat n'espérait pas grand chose de la vie. A vrai dire, seul lui importait son épouse et son petit train de vie. N'ayant participé à aucun conflit majeur lorsqu'il faisait ses classes, l'humain n'avait fait qu'entendre les récits des vétérans et observé de loin les exploits des grands Héros. Appuyé contre sa lance, il regardait à présent les passants aller et venir dans les grandes rues de la capitale. De temps à autres, il devait courir après un ou deux voleurs, mais rien de très sérieux. Vraiment, rien ne prédestinait Kylian a un quelconque rebondissement. Et pourtant, aujourd'hui, tout avait changé. Regroupé dans la cour d'une des nombreuses casernes de la capitale, le soldat et ses confrères attendaient un briefing exceptionnel. Et la venue d'êtres qui l'étaient tout autant. Une mission soudaine et improbable pour laquelle toute sa troupe avait été réquisitionnée. Le sergent s'approcha alors du petit groupe et grogna de sa grosse voix, concentrant l'attention de tous les soldats présents. Rapidement, les principaux objectifs avaient été évoqués. Une base rebelle. Une opération conjointe et l'arrivée imminente d'un groupe qu'il faudrait escorter, en plus d'un vip à protéger. Déglutissant, Kylian n'en revenait pas. En quelques secondes, de longues gouttes de sueur avaient glissé dans sa nuque, signe distinctif d'une inquiétude grandissante pour celui qui n'avait, jusqu'à présent, jamais risqué sa vie. Faisant un pas en avant, le jeune homme s'apprêtait à demander sa mutation, ou plutôt sa "non participation" à la prochaine mission, lorsque l'attention de tout le groupe fut détourné vers la grande herse de la caserne qui se soulevait lentement. Les soldats s'agitèrent rapidement, se figeant dans une parodie de garde à vous tandis qu'ils observaient le groupe qui commençait à entrer dans la cour. De ses yeux bruns, Kylian figea alors son regard sur celui qui menait ces hommes et femmes. Incapable de détacher ses yeux de l'armure d'ébène de cet officier, le soldat savait à présent qu'il n'était plus possible de faire marche arrière. Sa vie banale venait de s'effondrer.

    Silencieux, Deydreus observait les soldats de la capitale qui se tenaient au garde à vous. L'envie de laisser un long soupir s'échapper de sa gorge le gagna quelques longues secondes avant de finalement quitter son corps stoïque. D'un mouvement de tête, l'officier ordonna à ses propres hommes de prendre place au sein de la caserne et de vérifier, une énième fois, leur équipement. Sans aucun mots, ils s'exécutèrent. Contrairement aux soldats de l'armée "régulière", la troupe de l'Envoyé portait un uniforme particulier. De couleur noir et sang, leurs armures et autres tabards étaient marqués d'une division par pâle. Pour le reste, on trouvait chez eux une grande diversité dans l'armement, certains se battant à l'épée et au bouclier, tandis que d'autres préféraient les hallebardes. En revanche, tous affichaient un professionnalisme remarquable, tranchant grandement avec la parodie de salut des autres soldats de la capitale. S'avançant légèrement, Deydreus chercha des yeux le responsable des gardes devant lui. Un sergent, tout aussi stéréotypé que l'on pouvait l'imaginer, se tenait devant ses hommes. Sur son visage, on pouvait deviner un mélange de fierté et d'inquiétude. S'avançant vers lui, l'officier lui fit un signe de tête discret afin qu'il ordonne la fin du salut et qu'il le rejoigne. Quelques secondes plus tard, celui qui se présenta comme Ulfril, entama un long rapport descriptif de ses hommes. L'écoutant d'une oreille, Deydreus analysa le personnage un peu plus en détail. Une armure ayant les marques de quelques batailles passées, une posture imparfaite mais présente, un peu trop d'embonpoint et enfin une moustache particulièrement longue qui remontait de chaque côté dans une boucle amusante. L'homme possédait un minimum d'expérience et même s'il semblait s'être "encrouter", il serait utile. Pour le reste des soldats en revanche... Outre le fait qu'il y avait moitié moins d'hommes que ce que l'officier espérait, la plupart n'avaient visiblement pas encore vu la moindre bataille. Ce qui, lors des prochaines heures, allait se montrer dommageable.

    - Beaucoup de vos hommes vont mourir sergent.

    La remarque arrêta net Ulfril dans son palabre. Ces mots, s'ils avaient été prononcés sur un ton monotone, avaient frappés le sergent en plein coeur. Pour peu, et à son expression stupéfaite, on pouvait penser qu'il venait d'être poignardé. A vrai dire, seul son égo avait été touché mais, même s'il aurait voulu répondre à l'armure lui faisant face, il devait cependant se faire une raison. Ses gars manquaient cruellement d'expérience, et beaucoup d'entre eux allaient en souffrir. Cependant, il ne doutait nullement de leur motivation et leurs efforts prochains. Rassemblant en lui une détermination qui avait failli se briser sur ces quelques mots, le moustachu fixa son interlocuteur d'un air agacé.

    - Ils ne sont pas des vétérans des grandes guerres, mais je peux vous assurer qu'ils fer...
    - Je ne souhaitais pas vous offenser Ulfril. Je ne faisais qu'établir un constat. Avez-vous une idée de quand notre commanditaire sera sur place?
    - Il ne devrait pas tarder, vous avez un peu d'avance mais nous approchons de l'heure du rendez-vous. Une fois qu'il sera là, nous nous mettrons en route vers le lieu de la mission.
    - Parfait.

    De nouveau, l'envie de soupirer gagna Deydreus. Au final, c'était une bonne chose que l'Enragé n'était pas présent avec lui lors de cette mission. Cette simple attente l'aurait très probablement poussé vers un agacement profond. De plus, l'état déplorable de ces soldats n'aurait rien arrangé. Jaugeant de nouveau les troupes de la capitale, l'officier retint une expression de dégoût face à certains d'entre eux. Comme à chaque fois, la faiblesse transpirait de leurs rangs, une maladie insidieuse visiblement présente dans tous les corps d'armée. Sortant finalement de ses pensées philosophiques, l'officier laissa son regard glisser sur le reste de la caserne, pour finalement venir se poser sur la herse de la caserne. Si Deydreus espérait véritablement quelque chose de cette mission, c'était que le Coeur soit à la hauteur de ses attentes.  

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  • Ven 18 Nov - 11:04
    Lorsque son interlocuteur était entré dans la caserne, Deydreus avait pris de longues secondes à analyser ce dernier et la petite troupe l'accompagnant. Si le premier n'avait rien éveillé en lui, les hommes qui marchaient à ses côtés avaient au moins capté son attention. Leur tenue, couplée à leur air tendu, démontrait qu'ils n'étaient pas aussi "nouveaux" que les autres soldats. A vrai dire, l'officier estimait qu'ils seraient des éléments tout à fait capables. En revanche, le simple fait de les voir "escorter" le ministre éveilla en lui un sentiment étrange. Pour tout dire, il trouvait cela amusant. Dans une société où l'éducation militaire était placée au centre de la culture, où la force était dans l'ensemble mise en avant, devoir se reposer sur une escorte pour se déplacer relevait de la farce. Enfin. Les menaces qui tournaient autour des politiciens étaient généralement plus insidieuses que pour les officiers aussi, Deydreus n'y pensa plus, préférant se focaliser sur ce que lui disait le nouvel arrivant. Visiblement, une mise au point était désirée? Bien, au moins cette personne ne faisait pas partie des êtres présomptueux qui, de par leur simple statut, se pensaient supérieures aux hommes ayant baigné dans un milieu depuis plus longtemps qu'eux.

    - En effet.

    D'un salut simple, Deydreus montra son respect au ministre sans pour autant parler d'un quelconque honneur de recevoir ou autre, comme le sergent à ses côtés.

    - Tout d'abord, il y a la question de l'organisation. D'après ce que j'ai lu, nous devons ratisser plusieurs bâtiments tout en encerclant le quartier afin d'éviter toute fuite potentielle. Si j'ai bien compris, nous avons trois cibles principales. Trois demeures, ou caches, à fouiller. Nous sommes environ une soixantaine d'hommes donc sur le papier, la répartition est simple. Cependant, le cordon de sécurité doit être efficace et aux vues de nos troupes disponibles, il faudrait y placer des hommes de confiance. Je propose d'utiliser une partie de mes hommes pour cette tâche. Pour le reste, nous pouvons nous séparer en trois groupes distincts, chacun mené par l'un de nous trois, ou bien le faire ensemble. Dans un cas nous irons plus vite, dans l'autre nous serons plus sécuritaire. Je vous laisse décider. Et enfin, vient la question des potentiels prisonniers.

    Marquant une pause, le vétéran laissa son regard courir quelques instants sur les murs secs de la caserne avant de reporter son attention vers le Cœur.

    - Habituellement, je suis déployé sur des missions plus "terre à terre" et les prisonniers ne sont pas dans ma liste de priorités. Cependant, j'ai bien compris qu'il n'était pas question ici d'une simple purge. Aussi je vous le demande maintenant. Que voulez-vous qu'on fasse des personnes "importantes" que nous pouvons trouver? Et surtout, car la première question est évidente, avez-vous des cibles précises? Le plus d'info le meilleur. Mes hommes doivent savoir qui ils doivent à tout prix arrêter et qui ils peuvent tuer.

    Laissant le temps à son interlocuteur d'emmagasiner ses questions, l'être aux yeux vairons reprit finalement.

    - Une fois que vous serez prêts et que ces questions seront réglés, nous pourrons nous mettre en route. La zone de mission n'est pas très loin, mais j'aimerais autant que nous puissions y arriver avant que la foule dans les rues ne soit trop dense.

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  • Sam 19 Nov - 14:11
    Marchant parmi ses hommes, Deydreus restait silencieux, repensant aux différentes consignes données un peu plus tôt. Une seul cible? Un démon? Comment un être comme celui-ci avait pu s'installer confortablement dans le cœur même de l'Empire? Enfin, s'ils devaient à présent le capturer, c'était bien qu'ils ne souhaitaient pas qu'il y reste. A vrai dire, ce qui "tracassait" un peu plus l'officier était la mention de manipulations mentales. S'il ne craignait pas particulièrement ce genre de choses car il pouvait préparer les contre-mesures appropriées, Deydreus savait que ce n'était le cas, ni de ses hommes, ni des autres soldats présents. Et même si le sort de ces derniers lui importait peu, l'homme aux yeux vairons ne souhaitait tout de même pas être l'auteur de fratricides. Enfin, pas pour le moment.

    Sortant de ses pensées lorsqu'ils arrivèrent enfin à destination, Deydreus lâcha ses ordres machinalement, l'instinct reprenant le dessus. Observant le cordon de sécurité se mettre en place, le vétéran observa quelques secondes la première bâtisse à "ratisser". Visiblement, le Cœur souhaitait qu'il s'en occupe. Soit par respect de ses compétences, soit pour l'observer. Cela importait peu pour lui, tout ce qui comptait, c'était de se mettre au travail. Dans un premier temps, l'officier ordonna à cinq de ses hommes de contourner la maison pour venir sceller les portes arrières ou les potentielles options de sorties des personnes présentes à l'intérieur. Alors même que ces derniers se mettaient en place, la porte principale se faisait enfoncer sans ménagement. En temps normal, il était de coutume de s'annoncer afin de laisser aux individus présents l'option de se rendre. Cette option n'existait pas lorsqu'on faisait face à Deydreus ou ses troupes. Entrant le premier dans l'habitation, le chevalier prit quelques courtes secondes afin d'analyser l'intérieur. Un grand séjour remplit de quelques hommes surpris lui faisait face, tandis qu'un escalier courait le long du mur le plus éloigné, menant au second étage. Alors qu'ils commençaient à réagir pour prendre les armes qui étaient entreposées sur un râtelier derrière eux, les deux rebelles les plus proches n'eurent que le temps de voir leur bras se faire trancher dans un geste vif par l'armure d'ébène. Tandis que les lames dentées déchiraient leur chair, les pauvres hommes hurlèrent presque de concert face à la douleur et leur mort prochaine. D'un geste vif, l'officier mit fin à leur souffrance en les frappant rapidement à la gorge. Roulant sur le sol, les deux têtes demeurèrent figées dans une expression terrifiée tandis qu'un liquide carmin se déversait de leur carcasse sur les planches vernies du plancher.
    Bondissant en arrière, les trois autres gardes se préparèrent à un prochain assaut de l'officier quand l'un d'eux esquiva de justesse une frappe au visage. Entrés juste après leur supérieur, cinq autres membres de la troupe de Deydreus s'étaient lancés à leur tour à l'assaut du rez-de-chaussée tandis que cinq autres grimpaient les escaliers, lames au clair. Rapidement, les cinq hommes accompagnant l'armure noire lancèrent différentes frappes précises, brisant la garde des trois pauvres rebelles. Le premier d'entre eux reçut tout d'abord une frappe au poignet, faisant tomber son arme, avant de se voir transpercer de deux lances acérées. Le second quant à lui reçut un violent coup de fléau d'armes à la tête, brisant cette dernière dans un son grotesque de fruit explosé. Son corps inerte et désarticula tomba finalement sur le dernier du trio qui grommela quelque chose avant qu'une hache affutée ne vienne lacérer son visage à multiples reprises, ne laissant qu'une bouillie écarlate sur ce qui était autrefois un facies reconnaissable.
    Replaçant ses lames dans son dos, Deydreus fit un signe de tête approbateur à ses troupes avant de s'élancer vers l'escalier. D'une voix assurée, l'un des hommes de l'officier ordonna à ses confrères de former un périmètre sécurisé de l'étage, permettant ainsi aux autres soldats, ou au ministre, d'entrer dans la bâtisse s'ils le souhaitaient. Et surtout, d'abattre tout ceux qui voudraient s'enfuir en repassant par le rez-de-chaussée.

    Au second étage, l'architecture de la maison avait visiblement offert une progression plus compliquée pour les hommes du vétéran. Marchant silencieusement, Deydreus remarqua les deux premières portes enfoncées sur sa droite. Derrière elles, se trouvaient deux pièces qui servaient visiblement de lieu de couchage pour les rebelles. Plusieurs lits superposés avaient été placées à la va-vite afin de permettre à une troupe entière de dormir dans un espace confiné. Les deux corps effondrés dans la première pièce témoignait de l'efficacité des soldats au service de l'officier. La deuxième pièce en revanche ne détenait aucun corps, seulement des lits transpercés et du mobilier renversé. Dans la précipitation, les sbires de Deydreus n'avaient pas pris le temps de plus fouiller que cela, ils avaient procédé à une progression rapide et ordonnée, comme on leur avait appris, afin de purger rapidement les différentes pièces et continuer leur progression. Tournant par la suite sa tête sur la gauche, l'officier tomba sur ce qui ressemblait à une salle de bain. Rien de très intéressant ne s'y trouvait, si ce n'est un pauvre type affalé sur des latrines. La scène aurait été amusante si l'homme en question ne recouvrait pas le reste de son corps et le sol de ses propres entrailles. L'odeur métallique du sang dominait déjà la pièce, alors que la mort était survenue quelques minutes à peine avant la venue du vétéran. Se détournant de la salle de bain, Deydreus se rendit finalement dans la dernière pièce. A l'intérieur, il trouva ses confrères acculés peu après l'ouverture de la porte, formant un mur de bouclier et jaugeant ceux qui leur faisaient face.
    La pièce en elle même, ressemblant à un grand bureau ou une bibliothèque, formait facilement la moitié de l'étage. Derrière un bureau renversé, dix rebelles se tenaient face aux soldats. La plupart d'entre eux ne possédaient qu'un simple gambison pour se protéger et ne maniaient visiblement que des haches de basses factures. Un archer tenait cependant en joue le groupe d'assaut et à ses côtés, un individu possédant une masse d'armes et une cotte de mailles fixait silencieusement les nouveaux arrivant. Se plaçant derrière ses hommes qui n'avaient pas dit un seul mot, Deydreus observa cette poche de "résistance". Sortant de l'une des sacoches trônant à sa ceinture le portrait que lui avait donné plus tôt le ministre, l'officier compara le dessin avec le visage apparent du "chef" face à lui. Soupirant longuement en constatant qu'il n'y avait aucune similitude, l'homme aux yeux vairons rangea le papier avant de reporter de nouveau son attention vers les rebelles, constatant que l'archer le visait à présent.

    - Vous allez tous mourir ici.

    D'un sifflement court, la flèche quitta l'arc de Romuald. Il ne savait trop pourquoi, mais les mots prononcés par l'être à l'armure noire devant lui avait forcé son corps à réagir. Malheureusement, cette dernière se brisa lamentablement sur le plastron de l'assaillant qui n'avait même pas daigné esquiver l'attaque. Attrapant rapidement un autre projectile depuis son carquois, Romuald lâcha un hoquet de surprise en remarquant que l'armure était à présent à quelques pouces de Lucas. Ce hoquet se changea en un cri étrange lorsque le dit Lucas s'effondra sur le sol dans un tressaillement. Réajustant sa visée, l'archer lâcha de nouveau la corde de son arme, tentant de suivre des yeux le projectile. Ce dernier fut cette fois dévié dans une magnifique parade de l'épéiste qui tourna la tête vers lui. Dans sa courte vie, le rebelle n'avait pas eu peur de grand chose. Mais lorsque son regard croisa les yeux bicolores de son adversaire, il sentit au fond de lui quelque chose s'agiter. Un monstre glissant dans son dos et remontant le long de son échine. Il était terrifié.
    Jean et Invar se jetèrent sur le bretteur dans le vain espoir de l'arrêter. Ils furent tranchés en deux sans efforts et s'effondrèrent sur le sol lamentablement. Reculant de quelques pas, Romuald arma de nouveau son tir. Il fut cependant gêné par Thomas, Sylvia et Mathieu qui passèrent devant lui pour bloquer l'assaut des autres attaquants. Il ne vit que des ombres s'agitant dans le coin de son regard, remarquant terrifié que ses trois amis ne faisaient pas le poids. Son attention retomba alors naturellement sur l'épéiste et sa progression. Il venait de se débarrasser de deux autres de ses amis et avançait à présent vers lui. Dans un cri ridicule, Volnir agita sa hache tout en tentant de l'abattre sur le flanc gauche du bretteur. En un clignement d'œil, il s'effondrait sur le sol sans sa tête. Plus rien ne se tenait entre Romuald et cet assaillant. Enfin, plus rien à part Iruko. La bête qui grondait à l'intérieur de l'archer cessa sa progression, stoppée par une ultime espoir. Parmi eux, Iruko avait toujours été le meilleur combattant. Lui qui avait combattu durant la seconde guerre des titans savait garder la tête froide et mener leur petit groupe. Il était même parvenu à abattre un capitaine de la garde qui les avait surpris lors d'une contrebande! Il allait parvenir à stopper cette armure d'ébène, c'était sûr!

    Se jetant sur le rebelle qui lui faisait face, Deydreus esquiva aisément la frappe approximative de son adversaire. Contrairement aux autres pleutres qu'il avait abattu quelques secondes auparavant, l'homme à la cotte de maille semblait plus ou moins serein dans ses mouvements, et parvint à esquiver la frappe latérale que l'officier avait tenté de lui asséné en réponse. Se redressant, l'être aux yeux vairons fixa celui qui lui faisait face. Sa posture était mauvaise, on voyait facilement qu'il ne faisait que contenir la peur, l'empêchant de le dévorer complètement. Contrairement à ses camarades, cet homme avait parfaitement conscience de l'écart de compétences entre lui et Deydreus. Mais il lui faisait tout de même face. Comme une proie acculée tentant un dernier acte afin de détourner l'attention de son prédateur.

    - Je me nomme Iruko Kensaï, quel est ton...
    - Je m'en moque.

    S'élançant rapidement, Deydreus lança sur son ennemi une frappe en croix avec ses deux lames, faisant éclater les mailles qui protégeaient le torse du rebelle. Une gerbe de sang gicla dans les airs, éclaboussant le sol et l'armure noir de jais de l'officier. Lourdement, le corps meurtri du rebelle frappa le sol tandis qu'il toussotait pitoyablement son propre liquide carmin. D'un geste miséricordieux, Deydreus enfonça sa lame dans la poitrine du chef rebelle, mettant fin à sa misérable existence. C'est alors qu'un sifflement força le bretteur à pencher la tête sur le côté. Frôlant l'acier de son heaume, une énième flèche venait de filer vers lui et terminait à présent sa course dans le mur derrière lui. Il ne restait plus que l'archer. Deydreus eut presque l'envie de féliciter la vaine tentative du jeune rebelle qui avait tenté de profiter de son exécution pour l'abattre. Malheureusement, ce n'était pas une simple flèche comme celle-ci qui terminerait l'histoire du vétéran. Le jeune rebelle tremblait comme une feuille. La peur l'avait complètement dominé et cette dernière attaque était probablement la seule chose que son corps avait tenté afin de se préserver de tout danger. Une vaine tentative de survie face à une mort inéluctable. Ne prenant même pas la peine de lui adresser la moindre parole, Deydreus lança violemment Silence sur le pauvre imbécile qui ne daigna même pas une tentative d'esquive. La lame acérée vint l'empaler violemment, traversant sa poitrine avec aisance et le plongeant dans un sommeil éternel.

    Venant récupérer son arme, Deydreus observa le résultat du carnage. Il n'y avait pas vraiment eu de difficultés et ces rebelles n'étaient clairement pas ceux qui cachaient celui qu'ils recherchaient. Ordonnant à ses hommes de fouiller les corps afin de potentiellement trouver une information utile, l'armure d'ébène se dirigea vers la grande bibliothèque, observant quelques instants les nombreux livres présents. Soufflant longuement, le vétéran se retourna finalement pour quitter la pièce, puis la maison, retrouvant le ministre qui se trouvait au dehors. Couvert du sang des pauvres fous qui lui avaient fait face, Deydreus jaugea quelques instants la tenue immaculée du Cœur et l'air grave du sergent à ses côtés.

    - Aucune trace de votre démon. En revanche, il y a quelques livres présents à l'étage. Si vous voulez prendre le temps de voir si ce que vous cherchez s'y trouve, la maison est sécurisée. Sinon, je peux ordonner de continuer notre progression vers notre prochaine cible.

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    Le Chevalier Noir
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  • Dim 20 Nov - 13:24
    Une auberge. Voila le grand défi qui les attendait à présent. Quelque part au fond de lui, Deydreus repensait aux fortins et autres villes fortifiées qu'il avait pris d'assaut par le passé. Aux grandes batailles et différents massacres auxquels il avait participé. A présent, l'un des grands de l'Empire lui demandait de prendre une simple auberge... Ce n'était pas réellement que cette demande endommageait son égo, mais plutôt qu'il estimait que toute sa mission, jusqu'à présent, n'était qu'un gâchis de ressources. S'il aimait tout particulièrement débusquer et abattre des rebelles, il fallait être honnête. Deydreus était bien trop qualifié pour être utilisé simplement contre de petites bâtisses telles que celles-ci. Mais c'était les ordres. Et dans l'immédiat, il se devait de s'y plier.

    Observant le ministre arracher la porte, le chevalier analysa quelques instants la situation. Habituellement, les gens jugeaient hâtivement l'officier et ses méthodes. On le disait "brutal", ou encore "d'un subtilité limitée". Pourtant, ce dernier avait étudié à Draakstrang et connaissait les nombreux rudiments de la stratégie militaire et l'évaluation d'une ressource stratégique. Et surtout, la dangerosité d'une situation donnée. Par exemple, enfoncer la porte d'une petite maison à deux étages dont on sait qu'il n'y a que de la présence ennemie, n'est pas équivalent au niveau du risque pris que d'arracher la porte d'un établissement dans lequel la présence d'otages a été confirmé par la personne arrachant la porte elle même. Soupirant pour lui même face à cette décision, Deydreus avança silencieusement vers le dit bâtiment. Car il le savait, si un innocent trépassait dans cet assaut, le blâme lui retomberait dessus.

    L'intérieur de l'auberge était tel qu'on pouvait se l'imaginer. Un grand espace construit autour d'un large bar, dans lequel plusieurs dizaines de tables avaient été disposées pour pouvoir accueillir différents clients. Au fond de la pièce, derrière le bar, on pouvait apercevoir une énorme cheminée dont le feu crépitait encore ainsi qu'une porte menant aux cuisines. Balayant la pièce du regard, l'armure d'ébène remarqua directement les cinq rebelles qui s'étaient armés au moment où la porte avait été arrachée. Avant même qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, ces derniers se jetèrent sur lui. Empoignant l'une de ses deux armes, le vétéran enchaîna différentes frappes, tailladant les deux premiers assaillants. Pour le troisième, Deydreus projeta sur lui l'un des restes d'un de ses camarades, profitant de la surprise pour enfoncer son arme dans sa poitrine. Les deux derniers avaient alors cessé leur attaque, préférant entamer une pitoyable tentative de retraite que l'officier arrêta en leur tranchant les jambes d'un geste rapide. Leurs lamentations pitoyables cessèrent lorsqu'il les fixa contre le sol, leurs propres armes à présent enfoncées dans leur dos. Essuyant sa lame, le chevalier aux yeux vairons continua sa progression, suivit quelques secondes plus tard par ses hommes. Arrivant au niveau de la cuisine, Deydreus écouta tout d'abord afin de déterminer le nombre de personnes se trouvant de l'autre côté de l'ouverture. Seuls quelques crépitements furent captés par l'officier qui ouvrit finalement la porte d'un violent coup de pied. Une fois cette dernière passée, le vétéran ne fut même pas étonné de voir les quatre rebelles qui s'étaient terrés derrière une table renversée, ainsi que les deux jeunes femmes qu'ils tenaient dans leur bras, une lame sur leur gorge. Voila donc une partie des otages dont avait parlé le Cœur. Habituellement, Deydreus était d'une logique froide et pragmatique à l'égard des otages de basses natures. Ces jeunes femmes, aussi belles pouvaient elles être, n'apportaient rien à l'Empire. Elles n'étaient ni fortes, ni nobles. Elles n'apportaient aucun savoir précieux au Reike et avaient probablement partagé la couche ou le repas avec au moins l'un des rebelles présents, ne se souciant que peu de leurs idéaux tant qu'ils apportaient l'or ou leur racontaient de belles histoires. Alors, en temps normal, Deydreus se serait simplement contenter de foncer sur le petit groupe, tranchant sans distinction entre les rebelles et les pauvres femmes. Mais, il n'était pas une de ces situations et on lui avait explicitement demandé de préserver les otages. Rengainant Hurlement, l'armure d'ébène attira vers lui l'un des tabouret présents pour le placer devant lui et s'asseoir quelques instants, fixant le petit groupe de son regard bicolore.

    - Avez-vous seulement la moindre idée d'à quel point prendre en otages ces personnes n'arrange en rien votre situation? Au mieux, vous serez arrêtés pour sédition, séquestration et tentative de meurtre. Pour ce cumul de délits, on prononcera très probablement une mise à mort, ou l'emprisonnement à vie. Dans l'autre cas, vous exécutez ces jeunes femmes, et je vous abats ici et maintenant. Quoiqu'il arrive, vous ne repartirez pas d'ici en hommes libres alors, à quoi bon? Pourquoi ralentir l'inévitable, et plus encore, pourquoi espérer que mettre en danger la vie d'innocentes prouvera votre supériorité morale sur l'objet de votre rage?

    Face à l'air surpris des quatre hommes, Deydreus se releva finalement du tabouret, sans pour autant sortir son arme.

    - Vous êtes en colère face à l'Empire et ses dirigeants. Peu importe la raison qui vous a poussé à rejoindre la rébellion, vous avez franchi un cap décisif de votre vie en optant pour ce camp plutôt que celui en place. Vous avez opté pour la facilité, préférant le conflit au changement politique. N'étant visiblement pas de hautes naissances et possédant des capacités martiales et intellectuelles limitées, ce choix vous est apparu comme évident. Je peux respecter cette décision. Néanmoins, en prenant ce camp, vous vous êtes placés contre ceux d'en face. Contre des hommes tels que moi.

    Marquant une nouvelle pause, l'officier enchaina finalement.

    - Et les hommes comme moi, ne font habituellement pas le moindre prisonnier, et ne montrent pas la moindre pitié à l'égard de pauvres sottes s'étant faites capturer aussi facilement. Cependant, on m'a demandé, pour cette fois, de faire en sorte que les personnes innocentes ne soient pas blessées. Aussi, nous voila dans une impasse. Enfin, ce n'est pas réellement une impasse pour être tout à fait honnête. Plutôt un nouveau choix, qui s'offre à vous. Soit, vous laissez ces jeunes femmes partir, et je vous livre à la personne m'ayant demandé de sauver ces personnes et je la laisse décider de votre sort. Elle sera sûrement bien plus clémente qu'un tribunal habituel et sera surement intéressé par vos propos plutôt que votre mort. Ou bien, vous persévérez dans cette volonté de prises d'otages, et personne ne quittera cette pièce en vie, à part moi.

    Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres du vétéran derrière son heaume.

    - Mes hommes bloquent les issues de cette pièce et attendront mon signal. Je vais à présent nettoyer l'étage et voir si vous retenez d'autres personnes. Ce sera probablement le cas et vos amis recevront la même proposition. A mon retour, j'écouterais votre réponse.

    Se retournant sans préavis, l'officier fit exactement ce qu'il avait dit. Grimpant à l'étage, Deydreus avança pièce par pièce, abattant tous les rebelles présents qui ne retenaient pas une quelconque personne en otage. Arrivant finalement à la dernière pièce, un grand dépôt dans lequel s'était retranché le "chef" de ce petit groupe ainsi que ses hommes les plus fidèles, le chevalier fit de nouveau face à des personnes prises en otages. Cette fois en revanche, les rebelles n'avaient pas mis le couteau sous la gorge des victimes, mais les avaient attachées et placées en ligne derrière eux. Rapidement, Deydreus avait put voir le sang sur les tempes de certains d'entre eux, ainsi que le sang coulant d'une large plaie au niveau du ventre du seul "innocent" qui n'était pas attaché, allongé près des autres et appuyant sur sa blessure à l'aide d'un chiffon humide. Cette fois, le vétéran ne fit aucun discours, se contenant simplement de se jeter avec une vitesse folle sur les personnes présentes. Le combat fut rapide, sans difficulté. Aucun des combattants présents n'avaient put résister plus d'une passe contre l'armure d'ébène. Même pas leur dit chef, dont la partie supérieure du corps pendait à présent sur l'une des étagères tandis que le bas glissait sur le plancher ensanglanté. Envoyant l'un de ses hommes chercher Ulfril, Deydreus lui demanda rapidement de récupérer ces otages là et de demander au Cœur de s'occuper du blessé tandis qu'il repartait vers la cuisine en contrebas, traînant la moitié de chef derrière lui.
    La trainée rougeâtre que laissa la carcasse dans l'auberge allait être difficile à nettoyer. En plus de la porte arrachée, les boyaux et autres restes se répandant sur le sol, et notamment dans l'escalier, allais gêner dans la réhabilitation de l'établissement. Mais cela ne concernait que peu l'armure noire qui continuait sa route avec son nouveau compagnon. Arrivant à la cuisine, Deydreus passa la porte toujours ouverte en silence, puis projeta la carcasse du supérieur rebelle droit devant lui. Le bruit humide et lourd du corps découpé fit tressaillir l'un des rebelles ainsi que les deux jeunes femmes. Plongeant son regard bicolore dans chacun des quatre rebelles, l'officier montra le corps sur le sol puis la porte.

    - Le choix est votre.

    D'un seul homme, les quatre individus jetèrent leurs lames en avant, et poussèrent les otages vers le chevalier qui intima à ses troupes d'agir. Rapidement, les rebelles furent interpellés et les jeunes femmes accompagnées vers l'extérieur. Plus qu'autre chose, ces quatre types avaient été chanceux d'être les premiers sur qui il était tombé. Et surtout, ils avaient été chanceux que ce n'était pas qu'une simple mission de purge. Deydreus quitta finalement la pièce en silence, se dirigeant vers la sortie alors que ses hommes escortaient les prisonniers. Croisant le chemin du ministre, l'officier observa l'escorte de ce dernier se déplacer dans l'auberge comme si elle comportait encore quelques dangers.

    - Le blessé se trouve à l'étage, aux vues de la plaie, je pense que les rebelles l'ont poignardé lorsqu'il s'est opposé à leur présence dans l'établissement. Vous m'avez parlé de connaissances en magie de soin alors j'ai crut bon de vous faire venir. Pour le reste, aucun innocent n'a été blessé lors de notre assaut. Je vous attend dehors pour la suite, il faut que je nettoie un peu le sang qui recouvre l'acier de mon armure. Si j'en crois les informations que nous avions, notre prochaine cible sera plus longue étant donné que cette dernière comporte un souterrain et un grenier. Cette fois, nous aurons sûrement besoin de vos troupes pour l'assaut.

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    Le Chevalier Noir
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  • Jeu 24 Nov - 1:38
    Nettoyer l'armure de Deydreus n'était pas spécialement quelque chose de compliquer. En revanche, cette tâche pouvait s'avérer pénible et longue si on n'était pas habitué à cette dernière. Fort heureusement, le chevalier s'était entrainé de nombreuses années à éviter que le moindre boyau ou caillot de sang ne vienne ternir son armure noire. Une fois l'armure nettoyée, le chevalier suivit le ministre et le reste des forces en présence afin de se rendre sur la dernière position qu'ils devaient assaillir. Une fois sur place, les choses ne se présentaient pas aussi bien que ce que le vétéran aurait espéré. Un soldat de l'Empire était déjà mort. Mais au moins, dans ce décès, il avait fournit à ses camarades de précieuses informations que l'officier allait pouvoir utiliser. Lorsque le ministre lui demanda ce qu'il comptait faire, la réponse fut évidente.

    - Servir d'appât.

    L'air étonné de son interlocuteur n'étonna pas réellement Deydreus. A première vue, cette déclaration pouvait paraître aussi stupide qu'inutile. Mais le chevalier à l'armure d'ébène savait ce qu'il faisait.

    - Je vais m'avancer vers l'entrée de la demeure. Pendant ce temps, les hommes d'Ulfril contourneront et tenteront d'entrer par l'arrière du bâtiment. Quant à vous, vos hommes, et les miens, vous passerez par les flancs. D'après les plans, le vestibule est communiquant avec les cuisines et la salle de séjour, nous pourrons alors nous retrouver vers cette dernière et déterminer la suite des opérations. Si ma théorie est exacte, notre cible se trouve ici. Vous m'aviez parlé du fait qu'elle possédait des capacités de contrôle mentale. A l'université de Draakstrang, je me souviens d'un cours portant sur ces formes de magie, et comment les combattre lorsque l'on y était confronté. Marquant une pause, l'officier pointa du doigt les différentes fenêtres. Habituellement, ce genre de magie est couteuse en énergie et ne peut viser qu'un individu à la fois. Je pense donc que notre adversaire tente d'économiser ses pouvoirs. Mais ce qui m'inquiète, c'est la possibilité que de nombreux archers ou arbalétriers ne se trouvent au niveau de ces fenêtres. Je vais m'exposer en avançant, et si je peux renforcer mon esprit pour ne pas succomber à sa magie, il est possible que cet effort ne ralentisse ma progression. Il faudra donc surveiller ces ouvertures pour empêcher quiconque de s'attaquer à moi. Egalement, je ne vois pas l'intérêt de lancer un sort aussi déterminant comme cela. Notre ennemi n'a profité, en rien, de cette attaque. Plusieurs options se présentent alors à nous.

    Croisant les bras, Deydreus resta quelques secondes silencieux, observant les deux autres dirigeants se trouvant à ses côtés.

    - Soit ce rebelle comptait terrifier nos hommes pour pouvoir s'enfuir, ignorant notre arrivée prochaine et donc nos plans le concernant. Il s'agit là de la meilleure possibilité. Soit cela veut dire que ce Belze Buth veut que nous nous jetions dans son piège. Auquel cas, ma manœuvre va s'avérer encore plus dangereuse que prévu.
    - Alors pourquoi voulez-vous tout de même faire cela?
    - Car nos autres options impliqueraient trop de pertes potentielles. De plus, en attirant l'attention sur moi, je permettrais une progression plus simple. Le but est simplement de parvenir jusqu'à la demeure, une fois là bas, nous pourrons progresser pièce par pièce, et capturer le maximum de rebelles possible. Il se tourna alors vers le Cœur, plongeant son regard vairon dans les yeux du ministre. Je compte également sur vos talents. Qu'ils soient offensifs contre les tireurs potentiels, ou bien défensifs pour les soins ou autres soutiens possibles. Je n'ai pas connaissance de toutes vos capacités, mais l'on m'a informé que vous étiez un mage compétent. Espérons pour nous tous que ce soit véritablement le cas, car j'ai tout autant besoin de savoir mes arrières couverts que vous n'avez besoin de quelqu'un qui attire le feu sur lui pour permettre notre avancée.

    Attendant quelques secondes que ses homologues ne présentent leur potentiels contre arguments, le chevalier se prépara mentalement. Il n'était pas aisé de renforcer une partie de son corps, spécifiquement lorsque ce renforcement concernait une partie "cachée" comme le cerveau. S'il utilisait habituellement cette capacité pour ses muscles ou son torse, Deydreus avait appris à modifier cette force pour "blinder" son esprit et arrêter les attaques psychiques à son égard. Seulement, et il en était conscient, cette protection n'était pas infaillible et elle pouvait tomber face à trop d'assauts répétés. Mais, à la vue de leur situation, ils n'avaient de toutes façons pas trop le choix.
    S'avançant vers le portail une fois sa préparation effectuée, Deydreus marchait d'un pas normal. Il ne courrait pas spécifiquement, ni ne prenait son temps. Pour ceux l'observant, on pouvait croire à une détermination étrange se lisant sur son visage. En réalité, l'homme demeurait incroyablement concentré, son attention analysant chaque mouvements potentiels derrière les nombreuses fenêtres lorsqu'elle n'était pas accaparée par le maintien de son renforcement. Une fois les premiers mètres passés, le chevalier d'ébène se mit à courir, imaginant les troupes derrière lui qui entamaient leurs manœuvres. C'est là, que la corruption fit sa première apparition. Aux frontières de son esprit, l'officier sentit des tentacules immatérielles venir gratter les barrières dressées. Une présence insidieuse et féroce, souhaitant entrer dans sa tête pour y semer le chaos. Dans un murmure, il entendit une voix à la fois étrangère et familière. A la fois masculine et féminine.

    * Laisse toi aller. Repose toi, fier guerrier. *
    - Le Devoir et la Peur suivent le même chemin...

    La course de Deydreus cassa un peu de son rythme, le chevalier ralentissant peu à peu face à la pression mentale. Les tentacules continuaient inlassablement à caresser son esprit, mélangeant dans son crâne une désagréable sensation de plaisir et de douleur. S'il avait déjà subit des attaques psychiques par le passé, le chevalier devait bien reconnaître que le démon qu'ils pourchassaient savait ce qu'il faisait. Recentrant son attention sur la porte de la demeure alors qu'il récitait des psaumes, le vétéran reprit peu à peu de la vitesse, continuant sa route.

    * Cède à la tentation.... Arrête toi.... Ecoute nous.... Nous te connaissons, nous savons ce que tu désires... *
    - ... Nous devons suivre l'un et conquérir l'autre...

    De nouveau, les pas de l'armure noire se firent plus lents. Cette fois, les membres immatériels qui tentaient d'assaillir son esprit s'agrippaient tels des crochets, cherchant à arracher aussi bien les barrières mentales de ses pensées que l'intérieur de son crâne. Un long vrombissement résonnait dans la tête de l'officier qui sentait du sang glisser de ses narines. Il ne pouvait cependant pas faiblir. Pas maintenant. Forçant son corps à continuer sa course, il se remit à prendre de la vitesse. La demeure n'était plus qu'à une vingtaine de mètres. Et si aucune flèche n'était venue le cueillir, la pression psychologique qu'il subissait s'accentuait à chacun de ses pas.

    * Violence. Conflit. Evolution. Autorité. Tu recherches tant de choses, chevalier... Tant de choses que nous pouvons alimenter... Pourquoi nous combattre ici? Pourquoi ne pas lâcher prise? Nous semons un chaos qui est nécessaire. Notre œuvre sert le bien commun, selon tes propres standards. Pourquoi tenter de nous arrêter? *

    La course de Deydreus s'arrêta finalement complètement. A quelques mètres de la porte, le vétéran s'était stoppé net, comme tétanisé. Face à la pression, son corps se courbait vers l'avant comme si on lui appliquait un poids trop lourd. Le sang qui coulait quelques instants plus tôt du nez de l'officier sortait également à présent de ses oreilles. Mais alors qu'il se sentait plier. Qu'il sentait que ses barrières commençaient légèrement à faiblir. Une rage profonde gronda au fond du guerrier. Une rage similaire à celle dont lui avait déjà tant parlé Alasker par le passé. Une rage instinctive. Primordiale. Quelque chose qu'aucune magie ne pouvait contrôler, et qui alimentait les dernières forces magiques du renforcement que Deydreus s'imposait. Quelques secondes, c'est tout ce dont il avait besoin. Il était hors de question pour lui de tomber face à un être au nom si ridicule.

    - SORS DE MA TETE.

    Les mots prononcés avaient été tout autant hurlés que grognés par l'armure noire qui se redressa soudainement. Dans un cri de douleur, il sentit les nombreuses tentacules dans sa tête crisser une dernière fois alors qu'elles se faisaient balayer hors de son esprit, râclant une dernière fois les forteresses mentales du noble Reikois. Animé d'une vigueur nouvelle, l'officier reprit son inlassable course et enfonça violemment la porte du vestibule de la demeure ciblée. S'écrasant contre le bois et le verre, Deydreus sentit l'énorme pression qu'exerçait le démon sur son esprit se volatiliser au moment où il franchissait l'entrée. A présent habité par une profonde colère, le vétéran sortit ses deux lames dans un silence profond. Il devait maintenant rejoindre la salle de séjour pour retrouver le ministre et ses hommes. Et sur le chemin, l'armure noire était sûre d'une chose. Il n'y aurait aucun prisonnier.

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    Le Chevalier Noir
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  • Dim 27 Nov - 13:37
    Romuald tremblait. Ses mains, claquetant régulièrement contre la hampe de sa lance, lui rappelait toutes les choses qu'il venait de voir. Et surtout, elles lui rappelaient que l'adrénaline n'avait pas encore complètement quitté son corps. Devant son groupe, se trouvaient les deux corps des camarades qu'ils avaient perdu. Tony et Darvian ne reverraient plus jamais leur femme et leurs enfants. Serrant les dents, le jeune garde pesta contre la situation dans laquelle ils se trouvaient. Assaillir une demeure appartenant à un chef rebelle. Lui qui n'avait jusqu'alors arrêté que des petites frappes devait participer à une opération importante et qui avait déjà couté la vie à trois des membres de la garde. Enfin... Si on comptait les morts... Repensant à l'armure d'ébène couverte de sang qui était ressortie des précédentes cibles, et du nombre de corps tranchés que Romuald avait entre-aperçu, il fallait avouer qu'il semblait y avoir un déséquilibre des forces. Alors, pourquoi tremblait-il autant? Pourquoi se sentait-il impuissant lors des manœuvres, espérant au fond de lui que le combat ne s'achève avant même qu'il ne doive faire quoi que ce soit? Tapotant sur son épaule, le sergent Ulfril ramena le garde à la raison, parvenant à calmer l'anxiété qui s'emparait quelques instants plus tôt de son corps. Ulfril était un homme bon et un leader compétent. Il avait suivit les ordres du noble reikois sans sourciller et avait fait en sorte que le maximum de ses hommes ne survivent au dernier assaut. Pourtant, on pouvait voir dans ses yeux que la mort de ses deux hommes le peinait tout comme les autres. Mais il tenait bon, et grâce à cela, il inspirait du courage au reste du groupe. Alors Romuald se redressa et fixa le couloir devant eux, ses mains arrêtant finalement de trembler. Puis, ils quittèrent l'arrière de la demeure pour se rendre vers la salle de séjour. Et c'est là qu'il les remarqua.

    Des corps. Ou plutôt, des restes déchirés. Une odeur ferreuse, mêlée au parfum nauséabond des restes humains et des relâchements post mortem. Un amoncellement de cadavres ayant subi le courroux de l'armure d'ébène. Les murs s'étaient teintés de rouge et le sol était collant du sang des pauvres hommes ayant fait l'erreur de choisir le mauvais camp. S'il aurait dut être rassuré du fait que l'officier menant l'opération aux côtés du Ministre avait survécu à sa folle diversion, Romuald sentit son anxiété revenir hanter son esprit. Comment un être aussi féroce ne parvenait pas à faire capituler leur ennemi? Quand il voyait les visages terrifiés des morts ou leur expression torturée, le jeune garde se demandait quelle motivation farfelue pouvait encore pousser les autres rebelles à se battre, plutôt que se rendre. Parvenant finalement à la salle de séjour, le jeune garde laissa un long soupir rassuré en remarquant que la salle n'était remplie que de loyalistes. Ulfril se détacha naturellement de leur petit groupe, allant rejoindre les deux chefs tandis que les hommes de l'officier, vêtus de noir et rouge, avaient déjà formé un périmètre sécurisé dans la pièce.

    *
    *  *


    Levant la main doucement, Deydreus refusa la proposition du Coeur. Ce n'était pas réellement qu'il ne voulait pas d'aide, mais plutôt qu'il préférait économiser les ressources de ses alliés. L'officier n'avait jamais eu l'égo suffisamment gros pour refuser l'aide d'un autre s'il en avait réellement besoin. Mais dans l'état, sa régénération passive allait le soigner rapidement et il était inutile d'épuise le ministre. D'autant qu'ils ne savaient toujours pas où se trouvait le fichu démon, et il valait mieux garder les soins pour plus tard. Lorsqu'Ulfril les informa de la capture des rebelles et de ses pertes, Deydreus posa sa main gantée sur l'épaule du sergent qui le fixa avec étonnement. Bien qu'il avait prédit la mort de ces soldats et les probables pertes futures, l'officier savait que cela pouvait miner le moral des sous officiers de voir leurs hommes périrent par leur faute. Ce sentiment de culpabilité, alimenté par un égo quelconque qui cherchait à prouver au monde sa capacité de leader, pouvait mener certains de ces guerriers aux actions les plus stupides, mettant paradoxalement encore plus la vie de leurs hommes en péril. Par ce geste, Deydreus tentait de se montrer compatissant, et déculpabilisait le sergent en lui faisant comprendre qu'il n'était pas celui qui devait encaisser la responsabilité de ces morts. Le vétéran s'en chargerait car pour lui, cela importait peu. Tout soldat était une ressource à utiliser objectivement, même lui. Même sa stratégie d'appât n'avait pas été pensé par prétention, mais par logique. Un soldat moins important que lui n'aurait pas autant attiré l'attention et permis la neutralisation des archers et autres tireurs embusqués. Un autre soldat n'aurait d'ailleurs même pas résisté à l'assaut mental, à y réfléchir. Revenant cependant à leur situation, Deydreus repassa dans son esprit l'architecture du bâtiment et la position probable de démon. S'il avait d'abord semblé évident à l'armure noire que leur cible se trouvait à l'étage, en raison du fait que les attaques psychiques avaient cessé au moment où il était sorti du champ de vision de ces dernières, rien n'était pour le moment confirmé. D'autant que l'ennemi aurait pu user d'un subterfuge magique pour avoir "des yeux" là où il n'était pas. Il ne restait alors que des options simples pour progresser.

    - Nous allons séparer notre progression en plusieurs étapes. Attendant que l'attention des deux hommes lui soit accordée, l'officier enchaina. Je vais me rendre au sous-sol avec mes hommes. Nous tuerons ou capturerons les rebelles qui s'y cachent probablement. S'il y a peu de chances que notre cible s'y trouve, le fait est que les souterrains offriront bien moins de visibilité et d'options de manœuvres que le reste des étages. N'ayant aucune difficulté à avancer dans le noir complet, je compte éteindre chaque torche, chaque source de lumière pour profiter de cet avantage sur notre adversaire. Si nous déployons les hommes d'Ulfril, la progression en bas serait plus lente et plus dangereuse, c'est pourquoi je souhaite y aller personnellement. Pendant ce temps, Vous vous rendrez tous, mis à part quelques soldats chargés d'assurer nos arrières, au premier étage pour commencer une progression en tâche d'huiles. Chaque pièce doit être fouillée, abordée comme si elle détenait notre proie. A la moindre difficulté majeure, fixez la situation. Inutile de nous presser. Notre ennemi est acculé et cela le rendra plus féroce, la moindre précipitation pourrait nous être fatale. Ou pire, l'ennemi pourrait en profiter pour s'enfuir. Ulfril, peu importe ce qu'il se passera là haut, considérez l'ordre suivant comme la chose la plus précieuse qui vous soit donnée. Maintenez le Cœur en vie. Quoiqu'il en coute. Est-ce bien clair?
    - Limpide messire.
    - Parfait. Dès que j'en aurais fini en bas, je vous rejoindrai. Si tout va bien, vous aurez capturé notre cible ou vous trouverez au second étage. Sinon, nous attaquerons ensemble le reste du premier. Bonne chance messieurs.

    Sans ajouter le moindre mot supplémentaire, l'armure noire quitta le duo de commandants avant de faire un signe de tête à ses hommes, l'invitant à le suivre. Arrivé au niveau des escaliers, Deydreus soupira rapidement, préparant son corps et son esprit à la descente dans les souterrains. Il le sentait au fond de lui, les choses importantes allaient débuter, qu'elles soient à l'étage, ou au sous-sol. Dans tous les cas, l'odeur de la mort allait de nouveau se faire sentir. Visuellement, les escaliers menant aux souterrains n'avaient rien d'extravaguant. Des marches en bois, entourées de murs de plâtre. Une simple porte en bois, fatiguée par le temps séparait l'officier du futur dédale dans lequel il s'apprêtait à progresser. D'un geste vif, Deydreus enfonça la porte, et se baissa instinctivement. Dans un claquement sourd, une corde venait de relâcher une puissante lame qui vint s'écraser contre le pavois d'Ixchel, juste derrière l'officier. Ce dernier laissa un hoquet de surprise sortir de sa gorge avant que la surprise ne laisse sa place à l'amusement. Accompagné par ses camarades, le membre de la troupe de Deydreus laissa un long rire s'échapper de sa gorge, tandis que leur chef, toujours stoique, entamait sa marche dans la quasi obscurité.

    Centrant son attention sur le lieu où il se trouvait, le vétéran pesta contre la tactique de son adversaire, même s'il s'y était attendu. L'utilisation de pièges et autres subterfuges du genre avait toujours agacé Deydreus. S'il comprenait leur intérêt et l'importance de ces derniers, il avait toujours trouvé la chose pitoyable. Non pas parceque cela était déloyal ou quoi que ce soit du genre, mais plutôt car cela le privait d'un véritable affrontement. Fort heureusement, il était coutumier de l'affrontement avec les rebelles et connaissait leur lâcheté. Aussi, ce genre de choses ne le surprenait plus vraiment. Décrochant une des torches accrochée au mur, il tendit cette dernière au fantassin le suivant.

    - Laissez-moi cinq bonne minutes d'avance pour la progression. De ce fait, je pourrais neutraliser les pièges avant que vous n'arriviez et l'ennemi ne me verra pas progresser dans le noir aussi bien qu'il ne vous verra avec vos torches. Si vous entendez hurler à la mort, c'est probablement que je m'amuse.  

    Sous le rire de ses hommes, Deydreus s'enfonça alors dans l'obscurité totale. La chasse reprenait.
         

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  • Jeu 1 Déc - 12:49
    Skrriiiiiiik Skrrriiiiiiiiiik....

    Encore, et encore, le bruit de différents mécanismes râclant contre la pierre résonnait dans les labyrinthiques couloirs du sous-sol. A l'image d'une bête féroce endormie et dont le souffle ardent accueillait en rythme les intrus. Comme un avertissement adressé aux fous venus la chasser. Avançant prudemment, Deydreus prenait soin d'analyser chaque dalle devant lui. Chaque irrégularité était traitée comme un piège potentiel et chaque coin de couloir comme la fin possible de sa tumultueuse existence. A deux reprises déjà depuis qu'il s'était enfoncé dans les sous-sol, un système de lames-pendules avait manqué de le trancher en deux. Soupirant longuement, l'officier reprenait sa route après un énième piège. Quand allait-il enfin tomber sur l'ennemi qu'il recherchait? Il était, tout du moins il l'espérait, peu probable que le sous-sol ne soit qu'un dédale de pièges prévu pour abattre ceux venus chercher le démon. Il devait forcément y avoir quelque chose. N'importe quoi.

    Une basse lumière attira alors l'attention du vétéran au détour d'un couloir. Une lueur suffisamment basse pour ne pas être aperçu par un groupe, mais assez forte pour que ses yeux nyctalopes ne la détectent. Une lanterne voilée, avançant dans les ténèbres. Parfait. Il venait de trouver ce qu'il cherchait. Toujours drapé des ténèbres l'entourant, Deydreus avança le plus silencieusement possible. Si son armure d'acier ne lui facilitait pas la tâche, sa teinte noir de jais lui permettait au moins de casser sa silhouette dans l'obscurité. Arrivé à une quinzaine de mètres de la source lumineuse, l'armure d'ébène analysa plus attentivement les individus se trouvant autour de la fameuse lanterne. Les oreilles pointues de trois des individus et la petite taille des deux autres permit rapidement d'identifier l'origine ethnique des rebelles présents. Les elfes, droits et fiers comme à leur pitoyable habitude étaient en train de dessiner des glyphes sur la pierre du sous-sol, sous le regard courroucé et pressé des deux autres nains. S'il n'avait pas réellement de connaissance dans l'art des arcanes, il était évident que ces glyphes ne signifiaient rien de bon. S'élançant alors depuis sa position, l'officier lança sa première attaque ses ses adversaires, beaucoup trop occupés à réaliser leur œuvre pour se rendre compte de l'assaut subit. De haut en bas, le nain le plus proche fut tranché par les lames vicieuses de Deydreus qui profita du hoquet de surprise de l'elfe à sa gauche pour enchainer sa frappe. Râclant l'abdomen de ce dernier en diagonale, la gerbe de sang qui gicla vint de nouveau salir l'acier noir de l'armure qui s'était déjà redirigée sur un nouvel adversaire. En situation de combat, prendre le temps de s'assurer qu'un adversaire était bien au sol signifiait généralement une erreur fatale. D'ailleurs, le second nain avait déjà lancé sa contre-attaque. Cherchant à frapper l'officier au crâne avec sa masse d'armes, ce dernier manqua de peu le vétéran qui se contorsionna, l'arme venant frapper son épaulière à la place. Le choc vibra dans tout le bras gauche du guerrier qui grogna alors qu'il se redressait, arrachant la jambe de l'être à petite taille dans une manœuvre défensive. S'écroulant sur le sol, le nain hurla de douleur tandis que son camarade elfique accumulait de la lumière au niveau de ses paumes. Se jetant sur lui, Deydreus enfonça violemment ses deux lames dans sa poitrine, le plaquant contre le glyphe qu'il dessinait plus tôt. Toussotant dans son propre sang, l'oreille pointue fixa son tueur d'un regard étrange. A la fois mêlé de haine et de peur jusqu'à finalement se vider de toute émotion, la vie le quittant.

    Un souffle chaud vint alors caresser le flanc droit de l'officier qui, tentant au dernier moment un mouvement d'esquive, se retrouva projeté contre le mur voisin. Outre la chaleur dégagée par les flammes venues lécher son armure d'acier, la violence du coup avait coupé le souffle de l'officier qui mit quelques courtes secondes à se ressaisir, fixant son dernier adversaire. Remarquant la figure féminine qui lui faisait face, il se redressa en titubant, se préparant à une nouvelle attaque alors que son regard se posait sur le visage anguleux de la rebelle. Sur ses joues, de longues larmes coulaient sans s'arrêter et ses cheveux roux, autrefois coiffés, tombaient à présent de manière chaotique sur ses épaules. Son regard azuré quant à lui ne quittait pas le loyaliste impérial et s'était empli d'une haine profonde à son égard. Ses lèvres carmins, légèrement asséchés par la magie de leur propriétaire, se figeaient dans une moue étrange. Autour de ses mains, deux serpents enflammés semblaient danser de manière régulière, éclairant le couloir de leur aura rougeâtre. Elle ne se trouvait qu'à cinq mètres du vétéran, mais ce dernier savait que ses mouvements allaient être compliqués. L'étroitesse des couloirs ne permettaient pas réellement de grandes esquives et affronter un utilisateur de magie en milieu clos pouvait s'avérer fastidieux, encore plus quand ce dernier maîtrisait ses propres arcanes. Mais, pour l'heure, ne rien faire signifiait également une mort assurée. Sans plus de cérémonie donc, l'armure noire se jeta en avant, esquivant de peu l'un des serpents qui vint s'écraser contre la pierre derrière lui. La seconde attaque de la mage en revanche frappa violemment Deydreus à la cuisse, qui continua sa course dans un grognement sourd. Sous l'acier rougit par le feu, le vétéran sentit sa peau se gonfler et les cloques de chaleur apparaitre. Pour peu, il sentit presque sa chaire commencer à fondre sous la férocité des flammes. Se concentrant néanmoins sur sa propre attaque, le guerrier lança une violente estocade, frappant la pauvresse au niveau du ventre et la soulevant légèrement du sol. Crachant un volume de sang alarmant, cette dernière accrocha ses mains sur les brassards métalliques de l'officier. Rapidement, ses mains s'illuminèrent de nouveau dans une aura incandescente, s'éteignant finalement quelques secondes plus tard, l'elfe n'ayant plus la force de tenter quoique ce soit. Dans un silence glacial, Deydreus retira ses lames du corps de la jeune femme et laissa son corps endolori glisser sur le mur du couloir. Il ne daigna même pas achever cette dernière, reprenant sa route et sa chasse. Après tout, si elle ne trépassait pas dans les minutes qui venaient, ses hommes se chargeraient de finir le travail. Pestant intérieurement tandis que sa régénération passive réparait les dégâts subis, l'armure noire reprit sa route.

    La seconde partie de l'exploration des souterrains fut quant à elle bien plus "plaisante". N'ayant à désarmer qu'une dizaine de pièges, Deydreus put avancer relativement facilement jusqu'à une sorte de "place forte" dans laquelle se terrait quelques rebelles. Si la résistance ne fut pas réellement de taille face à l'officier et ses hommes, la chose qu'elle protégeait s'avérait pour le coup bien plus intéressante. Dans la pièce, une sorte d'autel avait été dressé et assemblé à la va-vite. Sur ce dernier, plusieurs grimoires siégeaient en silence. S'approchant des livres, le vétéran les analysa avec la plus grande attention. Les ornements sur les couvertures et la qualité du papier témoignait de l'importance des ouvrages et leur grande différence avec les différents livres de comptes et autres rapports clandestins que Deydreus avait vu jusque là. Feuilletant très rapidement leur contenu, l'armure d'ébène ordonna rapidement à ses hommes de les prendre et de les sceller. S'il ne savait pas si cela était réellement les ouvrages que le Cœur recherchait, ces derniers étaient intéressants ne serait-ce qu'à cause de leur disposition spécifique et de la visible importance qu'ils représentaient pour les rebelles. Quittant finalement la pièce et reprenant la fin de son exploration, l'officier fut presque déçu de ne pas dénicher plus de résistance de la part de leurs adversaires. De retour "à la surface", le guerrier écouta les différents bruits de combat et hurlements venant du premier étage. Bien, visiblement, les troupes avançaient. Prenant donc à son tour les escaliers, Deydreus prit le soin de passer dans chacune des pièces pour vérifier personnellement qu'aucun "rat" ne profitait de l'agitation pour tenter une quelconque évasion. Tombant fatalement sur le barrage des rebelles brisé par les forces loyalistes, l'officier fut satisfait de constater que ces derniers n'avaient pas bloqué face à pareille opposition. Constatant les corps au sol et observant leur couleurs, il n'y avait eu étrangement aucun mort du côté de l'Empire.

    Même s'ils n'avaient pas encore rencontré la plus grande menace de cette opération, Deydreus devait bien reconnaître que pour le moment cette mission possédait un ratio intéressant. S'ils avaient abattu au total une bonne cinquantaine de rebelles jusqu'à présent, ils n'avaient essuyé que trois morts. Se permettant le calcul approximatif des ressources à leur disposition et des étages restants, tout en prenant en compte la dangerosité potentielle du démon, l'officier laissa un court sourire se dessiner sur ses lèvres tachetées d'un sang qui n'était pas sien. La future progression allait causer bien des morts, car l'ennemi se trouvant acculé allait se battre bien plus férocement que lors des derniers assauts. Pire encore, il était toujours possible que leur chef ne dispose d'un atout caché. Une arme lui permettant potentiellement de se sortir de la fange dans laquelle il s'était lui même vautré. Parvenant finalement au niveau de la colonne d'assaut où se trouvait Ulfril et le Cœur, Deydreus leur fit un léger signe de tête.

    - Nous avons récupéré des ouvrages qui vous seront sûrement plaisants à lire cher Ministre. Je vous laisse l'honneur de donner le signal pour le prochain assaut. Une fois l'escalier passé, nous nettoierons chaque recoin du second étage et si notre ami s'y trouve, il ne pourra nous échapper.      

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    Le Chevalier Noir
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    Deydreus Fictilem
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  • Dim 4 Déc - 21:54
    Comment décrire ce qui traversait actuellement l'esprit de Deydreus? Il n'était pas spécialement en colère, ni particulièrement surpris par ce qui venait d'arriver. A vrai dire, l'armure d'ébène ressentait une profonde lassitude. Cette même lassitude qui l'accompagnait constamment lorsqu'une mission se compliquait inutilement. Lorsqu'il avait donné les honneurs à Tagar pour qu'il ne prenne la direction de la colonne d'assaut, l'officier ne s'était pas douté que le ministre s'exécuterait de façon si... Littérale. Passant sur l'escalier, le Cœur avait activé un énième piège de leurs adversaires. En une seconde à peine, le mandataire venait de s'évaporer dans la nature. Il s'en était alors suivi une scène plutôt surréaliste. Parfaitement silencieux, Deydreus s'était retourné vers Ulfil, qui fixait l'armure noire le visage blême. Les mots prononcés plus tôt devaient sans doute résonner dans la tête du sergent qui n'osa même pas un mot à l'encontre de l'officier commandant. Puis, sans la moindre remontrance, ce dernier s'était retourné vers les escaliers en laissant résonner dans son casque un long soupir.

    Deydreus n'était pas un homme prompt à la panique ou à l'énervement rapide. Il avait, au cours de son existence, assisté à de nombreux événements improbables ou encore problématiques. A l'université, on lui avait inculqué les bases de stratégies et de nombreux instructeurs avaient notifié le sang froid impressionnant de leur élève. Lorsque la guerre avait éclaté et qu'il avait mené ses premiers combats, Deydreus avait évolué parmi ces derniers avec une aisance naturelle et avait rapidement compris qu'une adaptabilité rapide et calculée était bien supérieure à des manœuvres instinctives et émotionnelles. De plus, son esprit froid et calculateur faisait que peu d'éléments obtenaient de l'importance à ses yeux. Il évaluait constamment les personnes l'entourant comme des ressources à exploiter et mesurait par conséquent leur utilité et l'importance de ces dernières. Le Cœur n'y avait pas échappé. Tout le long de cette opération, Deydreus l'avait analysé et tirait de multiples conclusions concernant le ministre. Parmi ces analyses, le vétéran avait conclut à une certaine forme de détachement. Mais pas le détachement habituel des vétérans blasés par le combat et habitués à la mort et aux massacres. Non, c'était, selon lui, plutôt une forme de naïveté. Elle ne se témoignait pas par des actions irréfléchies mais plutôt par une impression donnée. D'ailleurs, le Cœur avait au moins eu l'intelligence de laisser un officier de combat gérer les assauts. Enfin, jusqu'à présent. Et actuellement, cette initiative venait d'engloutir le ministre en même temps qu'une partie de l'escalier, emportée par le sort de téléportation. Pour Deydreus, donc, quelques options se présentaient maintenant à lui et ses compagnons, tout comme à la garde personnelle de Tagar qui semblaient toujours stupéfaites par la disparition de leur supérieur. Soit le Cœur se battait actuellement, auquel cas il leur était nécessaire de presser le pas pour le retrouver. Soit il était déjà mort et plus de précipitation n'était pas nécessaire. Enjambant le trou par lequel était passé le mage téléporteur, l'armure noire terminait son ascension pour apercevoir le second étage. Dix pièces se présentaient à eux. Dix caches potentielles pour leur cible. Enfin, plutôt neuf. En effet l'une des portes, celle située le plus au fond du couloir, possédait un grand sceau magique contre son bois duquel sortait une aura magique que même le vétéran pouvait ressentir. Derrière elle, se trouvait probablement le ministre. Retenu en otage, ou mort, dans le pire des cas.

    - Inutile de perdre plus de temps. Fouillez les pièces de gauche, je me charge de celles de droite.

    Sans attendre la moindre confirmation, le vétéran enfonça la première porte face à lui. Derrière cette dernière, une grande salle qui rappelait une piste de danse s'étendait en longueur jusqu'à la deuxième porte. Le long du mur, une grande barre de bois était fixée afin de permettre l'entrainement à différents mouvements de ballets et autres spécificités artistiques qui échappaient au vétéran. Au centre, se trouvaient une dizaine d'hommes en armes qui formaient plus ou moins adroitement une formation serrée. D'un geste de la tête, l'officier ordonna l'assaut de ses troupes. Très vite, la salle qui autrefois abritait la grâce et la volupté des danseuses recueillait à présent la mort en son sein. Silencieusement, Deydreus reprit sa route, laissant ses troupe gérer ces dix pauvres rebelles. Après tout, il les avait privé d'un bon combat en avançant seul dans les ténèbres du sous-sol. La troisième et quatrième porte furent particulièrement décevantes. Derrière elles, l'officier ne trouva que des hommes abattus, probablement lors de la progression initiale, terrassés par les archers Reikois et la magie du ministre. De l'autre côté, les forces d'Ulfril semblait avoir plus de mal. Tombant sur quelques poches de résistances, l'armure d'ébène crut notifier quelques blessés et au moins deux morts parmi les troupes du sergent. Un constat relativement triste, mais évident compte tenu du manque d'entrainement des gardes. Franchissant finalement la cinquième porte, l'armure de jais étira un large sourire sous son heaume.

    Face à lui, une dizaine de rebelles le fixaient d'un regard noir. Parmi eux, un mage semblait psalmodier différentes incantations. S'il crut tout d'abord à une attaque prochaine, l'officier fut étonné de voir les rebelles se placer entre lui et le mage. Puis il comprit. Le lanceur de sort ne préparait aucun assaut, il verrouiller la salle repérée plus tôt. Bien, Deydreus avait sa cible à abattre. Concernant les autres rebelles, leur équipement était impressionnant. Des cottes de maille de bonne qualité, des renforts d'acier ici et là qui ne semblaient pas rouiller. Et surtout, leurs armes. Un fléau d'armes, une masse, deux haches, trois épées, deux lances. Toutes semblaient entretenues et acérées. L'absence de forge repérée en avançant dans la cour de la demeure signifiait que l'équipement était entretenu ailleurs. Que ces rebelles possédaient une bonne chaîne d'approvisionnement. Peut-être que Deydreus aurait pu envisager de les capturer pour les interroger sur cette dernière? Puis, il laissa tomber cette idée. Ils allaient tous mourir ici. Le Démon apporterait suffisamment de renseignements. Et seul lui était obligatoire pour la réussite de la mission. Sortant ses lames dans un silence morbide, l'armure noire s'élança sans plus de cérémonies sur ses adversaires.

    Le premier rebelle reçut un violent coup à la cuisse, tranchant net sa jambe. Dans un râle de douleur, il s'effondra sur le sol tandis que la seconde lame du vétéran s'enfonçait dans son flanc pour le traverser de part en part. Parant de justesse l'assaut du rebelle à la masse, Deydreus se courba pour se servir de son épaule comme d'un levier, projetant en arrière ce nouvel assaillant avant de venir l'éventrer d'une frappe horizontale. Leur équipement était de bonne qualité, c'est vrai, mais pas assez face aux lames vicieuses de l'armure d'ébène. Sous cette pluie de viscères s'effondrant sur le sol, le bretteur se déchaina sur les deux rebelles les plus proches sans leur laisser le temps de manœuvrer. L'un eut la tête fendue en deux tandis que l'autre sa poitrine transpercée. Les deux lanciers lancèrent alors un violent coup d'estoc qui manquèrent d'arracher la vie à l'officier qui dévia de justesse leurs coups. Rappant contre l'acier de son plastron, les armes d'hast venaient de devenir un handicap pour les deux rebelles. Frappant violemment, Deydreus brisa le manche de ces dernières sous le regard surpris des deux séparatistes qui ne réalisèrent même pas qu'une lame s'enfonçait dans leur gorge. Dans un gargouillis sanglant, ils s'écroulaient sur le sol. Profitant de cette brèche dans la défense de ses ennemis, l'armure noire se projeta en direction de l'arcaniste. De justesse, les deux épéistes restant vinrent parer l'attaque pour protéger leur frère d'armes, qui laissa un hoquet s'échapper de sa gorge tandis qu'il tentait de prendre la fuite.

    - Stupide.

    Feintant ses mouvements, Deydreus frappa les bretteurs aux jambes, puis aux bras, laissant deux hommes-troncs tomber au sol pour une rapide mais douloureuse agonie. Il ne restait plus qu'une menace outre le mage. Un rebelle à la hache, qui rappela à son visage bourru très vaguement Alasker à l'officier. Cependant, il n'avait de ressemblant que le regard. Le défaisant rapidement, Deydreus projeta son corps décapitée contre l'ouverture de la porte, stoppant net la fuite de l'arcaniste. Secouant ses lames pour permettre au sang de mieux s'égoutter, l'officier avançait vers sa proie d'un pas lent, et sadique. Le mage paniquait, ne sachant pas s'il devait maintenir son sort ou bien tenter la moindre attaque contre le monstre qui venait d'abattre ses compagnons. Dans cette confusion, ses jambes tremblantes lâchèrent et il s'effondra lamentablement, glissant le long du mur derrière lui.

    - Tu vas mourir ici, tu le sais?

    Les yeux de l'arcaniste croisèrent alors ceux de l'officier. Il remarqua alors un peu plus en détail le mage. En fait, c'était une mage. Une petite femme fébrile et tremblante. Tout ce qui inspirerait de la pitié pour d'autres soldats. Seulement, pour Deydreus, cela importait peu. Il analysait ses adversaires lorsqu'ils posaient une menace. Et cette pauvre enfant n'en était pas une. Rangeant une de ses lames, l'officier vint attraper la gorge de la pauvresse pour la soulever doucement. Battant des pieds pour le frapper, l'armure noire ricana froidement en entendant le bruit des bottes de cuir frappant contre l'acier de ses grèves.

    - Tu te débats, comme un chiot luttant pour sa propre survie. Mais rien ne te sauvera. Pas tant que tu maintiendras ce sort stupide.

    Un grognement guttural s'échappa de l'arcaniste. Dans ses yeux, l'officier devina une peur profonde. Une crainte justifiée qui révélait l'impuissance de l'imbécile.

    - Tu ne peux pas le briser, pas vrai? Le démon que vous avez accueilli en votre sein t'a manipulée pour que tu maintiennes quoi qu'il arrive ce sort. Il veut frapper une dernière fois, alors que l'autorité impériale se présente à lui. Il vous sacrifiera pour ses propres buts. Je peux respecter cela. Mais sais-tu ce qu'un démon attire? Ce qu'il génère comme force pour s'opposer à lui?

    Resserrant sa prise, l'officier sentit le souffle de l'arcaniste se bloquer peu à peu sous son gantelet. La lumière dans les mains de la mage s'estompa alors peu à peu, mais ne disparue pas pour autant. La projetant sur le sol, Deydreus ne laissa aucun répit à sa victime tandis qu'il enfonçait sa lame dans sa jambe. Un cri strident quitta les lèvres de la jeune femme. Se penchant vers sa proie, le vétéran empoigna la tignasse de la rebelle pour relever son visage. Attrapant la hache d'un de ses anciens compagnons, il la plaqua ensuite contre la gorge de l'arcaniste.

    - La mort.

    D'un geste vif, la hache glissa sur la gorge de l'arcaniste. Une giclée de sang vint éclabousser violemment le parquet de la salle tandis que Deydreus se redressait et reprenait son arme. Constatant la lumière vacillante dans les mains de sa victime, il fut satisfait en remarquant la disparition de cette dernière. Quittant doucement la pièce, le vétéran analysa le couloir et tout ce qui s'était déroulé pendant sa petite escarmouche. Ses hommes avaient visiblement remporté leur combat et seul l'un d'entre eux possédait quelques blessures légères. A la vue de leur commandant, ces derniers cachèrent d'ailleurs le blessé comme pour masquer sa honte. Du côté des autres loyalistes, un carnage avait visiblement eu lieu sur la dernière pièce. Ulfril, le visage en sang, remarqua Deydreus et lui pointa du doigt la salle en question. Sur la porte, des lettres de sang s'étaient dessiné invitant l'Empire à entrer. La signature ne laissait aucun doute sur qui se trouvait derrière. Mais, pour l'heure, cela n'intéressait pas le moins du monde le vétéran qui enfonça la porte qui possédait autrefois le sceau magique. Derrière elle, une odeur familière accueillie Deydreus qui lâcha un léger rictus en observant le ministre à genoux dans une mare de sang. S'approchant rapidement, il contourna le Coeur et lui tendit une main gantée particulièrement ensanglantée.

    - Bon retour parmi nous cher ministre. J'espère que notre séparation ne vous a pas brisé le cœur. Venez, nous avons un démon à arrêter.            
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