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  • Dim 27 Nov - 10:58
    Le vent souffle dehors, l'hiver est plus précoce cette année. Il soulève des bourrasques de neige qui s'infiltrent jusque dans le cou des vêtements les plus chauds, il mord, telle la mâchoire d'un ours et ne laisse sa proie que pantelante, terrassée par la fièvre et la toux.
    La nuit est tombée, la lune laiteuse et pleine projette des rayons qui laissent planer une ambiance bleuté sur le village.
    Le froid ne pardonne pas dans les terres du nord et il a déjà emporté un enfant alors que nous ne sommes même pas au cœur de la période la plus froide. La chasse à été bonne avant les périodes de froid et nous avons assez de couvertures et de fourrure pour tenir l'hiver, la graisse des bêtes alimentera nos feux et préservera nos réserves de nourriture.
    J'ai fait intensifier la pêche afin de ramener plus de poissons pour le saler et maintenir nos greniers plein le temps que la période froide soit passer.

    Je suis parti chasser, l'attrait de la lune à été fort ce soir. Je me suis donc changé et j'ai traqué un lapin. Le pauvre a tenté de s'enfuir. La course poursuite à été intense, grisante, j'ai du percute un arbre donc le tronc a éclaté sous l'impact de ma masse mais je l'ai eu et j'ai le ventre encore plein de sa chair chaude quand je rentre chez moi, à peine envelopper dans une fourrure que j'avais déposé dehors exprès pour mon retour. Je me lave rapidement pour enlever la terre et le sang qui reste sur mon corps après ma chasse et rejoins les membres du conseil du village dans la maison prévus à cet effet.

    L'âtre est rempli d'un feu chaud et quand je pousse la porte, tous les membres du conseil sont déjà réunis. Je marque un temps d'arrêt quand il lève les yeux sur moi et cesse d'échanger à voix haute. Je peux lire tant de choses dans leur regard : peur, admiration, confiance, haine… Je sais que j'ai autant d'amis que d'ennemis dans cette pièce.
    Je remet en place mon manteau bordé de fourrure et m'installe sur mon siège. Le dossier est plus haut que les autres, rehaussé de bois de cerf. La table est ronde, n'offrent aucune différence de position par rapport au centre. Un trou y a été fait et un brasero de métal déposé ici, remplit de braises, réchauffe la pièce en plus de la cheminée derrière moi. Dans un silence de mort, je sers un gobelet d'étain de vin et prends une longue gorgée avant de le reposer devant moi.

    "Nous sommes tous là, je crois." Dis je pour relancer les conversations. "A l'ordre du jour, nous devions parler d'aller envoyer plus d'hommes couper du bois afin de garnir nos stocks pour l'hiver et il était question de la prochaine expédition à Melorn…"

    Sur ses mots, la porte s'ouvre, laissant une bourrasque de neige et de vent s'engouffrer à l'intérieur et souffler quelques bougies posé ça et là. Je fronce les sourcils, cette odeur m'est familière mais avec le froid, le vent et la fourrure qu'elle a sur le dos, impossible de reconnaître cette personne.

    "Qui…" et je suis interrompue en voyant la chevelure blanche de Jaina.

    Mon cœur explose dans ma poitrine, menaçant littéralement de sortir de ma cage thoracique et je pose mes yeux sur son visage sublime.

    "Qu'est ce que tu fais ici ?"

    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Dim 27 Nov - 14:37
    "Une étoile au travers de la neige"
    Wherever you'll go, you'll come back to me...

    À situation désespérée, mesures désespérées. Jaina était dos au mur... Si l'activité de sa maison de jeux à Melorn était, si l'on puit dire, florissante, elle avait depuis quelques temps attiré plus que de raison les regards indiscrets de la pègre. Jamais il n'avait été question de légalité, les jeux avaient toujours été le moyen justifié par la fin. Néanmoins, les accords passés par les précédents propriétaires Rionor, puis Ulrich, tenaient à l'écart les divers groupes criminels souhaitant par x, toucher leurs parts. Or, à cause du récent succès de l'entreprise, les plus téméraires d'entre eux ne semblaient plus vouloir s'y tenir...
    Jaina faisait face à ce que l'on peut qualifier de forcing, de la part d'une étoile montante du crime organisé des terres du Nord. Le groupe de hors-la-loi était connu pour ses méthodes peu orthodoxes, mais aussi pour son réseau semblable à une toile. Elle avait en l'espace de trois lunes, été approchée à plusieurs reprises par ses émissaires. Si au départ, elle était restée courtoise, elle avait dû faire une démonstration de force il y a quelques semaines pour asseoir une bonne fois pour toutes sa position par rapport au sujet. Seulement, elle ne fut guère la seule à se montrer ferme. La persistance du groupe en face, avait en premier donné lieu au larcin et au sabotage. Jusqu'il y a dix jours, Jaina était persuadée qu'elle s'en sortirait seule, mais plusieurs évènements à la chaîne vinrent lui prouver qu'elle avait tort. Toutes ses communications avec le clan de la Lune D'Acier furent empêchées et trois de ses messagers furent retrouvés assassinés. Plusieurs de ses employés, avaient été tabassés après leurs services et l'un avait même succombé à ses blessures. Enfin, elle avait reçu des menaces de mort et avait été agressée physiquement par deux des criminels en cavale, lorsqu'elle rentrait à son repaire, résultant en une mise à mort immédiate de sa part. À présent que le sang avait été versé d'un côté comme de l'autre, ses affaires n'allaient certainement pas en s'arrangeant. La sirène craignait en une montée de la violence crescendo, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de l'héritage de son père adoptif.

    Ce pourquoi, elle avait délégué la gestion de son entreprise et avait réussi à se faufiler en dehors des mailles de la cité-état de Melorn, afin d'aller chercher de l'aide où elle espérait en trouver. [...]
    Le trajet jusqu'au clan de la Lune D'Acier avait été plus long que prévu. Sur les routes et les chemins peu empruntés des terres du Nord, les brigands et vagabonds se jetaient sur le peu de malheureux qu'ils avaient la chance de croiser. De ce fait, Jaina et ses quatre suivants, avaient dû faire un détour. Le froid avait rendu le périple bien plus pénible... À son arrivée sur le territoire du clan, elle ne songeait plus qu'à une seule chose. Ses diverses frasques nuiraient-elles à sa demande de soutien au clan, dans un contexte où son rapport à son oncle était aussi ardu ? La sirène l'évitait depuis maintenant des années, comme s'il était annonciateur de morts... En un sens, il l'était. La dernière fois qu'elle l'avait vu remontait à presque un an.
    Ce jour, elle ne fut guère accueillie par ses pairs. Pas plus que les fois précédentes, depuis qu'Ulrich avait perdu son affrontement face à Rionor. Non, elle ne bénéficiait plus de sa protection et était depuis, une étrangère parmi les siens. Pour certains, elle n'avait jamais été l'une des leurs, puisqu'elle n'était guère une louve. Jaina demanda néanmoins où se trouvait son oncle et eut l'information, plutôt qu'un silence mêlant à l'indifférence, le mépris que les loups D'Acier ont pour elle. Elle avait laissé sa monture à un palefrenier et s'était immédiatement rendue à la maison où siégeait le conseil. Elle n'allait pas attendre pour une affaire aussi urgente, pas plus qu'elle n'allait se gêner pour crever l'abcès. La sirène poussa la lourde porte qui la séparait du premier lieu chaud depuis sa dernière halte l'avant-veille, puis elle la referma derrière soi en reconnaissant les membres du conseil. À leurs regards, elle lisait aisément leur... réticence, envers elle et leur mépris pour ce qu'elle représentait. La voix de son oncle la fit frémir, puis serrer fortement la mâchoire. Elle se débarrassa de son manteau de fourrure qu'elle n'avait pas quitté depuis son départ de Melorn et par égard pour le chef du clan, une servante vint lui porter main forte pour se défaire de la seconde couche de vêtements qui la séparait d'une tenue moins habillée, dont le cuir du pantalon lui dessinait le fessier musclé et dont la chemise était décolletée jusqu'au-dessous des seins. Jaina avait des goûts vestimentaires qui ne laissaient aucune place à l'imagination et cela n'avait jamais plu, ni à son père adoptif, ni aux anciens du clan.

    inspiration tenue :

    Messieurs, ne vous gênez surtout pas.

    Son sarcasme était audible au son de sa voix. Aucun des hommes assit autour de la table ne s'était levé en guise de respect, et elle savait qu'aucun ne le ferait jamais tant qu'il s'agirait d'elle. Elle baissa la tête et dégagea sa longue chevelure de sa nuque, en guise de soumission au chef du clan à qui elle n'avait pas encore révélé la raison de sa venue.

    Mon oncle. Ma venue était tout sauf anticipée, mes messagers ont tous été victimes de l'avarice de mes ennemis.

    Jaina regarda son oncle droit dans les yeux. Elle luttait de tout son être pour ne pas lui cracher à la figure. Elle le haïssait plus que quiconque dans ce monde devenu gris, mais elle se haïssait également elle-même, à cause de ce qu'elle ressentait pour lui.
    Elle prit place autour de la table.

    Quoi que vous ayez à discuter lors de cette entrevue, je doute que cela soit plus important que ce que j'ai à dire à mon oncle.

    Avait-elle coupé l'un des anciens. Elle était froide, glaciale, à l'image de l'éducation qu'elle avait reçue. Elle se tenait droite, le port de tête altier, et portait sur la petite assemblée un regard juge et réprobateur.

    Je n'ai guère fait la route depuis Melorn pour le plaisir. Je suis occupée et malheureusement, l'une de vos connaissances, mon oncle, a jugée opportun de venir s'en prendre aux recettes de l'activité dont j'ai héritée.

    Elle regarda une nouvelle fois Rionor, en attendant cette fois-ci une réponse de sa part. Elle se tenait à carreau, afin de ne rien montrer, si ce n'est qu'une profonde indifférence à son égard. Elle devait tenir le coup, quoi qu'il advienne, car il était le seul qui pourrait l'aider à se sortir de cette situation pour le moins, instable.


    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mar 29 Nov - 9:54
    Je l'observe, je scrute son visage attentivement, ça fait si longtemps que je ne l'ai pas vu.
    Je vois un scintillement au niveau de son œil, pour moi, elle est borgne. La blessure infligée par mon frère lui a coûté la vue mais je sais qu'elle génère une sorte d'illusion pour que les gens ne voient pas son œil mort. Par moment, j'aimerais ne pas être insensible à ce type de pouvoir. Car cette œil blanc est le symbole de mon crime, de mon erreur… Le meurtre de mon frère et de sa sœur… Le crime qui m'a coûté l'amour de ma Jaina. Maintenant, je sais qu'elle me hait pour lui avoir arraché sa sœur et son père adoptif et ça me déchire le cœur.

    Cependant, à peine arrivée, elle envois presque chier les membres du conseil pour leur regard sur son corps. Je grogne à ses mots.

    "Excuse les… Vu ta tenue, ils ont du te prendre pour une femme de petite vertue."

    Cette vanne arrache un rire à l'assemblée mais bien vite ils se taisent quand je les fusille du regard afin de leur intimer le silence. Je me cale dans mon fauteuil et prends mon gobelet de métal pour boire une gorgée. Jaina s'installe à l'opposé de moi sur la grande table ronde et commence à m'expliquer la raison de sa venue. Je sais que pour rejoindre le clan en partant de Melorn, il faut compter une bonne semaine à pied. Je comprends vite qu'elle n'est pas venu la pour le plaisir, jamais elle n'abandonnera le travail qu'on lui a confié. L'argent rapporté par les maisons de jeu fait partie des revenus substantiels du clan.

    "Sortez !" Dis-je sur un ton qui ne souffre aucune discussion.

    Immédiatement, tous les membres du conseil se lèvent, faisant racler les chaises sur le sol de bois. C'est dans un brouhaha discret que les gens sortent et que Jaina et moi nous nous fixons, droit dans les yeux, un mélange de colère contenu et de curiosité dans le regard. Une fois tout le monde dehors, je grogne, le son qui m'échappe n'a rien d'humain, c'est plus comme un loup.

    "Raconte moi : qui s'attaque à toi et comment il s'y prend ?"

    Mes mains à plat sur la table, je tente de garder mon calme. Heureusement que j'ai chassé avant la réunion, sans quoi, je crains que mon instinct ne reprenne le dessus. Encore que… Jamais je ne pourrais lui faire de mal. Je réalise, je comprends, que je l'aime toujours et j'ai l'impression que mon âme se fragmente comme un miroir qui vient de prendre un coup.
    Mon instinct revient à la charge.
    Et avant même que notre conversation n'aille plus loin, j'ai déjà décidé d'aller à Melorn pour l'aider à gérer la situation.

    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mar 29 Nov - 11:12
    "Une étoile au travers de la neige"
    Wherever you'll go, you'll come back to me...

    Une femme de "petite vertu", avait-il dit. Il avait voulu l'humilier et aux éclats de voix des anciens, cela avait fonctionné. Néanmoins, Jaina n'avait guère relevé son commentaire, pas lorsqu'elle haïssait depuis toujours le double standard de nudité acceptée du clan. Après chaque métamorphose, lorsqu'une femme D'Acier redevenait humaine, elle devait se couvrir sous peine d'être traitée de chienne en chaleurs. Les hommes, quant à eux, ne souffraient guère de ces remarques désobligeantes, quand bien même ils se déplaçaient nus sur la place centrale après une nuit de pleine lune. Quelle hypocrisie... La sirène de son état, était seins nus lorsqu'elle reprenait sa forme originelle au contact des flots salés de l'océan. Étrangement, cela n'avait jamais provoqué son oncle à une telle méprise à son égard.

    La mauvaise nouvelle qu'apportait Jaina, fit ordonner Rionor à son conseil de les laisser seuls. Elle doutait fortement que cela soit une idée judicieuse, pour elle. Elle soutint son regard jusqu'à ce que la pièce se vide et que le dernier conseiller fasse grincer la porte, qui les séparait de l’extérieur, derrière sa carrure bourrue. Le rythme cardiaque de la sirène s’accéléra. Elle ne s'était jamais plus retrouvée parfaitement seule avec son oncle, depuis ces six dernières années. Elle se sentait telle une proie, face à son prédateur. Elle se raccrocha à l'urgence de l'instant présent, de ses affaires et de sa maison de jeux en péril, pour rester la plus calme possible. L'homme assit en face d'elle attendait des explications.

    L'homme présumément à la tête de ce groupe, se fait appeler Audec.

    Jaina se leva et fit les quelques pas qui la séparaient du foyer. Elle avait le besoin viscéral de mettre plus de distance encore entre elle et Rionor. Elle croisa les bras contre sa poitrine et se tint devant la cheminée.

    Il s'agirait d'un Oni, sorti de prison il y a un peu plus d'une année. Il dirigerait depuis quelques lunes, l'un des plus grands réseaux de criminels des terres du Nord. Vous vous doutez, mon oncle, que s'il ne s'agissait que d'une farce, je ne serais pas venue ici pour vous demander votre aide...

    Jaina pouvait sentir, telle une brûlure, le regard de son oncle dans son dos. Elle serra la mâchoire, avant de reprendre.

    Ils sont parvenus à anticiper mes moindres faits et gestes, je suis pieds et poings liés. Je n'ai guère pu vous prévenir de la situation avant qu'elle ne devienne aussi critique, car ces bâtards ont intercepté mes précédentes lettres. Mes trois messagers les plus rapides sont morts.

    Elle commençait à s'énerver, à perdre la face et le contrôle. Le bois du parquet à ses pieds se mit à geler et la glace à s'étendre.

    Ils m'ont volée, ont tabassé mes employés et m'ont agressée à deux rues de chez moi. En plein jour !

    Le bois craqua à deux reprises. Jaina passa une main sur son visage fatigué et parvint à faire fondre la glace, avant qu'elle ne se fasse réprimander par le chef.

    Pardonnez-moi, je me trouve dans une situation où je me sens prise au piège et la fatigue du voyage m'a faite perdre le contrôle.

    Le regard glacial, plein de mépris dirigé sur les flammes devant elle, elle se trouvait faible. Pour tout un tas de raisons, mais surtout pour avoir été contrainte de revenir ici demander de l'aide à cet homme, comme un chien qui retourne toujours auprès de son maître.


    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mer 30 Nov - 11:17
    Elle ne relève pas mon insulte quand je la compare à une pute, mais la rage dans ses yeux en dit long sur ce qu'elle pense de moi.
    Les sentiments, les émotions, toutes ces choses ont une odeur et je peux sentir la haine qu'elle me voue. Elle est forte, tenace, elle masque une autre effluves que je détecte sans parvenir à l'identifier.
    Quand tout le monde a quitté les lieux, je lui demande de m'expliquer ce qu'il se passe à Melorn.

    Le nom me frappe comme un coup de couteau. Audec ? Un oni ? Un homme que je connais. Un homme qui était enfermé dans la même cellule que moi. Qui m'a aidé à mon arriver en prison… Je me souviens que nous avons fait front ensemble quand d'autres détenus ont essayé de nous voler nos maigres rations, qu'on a échangé sur ce qu'on ferait une fois sortie de taule. Lui, voulait rejoindre sa communauté et s'établir comme aubergiste. On est loin de son rêve…

    "Oui, Jaina. Je me doute qu'il ne s'agit pas d'une farce, tu n'as pas fait tout ce chemin pour rien."

    Il faut plusieurs jours de route pour rejoindre la cité-état et je sais que si elle a pris la peine de venir me voir ce n'est pas pour rien. La menace doit être sérieuse. Je la regarde se lever et se rapprocher de la cheminée pour se réchauffer. Je ne peux m'empêcher de regarder sa croupe et je secoue la tête, je dois rester concentré sur ce qu'elle dit et pas sur son cul.
    Je sors donc une pipe avec un long fuseau en bois élégamment taillé. Lentement, j'entreprends de bourrer le foyer de tabac tout en continuant de l'écouter.
    Je la vois perdre son sang froid quand je sens une vague de froid envahir la pièce malgré le feu dans l'âtre. Je sais qu'elle perd le contrôle de ses pouvoirs, je la connais bien, comme si je l'avais faite.
    Je me lève à mon tour, ma pipe coincée dans un coin de ma bouche, je prends dans une main la cruche de vin et de l'autre je prends un gobelet posé sur une table. Je viens à ses côtés, pas trop près pour ne pas incommoder par ma présence plus que nécessaire.

    "Il n'y a rien à pardonner, ne t'en fais pas. Je sais très bien que si tu es là, c'est parce que la situation échappe à ton contrôle. Et tu as bien fait de venir me voir."

    Tout en parlant, je remplis le gobelet que j'ai apporté et je le lui tends une fois qu'il est rempli. Je ne lésine pas sur le vin, ça fait partie des choses que je fais importer directement de Melorn. Je prends ensuite un brandon de bois incandescent et le pose dans le foyer rempli de tabac de pipe. Je tire quelques bouffées pour allumer les herbes et me voilà auréolé d'une épaisse fumée bleutée. Je repose le brandon, toujours calme et détendu.

    "Nous allons nous occuper de cet oni. Je le connais, nous avons fait de la prison ensemble. Je sais qu'il est dangereux. Je vais venir avec toi à Melorn. Je vais confier les rênes du clan à Vereeck pendant mon absence."

    Je prends ma pipe en main, tire une bouffée avant de la retirer de ma bouche pour souffler la fumée par les narines tel un dragon antique et je viens poser une main sur son épaule.

    "Il y a la Grande Chasse demain. Repose-toi ce soir, ta chambre n'a pas bougé dans la grande hall. Je suis content que tu sois là pour la Grande Chasse. Le lendemain de la fête nous prendrons la route vers Melorn et nous nous occuperons de Audec."

    Une fois par mois, lorsque la lune est pleine, les loups garous du clan se réunissent près d'un grand arbre ancien et sculpté et se lancent dans une chasse frénétique. L'objectif est de tuer la bête la plus imposante possible.
    Pendant ce temps, ceux qui ne peuvent pas se transformer décore l'arbre ancien et danse en prenant des infusions d'herbes. A notre retour, la viande de la bête est partagée entre tous, pour symboliser notre lien et la force du clan. Le rituel se termine par une coupe remplie du sang de la bête et tous nous devons boire et nous la passer les uns aux autres.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Lun 5 Déc - 11:36
    "Une étoile au travers de la neige"
    Wherever you'll go, you'll come back to me...

    Tandis qu'elle se perdait dans des pensées assassines à l'égard d'Audec et de ses sous-fifres, son oncle vint auprès d'elle. Avec lui, il avait toujours été question d'un "fuis-moi, je te suis - suis-moi, je te fuis". Néanmoins, une fois encore depuis la mort d'Ulrich et de sa sœur, la tendance était plutôt à la première partie de l'expression. Malgré le fait que la sirène s'en soit allée du clan, elle finissait toujours pas y revenir et in fine, à revenir auprès de lui... Était-ce le sort que lui réservait le destin ? Celui de devoir vivre sous le même toit que le meurtrier de sa famille, et de ressentir toutes ces choses contradictoires à son égard ? Jaina refusait de se l'avouer, elle préférait prendre ses distances. Elle préférait fuir, telle une lâche. Elle était en proie à un tourment, ô combien similaire à une double peine.
    Il avait raison, elle n'avait rien à se faire pardonner. À ce moment, quelque chose de sombre vint noircir de haine son cœur. S'il évoquait le fait de se "faire pardonner", c'était lui, c'était ce monstre répugnant qui a tué sa propre chair, qui devrait ployer les genoux devant elle et implorer son pardon. Elle aurait voulu le voir misérable, elle aurait voulu qu'il saigne comme une créature sur le point de mourir. Et... cette frénésie lui passa. Jaina ferma les yeux, tandis que ses narines préalablement élargies dans une expression quasiment enragée, retrouvèrent leur envergure initiale. Elle déglutit. Actuellement, Jaina avait besoin de lui et elle ne pouvait se permettre de l'avoir sur le dos plus tard, parce qu'elle n'aurait pas rempli sa part du marché. Et ce fameux marché, elle comptait bien le mettre à l'ordre du jour, car elle n'avait pas apprécié du tout, ô non, du tout ce qu'il avait orchestré contre elle à la précédente lune...
    Elle accepta le gobelet, sans rechigner. Tandis que son oncle allumait sa pipe, elle fit tourner le vin quelques fois pour l'aérer, avant de le porter à ses lèvres. Comme elle s'en doutait, il s’agissait d'un bon cru. Rionor n'a jamais eu pour habitude de lésiner sur la qualité.

    Vous lui faites confiance ? Je ne me rappelle pas que Vereeck ait toujours plaidé en votre faveur, lorsque père était encore-

    Jaina expira bruyamment l'air de ses poumons. Elle ne poursuivit pas sa phrase, cela n'était pas nécessaire.
    La main de son oncle sur son épaule, la fit se raidir comme un clou. Elle le regarda enfin, pour la première fois depuis qu'il s'était déplacé jusqu'à sa droite. Son expression montra son étonnement, son incompréhension également... Lorsqu'il lui parla de la Grande Chasse, elle fit un pas en arrière pour mettre une nouvelle fois de la distance entre eux. La fumée de la pipe de Rionor avait créée une sorte d’atmosphère intimiste entre leurs deux corps. Jaina baissa la tête, puis la hocha promptement.

    Cette affaire est pressante, mon oncle. Je sais que vous tenez à respecter les traditions du clan, mais je ne suis guère une louve. Je n'y ai pas ma place.

    Elle serra la mâchoire, avant de reprendre.

    Je ferai selon votre bon vouloir, nous partirons en temps voulu.

    Finit-elle par s'accorder avec lui.
    Elle se déplaça jusqu'à la table ronde, pour y poser son verre de vin. Elle se pencha en avant, en posant ses mains à plat sur la surface en bois massif.

    Il y a autre chose dont nous devons discuter.

    Elle se retourna pour toiser son oncle, en croisant les bras contre sa poitrine.

    Je suppose que vous vous doutez de quoi il s’agit ?

    À son sarcasme, mais surtout à son expression faciale, elle attendait des explications. Commanditer son enlèvement, avait-il perdu l'esprit ?


    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mar 6 Déc - 7:04
    Je peux lire sur son visage, je peux sentir la rage meurtrière qui l'anime en voyant palpiter ses narines de colère. A quoi pense t-elle ? A sa sœur ? Cette salope ambitieuse qui a séduit mon frère et l'avait montée contre sa propre sœur ? Si seulement, elle pouvait ouvrir les yeux, comprendre que je l'ai sauvé de l'emprise de mon frère et de sa sœur, que je l'ai rendue libre. Je regrette ce que j'ai fait, j'ai perdu le contrôle mais si je ne l'avais pas fait, qu'est ce que Ulrich aurait fait après ? Il avait déjà éborgné Jaina. Sa prochaine colère se serait soldée par quoi ? Il l'aurait défiguré ou pire ?

    Elle prend le verre que je lui tend et j'allume ma pipe avant de jeter le brandon enflammé dans l'âtre. Quelques flammes crépitent et s'élèvent dans la cheminée tandis que je regarde ma protégé jouer avec le vin.

    "Mine de rien, Vereeck est un bon chef. Il fera l'affaire en mon absence. S' il fait son travail correctement, il me sera reconnaissant de lui avoir donné cette opportunité. Si il se plante, il n'aura plus aucune légitimité pour remettre en cause mes décisions."

    Je ne mets pas un rival en place sans avoir placé mes pions et tous ceux qui vont l'assister dans la gestion du clan me sont fidèles et me rapporteront ses faits et gestes à mon retour.
    Le contact de ma main sur son épaule semble lui faire comme un choc et je vois ses yeux se poser sur moi. Je peux y lire de la peur et… Autre chose que je n'arrive pas à identifier.
    Mais elle bat en retraite, remettant de la distance entre nous et ça me fait mal, comme un coup dans la poitrine.

    "Tu y as ta place, comme tous ceux qui ne sont pas des loups. Tu fais partie de ce clan quoi qu'en dise les idiots jaloux et les envieux. De plus, il t'a fallu quatre jours pour venir et il nous en faudra autant pour revenir à Melorn. L'oni pourra attendre une journée de plus avant de rendre gorge."

    Finalement, je rejoins ma place, m'installe sur le fauteuil orné des hauts bois de cerf et m'affale presque dessus pour poser mes pieds sur la table ronde, croisant les jambes au niveau des chevilles. Les doigts refermés sur le foyer de la pipe, je tire quelques bouffées qui font rougeoyer le tabac.
    Finalement, elle aborde le sujet de la négociation… Je souris en coin et retire ma pipe de ma bouche pour la braquer sur elle.

    "Moi, je trouve que tu t'en es bien tiré. Comprends moi bien, tu ne peux pas prendre en main les maisons de jeux et refuser de travailler pour nous. Il fallait que je fasse le nécessaire. Un autre aurait eu moins de chance, je lui aurais fait casser les genoux pour que ces négociations aboutissent. Et puis réjouis-toi, grâce à cet accord, je vais pouvoir t'aider à gérer Audec. Si tu étais totalement indépendante, tu aurais dû gérer la situation toute seule. Et connaissant le bougre… Je ne donne pas cher de ta peau, ma petite."

    Je retire mes pieds de la table et me redresse pour empoigner mon gobelet et avaler le reste de vin cul sec. Je me lève finalement de ma chaise et me rapproche, pas trop près, je ne veux pas la voir reculer. Pourtant, j'ai envie de me coller à elle, de presser mon visage contre son cou pour respirer son odeur.
    J'ai ce besoin tactile, cette envie qu'ont tous les loups de se frotter à un membre de leur meute et de me gorger de son parfum.
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