Vive le vrais chocolat !

Le ministre Reys connaît la Dame de Boktor et confirme qu’elle est connue pour être une guérisseuse de talent. D’après lui, elle serait même généreuse prête à aider son prochain. Xera ne connaissait pas de noble de la République personnellement, mais elle n’avait pas encore entendu ce genre de description pour l’un d’eux. Pour accéder aux connaissances contenues dans les ouvrages, Tagar semblait plus dubitatif, enfin, elle verrait bien sur place.

La rousse remarque que son interlocuteur, troublé par son jeu de séduction, se brûle la langue en tentant de se donner une contenance en buvant son thé.

- Non ne vous donnez pas cette peine, ça va déjà mieux, si votre langue vous fait souffrir, je peux y remédier, mes pouvoirs de guérison ne sont pas bien élevés mais suffisant pour soulager une brûlure légère.

Sans attendre la réponse, la demi-Fae, c’est déjà levé pour se rapprocher de l’homme, elle lui offre une vue plongeante de son décolleté alors qu’elle place ses mains sur ses joues et utilise sa mana pour faire appel à la magie de l’eau afin d’apaiser la brûlure.

- Voilà la brûlure n’est plus….

Doucement, elle retire ses mains, laissant ses doigts glisser sur son visage en une caresse agréable et fraîche. Elle sent le trouble de Tagar et comprend qu’il n’est pas très à l'aise avec la séduction. Étrangement, cela le rend encore plus craquant, et attirant à ses yeux, la belle rousse a elle aussi des besoins. Elle vient s'asseoir sur ses jambes face à lui et plante son regard dans le sien.

- Donnons corps aux allusions de votre secrétaire, vous me plaisez… Visiblement, je vous plais à inutile de se chercher des excuses non ?!

Message 8

La jolie jeune femme, toujours aussi gentille, voyant mon état, propose de me soigner. Elle s’approche donc de moi et je commence d’un coup à avoir chaud, surtout quand je vois ce que cache son décolleté. Mais cela s’empire et je deviens rouge quand elle me touche le visage, comme si elle allait m’embrasser.

En-tout-cas, elle est douée, car je ne sens plus la brûlure et alors que je commençai à reprendre le contrôle de mes battements de cœur, elle me sort une phrase qui me rend à complètement cramoisi. Je lui souris béatement pendant quelques secondes, puis je me reprends :

Votre offre est très tentante, je dois l’avouer, mais je suis fiancé et je ne peux pas faire cela. Vous me plaisez beaucoup, c’est certain et si j’étais célibataire, je n’aurais pas hésité à vous embrasser, mais je ne dois pas.

C’est dommage, vraiment dommage, mais je dois attendre le mariage, c’est important. Maintenant, que je me suis un peu calmé, je me demande pourquoi mon interlocutrice m’a proposé cela, est-ce que mon fameux charme a enfin fonctionné au bout de trente ans ? J’espère que oui et que ma fiancée, Alyssa en est consciente et qu’elle arrêtera d’être aussi froide avec moi. Après tout, je ne demande pas beaucoup, un simple baiser me suffira.

Pour le moment, j’attends la réaction de la belle rousse, espérant que je ne vais pas me prendre une gifle en pleine face. Dans les livres que je lis, c’est souvent comme cela que réagisse les femmes à qui on dit non et je m’y prépare mentalement. Je ne m’y soustrairai pas, car c’est suite à mon attitude qu’elle a pensée ce genre de chose et je resterai stoïque face à la douleur, comme un vrai bonhomme qui accepte sa part de responsabilité dans cette affaire.

9 octobre an 3

Le visage du ministre après être passé au rouge quand Xera lui caresse le visage devient carrément cramoisie à l’annonce de sa proposition de faire la bête à deux dos. La demi-Fae sent son propre désir affluer en elle au fur et à mesure des réactions que ses avances provoquent chez Tagar. Mais quand ce dernier arrive enfin à articuler quelques mots, la réponse qu’il lui fait est en total désaccord avec leurs désirs réciproques.

L’herboriste de Nareim commence par fermer les yeux et inspire profondément pour tenter d'endiguer le feu qui s'est réveillé en elle. Elle comprend la décision de l’argentier, un homme de sa position ne doit pas être libre de sa libido, mais comprendre une chose et l’accepter sont deux choses bien différentes. Oh, il lui suffirait de pousser avec son pouvoir sur le feu qui couve dans l’entrejambe du Reys, cette idée est tentante et Xera hésite un instant.

Finalement, elle se dégage en silence des cuisses du ministre non sans laisser glisser une de ses mains négligemment sur son aine et de lui susurrer quelques mots à l'oreille.

- quel dommage j'en avais terriblement envie….

Xera retourne sur son fauteuil, son désir est toujours là, inassouvi, mais au moins, elle sait que L’Argentier du Reik est plus que réceptif à ses charmes, cela pourra se montrer utile un jour, sans compter qu'il est plutôt mignon.

- Je comprends votre réponse même si je ne suis pas d’accord avec toutes ces conventions sociales… Enfin, il est trop tard pour remettre le poussin dans l'œuf.

Message 9

Les paroles de la jeune femme, quand elle quitte sa précédente position, m’électrisent encore plus et j’ai de nouveau envie de succomber à l’instant présent. Pourtant, une nouvelle fois, mon éducation prends le dessus. Une fois assise, elle utilise une expression que je ne connais pas, mais j’en comprends le sens, ce qui me fait sourire. C’est donc un peu rasséréné que je lui dis :

Vous avez raison, je ne doute que vous trouviez une personne qui vous rendra heureuse.

D’ailleurs, je pense que Fabius est célibataire. En plusieurs milliers d’années d’existence, il s’est marié quelques fois, mais je ne sais pas s’il est prêt à suivre une nouvelle relation durable. Je n’ose donc pas dire son nom et à la place, j’indique à la jolie rousse :

Pour m’excuser de mon comportement, je vous invite à dîner. Je vous laisse même choisir le restaurant de votre choix.

Voilà, comme cela, il n’y aura aucune ambiguïté entre nous. J’avoue avoir besoin d’un peu de temps pour me remettre de mes émotions. Il est très rare que des jeunes femmes m’embrassent ainsi, me prenant complètement par surprise, et par rare, je veux dire jamais. Je ne sais pas comment gérer la situation et dans ces cas, je fais ce que je fais toujours, j’invite au restaurant.

C’est mon père qui m’a appris cette technique, de plus, on réfléchit toujours mieux le ventre plein. Un restaurant est un lieu sécurisé, contrôlé où il n'y a pas d’effort à faire. Plus d’une situation tendue, c’est réglé entre le fromage et le dessert. Je compte bien en savoir ainsi plus sur la jeune femme et pouvoir analyser tout cela à froid. Après tout, mon charme peut être dangereux si maintenant, on me saute spontanément dessus et je dois être prudent, d’ailleurs comme disait mon paternel, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

9 octobre de l'an 3

La graine était bien semée maintenant, elle pouvait attendre bien sagement, l’idée de devenir madame Reys n’intéressait pas réellement Xera, mais la jeune femme était déterminé à tout faire pour augmenter les chances de sauver son père. La stase dans laquelle il avait été plongé lui offrait du temps certe, mais elle ne pouvait seulement compter que sur Magic. Trouver une personne qui la rendra heureuse… Tagar semblait avoir pris leur attirance physique mutuelle sous l’angle sentimental, alors qu'à la base la demi-Fae ne faisait qu’utiliser ses charmes pour en tirer d’éventuels avantages ultérieurement. Dans un sens, elle s'était prise à son propre jeu et avait failli tout foutre en l’air.

- je ne comprends pas pourquoi vous voulez vous excuser, mais je ne vais pas refuser une invitation au restaurant de la part du grand argentier de l'Empire du Reik. Par contre, je vous rappelle que je ne connais pas la ville alors je vous laisse choisir le lieu.

La frustration en elle est toujours présente, mais la perspective d’un excellent repas amoindrit sa déception. Xera boit encore un peu de l’excellent thé qui lui a été servi, ce serait dommage de le laisser refroidir.

- je suis descendu à l'auberge du chant du coq, je suppose que vous avez du travail et je ne vais pas rester attendre l’heure du dîner dans votre bureau, à moins que vous ayez une activité confiée à une herboriste ? Je n’aime pas ne rien faire pour être honnête.

Message 10

La jeune femme accepte mon invitation, ce qui me fait plaisir et lorsqu’elle m’indique me laisser choisir le restaurant, je lui réponds en souriant :

C’est entendu, mais quel est votre nourriture préférée, poisson, cru, cuit ou bien de la viande, à moins que vous ne soyez végétarienne ?

Il y a tellement de choix et j’ai pour coutume de toujours prendre des restaurants avec peu de place, c’est pour moi un gage de qualité. Quand il y a près de cinquante options, c’est pratiquement impossible que tout, cela soit frais et le signe qu’ils ont fait appel à un mage maîtrisant la magie de la glace pour congeler leurs produits. J’ai toujours préféré manger des aliments frais, je les trouve bien meilleurs.
Elle me propose de m’aider et je la regarde très étonner par sa proposition :

Je ne peux pas vous faire travailler. Je vous ai déjà fait montrer, alors que ce n’était pas mon intention, que je vous trouvais très jolie, ce qui a engendré ce quiproquo, je ne peux pas décemment vous demander une tâche quelconque.

Surtout que les jardiniers du Palais ne seront pas très contents si je leur indique qu’une étrangère va farfouiller dans leurs chères plantations. Ils risquent de se sentir insultés et je ne veux pas de problème, à la place, je préfère indiquer à mon invité :

Je vous propose de venir vous envoyer une calèche à dix-neuf heures, directement à votre auberge, qui vous conduira au restaurant que je vous aurai choisi. Vous aurez ainsi le temps de vous reposer. Qu’en pensez-vous ?

Si la jeune femme accepte, je la ferai raccompagner à l’extérieur par Sam et je continuerai à travailler jusqu’à l’heure du dîner, m’arrêtant juste pour envoyer un de mes hommes réserver l’établissement. Je pourrais donc l’attendre tranquillement là-bas.

9 Octobre de l'an 3

- Je suis assez curieuse, j’aimerais découvrir des spécialités Reikoises, je ne suis pas difficile en matière de nourriture bien qu'à moitié Fae, je mange de la viande et du poisson.

Tagar lui répond poliment qu’il ne peut la faire travailler, elle le laisse se dépatouiller avec son explication, elle ne lui révélera pas qu’elle avait perçu, grâce à son don magique, son désir. Néanmoins, elle apprécie le compliment. L’argentier lui propose de lui envoyer une calèche à son auberge pour ensuite la conduire au restaurant qu’il aura choisi.

- Cela me va parfaitement, je vais donc vous laisser et je vous dis à ce soir Monsieur le Ministre.

Xera avait hâte maintenant de rentrer à son auberge pour pouvoir se reposer, se délasser, et bien plus, dans un bon bain chaud. À la fin de journée, elle était prête et attendait juste devant l’auberge. Elle vit arriver la calèche et retint son souffle un court moment, elle était plus habituée à l’arrière des charrettes des paysans transportant leur production pour le marché qu'à une véritable voiture. L’hippomobile s’immobilisa et le cocher descendit lui ouvrir la porte.

- Miss Xera, Monsieur Reys m'envoie si vous voulez bien monter, je vous conduirai ensuite au restaurant.

La rousse ne se fit pas prier et grimpa à bord, et il fallait bien se l’avouer la banquette était bien plus confortable que de sacs de navets. Elle profita de la vue le temps du trajet, les chevaux ne s'arrêtèrent pas de se plaindre de leur dernier repas trop congru à leur goût. Arrivée à destination elle en fit part au voiturier, qui ne s’offusqua pas et lui expliqua qu’il avait dû les mettre au régime.

Message 11

J’apprends que mon interlocutrice n’est pas complètement humaine, ce qui me surprend quelque peu. Je n’aurai jamais pensé qu’elle fût à moitié une fée, mais cela explique peut-être pourquoi elle est aussi belle. Je me demande d’ailleurs qu’elle est son âge, pour être aussi mature. Peut-être que si le courant passe bien entre nous, dans la soirée, j’oserais lui demander.

Comme elle accepte mon invitation, je me dépêche de tout mettre en place pour l’organisation liée à notre dîner. Je ne peux pas me débarrasser de mes dix gardes du corps, mais je ne veux pas qu’ils me regardent manger, le ventre vide. Alors j’ai carrément privatisé une partie du restaurant, afin qu’ils puissent avoir une table eux aussi.

Une fois ceci-fait, je continue à travailler, jusqu’à ce qu’il soit presque l’heure, me dépêchant de passer par un établissement de bain pour être propre et sentir bon. Je rejoins les lieux un peu en avance et rejoins la table avec les deux sièges que j’ai réservés. C’est sur une terrasse avec une vue imprenable sur les jardins du Palais, très bien éclairé avec de nombreux sorts de lumières qui font comme des bulles de savon. Normalement, il faut réserver un an à l’avance dans ce type d’établissement, mais mon statut m’ouvre quelques portes. Mes hommes mangeant plus bas, nous serons ainsi tranquilles.

J’ai donné des consignes pour que le maître d’hôtel l’amène à moi et quand la très jolie rousse arrive, je me lève pour le recevoir comme tout homme ayant un minimum d’éducation. Je l’’aide à s’asseoir avant d’en faire de même et de lui demander :

Avez-vous pu vous reposer un peu ?

Elle doit être fatiguée après tous ses voyages. J’attends sa réponse avant de continuer :

Quel type de vin préférez-vous pour l’apéritif ? Ils servent un très bon rhum venant du Shoumeï.

La production a fortement ralenti depuis l’invasion des Titans et c’est bien dommage.

9 Octobre de l'an 3

Xera est accueilli par le maître d'hôtel qui la guide dans l’établissement, la rousse s’attendait à voir plus de monde en traversant la salle de réception du rez-de chaussé. Son guide lui fait gravir un petit escalier menant de l’autre côté de l’entrée donnant sur l’avenue pour l’amener du côté opposé donnant lui sur un jardin. Le jardin extérieur légèrement surélevé, par rapport au niveau de l'avenue, permet d’avoir une vue dégagée sur les jardins du palais impérial. L'ensemble est éclairé par des bulles de luminaire flottant de ci et de là, donnant un aspect féerique au lieu. La républicaine pourrait se sentir un déplacer dans cet environnement avec sa tenue que la plupart des citadins devaient qualifier de rustique.

L’herboriste de Nareim avait tout de même fait un effort, non pas sur sa tenue, car elle n’en avait pas d’autres, mais sur sa chevelure. Elle n'arbore pas sa longue et unique natte habituelle, son imposante chevelure a été libérée de son carcan habituel pour cascader dans son dos. Quelques fines tresses savamment tissées viennent agrémenter le tout en formant un léger chignon sur l’arrière de sa tête lui dégageant ainsi le visage et le cou, dévoilant par la même occasion le haut de ses épaules.

- Oui, malgré ma peur de l’oisiveté, la fatigue du voyage l'a emporté, rien qu’un peu de repos et un bon bain ne puissent effacer. j’ai découvert durant mon voyage dans la caravane marchande qui m'a amené à Ikusa un alcool local...L'Arak si je me souviens bien, j’aimerais bien en goûter de qualité si jamais ils en servent ici. Sinon le rhum fera l’affaire.

La rousse laisse donc Tagar s'occuper de commander leur apéritif, pendant ce temps Xera en profite pour admirer la vue qu’offre leur table. Bien que le jardin du restaurant soit très bien entretenu, il n’arrivait pas au niveau de celui du palais…Même si aux yeux de la demi-Fae cela manquait de “naturel”. Leurs verres leur sont servis rapidement, c’est d'ailleurs le retour du serveur qui la tire de sa contemplation des jardins.

-Heureusement que vous avez clarifié la situation cet après-midi Monsieur Reys, parce que pour beaucoup de jeunes filles, une invitation à dîner dans un tel décor, je pourrais croire que vous cherchez à me séduire. Parlez-moi donc de vos fiançailles, histoire de cœur ou bien juste comme il est hélas souvent le cas parmi les personnes dites d’importance, juste une histoire de dot et autres alliances de pouvoirs ?

Message 12

Suite à mon éducation assurée en grande partie par ma mère, je remarque bien vite le changement opéré chez mon interlocutrice et je la complimente :

Cette coiffure vous va très bien, elle met en valeur votre visage.

Elle m'indique ensuite ce qu'elle souhaite boire et je demande au serveur :

Votre meilleure bouteille d'Arak, s'il vous plait.

Sa réflexion sur le charme des lieux me fait sourire et je lui dit :

Je tiens encore à m'excuser pour ce malentendu d'ailleurs.

C'est sûrement mon regard qui m'a trahi. Heureusement pour moi, elle change rapidement de sujet et je lui réponds, des étoiles dans les yeux :

J'ai imposé à Mère, Alyssa de Sarleon car je l'ai rencontré hors d'un mariage arrangé. J'ai d'abord parlé avec son frère lors de la fête de la bière et il m'en a fait un portrait élogieux. J'ai donc eu envie de la connaitre et je l'ai invité à une exposition de peinture, réalisé par des artistes magiciens. Nous avons immédiatement sympathisé, car elle maitrise une magie peu commune.

Il s’agit quand même du feu divin, le même pouvoir que celui de l’impératrice ! Ce n’est pas rien. Je continu ensuite :

Elle est très belle, intelligente et occupe un poste de conseillère dans la ville de Kyouji. Sa famille est d’ailleurs une des plus anciennes de la cité et est très influente. Bref, c’est un véritable miracle qu’elle est bien voulu m’épouser et on s’est fiancé il y a peu. Tout est un peu dans la précipitation mais nous souhaitons tous les deux avoir des enfants, alors nous ne perdons pas de temps.

Et oui, j’ai maintenant trente ans passés et si je veux avoir le temps de regarder mes enfants grandir, je ne dois pas trainer. D’ailleurs je pose à mon tour une question à ma jolie interlocutrice :

Avez-vous des enfants ?

Le ministre Reys, suite à sa demande, commande la meilleure bouteille d’Arak au serveur qui attendait. Ce dernier s’excuse encore pour le quiproquo arrivé plus tôt durant l'après-midi. La rousse avait plus l'habitude d’utiliser son don magique du contrôle des émotions pour calmer les peurs de ses patients et elle avait appris un peu à ses dépens que souffler sur les braises du désir était une arme à double tranchant. Enfin, sans cet événement, elle ne serait pas assise dans l’un des meilleurs restaurants d’Ikusa en compagnie du Grand Argentier de l’Empire.

Quand elle le questionne sur ses fiançailles, elle voit le regard de son interlocuteur s’illuminer. Il lui résume la façon dont il a rencontré sa douce, Alyssa de Sarleon. Ils ont sympathisé, car tous deux maîtrisent une magie particulière, ce qui a dû les rapprocher si Xera comprend bien. La demoiselle est belle, intelligente, occupe un poste haut placé dans la ville de Kyouji et est issue d’une ancienne famille de la cité. Pas de doute, les deux vont bien ensemble.

- Et bien voilà une jolie histoire, un mariage d’amour et de raison si je peux résumer ainsi, votre mère n’aurait sans doute pas aussi bien accepté si par exemple vous lui aviez annoncé vouloir épouser une ancienne esclave fraîchement affranchie.

L’herboriste sourit franchement, comment ne pas être heureuse pour eux, elle avait déjà vu ce même regard dans les yeux de sa mère et de son père. Il finit par lui demander si elle a des enfants, et avant de lui répondre elle trempe ses lèvres dans son verre d’Arak.

- Non, techniquement, malgré mes 101 ans, je suis une tout jeune adulte pour une Fae, j’ai encore le temps, enfin tous les enfants nés à Nareim depuis plusieurs dizaines d’années sont passé entre mes mains le jour de leurs naissances, ajouter à cela mon ascendance, il y a toujours des enfants autour de moi à Nareim. Mais dite moi, votre mariage est prévu pour quand alors ?

Message 13

Mon interlocutrice n’a pas tout à fait tort sur mes sentiments, mais la vérité est qu’il s’agit d’un mariage plus de raison que d’amour, je dois bien l’avouer. Enfin, je suppose que ce genre pourra arriver après. Elle me parle ensuite de Mère et je lui réponds en souriant :

C’est amusant que vous me parliez de cela, car mon premier amour était une esclave elfe. J’en suis immédiatement tombé amoureux, ayant toujours eu un faible pour les non-humaines comme les elfes et les autres peuples qui leur ressemblent.

Je rougis d’un coup, repensant à cette envie que j’ai éprouvé dans mon bureau, envers mon invité et après avoir bu un verre d’eau, pour me remettre de mes émotions, je continue :

Bref, j’ai supplié mes parents de l’acheter et j’ai travaillé dur pour rembourser sa dette et lui rendre sa liberté. Malheureusement, elle est partie aussitôt et j’ai appris qu’elle avait succombé aux charmes d’un bellâtre qui l’a laissé tomber comme une vieille chaussette une fois qu’il a obtenu ce qu’il voulait d’elle. Je l’ai revu il y a trois ans, pendant la guerre contre les Titans, mais elle est morte dans une embuscade.

C’est un souvenir assez poignant et je passe rapidement à la conclusion, lui indiquant :

Si j’aime une personne, je ferai tout pour elle, quitte à être contre le monde entier. J’ai déjà vécu un mois en tant que gardien de caravane et je suis prêt à le refaire, sans problème.

Je l’écoute ensuite me parler de sa vie, qui semble être bien remplie et je réponds à sa question, un peu gêné :

Et bien, j’ai reçu une lettre de sa part, ce jour, pendant que vous étiez partit à votre auberge, indiquant qu’elle a beaucoup de travail en ce moment et qu’elle repousse donc notre mariage. Je suis persuadé que c’est très temporaire.

Après, il n’y a rien d’étrange à changer les dates, tout le monde le fait, enfin, je crois.

Le grand argentier de l’Empire lui confie que son premier amour fut une elfe, enfin plus précisément une esclave elfe, Xera ne peut s'empêcher de froncer légèrement des sourcils. Pour quelqu’un né en République l’esclavagisme ça ne passe jamais bien. Aux dernières nouvelles, l’esclavagisme est officiellement tombé dans le Reik, enfin l’esclavagisme des vivants. Maintenant elle comprend un peu mieux le désir, qu’elle avait quelque peu exacerbé, chez l’humain pour sa personne. Elle le voit rougir, sans doute une étincelle de son désir qui se rappelle à son souvenir. Le reste de son histoire autour de son premier amour se termine mal, très mal même pour la femme elfe. La rousse devine aisément que sous son masque d'hôte affable Tagar souffre encore de cette perte.

Xera ne pensait pas mettre le pied dans le plat en évoquant la date du mariage de l’homme et de sa fiancée. L’herboriste ne peut s'empêcher à ce moment de faire appel à son don de contrôle des émotions et de sentir à travers lui la légère gêne de Tagar. Elle décide de ne pas toucher aux émotions de ce dernier, préférant détourner le sujet.

- en quoi consiste un poste de conseillère dans une ville telle que Kyouji ? Et qui conseille-t-elle exactement le maire ou son équivalent dans le Reik ?

La demi-Fae savoure une autre gorgée de son verre d’Arak, décidément bien meilleur que celui qui était servit dans la caravane qu’elle avait rejoint pour venir jusque Ikusa.

Message 14

Je savoure mon verre d’alcool à petite gorgée, car il est assez fort et je réponds aux différentes questions de la jeune femme :

Elle vient d’une famille noble très influente, elle a donc de nombreux contacts dans la société et quand le Seigneur de la ville a une décision à prendre, il l’a consulte pour savoir comment va réagir tel ou tel groupe. Cela permet d’éviter d’affronter une fronde et de s’assurer des conséquences. Les Maires en Républiques ont beaucoup plus de liberté qu’ici, enfin, je crois. Nous possédons un pouvoir central assez fort et tout se règle au Palais.

C’est en effet, ce qu’il se passe, d’un point de vue militaire, économique, diplomatique et législatif, tout se décide au Palais, les Seigneurs faisant simplement appliquer la loi Impérial. Le serveur revient avec deux cartes et je conseille à mon invité :

Leurs tajines sont excellents, si tu veux essayer. Il y a de l’agneau, du poisson, bref, tout ce que tu souhaites.

Ce restaurant est connu pour ses spécialités Reikoises et nous devrions nous régaler. Je la laisse choisir avant de prendre un tajine au poulet. Une fois le serveur parti s’occuper de nos commandes, je demande à la jolie rousse :

Tu as toujours vécu en République ou est-ce que tu as déjà voyagé dans le Sekaï ?

Je suis toujours friand de récit de voyage, ayant moi-même été découvrir de nombreuses régions un peu partout, d’abord avec mon Père, puis seul après sa mort. J’écoute sa réponse et je pose une nouvelle question, souhaitant en savoir plus sur mon interlocutrice, que je trouve toujours aussi désirable :

Tu n’as aucun défaut ? Je dois t’avouer que j’ai toujours du mal à être entièrement concentré en ta présence. Si tu avais quelques imperfections, cela m’aiderait beaucoup à penser à autre chose.

Oui, je suis troublé.

agar lui explique plus en détail pourquoi sa fiancée occupe la place de conseillère du seigneur de la cité de Kyouji. La famille de Sarleon possède beaucoup d’influences et de contacts lui permettant de savoir comment tel ou tel groupe de la ville va réagir aux décisions que le seigneur doit appliquer.

- Je comprends mieux maintenant, merci de m’avoir expliqué. Je pense que je vais me laisser tenter par le tajine de poulet aux citrons confits pour ma part.

Leur plat commandé le serveur leur rend leur tranquillité et la ministre des Finances est le premier à reprendre la discussion.

- C’est la première fois que je quitte la République, ceci est mon premier voyage à travers le Sekaï, c’était intimidant presque terrifiant, mais je ferai tout pour trouver un remède pour mon père. Je me rends compte, que sortir de chez moi, de ma forêt me fait grandir. Je reviendrais toujours vers la grande forêt et son esprit, découvrir les différentes parties du Sekaï me permettra, je pense de me rapprocher au final de l’esprit sylvestre. La traversée du désert fut une sacrée expérience, j'étais admirative de ces hommes, de ces femmes qui le parcourent et y vivent en harmonie.

La rousse boit une autre gorgée de son délicieux verre d'Arak, appréciant sa fraîcheur végétale et la douce chaleur qui descend lentement dans sa poitrine. Elle sent bien que son interlocuteur est toujours sous son charme, quelques verres de plus et elle pourrait bien céder à la tentation. Il lui avait bien annoncé que sa fiancée avait repoussé leur fiançailles et maintenant, il lui avouait que sa présence le troublait.

- Si je suis parfaite ? Par l’esprit sylvestre, je ne l'espère pas, cela doit être ennuyeux que de l’être. Plus tôt aujourd’hui je vous ai un peu manipulé. Qui n'aimeraient pas franchement avoir l'appui d’un ministre ou bien qu’il vous soit redevable. Pour avoir une chance de sauver mon père, je suis prête à beaucoup de choses, comme de souffler légèrement sur le désir naissant de mon interlocuteur….

Xera après son aveu avale d’un trait ce qui reste dans son verre et fait signe au serveur de lui en servir un autre.

- C’était la première fois que je tentais d'utiliser mon pouvoir de cette façon et cela est bien plus complexe que de calmer une mère sur le point d’accoucher, ou une monture affolée par une piqûre de taon. J’ai du…..

La rousse se tait alors que le serveur lui apporte un autre verre d’arak et attend qu’il se soit suffisamment éloigné pour reprendre.

- J’ai dû assouvir le feu que j’avais moi-même allumé, pour autant les braises sont encore chaudes, alors pas la peine de me rappeler que ça vous trouble.

C’était juste elle ou bien il faisait plus chaud autour de cette table.

Message 15