Nora

Alentours de Liberty, fin Janvier An 4.

- C'est arrivé il y a combien de temps ?

La voix du barde était inquiète et en colère en même temps. C’était peut-être la première fois que Nora entendait cette émotion passer dans la voix de Wimzit. Il ne restait qu’à savoir quelle partie de l'histoire qu’il venait d’entendre provoquer cette inquiétude. Nora lui avait raconté son histoire, enfin en arrangeant les parties qui la feraient passer pour folle. Elle était devenue la sœur jumelle vivant dans l'ombre de la première pendant des années, ne sortant jamais de cette « maison » à part pour les mauvais moments. Jusqu’à ce jour ou elle s’était libérées de ses chaînes et qu’elle l’avait abandonnée dans la forêt, après quelques coups.

- Juste avant notre rencontre.

- D'accord. Au moins, je comprends pourquoi tu dors à la belle étoile.

Il lui avait donné rendez-vous dans la taverne d'un petit village avant de la laisser seule pour l’après-midi. Elle s’en voulait de lui avoir raconté, évidemment qu’il ne comprendrait pas.

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La soirée avait commencé comme beaucoup d'autres pour le duo. Le barde chantait et tentait de faire du charme à toute la gente féminine présente. Pendant que Nora, fidèle à l’habitude des soldats en occupations, gardait le comptoir. C’était assez bizarre, elle n’arrêtait pas de tirer sur le col de sa tunique, sans armure, sans autres armes qu’une de ses dagues à la ceinture. L'autre avait disparu peu de temps avant. Le nain lui avait conseillé de ne plus porter son armure sans cesse, elle n’était plus à l’armée, et de la troquer contre des habits plus féminin. Cela lui permettrait de se fondre plus facilement parmi les clients et de ne pas attirer l'attention sur ses origines barbares. Il lui avait même montré des jupes et robes, mais avait abandonner l’idée après la menace d'un coup de pied bien placer dans son sommeil.

Ce rythme de soirée leur permettait de gagner de l'argent, quand Nora ne dépensait pas tout au comptoir. Des fois, il arrivait à la tirer sur la scène, mais pas ce soir. Et parfois le Barde gagner le droit de « dormir » dans un lit avec de la compagnie, pendant que la naine retournait dormir à la belle étoile quand le temps lui permettait. Elle avait essayé de dormir plus souvent sous un toit, mais ses années au berceau l'avait rendu légèrement claustrophobe. L'ambiance de la salle lui bourdonnait aux oreilles, son esprit n’était pas à la fête, mais tournait vers sa « sœur ». Elle était sortie prendre l’air avec une chope pleine, sous le regard des clients plus ou moins avinés. Elle avait plusieurs fois tenté de replacer le léger décolleté de sa tunique, laissant apercevoir la naissance de ses seins. Elle ne pouvait s’empêcher de maudire les idées de son compagnon de voyage quand elle croisée le regard des hommes toujours plus grand qu'elle.

Le calme du village n’était perturbé que par le bruit que laissait échapper l’auberge. À chacun de ses pas, les perles de ses tresses carillonnaient tranquillement, rappelant le bruit de la pluie sur les toits. Elle s’était un peu éloignée de la porte pour boire plus tranquillement. Ses pensées étaient légèrement embrumées par l'alcool de la soirée. Elle l’emmenait de temps en temps à ses lèvres pour boire une gorgée. La rouquine se plaqua contre le mur de rondin de l’auberge, avant de se laisser glisser et de placer ses mains entre ses genoux. Cela faisait plusieurs semaines qu’elle voyageait avec le barde, qu’elle avait essayer une vie d’itinérante qui lui plaisait plutôt bien. Elle ne se sentait pourtant pas a sa place, quelque chose l'attirait vers le Reike. Peut-être que c'était simplement d'y connaître sa place.

Qu'est-ce que son départ impliquait, qu’était devenu Ersa ? Nora ne la ressentait plus depuis ce rêve étrange. Est-ce qu’elle serait recherché pour désertion ? Jusqu’où et jusqu’à quand ? Si cela se trouve elle se retrouverai derrière les barreaux qu’elle avait passé des mois à garder. Cela lui faisait un peu peur et cela ne servait à rien de s’inquiéter pour quelque chose contre lequel elle ne pouvait rien faire.

Le temps n’était pas au mieux, le ciel était couvert, un léger vent charriait l’humidité et le froid hivernal. La pluie de t’aiderait pas à tomber, elle avait toujours aimé sentir la pluie sur sa peau. Deux chasseurs se dirigeaient vers l’auberge en discutant.

- Il paraît qu'un groupe de bandit traîne dans le coin.

- Oui, mais ils n'attaqueront pas un village sans intérêt comme le nôtre.

- Je sais pas, j ai entendu qu’il cherchait quelqu’un. Ils viendront peut-être pour voir.

La naine hocha la tête de droite à gauche, des rumeurs de bandit annonçait souvent que les armes danseraient bientôt. Peut-être qu’elle pourrait demander une récompense pour leur mort. Elle but une grande gorgée avant de se lécher les lèvres pour enlever la mousse qui y restait. Les hommes passèrent devant la petite femme, leurs regards la détaillant rapidement.

Et bien sûr, comme une partie de leurs soirées, tour partait en vrille. La musique s’arrêta, des éclats de voix se firent entendre. Elle vida sa chope d'une traite avant de se relever et de retourner à l’intérieur. Le spectacle avait complètement changé, elle avait laissé le barde faire le charmeur de ses dames du haut de sa table. Et elle le retrouvait, esquivant les coups et les objets qui volait. Il avait dû charmer la mauvaise femme, un des chasseurs envoyait tout ce qui lui passait sous la main.

Quand le nain vit la rouquine entrer, il lui adressait un sourire avant de se diriger vers sa sauveuse. Elle s’écarta pour le laissé s'enfuir et dans la continuité du geste, envoya sa chope vide sur l'agresseur. Elle qui ne ratait que rarement sa cible, se rata lamentablement. La chope passa à côté de la cible de quasiment un pied pour venir éclater dans le dos de quelqu’un au comptoir. Cela lui arrivait beaucoup plus souvent depuis le début de sa nouvelle vie. Avant qu’elle ne s’intéresse à sa cible d'infortune, l'homme qui lui faisait face, lui envoya une droite.

Elle évita l'attaque d'une légère esquive en se rapprochant de lui et lui envoya un coup de coude dans le ventre. L’homme s'effondra en gémissant de douleur, elle avait du mal à viser dans l'action, mais au moins, elle frappait toujours aussi fort.

Elle se retourna et sortie de la taverne sans demander son reste. Elle entendait le remue-ménage que cela avait créé dans l'auberge à travers la porte alors qu'au-dessus de ses bruits elle entendit le barde crier son nom. Il avait dû encore s'attirer des ennuis.