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  • Sam 13 Mai - 19:31
    « Si tu te tiens pas tranquille j’te jure que je te coupe la queue et que je la donne à bouffer aux rats. ».

    À genoux devant une bassine remplie d’eau chaude, Crocus frottait vigoureusement le pelage de sa mère qui se débattait de toutes ses forces. Attrapant un flacon de ce qui ressemblait vaguement à du shampoing, il la saisit par le cou pour la maintenir droite alors que ses pattes faisaient mousser le produit. Une grimace sur la gueule, l’hybride ne prenait aucun plaisir à cette corvée qu’il s’imposait, refusant que sa génitrice attire les prédateurs ou pire des citoyens de la République en se recouvrant de boue, de sang, et surtout des poubelles du quartier. Lui-même n’était pas un grand maniaque de l’hygiène, néanmoins il savait se tenir et repérer le danger, là où sa mère ne voyait qu’un énième moyen d’étancher la faim qui lui tiraillait le ventre. À croire qu’elle crevait la dalle, alors qu’il lui ramenait de quoi manger matin, midi et soir ! Que dire de ses absences où il bourrait leur cellier pour qu’elle ne manque de rien, et dont il revenait pour remarquer qu’aucun des aliments n’avait bougé. Parfois, avoir de l’humain avait du bon. Enfin, ça, il ne le dirait jamais à voix haute. Son dégoût pour la race humaine était bien trop prononcé pour qu’il reconnaisse que l’intelligence qu’il possédait aujourd’hui venait en partie de son héritage. Non, il s’était fait tout seul, comme un grand.


    Une fois la toilette terminée, il vint soigneusement essuyer son poil soyeux et la grattouiller entre les oreilles. Elle avait beau l’épuiser, elle restait sa seule famille et il vivait pour elle. Le jour où elle partirait, il n’aurait plus aucune raison de subsister dans ce monde ignoble, dans ce corps atroce qu’il méprisait. Et s’il attendait occasionnellement le déclin avec impatience, il se rappelait avec douleur que la mort de sa mère le briserait encore plus qu’il ne pouvait le concevoir. Autant une délivrance qu’un lourd poids sur la conscience, sa disparation ne comptait pas pour autant pointer le bout de son nez de sitôt. Il la laissa enfin filer, cette dernière fonçant se cacher sous le canapé miteux qu’elle avait déjà déchiré à maintes reprises, les pattes tremblantes. « Si ça te fait plaisir de penser que je suis le méchant, alors vas-y. Maintenant, tu pues plus la mort, c’est déjà ça de pris. J’ai du boulot, je reviendrai bientôt. ». Lui adressant un regard entre la menace et la bienveillance, deux sentiments profondément contradictoires, il reprit. « Que je te retrouve pas dans les poubelles, parce que ça va mal se passer. À plus tard m’man. Passe une bonne soirée. ». Si tant est qu’elle puisse différencier une mauvaise d’une bonne soirée. Il lui accordait sans doute trop de crédit, mais elle le méritait. Sa vie avait été suffisamment dure.


    Sortant de leur vieille baraque abimée au fin fond des bas quartiers, Crocus s’aventura à la surface, la queue traînant sur les pavés. Il détestait se montrer en République, mais ce qu’il détestait encore plus c’était devoir se rendre à des rendez-vous. Il préférait largement se pointer sans prévenir, poser les termes et repartir aussi vite qu’il était arrivé. On lui avait donné rendez-vous à tel endroit, à telle heure… Ça lui prenait déjà la tête. Passant sa capuche par-dessus ses oreilles pour masquer son joli minois de raton laveur, l’hybride s’engouffra dans les ruelles adjacentes à l’université Magic pour se retrouver dans un bar malfamé, un des seuls qui subsistait dans une capitale aussi pompeuse que Liberty. Bordel qu’il haïssait cet endroit pourri, avec ses politiciens corrompus, ses demoiselles en détresse toujours bien apprêtées, leurs tons dédaigneux et leurs sourires hypocrites. Même l’architecture respirait la bourgeoisie foireuse, de toute façon un riche ne pouvait qu’avoir des secrets atroces pour en être arrivé là. Crocus avait depuis longtemps perdu espoir en la société républicaine. Le mérite, et bien sûr, et puis quoi encore ? Tout tournait autour des relations, du pistonnage absurde et de qui se penchait le plus bas pour obtenir les grâces d’un ministère véreux. Et qu’on ne lui parle pas du nombre d’hybrides qui jonchaient les terres de la république, parce que là, on l’aurait perdu définitivement. Il lui fallut toute l’énergie du monde pour ne pas gerber en croisant certains congénères sur sa route. Complètement déglingués, un trou à la place du cerveau, pas d’autres explications pour justifier d’accepter l’inacceptable. Il ne s’y ferait jamais.


    Poussant la porte de l’établissement de sa patte griffue, il alla s’installer dans un coin, se vautrant sur la banquette. Pour une fois, il était en avance. Faisant un signe au tenancier de lui apporter une bière bien costaud, il s’affala de plus belle, regardant l’horloge avancer beaucoup trop lentement à son goût. Et quand le barde daigna entrer dans le bar, Crocus ne put se retenir de le tacler vigoureusement. « Quand on donne une heure c’est pas pour arriver plus tard. Tu sais que j’aime pas ça, j’te préviens je suis pas d’humeur. ». Le nain gratifia son vieil ami d’un large sourire, s’installant à sa table sans lui demander son avis. « Toujours aussi charmant, Crocus. ». Le raton dût se retenir de lui cracher au visage. « Je t’emmerde. ». Le musicien haussa les épaules.

    « Écoute, j’aimerais te faire rencontrer quelqu’un.
    - Quoi j’ai une gueule à chercher de la romance ou de la compagnie ? Tu m’as bien regardé, abruti ?
    - Non, rien à voir avec ça. Tu trouveras chaussure à ta… patte, un jour, mais ça ne me regarde pas. Je me suis fait une amie il y a peu, et elle est comment dire… perdue. Je me suis dit que tu serais un bon guide dans notre monde de…
    - De fouteurs de merde, cherche pas d'autres mots, c'est le plus adapté. Et je suis censé en avoir quelque chose à péter du coup ?
    - Pas nécessairement, mais tu me dois toujours une faveur et il est l’heure de la réclamer.
    - … Tu fais chier Wimzit. Vas-y, ramène là. Je verrai ce que je peux faire. »


    Le barde fit un signe à son amie de le rejoindre tandis que Crocus faisait un effort considérable pour ne pas tout envoyer bouler. Les bras croisés devant son torse, il leva à peine les yeux vers sa nouvelle rencontre, la saluant d’un geste de patte blasé. « Salut. Crocus. Je peux t'aider, visiblement. ».
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    Ersa Vatt'Ghern
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  • Mer 17 Mai - 23:59

    Nora

    Liberty

    Cette soirée n’avait pas été des plus agitées pour Nora. Elle était restée éloignée des villages et de Liberty pendant que le barde était partie faire son tour pour gagner un peu d’argent. Il avait imaginé un plan en profitant que la lycan ai une apparence proche des gnolls du Reike et propager une rumeur pour les plus crédules. Nora n’avait qu’à passer près des fermes et attaquer quelques bêtes pour faire naître le besoin, puis le duo proposait ses services pour poser des pièges et donner des conseils. Un plan simple et lucratif jusqu’au moment où la rumeur avait pris de l’ampleur. D’autres chasseurs venaient d’arriver, certains attirés par l’appât du gain et d’autres pas l’excitation de pouvoir chasser une bête exotique. Ce qui devait être un plan sans accros se transforma inévitablement en bain de sang. Ce qui avait été trop téméraire sur la traque de la gnoll furent assez surpris en tombant sur tout autre chose. Le barde n’avait pas encore accepté ce dérapage, lui, qui aimait les coups bas, avait du mal à avoir du sang sur les mains. Il avait peut-être aussi du mal avec le fait que la naine ne semblait pas touchée par ses actions, mais après tout c’était une reikoise qui devait avoir été élevé comme ça.

    Il était parti et elle n’avait pas bougé comme une enfant que l’on avait sermonnée, le lien qu’ils avaient créé depuis leur rencontre n’avait pas totalement récupérer du jour où elle avait parlé de sa « sœur », c’était peut-être une autre fissure dans ce qui les réunissait. Son esprit vagabondait sur ce qu’était devenue Ersa, était-elle morte ? Avait-elle tenu sa parole ? Elle ne l’avait pas sentie effleurer ses pensées depuis cette nuit. Nora avait essayé de s’occuper l’esprit en refaisant ses tresses. Ses mains agissaient par automatisme, un automatisme qu’avait acquis sa «Sœur » durant toutes ces années, les perles bleu et verte roulaient entre ses doigts. Elle admirait le reflet des flammes sur les pierres multicolores et sur ses cheveux roux. Comme une vieille habitude, une bouteille d’alcool se trouvait non loin de la rousse. L’alcool aidait à tuer les pensées qui se tournaient trop vers le Reike, sur Ersa, sur l’idée de devoir quelque chose à Luviel.

    - Tu tentes de t’enflammer ?

    - J’ai le carburant.

    Elle leva la bouteille sur ses paroles. Elle ne l’avait pas entendu revenir.

    - Rajoute la mèche.

    Il lui avait lancé l’étui métallique qui contenait ses petits cigares qu’elle rattrapa de ses deux mains, elle avait lâché sa tresse et la perle tomba près du feu. Le reflet des flammes miroitait dans les iris or de la naine alors qu’elle allumait le tabac avec une brindille. La fumée emplissait ses poumons avant d’être soufflé par le nez, tel un dragon endormi. Puis d’une voix légèrement enrouée, elle brisa le silence qui venait de s’installer.

    - Dit Wim, ça t’es déjà arrivé de détester quelqu’un aussi loin que tu t’en souviennes et de ne pas réussir à te la sortir de la tête une fois qu’il a disparu ?

    - Elle te manque ?

    Le ton de la voix du barde était chaleureux, comme s'il ne jouait plus de son côté charmeur. Elle ne savait pas si l’autre naine lui manquait ou si c’était simplement le fait de ne plus vivre à travers elle. Nora prit quelques instants pour inspirer quelques bouffées de tabac et quelques gorgées d’alcool.

    - Non, je me demande ce qu’elle est devenue.

    Le nain ne répondit pas, laissant son regard se perdre dans les flammes à son tour, son air sérieux avait attiré l’attention de Nora, lui qui ne l’était que rarement. Il tramait quelque chose.

    - Je reviens de la ville, je pense qu’il va falloir que l’on se sépare un moment. La mort des chasseurs commence déjà à attirer l’attention. J’ai un ami qui me doit une faveur, il pourra t’aider pour trouver du travail, peut être t’aider à découvrir une autre vie qui t’ira mieux.

    Nora se figea, laissant presque échapper le cigare de ses lèvres. Il voulait l’abandonner comme ça, la colère lui fit serrer les poings, mais elle se dissipa aussitôt submerger par un vague d’abandon.

    - Comme tu veux.

    Les mots étaient secs, mais avec une pointe de désespoir. Elle croisa les bras sur ses genoux et posa le menton dessus pour s’enfermer dans son mutisme. À chaque nouvelle gorgée d’alcool, pendant un instant, la vie militaire lui manquait.


    *************

    Le lendemain, ils se dirigèrent vers Liberty, le regard de la naine qui avait que trop peu dormi se promenais sur l’architecture trop riche pour elle, loin de celle des villes du désert qu’elle avait connu. Le duo croisait nombre de gens aux couleurs criardes, le barde s’intégrait presque parfaitement dans la foule sauf qu’il portait ses habits avec une négligence propre à lui-même. Nora tranchait un peu avec sa tenue plus sombre, plus sobre. Elle maudissait le barde à chaque fois qu’elle replaçait les pans de sa tunique légèrement décolletée. Elle se sentait vulnérable, ressentait le regard des gens comme une insulte. Son armure et son marteau lui manquaient. Le nain lui avait saisi la main pour la tirer en bordure de l’université, la foule qui ne se préoccupait pas de ses deux nains qui se frayaient leur chemin, comme s’il avait senti qu’il n’en faudrait pas beaucoup plus pour qu’elle ne mette à hurler.

    C’est arrivé près d’un bâtiment un peu plus terne que la ville qui l’entourait que Wimzit se stoppa et plaça Nora près du mur.

    - Par contre quand on sera devant Crocus, tu...

    Un sourire fendit le visage de la naine.

    - Voilà, pas de commentaire sur son nom, sur sa taille, sur son physique.

    Elle pouffa,

    - Tu me ramènes à un arbre ou à une peluche ?

    - Nora, je suis sérieux. Il peut être ta portée d’entrée à un nouveau monde. Entres en première et attends au bar que je te fasse signe.

    La naine soupira avant d’entrer dans le bar et se dirigea vers le comptoir directement. Le barman l’accueillit d’un air peu commode, elle s’attendait presque à ce qu’on lui indique plus un box pour son nouveau boulot qu’a ce qu’on lui ramène une bière. Son regard ne se détacha pas du barde qui venait de rentrer et se dirigeait vers une table à l’écart où se trouvait un hybride. Une sorte de peluche raton-laveur à l’air mal-aimable. Grâce à ses sens, elle put entendre une partie de leurs échanges parmi le bruit ambiant. Elle attendit que le nain lui fît un signe en sirotant son verre.

    Une main se posa sur son épaule pour remonter dans son cou, elle l’attrapa en se tournant vers l’homme qui lui souriait. Elle commença à lui serrer les doigts jusqu’à ce qu’elle entende un petit craquement. Le sourire de l’homme disparut pour se transformer en grimace de douleur. Elle remarqua le nain lui faire signe à ce moment. Elle souffla à l’homme avant de se lever pour rejoindre l’étrange duo.

    - Casse-toi avant que je te broies autre chose que les doigts.

    Elle tira machinalement sur le col de sa tunique pour le replacer et prit une inspiration, elle ne devait pas dire de connerie. Elle s’avança avec son verre à la main, les perles de ses cheveux bruissaient à ses oreilles. Elle plaça son verre sur la table pendant que le raton au nom d’arbre se présenta succinctement. Elle s’attendait à de l’animosité au vu de la discussion commencée par Wimzit, mais il ne lui fit que son geste las. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais se retint, et prit une gorgée de bière. Commencé par dire qu’elle pensait qu’elle aurait les plus grands cernes autour de cette table ne serait peut-être pas le mieux.

    - Salut. Nora. Juste une étrangère perdue qui fait de drôle de rencontre.

    Elle tira une chaise pour s’installer de la table et joignit les mains.

    - Je vais chercher du boulot, Wim pense que je pourrais t’intéresser. Que tu pourrais avoir besoin de bras, de poids ou de plus de poils et de dents.

    La naine lui lança un sourire sournois avant de boire une gorgée de bière en laissant son regard dans celui de l’hybride. Wimzit pâlit, un instant et jeta un regard noir à son amie.

    - Je t’avais dit de faire de pas dire tes conneries habituelles.

    Il se tourna vers Crocus.

    - Comment dire, tu reconnaîtras sûrement le manque de tact des rekois ou des lycans. C’est un mélange un peu spécial des deux.

    Il glissa un clin d’œil plein de sous-entendu à l’hybride, pendant que Nora ferma les yeux à cet aveu préférant finir sa bière. Il venait de la décrire d’une manière peu flatteuse, mais bon, elle avait commencé à mettre les pieds dans le plats.




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  • Sam 20 Mai - 23:00
    Le moins que l’on puisse dire, c’est que Crocus n’avait définitivement pas envie d’être là. En dehors du fait qu’il serait bien rentré se vautrer dans son lit plutôt que faire la baby-sitter pour satisfaire l’égo du nain qui le fixait avec un air malicieux dans le regard, ça le gonflait de devoir se traîner dans les ruelles de Liberty. Là où on le regardait comme une bête de foire, où les mômes se battaient pour le gratouiller entre les oreilles pour ensuite aller chialer dans les jupons de leurs mères.  « Maman, le raton-laveur il m’a mordu ». Non, sans putain de blague ? À croire qu’on n’apprenait plus rien aux gosses de nos jours, encore moins à se méfier des inconnus. Et après ça venait se plaindre de perdre son enfant à tous les coins de rue, de se faire voler sa bourse « dans une ville aussi chaleureuse et riche que la capitale de la République, c’est un scandale. ». Des grosses claques dans la tronche, ils ne méritaient rien d’autre. Passablement énervé par la situation, l’hybride faisait tinter ses griffes sur le bois de la table sur laquelle il était accoudé, attendant avec exaspération la venue de celle qui lui avait causé tous ces problèmes. Dans les faits, la pauvre demoiselle n’était en rien responsable, c’était plutôt au barde qu’il devrait s’en prendre. Mais la théorie gagnait très rarement dans l’esprit du raton qui s’en prenait majoritairement à la première personne venue, quitte à lui imposer dix ans de psychothérapie pour s’en remettre.


    Détaillant la jeune femme de haut en bas, sa truffe s’agitant doucement pour récupérer ses odeurs qui n’étaient pas des plus agréables, Crocus décroisa lentement les bras. Ce n’était pas tous les jours qu’on lui ramenait du sang frais, et à raison. Les derniers qui avaient tenté de rentrer dans les rangs du raton ne donnaient à présent plus de signe de vie. Si on lui demandait ce qu’il en était, il se contentait de se frotter les mains et de hausser les épaules. Il ne savait pas, et il s’en foutait. Probablement un bon slogan pour décrire son attitude au quotidien d’ailleurs. Levant un sourcil en direction du barde, il ne put retenir un petit rire gras et rauque. « J’suis pas à cheval sur la politesse de toute façon, ça me barbe plus qu’autre chose. Être direct c’est bien, ça m’plaît. ». En République c’était d’autant plus rare. Les gens adoraient se donner une belle image, paraître plutôt qu’être, arborer de splendides sourires d’hypocrisie avant de vous poignarder dans le dos. Crocus préférait poignarder tout de suite, que ce soit dans le dos ou autre part. Moins chiant, plus efficace. « C’est qui, c’est ta fille pour que tu la sermonnes comme ça ? Putain j’espère pas que tu me ramènes ta mome, parce que ça voudrait dire que t’es encore plus déglingué que ce que je pensais. ». Le musicien roula des yeux. « Non, c’est pas ma fille. Si j’avais une gamine, je ne te l’apporterais pas. ». Acquiesçant avec un sourire étirant ses babines, le raton redirigea son attention sur sa nouvelle rencontre.


    « Nora hein ? C’est pas si moche. Pour les poils et les dents, comme tu peux le constater, j’suis plutôt bien servi. Enfin remarque que je ne dirais jamais non à plus, donc si c’était pas une vanne, je peux peut-être envisager d’y réfléchir. ». Wimzit n’aurait pas eu l’audace de lui mettre une congénère sous le nez. Pas s’il tenait à la vie. Il pouvait être con, mais pas à ce point. « L’autre a du te mettre au jus de ce que je fais. Si tu cherches du boulot, j’ai rien de propre ou de déclaré à te proposer. Ici on met les pattes où personne ne veut les mettre, et on se fait des ennemis à la pelle. Si c’est des problèmes que tu veux, t’es bien tombée. ». Il se leva de son tabouret, s’approchant de la jeune fille pour l’observer d’un peu plus près avant de l’interroger. « J’suis pas contre te donner une chance, à vrai dire j’ai pas vraiment le choix. Mais je m’associe pas avec n’importe qui. Alors pour voir ce que tu vaux, y’a qu’une seule solution : t’envoyer sur le terrain. Je vole autant que j’espionne, mais pour rien te cacher, l’espionnage ça me les brise. Si t’es bonne pour te faufiler dans des recoins et écouter les conversations, tu pourrais m’être utile et en même temps te faire un petit tas d’oseille. ». Son cerveau se mit à carburer, réfléchissant à ce qu’il pourrait lui proposer comme épreuve. Rien de trop compliqué sinon le barde lui prendrait la tête mais rien de trop simple car après tout il n’avait guère envie de faire avec une potiche. Faisant un signe au tavernier pour venir remplir à nouveau leurs verres, il revint s’installer à sa place calmement, calant sa queue rayée entre le tabouret et le mur. « Et sinon, pas que ça m’intéresse mais j’ai besoin de savoir, qu’est-ce que tu viens faire en République ? On a pas beaucoup de Reikois dans le coin, et c’est pas une grande perte. Tu pourrais largement trouver un boulot dans ton désert. Enfin si on pouvait avoir moins de républicains ce serait pas du luxe non plus… ». Si tout pouvait cramer, tant qu'on y est...


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  • Mer 24 Mai - 22:19

    Nora hésitait, si elle se fiait à sa vue, le raton pourrait presque lui donner envie de lui faire une grattouille. Son odorat et son instinct lui dictaient d’autres signaux. Elle ne doutait pas que cette peluche avait tué peut-être plus de personne qu’elle.

    Après l’avoir détaillé et accepté sa présence, l’hybride éclata de rire. Cela confirmait qu’il n’avait pas de temps à perdre, un peu comme elle. S'il y avait des apparences à sauver autour de cette table ce n’était que la préoccupation du barde, Nora se raidit sur l’hypothèse d’être la fille de Wimzit, le barde avait quelque soucis, mais pas à ce point. Enfin, elle l’espérait.

    Il répondit à sa remarque et acceptant même la proposition d’avoir plus de dents. Il lui décrit son travail, que normalement, il fait ce qui n’intéresse pas les autres, l’inverse de ce qui intéresse le barde habituellement. Une ombre de sourire leva l’angle de ses lèvres face à la situation, d’un côté se trouvait l’espion qui voulait se garder une conscience, de l’autre un être prêt à tout pour survivre et ses objectifs. Elle ne put retenir son sourire face aux descriptions du raton, sans le savoir, il venait de ça résumer une partie de sa vie. Ersa avait toujours fait les bons moments pendant qu’elle se battait, tuait pour vivre quelques minutes de plus. Et cela lui avait suffi pendant toutes ces années.

    - C’est tout ce que je demande. Une chance de prouver ce que je sais faire. Le sale boulot ne me dérange pas, j’ai l’habitude. J’imagine que le supporter en fait pas partie.

    Elle jeta un coup d’œil sur le barde qui avait l’air indigné.

    - J’espère que tu as les mains moins baladeuses que lui. Pour les ennemis, il faut leur laisser le temps de nous détester, non ?

    Son sourire devint plus cruel l’espace d’un instant. Elle garda son regard braqué dans celui du raton.

    - Je peux me faufiler sans trop de problèmes, on fait pas attention aux naines. Tant que c’est pas pour finir sur le trottoir.

    Wimzit ouvrit la bouche pour placer une autre de ses réflexions, mais Nora le fit taire par un coup de pied sous la table.

    - Aïe, tu…

    - Crocus n’a pas besoin de connaitre les détails de ce que je ne ferais pas.

    Son ton était sec et bas profitant que l’hybride, c’était légèrement éloigné. Elle attrapa le verre à nouveau rempli pour boire une gorgée, léchant la mousse fraîche qui restait sur ses lèvres. Pour finir, il lui posa la question sur son départ du Reike et cela la fit se stopper dans son geste. Elle reprit une gorgée pour se laisser du temps.

    - J’ai quitté ce désert à cause d’une emmerde de famille, j’étais éclaireuse dans l’armée. Elle ne m’aurait pas laissé tranquille si j’étais resté là-bas. En république, je peux me faire ma place. Du boulot, y en à partout. Ce qu’il faut, ce sont les bons partenaires.

    Elle jeta un regard noir au barde rien qu’en imaginant du sourire qui grandissait sur le visage du nain.

    - Pour avoir moins de Reikois, j’espère juste ne pas prendre de lame dans le dos. Pour avoir moins de républicains, je peux peut-être t’aider.

    Une flamme s’alluma dans les yeux dorés de la naine et donnés à son sourire un côté bestial.

    - Alors satisfait ?




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  • Sam 27 Mai - 18:04
    Bon… A en croire ses paroles, la donzelle n’était pas complètement inconnue au monde que fréquentait le raton. Savoir si c’était une bonne nouvelle ou non, ça, c’était encore une autre question. Si Crocus se torchait régulièrement avec les bonnes mœurs et les principes, il n’envoyait pas des innocents à la mort, encore moins des femmes. Un peu biaisé par le fait de vivre seulement avec sa génitrice, le raton avait tendance à faire plus attention aux demoiselles qu’aux hommes. Après tout, elles étaient relativement rares dans la pègre. Celles qui y tenaient une place forte ne se salissaient pas les mains, et les autres… Il n’avait pas vraiment envie de faire un dessin à Nora de ce qui arrivait aux demoiselles qui s’aventuraient un peu trop loin dans les bas-fonds de Liberty, sans doute qu’elle le savait déjà après tout. Et puis à vrai dire, s’il abordait pas le sujet, c’était aussi parce que leur petite collaboration l’intéressait et qu’il ne voulait pas la voir prendre ses jambes à son cou. Quitte à lui mentir, comme dit, les principes et les valeurs…


    Prenant une gorgée de sa bière, il manqua instantanément de la recracher. « Les mains quoi ? ». Levant un sourcil, il redirigea son attention vers le barde qu’il menaçait de ses petits yeux noirs dans lesquels on pouvait lire toute sa haine face à ce genre de dérangés mentaux. « Elle.. elle plaisante Crocus. ». Un grognement s’échappa de sa gueule, ses poils se hérissant légèrement sur le haut de son crâne. « Y’a intérêt. J’fais affaire avec beaucoup de monde, mais pas les raclures de ce genre. Et non miss, j’te toucherais pas. Déjà parce que j’ai pas envie, ensuite parce que je mélange pas travail et plaisir. ». Il oublia malicieusement de souligner que le plaisir lui était parfaitement inconnu. Rien qu’à s’imaginer avec une demoiselle, ça lui foutait des sales frissons. Enfin précisément, penser que qui que ce soit pourrait avoir envie de faire des galipettes avec lui, ça lui donnait une sacrée gerbe. L’instinct avait ses limites et il avait bien décidé de ne pas les franchir. « Et je te demanderais rien de ce style non plus. J’suis une saloperie, pas un monstre. Ton corps t’en fais bien ce que tu veux, ça me regarde pas. ». S’il pouvait éviter d’en entendre parler, peu importe le contexte, ça l’arrangeait. Aucune patte n’irait à un endroit où elle n’y était pas invitée, Nora était tranquille sur ce point là. Quant à ce qu’il ferait aux malotrus qui s’en approcheraient d’un peu trop près… Encore une fois, elle n’avait pas besoin de savoir.


    « Ah. La famille. J’connais. ». Pas dit qu’il sache de quoi il parle cela dit, car ses disputes avec sa mère se résumaient à une série de roucoulements, de queue hérissée et de grognements dont la signification restait vague. Il pensait bien à son paternel à qui il avait arraché la tête avant de se faire une ceinture avec ses tripes, mais il s’agissait bien plus que d’un simple désaccord. Et de toute façon aujourd’hui l’autre n’était plus là pour en parler. « Tu crains rien de ce côté. J’ai rien contre les reikois, enfin plus précisément j’ai rien de plus contre eux que contre le reste du monde. Puis je suis obligé de faire avec, si je m’amuse à ranger les gens par leur pays, j’ai pas fini. Si je m’écoutais, tout le monde serait à jeter. ». Il reprit une gorgée, laissant le liquide couler dans sa gorge rougie par une récente angine avant de poursuivre. « Eclaireuse dans l’armée hein ? Je comprends mieux pourquoi tu me l’as ramenée, Wimzit. Ils sont pas tendres avec les déserteurs là-bas de souvenir. Tu dois avoir tes anciens collègues au cul. ». Un mauvais point sur le papier, dans les faits aucun reikois ne foutait les pieds à Liberty en toute confiance. Les deux nations se faisaient la tronche depuis plusieurs années maintenant, et si on ne contrôlait pas la peau de tous ceux qui s’aventuraient dans la capitale, Crocus doutait franchement de voir des gens se pavaner avec leurs tatouages en pleine vue.


    « Satisfait c’est un bien grand mot. Si t’as envie, j’ai un contrat que j’ai pas envie de faire. Tu pourrais m’accompagner, on pourrait laisser le vieux barde dans un coin. ». Adressant un clin d’oeil espiègle à Wimzit qui roulait des yeux, il se mit à rire grassement. « Oh ta tronche. Tu vas pas m’faire croire que je t’ai manqué après tout ce temps ? Tu vas pleurer ? ». Il secoua la tête avant de reprendre, passant une patte entre ses oreilles à l’endroit où ça le grattait férocement. « Pour te donner une idée, la majeure partie des contrats que je reçois, c’est du vieux bourgeois qui sait plus où donner de la tête pour résoudre ses problèmes. Dans les faits j’ai pas envie de devenir la bonne à tout faire des connards de riches, mais s’ils sont riches, ils paient bien. ». Il reposa sa choppe vide sur la table. « S’ils se font chopper après, c’est pas ton problème. Y’a pas de service après-vente, ni avec toi, ni avec moi. ». Puis il haussa les épaules. « Enfin si t’as envie d’écouter leurs peines de coeur encore une fois c’est ton problème, moi c’est pas mon truc. ».


    Une fois de nouveau avachi sur sa chaise, il plongea sa patte dans sa sacoche pour en sortir une missive tachetée. « Ce gars là voudrait des informations concernant l’infidélité de sa femme. C’est toute une histoire dont je t’épargnerais les détails chiants et barbants, mais en gros il faudrait suivre la donzelle de son départ de la maison familiale jusqu’à ce qu’elle croise son amant. Les preuves on s’en branle, il a été assez con pour pas m’en demander. Dans les faits je pourrais lui mentir et rafler la mise, mais la réputation dans ce genre de milieu c’est important. Comme tu peux l’constater, c’est une mission chiante donc si tu veux t’en occuper, ça m’arrangerait bien. Je te laisserais la prime entière, j’en ai pas besoin. Par contre je te suivrais. Faut bien évaluer d’une manière où d’une autre. ». Pour une fois qu’il serait le professeur, ça l’amusait plus qu’il ne voulait le reconnaître.


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