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  • Lun 24 Juil - 23:02

    Un sourire béat aux lèvres, une jeune mère profitait du crépuscule pour s'adonner aux nettoyages des fripes usées des galopins qui, toute la journée durant, avaient profité d'un soleil éclatant pour jouer dans les champs qui cernaient le village.

    L'heure ne se prêtait pas tout à fait à ce genre d'exercice, mais mieux valait se débarrasser des tâches les plus coriaces avant qu'elles ne s'imprègnent, se disait-elle. En chantonnant une berceuse dans une langue qui s'était égarée dans le temps, elle essorait à pleines mains un pantalon de tissu autrefois brun que les galipettes incessantes avaient parsemé de tâches verdâtres. La demoiselle ressentait les effets d'une fatigue naissante mais, malgré la lourdeur que subissait son corps éprouvé par les corvées, son cœur quant à lui était aussi léger qu'une plume. Après avoir rassemblé sans se presser le linge trempé dans un panier d'osier, elle se redressa en faisant fi d'une douleur qui la prenait au bas du dos depuis plusieurs jours. Lorsqu'elle releva la tête et aperçut l'état du village qui l'avait vue naître, la souffrance s'estompa aussitôt.

    Les maisonnettes autrefois délabrées qu'elle avait si longtemps connues avaient toutes été réparées, des portes aux fenêtres en passant par les toitures de paille garnie. Toutes les constructions, de la moindre bâtisse jusqu'aux grandes tables communes autour desquels se déroulaient les festins, étaient fleuries chaque jour grâce à l'effort combiné des cueilleurs et des anciens volontaires qui s'y adonnaient avec amour et sens du détail. Même l'air chantait leurs louanges, car lorsque le vent sifflait en chatouillant doucement les carillons pendus ci et là, le village tout entier était baigné dans une mélodie tranquille qui apaisait les âmes. Certains avaient été accrochés aux arbres par les oiseaux eux-mêmes.

    La femme guillerette s'éloigna du point d'eau et salua d'une risette l'un des jeunes artistes qui s'était découvert une passion pour la sculpture. L'espace d'un instant, elle accorda en biais un regard fasciné à l'imposante œuvre de bois que réalisait le garçon. Complexe et particulièrement raffinée, la statue déposée sur un autel de pierre représentait une curieuse chimère. Le corps de la bête ailée était celui d'une femme, sa tête celle d'une chouette et elle portait entre ses mains une épée immense. Il était inutile de demander à l'auteur d'expliquer ce qu'il tentait de représenter puisque tous ici savaient reconnaître, lorsqu'ils le voyaient, le prophète et sa fratrie.

    Après l'avoir dépassé, la demoiselle enjamba un râteau qu'un fermier avait égaré en partant jouer avec ses fils puis passa la tête sous une foule de cordages décorés de perles, de plumes, ainsi que de diverses pierres précieuses. Elle offrit un signe de main à une vielle amie qui faisaient à ses petits les louanges de Sœur Violence, expliquant à ces derniers avec ferveur et passion que toute destruction donnait à terme naissance à d'autres créations plus belles encore que celles qu'elles avaient éclipsées.

    Dans ce petit village isolé que le Monde semblait avoir abandonné, il faisant enfin bon vivre à nouveau.

    Se présenta alors une ombre à ce tableau utopique. Au loin, par delà les collines, le tintamarre régulier de plaques d'acier entrechoquées les unes contre les autres se fit entendre. La jeune mère intriguée tourna la tête et fut imitée par d'autres curieux qui s'approchèrent les uns après les autres de la masse d'Hommes en armure qui s'approchait inexorablement de leur petit paradis. Les enfants ne furent pas invités à rentrer dans leurs chambrées, pas plus que les femmes ou les vieillards. On ne craignait pas l'armée ici, car malgré la rareté de leurs visites, ces dernières n'étaient jamais menées avec bellicisme ou irrespect. Pourtant, il y avait aujourd'hui une tension nouvelle qui trouvait ses racines dans un changement majeur.

    Un puissant courant d'air manqua de faire choir une poignée de chapeaux de paille et vint contraindre certains à retenir les tissus alignés sur les fils. La mère pivota pour suivre des yeux l'étrangeté qui avait provoqué tel souffle mais elle ne vit rien. Elle reconnut cependant au parfum fruité ainsi qu'au son les battements d'ailes de l'entité qui venait tout juste de survoler les siens. Dans un crépitement électrique, la silhouette d'une bête immense aux faux airs de mythique dragon quitta alors son voile d'invisibilité pour faire son apparition sous les yeux ébahis des villageois. La mère soupira et sourit de plus belle, heureuse d'apercevoir enfin celui qu'étaient venus rencontrer les soldats.

    Le Voyageur échangea avec les paysans un regard entendu et bondit de son perchoir pour atterrir tout en douceur quelques mètres plus bas. A quatre pattes, la créature énorme replia ses ailes étincelantes puis s'éloigna paisiblement des demeures qu'elle protégeait avec ardeur. Rêve avait toujours su que ce jour finirait par arriver et malgré sa sagesse millénaire, il l'avait d'une certaine manière toujours redouté.
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    Deydreus Fictilem
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  • Mar 25 Juil - 3:11


    - Si vous voulez mon avis patron, c'est une sacrée idée de merde.

    Haussant un sourcil, Deydreus détourna son attention de la lettre qu'il était en train d'écrire. Esyleij, debout à l'entrée de la tente, fixait son général tout en se grattant frénétiquement le bout de ses oreilles pointues.

    - Et en quoi cela?
    - On déplace nos ressources importantes. Vous. Pour une rumeur concernant un bourg paumé.
    - Tu doutes des informations que l'espion aurait transmis à l'Oreille?
    - Bha... un peu ouais. Pourquoi des archontes seraient venus foutre le bordel aussi loin au Nord? Pourquoi est-ce qu'il frapperait ce village là, Nidsanaar.
    - Mid'Sommar. Et admettons que tu as raison. Nos lignes d'approvisionnement aussi loin sont à chier. La plupart de l'or qu'on envoie est la plupart du temps récupéré par des bandits ou bien par des régents peu scrupuleux qui se moquent de leur peuple. Comme à Bourg-Argent. Et cette putain de guerre nous empêche de mobiliser toutes nos forces pour sécuriser les voies commerciales. Même si on y travaille. Alors. Esyleij. Même si on y va "pour rien", on rencontrera au moins la population. On lui serrera la main et on fera aux paysans une petite tape sur l'épaule. Puis on rentrera, et on butera la première créature qui nous emmerde pour que les gars se fassent la main.
    - Je...
    - Mais admettons que tu te trompes. Imaginons que l'espion a fait son travail et que, du coup, un ennemi est en train de se nourrir de la chair de notre peuple. Tu veux vraiment qu'on les laisse faire?
    - Nan. C'que je dis c'que vous méritez mieux que vous déplacer pour cela.
    - Je m'emmerde à la capitale. Il se leva, soupirant tandis qu'il repliait la lettre après y avoir apposer son sceau. Et j'ai diablement besoin de redécouvrir mes terres natales. Même si c'est juste pour marcher dans de la boue gelée. Maintenant, va donner ça à Erik, il est sensé partir demain pour livrer les lettres à Melorn.

    Un soupir de dépit face à la terrible vérité. Puis un acquiescement avant d'enfin laisser le reikois seul. Pendant que le Reike se réorganisait, Deydreus avait commencé à agir sans attendre véritablement que ses différents projets se concrétisent. D'abord pour ne pas avoir l'impression d'attendre sagement l'arrivée d'un nouveau mal, mais aussi pour véritablement agir dans le bien du Reike. En cas d'urgence, il serait de toutes façons contacté par Zéphyr d'une manière ou d'une autre. Craquant sa nuque, le vampire inspecta quelques instants ses armes et son casque qui trônait sur l'un des pommeaux. Le maître espion l'avait informé d'une situation inquiétante, loin au Nord. Un rapport étrange d'un espion qui semblait aussi paniqué que confus. Des mots suffisamment déraisonnables pour inquiéter les deux membres de la Main. S'il ne pensait pas qu'il s'agisse véritablement d'un archonte, la Griffe connaissait les potentiels destructeurs des cultistes et autres rebelles. Alors. Il avait décidé d'agir. De mandaté quarante de ses hommes. Trente fantassins. Dix arbalétriers chargés de le protéger et de répondre à toute menace à l'autorité impériale. L'Empire n'était plus en paix. La trêve tacite n'existait plus et il était temps que les personnes opposés au Reike en subisse les conséquences avec toute la fureur de ses habitants.

    Sept jours plus tard, les troupes reikoises traversaient enfin les terres neigeuses du grand nord et approchaient enfin de la fameuse Mid'Sommar. La nuit tombant bien plus vite que dans le reste de l'Empire, Deydreus avait ordonné l'arrêt dans un bourg voisin, où les Serres avaient pu récupérer ressource et vigueur. Dans chacun des esprits, l'arrivée prochaine à leur destination cible. Et un potentiel affrontement. Les Serres étaient rompus au combat. Chacun d'entre eux était le vétéran d'au moins une guerre. Tous avaient déjà versé leur sang et leur sueur pour le Reike et beaucoup d'entre eux avaient connus l'horreur de Sable-d'Or. Alors la peur n'était pas présente. Seulement de l'anticipation. Deydreus, soucieux de préparer les corps à une dure bataille, laissa ses hommes dormir dans la taverne du bourg tandis qu'il vaquait à ses occupations dans une simple tente. Après tout, il n'avait pas besoin de repos. Alors autant se préoccuper des tâches administratives et la préparations du paiement pour l'aubergiste. D'ailleurs, la lettre envoyée plus tôt et remise au demi-elfe avait pour but d'informer le couple impérial des mouvements de la Griffe et ses hommes.

    Quittant finalement sa tente, le vampire déploya ses grandes ailes membranées et s'envola dans la nuit tel un prédateur s'en allant chasser. Et... Ce n'était pas très loin de la vérité. Utilisant sa nyctalopie, la Griffe chercha du regard la moindre proie. Le moindre animal qu'il pourrait vider de son sang pour se rassasier et ainsi pouvoir lui aussi affronter un mal potentiel sans en être affaibli. Repérant alors une forme plumeuse nichée dans un des reliefs montagneux, le bretteur aux yeux vairons actionna silencieusement sa magie sanguine tandis qu'il fondait sur le volatil. Un griffon, jeune. Trop jeune pour se rendre compte qu'il n'était pas niché suffisamment haut pour être tranquille vis à vis des prédateurs. Les lances sanguines se plantèrent violemment dans la tête de la créature qui ne put émettre qu'un piaillement de douleur ensanglanté. Puis, Deydreus plongea ses crocs dans le cou de la créature après en avoir brisé les os et arraché les plumes. Se délectant du raisiné, le vampire sentait de nouvelle force s'écouler dans ses veines. Une source d'énergie certes bien inférieure à celle d'un homme ou d'une autre race intelligente, mais un repas suffisamment gouteux pour lui éviter de devoir rincer sa gorge à l'hydromel par la suite. Quand il eut enfin rassasié sa soif, le vampire ne prit même pas la peine d'essuyer ses lèvres tandis qu'il décollait et repartait vers le bourg qui accueillait ses troupes.

    Le lendemain au crépuscule, les bannières sable et gueule flottaient aux vents nordiques. Claquant comme un tonnerre annonciateur d'un bain de sang. A l'avant, Deydreus se tenait sur Hellhestr alors qu'Esyleij marchait à ses côtés. Ils venaient de passer un dénivelé et, enfin, ils apercevaient Mid'Sommar et le ravin qui bordait ce petit village nordique. Utilisant sa vue améliorée, le vampire scruta l'horizon et les abords du hameau pour remarquer la moindre défense. La moindre activité suspecte. Et c'est là qu'il l'aperçut. Une créature aviaire et serpentine, aux plumes rappelant la plus obscure des nuits tandis qu'il s'approchait. Ce n'était pas une avancée néfaste. Ni agressive. La bête venait à sa rencontre, et l'aura que ressentait Deydreus dans son ombre ne pouvait le tromper. Tournant légèrement la tête vers Esyleij tandis que les troupes avançaient avec lui, le reikois donna ses ordres.

    - Restez ici. Je vais parler avec cette créature. Formez un périmètre de défense tout en encerclant doucement le village à bonne distance et si les choses tournent mal ou que je vous donne le signal... Chargez et tuez les tous. Qu'il ne reste que des cendres de cet endroit. Que les corbeaux se nourrissent de la chair brulée par notre juste colère.

    Il n'attendit aucune réponse, car il n'avait pas besoin d'en avoir. Son esprit était entièrement focalisé sur cette créature étrange qui avançait. Sa peau brillant d'éclats changeant, rappelant un kaléidoscope nauséeux alors que son plumage à l'éclat terne et peu fourni évoquait chez le vampire les vautours mal nourris du désert. Ses yeux bicolores glissèrent doucement vers le village, tandis qu'il se rapprochait, toujours sur son destrier. L'espion avait visiblement eu raison. Tout du moins partiellement. Car cette créature n'était pas liée aux titans. Deydreus le savait. Il le sentait dans ses tripes de la même façon qu'il avait ressenti cette étrange aura lors de sa Rencontre avec l'Ombre. Dans le ciel, le soleil timide du nord se retrouvait presque couché. Une situation, étrangement, idéal pour le vampire qui sentait son malaise diurne disparaître peu à peu. Puis, enfin, il se retrouva à quelques dizaines de mètres de l'étrange bête. Une bête? Non, il s'agissait plutôt de l'envoyé d'une réalité distordue. Un fantasme halluciné qui glissait sur la boue glacée de ses pattes griffues. Le destrier de Deydreus laissa un hennissement résonner dans l'air, forçant le cavalier à mettre pied à terre pour ensuite taper sur sa croupe pour le faire repartir vers les lignes arrières des arbalétriers qui, déjà, mettaient la créature en joue. La Griffe, lui, déploya ses ailes membranées pour s'élever et se mettre à la hauteur exagérée de celui qu'on nommait Rêve. Puis, posant ses yeux bicolores sur ce dernier, le bretteur prit un dernier instant pour observer le corps décharné et changeant de l'objet de son trajet.

    - Je suis Deydreus Fictilem, Griffe impériale. Chef des armées du Reike. Je viens remettre un peu d'ordre sur ces terres désolées. Et savoir ce que tu es et si je dois te tuer tout de suite, ou si nous pouvons parler un peu avant.  


    D'un coup de Serre, il déchira le voile du Songe [Deydreus-Rêve] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

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  • Mar 25 Juil - 4:04

    Le sourire de la jeune femme s'effaça intégralement lorsqu'elle vit la foule de militaires se scinder en une immense mâchoire d'acier qui semblait s'apprêter à engloutir leur village tout entier. Il n'y eut ni cri ni larmes mais des murmures s'élevèrent dans cette assistance hébétée par la tournure des évènements. Les enfants, finalement, furent amenés un par un jusqu'à la sécurité de leurs chaumières. Ils savaient tous néanmoins que ni la paille ni le bois ne freinerait l'avancée des Serres et de leur sombre dirigeant, mais que pouvaient-ils faire d'autre ? L'espoir d'un salut pour leur peuple ne résidait désormais qu'en cet être si curieux auquel ils s'étaient voués corps et âme. Avaient-ils eu tort de s'offrir à lui en quête de leur espoir perdu ? N'était-il pas ce berger dont leur troupeau avait besoin ? La mère vint joindre ses mains et ferma ses yeux humides, priant tant pour les siens que pour le Voyageur lui-même.

    La bête vit son opposant s'élever dans les airs tout en déployant ses ailes en signe de toute-puissance. Comme les lames qu'il arborait avec cruauté, ses mots étaient aussi glacés que tranchants. L'énorme volatile ne répondit pas immédiatement et jaugea pensivement les forces qu'avaient déployé les Hommes pour lui faire obstacle dans sa quête. Par son amour si sincère, comment avait-il pu susciter tant d'angoisse ?

    Rêve fit un premier pas, et devint un lièvre. Minuscule et fragile, ridicule en comparaison de ce guerrier sanguinaire et des chiens de garde qui l'accompagnaient. D'un simple tir à la gorge, un chasseur aurait pu l'abattre. Il respectait la puissance de cet Empire qu'il connaissait si bien pour l'avoir exploré de fond et comble.

    Rêve fit un second pas, et se mua en renard. Un opportuniste, habile et rusé, sachant user des maigres opportunités que lui offraient le monde pour survivre. Ayant déjà envisagé maintes et maintes fois la venue de ces hommes que seul l'appel du sang réunissait sous une même bannière, il s'était préparé. Outre sa force, la créature était dotée d'un savoir-faire et d'une sagesse qu'il était bon d'écouter.

    Rêve fit un troisième pas, pour devenir un tigre. Fier et imposant, un prédateur conçu pour dominer les autres, celui que la nature elle-même avait érigé en figure royale. Il connaissait cet homme que l'on surnommait Griffe pour l'avoir vu de ses yeux et voyait en lui un rival que la simple honnêteté ne saurait convaincre. Face à la force écrasante qui s'opposait à lui, il ne plierait pas.

    Puis vint l'ultime pas. Lorsque la patte du félin foula herbe et boue, Rêve se dressa et fut un homme. Jeune, brun, élégant et pale comme la lune elle-même, il portait une armure d'ébène aux finitions si riches et détaillées qu'on les aurait dites sculptées par les forges d'un autre Monde. L'un de ses bras se leva légèrement et sous ce dernier se manifesta alors un casque illusoire et tout aussi fantaisiste que la tenue qu'il complétait. Le Voyageur métamorphosé leva la tête pour plonger son regard dans celui de son adversaire et ses yeux entièrement nappés d'encre se plissèrent tandis que ses lèvres de craie se mouvaient en un sourire tranquille. Les dents de son enveloppe, néanmoins, étaient toutes aussi affutées que les épées que portaient les guerriers encerclant son domaine. La langue du Démon claqua une fois et lorsqu'il prit la parole, une voix d'homme et une voix de femme se firent entendre ensemble :

    "Je ne suis quant à moi que votre humble serviteur, Deydreus Fictilem. Est-ce pour trouver en ces lieux reculés un peu de bonheur et de calme que vous avez fait route jusqu'à notre modeste bourgade ?"

    Il quitta un instant des yeux le conquérant volant qui le dominait de toute sa hauteur pour s'attarder sur les imperturbables arbalétriers qui le ciblaient sans sourciller. Il offrit à cette assemblée un léger hochement de tête en guise de salutations, puis reporta son attention sur celui qui avait parlé le premier :

    "Vous ne trouverez ici ni arme ni volonté de révolte, pas plus d'ailleurs qu'un roi auquel trancher la tête. Ces hommes et ces femmes ne sont que des rêveurs désireux d'agrémenter leur vie d'un soupçon d'espoir, et c'est bien la seule chose que je leur apporte. M'accorderez-vous audience ?"

    La bête obscure, enfin, vint se fendre d'une révérence.
    Serait-ce suffisant pour décourager le loup de refermer ses crocs sur le cou du lapin ?
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  • Mar 25 Juil - 11:34


    Fixant la bête, Deydreus laissa un long filet de sang se matérialiser à mesure qu'elle avançait. Quand elle se mua en un lapin, le vampire hésita à fondre sur la proie pour l'écraser de sa botte, et ainsi mettre fin à sa mission sans se poser plus de question. Quand il se changea en un renard, le filet sanguin glissa doucement vers les poignets du reikois comme un serpent s'apprêtant à mordre. Puis vint l'ultime transformation, qui étira étrangement un sourire carnassier sur les traits pales du chevalier à l'armure sombre. Faisant disparaître sa magie, le reikois écouta la voix étrange de la créature tandis que ses mains se resserraient sur les manches de Silence et Hurlement. Un fantasme halluciné. Vraiment. Voila ce que cette bête était. Observant sa révérence, la Griffe se demanda réellement s'il ne devait pas simplement se jeter en avant. Si la voie des armes serait immédiatement la solution. Seulement, la créature l'intriguait. Non pas par son discours ou sa voix étrange et bi genrée, mais plutôt par sa présence. Il resta donc ainsi, droit dans les airs à dominer celui qui était encore quelques instants plutôt une créature aviaire.

    - Connais-tu l'histoire de l'agneau Gabriel?

    Ses mots résonnèrent dans l'air, comme un poison s'insinuant dans les veines d'un aventurier inattentif. Un conte pour enfant. Une histoire relativement banale parlant d'un troupeau perdu, harcelé par les loups. Parmi eux, un mouton, Gabriel, se trouvait plus malin que les autres et ne faisant plus confiance au berger à cause des assauts subis décida de diriger son petit groupe. D'abord deux moutons, puis trois. Enfin, ils furent une dizaine de bovidés à s'écarter du chemin initialement prévu par le berger. Ils se pensaient plus en sécurité. A l'abri des attaques. Au final, le berger se détourna de sa route pour les retrouver, inquiets pour ses bêtes. Il fut abattu par bandits et pillards, ses bêtes dévorées. Pour Gabriel et ses amis, le sort fut tout aussi funeste, des loups les pistant et profitant de leur petit nombre pour en faire leur repas. La morale était assez simple. Ne pas se détourner du corps commun et, surtout, ne pas se penser plus intelligent que les autres. Plus digne de diriger que ceux qui le faisaient déjà. Une petite continue impériale servant à cimenter la servitude impériale, mais aussi une morale concernant l'importance de l'union.

    - Es-tu le petit Gabriel, créature?  

    Fixant toujours Rêve, le vampire aux yeux bicolores refusait de bouger. Pour l'heure, il observait. Analysait. Et cherchait encore à se décider quant au sort qu'il réserverait à cette apparition défiant toute logique visuelle, ou encore au petit hameau qui était très probablement perdu. D'ailleurs, les Serres avaient continué leur progression. En armes et prêts à intervenir, les guerriers noir et sang ne feraient aucun quartier. Ils n'en étaient pas à leur première purge. Et même s'ils ne prenaient pas autant de plaisir que les Dévoreurs, les fantassins restaient des loups que la Griffe avait sut dresser. Et en cette heure, le village représentait pour eux les amis de Gabriel.

    - Explique moi ce qu'est cet espoir que tu prétends apporter et encore une fois, dis moi qui tu es. Il marqua une pause, le bruit de ses ailes membranées flottant dans l'air. Parle.

    Les mots étaient secs. Froids. Il n'y avait aucune compassion, aucune réelle curiosité dans les paroles du bretteur vampirique. Il ne faisait que peser les mots de Rêve, afin de prendre sa décision finale. S'il doutait fortement que le démon soit de bon cœur, ou que cela serve l'intérêt de l'Empire, il fallait que Deydreus en apprenne plus sur celui qui lui faisait face. Sable-d'Or, et l'épée corruptrice, avaient démontré que la méconnaissance de certaines créatures pouvait entraîner des situations fâcheuses. Même si, dans l'instant, l'équilibre des forces ne semblaient pas arrangé de la même façon. Après tout, le vampire ignorait tout de la créature, ou de ses capacités.  

    Parmi les Serres, Esyleij observait. Il fixait le village tandis qu'il brandissait ses armes avec ses compagnons. Quelle foutue histoire. Quel étrange endroit. Des fleurs. De la joie? Cette étrange atmosphère à leur arrivée et cette créature aux plumes incandescentes et aux milles couleurs. S'il avait douté plus tôt de l'intérêt de leur mission, le demi-elfe comprenait à présent qu'ils n'étaient pas simplement là pour faire du maintien de l'ordre ou hausser le ton sur un régent un peu trop vaniteux. Non. Ils se retrouvaient face à une force défiant toute réalité et dont l'assurance laissait présager une force potentiellement colossale. C'était peut être aussi pour cela, que Deydreus leur avait demandé de s'écarter et de ne se préoccuper que du village. Si l'ordre était donné, alors ils se déchaineraient. Alors, Esyleij laisserait toute cette tension s'en aller tandis qu'il referait comme ce qu'ils avaient déjà faits maintes fois sans leur bannière pour l'Empire. Car au sein des Serres, ils étaient des loups.

    Et le village n'était qu'un troupeau aveugle.


    D'un coup de Serre, il déchira le voile du Songe [Deydreus-Rêve] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

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  • Mar 25 Juil - 12:51
    D'un coup de Serre, il déchira le voile du Songe [Deydreus-Rêve] Dc25446bc70ed48f3fae0afbd8465e74

    "Gabriel sera donc l'un de ces innombrables noms que l'Homme me fait porter."

    ___

    Rêve, depuis la nuit des temps, réagissait à ce que les êtres pensants concevaient. Il n'était ni annihilateur ni créateur de matière. Rêve sculptait, modelait et affinait ce que l'Humanité mettait entre ses griffes. En un sens, il subissait et portait également des fardeaux qui n'étaient pas les siens. Ces pauvres gens qu'il défendait corps et âme en constituaient d'ailleurs un exemple idéal. Pourquoi s'évertuer à offrir à ces humbles fidèles son savoir et sa vision, au risque d'ailleurs qu'ils ne s'attirent les foudres de leurs régents ? N'aurait-il pas mieux fait de continuer son œuvre depuis la sécurité des ombres plutôt que de s'exposer ainsi à ceux qui le voyaient comme un fléau plutôt qu'un ami ? Ces doutes et considérations ne trouvèrent pas de réponse immédiate, et un autre souvenir dans l'esprit du prince : les conseils de Tagar Reys, qu'il avait rencontré en jeune explorateur de ce monde inconnu. Avait-il fauté en prenant ses initiatives sans consulter les puissants de ces Terres ? Le pouvait-il seulement, lui que le cosmos lui-même avait pourtant perfectionné avec tant de soin ?

    "On m'a nommé Rêve, Voyageur, Gardien ou même Prophète. Je ne vous dissimulerai ni ce que je suis, ni ce que j'entreprends. Je suis un Démon, un être intemporel sculpté d'une main de maître par un monde en mal d'amour. J'incarne les songes, les aspirations ainsi que les espoirs qui animent vos cœurs. Autrefois, votre imaginaire était mon domaine. Aujourd'hui, c'est en foulant votre sol que j'accomplis ma tâche."

    Car c'était bien cela qu'illustrait cette fantasmagorique armure aux contours si singuliers et formidables. Tout comme le guerrier qui lui faisait face, Rêve était investi d'une mission qui le dépassait lui-même. Il n'était que la main d'une force supérieure et inconnue, exerçant son pouvoir au delà des frontières du réel. Des songes, il était le prince, mais il s'en faisait également le protecteur. Un soldat, chevauchant entre les univers et les plans cosmiques afin d'accomplir ce pourquoi il avait été enfanté. Sa quête était d'autant plus noble qu'aucun Empereur ne lui en avait indiqué la route ni même les récompenses. La main libre du Voyageur pointa lentement le village situé dans son dos et lorsqu'il effectua ce mouvement avec douceur, il aperçut les tireurs se préparant à faire feu. Le sourire de la bête s'effaça doucement tandis qu'il reprenait avec une gravité nouvelle :

    "Je vous invite à découvrir par vous-même ce pour quoi j'ai œuvré. Vous avez entrepris un long voyage et vos compagnons doivent être épuisés. Pourquoi ne pas profiter de cette occasion afin de vous restaurer ? Vous trouverez ici de quoi boire et manger, un repos salvateur que vous méritez bien."

    Sa tête pivota légèrement sur le côté et les traits de son visage semblèrent confus, l'espace d'un instant. Le jeune homme fantasmé dont il avait emprunté l'enveloppe devint une femme en un battements de cils et sa longue chevelure noire se mit à voleter contre le sens du vent, traduisant encore une fois à quel point la réalité avait peu d'emprise sur lui. Rêve toutefois se gardait bien de distordre à l'excès la perception de son vis-à-vis, sachant pertinemment à quel point ses atouts pouvaient être considérés comme des menaces. Il y avait pourtant, par delà l'horizon et les illusions de la créature, des arguments bien réels que l'on distinguait sans mal.

    Le village autrefois plus triste encore que la pluie, rayonnait et semblait se porter à merveille. Les hommes et les femmes inquiets qu'apercevaient la Griffe étaient tous convenablement vêtus, leurs joues étaient roses et leurs yeux étaient vifs. Bien loin de l'image des cultistes farouches et animés d'une folie meurtrière, les pauvres paysans semblaient toutefois dépeindre avec précision cette image d'agneaux isolés de leur troupeau d'origine. On ne pouvait décemment ignorer qu'à leur tête se trouvait une abomination déguisée dont les crocs aiguisés laissaient présager un appétit vorace. Malgré l'angoisse que suscitait sa forme auprès des spectateurs, Rêve conclut :

    "Pourquoi ne pas réinventer le conte ? Plutôt qu'un Gabriel jetant ses frères à la mort par bêtise et par arrogance, pouvez-vous l'imaginer aux côtés du Berger ? Ne pourrais-je pas être un agneau qui vante à ses amis la beauté et les délices du pâturage lointain, poussant donc à le troupeau à s'y diriger prestement et empêchant ainsi les pillards et les loups de les prendre au piège ?"

    La métaphore complétée, Rêve tendit une main aux griffes gantées d'acier en direction de l'impérieux personnage qui le toisait encore, puis conclut :

    "Je suis un allié, Deydreus Fictilem. Je l'ai toujours été."
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  • Mer 26 Juil - 12:40
    Ecoutant Rêve, Deydreus se demandait intérieurement sil devait lancer l'assaut de suite ou non. Malgré toute la beauté de son discours, la créature n'éveillait chez le reikois que de la méfiance. Toujours dans les cieux, le guerrier aux yeux vairons quitta quelques instants la créature métamorphosée pour observer le hameau et les quelques habitants qui fixaient ses hommes avec une légère inquiétude et beaucoup d'incompréhension. Comme l'avait promis le volatile halluciné, le vampire n'observait ni misère palpable ni cette étrange impression de fatalité qui frappait habituellement les villages les plus éloignés. Dans sa carrière, Deydreus avait eu l'occasion de constater par lui même les limites du fonctionnement centralisé de l'Empire, et la difficulté des approvisionnements dans les régions les plus reculées. Et chaque fois, il avait aperçu le même tableau. Mais pas cette fois. Et aussi paradoxale que cela pouvait être, ça ne le rassurait pas du tout.

    - Mes hommes n'entreront pas dans ce village. Pas pour le moment.

    Descendant légèrement de sa hauteur, la Griffe approcha du sol gelé des fjords nordiques. Ses ailes, battant doucement, soulevaient une poudreuse éternelle tandis que ses grèves approchaient de la terre. Dans un léger vrombissement, la poussière se souleva à son tour, accompagnée dans sa valse étrange par de petits cailloux et autres morceaux de terres congelés. Puis, quand enfin la botte de l'armure sombre toucha le sol, tout retomba. Derrière Deydreus, les arbalétriers se tenaient toujours prêts. Ils n'attendaient qu'un signal. Qu'un mouvement étrange de la part du démon pour décocher leurs carreaux et voir si le rêve était aussi mortel que le plus réel des griffons. Déposant ses yeux vairons sur le visage de son interlocuteur, le vampire restait aux aguets et ses grandes ailes membranées demeuraient dans son dos, repliées et prêtes à le faire s'envoler de nouveau si nécessaire. La scène était biblique, fantasmagorique. Pour un peintre talentueux, elle aurait même put ressembler à la rencontre d'un être divin et d'un être infernal. Pointant du menton le village qui se trouvait derrière Rêve, le reikois reprit finalement la parole.

    - Comment. il marqua une pause, laissant sa voix rauque glisser jusqu'à l'incarnation du songe. Comment as-tu fait? Je connais ces terres. Je connais ce peuple. Je suis au fait des soucis frappant cette région. Tu parles d'espoir, mais ce dernier n'est pas suffisant pour remplir les estomacs et réchauffer les chaumières. Il ne permet pas à des vilains de se protéger des maladies ou des créatures. Il y a forcément quelque chose. Est-ce de la magie? Est-ce un apprentissage spécifique? Ou bien altères-tu simplement leur perception de la réalité pour qu'ils se pensent vivre dans un univers parfait, quand leur monde réel n'est que cruauté et injustice? Je me pose la question, Rêve.

    Le vampire ne quittait plus le démon des yeux. Son regard bicolore, froid et venimeux, analysait toute la structure de celui qui lui faisait face tandis qu'il réprimait sa soif de sang. La nuit arrivait, et avec elle sa soif naturelle et la colère qui l'accompagnait. Deydreus voulait des réponses. Claires. Précises, pas des métaphores et des jeux de séductions.

    - Tu te prétends être l'un de mes alliés, mais qu'accomplis-tu réellement ici, à Mid'Sommar? En quoi es-tu différent de ceux qui instillent un sentiment de rébellion dans le cœur de mon peuple?

    Sa poigne sur ses lames se resserra de nouveau. Plus que tout autre chose, le reikois visualisait cette créature comme une menace. Non pas par une attitude belliqueuse, mais par sa volonté à chercher à lui prouver qu'elle ne l'était pas. Dévisageant Rêve, le bretteur aux épées vicieuses se posait une multitude de questions, passant dans son esprit différents scénarios. Trop souvent, le massacre du village refaisait surface. Il écouta donc la réponse du démon, cherchant à se faire une idée. A percer plus loin que ce voile qu'on lui déposait sur les yeux.

    - Je suis las de ces jeux d'esprit. Je vois comment ces hommes et ces femmes t'observent. Comment ce village empli de fleurs et de joie ne tient cette situation que d'une créature dont nous ignorions jusqu'à l'existence. Comment tu te présentes à moi en tant que protecteur et message d'un peuple qui est pourtant le mien. Je ne suis pas dupe, et ma confiance n'est pas donnée aussi aisément. Alors, dis moi de nouveau, Gabriel, ô grand rêveur...

    Il laissa flotter sa question, car de la réponse découlerait probablement le sort de ce village.

    - En quoi es-tu mon allié?


    D'un coup de Serre, il déchira le voile du Songe [Deydreus-Rêve] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

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  • Mer 26 Juil - 14:25
    Lorsque l'invitation fut refusée, la main tendue de la bête métamorphosée se replia doucement sur elle-même tandis que le sourire de la créature s'effaçait lentement. L'homme d'armes, loin d'être aussi aisément tenté que le paysan nordique, se montrait à très juste titre plus méfiant qu'un papillon de nuit frôlant une bougie. La tête inclinée de la créature ténébreuse se redressa fièrement et ses traits se muèrent à nouveau en ceux du jeune homme auquel il empruntait le visage. Malgré l'échec apparent de la première tentative d'apaisement des mœurs, Rêve releva toutefois que son vis-à-vis consentait enfin à se poser, abandonnant ainsi sa position de rapace s'apprêtant à fondre sur sa proie. La garde, toutefois, n'avait pas encore été baissée. Les théories du général vinrent surprendre le prince des songes, tant par leur précision que par leur nombre. Il avait raison sur toute la ligne. Avec un entrain qu'il ne dissimulait qu'à peine, Rêve répondit donc :

    "Tout cela à la fois, Deydreus. Lorsque j'ai découvert ce village lors de mes innombrables périples menés aux confins du monde, j'y ai trouvé des âmes transies tant par le froid que par la peine d'avoir été oubliées. Je leur ai offert mon aide, j'ai nourri leurs malades tout comme j'ai aidé leurs vaillants à bâtir. Par la magie des illusions dans lesquelles l'œil se complait, mais aussi par celle des mots qui réchauffent les cœurs, j'ai obtenu d'eux qu'ils acceptent de croire en l'espoir d'un lendemain meilleur."

    Rêve détourna son regard du soldat qui lui faisait face et pivota légèrement. D'un coup d'œil par dessus son épaule, il échangea un bref regard avec cette jeune femme si fervente qui priait toujours pour lui, les yeux bordés de larmes. En retour, le prince lui sourit. Comment avait-il décemment pu envisager des les abandonner à leur sort et de laisser la Griffe refermer ses mâchoires d'acier sur leurs nuques ? Par la guerre, il ne trouverait aucune issue. Par tous les moyens, il se devait de convaincre et de maintenir la paix. Les yeux d'encre changèrent de cible, passant en revue les forces impériales avant de se reporter sur le chef de la troupe menaçante. Avec une singulière neutralité, le Voyageur expliqua sans excès d'arrogance par quel moyen il était parvenu à faire du simple rêve une réalité concrète :

    "Ceux qui portaient jadis un poids trop lourd pour leurs épaules consentirent finalement à se dresser face à l'adversité. Vint alors le temps de l'apprentissage. J'ai eu tout le loisir lors de mes voyages solitaires de découvrir votre langue, d'en comprendre les rouages, la lecture ainsi que l'écriture. Dans vos temples dédiés au savoir, j'ai rassemblé les connaissances requises afin d'enseigner aux vôtres comment leurs voisins parvenaient à faire survivre leurs cultures dans ces terres désolées, comment isoler leurs chaumières ou se soigner des maux qu'abritent l'enfer gelé. Une fois lancés sur cette voie, leur créativité leur a permis de faire bien d'autres découvertes et d'interpréter librement ce que je leur portais."

    Si le discours de celui qu'on avait nommé prophète n'était finalement celui que d'un érudit faisant preuve de bonté, son visage enjôleur rappelait toutefois à quel point il n'était pas de ce monde. Lorsqu'il ouvrait sa gueule maquillée en lèvres pour prononcer sa vérité, on distinguait toujours sous la peau artificielle ses crocs si aiguisés et cette langue sèche et noircie. La chouette, malgré la douceur de son plumage et l'élégance de son envol; était et demeurait un prédateur mortel. N'y avait-il réellement que de la bienveillance dans le cœur de cet être défiant toute vraisemblance ? Rêve, pris d'un élan d'émotion, enchaîna enfin :

    "Ils caressèrent alors l'idée de survivre et lorsque ce simple rêve devint un acquis bien tangible, il fut temps désormais de vivre pour soi-même autant que pour ses proches. J'ai conté à leurs anciens mes histoires ainsi que celles de mes sœurs, je leur ai offert les nouvelles apprises en survolant le territoire impérial, je leur ai rappelé qu'ils faisaient eux aussi partie d'un monde en constante expansion. Ils ont réappris à s'aimer et à se protéger des maux qui les menaçaient quotidiennement pour former, à terme, ce havre de paix que vous apercevez."

    Son utopie était belle mais, comme toute fantaisie, elle trouvait ses racines dans un songe qui n'avait rien de réel. Pour obtenir son savoir, Rêve avait volé, parfois même menacé ceux qui s'opposaient à lui. Pour offrir cet espoir dont il s'attribuait les mérites, il avait pillé vin, or et victuaille afin de combler ceux qui en manquaient le plus. Ce n'était qu'une pincée, dans ce monde abondant et si pauvrement exploité, mais c'était assez peut être pour s'attirer les foudres de ceux qui gouvernaient ces terres. Le renard onirique, loin de cette naïveté qui lui avait tant joué de tours lorsqu'il avait pour la première fois foulé les terres du Reike, était rusé désormais et avait donc sans pour autant mentir choisi de garder à l'abri certaines vérités moins glorieuses que d'autres.

    "Je suis bel et bien ton allié, Deydreus Fictilem, mais mieux encore : je ne suis pas un étranger dans ces terres que tu fais tiennes. Je suis né des rêves de l'Homme, je suis votre création. Je t'appartiens, autant à toi qu'à eux. Je ne suis une part de toi, tout comme de tes ancêtres et de ceux qui les précédaient. Pour cette aide qu'aucun mot n'a sollicité, je ne te demande rien en retour si ce n'est le bonheur de vous voir, toi et les tiens, enfin heureux."
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  • Mer 26 Juil - 15:19
    Un léger sourire se dessina sur les lèvres du bretteur à l'armure noire. Un sourire franc, étiré, qui révélait des crocs anormalement longues. Fixant son interlocuteur, le vampire s'exprima simplement. Froidement, mais sans l'animosité véritable qui l'habitait auparavant.

    - Ainsi, tu me dis que tu n'as fait qu'enseigner à ces gens. Que seul l'érudition de tes paroles et ta bienveillance ont permis à celles et ceux qui se tortillaient dans le froid et le chagrin d'enfin s'élever contre leur propre fatalité. Que cela dégagea chez eux la force dont ils avaient besoin?

    Un soupir, long, lui aussi étiré.

    - Cinq mille ans.

    Les yeux se rouvrirent, fixant de leurs couleurs hétérochromes celui qui revêtait l'aspect de Gabriel.

    - Depuis cinq mille ans notre peuple a balayé les êtres divins s'étant opposés à nous. Nous avons refusé, par notre seule résilience, la domination du divin sur le mortel. Nous avons terrassé nos ennemis, et construit sur les ruines et leurs ossements. Nous avons appris que cette adversité, ce mal. Cette peine. Etaient des nécessités. Qu'au travers de cette difficulté, les forts s'élevaient pour protéger les faibles mais que, jamais, notre salut ne pouvait venir d'une source prétendument divine. Et c'est exactement ce que tu fais avec ce village. Tu incarnes un prophète qu'ils ne devraient avoir.

    Il marqua une pause, marchant doucement dans la terre neigeuse. Ses bottes frôlaient le sol avec force, témoignant de la lourdeur de ses gestes. Il décrivait une sorte de cercle, bougeant sans pour autant jamais tourner le dos à son interlocuteur. A l'instar d'un tigre bougeant devant sa proie. Ses ailes s'étendaient à rythme régulier, comme une bête s'apprêtant à prendre son envol. Il y avait du bon, dans ce qu'avait réalisé Rêve. Mais malgré tout, Deydreus ne pouvait lui faire pleinement confiance.

    - Ce faisant, tu usurpes la légitimité de nos souverains. En ne se réfugiant que dans ton songe éveillé, ces pauvrets ne voient plus le mal qui les entoure. De quoi tu les protèges. Mais tu ne seras pas là éternellement, n'est-ce pas? Tu dis que tu leur a appris à s'armer contre les maux extérieurs, mais regarde les. Regarde ton troupeau, Gabriel.

    Pour alimenter son propos, le reikois tendit Silence en direction du hameau, et plus spécifiquement la jeune fervente qui priait.

    - Ils ne font qu'attendre. Attendre que tu ne puisses décider de leur sort. Aucun d'eux n'a pris la peine de s'avancer à tes côtés. Aucun d'eux n'a souhaité montrer que les choses avaient réellement changé. Tout simplement car rien n'a réellement été altéré. Les faibles, restent faibles. Tu es l'unique raison de leur salut et si tu les laisses, ils retomberont dans leurs plus bas instincts. Ils croiront en toi, un temps. Puis, le doute s'insinuera dans les nouvelles générations. "Pourquoi la vie n'est plus aussi agréable?" "Pourquoi devons nous l'attendre?" Et enfin ils te renieront. Ils redeviendront la plèbe apeurée et isolée, cherchant une nouvelle force à laquelle s'accrocher. Mais ils ne trouveront rien, et n'auront pas acquis le fait qu'il fallait se battre pour obtenir ce qu'on voulait. Ces terres sont désolées. Gelées. Seuls quelques tubercules peuvent y pousser. La nourriture vient de la chasse, plus que de l'agriculture. Et pourtant, tu me dis qu'ils peuvent aujourd'hui cultiver sans mal. Se rendent-ils compte, au moins, qu'ils vivent un rêve éveillé? A quel point, savent-ils que la vie est cruelle?

    Marquant une nouvelle pause, le reikois revint se placer devant la créature aviaire, la fixant de nouveau de ses yeux bicolores. L'air glacé commençait à poindre et pourtant, aucun des deux protagonistes ne semblait s'en plaindre. Plus qu'autre chose, Deydreus essayait de comprendre. Comprendre pourquoi Rêve avait choisit ce lieu, et quel était son véritable but. Pour lui, il n'était pas question de simplement aider. Il y avait autre chose.

    - Tu as parlé des contes. Ces mêmes fables qui sont venues s'insinuer dans leur esprit et qui les ont changés en agneaux dociles. Ce troupeau te suit avec ferveur, Rêve. Ils sont prêts à mettre leur sort entre tes griffes quand bien même tu me dis que tu leurs a appris à agir par eux même. Mais ce troupeau, démon, restera un troupeau. Jamais une meute. Pas comme ça. Il soupira, encore. Tu as encore balayé ma question sans y répondre. Que cherches-tu réellement, Rêve? Est-ce un test? Souhaite tu voir jusqu'ou l'être que tu es peut influencer les mortels? Jusqu'à quel point tu peux influencer...
    - L'Ordre.

    La voix éthérée avait résonné dans l'air. Murmure lugubre et obscure. S'échappant de l'ombre étirée du vampire, une fumée noirâtre vint entourer les deux interlocuteurs tandis que Deydreus levait la main pour interdire à ses hommes d'agir. Cette fumée qui se mettait à danser devant Rêve et qui prenait grossièrement la même forme que lui sous une apparence ombreuse, il ne la connaissait que trop bien. Et c'était peut-être elle, qui l'avait empêché d'agir jusque là. Dans l'éther noir, deux incandescences firent leur apparition. Deux perles carmins qui s'ancraient en direction de l'incarnation du Songe.

    - Bien le bonsoir, ma Sœur.


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    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

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  • Mer 26 Juil - 16:53
    Si la chouette nocturne était si subtile et élégante, elle n'en demeurait pas moins une simple enfant des cieux, indifférente de bien des manières à ce qui se déroulait sur la terre ferme. Le loup quant à lui, plus brutal et sauvage, se devait de faire face à une adversité omniprésente ainsi qu'à des défis que les volants n'apercevaient que d'un oeil curieux. Plutôt que de fuir ce qu'il haïssait dans son monde, il le dominait. Il en était fini, des coquetteries charmeuses, des pompeuses courtoisies et des bons sentiments. Lorsque Deydreus fit son discours que la haine ainsi que l'appréhension nourrissaient, Rêve se sentit l'espace d'un instant démuni face à l'évidence. Le Reike, nation belliqueuse et bâtie sur les cendres de ceux qui la précédait, ne voyait dans l'amour qu'une faiblesse à éliminer. En tant que paladin de cette sombre philosophie, la Griffe opérait avec une froideur si totale qu'elle en devenait cruelle.

    L'innocence du lièvre, la ruse du renard et la fierté du tigre furent balayées par la dureté des mots. Rêve aperçut les crocs de son vis-à-vis, tout aussi allongés que les siens, puis comprit à quel point il s'était fourvoyé. L'Empire s'établissait seul et revendiquait avec arrogance le droit de vie et de mort sur ceux qui le défiaient d'une façon ou d'une autre. Il n'y avait ici que des fauves à la bride bien serrée qui n'attendaient qu'un signal pour se repaître de la chair de ceux qu'ils feignaient d'engraisser. Le Reike prenait, détruisait puis enfin reconstruisait tout à son image et selon ses propres termes. En ce sens, Deydreus rappela à Rêve cette fameuse Soeur Violence dont il vantait tant les mérites.

    Rêve ne ressentit pas réellement de tristesse, pas même de déception. Il constatait simplement, depuis son perchoir spirituel, que les Hommes rêvaient souvent de s'entredévorer plutôt que de festoyer ensemble. Le prédateur nommé Griffe était de ceux là. Un carnassier, plus immense et terrible que ceux qui l'accompagnaient, juste assez fou pour inspirer la crainte autant que le respect sans toutefois sombrer vulgairement dans l'incessant massacre. Un monstre mesuré qui savait s'affamer sciemment pour mieux savourer le repas suivant, mais un monstre tout de même. Combattre pour eux par pure colère ? Peut-être, mais la Griffe était un formidable adversaire et quand bien même serait-elle défaite, ses alliés reviendraient à la charge le lendemain. Rêve, lassé de vouloir tenter d'offrir des baies à un crocodile, envisagea alors d'abandonner les villageois à leur sort. S'ils mouraient tous par sa faute, il n'aurait malheureusement pas le moindre remord.

    Et lorsque tout espoir sembla perdu et que le Démon vaniteux sentit la fin venir, une toute nouvelle ombre vint noircir le tableau. Rêve reconnut cette voix issue des entrailles du soldat, sans pourtant se souvenir de l'avoir entendue. Son corps tout entier pulsa et une veine obscure apparut brièvement sur son faciès si doux, le traversant tel un éclair pour ensuite disparaître. Le duel se changeait donc en conseil ? L'informe créature prit forme en un rideau de ténèbres bientôt métamorphosée en silhouette et lorsque les deux yeux rougeoyants se manifestèrent enfin, une unique larme faite d'encre s'écoula sur la joue du prince abandonné.

    "Qu'il est bon de faire ici ta découverte, ma Sœur."

    Violence avait perdu pied et s'était éteinte, retournant sommeiller dans les limbes pour nourrir la Guerre sous toutes ses formes. Rêve l'aurait pleurée, s'il ne l'avait pas su toute aussi éternelle que lui. Il était plaisant toutefois de se savoir entouré sur le plan matériel et d'y rencontrer par chance une âme si semblable à la sienne. Qu'était cette Ombre, pour la Griffe ? Conseillère, prisonnière ou encore maîtresse ? Il tardait au Voyageur de le découvrir. Sans savoir s'il pouvait la toucher ou si elle n'était manifestée que par une vue de l'esprit de son porteur, Rêve tendit les mains pour l'accueillir :

    "Pourquoi t'es-tu ainsi liée à un Homme ? Lui apportes-tu quelque chose que son Empire ne peut lui offrir ?"

    Bien évidemment, il espérait obtenir son soutien.
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  • Jeu 27 Juil - 1:31
    Fixant les deux démons, Deydreus soupira longuement. S'il avait pris sa décision, et allait attendre simplement la réponse de Rêve pour voir s'il avait eu raison, l'arrivée et surtout l'intervention de l'Ombre changeait la donne. Cela ne faisait pas que compliquer l'affaire. Cela la rendait aussi bien plus intéressante. La forme ombreuse, quant à elle, fixait le démon du songe avec un air illisible. Comme à son habitude, elle ne semblait pas posséder d'émotions propres, mis à part cette étrange aura fumeuse et changeante, qui s'accentuait aux grés de son excitation. Et face à sa Soeur, elle semblait danser à l'instar d'une myriade de fumerolles alertes.

    - Tu n'as pas compris ma situation, je le crains.

    Glissant sur le sol gelé, l'aura ombreuse tourna quelques instants autour de la chouette comme un chat découvrant l'un des siens. Puis, elle reprit finalement sa place aux côtés du vampire. Elle le recouvrit partiellement faisant flotter autour de ses ailes une sorte de voile obscure renforçant l'aura démoniaque du reikois tandis qu'elle l'habillait d'une cape ténébreuse. Dans cette dernière, les deux perles incandescentes brulaient du plus pur des éclats.

    - Je ne suis ni la servante, ni l'esclave, ni la maîtresse de Deydreus. Je ne me suis pas liée à cette personne pour lui offrir quelque chose. Ce n'est pas elle qui a besoin de moi. C'est l'inverse. Elle flotta de nouveau dans l'air, revenant se placer un peu plus contre la fange cristallisée. Au cours des millénaires, j'ai arpenté les terres mortelles. J'ai vu et appris de ce que sont capables les hommes. Leurs ambitions, leurs craintes. Leur facilité à sombrer dans le chaos et la violence. Deydreus... Est ce que je recherchais. Un être à la capacité de générer une violence terrifiante. De se montrer sans pitié. D'influer sur ce monde, tout en restant maître de ce qu'il fait. Il n'est pas un barbare de plus. Il n'est pas un agent du Chaos.

    A sa mention, le bretteur aux yeux vairons quitta son observation de Rêve pour fixer quelques instants l'Ombre. S'il est vrai qu'elle avait toujours tenu ce discours, le chevalier sombre considérait plus leur collaboration comme une entente commune, et non pas comme un intérêt allant dans un sens unique. Il se méfiait d'elle. Il s'en méfierait probablement toujours. Mais elle lui avait déjà dit ce qu'elle recherchait. Ce qui la motivait. Contrairement à l'autre démon qui lui faisait face. Deydreus était une personne pragmatique, et il refusait aussi d'achever son jugement sans avoir véritablement appris les désirs réels de la chouette hallucinée.

    - Est-ce que tu es déjà tombée sur des rêveurs qui n'avaient pas besoin de rêver? As-tu déjà connu ceux dont le rêve avait déjà été atteint? D'une certaine façon, Deydreus tombe dans cette catégorie. Observe le. Réellement. Je suis sûre que tu as déjà remarquée sa véritable nature. Il n'est pas humain. Les affres du temps ne l'affectent plus et son cœur est sûr. Il a atteint son but et mène la guerre qu'il a toujours souhaité. Penses-tu qu'il rêve, lui aussi? Et t'arrive-t-il de te demander, chère sœur, si nous aussi nous pouvions rêver? J'ai entendu ton nom à travers l'ombre de mon protégé mais... J'ai l'impression de t'avoir toujours connue. La forme ombreuse marqua une nouvelle pause, tandis qu'elle se retournait vers la Griffe et analysait son regard vairon. Désires-tu que j'aille observer ce village? Comme Rêve te l'avait proposé? Je te retransmettrai tout ce que je peux voir. Sans rien te cacher. Mais je suis curieuse, moi aussi, de ce que ma sœur a put accomplir.
    - Deux heures. Pas une seconde de plus. Si je n'ai aucune nouvelle, ce village sera rasée jusqu'à la dernière pierre. Et toi, Rêve, tu rejoindrais alors l'autre monde sans aucune hésitation. Même si je n'en ai pas envie. Je ne hais pas votre race, mais je ne montrerai aucune pitié en cas de la moindre manipulation.

    La forme ombreuse s'intensifia alors de nouveau, quittant la position qu'elle avait pour se placer devant Rêve. Se réunissant en un grand tourbillon fumeux, l'Ombre adopta une silhouette relativement éthérée où ses yeux flamboyaient d'un intérêt certain. Un long bras ténébreux se dégagea de la masse mouvante, dévoila une longue main glabre et noircie aux longues griffes effilées. Cette dernière s'ouvrit doucement tandis qu'elle se dirigeait vers Rêve, paume vers le ciel tandis que le soleil était à présent couché. Les Serres allumaient alors diverses torches et lanternes, formant un dragon de feu qui entourait Mid'Sommar, prêt à dévorer le hameau à tout instant.  

    - Montre moi, ma sœur, l'étendue du songe que tu souhaites répandre sur ce monde.


    D'un coup de Serre, il déchira le voile du Songe [Deydreus-Rêve] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

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  • Jeu 27 Juil - 19:30

    Rêve avait donc exclu à tort l'une des hypothèses les plus probables. Surpris, mais fort intéressé néanmoins par cette idée selon laquelle un Démon pouvait lui aussi trouver ses intérêts chez autrui plutôt que d'être un instrument, il sourit de plus belle et écarquilla les yeux avec une curiosité évidente. L'explication de sa Sœur fut intrigante mais Rêve ne douta pas ne serait-ce qu'un instant des propos de cette dernière. Il releva également que son homologue, tout comme lui, apprenait de l'Homme à chaque moment passé en leur compagnie. Sans doute avait-elle également ses propres projets mais, par pudeur, le Voyageur se garda bien de les lui demander en si mauvaise compagnie. Il fut également rassuré de découvrir que sous cette cuirasse de froideur qu'arborait le Général, il y avait des trésors valant la peine d'être explorés. Cependant, une observation de sa nouvelle rencontre lui déplut et il y répondit aussitôt, sans pour autant laisser transparaître trop ouvertement sa frustration :

    "Evidemment, ma Sœur. Aucun Homme ne cesse de rêver, enfant de la nuit ou non. Un être conscient qui n'entrevoit plus le futur cesse tout bonnement d'exister. Lorsqu'il vit son ultime songe, c'est à cet instant que la toile de ses aspirations s'immortalise et rejoint le tissu du Rêve."

    C'était en bonne intelligence qu'il semblait formuler sa remarque mais Rêve, malgré son assurance, refusait tout de même catégoriquement d'admettre qu'un être conscient puisse échapper à l'emprise de son Domaine. C'était ironique, venant d'une créature censée illustrer les plus folles fantaisies et les plus impossibles des scénarios mais, bien qu'il se refusait à l'admettre, le Voyageur lui aussi possédait ses limites. Malgré cette claire opposition entre lui et sa consœur démoniaque, Rêve fut ravi d'entendre que cette dernière consentait à lui offrir une dernière chance de prouver de quoi il était capable, lorsqu'on lui confiait la responsabilité d'éduquer ces âmes faibles que le guerrier dépeignait avec tant de dédain. Les crocs d'ébène apparurent à nouveau dans une guillerette risette lorsque la Griffe consentit à accorder ces deux heures d'exploration à l'Ombre.

    "C'est bien plus de temps qu'il n'en faut, Griffe du Reike. Je vous remercie d'avoir accepté mon offre."

    N'était-ce qu'un prétexte pour obtenir la paix intérieure ? S'était t-il résolu à obtempérer simplement pour pouvoir refuser de plus belle en feignant cette fois-ci d'avoir toutes les cartes en main, ce afin de se garder de passer ouvertement pour le barbare sanguinaire qu'il était sans nul doute ? Le Voyageur prit la main éthérée qui était tendue vers les cieux et constata sans surprise qu'elle manquait de substance sur le plan matériel, ce qui ne l'empêcha pas toutefois de faire mine de la saisir. Les torches s'allumèrent partout autour d'eux, annonçant le commencement du défi à relever. Enjoué, Rêve tourna les talons et dit alors à l'Ombre :

    "Partons, dans ce cas."

    Sous les regards emplis d'incertitude et d'angoisse des villageois qui avaient esquissé un sursaut d'effroi face aux flammes qui les encerclaient, les deux bêtes issues des ténèbres s'en allèrent vers Mid'Sommar. Rêve, tout en s'avançant, abandonnant sciemment son costume illusoire et le déguisement d'homme, bien vite, céda place au plumage et aux ailes gigantesques qui semaient derrière elles une pluie d'étoiles éphémères. Les paysans accueillirent le duo improbable avec joie et la jeune mère fut d'ailleurs la première à accourir pour venir à leur rencontre. Elle prit la parole, et l'immense volatile la fixa :

    "Les avez-vous convaincus...?"

    "Silence, mon enfant. Tes mots ont un poids insoupçonné. Cette Ombre est ma Sœur, mais elle n'est pas une amie. "

    Par télépathie, la bête avait brusquement coupé sa jeune fidèle. Le message se propagea et se répandit jusqu'aux autres adultes présents. Il s'était douté que la pauvrette s'apprêtait à l'appeler "Prophète" comme elle en avait pris l'habitude et le Démon, par ruse, s'était empressé de la faire taire pour éviter l'incident. Gabriel se devait de courber l'échine face à l'Empire du Berger, il était donc impossible d'admettre que le prince, effectivement, revendiquait une couronne dressée par son peuple. La demoiselle comprit l'urgence de la situation et ce qu'elle impliquait. Il fallait agir avec correction et parler prudemment. Le Rêve, avec une bienveillance simulée, transmit alors à ses fidèles ce qu'il consentait à leur faire entendre :

    "Que se rassemblent un cueilleur, un chasseur, un ancien ainsi qu'un enfant. J'ai invité ma sœur à découvrir notre village. Soyez sûre de lui réserver l'accueil qu'elle mérite et montrez-lui à quel point notre rêve commun est somptueux !"

    On lui obéit sans mot dire. Rapidement, le conseil demandé par l'entité mystique fut réuni. Il était composé d'un jeune homme, d'un loup, d'une vieille femme ainsi que de l'une des filles de la demoiselle qui avait bien failli causer leur perte. Rêve lâcha la main de l'Ombre, lui laissant le soin de se présenter au peuple qui l'admirait et l'adulait déjà malgré les risques qu'elle représentait. Leur amour était aveugle et le Voyageur, bien entendu, s'en félicitait.

    "Venez, mes amis. Nous avons tant à lui montrer."

    Retombant sur ses quatre pattes, la titanesque chimère ailée se se mit à déambuler paisiblement, accompagnée par la troupe chargée de la visite. Il avait décidé, pour faire écho aux propos de Deydreus, de mettre entre leurs propres mains le destin de leur village.
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  • Ven 28 Juil - 20:19
    Glissant doucement sur le sol gelé, l'Ombre suivait son équivalent vers le village. Derrière elle, le général des armées laissa un long soupir s'échapper de sa gorge. Pour l'heure, le massacre avait été repoussé. La sentence, maintenu en suspend. Rêve tenait dans ses griffes le sort de ce village. Il devait montrer à l'Ombre ce qu'il avait fait. Comment ces gens avaient changé. Et, surtout, à quel point ils n'avaient pas déviés de l'autorité impériale. Rengainant ses lames, Deydreus retourna alors en direction des arbalétriers, sans demander à ses hommes de lâcher leurs positions ou de baisser leur garde. Quand il se posa doucement près d'eux, le guerrier aux yeux vairons rencontra Akemi qui l'observait de ses deux prunelles violettes.

    - On attend quoi, chef?
    - Que la réalité rattrape le songe.

    Pas un mot de plus, pas une explication supplémentaire. Simplement la vérité telle qu'elle était. Ce n'était pas tant une leçon qu'une véritable curiosité qui alimentait le chef de la kyrielle. S'il connaissait l'existence des démons et leurs capacités à influencer l'environnement qui les entourait, le reikois était encore hésitant quant à la bonne nature de ces derniers. Chaque individu était différent au sein du Sekai. Chaque humain, par exemple, était capable du meilleur comme du pire. Et il n'y avait aucune raison que les démons échappent à cette règle. Aussi prophétiques pouvaient-ils être. Les yeux bicolores s'illuminèrent alors d'un léger éclat tandis que la nyctalopie faisait son effet, perçant l'obscurité naissante afin d'observer les deux silhouettes volatiles évoluer dans l'étrange village fleuri. L'Ombre pouvait mentir si elle le souhaitait. Elle n'hésitait pas à manipuler la vérité si nécessaire. Mais elle se savait sur un fil dangereux et, lorsqu'elle donnait sa parole au guerrier à deux lames, elle se contentait de tenir parole. Ne serait-ce que pour échapper à son rejet. A l'incapacité potentielle de ne plus pouvoir observer le monde et tenter de l'influencer. Cela, Deydreus le savait, tout comme elle. Peut-être était-ce pour cela qu'ils collaboraient aussi bien. Car les deux avaient connaissance des ambitions de l'autre. Et chacun savait que le mensonge ne leur était pas profitable.

    Dans le village, l'Ombre suivit Rêve sans faire le moindre commentaire. Guidée par sa consœur, l'entité démoniaque observa les traits de la jeune femme qui priait. Son regard, empli d'une ferveur inconcevable ainsi que d'un profond sentiment de soulagement était remarquable. Une foi infinie habitait le cœur de cette humaine et il n'était pas difficile de le deviner tant par sa posture que par le regard admiratif qu'elle lança au maître des songes puis à l'Ombre elle même. "Convaincre"... Le mot était à la fois lourd de sens et bien choisi. Car il ne s'agissait pas d'un jeu. Pas d'une visite de courtoisie non plus. Mais d'une mise à l'épreuve. D'une observation à l'égard de l'incarnation du Songe pour déterminer si oui ou non ce dernier pourrait poursuivre son petit manège.

    Quand Rêve convoqua sa petite assemblée, un sourire carnassier glissa sur le visage fumeux du démon avant de disparaître dans les ténèbres qui le caractérisait. Quelle charmante petite réunion. Un mélange hétéroclite de ce que pouvait rassembler la Chouette onirique et qui servirait à la fois de guide et d'acteurs pour l'observateur nocturne qui avait été missionné par un être tout aussi monstrueux que lui.

    - Voila un groupe bien particulier ma sœur. Animaux et humains cohabitent donc ainsi ensemble naturellement, ou bien les as-tu liés dans un rêve unique?

    La question était plus sémantique qu'autre chose. A vrai dire, L'Ombre se préoccupait bien plus de l'état d'esprit de Gabriel et de comment ce dernier pouvait penser. De ce qu'il comptait vraiment faire, vraiment toucher du doigt. Les perles incandescentes qui siégeaient au niveau de la tête de l'Ombre glissèrent ensuite sur chacun des villageois qui les accompagnait. Elle pouvait observer leur adulation. Leurs espoirs ainsi que cet étrange mélange d'admiration et, la concernant, de crainte. Pourtant, elle n'était visiblement pas perçue comme un monstre. Comme le mal qui s'insinuait dans leurs veines. Ce genre de regards était réservé à ceux qui étaient adressés à l'armée en place. Au serpent ardent qui glissait doucement sur la neige entourant Mid'Sommar. Et d'une certaine façon, l'Ombre le comprenait parfaitement. Les Serres étaient impitoyables et, au moindre retour de sa part, le sort entier du village serait décidé dans la rivière la plus écarlate qu'il soit. Lâchant sa main, Rêve l'invitait ainsi à se présenter, ce qu'elle fit le plus naturellement du monde, légèrement enjouée.

    - Je suis l'Ombre. Fille de l'Ordre et votre invitée. Je me présente à vous. Montrez-moi maintenant, mortels, comme votre village est empli du plus pur des bonheurs.

    Quand le groupe se mit enfin en marche, le démon de l'ordre glissa à son tour sur la terre congelé pour s'en aller vers l'endroit que l'assemblée voulait lui présenter. Comme tout hameau, Mid'Sommar était d'une structure assez modeste. Un grand hall, entouré par une bonne dizaine de maisons. Des refuges plus que des demeures convenables, qui arboraient tout de même les même fleurs que l'on pouvait trouver dans les maisons républicaines. Des couronnes végétales fabriquées à l'aide de différentes herbes et autres fleurs des fées. Ici et là, les couronnes se voyaient également fleuries de nordique et autres plantes assez rares. S'il faisait nuit, l'Ombre pouvait tout de même observer les regards furtifs des habitants qui avaient refusé de quitter leur demeure pour analyser la nouvelle arrivante. Le démon ne s'en étonna pas. Sa race était suffisamment rare, et les créatures comme Rêve et lui même ne se mêlait qu'assez rarement à la lumière diurne. Non pas par crainte d'être exposée, mais car l'observation des mortels était bien souvent une activité aussi importante qu'une quelconque mission prophétique.  Passant au centre du village, la forme ombreuse s'arrêta quelques instants, forçant l'assemblée à faire de même. En face d'elle, une grande statue chimérique trônait sur la place. Tout son corps et les multiples particularités qui la définissaient ne laissait aucun doute sur ce qu'elle était sensée représenter pour tous les villageois qui poseraient les yeux dessus.

    - Est-ce que c'est... Nous?

    La question flotta quelques instants dans l'air, attendant la réponse du prince des songes. Quand enfin il prit la parole et répondit à l'Ombre, cette dernière tournoya doucement autour de la forme sculptée, analysant chacun de ses traits ainsi que le matériau utilisé.

    - Comment ont-ils réalisés cela? Eux qui ne sont normalement que des agriculteurs désœuvrés et des chasseurs désabusés. Il faut bien plus que de l'espoir pour cela... Il faut aussi du talent. Et de l'apprentissage...

    Elle retourna alors auprès du groupe la guidant, les invitant à poursuivre tandis qu'elle écoutait sa consœur. Devant le groupe, le jeune homme les mena alors à un jardin. Dans ce dernier, poussaient une dizaine de nordiques ainsi que différentes espèces de fleurs rares. Compartimenté sur le côté, quelques pommes de terres étaient en terre ainsi qu'une ou deux betteraves. Amusée, l'ombre vint attraper l'une des fleurs à la lueur pale parfaite comme si elle s'apprêtait à l'arracher, sans pour autant le faire.

    - Ces fleurs sont habituées à pousser dans les plus hauts glaciers... Et ces tulipes dans les plaines les plus fertiles. Pourtant, elles poussent aujourd'hui côte à côte sous la supervision de ce village... Elle se redressa, lâchant la fleur pour se tourner vers le prince des songes. Certains scientifiques estiment que le bourdon devrait être incapable de voler. Ses ailes, trop petites, ne devraient pas être capables de bouger assez vite et assez fort pour élever son corps trop lourd. Pourtant, ces derniers volent bien. Ils butinent nos fleurs et transmettent leur pollen à d'autres, poursuivant ainsi le cycle de la vie. Comme un miracle de la nature. Dis moi, chère sœur, quelles miracles ont été utilisés pour permettre à ces végétaux de pousser?    

    Les questions étaient là pour Deydreus, mais aussi pour le démon lui même. S'il avait une parfaite connaissance de son domaine et de comment gérer l'ordre mondial, l'entité ignorait tout du domaine des songes et de ce qui y était attaché. Elle était avide de connaissance. Ravie de pouvoir échanger avec une sœur aussi poétique. Aussi majestueuse. Même si, et elle le savait, cette rencontre pouvait devenir sanglante à la moindre décision du vampire impérial. Volant doucement dans l'air nocturne et faisant ainsi virevolter sa structure brumeuse, la fille de l'Ordre posa ses perles incandescentes sur l'éternel plumage changeant de Rêve.

    - Continuons notre visite... Continue de me faire rêver, chère Sœur.


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    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

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  • Sam 29 Juil - 2:41



    Lorsque sa ténébreuse consœur lui demanda par quel moyen il était parvenu à faire naître l'amitié entre hommes et bêtes, l'immense chouette se redressa puis se métamorphosa une énième fois en femme. Ayant troqué l'armure intégrale pour un épais manteau ainsi qu'une demi-cape surmontée de plumes, elle s'avançait avec orgueil comme la régente de ce lieu si mystérieux. Le plumage qu'elle arborait paraissait être celui de sa forme chimérique et on distinguait, au prix d'un regard appuyé, que la couture de la capuche partait jusque dans son cou, trahissant encore une fois son inhumanité.

    Tout en ralentissant pour se mettre au niveau de son compagnon lupin qu'avait remarqué l'Ombre, Rêve passa une main gantée d'acier sur le crâne de ce dernier pour lui administrer ensuite une caresse légère. Rêve était reconnaissant pour cette aide bienvenue que lui portaient les bêtes ayant fait le choix de se joindre à son œuvre et c'était chaque jour qu'il leur rendait cette attention. Puisque le loup était incapable de communiquer par lui-même pour transmettre à l'Ombre ses sentiments, le Voyageur fit office d'intermédiaire entre les deux entités :

    "Tous les animaux ne font pas le choix de me suivre. Celui-ci est un ami qui a estimé que notre œuvre était digne de son intérêt. Il m'a écouté, a pesé le pour et le contre, puis a choisi de se prêter à l'exercice tant par curiosité que par affection et, tout comme chaque âme ici, il a su trouver sa juste place parmi nous."

    Langue sortie et tête haute, le loup ne confirma l'intervention de la chimère que par un regard prolongé qu'il échangea avec l'Ombre. Le prédateur jetait parfois quelques coups d'œil vaguement anxieux en direction des guerriers qui, au loin, tendaient leurs torches en l'observant, toutefois il ne dévia jamais du parcours indiqué par le prince des Songes. Rêve l'observa longuement, souriant et aimable, jouant avec les oreilles de son ami qui paraissait indifférent à ce contact mais ne s'y soustrayait pas pour autant. Dans un murmure, il compléta le discours :

    "Il chasse pour nourrir les Hommes et obtient en échange sécurité, amour et la garantie d'une tanière où dormir sans angoisse."

    Recevoir, offrir, devenir meilleur et faire don de soi pour autrui. Rêve s'assurait depuis longtemps déjà d'entretenir cet état d'esprit chez les villageois ainsi que tous les êtres s'y étant attachés et c'était via ces préceptes que chacun était parvenu à aller de l'avant en exprimant son potentiel secret. La visite les menèrent à la statue certes incomplète mais pourtant si parlante sur laquelle le jeune artiste du village travaillait, accompagné d'une poignée d'assistants, ce avec passion et patience. L'Ombre s'y attarda et le Voyageur lui laissa avec plaisir le temps de s'intéresser au plus menu détail de cette dernière. Lorsque sa consœur éthérée posa ses questions, Rêve hocha la tête pour appuyer le propos et rétorqua d'un ton plus qu'enthousiaste :

    "Oui. C'est par l'art que certains expriment leur amour. Tu as raison, je n'ai pas façonné leur talent, car il a toujours été là. J'ai exploré les rêves de ce jeune sculpteur qui s'ignorait encore et j'y ai découvert une créativité qui ne connaissait ni frontière ni tabou. Son potentiel était immense, il n'a donc suffi que d'une légère poussée pour l'ouvrir à sa destinée. Je lui ai transmis le savoir qu'il recherchait, j'ai trouvé les outils adaptés et comment les reproduire puis je lui ai offert enfin cette flammèche d'assurance dont il manquait encore. Il a œuvré nuit et jour pour accomplir ce qu'il avait entrevu en songe et a bénéficié tout du long du soutien de ses pairs."

    C'était souvent ainsi qu'il accomplissait ses miracles. Par illusion, il montrait ce que l'esprit ne pouvait voir par lui-même. Il ne créaient rien et se contentait donc de déverrouiller un potentiel déjà présent chez l'Homme. Ce n'était pas comme un Dieu mais bel et bien comme un guide, un façonneur ou un irréductible ami qu'il s'était présenté dans le petit village. Lorsque les âmes perdues découvrirent à quel point l'aide des uns et des autres était précieuse pour aller de l'avant, elles effectuèrent ensemble un pas vers le futur. Chaque faiblesse avait été tue, chaque force mise en avant pour donner à terme la réussite la plus illustre pour un peuple ignorant tout de sa propre valeur. Que le résultat effraie ou non l'Empire n'importait pas car Rêve, en bien peu de temps, était parvenu avec brio à démontrer de quoi sa sagesse avait été capable.

    Le cueilleur les mena ensuite au jardin isolé dans lequel ils étaient parvenus à défier le réel en entretenant la vie, même là où elle n'avait pas sa place. L'Ombre fut fascinée par ce qu'elle vit et Rêve, une fois encore, ne put retenir une larme noire de fierté et de joie. Lorsque sa Sœur le questionna sur la vraisemblance d'un tel accomplissement, ce fut avec entrain que la chimère déguisée demanda à l'enfant qui les accompagnaient d'aller chercher le secret leur permettant de tels accomplissements. La petite disparut, le sourire aux lèvres, sous le regard bienveillant du Voyageur. Ce dernier entreprit d'expliquer ce miracle, ou du moins son amorce :

    "J'ai fait un jour la rencontre d'un jeune serpent dont le rêve était de pouvoir observer le monde et toutes ses facettes, sans être menacé. Nous nous sommes ouverts l'un à l'autre et, par mes conseils, le serpent est parvenu à maitriser une magie qu'il ignorait jusqu'alors. Sous mes yeux, il est devenu invisible. J'ai compris à cet instant que j'étais capable de devenir pour les êtres conscients un enseignant hors-pair. Après avoir découvert ce village, j'ai appris à connaître tous ses habitants et dans le rêve d'une jeune femme, j'ai fait la découverte de curieux détails. Le décor de chacun de ses songes était cerné de plantes et ces dernières, loin de l'emprisonner, semblaient porter ses espoirs. Elle détient avec la nature une affinité certaine et, comme avec le serpent curieux, je lui ai prodigué les conseils dont elle avait besoin ainsi qu'un savoir qui n'est pas à la portée de tous."

    La concernée, tenant par la main la petite qui s'était éclipsée pour aller la quérir, se manifesta à l'entrée du jardin. C'était une jeune adulte à l'air rêveur, presque absent, mais qui s'avançait jusqu'aux plantations avec hauteur et droiture. D'impatience et d'envie, les plumes du col de Rêve s'agitèrent en vibrèrent de concert puis la chimère se pencha vers la demoiselle, posa une main sur son épaule et lui glissa alors :

    "Liv, peux-tu montrer à ma Sœur de quoi tu es capable ?

    La concernée lui sourit, puis répondit sur un ton mêlant anxiété et enthousiasme :

    "Bien..."

    Son sourire s'effaça légèrement lorsque, elle aussi, fut mentalement coupée par la télépathie du prince. Encore une qui avait bien failli le nommer "messie" ou "prophète", une erreur certes légère mais que son peuple aujourd'hui ne pouvait s'accorder. Liv s'agenouilla près d'une poignée de bourgeons, inspira avec force puis ferma les yeux. Elle tendit timidement une main et s'en échappèrent alors de minuscules lueurs semblables à des lucioles. Rêve se mit à rire furtivement, puis échangea un regard qui se voulait complice avec l'Ombre incrédule. Sous les yeux des Démons et des quelques âmes qui les accompagnaient, les bourgeons se mirent à éclore en défiant les lois de la nature et autour d'eux vinrent se former d'autres pousses plus petites. Une fois l'exercice accompli, Liv expira bruyamment, se releva et salua les entités démoniaques avant de repartir. A son départ, elle fut applaudie par le Voyageur, aussitôt imité par les autres villageois présents.

    La vieille dame qui avait disparu pendant tout ce temps prit la place de la jeune magicienne. Elle portait sous le bras un ouvrage visiblement ancien et richement décoré et tendit timidement ce dernier jusqu'à l'Ombre, lui en montrant l'objet sur lequel on lisait en caractères gravés : "Dompter les plantes, Respirer avec les arbres.". Sur la deuxième de couverture se trouvaient respectivement un sceau de Liberty ainsi celui de Magic, accompagné bien sûr d'une foule de signatures d'érudits divers. C'était un véritable artefact que Rêve se félicitait d'avoir subtilisé. De ses deux voix, il parla à nouveau :

    "Vois-tu, je ne suis pas le seul magicien ici. Liv n'est pas native de ce petit village. Elle est née à Kyouji et son histoire mouvementée relève davantage d'un cauchemar que d'un rêve éveillé. Derrière sa timidité évidente se cache pourtant une rêveuse au talent insoupçonné qui ne souhaite que découvrir et apprendre. J'ai senti sa force et je lui ai offert l'opportunité de se replonger dans ces études qu'elle pensait être contrainte d'abandonner et de laisser à jamais derrière elle."

    Ils continuèrent leur exploration et Rêve, gambadant en tête en marmonnant des chansons issues d'un autre temps, profita de cet instant d'accalmie pour explorer et redécouvrir chaque nouveauté venue agrémenter le quotidien de ses fidèles. Avec un certain pessimisme, il se dit qu'il s'agissait peut être de la toute dernière fois qu'il savourait les résultats de son travail en ce lieu. Rêve fit rouler sa langue, la coinça sous son palais et vint émettre alors un curieux sifflement dont les échos mystiques se perdirent dans le vent. C'était un signal, celui du rassemblement. Rêve l'effectuait généralement lors des évènements majeurs ou des célébrations nécessitant la présence de chaque habitant. On aperçut au loin plus d'une vingtaine d'oiseaux de provenance diverses ainsi que quelques rongeurs sortant de leur cachette. Les Hommes quittèrent leurs chaumières et tous se réunirent jusqu'à la place centrale où ils formèrent un arc-de-cercle devant lequel s'inséra le prince ainsi que sa consœur.

    "Ombre, que penses-tu de ces découvertes ? As-tu des inquiétudes, des questions, des idées à transmettre ? Que veux-tu dire à ce peuple ?"

    L'éternel sourire s'affaissa très légèrement et Rêve, enfin posa sa dernière question :

    "Y vois-tu un fléau, ou une chance pour l'Empire ?"
    Noble du Reike
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    Deydreus Fictilem
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  • Dim 30 Juil - 14:33
    Ce village ressemblait à un gigantesque paradis halluciné. Chaque rencontre, chaque arrêt, dévoilait à l'Ombre les résultats du songe que sa consœur avait transmit dans le cœur de ses fidèles. Il aurait été particulièrement aisé de reconnaître là dedans un miracle. Quand la jeune enfant vint démontrer sa magie et son affinité avec la nature, la forme ombreuse oscilla légèrement. Via cette démonstration, Rêve venait probablement de condamner la petite. Peu importait en vérité. Si la Griffe estimait que le village devait être détruit, alors la présence d'une jeune mage n'était qu'un détail de plus dans la sombre équation du chef des armées. Inspectant une dernière fois les fleurs devant elle, la forme ombreuse s'en détacha finalement pour suivre le prince des songes dans son nouveau manège onirique.

    Aussi beau tout ce village pouvait-il être, la présence de grimoires, de savoirs externes et de cet agglomérat de personnalités refaçonnées donnait au démon de l'Ordre l'étrange impression d'assister à une expérience sociale étrange. Ces habitants la fixaient avec crainte, oui, mais aussi avec une admiration qui dépassait simplement la ferveur habituelle. Elle se sentait... Divine. Un sentiment qui la dégoutait étrangement. Elle qui avait passé des éons à influencer les mortels depuis les ombres, à les observer. Elle ne se plaisait pas dans cette ambiance fiévreuse, où chacun de ses gestes semblait perçus comme des messages cachés. Ce n'était pas tant ces regards qui la perturbaient, mais plutôt la manière dont ils étaient amenés. Rêve se rendait-elle compte d'à quel point cela était dangereux? De tout le sekai, le prince du songe avait choisi de s'établir au Reike. Et dans un moment particulièrement hasardeux de son histoire. Un refuge à Shoumei aurait été ignoré. La république aurait put être négociable... Mais là.... Les perles incandescentes glissèrent vers le serpent ardant qui bordait le hameau. Deydreus avait-il véritablement déjà pris sa décision? Ou bien comptait-il vraiment sur l'avis de l'Ombre pour se décider? Même la fille de l'ordre l'ignorait. Le vampire, après tout, était d'un pragmatisme à toute épreuve. Et sans doute avait-il accordé deux heures de temps non pas pour obtenir les informations de l'Ombre mais pour réfléchir à comment il pouvait justifier ses actes, ou le fait de ne pas avoir agit.

    Ils arrivèrent finalement au moment où le démon du songe invoqua tous ses fidèles. Placés en arc de cercle, ils donnaient l'impression d'être un orchestre attendant silencieusement que leur maître ne les guide au travers d'une mélodie morbide. L'Ombre, elle, se tenait face à eux à l'instar d'un public impitoyable. Les questions de Rêve furent posées sans une once de considération pour les suivants qui se trouvaient derrière elle. Ou alors, était-ce là une tentative d'influer sur les mots de la fumée noire? Non, à aucun moment le prince du songe aurait fait une telle erreur de jugement vis à vis de sa consœur. Laissant ses yeux ardents glisser sur la foule pour revenir ensuite se poser sur la chouette hallucinée, la fille de l'Ordre prit finalement la parole, ses bras ombreux flottant dans l'air.

    - Ces prouesses sont remarquables. J'ai pu apercevoir la nature qui tentait de gagner face à la dureté d'un climat hivernal éternel. Rappelant les dômes magiques entourant la cité elfique de Melorn. Je vois en chacun de ces habitants une ferveur particulière, une ingéniosité surprenante. Tout cela me semble intéressant. Concernant ce que je pense de ce village... De ce que j'en pense... L'Ombre marqua une pause, comme si elle retenait un soupir qu'elle ne pouvait donner. Ce hameau est condamné.

    L'Ombre glissa doucement sur le sol glacé, observant les visages surpris et inquiets des différents villageois. Un fléau ou une opportunité... Il n'était rien de tout cela. Dans l'esprit de la Griffe, il n'y avait que la vérité qui comptait, et les faits. Et tout ce qui se passait ici défiait l'autorité impériale.

    - Il reste peut être pourtant un espoir, pour que puisse perdurer ces terres. Le rêve. Il te faudra parler de nouveau au seigneur de ces armées. Avec moi. Que je puisse lui dire ce que j'ai vu ici et surtout à quel point le travail de ces habitants a été juste. Et serviable. Tu as fait de l'espace présent ton allié mais... Je ne suis pas certaine que cela puisse le convaincre. Pour le reste, j'ai pu voir comment Gabriel a dirigé son troupeau. Restait à savoir si le berger, lui, accepterait cette direction. Tu m'es précieuse, ma sœur. Et sache qu'en aucun cas je n'accepterai que le moindre mal te soit fait.

    Là aussi, il s'agissait d'une vérité. Le Rêve n'était pas opposé à l'Ordre. Au travers de ce dernier, le prince des songes était parvenu à instaurer une paix véritable. Certes dans la servitude inconditionnée et inconsciente, mais une paix tout de même. Les bêtes aidaient les mortels, et la nature se pliait aux pensées d'une jeune enfant. Une situation merveilleuse, bien qu'éphémère. Fragile. Dans tout cela, il manquait l'once de chaos qui faisait pourtant le monde merveilleux, et qui donnait toute sa beauté à l'ordre. L'Ombre ne voyait cependant pas sa consœur comme une force éloignée de la sienne. Elle y voyait une alliée. Une aide qui serait plus que bien venue. Et si le village était un problème pour le vampire qu'elle accompagnait, le démon qui le dirigeait, lui, pouvait représenter un atout inestimable. A condition qu'il puisse être contenter dans un échange équivalent. Peut-être était-ce aussi ce que souhaitait l'Ombre. Trouver un terrain d'entente pour satisfaire la Griffe et la chouette changeante.

    - Viens avec moi, ma sœur. Retournons auprès de celui qui nous attend et discutons. Ces villageois ont prouvé ce dont ils étaient capable. A présent, espérons que cela soit suffisant pour que l'enfant de la nuit accepte que ce rêve ne perdure.

    Tendant sa longue main ombreuse vers le démon au plumage éternellement changeant, l'Ombre invitait cette fois elle même sa consœur à la suivre. Les cartes avaient été battues pour le village et son rêve. Mais la Griffe avait déjà sa main.


    D'un coup de Serre, il déchira le voile du Songe [Deydreus-Rêve] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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    https://www.rp-cendres.com/t1076-reve-le-voyageur-termine
  • Mar 1 Aoû - 11:43
    Lorsque sa consoeur annonça la plus terrible des sentences, Rêve ne put réprimer un pincement au cœur qu'avec peine et frustration. Son sourire, au demeurant, parut toujours aussi radieux mais un témoin illisible de sa déception se profila : ses yeux noirs comme la nuit furent traversés un infime instant par une comète luminescente. Dés que les mots de l'Ombre furent prononcés, l'angoisse fit son apparition sur les visages des honnêtes villageois et les conversations anxiogènes commencèrent à fuser. Le Voyageur leva une main en guise de signal, leur intimant de cesser et de retrouver leur calme.

    Malgré cette éternelle distance entre lui et le réel, il comprenait sans mal la gravité de la situation. Il ne jouait probablement pas sa vie ici, mais les leurs. Bien que volage par nature, Rêve s'était tout de même épris de ces doux rêveurs auquel il avait accordé une seconde chance de profiter justement de leur passage sur le plan matériel, c'était donc avec une certaine appréhension qu'il buvait les paroles de sa ténébreuse consœur, cherchant dans son verbe un moyen de convaincre plus tard la terrible Griffe que ses intentions étaient nobles. La seule garantie qu'apporta l'Ombre fut une offre de sécurité pour Rêve lui-même, chose que ce dernier accueillit d'un bref hochement de tête en signe de reconnaissance.

    Le Marchand de Sable fut invité enfin à retourner faire face à l'engeance impériale. Il marqua une pause et, plutôt que de répondre immédiatement à son homologue, il s'approcha de la foule avec mesure et lenteur. Du regard, il balaya l'assemblée, s'attardant sur les traits de chaque visage comme pour les intégrer de façon définitive à sa mémoire. Rêve se posta face au loup, auquel il accorda une caresse, puis il vint doucement saisir la nuque du cueilleur et posa sur son front un baiser furtif. Il glissa jusqu'à la vieille femme, dont il décora les cheveux d'une fleur hivernale prélevée à la hâte. Puis vint le tour de l'enfant, face auquel il posa un genou à terre. Plongeant son regard dans celui de la petite, il lui dit alors :

    "Mes enfants, ce n'est pas aujourd'hui que votre rêve éveillé trouvera sa conclusion. Je pars, mais je reviendrai."

    Il fut célébré par un tonnerre d'applaudissements ainsi qu'un torrent de larmes emplies d'amour aveugle. Rêve se redressa de toute sa hauteur, prit la main de l'Ombre et la foule se scinda alors pour les laisser quitter le cœur du village. Malgré ces vivifiantes célébrations du pouvoir de leur prophète, la jeune mère quant à elle retourna à ses prières, indifférente aux promesses du Voyageur. Ce n'était pas le doute qui s'était frayé un chemin jusqu'à son esprit, loin de là. Elle n'était simplement pas dupe au point de se bercer d'illusions et savait pertinemment, pour avoir religieusement suivi les enseignements de la créature onirique, que rien dans ces mots ne garantissait la survie de son peuple.

    Le rêve était éternel, mais les enveloppes charnelles ne l'étaient pas. Leurs rêves leur survivraient, leur permettant de continuer à exister au travers du tissu du Songe. Cela n'impliquait en rien la sauvegarde de leur village et la protection de leur vie.

    On les abandonnait.

    Une larme roula sur sa joue quand le Voyageur lui tourna le dos.

    Ombre et Rêve furent bien vite hors de portée des cris et des chants. Lorsqu'ils furent si éloignés que les voix des Hommes disparurent dans le vent, le prince fantasmagorique se métamorphosa une énième fois, dans un crépitement électrique, pour retrouver cette silhouette masculine couverte d'une imposante cuirasse avec laquelle il s'était initialement présenté face au général. De nombreuses idées fusèrent dans l'esprit indéchiffrable de la chimère mais elle trouva aisément comment transmettre ses plus sincères sentiments à sa consœur :

    "Je m'en remets à toi, Ombre. Leur survie est entre tes mains. Tu sais comme moi que la Griffe perçoit mes mots comme du poison."

    Ils parvinrent enfin jusqu'à l'objet de toutes ses inquiétudes. Le militaire se tenait là, droit et imposant dans l'immensité désertique de ce glacier, si inhospitalier autrefois et si riche aujourd'hui. Les lueurs des torches entouraient leur trio, traçant tout autour d'eux une véritable cage faite de lumière menaçante. Ombre voulut relâcher la main de sa sœur mais cette dernière fut retenue, l'espace d'un bref instant. Enfin, les muscles du Voyageur se détendirent pour laisser partir les doigts brumeux de sa sœur et ses yeux se tournèrent vers ceux de la Griffe.

    "Nous revoilà."
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