Encore une fois, la dualité entre la louve et la naine se faisait ressentir à cette pointe d'humour, même si Ersa commençait à connaître cet homme, que cette phrase servait autant à cacher son stress qu'à détendre l'atmosphère. Il essayait de blaguer avec la hyène, et Ersa trouvait cela ridicule, bien qu’elle restait surprise de la façon de faire de la louve. Comme quoi elle n’était pas que barbarie. 

L’esprit de la naine fut autant bousculé que leurs corps lors de cette chute presque contrôlée. Puis elle sentit l’embrasement dans son esprit, la douleur qui explosait depuis son épaule. La fureur se répandait, demandant une vengeance dans le sang. La naine ne put que s'inquiéter pour celui qui était allongé tout près d’elle. Mais la porte qui s’ouvrit et les armures en mouvements offraient une perspective bien plus intéressante pour la chasseuse. Elle s’était relevée, ne s’occupant plus d’Arkanon. Ersa restait étonnée par le fait que la louve ne profitait pas de l’instant pour essayer de l'éloigner, le laissé seul ici, tant de possibilité pour celui qu’elle ne voulait pas voir depuis le premier soir. 

Sans hésiter, il lavait poussé derrière une colonne pour la protéger. Sans douceur, il arracha le carreau de la blessure et un autre cri bref s’échappa de sa gueule. Elle tourna la tête, faisant claquer sa mâchoire près de la main d’Arkanon, comme une bête qui ne comprenait pas que c’était pour son bien. Elle grognait, son pelage se hérisser de rage. L’homme s’était mis en colère devant la blessure de sa nouvelle conjointe, la louve était restée en retrait face à sa démonstration de puissance. Ne sachant pas où était sa place.

Puis à la suite des gravats, elle s’élança, entrant dans l’action accompagnée de ses grognements à chacune de ses foulées lupines. Elle avait abandonné la démarche des hommes pour retrouver celle des bêtes. Il y avait déjà une partie des hommes effondrés. Celui qui s’écartait un peu du groupe, voulant accueillir la louve avec son bouclier ferait un bon choix. Autant pour le combat que pour le message qu’elle voulait passer aux fanatiques. Il se pensait à l'abri des griffes derrière son morceau de métal, mais d’un bond, elle supprima la distance qui les séparait, heurtant le bouclier de plein fouet. 

Elle griffa le métal, l’arrachant du bras du malheureux qui hurlait sous le poids de sa fureur. La protection fut arrachée. Son armure déchirée par ses pattes pendant que son rire s’élevait de nouveau. Enfin jusqu'à ce qu’elle arrache la gorge du malheureux. Les cris de l’homme se transformèrent en gargouillis difformes. Le cri d’Arkanon lui fit relever la tête dégoulinant du sang alors qu’elle recrachait ce qu’elle avait arraché. Elle vit l’archer, prêt à tirer. Il était trop tard pour esquiver convenablement. La corde claqua et elle leva le corps du mort pour intercepter le projectile. 

Et au moment de le laisser tomber par terre, elle disparut. Devenant invisible pour traverser les soldats qui restaient. Prenant à nouveau appui pour effectuer un bond, passant au-dessus de l’archer, saisissant le visage de l’homme avec ses griffes pour le faire tomber à la renverse. Elle réapparut au choc, quand la tête de sa victime explosa en rencontrant le sol. 

Son regard passa sur ceux qui restaient debout. Au final, plus que deux. Elle découvrit Arkanon lancé dans un duel désarmé contre un oni. L’inquiétude d’Ersa figea la louve un instant. Un instant, qui faillit lui coûter cher. L'autre survivant fit s'abattre une hache sur elle. Elle recula d’un bond, décidant de ne pas perdre de temps sur celui-là. Avec un minimum d’élan, elle sauta sur le dos de l’Oni, refermant ses pattes antérieures dans les bras de l'adversaire pendant que ses postérieurs grattaient les protections de son dos et de ses cuisses. Avant que sa gueule n’attrape la nuque de celui-ci. Il arriva à la saisir et à la faire basculer devant, s’écrasant au sol dans un glapissement de surprise avant de l’envoyer valser plus loin. 

Action désespérée, ou Ersa espérait que cela suffirait au Drakyn pour récupérer son arme ou prendre l’initiative. Elle finit sa course contre le mur dans une percussion sourde. L'humain restant s'était rapproché d’elle pour la finir. Elle qui respirait encore, qui riait encore. Ce rire qui résonnait encore, car malgré la douleur, elle continuait de faire ce pourquoi elle avait été créée. La hyène se redressa, le sang dégoulinant toujours de sa gueule alors qu’un autre avait rejoint son pelage, des entailles sur sa tête et son cou dû aux différents chocs. Son corps tremblait toujours d’excitation et ses yeux trahissaient la haine qu’elle éprouvait pour le monde, rehaussée par un peu de sang qui s’en écoulait.

L'homme se rapprochait d’elle, même s'il ne représentait pas la plus grande menace, elle voulait s’en débarrasser rapidement pour aider son compagnon face à l’oni. 

Le choc sourd qui avait résonné, une détonation créée par la louve qui percutait le sol, puis la deuxième quand elle avait atterri contre le mur. La louve s’était relevée en tremblant. Le pelage hérissé, frémissant. Elle était face à au dernier soldat, qui la menaçait de sa hache. Se sentant supérieurs en tenant des morceaux de bois. Il avait commencé par un coup horizontal que la louve esquiva d’un bond en retrait, se cognant contre le mur. 

Son rire fou continuait de faire tressaillir son corps, comme si elle se riait de la menace et du combat. Le fanatique approcha d’un pas, levant son arme. La hyène jeta un regard sur le drakyn qui se battait avec une fureur nouvelle. La lame commença sa descente dans un léger sifflement. Puis le silence. Le rire se tut.

Non par la lame, mais parce qu’elle s’était mise à sourire, son regard où brillait la flamme de la haine. Elle glissa sur le côté, évitant la lame et se saisissant du manche. Elle tira dessus, entraînant l’homme pour le faire s’écraser contre la pierre du mur. L’arme tinta contre le sol quand elle la lâcha. La hyène n’avait pas besoin d’arme, elle avait déjà tout ce qui lui fallait. Sa gueule dégoulinante se rapprocha du malheureux encore étourdi par le choc, et sa respiration sifflante vint caresser la peau de l’être que la peur envahissait désormais. La louve l’attrapa par la gorge, le surélevant pour le plaquer au mur, ses griffes entaillaient la peau de l’homme qui se débattait. 

Elle recula son bras pour le faire heurter le mur, une fois, deux fois, trois fois. Brisant les os de l’homme, lui arrachant des cris de plus en plus déformé au fur et à mesure qu’elle écrasait sa gorge, jusqu’à ce que le silence revienne au dernier craquement sinistre. Elle regarda le corps inanimé un instant. Sortant de sa contemplation en entendant les mots d’Arkanon.

- Abandonne.

Elle se tourna, jetant le mort près des autres, posant son regard sur le Drakyn qui emprisonnait l’oni dans son étreinte. Lui offrant celui qui l’avait blessée. Elle s’approcha lentement, grognant doucement à chaque nouveau pas. Son regard ne quittant pas l’oni au départ, transmettant toujours la haine et rien d’autre. Arkanon lui offrait réellement. La hyène réduisait la distance et juste un instant son regard s'éleva pour croiser celui du Drakyn, un éclair vert le traversa, un éclair de peur et de tristesse. 

Elle trébucha avant de se ressaisir et de hurler. Plus aucune trace autre que la louve n'apparaissait pas. Avant qu’il ne puisse réagir, elle arrache l’homme de la prise, le projetant au sol et posa sur lui. Posant tout son poids sur lui, ses pattes postérieures se calèrent sous sa protection et elle lui arracha avant de poser ses pattes antérieures sur ses épaules déjà meurtries, enfonçant ses griffes dans les blessures pour aller encore plus loin. Il grimaçait sans hurler, profitant de leur résistance à la douleur. Mais ce n’était que le début.

Elle laboura son torse de ses griffes en approchant son visage de celui de l’Oni. Il donna un coup de boule sans élan. Son front heurta la gueule de la louve qui souriait toujours. Elle s’approcha et ouvrit la gueule en hurlant, projetant bave et sang sur le visage de l’oni qui perdait ses derniers morceaux de confiance. Et pour finir ce jeux qui n’avait trop duré elle planta ses crocs sur le visage du dernier fanatique. Serrant lentement, déchirant la peau et exerçant une pression sur le crâne de l’homme. Il commença à hurler, accompagné de craquement lugubre. Puis un plus sec, qui plongea la salle dans le silence. La hyène se remit à rire en lâchant la bouillie entre ses crocs. 

Elle recula, descendant de son corps et voulut se redresser, mais fut stoppée par un changement. Son regard croisa celui de l’homme et trahissait ses pensées. La colère qui se calmait de la louve, face aux émotions d’Ersa. Ses pattes se plaquèrent contre sa tête et elle tomba à genoux. La douleur qui la prenait était intenable, ses griffes glissèrent et arrachèrent une partie de son armure avant que ses articulations ne se déboitent. Son corps se désarticulait alors que sa carrure fondait sur place. Chaque nouveau mouvement faisait dégonfler son corps, rapetissant progressivement sur la taille de la naine. 

Rapidement, le pelage disparut pour laisser la blancheur de la peau réapparaître. L’or se retira pour laisser l'émeraude pleurer, et sa crinière brune se détacha de son dos pour se teinter d’une rousseur flamboyante. Le tout maculé de douleurs et de sang. La naine était à genoux, dans les lambeaux d’armures qui ne la couvraient plus entièrement. Elle leva la tête, pour laisser apparaître le sang qui s’écoulait de ses blessures légères et de son œil. Son regard se posa dans celui d’Arkanon avant d’être traversé par la peur. Elle se recula, tombant sur les fesses, mais ne cherchant pas à s’éloigner plus.

Elle ramena ses genoux contre son torse, et une larme de sang s’écoula sur sa joue. Elle ouvrit la bouche en levant cherchant le regard d’Arkanon, au départ aucun mot n’en sortir, jusqu’à ce qu’une petite voix brisât le silence.

- Pourquoi ? 

La naine grimaça, elle se pencha pour cracher ce qui restait de sang dans sa bouche, trop habitué pour vomir.

- Ce n’est qu’un animal, elle ne connaît que la violence et la haine. Pas toi.

Elle serra un peu plus ses jambes, en reniflant. Elle se leva en frissonnant légèrement. Hésitante à se rapprocher de lui, pour finalement céder et venir près de lui.

- Retournons au camp, je vais regarder ta blessure. Ça va aller pour y retourner ?

Sa voix était faible, fatiguée. Plusieurs choses se bousculaient dans sa tête, mais elle était surtout submergée par l'excès d’agressivité que lui avait transmis la louve.

Il était resté là, près d’elle pendant qu’elle perdait sa bestialité. Pendant que la fureur de la louve s’éteignait lentement. La douleur se retirait de son corps, le laissant tranquille en fin de transformation. Elle avait reculé, de peur, d’autre chose. Est-ce qu’il était comme la louve ? Elle n’arrivait pas à y croire, sans vraiment prendre conscience de l’élément déclencheur de la rage du Drakyn. 

La réponse d’Arkanon la stoppa, la tristesse fut remplacée en partie par la culpabilité. Elle ne savait pas tout de lui, c’était leur première mission ensemble finalement. Il n’était pas que le Drakyn de cette nuit, de cette discussion dans sa chambre. Il n’était pas que la moitié d’âme qu’elle avait cherché un moment, qui lui correspondait. 

- Tu as raison, on n'a pas fini notre mission. Ne force pas, d’accord.

Sa voix ne retrouvait pas d'énergie, et elle aurait voulu lui courir après, mais la douleur envahit à nouveau son corps. Pas celle de la transformation, celle du contrecoup du choc contre le sol et le mur. Heureusement que son corps se soignait seul, lentement. Ses émeraudes ne quittèrent pas le guerrier qui s’éloignait, qui s’éloignait d’elle. Elle se releva, lentement, grimaçant en resserrant le ceinturon devenu trop grand, elle se débattit pour retirer son armure qu’elle avait déchiqueter, faisant apparaître une tunique d’un signe qu’elle enfila lentement. Elle retourna près du corps de l’oni qu’elle avait tué. Ne préférant pas réfléchir à la situation de sa mort. Elle se pencha au-dessus de lui, cherchant dans sa ceinture s'il n’avait pas quelque chose d’utile. Une flasque d’alcool, un vieux livre qui parlait de Xo’rath.

La chasseuse frissonna à ce nom, peut-être le pire de celui qu’elle pouvait entendre. Le père des nécromanciens, qui lui rappelait de mauvais souvenirs. Elle allait jeter le livre plus loin, quand elle remarqua une feuille qui en dépassait. Elle la tira pour essayer de la lire, un poème étrange, qu’elle ne comprenait qu’à moitié. 

Le bruit de pas du géant la tira de sa lecture, elle rangea le livre dans une des poches de son armure. Son pas n’était plus aussi sûr. Elle s’était mordu la lèvre, en pensant qu’elle l’avait blessé. Ce n’est pas ce qu’elle voulait, il l’avait surprise. Il s’arrêta près d’elle et elle avait failli l’implorer de ne pas l’éviter. De la prendre dans ses bras. Elle s’était tourné face à lui, les yeux emplis d’une détresse nouvelle. Celle de la peur de le perdre à cause de sa réaction. Et finalement, il la prise dans ses bras en se mettant à sa hauteur. La chasseuse passa ses bras autour de lui, enfouissant sa tête dans le cou du Drakyn. 

- Je n’ai pas peur de toi, juste que je ne m’attendais pas à ça de ta part. Ma réaction a été cruelle, pardon. Je ne peux pas t’accuser de quelque chose que j’ai fait, moi-même. Je dis que ce n’est qu’un animal et que violence. Malgré tout, j’ai alimenté sa violence quand tu as été blessé, l’ai fait agir bêtement quand tu as été en danger. Hé !!

Il la souleva, et elle ne put retenir son cri de surprise. 

- Arkanon !! Ta jambe. 

Elle l’imaginait mal la lâcher, mais elle s’inquiétait pour lui. Elle était tiraillé, entre descendre pour qu’il s’économise et profité de cette étreinte. Elle se blottissait contre l’acier de l’armure, sa tête la faisant souffrir, du sang coulant toujours de ses blessures, bien qu’elle avait commencé à se soigner. La douleur qui se répandait dans ses muscles et ses os diminuait lentement. Elle nicha sa joue contre son armure, voulant détendre un peu l'atmosphère qu’elle avait tendue.

- Euh… On devrait vérifier qui faisait le plus peur, tu te rappelles ? Tu votes pour qui alors ? 

Elle attendit un peu, essayant d’écouter son cœur et prit une grande inspiration. 

- Et Lilium, je ne t’ai jamais demandé ce service que tu penses me devoir pour la flasque. Euh… Ça m'embête de te demander ça, mais… euh… Tu penses que tu pourrais me raconter ton histoire. J’aimerais en savoir plus, éviter de réagir à côté de la plaque encore une fois. Tu sais, les gens ont souvent peur de ce qu’ils ne connaissent pas. Je te rendrais la pareille, tu as le droit de tout savoir aussi. Ce qui a fait de moi… Euh moi.

Elle se tendit pour essayer de l’embrasser. Ils s’approchaient de la sortie.

- Désolé de t’avoir blessé. Pose-moi, ne force pas sur ta jambe dans la jungle. Dès que l’on arrive au camp, tu m'enlèves cette armure pour que j'y jette un œil, d’accord ?

La naine n’avait pu s'empêcher de pouffer, il osait la comparer à ce petit rouge-gorge qu’elle avait sauvé. Elle ne préféra pas relever sa moquerie, elle espérait surtout qu’il ne forcerait pas trop par fierté. Ersa avait préféré rester recroquevillée, immobile contre ce torse de métal. Ne sachant pas si elle devait reprendre la parole ou pas. Elle était perdue, perdue dans la culpabilité de sa réaction. Avant de finalement essayer de détendre l'atmosphère. Elle avait écarquillé les yeux à cette annonce, rougissant presque. Il la trouvait jolie, malgré le sang, malgré la violence. Puis de rire quand il s’était plaint de ne pas avoir pu la toucher.

- Tu demanderas gentiment la prochaine fois, peut-être qu’elle se laisse faire.

Sa réponse plus sérieuse la piqua au vif, mais elle préféra essayer de détourner encore le sujet.

- Je dirais moi. Même l’archer a préféré me tirer dessus. Ou alors il trouvait que je ferais une meilleure descente de lit.

La naine essayait de détendre l'atmosphère comme elle pouvait, mais son esprit la ramenait toujours au même point. Elle ne pouvait pas se laisser ronger par la culpabilité, rongée par le stress de le faire souffrir une fois de plus. Une inspiration, une morsure sur sa lèvre inférieure et elle posa sa question, mettant dans la balance un service qui lui devait, et même ça avait un goût amer. Elle avait l’impression de le forcer à parler. 

- Bien sûr, je ne voulais pas te l’imposer tout de suite. Enfin, pas de l’imposer, tout court. En fait, oublie, si tu n’en as pas envie, tu n’es pas obligé à cause d’un stupide service que tu ne me dois même pas.

Elle renifla.

- Je sais que ce que tu as vécu n’est pas simple, même si je ne sais pas de quoi il s’agit. Je serais là. 

Il lui rendit son baiser tendrement, mais ne répondit qu’un simple mot. Il n’avait besoin de rien ajouter, ce simple mot confirmait ce qu’elle ressentait. Elle se laissa juste retomber entre ses bras le temps de rejoindre la sortie. Sa tête la faisait un peu moins souffrir, maintenant tourmenté par la peine qu’elle lui avait donnée. Elle avait ouvert la voie jusqu’au camp, essayant d’aller doucement pour qu’il puisse suivre, jetant des regards pour vérifier que tout allait bien. Sans ajouter un mot. Elle l’avait regardé retirer son armure, un léger sourire qui déformait ses lèvres. C’est comme ça que tout avait commencé entre eux. Un défi, son armure enlevée. Et des incompréhensions.

Ersa s’était penché au-dessus de la blessure, essayant de l’étudier rapidement. Il n’avait pas l’air d'avoir été touché grièvement. Il reprit la parole, et une larme coula sur la joue de la naine, une larme de sang dessina une nouvelle traînée rouge sur sa joue. 

- Oui, nous ne devrions pas traîner au cas où. 

Elle restait concentrée sur la blessure, ne voulant pas lui montrer son nouveau maquillage. Il lui demanda si son ressenti et elle ne put qu’arrêter de respirer. Et pendant qu’elle nettoyait la plaie, il lança un trait d’humour. Son bras dérapa, appuyant sur la blessure. Elle se recula, tombant sur les fesses, le visage triste. Elle lui sauta au cou, pleurant légèrement.

- Vraiment, Lilium, pardonne moi. Je t’ai à peine promis de ne plus te faire souffrir à cause d’elle que je recommence. 

Elle déposa un baiser dans son cou, resta un moment immobile. Avant de reculer.

- Pardon, je gâche encore tout. Ça va, je guéris assez vite. Et je crois que c’est mon premier Oni, et il ne s'est pas lavé les dents. Tu n’es pas jaloux au moins.

Ersa essayé de faire bonne figure. De refaire comme si elle ne s’en voulait pas, mais son ton la trahissait, trop mou, trop triste, même dans sa plaisanterie.

Comme régulièrement ou ils abordent un point important, ils ne se comprenaient pas et cela finissait souvent de la même façon, l’un ou l’autre se renfermait. Cette fois, c’était Arkanon qui n’avait pas répondu. Mais au moins, il n’avait pas essayé de la fuir, à moins que sa blessure l’handicap aussi sur ce point. Puis elle avait fini par craquer, rompre cette distance qui s’était créée entre eux, même inconsciemment, ayant créé une douleur qu’elle ne voulait pas sur sa blessure. Rien n’allait, tout se bousculait dans sa tête et elle ne craignait qu’une chose. Le perdre.

Elle avait cherché un refuge dans ses bras et il lui avait donné, passant ses mains le long de sa chevelure dans un geste tendre qu’elle savourait. Sentant son étreinte qui réchauffait son cœur et ses lèvres contre sa tête. Il lui transmettait ainsi ce qu’il n’arrivait pas à dire. Elle resta à profiter de sa chaleur un instant. Cherchant ses mots, pour pouvoir répondre. Sur le moment, rien ne lui vint, à part ses excuses et répondre à une question qu’elle avait ignorée. 

Et chose qu’il faisait à chaque fois, il prenait la faute sur lui, encore et encore. Cela énerva légèrement la naine. Cette situation était née de sa façon de demander d’en savoir plus, pas qu’il refuse. Elle avait essayé de rentrer dans son jeu quand même, de faire un peu d’humour pour détendre la situation. Et au lieu de s’enfoncer dans son jeu de protection, le drakyn partait sur une explication qui pourrait la satisfaire. Avant de répondre sur sa jalousie. Le sourire d’Ersa revint, à moitié moqueur.

- Tu veux que ce soit une dispute pour que l’on se réconcilie sur l’oreiller, c’est ça ? Nous n’avons pas le temps.

Elle se rapprocha lentement de ses lèvres, s’arrêtant à quelques centimètres de ses lèvres, sentant son souffle contre les siennes.

- Est-ce que je peux te laisser avec cette jalousie ? Peut-être que je m’en voudrais.

Sans plus attendre, elle déposa un baiser sur les lèvres du Drakyn, rempli des sentiments qui l’emplissait. Restant contre son torse un moment, arrêtant le temps juste pour eux deux. Elle se recula, laissant les mains autour de son cou.

- Tu n’as pas à t’excuser de ne pas vouloir me répondre dans une jungle qui veut nous tuer. Je suis assez maladroite aussi. J’aimerais que tu me racontes, mais pas tout de suite, pas si tu n'en as pas envie. Je ne t’en veux pas. N’oublie pas, nous sommes deux solitaires, mais pour des raisons différentes. Le monde m’a toujours mise à l'écart donc c’est normal que je fasse tomber les barrières plus facilement après t’avoir trouvé. Tu t’es toujours mis à l’écart pour protéger les autres. Ce n’est pas après un baiser et un peu plus que tu vas t’ouvrir comme un livre. Je le sais, j’en ai conscience.

Elle s’écarta un peu en souriant.

- Mais tu es à moi, maintenant. Et c’est mon droit de vouloir en savoir plus, de te demander, comme c’est ton droit de me dire non et inversement. Cela ne m'empêchera pas de t'aimer. Jamais. Il ne faut pas que tu l'oublies.

Elle redescendit au niveau de sa blessure. Voulant finir le travail qu’elle avait commencé. Elle s’écarta pour aller dans son sac récupérer un bout de tissu dans une des poches du côté. Finissant de nettoyer la plaie et de la désinfecter à l’alcool. La naine ne put retenir son rire devant le commentaire de sa moitié.

- Tu as raison, je finis de te bander la jambe et nous ferions mieux de décoller. Et oui, vaut mieux que tu me suives, il ne me reste plus beaucoup de provisions. Un vrai repas, un vrai moment, tous les deux, pourraient être sympathiques. Juste comme un vrai couple, loin du berceau. Sans que je ne t’embête.

Elle avait passé le tissu autour de sa jambe sous le pantalon, caressant sa peau au passage pour serrer le bandage autour de sa cuisse. Ensuite, elle commença à remettre le peu d'affaires qu’elle avait sorti de son sac. Détruisant le matelas de feuille qu’elle avait fait. Arkanon reprit la parole, désignant un arbre pour graver un souvenir. Le sourire d’Ersa trahit ses pensées, en même temps que la couleur de ses joues.

- Euh, tant que ce ne sont pas les courbes qu’il a vues. Ça me va. Mais Arkanon, c’est peu commun. Petit Chat serait peut-être plus discret, non ? 

Elle se rapprocha de lui, sortant une dague de son fourreau. La faisant tourner entre ses doigts pour tendre le manche au Drakyn.

- Je te laisse commencer. Après tout, c’est toi qui as commencé la magie avec la musique.

Ersa poursuivrait la gravure, s’adaptant à ce qu’il écrirait, pour finir à l’aider à ranger ses affaires. Il pourrait ensuite quitter ce lieu, à moitié maudit, mais à moitié féerique pour cette petite louve. Elle devrait aussi réfléchir pourquoi cette fameuse louve n’avait rien cherché à faire à Arkanon, celui qu’elle avait détesté et blessé si peu de temps avant.