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Une chasse pour deux... à trois ?
Le bruit de la nature, d’habitude cela apaisait la louve, aujourd’hui cela n’avait aucun n’effet sur aucune des deux parties qui habitait ce qui n’était plus qu’une coquille de noix a la dérive. La pluie tombait inlassablement sur les feuilles de cette jungle, finissant leurs courses sur une tente improvisée protégeant le maigre feu de camp de la chasseuse. La nuit commençait à tomber et son estomac commença à gronder.
Son regard terne passa sur ce camp qu’elle avait monté pour sa mission, près du fleuve qui le traversait à un repère facilement identifiable. C’était pour une mission du berceau qu’elle était venue s’enfoncer dans ce coin qu’elle connaissait bien. Malheureusement pour elle, cette mission n’était pas de celle qui se faisait en solitaire, on lui avait affecté un partenaire, ou c’était elle le second couteau de la mission, à voir. Elle avait juste réussi à négocier d'avoir quelques jours d’avance, pour repérer les lieux, justifiant son expérience et sa connaissance de la jungle pour le faire seule. Seul chose que l’Akkelanak avait bien voulut céder à la petite chasseuse.
À peine trois jours seuls avant d’être rabaissée à nouveau par un des gardiens. Enfin, ils ne la rabaissaient pas tous, ils y en avaient deux qu’elle estimait, mais un seul qu’elle voulait vraiment croisait en mission. Elle souffla quelque mot entre ses dents, jouant de ses doigts pour faire apparaître une flute traversière de glace. Elle souffla légèrement dedans, jouant cette mélodie qui avait changé tant de choses, il y a déjà 1 mois.
Un mois que cette mélodie l’avait attiré à la rencontre de ce musicien pour une soirée hors du commun. Cela faisait aussi un mois qu’elle se battait à l’intérieur pour savoir ce qu’elle ressentait et ce qu’elle avait le droit de ressentir. D’un côté, ce qu’elle ressentait pour ce Drakyn lui était évident, mais la louve ne l’acceptait pas et elle n’arrivait pas à savoir si c’était pour l’homme ou pour le fait d’être à nouveau prise dans cette tempête.
Cela faisait maintenant un mois qu’elle sentait que son esprit se rapprochait d’un point critique, depuis qu’il avait involontairement créé une fracture dans son esprit et qu'elle n’arrivait plus à maintenir cet équilibre entre elle et sa bête intérieure. Est-ce qu’il s’était rendu compte que s’ils ne s’étaient pas recroisés ce n’était pas que par malheur de leur emploi du temps, mais qu’elle l’avait fui, même lorsqu’il avait tenté de jouer cet air, qu’elle était en train de jouer ? Une larme roula sur sa joue dans cette jungle, comme au berceau, son cœur se serrant à l’idée de le fuir à cause d’une volonté qui n’était pas la sienne. Elle avait abandonné l’idée que la louve pourrait la laisser vivre sa vie.
Son estomac gronda, brisant la mélodie et son flux de pensée. Elle baissa doucement son instrument et le serra, la colère montait en elle de ne plus être capitaine à bord de son propre corps. La flûte se brisa entre ses doigts, projetant des éclats de glace autour d’elle. Elle jeta un dernier coup d’œil sur ce qui l’entourait, son lit de fortune, son cartouche ouvert d’où dépasser les croquis qu’elle avait commencé au berceau, ce qu’elle avait pris pour un accord dissimulé, la plupart n’était pas fini, raturées par un accès de rage de la louve. Un seul était à peur près fini, suffisamment reconnaissable d’un drakyn jouant de la flûte devant un oiseau si petit qu’il était difficilement reconnaissable, et enfin son sac de réserve. Rien de ce qu’il contenait ne lui donnait envie, la louve réclamait aussi autre chose, une excitation, une chasse.
Ersa se leva, lentement, déroulant son corps, comme un guerrier retirant symboliquement sa lame de son fourreau. Elle attrapa son arc et ferma les yeux, se concentrant sur son ouïe et son odorat, sentant la louve effleuré son esprit pour influencer cette chasse. Étonnement, les odeurs des prédateurs étaient distants, passé d’il y longtemps, comme s’il ne sentait plus sur leurs territoires. Par contre, certaines créatures pacifiques avaient été plus téméraires, la chasseuse se figea, captant une proie qu’elle qui l’intéressait. Elle rouvrit les yeux, son sourire sauvage déforma son visage. Elle s’élança d’un pas souple, rapide. La pluie dissimulerait une partie du bruit que feraient ses pas, sa main caler ses flèches dans son carquois. L’eau imprégna rapidement ses cheveux, sa tenue, pour qu’elle retrouve la piste qu’elle avait flairée.
Chaque foulée l’a rapproché de son repas, l’éloignait de son renfermement, l’éloignait de sa condition. Elle n’était plus qu’une chasseuse, l’instrument d’un tout plus grand qui avait mené quasiment toute sa vie, elle ne vivait que pour ses moments, même si sa cible du moment n’était qu’un tapir égaré. Son esprit s’était vidé de tous ses tourments, ce moment était la seule façon pour elle et la louve d’être en harmonie.
L’animal arriva enfin dans son champ de vision, la chasseuse stoppa son pas trop rapide. Sortie lentement une flèche et l’encocha. Ersa était encore loin, mais ne voulait pas trop se faciliter la tâche, déjà qu’elle ne voulait pas faire courir sa proie, se retirant le plaisir du jeu, mais ne gâchant pas le goût de la viande. La plume caressa le coin des lèvres de la rousse, geste presque sensuel de cet art qu’elle aime tant.
- Nous nous engageons à observer la loi de la juste chasse et ne prendrons nul gibier acculé.
La corde de l’arc qui claque et tout le tableau change. La vie disparaît d’un coup, volatilisé de la pointe d’une flèche.
- Nous respectons la proie et la remercions de se sacrifier en ton honneur.
L’animal s’était effondré, le tir l’ayant frappé juste derrière sa patte avant, atteignant son cœur avant qu’il ne se rende compte de quoi que ce soit. La chasseuse était restée immobile, finissant son monologue.
- Nous respectons le chasseur implorant ta bénédiction alors qu'il décoche sa flèche.
Cela faisait partie d’un rituel de son esprit malade, sans réellement savoir si cette chasse, si cette lune sanglante faisait partie d’un rêve, de ce monde ou d’un autre. Certain de ses rêves, lui avait soufflé cette prière, et d’autres aussi. Son corps se remit en mouvement pour aller chercher son repas. Elle passa son arc sur son épaule, barrant son torse de la corde avant de sortir sa dague. S'il y avait bien une chose qu’elle ne ferait pas, c’était le ramener entier, déjà, c’était s’encombrer d’un poids inutile sur le retour et pourquoi ne pas jeter tout ce qu’elle ne pourrait pas manger ici, loin de son camp, là où les prédateurs ne viendraient pas la chercher, pour un repas facile.
Elle passa un moment pour dépecer la bête, qu’elle avait accrochée entre deux arbres. Une fois son labeur terminé, la naine prit le chemin inverse. Elle fit un détour pour rejoindre la rivière et laver le sang qui imprégnait une partie de son armure, ses mains et avait laissé des traces sur son visage. La louve la laissait tranquille, heureuse de cette courte partie de chasse.
Elle se pencha au-dessus de l’eau pour essayer de capter une partie de son reflet, même si l’eau qui tombait ne facilitait pas la chose. À part ses yeux sombres, sans éclats, elle n’y arriva pas. C’était peut-être mieux ainsi. Cela faisait un moment qu’elle ne vivait plus vraiment, elle survivait, ayant abandonné sa condition à la volonté de celle qui l’habitait, elle avait presque à nouveau abandonné l’idée d’être pleinement heureuse. Ses joues s’étaient creusées légèrement, son armure avait dû se resserrer sur sa taille.
Au moins, elle n’avait pas retouché à l’alcool depuis ce soir-là. Elle ne put s’empêcher de sourire, son seul moment ou la louve ne grondait pas, ne l’étouffait pas, son esprit repartait toujours dans la même direction. Une fois son nettoyage terminé, elle se leva, récupéra son repas.
Il ne lui restait plus qu’à retourner à son camp de fortune, ou elle préparerait la viande sur une ou deux flèches qui servirait de broche. Peut-être qu’elle rejouerait de la flûte le temps que cela cuise, où peut être qu'elle essayerait de rectifier un des dessins qu'elle avait emmené pendant que l'autre la laissé tranquille. Elle se doutait qu’elle ait peut-être juste le temps de lancer à son compagnon qu’elle n’avait pas besoin d’une baby-sitter. Mais bon, elle verrait bien.
- Choix d'arrivé d'Arka:
- La dernière ligne ne sert qu'à émettre les hypothèse de ce qu'elle ferait, à toi de choisir, si Arka arrive pendant qu'elle chasse et tu sais ce qu'elle te dira avant de te reconnaitre et du coup il aura le temps de fureter dans ses affaires le petit curieux qu'il est (je te donnerai les détails que tu voudra).
Ou il peux arriver pendant la cuisson et a toi de choisir si elle dessine ou si elle joue de la flute, les deux sont se qu'elle pourrait faire sans hésité.
Je pose ça la au cas ou je suis pas dispo sans t'enlever le plaisir de découvrir la réponse
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Seuls des oiseaux vinrent à moi, laissant retomber le silence sur le camp d'entrainement maintenant achevé. George n'était pas là non plus, ne pouvant retenir un soupir de tristesse, sachant que cela ne voulait dire qu'une seule chose. Je donnais cependant mes restes aux autres porteurs de plumes, jetant un oeil vers la porte quand celle-ci s'ouvrit, sans pouvoir contenir l'espoir de voir une petite silhouette apparaitre. Au lieu de cela, ce fut un balai qui jeta de la poussière, avant de disparaitre.Mes épaules s'affaissèrent légèrement, attendant encore quelques heures en regardant les astres de la nuit avant de rejoindre finalement ma chambre .
Parfois dans la journée, je pensais au détour d'un couloir apercevoir celle à la chevelure de feu mais à chaque fois quand je me rapprochais, ce fut l'ombre d'une autre ou mes yeux qui me jouaient des tours. Parfois même, en entendant le bruit de pas très léger, je me surpris à aller voir à qui ils appartenaient, sans succès. Après tout, je lui avais demandé de me faire signe lorsqu'elle serait prête, pourquoi je tentais de la chercher malgré tout ? C'est ainsi que se déroulèrent tous ces levers du soleil, qui parurent bien ternes depuis que j'avais quitté sa chambre.
Une fois allongé dans mon lit,je repassais ce moment dans ma tête , me remémorant cette maladresse de ma part, avant de finalement me tourner pour regarder ce qui trônait sur mon coussin,plié soigneusement. Je ne savais pas comment elle était arrivé dans mes affaires ni a quel moment elle s'était échoué dedans mais, quand je la découvris, j'eus éprouvé un sentiment de joie. Je rapprochais mon visage de ce tissu qui n'était autre que la tunique de la gardienne, la touchant du bout du nez pour ne pas la froisser mais pas seulement.
Puis un matin, je reçus l'ordre de rejoindre une mission se déroulant dans la Jungle. Je ne pus cacher un certain entrain à cette perspective, qui allait peut-être me changer les esprits ne serait-ce un temps. Suffisamment pour qu'à nouveau , elle voudrait me parler qui sait. On me donna une lettre contenant l'emplacement que je devais rejoindre ainsi que l'identité de la personne qui m'attendait. Je l'ouvrais en dehors du Berceau, alors qu'une violente bourrasque emporta le nom et la carte vers une flaque. Quand je les sortis, l'encre s'était brouillé et je ne pus seulement voir la localisation approximative avant que plus rien ne soit lisible.
-Espérons que je le reconnaisse.
Je repris mon chemin, mon grand sac sur le dos, vêtu d'une cape noire et d'une armure tout aussi sombre qui me dissimula entièrement même mes cornes, ayant opté pour une couleur moins voyante qu'a l'accoutumée, compte tenu de l'environnement que je m'apprêtais à rejoindre. Il me fallut quelques jours ,toujours sous une pluie battante, avant de mettre le pied vers cette contrée verdoyante. Je m'enfonçais dans cet univers aussi riche que dense , que ce soit par sa faune et en flore, ne m'étant nourri que de rations de survit depuis mon départ, pour avoir des chances de gagner du temps . En effet, j'avais cru deviner le lieu du rendez vous mais n'étant certains, j'avais préféré me hâter afin que si je me perdais,le soleil serait encore présent.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva, tandis que je longeais le fleuve qui avait été l'un des seuls points de repère que j'avais pu apercevoir avant qu'il me soit impossible de lire ce tas de papiers mouillé maintenant. L'astre du jour se couchait petit à petit et je sentais que les choses allaient se compliquer si jamais je trainais. En plus de ne pas avoir la capacité de voir dans le noir, la torche que j'avais gardé au sec jusque-là me serait vite inutile. Ce fut d'ailleurs des flammes qui attirèrent mon attention un peu plus loin, m'arrêtant un instant pour les observer. Je vis alors un petit camp et l'espoir que j'étais arrivé à destination.
Lentement, je me dirigeais vers cette source de chaleur protégée par un abri, m'immobilisant à nouveau une fois à quelques mètres de celle-ci. Étonnement, il n'y avait personne et puisque je n'étais pas non plus certain qu'il s'agisse du lieu indiqué sur la carte ni d'un terrain ennemi, je restais sur mes gardes. Ne détectant aucun mouvement, je m'avançais vers le centre, scrutant ce qu'il se trouvait ici, sans lâcher mon sac . Il y avait une petite couchette, ainsi que quelques affaires dont des papiers ou plutôt, des dessins qui dépassaient. Intrigué, je m'en rapprochais, en faisant attention que les gouttes d'eau de ma capuche ne s'échouent pas sur les croquis que je pris des bouts de doigts, une fois mon bras sorti de mon manteau sombre.
Ma tête eut un mouvement de recul , surpri parce que ce genre de dessins me rappelait fortement ceux d'Ersa . Ce que je vis par la suite me confirma cette pensée, faisant malgré moi rater un battement, plus encore en voyant ce croquis inachevé de George et moi au Berceau.
Elle m'avait représenté en train de jouer de la flûte ,sans que je ne ressente du tracas de me voir ainsi.En faite, je fixais surtout mon fidèle ami à plumes avec un petit pincement, sachant que je tenais entre mes mains la dernière image que j'aurai de lui. Je me demandais pourquoi, en regardant à nouveau le dessin dans son ensemble, elle avait mis sur feuille ce moment précis, tendant ma dextre vers les autres qui n'étaient pas entièrement blanches.
Je me stoppais dans mon élan, hésitant, ayant vraiment l'impression de fouiller dans des affaires qui ne m'appartenaient pas mais quelque chose en moi me poussa à continuer. J'en sortis un autre où il y avait la jungle de représenter, admirant son coup de crayon fidèle à la nature qui nous entourait. Puis enfin, j'en sortis un raturé, sans pour autant l'être assez pour que je ne m'aperçoive pas que j'y étais représenté, torse nu. De gêne d'être tombé là-dessus, comme s'il s'agissait de quelque chose de très intime, je le rangeais rapidement ainsi que tout le reste, oubliant de les laisser un peu sorti comme je les avais trouvé au départ.
J'avais ressenti qu'à travers ces ratures il y avait de la colère, faisant resurgir ma culpabilité envers elle, encore plus d'avoir regardé ces dessins maintenant. L'esprit brouillé, ayant l'impression que tout ceci n'était pas réel et que je divaguais complétement à force de vouloir la revoir, j'attrapais la couverture posée sur son lit de fortune pour le porter à mon nez, reconnaissant son odeur qui était identique à sa tunique. C'est alors que je reposais brusquement le tissu en faisant grincer le lit, rougissant en imaginant que la gardienne était peut-être dans les parages en train de m'observer. Honteux d'un tel comportement, je m'éloignais, essayant d'apercevoir Ersa dans les environs.
Je n'aurai jamais cru la revoir ainsi , dans une mission. Même si pour le moment elle était absente pour je ne sais quelle raison, elle allait surement revenir d'une minute à l'autre à cause de l'obscurité grandissante. Enfin, je l'espérais, n'osant trouver d'autres hypothèses pour le moment, ne sachant comment je devrais me comporter avec elle ni par quel mot commencer. Après tout,nous étions en mission, tentais-je de me rassurer,je me devais de rester le plus professionnel possible et puis... un flot de question et de doute s'était ajoutées, n'ayant jamais cru un seul instant que nous serions réunis de cette manière, sans que l'un ou l'autre puisse choisir. Une drôle de façon ,certains que les étoiles étaient pour quelque chose.
En regardant les flammes s'affaiblirent et que rien ne semblait vouloir briser le silence ambiant, je décidais de partir chercher du bois, en espérant que cela me permettrait de remettre de l'ordre dans mes idées. Je m'éloignais du camp,attrapant des morceaux de bois épargnés par la pluie, soit parce qu'ils s'étaient retrouvé en dessous de certains autres ou encore sous les énormes racines des arbres à la croissance qui paraissait illimité vu leur hauteur. Une fois que la quantité me parut suffisante, je rebroussais chemin, jusqu'à ce que soudain, j'entendis un bruit vers ma gauche.
Instinctivement, je sortis ma lourde épée d'un geste, qui émit un bruit métallique en se frottant au fourreau, lâchant le bois au sol pour pouvoir empoigner Serrcoeur avec mes deux mains. Je restais silencieux, fixant l'endroit même où il y avait eu le bruit, sans rien détecter pour autant, mes sens en alertes, prêt à agir selon ce qui se présenterait à moi. J'étais paré à toute éventualité,car la Jungle n'était pas connu pour sa faune paisible et l'on ne m'avait pas non plus envoyé ici pour cueillir des fleurs. Je n'avais pas eu tous les détails mais on m'avait fait comprendre que j'allais devoir me servir de mon arme contre des individus pour cette mission qui commençait bien étrangement.
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Une chasse pour deux... à trois ?
La naine avait jeté un dernier coup d’œil à la rivière en s’en éloignant. Pourquoi regrettait l’eau d’une rivière alors qu’elle n’avait qu’à lever les yeux vers le ciel pour la voir tomber dans cette complainte innarrêtable de la nature. Ses pas l’éloignèrent peu à peu du courant pour la replonger dans la jungle. Elle ne pouvait pas amplifier trop son ouïe, trop parasitait par le bruit de l’eau, ses bottes écrasaient les feuilles humides pour retourner à son camp, elle devrait se sécher et faire cuire son butin. Ses pas étaient lents, pas pour la prudence, mais par ce que ses pensées profitaient de l’accalmie dans la tempête de son esprit pour essayer de trouver des mots, de chose qui pourrait justifier le fait d’être devenu un fantôme durant ces dernières semaines. Elle se disait qu’elle réfléchissait pour rien, il avait arrêté de jouer de la flûte, ayant sûrement repris le court de sa vie sans sa petite présence pour une raison ou une autre. Elle secoua la tête, elle devrait lui parler de toute façon, voir s'il avait bien abandonné l’idée de la revoir ou si elle l’avait blessé, quand la louve la laissait tranquille, elle ne voulait pas laisser ses idées s’insinuait dans son esprit, dans son dernier refuge. Et puis un bruit attira son attention, un animal parti de sous un tas de feuilles, à toute vitesse effrayée par quelque chose.
La chasseuse se figea, tendant l’oreille pour entendre un bruit beaucoup plus familier, beaucoup moins encourageant. Un bruit de bois qui tombe, de l’acier que l’on libère. La naine se déplaça rapidement, le plus silencieusement possible pour découvrir un géant, un chevalier en armure sombre qu’elle n’arrivait pas à reconnaître. Était-ce le gardien qui devait l’aider ? Un des fanatiques qu’elle devait traquait ? Qu’une seule façon de le savoir, que ce soit pour avoir des informations, ou qu’il la prenne au sérieux.
Elle jeta le sac contenant la viande dans les buissons ou était l’animal, il était de trois-quarts par rapport à elle. Le son devrait le faire se concentrer encore un peu plus. Le malheureux n’avait pas l’air d’être à l’aise avec l’obscurité. Contrairement à elle.
Elle sauta de derrière les buissons, donnant toute sa vitesse (P2) pour rejoindre le chevalier, elle frappa ses poignets de ses deux mains pour qu’il lâche son épée, avant de se glisser comme un félin en chasse sur le côté (Agilité p2) et lui asséner un coup du renfort de sa botte dans l’intérieur du genou pour qu’il perde en hauteur. Ersa sorti une de ses dagues avant de lui sauter sur le dos, la pointe de la lame trouva une des failles sous le casque pour atteindre la peau du chasseur devenu proie.
- Alors qui es-tu venu chasser dans cette jungle ? Parle tout de suite ou…
La main de la chasseuse fit glisser capuche et sa voix dérapa. L’assurance de la chasseuse s’était complètement envolée, remplacé par la gêne, le doute et le regret.
- Ar… Kanon ?!
Elle lâcha son arme qui tomba contre son armure dans un bruit de métal avant de tomber au sol. Elle se laissa glisser au sol. Sans un mot, elle ramassa sa dague et l’épée du géant pour lui tendre dans un léger sourire timide.
- Euh… Pardon… Je ne m’attendais… Pas… Enfin tu as vu.
Elle partit aussitôt pour récupérer le sac qui avait servi de diversion. Il avait récupéré le bois et elle commença a repartir vers son camp de fortune, oubliant bien trop vite qu’Arkanon ne voyait plus rien dans cette jungle. Elle fit demi-tour, se rapprocha de lui avant de lui attraper une main.
- Laisse-moi te guider, nous irons plus vite.
L’estomac de la rousse gronda son mécontentement face à ce retard. Elle le guida, lui indiquant les racines à éviter sans jamais utiliser plus de trois mots. Et bientôt, la lueur de son petit feu vint éclairer les feuilles de la jungle. Elle le voyait vacillé, évidemment, elle n’avait pas prévu une réserve de bois conséquente avant de partir en chasse. Si Arkanon en ramenait, c’était qu’il avait dû trouver son camp et du voir sa faible réserve. Elle l’aida à s’installer et s’assit près du feu. Elle prépara une espèce de support ou elle pouvait installer quatre flèches transformées en brochettes pour l’occasion.
Ersa mit un moment à sortir de son mutisme. Il avait dû remarquer ses lèvres qui bougeait toutes seules, sans qu’aucun son ne sorte, comme si elle essayait de se convaincre toute seule de parler. Ou si elle n’arrivait pas à insuffler assez de forces à ses mots pour qu’ils soient audibles. Son regard ne quittait pas les flammes, comme si elle n’avait toujours pas compris qu’il était là, au lieu de s’enfermer dans son esprit. Parfois, elle arrêtait ses mots silencieux pour se mordre la lèvre.
Enfin, son regard se décala vers le cartouche contenant ses croquis, quelque chose avait changé, mais quoi ? Ses yeux verts ternes se posèrent enfin sur le Drakyn qui avait hanté ses nuits dernièrement, en bien et en mal. Elle espérait qu’il n’arriverait pas à lire ce qui la tracassait dans son regard, le regret de l’avoir fait souffrir, l’abandon de ses principes, sa presque rechute.
- Ça fait plaisir de te revoir.
La viande crépitée au-dessus du feu, faisant planer une odeur qui ouvrait l’appétit de la rouquine, même si un nœud avait commencé à se former dans son estomac.
- Enfin, si tu veux bien me croire.
Elle avait tellement imaginé de choses qu’elle ne savait plus à quoi s’attendre. Elle avait tant espéré arriver à se dépatouiller de la louve par rapport à lui, qu’elle espérait juste ne pas lui avoir trop donnée de désillusion quand elle n’avait finalement pas réussi.
Quand la viande commença à prendre une teinte qui indiquait la cuisson qu’aimait la louve. Ersa tendit la main pour récupérer la flèche par la pointe. Elle retira aussitôt ses doigts sous la morsure du métal chaud. Elle grogna.
- Quelle conne.
Elle ressaisit la flèche en évitant la partie brûlante, attrapant le bois chaud, mais supportable. Elle dégagea la brochette improvisée pour la tendre au Drakyn en essayant d’arborer un sourire même timide.
- Si tu aimes ta viande saignante… Pardon, j’avais… oublié.
Elle retira sa main, l’air triste avant de trouver une solution. Elle mordit dans le premier morceau de viande avant de lui retendre la brochette essayant de garde le même sourire qu’ultérieurement sur le visage, un peu de sang s’écoulait de sa bouche.
- Il faut que tu es encore confiance en moi.
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Était-ce la fatigue de ces journées de voyage qui m'avaient rendu aussi facile à neutraliser, ou bien de savoir que la gardienne était dans les parages et que je n'aurai jamais osé tenté quoi que ce soit qui risque de la blesser sans en avoir le coeur net? Maintenant en mauvaise posture, je sentis quelqu'un de léger s'agripper à mon dos sans que je ne puisse faire quoi que ce soit contre cette vélocité, une lame frôlant mes écailles dans un interstice de mon casque. Est-ce que ça pouvait être elle ? Un doute qui allait peut-être me couter la vie, n'osant bouger ni même parler, me demandant si tout allait se finir sans que je la revois, dans le noir le plus total.
Mes muscles se décontractèrent aussitôt que j'entendis sa voix, bien qu'elle fût non amicale. Je la laissais enlever ma capuche pour qu'elle découvre qui se trouvait dessous, sentant mes battements s'accélérer en craignant que sa réaction soit plutôt négative quand elle constaterait que ce n'était que moi. Au lieu de ça, elle avait dit mon nom avec gène, laissant sur le coup son arme rebondir sur mon armure, jusqu'à retrouver le sol comme ses pieds. Je me relevais en massant rapidement mes poignets pour ensuite lui faire face, la regardant ou enfin, devinant ses traits, immobile. Je tendis mon bras avec un peu de retard lorsqu'elle me rendit mon arme, la rangeant derrière mon dos.
-Ce n'est rien Ersa...Tu as réagi comme il le faudrait.
Contrairement à moi qui ne m'étais pas défendu juste pour un doute qui s'était avéré vrai. C'était presque rassurant de voir , comment elle s'était bien débrouillé en présence d'un danger. Je ne sus quoi dire ensuite, l'entendant s'éloigner , comprenant qu'elle voulait revenir au camp. Je ramassais comme je pus les morceaux de bois qui ne s'étaient pas éparpillé bien loin de moi, me rendant compte en me relevant que je ne savais plus où se trouvait la source de chaleur qui allait finir par s'éteindre si nous ne le nourrissons pas. Au moment où je voulus appeler Ersa, tout en éloignant une branche, je sentis sa main attraper la mienne.
-Oh euh..volontiers.
Dis-je surpris, ne m'étant pas attendu à un contact entre nous aussi rapidement,encore moins avec de la douceur.Après tout, en y repensant, c'était peut-être normal vu ce qui s'était passé ou tout simplement banal. Je la suivis en écoutant ses indications, croyant entendre son ventre crier famine à quelques reprises.Je profitais de ce moment ,qui pouvait sembler insignifiant mais qui pour moi, était une balade main dans la main des plus agréable. Le lien fut rompu dès que nous étions arrivé au camp, déposant les branches près du feu pour que la chaleur les sèches un peu plus avant que nous l'alimentons à nouveau.
Je posais mon sac non loin,sortant un tissu pour l'étendre au sol afin que l'humidité ne touche pas le lit d'appoint que je déroulais avec l'aide D'Ersa, bien plus grand et confortable que le sien, c'était indéniable. Je n'avais pas pris celui que l'on nous fournissait au Berceau ,ayant acheté de mon côté un bien meilleur équipement, car je pouvais me le permettre. Je sentis comme une pointe de culpabilité vis-à-vis d'elle tandis que je l'avais remercié, me disant que l'on inverserait le moment venu,histoire qu'elle puisse bien se reposer, elle qui était là depuis plusieurs jours visiblement.
-Merci.
Je la rejoignis près du feu où elle était restée silencieuse, m'installant juste à côté d'elle sans parvenir moi aussi à sortir le moindre mot. Je regardais à tour de rôle ce qu'elle préparait puis son visage, remarquant qu'elle avait maigris malgré les taches de sang éparpillé sur elle . Cela me fit un pincement au coeur, me demandant si son état ne s'était pas empiré depuis la dernière que l'on s'était vu, ne voyant aucun signe démontrant le contraire. Puis voir ses lèvres qui n'émettaient aucun son alors qu'elles bougeaient, m'avait interdit d'entamer la discussion, sentant qu'il lui fallait un peu de temps encore.
Je fixais ensuite à mon tour les flammes, sans savoir quoi faire,car elle s'était déjà occupée de faire cuire de la viande,jusqu'à ce qu'elle détourne le regard vers ses croquis. Je me demandais si elle avait remarqué ou bien deviné que j'avais jeté un oeil dessus, grattant l'arrière de l'une de mes cornes avec une certaine inquiétude. Mais ses émeraudes bien plus ternes qu'avant, en se posant sur mes cyans, m'avaient quelque peu perdu un bref instant, ne sachant exactement ce qu'ils exprimaient tant cela paraissait complexe .
Je fus touché par ses mots qu'elle m'adressa, ne m'attendant pas à un tel aveu qui était entièrement partagé. Mais le doute la rongeait, celui que je ne la croyais pas, en lien avec le temps qui s'était passé certainement. Même s'il aurait fallu que j'attende encore des lunes, je croyais en elle. Le temps n'était pas une donnée pour moi qui devait tout remettre en cause. J'avais beau senti au plus profond de moi l'envie de la revoir, j'aurai accepté que les jours défilent encore et encore.
-Moi aussi ça me fait plaisir de te voir. Je ne pus m'empêcher de reprendre en insinuant sans le vouloir que je n'étais pas au courant au départ que j'allai devoir effectuer cette mission avec elle:-Je dois t'avouer que j'ai été agréablement surpris de voir que tu étais ma partenaire pour cette mission en arrivant ici.
Bien entendu elle l'aurait certainement deviné avant même ma réponse, surtout en voyant comment je la regardais, que j'étais ravi plus qu'autre chose, oubliant totalement les brochettes contrairement à la gardienne qui reporta son attention sur elles. Heureusement, car elles avaient fini de cuire. Quand elle prit la pointe en oubliant qu'elle devait être bouillante, elle râla en s'insultant, ne pouvant m'empêcher de mon côté de sourire, la trouvant plus mignonne qu'autre chose . Comme la regarder s'occuper du diner, rien que pour tous les deux. Enfin, je ne comptais pas manger mais en la voyant tendre la flèche, je ne pus me résoudre à faire autrement, surtout avec son sourire.
-Merci , il ne fallait pas ....
Étrangement, elle se ravisa, comme si elle se souvenait de quelque chose. Je fronçais légèrement les sourcils,intrigué, jusqu'à ce qu'elle morde dans l'un des morceaux de viande avant de me tendre le reste. Cela me fit quelque chose qu'elle eut ce geste attentionné, s'étant rappelé mon problème pour ingérer quoi que ce soit. Je pris la brochette en frôlant ses doigts, ce qui me rappela ces moments avec la bouteille que nous avions bu chacun notre tour. De ma main libre, j'attrapais les quelques gouttes qui s'écoulaient de ses lèvres avec mon index. Puis quand elle me demanda de lui faire confiance à nouveau, sans faire attention, je repris le même mot qu'elle m'avait dit dans sa chambre, dans d'autres circonstances.
-Toujours. Dis-je sincère, ajoutant:-IL n' y a aucune raison pour que cela change.
Je portais ensuite mon doigt à ma bouche d'un geste naturel, avant de me rendre compte que c'était peut-être déplacé, penchant soudainement ma tête vers ce qu'elle m'avait donné pour éviter qu'elle ne remarque ma gêne . J'attendis qu'elle se serve, sans détacher mon regard de là ou elle avait mordu, comme intimidé de poser ma bouche là ou la sienne s'était posé, repensant à ces baisers dans sa chambre. Je déglutis puis avec hésitation, je la regardais en lui disant, avec un semblant de courage:
-Bon appétit Ersa.
J'arrachais un morceau de chair bien juteux, sans plus d'hésitation contrairement lorsque j'étais seul, comme si ma crainte s'était dissoute par bien d'autres choses plus importantes. Cela m'avait même rendu l'appétit, ne laissant plus rien sur la flèche que je plantais doucement dans le sol une fois finie. Je regardais Ersa ,profitant de ce que les astres m'avaient accordé en nous réunissant une nouvelle fois. Me sentant un peu idiot d'attendre comme ça, je m'étais resaisis, attrapant ma gourde d'eau dans mon sac en me penchant ainsi qu'une petite étoffe. J'humidifiais le tissu puis quand je vis qu'elle avait fini une brochette, je le posais sur son visage en me rapprochant d'elle, afin de lui enlever les traces de sang en frottant doucement:
-Le rouge te va bien mais tu es plus jolie au naturel.
Dis-je ne souriant, la taquinant afin qu'elle voit que ce n'était pas parce que nous étions en face l'un de l'autre qu'elle me devait des explications ni que j'allais l'embêter avec cette absence.Autant que nous profitions de cette soirée car je supposais que nous allions agir dès le lendemain pour la mission. J'enlevais les dernières taches écarlates sans détacher mes cyans de sa peau clair, écartant mon bras lorsque j'eus fini, satisfait. Je sentis que quelque chose m'empêchait de m'éloigner, c'était même tout le contraire. Mais la peur de tout gâcher à nouveau m'étreignit, me penchant en avant pour déposer un baiser sur sa joue avant de me relever , pour éviter que je ne m'égare ou encore, de croiser son regard courroucé.
J'étais parti chercher quelque chose en particulier dans une sacoche, sortant de bâtonnets entourés de miel. Mais en restant en contact , ils s'étaient soudés. Je m'asseyais à nouveau à côté de la gardienne, approchant ce qui nous servirait de dessert vers le feu afin de faire fondre doucement ce délice sucré qui provenait de mes propres ruches. Bien sûr, je m'abstiendrais de lui dire, trouvant cette information bien futile, comme beaucoup d'autres me concernant. Je fis pivoter les bâtonnets qui finirent par se détacher,toujours lié cependant par des filaments de miel :
-J'espère que tu vas aimer. Par contre, il faut faire attention, ça colle. Je lui tendis le bâtonnet:-Cela fait combien de jour que tu es ici ? Ah oui euh je m'excuse d'être arrivé si tard, j'ai eu un problème de carte.
Je pointais de mon index un amas de papiers mouillé laissé sous la pluie car ils n'étaient plus d'aucune utilité. Je préférai lui épargner les détails , ne désirant pas mettre en avant ma maladresse ainsi que mon sens de l'orientation approximatif. Étrangement, quand il s'agissait d'endroit difficile à trouver je m'y rendais sans encombre mais dès qu'il s'agissait d'un point impossible à manquer, c'était une toute autre histoire. Je croquais le batonnet, laissant le gout de miel envahir mon palai en fermant les yeux quelques secondes pensif.
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Une chasse pour deux... à Trois ?
Il avait juste rangé son arme, lui disant qu’elle avait bien agi. Elle avait hésité à lui dire qu’il devrait s’entraîner, qu’elle aurait plus le tuer sans qu’il ne se soit défendu, est ce qu’il s’était laissé faire ? Est-ce qu’il savait qu’elle était là et se laisser faire ? Ce ne serait même pas le plus étonnant de la part du Drakyn. Limite, elle aurait préféré qu’il la frappe pour se défendre, et qu’elle puisse ressentir quelque chose la rendant plus vivante. Il s’était laissé faire, guidé au son de la voix de la petite chasseuse, jusqu’à la promesse de chaleur que projette la lueur. Elle l’aida à installer de quoi dormir et l’idée de s’allonger dessus, dans cet appel au confort, mais elle ne le ferait pas. Peut-être parce qu’elle l’avait vu jeter un œil sur son lit de feuille humide, elle n’avait pas besoin de confort.
Au bout d’un moment, un long moment à essayer de trouver quoi dire, trouver quelque chose pour briser le silence qu’elle avait elle-même imposé, sa voix plana dans la forêt, lançant cet aveu aussi banal que quasi-inutile, le Drakyn ne croirait sûrement pas après l’avoir évité pendant un mois entier. Mais il balaya ce qu’elle avait imaginé en lui répondant avec plus que de la politesse, ajoutant qu’il avait été surpris de voir que le camp était à elle. Son regard dériva sur le camp, essayant de voir ce qui avait pu la trahir. Le lit qui n’était pas assez grand pour beaucoup d'autres gardiens ?
Est ce que cela avait une importance, pas vraiment, ils étaient réunis et il en était heureux. Cela suffisait à réchauffer le cœur de la naine. Évidemment, il avait souri face à cette inattention, enfin si, elle voulait tendre les plumes de la flèche vers Arkanon pour que ce soit plus simple pour lui. Mais est ce qu’il souriait seulement pour ça, elle n’avait pas l’impression.
Autant ce n’était pas le premier contact de la soirée, autant, c’est celui-là qui envoya quelques frissons sur sa peau, rappelant le moment avant qu’elle ne brise tout. Un autre frisson parcourut son corps entier cette fois, quand il passa son doigt au bord des lèvres de la rousse. Elle avait douté de la confiance qu’il lui accordait, avec raison, elle l’avait abandonné sans raison, mais à nouveau, il balaya ses doutes, d’un mot. Un mot qui n’aurait pu n’avoir aucun poids particulier, mais celui-ci avait un écho particulier, un moment savoureux, le calme avant la tempête. Elle ferma les yeux, essayant presque de se rappeler de ses mains qui passaient sur sa peau. Mais chassa cette idée, de peur que cela réveille la bête endormie.
Est-ce qu’il jouait avec elle ? Avait choisi ce mot exprès pour ôter ses doutes ? Maladroitement ?
Ersa vit du coin de l’œil qu’il lécha son doigt, elle ne put retenir un léger sourire en se penchant pour ramasser sa brochette. Il regardait la brochette, elle ne fit pas de commentaire, se disant que sa peur serait peut-être plus forte qu’une simple bouchée prise par la naine.
- Toi aussi.
Elle n’arrivait pas à sortir plus que des bribes de phrases, alors qu’elle aurait voulu dire tant de choses. Avant qu’elle ne finisse son premier morceau de viande que le Drakyn avait dévoré la moitié de sa brochette, toute peur envolée. Son petit sourire tordit légèrement le coin de ses lèvres. Il la laissa finir sa brochette en la regardant, elle faisait mine de ne pas y prêter attention, appréciant ce geste, puis il sortit un tissu humide et se rapprocha d’elle. Il nettoya lentement son visage, enlevant le sang qu’elle n’avait qu’étaler.
Elle ne put s'empêcher de rougir à ce compliment. Même si son esprit doutait, qu’elle ne voulait pas vraiment penser à tout ça, la pensée qu’il la trouvait jolie lui importait bien plus que cela n’aurait dit. Elle profita de ce contact pour lui souffler.
- Merci...
Il baissa son bras et ne s’éloigna pas dans un premier temps, Ersa voulut se rapprocher, mais il déposa un baiser sur sa joue avant de s’enfuir. Elle suit ses mouvements du regard en passant délicatement sa main sur sa joue, comme si le contact pouvait lui retirer le picotement de sa peau. Son visage était passé au rouge et un léger sourire idiot, c’était posé sur ses lèvres. Elle le regarda décoller les bâtons au-dessus des flammes, l’odeur qui s’en dégageait arrivait jusqu’au nez de la louve. Elle attrapa le bâton que lui tendait Arkanon et tira pour rompre les fils de miels qui liaient encore les deux bâtons.
- Merci, Tu as pensé au dessert de notre repas.
Un petit sourire illumina son visage quelques instants, pendant qu’elle admirait toujours les flammes. Une vague de froid la traversa, son armure était toujours trempée, s’égouttait lentement, trop lentement pour qu’elle se réchauffe. Elle plongea le bâton entre ses lèvres, jouant avec le miel qui collait ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle croque dans la friandise et essaie de décoller sa bouche.
- Cela fait trois jours, environ. C’est ce que j’ai demandé au Chef pour faire un peu de repérage. Et puis cela fait du bien d’être en pleine nature. Et ,e t'en fait pas tu es arrivé entier c'est tout ce qui compte.
Elle recommença son manège avec la friandise, n’acceptant pas de simplement croquer dedans. Elle s’étira longuement avant de descendre ses mains sur ses bottes, me retirant et les posant à l’envers sur deux des supports préalablement décalés. L’eau qui s’en écoulait mit un moment à arrêter son goutte-à-goutte trop régulier. Elle se leva pour se diriger près de son sac.
- Ne regarde pas, s’il te plait.
Sa voix était assez triste, honteuse. Elle défit les sangles de son armure pour la retirer lentement, la laissant tomber au sol dans le bruit caractéristique du cuir et de l’acier. Elle fit glisser sa tunique aussi, tournant le dos au Drakyn sans vérifier qu’il ne regardait pas. Elle espérait que non, il avait déjà vu sa peau si pâle, l’avait déjà caressé de ses mains chaudes, mais elle avait l’impression que c’était une autre vie. Aujourd'hui, il pourrait voir quasiment chaque muscle roulait sous sa peau, une plue grande partie des angles osseux de son corps. Ne parlons pas de ses côtes quand elle passa la tunique au-dessus de sa tête en essayant de ne pas mettre de la friandise partout.
Elle enfila une tunique épaisse sèche et attrapa sa cape pour la nouer autour de son cou. La chasseuse attrapa son épée bâtarde qu’elle vint planter dans le sol près du feu avant de poser un autre bout de bois et de le fixer contre le pommeau, soutenue par la garde. Elle posa son vêtement humide et installa son armure sur son arme, la faisant s'égoutter. Elle retourna s'asseoir en récupérant le cartouche qui contenait ses dessins. Elle s’était délibérément installée juste à côté du Drakyn.
- Désolé de t’avoir infligé ça.
On pouvait voir que son vêtement flottait, que ses clavicules ressortaient plus qu’avant. La naine avait honte devant cet homme en particulier. Ses doigts jouaient sur le cylindre.
- Arkanon… Je….
Elle prit une inspiration, rassemblant son courage.
- Je suis …
Elle soupira, n’y arrivant tout simplement pas.
- Désolante.
Elle plongea sa main dedans. Elle tira les feuilles pour tomber directement sur celle ou il était torse nu. Son visage tourna complètement au rouge, elle ne l’avait pas oublié, mais ne pensait pas qu’il sortirait en premier devant lui. Elle le rangea rapidement avant de se figer. Est ce qu’elle avait le courage d’aller jusqu’au bout. Ce n’était qu’un dessin après tout. Elle tira celui où il était en armure, jouant de la flûte. Ersa lui tendit en détournant la tête.
- Tiens, je devrais t’offrir quelque chose que je n’ai jamais offert à quelqu'un je crois, en espérant que tu ne trouves pas cela douteux. Tu m’as dit que tu n'étais pas très à l'aise à l’idée d’avoir une image de toi. Même si ce n’est pas très ressemblant.
Elle ramena ses jambes contre sa poitrine et posa son menton sur ses genoux, n’osant plus le regarder.
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Cela me fit plaisir de la voir prendre volontiers ce dessert improvisé que je lui tendais, voyant ce sourire que j'appréciais tant envahir son visage. Je m'apprêtais à croquer une seconde fois dans la friandise,quand je me mis à observer en train de d'apprécier la sienne,mais pas de la même manière. Je restais là, immobile, les dents posées sur mon bâtonnet de miel, sans pouvoir détacher mon regard de sa bouche, déboussolé, jusqu'à ce qu'elle réponde à ma question. Je faillis avaler de travers le morceau que j'avais pris par réflexe, posant mes cyans ailleurs.
-Je..je comprends. Dis-je encore confus:-C'est vrai que c'est agréable...enfin je veux dire la nature.Me justifiais-je , comme si elle aurait pu penser autre chose. Je reposais mon attention sur elle, avec un sourire lumineux :-Je suis heureux que tu le sois aussi.
Puis à nouveau,je fus déconcentré, lâchant un soupir avant de me ressaisir, m'obligeant à m'occuper de ce qu'il y avait dans ma main plutôt que laisser ces pensées dérivées plus encore. Je finis assez vite la friandise, léchant mes doigts alors qu'Ersa enleva ses bottes afin de laisser l'eau s'échapper. En la regardant, je pris conscience qu'elle était en fait toute trempée, me demandant depuis combien de temps elle l'était. C'est alors qu'elle me demanda après s'être mise débout, de détourner le regard.
Je fis ce qu'elle me demanda, sans même poser de question,comprenant qu'elle voulait surement se changer, sans vraiment comprendre cette intonation. Je me levais à mon tour pour prendre du bois et le poser dans les flammes afin de m'occuper le temps qu'elle finisse, sentant le besoin de tourner ma tête. Non pas pour des raisons déplacées, mais pour m'enlever un doute qui était lié à sa voix triste. Discrètement, je jetais un oeil, longeant son corps amaigri,qui souleva cette inquiétude que j'avais eu vis-à-vis d'elle plus tôt. Je détournais mes orbes, regardant les flammes s'élever comme cette peur, celle n'allait pas bien.
Pendant qu'elle était surement en train d'étendre ses habits, je m'étais assis, remuant les braises doucement , pensif. Cette sensation, celle d'être impuissant face à un pétale de rose qui fanait, me gagna de plus en plus. Je me demandais comment je pouvais faire pour l'aider, ne serait-ce un peu, sans parvenir à trouver la moindre réponse. Je cessais de penser à cela lorsqu'elle s'installa à côté de moi, n'osant sur le coup de la regarder, pour qu'elle ne lise pas l'inquiétude dans mes yeux. Mais ce qu'elle me dit me fit faire le contraire, offrant à nouveau à mes cyans ce que j'avais constaté par moi-même , sur l'ensemble de sa silhouette.
-Tu n'as pas à l'être.
Dis-je face à ses excuses qu'elle ne devrait pas me présenter. Si cet éloignement lui avait permis de l'aider, de quelle manière que ce soit, alors c'était nécessaire. Puis cela m'avait permis aussi de remarquer que je m'étais comporté étrangement aussi. En plus d'avoir espéré l'apercevoir au détour de chaque couloir, j'avais demandé à plusieurs reprises la liste des gardiens présents au Berceau, pour savoir si Ersa était toujours là. Avec soulagement , ce fut à chaque fois le cas, me trouvant à chaque fois ridicule de penser qu'elle partirait comme ça.
Elle tenta ensuite de me dire quelque chose, tout en faisant rouler le tube contenant ses dessins entre ses petits doigts. Je ne pus m'empêcher de la regarder tendrement en la voyant ainsi chercher ses mots, sans y parvenir toutefois. Au lieu de cela, elle se dénigra, ouvrant finalement le cartouche, le dessin ou je n'étais pas complétement vêtu glissant le premier. Je souriais en voyant sa réaction, ayant l'avantage de ne pas avoir eu la surprise qui m'aurait certainement fait réagir tout autrement.
Par contre je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle m'en offre un, me rappelant le gain que j'avais demandé si jamais j'avais gagné l'exercice au camp. Il s'était peut-être passé un mois, mais là tout de suite, j'avais l'impression que ce n'était pas le cas, attrapant le dessin , celui qui représentait les premières secondes ou elle m'avait aperçu. Le fait qu'elle ait voulu me le donner apporté une toute autre dimension encore, sentant qu'il y avait quelque chose de symbolique de dessiné dessus. Je l'enroulais pour le poser sur mes jambes, murmurant:
-Il est magnifique.Merci beaucoup .
J'encerclais son dos de mon bras, pour la rapprocher de moi, posant ma tête sur la sienne, tout en fermant les yeux. Après ce bref instant, ma main libre se posa sous son menton pour que son visage se lève vers le mien. J'écartais quelques mèches de cheveux , délicatement, caressant son visage sans me détacher de ses émeraudes qui me rappelaient l'environnement qui nous entourait. Je ne trouvais pas encore les mots pour lui exprimer ce que je ressentais, laissant planer un silence de surface, sentant mon coeur battre de plus en plus fort à l'intérieur de moi.
-Tu m'as tellement manqué Ersa.
J'approchais mon visage du sien lentement, jusqu'à ce que mes lèvres touchent les siennes, pour lui offrir un baiser. Le premier que j'avais vraiment donné à quelqu'un, taisant cette vérité en le prolongeant avec tendresse, sentant des frissons se diffuser sur tout mon être. Je reculais mon visage , rompant non sans difficulté ce lien, la respiration légèrement saccadée par ce qui venait de se passer. Me rappelant la tempête qu'avait eu lieu à la suite de ce même rapprochement, je scrutais ses traits, pour y déceler la moindre expression négative en disant, désolé:
-Je m'excuse...je sais que ce n'est pas facile pour toi...Je caressais à nouveau son visage, avant d'enlever mes mains doucement pour prendre le dessin:-Je ne voudrais pas qu'elle se mette en colère. Dis-je en culpabilisant de m'être laissé aller ainsi alors que , peut-être,elle était pas prête. Je me levais, ajoutant encore plus confus en réalisant ce que j'avais fait:-Je vais aller me..débarbouiller à la rivière, je reviens.
Dis-je en posant ce qu'elle m'avait offert sur mon lit,enlevant ensuite mon manteau, le posant sur une branche qui était à l'abri, faisant de même avec mes bottes. Je me demandais ce qu'il me prenait, de partir comme ça,sentant que quelque chose me faisait peur. Était-ce cette preuve flagrante de mon attachement à Ersa ? Ou la peur de la blesser en me laissant emporter ? Mes pieds ,au contact du sol humide, ne suffire pas à me détendre, me dirigeant après avoir lancé un regard sur celle que j'avais embrassée, dans l'obscurité sans prendre la moindre source de lumière avec moi, rapidement guidé par le son de l'eau.
Mais ne pouvant évaluer vraiment la distance par ce manque de vision et de concentration, je m'étais avancé de trop, me retrouvant les genoux dans l'eau. Je décidais alors de me déshabiller,jetant mes vêtements dans des fougères, me disant que de toute manière, cela ne me ferait pas du mal, ayant marché toute la journée. Je plongeais alors dans l'eau, en espérant que sa fraicheur m'enlèverait ces doutes et m'aiderait à y voir plus clair. Je remarquais cependant en remontant à la surface que je n'étais plus au même endroit, m'étant laissé porté par le courant plus que je ne l'aurai pensé. Je nageais alors dans le sens contraire, espérant trouver ma tunique comme point de repère, avançant lentement, m'aidant de quelques racines qui se trouvaient sur mon chemin.
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Une chasse pour deux... à trois ?
Il ne parlait pas de sa disparition, comme s’il n’en portait aucune importance, pas comme si elle ne lui avait pas manqué, mais comme si ce moment avait balayé son comportement. Il avait semblé perturbé en lui répondant, est ce qu’il prenait mal le fait qu’elle a demandé à partir seule en avance. Le sourire qu’il lui offrit l’aida à se concentrer, a trouvé un peu de courage pour aller se changer, essayer de se réchauffer, mais potentiellement exhibé son corps amaigri. Même si elle n’avait jamais vraiment fait attention à son corps, cela n’avait jamais été sa priorité, mais elle avait une peur irrationnelle de le dégoûter, elle avait honte de son état. Honte d’avoir presque arrêté de se battre.
Elle était retournée s’asseoir à ses côtés, la naine sentie que quelque chose le dérangeait et ne put s’empêcher de s’excuser. Il avait dû voir ce qu’elle redoutait. Elle pensait que ses excuses donneraient lieu à un déluge de question, mais il reposa juste son regard sur elle. Elle frissonna sous le cyan qui la détaillait à nouveau. Au lieu de l’embarrasser, il balaya ses excuses.
Elle ne savait pas quoi penser de lui, à chaque fois qu’elle pensait qu’il la détesterait, qu’elle était à côté de la plaque, qu’elle le blessait. Il ne disait rien, il acceptait. Est-ce que c’était dans sa nature ? Juste avec elle ? Pourquoi cela l’importait, elle savait qu’il ne se passerait rien, la louve l’en empêcherai, comme à chaque fois qu’elle avait voulu le revoir après son départ, ou qu’elle avait voulut le représenter.
Étonnement, il n’avait pas relevé, que ce soit son manque de courage, son tact ou sa réaction sur le dessin. Elle trouva le courage et lui offrit quelque chose qu’il avait demandé sans vraiment s’y attendre. Elle espérait que cela lui ferait plaisir, alors qu’il lui avait dit qu’il ne serait pas trop à l’aise de se voir en dessin. Son regard se perdait dans les flammes, l’admirant presque de sa vision périphérique pendant qu'il scrutait le dessin. Il avait fini par l’enrouler et la remercier. Les mots était dit si bas qu’elle aurait pus les ratés, couverts par le bruit de la pluie qui tombait sur la bâche. Le genre de moment qui se frayait un chemin jusqu’à son cœur.
Il l’attrapa pour la serrer contre lui, elle sentit le poids sa tête contre la sienne. Elle se pelotonna contre lui, cherchant sa proximité, puis il libéra son visage pour le contempler, pris dans ses yeux qui reflétaient un feu intérieur, pas celui de la louve, pas la lueur dorée qu’il avait déjà vu. Ses doigts passaient sur la peau blanche de la rousse avide de son contact. Dans un silence qu’elle n’osait pas briser de peur qu’il la fuit encore.
Le rythme de son cœur s’emballa à ses mots, emplit de sincérité, d’autre chose. Et ce rythme s’intensifia, comme s’il était prêt à lâcher. Leurs lèvres se rencontrèrent et elle ne bougea pas sous la surprise de ce moment, profitant juste de la tendresse qui lui communiquait le géant. Un frisson remonta le long de son échine, son esprit partait dans tous les sens, mais s’empêchant de céder à ses pulsions par peur de réveiller l’autre habitant de son esprit. Quand il se recula, elle sentit un froid parcourir ses lèvres, geler une partie de son cerveau. Elle aurait voulu que cela continue, mais c’était l’expression de son visage qui la figea sur place.
Elle ne répondit pas à ses excuses qui lui brisaient le cœur. Même s’il avait raison, en partie. Elle ne savait quoi, répondre, la louve ne se réveillait pas. Était-ce parce qu’elle était réellement repue de cette chasse, ou qu’elle voulait bien lui laisser la soirée. Elle l’avait empêché de le revoir, en vain, pour que la naine ne ressente plus ce qui l’avait conduit à tomber dans l’alcool. Mais ne pouvoir connaître à nouveau ce sentiment, la refit presque tomber au même niveau. Ersa ne faisait que le strict minimum pour survivre, elle mangeait ce qu’on lui servait, ne cherchait pus aucun des petits plaisirs de la vie, elle ne faisait que ce qu’il fallait pour convenir à la louve et ne plus rien éprouver.
Il se leva, et prit la fuite encore une fois. Elle se recroquevilla, ne trouvant pas la force de le retenir. Ersa ne bougea pas, telle une statue de cire, se retenant de se mettre à pleurer, essayant de tenir un masque neutre le temps qu’il s’éloigne. Quand elle put relâcher la pression, les larmes se mirent à couler. Elle sanglota quelques instants, laissant couler tout ce qui n’allait pas. Elle releva la tête, le feu avait diminué, depuis combien de temps le Drakyn était partit, trop longtemps pour un débarbouillage. Est-ce qu’il ne voulait vraiment plus la voir ? Au diable ce qu’elle pensait. Elle avait envie de le retrouver, de lui dire qu’il ne pouvait pas la fuir à chaque fois.
Ersa se redressa lentement, replaçant sa cape pour bien se couvrir de la pluie. Heureusement, elle la faisait imperméabiliser régulièrement au berceau. Elle attrapa une torche qu’elle cacha sous sa cape et suivit la direction qu’avait empruntée le géant. Rapidement, elle put rejoindre le bord de la rivière, sans voir de trace du Drakyn dans un premier temps. Une pointe de tristesse s’insinua dans son cœur à la pensée qu’il l’avait réellement fui, mais en se rapprochant encore un peu, elle remarqua les vêtements d’Arkanon. Tous ses vêtements. Il avait dû vouloir se baigner, et au meilleur des cas avoir été pris par le courant. Elle décida de retenir cette hypothèse se disant qu’elle ne l’avait pas entendu hurler.
- Arkanon ?
Elle avait tenté de l’appeler, pour ne pas le surprendre nu. Elle n’avait pas l’impression qu’il est calculé qu’elle était nyctalope. Après un regard timide autour d’elle, Ersa retira sa cape, enroulant la torche et la pierre pour bien la laisser au sec, avant de la poser au sol. Elle y déposa les affaires d’Arkanon, et commença à se déshabiller. Posant tunique, pantalon et sous-vêtements avant de refermer sa cape pour tout poser à l’abri.
Elle rejoignit l’eau, le feu montait à ses joues en pensant à ce qu’elle était en train de faire, la caresse froide de l’eau qui remontait le long de son corps réveilla ses sens. La chair de poule recouvrir son corps dans un premier temps. Elle frotta ses bras pour les réchauffer avant de se plonger entièrement dans l’eau. Quelle idée, il avait eu, elle avait eu en essayant de le rejoindre. Elle aurait pu tout simplement marcher le long de la rive, au moins il aurait juste pus la renvoyer au camp au lieu de la fuir encore. Elle commença à descendre la rivière, espérant que c’est bien le chemin qu’il avait emprunté avant de finalement tomber sur lui. Elle se stoppa dans les racines d’un arbre, l’observant de loin dans un premier temps. Bordel, son esprit n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose que lui, il l’avait embrassé, même s’il avait fui. Le souvenir de leur baiser dans sa chambre remontait, ressentant ses écailles sous ses doigts. Elle devait mettre les choses au clair.
Elle commença à se diriger vers lui, lentement, au départ, elle voulait le surprendre. Ce n’était peut-être pas l’idée la plus brillante qu’elle ait eue, alors elle se décida à l’appeler de sa voix timide.
- Arkanon, je suis là.
Elle donna une impulsion pour le rejoindre, glissant entre ses bras attendra sa poitrine. Ses jambes frêles s’enroulèrent autour de son torse pour ne pas que le courant les sépare. Elle essayait de ne pas trop se coller à lui, de ne pas coller ses seins sur son torse. Elle passa ses mains dans son cou, caressant ses écailles, cette position les faisait paraître de la même taille. Elle pouvait détailler chaque détail de ce visage, la chasseuse posa son front contre celui du gardien.
- Tu n’as pas le…
Un sanglot étouffa sa phrase. Une de ses mains caressa sa peau écailleuse jusqu’à sa mâchoire, alignant un peu mieux leurs visages pour qu’elle réponde enfin au baiser qu’il lui avait donné tout à l’heure. Elle avait essayé de lui transmettre toute l’explosion de sa passion, de ce qu’elle ressentait pour lui.
Ersa recula la tête brisant ce moment, pour lâcher ce qu’elle avait sur le cœur, profitant du feu qui galvanisait son courage.
- Arkanon, tu ne peux pas fuir comme ça. Même si c’est pour essayer de me protéger. Ce n’est pas facile pour moi, mais si j’ai été honnête avec toi, c’est pour que tu puisses me comprendre, comprendre mes réactions. Pas pour que tu m’abandonnes, où alors dit le moi.
Elle prit une inspiration profonde, comme si ce qu’elle avait à dire lui demandait plus de courage que tout ce qu’elle avait fait jusqu’à maintenant.
- S’il te plaît, ne me fuis plus, pas à cause d’elle. J’ai l’habitude qu’elle me fasse souffrir. Je peux le.
Supporter, mais pas de te voir me fuir comme ça. J’ai besoin…
Elle se stoppa, les mots refusaient de franchir ses lèvres, ce qui était presque drôle. Ils étaient nus l’un contre l’autre, s’embrassant plusieurs fois. C’était évident, mais mettre les mots sur ce qu’elle éprouvait était si difficile. Elle se mit à rire nerveusement.
- Je ne peux pas te promettre qu’elle nous laissera tranquilles toute notre vie, même cette soirée, je ne pourrais pas. Ce n’est pas toi qu’elle déteste, mais ce que tu pourrais représenter. Pour l’instant, elle me laisse tranquille.
Elle se rapprocha de lui, posant son nez contre celui du drakyn. Elle pouvait détailler ses yeux cyans, se perdant dans leurs couleurs et étant presque tristes qu’il ne pût pas faire la même chose.
- Arkanon. Je t’aime.
Elle avait presque soufflé ses mots, des sonorités étranges entre ses lèvres, qui se perdaient dans le bruit de la pluie, du léger vent dans les feuilles, de l’eau qui coulait. Loin du paysage romantique que réclamaient les adolescentes, plus proches de quoi s’attendaient une chasseuse fuyant la civilisation. Son monde s’était presque arrêté, elle hésitait à l’embrasser à nouveau, mais elle était figée en attendant qu’il prenne la parole. Elle espérait juste qu’il ne la fuit pas à nouveau, elle préférerait être rejetée.
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Sans oublier son visage , quand je l'avais laissé seule près du feu , que je n'avais pas voulu comprendre, mais qui maintenant, me paraissait évident. Je l'avais blessé, ayant l'impression que je ne savais rien faire d'autre que ça, qu'importe ce que je choisissais de faire. Je m'étais stoppé dans mon avancé, arrachant une racine sur le bord , puis plusieurs autres de colère alors qu'elles ne m'empêchaient pas de progresser. Je me sentais si stupide d'avoir agi ainsi, secouant ma tête en me disant que je devais me dépêcher de retrouver mon chemin, afin de m'excuser .
Je tentais de trouver un quelconque repère que l'obscurité aurait bien voulu me dévoiler, captant avec surprise la petite voix de la gardienne, qui semblait proche de moi. Sans même réfléchir, je me dirigeais vers elle, certain qu'elle se trouvait sur la terre ferme, soulager qu'elle soit venu à moi, car j'avais dû tarder à revenir. Mais étais-ce seulement pour ça ?Depuis le début, de façon irrationnelle, nous avions eu ce quelque chose qui inextricablement, nous rapprochés l'un de l'autre, peu importe ces maladresses qui finalement, avaient finis par nous mener là où nous en sommes.
Je sentis alors son corps s'accrocher au mien, écartant mes bras , confus qu'elle soit en fait elle aussi dans l'eau mais pas que. Je m'étais figé en comprenant que la douceur de chaque centimètre de sa peau en contact avec mes écailles par moments ne voulait dire qu'une chose. Ses bras qui finirent par m'entourer le cou après l'avoir caresser me confirma ce qui me faisait frissonner et rougir, retrouvant un semblant de calme lorsqu'elle posa son front contre le mien. Je me demandais pourquoi elle était allée à l'eau alors qu'elle avait froid, interrompant le fil de mes pensées lorsqu'elle s'apprêta à me faire des reproches qui se terminèrent en pleurs.
Je me rendis compte à quel point elle était triste, par ma faute, l'ayant déçu une nouvelle fois, alors que je désirai tout le contraire. S'il y avait bien une personne à qui je ne souhaitais pas faire de la peine, c'était bien elle. Pourtant, j'avais à maintes reprises fait le contraire, sentant mon coeur se serrer en écoutant ces larmes qui ne venaient pas du ciel. Je m'en voulais terriblement, sans arriver à poser mes mains sur elle pour la réconforter en sachant qu'elle n'avait rien qui la couvre. La sienne se rendit sur mon visage alors que je tentais de lui dire ces quelques mots sans pouvoir finir:
-Je suis dés...
Elle m'embrassa alors,arrêtant le temps par toute cette passion qu'elle me partagea, que je ne pus m'empêcher de vouloir répondre, entourant son visage de mes mains pour qu'elles ne se posent pas ailleurs tant cela me fit de l'effet. Elle mit fin à ce baiser en s'éloignant de moi, créant une distance qui était suffisante pour que je comprenne qu'elle voulait me dire quelque chose, peinant à contenir ces battements qui voulaient qu'il n'en soit pas ainsi. Mais bientôt, elle remplaça ce silence par des mots,qui me renvoya ma médiocrité.
Je l'écoutais, sans tenter de défendre ce qui ne pouvait l'être,voyant bien à quel point cela l'avait affecté que je l'abandonne ainsi, alors que tout ce qu'elle demandait, c'était le contraire . Mais comment lui dire que toute ma vie on m'avait évité et que les rares fois ou cela n'avait pas été le cas, ceux a qui je tenais mouraient à chaque fois ? Une malédiction que je croyais bien réelle et d'autres aussi a force que cela se répéte,m'étant même conforté dans cette solitude qui m'avait donné l'impression d'être plus repoussant qu'autre chose.
C'était parce que je tenais à elle que je ne voulais pas la faire souffrir, de quelque manière qu'il soit, m'amenant à chaque fois à me comporter comme un lâche et elle l'avait deviné. La culpabilité m'étreignait à mesure qu'elle ouvrait son coeur à moi, m'avouant qu'elle était prête à souffrir s'il le fallait mais pas que je l'abandonne de cette façon. Je restais muet,si touché , plus encore lorsqu'elle mit en lumière l'une des raisons qui avait amené la louve à se comporter ainsi. Tout commençait à devenir plus clair, trouvant dans ses paroles une forme de réponse, qui avait amoindri cette crainte si ancrée en moi.
Je sentis son nez contre le mien, regardant là où devrait se trouver ses émeraudes sans pouvoir profiter de leur teinte plus précieuse que ces pierres qui portaient ce nom. Un instant de tendresse qui me permit de réalisé peu à peu que tout était évident. J'avais beau cherché partout ailleurs d'autres explications de cette connexion entre nous, mais rien ne pouvait justifier aussi mieux que cet aveu qu'elle me murmura, gonflant mon coeur d'un sentiment que je m'étais refusé, jusqu'à ce soir.
J'ouvris la bouche sans parvenir à dire quoi que ce soit, ce mot qui resonnait encore en moi, au point de me rendre incapable de sortir le moindre son. Je voulus alors lui communiquer autrement ce que je ressentais, posant ma dextre sur son dos pour plaquer son corps contre le mien, mon autre main attrapant fermement sa hanche tandis que ma bouche scella la sienne par un baiser, délivré de toute peur, de toute cette retenue qui n'avait été qu'une entrave blessante qu'autre chose.Non sans difficulté je me m'éloignais légérement, pour que je puisse m'exprimer:
-Je te promets de ne plus jamais fuir.
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Une chasse pour deux... à Trois?
La naine avait pu le détailler un peu, le voir perdu, s'énerver contre les racines. Cela n’aidait pas son cœur à être plus léger. Cela répondait à la question qu’elle se posait intérieurement. La maladresse du Drakyn l’avait blessée plusieurs fois, même si elle essayait de ne pas y tenir rigueur, il le faisait. Elle comprenait que s'il ne disait rien, c'était aussi une façon de se défendre, de ne pas montrer ce qu'il ressentait, pas qu'il ne ressentait rien.Une petite voix lui soufflait que c’était sa façon de faire, qu’il voulait la défendre, car il ne savait pas comment gérer ce genre de situation. Il lui avait avoué dans cette soirée qu’ils avaient partagée.
Le voir dans cet état aida la petite rousse à trouver son courage pour aller à la rencontre du géant. Il avait rapidement compris qu'elle ne portait rien et sa réaction fut visible pour la chasseuse. Sa vision n’était pas aussi riche en couleurs qu’en plein jour, mais le changement de couleurs de son visage fut tout de même suffisant pour elle.
Il était resté totalement immobile, victime de la gêne que provoquait la naine collée à lui. Il voulut s’excuser, mais l’émotion qui submergeait le bout de femme qui se tenait contre lui fut la plus forte. Emportant la torpeur et toutes les barrières d’Arkanon. Il reprit enfin ses mouvements pour poser ses mains sur son visage, encadrant largement sa petite tête de ses grandes paumes. Leurs contacts chauds sur sa peau, il ressentait ce que la naine avait essayé d’étouffer au fond de sa tête, qu’elle pouvait enfin libérer. Et il lui répondait.
Ce baiser qui libérait tant de choses, tant de tension qui s’était accumulé, Ersa pouvait enfin se concentrer sur ce qu’elle devait lui dire. Elle vit la peine que ses mots créèrent au départ, mais elle ne pouvait pas s’arrêter, pas avant qu’il comprenne qu’elle ne lui en voulait pas, qu’elle ne lui disait pas ça pour le faire souffrir, mais pour qu’il comprenne ce qu’elle ressentait. Même si son expression se détend au fur et à mesure que la naine arrivait à placer des mots sur ses pensées. Jusqu' à lui avouer ce qu’elle ressentait.
Il était d’abord resté silencieux devant ses mots, une peur passagère erra dans son esprit, la peur d’être rejetée malgré ce qu’ils avaient partagé. Puis finalement, lui aussi, laissa exploser sa passion. Sa main se posa dans le dos menu de la naine pour la plaquer contre lui, écrasant sa poitrine contre son torse sans que cela ne l’arrête. Son autre main plaque sa hanche, contre son ventre, comme s'il voulait s'assurer qu’elle ne se dérobe pas, ou qu’elle puisse ressentir la moindre pulsion du corps de l’homme qui la tenait. Leurs lèvres se retrouvèrent à nouveau, une situation qui se répétait pour le plus grand plaisir d’Ersa. Il s’éloigna un instant, sa réponse ne fut pas ce qu’elle attendait, mais suffisait à confirmer ce qu’elle pensait.
- Merci.
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