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    Kierian Ozergova
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  • Ven 25 Aoû - 8:38
    Kierian arrangeait ses dernières affaires.

    -Je crois toujours que c’est une mauvaise idée, s’exprima l’homme derrière elle.

    La jeune drakyn roula des yeux.

    -Il n’y a pas de raisons, répéta t’elle en tirant la lanière de cuir qui fermait son bagage.

    Elle se tourna alors vers son unique esclave. L’homme se faisait visiblement bien plus de soucis pour elle que ce qu’il voulait bien admettre. Ses traits étaient tirés par la fatigue et la nervosité. Et le fait que sa maitresse soit aussi détendue ne semblait pas le rassurer davantage.
    Elle s’approcha de lui et lui ébouriffa la tête.

    -Ce n’est l’histoire que de quelques semaines. Tu as tout ce qu’il faut pour t’en sortir.

    L’homme grimaça. Elle savait pertinemment que ce n’était pas ce qui l’inquiétait.
    Sa maitresse était de ce genre imprévisible qui à le chic pour se retrouver dans des situations qui échappent à tout contrôle et finissent par la mener aux poings.
    Il se demandait même parfois si elle ne le faisait pas exprès.

    -Je trouvais déjà que c’était une mauvaise idée d’aller vous introduire chez lui la dernière fois… Si j’avais su que vous parliez sérieusement je ne vous aurais jamais laissé y aller.

    Nouveau regard vers le ciel. Elle savait qu’elle avait peut être fait une connerie ce jour là mais têtue qu’elle était, il était hors de question de le reconnaitre.

    -Pitié je ne suis pas en cristal.


    -En comparaison à votre frère vous êtes tout de même…

    Le regard de Kierian se fronça. Comment osait il?!

    -Tout de même…? Répéta t’elle d’un ton furieux.
    L’homme se rendit tout a coup compte de son erreur. Il restait un esclave et si elle tolérait beaucoup de choses envers lui la famille restait un sujet dont elle ne voulait absolument pas entendre parler. Plus encore pour la réduire a son apparence si humaine et fragile en comparaison de son frère.
    Sa main s’était déja levée dans les airs pour le gifler.

    -Je suis désolé !

    L’homme avait porté ses mains au dessus de son visage pour refuser le coup qui allait s’abattre sur lui. Kierian était pleine d’une colère noire et pourtant le flash qu’elle eut à cet instant la désamorça. Elle avait frappé Dimitri de cette façon… Il y a longtemps. Très longtemps… Et aujourd’hui elle ne pouvait plus avoir confiance en lui.

    Son bras se baissa de nouveau le long de son corps.

    -Maintenant tais toi et aide moi à charger ma monture.


    L’esclave resta une minute immobile avant de baisser la garde. C’était un phénomène nouveau et inattendu. Alors qu’elle s’éloignait de lui, il s’empressa d’attraper le sac qui trainait sur le lit pour l’emmener à l’extérieur.
    Deux aazho attendaient sagement allongés devant la porte, muselés et prêts à partir.
    Il chargea celui de sa maitresse, toujours troublé que la correction ne se soit pas abattue sur lui.
    Kierian le guetta un moment par la fenêtre du salon avant de s’en détourner et retourner à ses occupations.
    Elle était elle aussi troublée de ne pas l’avoir corrigé dans les règles de l’art. Ses mains tremblaient encore de colère. Cette sensation la mit mal a l’aise. Pourquoi n’avait elle pas frappé?
    Elle fit de son mieux pour ne pas croiser son regard sur les surfaces réfléchissantes de son domicile et arrangea ses cheveux avant de se presser de s’habiller. Pour avoir déja affronté la route qui menait jusqu’a la jungle elle savait qu’elle devait se préparer à des journées particulièrement chaudes et des nuits tout aussi froides.
    Elle finissait d’enfiler ses chaussures quand l’homme revint devant elle.

    -Votre monture est prête mademoiselle…

    Sa voix était basse et elle voyait dans son comportement qu’il ne comprenait pas non plus pourquoi elle n’avait pas frappé. Elle se contenta de gronder contre lui tel un chat furieux, marmonnant quelque chose d’incompréhensible puis elle le bouscula rapidement pour la forme en sortant.
    -Ferme bien derrière toi. Et ne dépense pas trop en mon absence je ferais les comptes en rentrant !
    Sans lui laisser le temps de répondre de nouveau elle sortit de la maison et grimpa sur l’immense bête qui se releva aussitôt.
    L’homme grimpa à son tour pour mener les deux aazho vers le centre ville ou elle devait rejoindre Dimitri Chagry… ou quelque soit le nom idiot qu’il avait choisi de se donner.
    Comme elle ne disait plus rien, il choisit d’ouvrir à nouveau la bouche pour s’excuser.

    -Je suis sincèrement désolé…

    La jeune drakyn le regarda de travers. Elle ne voulait pas en parler. Elle préférait toujours avoir le contrôle sur la situation et, pour le coup, la situation la dépassait complètement.

    -Assez. Je ne veux plus t’entendre.


    Elle dévisageait la foule, furieuse. Ou était son coéquipier pour cette mission débile?! Etait il en retard ? Après l’incident qui venait de se produire, mieux valait pour tout le monde que non.

    Elle n’avait pas été emballée une seule seconde du moment ou on lui avait annoncé qu’il allait falloir aller se fourrer dans la jungle, pour trouver un ombragon qui se serait mystérieusement retrouvé dans le lac rebirth. Du peu qu’elle en savait elle n’en avait jamais vu de prêt et ils ne vivaient absolument pas dans ces pleines torrides. Elle ne savait même pas comment il avait pu se retrouver aussi loin des mers du nord. Elle savait aussi que c’était le travail de Dimitri de s’occuper de la créature et qu’il leur avait été demandé d’intervenir principalement parce qu’aucun des marchants ayant eut l’audace d’approcher du lac n’avait eu la chance de réapparaitre depuis des semaines.

    Elle… Elle était juste un soutien. En principe on lui avait surtout demandé de jouer le rôle de la défense contre les malheurs qu’ils auraient put croiser sur leur chemin… Un sourire moqueur étira ses lèvres. Auraient? Qu’ils allaient croiser. Il lui était inimaginable que cette excursion ressemble à une balade de santé.
    Citoyen du Reike
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    Dimitri Chagry
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  • Ven 8 Sep - 15:59
    Il lui fallut une force morale conséquente pour décoller de l’auberge. Les surprises de la veille lui avaient offert des cernes caverneuses sous les yeux. Sa peau si pâle à l’origine semblait plus crayonneuse qu’à l’accoutumé. À l’avenir il éviterait de jouer aux cartes avec un voyageur à une heure si tardive… Il s’était fait plumer comme un oiseau par plus fort que lui. Il restait à Dimitri à peine de quoi subvenir à ses besoins jusqu’à la fin du mois. Une chance qu’il soit chasseur. Il pourrait se nourrir convenablement et remplir quelques missions annexes au RSAF pour se payer l’auberge. La défaite ne lui avait causé que ce tort d’ailleurs car la compagnie avait été agréable. Les histoires du voyageur avaient apaisé son esprit et les heures avaient défilé sans qu’il ne s’en rende compte. Se vider la tête lui avait permis de s’endormir paisiblement. Le nom écrit sur la convocation l’avait figé sur place. Après l’altercation avec Kierian, le chasseur avait mis un temps fou à sortir cette folle de sa tête et à ne plus ressasser le passé. Tout en mal, à l’évidence. Elle avait fait ressurgir en quelques secondes ses vieux démons… Piétinant et écrasant ce qu’il avait mis des mois à construire. La confrontation avait été courte. N’importe quelle personne n’aurait pas compris la raison pour laquelle cela l’avait dérangé si profondément. Il avait mis des semaines à se défaire de cette impression désagréable qu’elle trainait dans son sillage. Il avait été conscient que son esprit lui jouait des tours et ne faisait que recréé des craintes anciennes. Kierian ne perdrait pas son temps à le pister et n’avait aucun intérêt à le faire. Il le savait. Mais son corps ne voulait pas l’entendre. Alors, lorsque ses prunelles avaient lu ce nom, il avait grimacé et juré. Le Rsaf regorgeait de personnalités compétentes et complexes. Les dompteurs et les vétérinaires étaient multiples. Alors, pourquoi avait-il fallu qu’une telle mission commune arrive si vite ? Il se souvenait de la promesse qu’il lui avait faites. Faire en sorte d’accepter sa présence pour que la mission soit mener à bien. Hors, cette obligation devait tenir sur de longues semaines. Une tâche bien complexe avec un caractère aussi insupportable.
    Le lac Rebirth n’était pas la porte à côté. Le voyage promettait d’être long et fastidieux. Avant de tomber sur ce voyageur aux épopées intrigantes, il était persuadé qu’il allait passé une nuit à regarder le plafond. En réalité, il s’était endormi aux alentours de cinq heures et n’avait dormi que trois heures.

    L’agitation dans les rues éveilla son esprit. Il s’étira, bailla, observa la position du soleil à l’extérieur et se rendit compte que l’heure de rendez-vous était passé d’un quart d’heure. Il habitait aux abords de la ville et devait traverser les ruelles marchandes pour pouvoir atteindre la place où le lieu de ralliement avait été fixé par le rsaf. Dimitri aurait aimé choisir les points de convocation. Le centre-ville était le pire endroit pour démarrer une expédition puisqu’il leur faudrait en sortir pour rejoindre le désert. Dimitri devait également nager dans une foule car les toits n’étaient pas praticables. Les gardes avaient été fermes à ce propos. Après deux rappels à l’ordre, il avait eu l’interdiction d’éviter la marée grouillante de la capitale en passant par les toits. Il risquait une amende. Argent qu’il ne possédait pas. Dimitri avait donc trouvé un autre moyen, partir tôt et crécher proche du point de rendez-vous pour ne pas avoir à traverser cette foule compacte. S’y fondre était facile, sur un toit il était exposé et visible par les gardes. Il prépara lentement ses affaires. Le retard était déjà creusé et il anticipait déjà les réactions de la drakyn. Sa fureur ne l’atteindrait pas et il ne laisserait rien passer en terme de violence. La mâchoire serrée, il appréhendait cette mission comme jamais.

    Il prit toutefois le temps de vérifier à plusieurs reprises qu’il n’avait rien oublié pour se long périple. Il devrait également acheter quelques provisions pour une partie du voyage. L’eau serait remplie au puit. De l’alcool, des fils et des pansements pour les blessures légères entraient dans son sac. Il disposait de son équipement de base et était prêt à affronter le monde extérieur. À peine sortit-il la tête de l’auberge qu’il sentit son souffle s’arrêter brusquement. Il devait être aux environs de huit heures du matin. Une heure parfaite pour les marchands et les travailleurs. Dimitri tenta de débloquer son souffle et calqua son attention sur le ciel clair, quitte à se bruler la rétine en observant quelques secondes le soleil. Perdre la vue d’une manière aussi stupide n’était pas envisageable. Midi était la pire journée. Huit heures était supportable. Ses pas mal assurés le poussaient vers la foule. Il la fendit et rasa les murs sans s’excuser ou regarder où il allait. De toute façon, l’aveuglement du soleil lui donnait quelques secondes de répits. Désolé. Poussez-vous. Il y a urgence. Glacial, il ne regardait aucune personne dans les yeux. Son regard se perdait dans un vide que lui seul connaissait.
    Il balançait ces mots à la va vite avant que son ombre ne disparaisse. Les jurons ne lui parvenaient pas. Tant qu’il avançait jusqu’à son point de rendez-vous d’une traite.

    Ce sentiment d’oppression ne finissait pas de grandir. Écrasant son cœur. Il donnait l’impression de ne plus battre. L’ombra s’immobilisa contre un magasin, le voile lumineux devant ses yeux disparaissait. Le monde l’écrasait et l’engloutissait. Il resta de longue minutes contre ce magasin, la respiration erratique. Le propriétaire lui dit quelques mots, étouffé par le bruit ambiant amplifié. L’ombra secoua la main, inspira lentement sans pouvoir calmer les tremblements désespérants de son corps. La marche allait être longue. Ses oreilles captaient chaque bruit mais son cerveau n’enregistrait que des sons étouffés. Il avait beau se dire que ce mal était nécessaire pour pouvoir arriver au centre-ville, son corps ne se calmait pas et il se réveilla une demi-heure plus tard en sursaut. De l’eau lui avait été jeté sur la figure. Cette douche glacée lui fit prendre une grande inspiration alors que la panique le prenait. Il se redressait brusquement. Repoussait les mains qui cherchaient à le soutenir. D’un bon, il se releva sur ses pieds mal assurés. Il vit noir, manqua de chuter en arrière, mais parvint à garder son équilibre. Il s’était évanouie chez il ne savait qui. Les visages lui étaient totalement inconnus. Attiré dans un magasin, plusieurs visages le regardaient avec peine. Effaré, Dimitri posa quelques questions sur le lieu puis sortit aussi vite sans remerciements. La honte jaillissait et dominait. Il avait quasiment oublié cette pression sur ses épaules et sur son cœur.

    Assise sur un Aazho, il repéra immédiatement l’Ozergova et sa crinière argentée. Ses yeux étaient emplie de fureur. Il balayait la place à la recherche du visage du retardataire. Les lèvres pincées, Dimitri devinait l’avalange de remarques désobligeantes qui allaient lui tomber dessus alors il évita de plonger son regard dans le sien. Il ne chercha pas à se confondre en excuse. Il n’avait pas envie de lui expliquer comment il pouvait expliquer un retard de deux heures.

    Je t’explique plus tard. On décolle tout de suite. Déjà à ses cotés sur l’Aazho qu’elle avait préparé pour lui, il tenait les rênes tout en caressant le flanc de l’animal le regard fixe. Il n’avait guère pris le temps de faire connaissance avec la bête. Cet animal appréciait la compagnie des autres et il valait mieux tenter de créer un lien fort pour en faire un destrier fiable. Il prendrait le temps de nourrir la bête plus tard, lorsqu’il serait sorti de cet enfer. La chaleur écrasante du soleil s’ajouter à celle étouffante de la foule. Sa respiration redevenait pénible. Il pourrait se reprendre lorsqu’il aurait quitté le centre. Il échangea le moins possible. D’ailleurs, son silence pourrait faire exploser la jeune drakyn. Il ne lui laissait pas le temps de l’agripper ou de lui parler. Il prenait la tête et avançait, sans se soucier de ce qu’elle avait à dire. Dans sa bulle, il était même capable de piétiner les enfants qui jouaient trop près du chemin. L’un d’eux manqua de peu de perdre sa main et il entendit une mère en colère les blâmer de leur manque de vigilance. Il l'ignora royalement. La progression de leurs Aazho était lente… Le sien faisait deux mètres dix, chargés par des sacs de provisions par le rsaf, ils étaient plutôt visibles. Il trouvait gonfler de la part de la mère de l'accusé de négligence. Ce n'était pas à lui de surveiller les rejetons des autres tout de même...

    Arrivé en bordure de ville, l'ombra s’arrêta net après avoir passé les immenses portes de la capitale. Sa respiration ralentissait. Il aspirait profondément l'air chaud du désert. Expirait tout aussi lentement. Je ne pensais pas qu'il était possible de se retrouver si tôt en mission après nos retrouvailles. On va passer des journées entières ensemble. Généralement je travaille dans le silence. Une chose que j'apprécie particulièrement surtout pour anticiper quelques catastrophes. Mais je suppose que ça va être assez compliqué de te demander de causer le minimum, toi qui est un être si sociale. Un bref sourire forcé étira sa bouche. Le voyage allait être éprouvant. On va même dormir ensemble, youhou. Ah, il devait aussi donner des explications sur ce fameux retard. Si deux heures pouvaient encore considéré comme un retard... Lui, il n'avait pas oublié. Il espérait que la colère de Madame ait effacé toutes envies de réponses. Il avançait déjà, laissant les pas lourds de son Aazho écraser le sable. Comment cet Aazho s'appelle ?

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