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Impératrice-dragon du Reike
Ayshara Ryssen
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Info personnage
Race: Vosdraak
Vocation: Mage - Soutien
Alignement: Loyal neutre
Rang: S - Impératrice
Depuis sa tendre enfance, le cœur d'Ayshara battait d'indignation contre certaines lois archaïques de la nation du sable, particulièrement celles qui réduisaient ses sœurs d'armes et d'esprit à des silhouettes qui évoluaient froidement dans l'ombre de leurs homologues masculins. Il s'agissait d'une injustice qui la consumait de l'intérieur. Ces mâles, ils ne se gênaient pas de brandir leurs privilèges tels des oriflammes, régnaient en maîtres, monopolisaient les postes de pouvoir et la prééminence familiale. Elle-même, malgré sa couronne et l'héritage quasi divin qu'elle représentait, ressentait l'étau de ces traditions désuètes qui entravaient l'épanouissement véritable des reikoises. La question de la chasteté et du sexe hors mariage s'avérait une autre plaie béante au sein de cette société aux mœurs guerrières. Les femmes - en particulier - se voyaient accablées par le poids des coutumes ancestrales, leur corps devenant un enjeu de pureté et d'honneur familial. La vérification de leur virginité leur enlevait toute forme de liberté, de dignité et d'autonomie. Cette injustice, si viscérale, faisait rage dans la tête de l'impératrice. Les regards de ces jeunes filles, ces sourires contraints... Tout cela lui révélait le reflet de cette oppression silencieuse qui n'allait probablement jamais s'évanouir.
Consciente que l'égalité des sexes n'était pas une priorité des grands seigneurs de l'Empire, la vosdraak essayait néanmoins de tracer son bout de chemin, une petite victoire à la fois. Toujours en pétant les couilles du plus de mecs possible. Et aujourd'hui, elle allait accomplir une nouvelle action allant exactement en ce sens : un discours qu'elle réservait exclusivement aux étudiantes de la prestigieuse Université de Drakstrang. Histoire de mener à bien une potentielle révolution féministe, il fallait commencer par avoir la future élite féminine du Reike de son côté.
Escortée de sa garde royale, la souveraine immaculée progressait au sein de la capitale, son fils de quatre printemps ayant "décidé" de la suivre pour cette journée spéciale. L'air matinal encore frais caressait leurs visages alors qu'ils avançaient, confiants et excités par ce qui les attendait. Les rues s'animaient peu à peu. Les marchands préparaient leurs étals, les citadins vaquaient à leurs occupations, mais tous s'arrêtèrent un court instant afin de saluer respectueusement la reine ainsi que son écailleux héritier. Et lorsque le cortège arriva enfin devant la meilleure école militaire du Sekai, l'âme sœur de Tensai ne put réprimer un sourire de satisfaction en contemplant cette grandiose bâtisse dont les pierres anciennes racontaient des siècles, non, des millénaires d'histoire et de savoir. Après le palais impérial, c'était très certainement l'institution la plus précieuse - et puissante - de l'Empire. Avec le retour des titans et des différentes tensions géopolitiques, ça devenait de plus en plus nécessaire de la protéger.
Évidemment, le directeur principal de l'endroit, le légendaire Keerius, fut le premier à accueillir la belle jeune femme. Via leurs positions respectives, les deux personnages se connaissaient déjà relativement bien. Peut-être pas au point d'être des amis intimes, mais ils entretenaient une relation basée sur la cordialité et le respect mutuel. Ayshara admirait le Dévastateur pour ses prouesses martiales, son leadership hors du commun, et surtout pour ses liens extrêmement directs avec la fondation de leur patrie. Ce type, il avait quand même été super proche des premiers monarques, Tensai et Akasha Draknys. Ce n'état pas rien.
Toutefois, ils ne s'éternisèrent pas avec des formalités et retournèrent assez vite à leurs occupations. Sourire aux lèvres, la mère-dragon, sa progéniture et sa garde pénétrèrent à l'intérieur d'un auditorium bondé, vaste salle aux voûtes élancées. Des étudiantes, des enseignantes, des érudites de tous horizons y avaient pris place, leurs yeux rivés sur la scène où allait se tenir l'événement. Aucun homme ici. À l'exception de son escorte et du dragonnet. Lorsque la blonde fit apparition, un frisson presque palpable traversa l'assemblée. La lumière tamisée du lieu semblait se courber en hommage à sa présence tandis que la beauté pure de la vosdraak captiva immédiatement l'attention de l'auditoire exclusivement féminin. En s'avançant, Ayshara salua la foule d'un geste souverain, d'une élégance naturelle et d'une aisance royale lui étant singulière.
- Bonjour, mes sœurs ! Aujourd'hui, je m'adresse à vous en tant qu’épouse, mère et compagne dans cette lutte qui est la nôtre. Nous vivons une époque où les titans et les archontes menacent tout ce que nous aimons. Pourtant, il y a une vérité qui ne doit jamais être négligée : sans notre participation, le Reike n'aurait jamais été aussi puissant et splendide qu'à l'heure actuelle. Chaque victoire sur les champs de bataille a été soutenue, nourrie et inspirée par une femme. Constamment, nous avons veillé et protégé, à l'ombre. Nous avons offert aide, amour et sagesse... Ne pensez-vous pas qu'il serait temps que ce rôle capital soit reconnu et célébré au grand jour ? Aujourd'hui, 5000 ans plus tard, je vous appelle à sortir de cette ombre, à revendiquer votre place parmi notre société. L'Empire a plus que jamais besoin de cette force, de ce courage et de cette précieuse capacité à guider et à inspirer nos prochains. Nous représentons le cœur battant de notre patrie. La flamme ardente qui brûle en son centre, c'est nous. Ensemble, nous pouvons forger un avenir différent. Un avenir où nos filles ne seront plus des figures secondaires et soumises, mais des piliers sur lesquels reposera la grandeur de nos héritages. Alors, mes sœurs, futures collègues et amies, levons-nous ! Unissons-nous au sein de cette quête de justice et de parité. Faisons entendre notre voix, non pas en chuchotements, mais en cris puissants capables de provoquer de si terribles tempêtes de sable que ces hommes ne pourront continuer de nous ignorer éternellement. Mesdames, nous ne demanderons pas de permission ! Nous revendiquerons notre droit. Le droit de marcher à côté de nos frères comme des égales. Car, sans nous, le Reike ne serait qu'une coquille vide. Avec nous, il est, et demeurera toujours, invincible.
Suite à la prononciation de ce dernier mot, la salle éclata en un tonnerre d'applaudissements et d'acclamations. Certes, Ayshara aurait souhaité prolonger ce moment de communication forte, mais elle savait l'importance d'un message concis et impactant, le but n'étant pas d'endormir ces reikoises, qui, après cela, devaient sûrement retourner en classe pour une rude session d'apprentissage ou d'enseignement. Sourire aux lèvres, la dragonne fit des gestes de la main gracieux à la foule bruyante, ses améthystes pétillant d'une passion absolument contagieuse. Son cœur se rythmait à la même fréquence que cette solidarité manifeste et espérait avoir enflammé des étincelles de révolte et d'ambition dans l'âme de ces demoiselles à l'avenir prometteur.
Quittant l'auditorium, l'impératrice et Draknys, suivi de près par leur escorte, se dirigèrent vers sa loge. L'atmosphère y était vachement plus calme. Soupirant doucement, la vosdraak posa ses prunelles sur le planning de cette journée spéciale Drakstrang que ne faisait que débuter. Des rencontres programmées avec plusieurs professeures et responsables féminines de l'établissement universitaire y figuraient. Ces échanges étaient cruciaux, parce qu'ils serviraient à tisser les premiers fils d'un réseau de soutien et d'action, une étape essentielle à la concrétisation de ses idées hors normes. En s'asseyant, elle réfléchit aux discussions à venir. À comment aborder la chose sans passer pour une philogyne extrémiste qui cherchait à dénigrer la gent masculine... Malgré les avancées des dernières années en la matière, la cadette de Vaenys ne se trouvait toujours pas en territoire conquis. Ses dents grincèrent d'une légère frustration en repensant à son voyage avec la Griffe, la fois où ils avaient passé la nuit à Taisen et que le Seigneur de la ville ne s'était pas gêné de lui présenter une pièce de théâtre de très mauvais goût. Ça... Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Si Ayshara n'avait pas été une femme dotée d'un immense sens de la miséricorde, elle aurait sans doute exécuté les responsables de cette médiocrité sur le champ.
- Majesté ! Pardonnez-moi du dérangement, mais une jeune étudiante souhaite vous rencontrer quelques minutes. Êtes-vous disponible pour la voir ?
Un garde interrompit brusquement son état de réflexion et de repos. Assise sur son siège à siroter une tasse de thé, elle hocha la tête en signe d'approbation. Une petite visite ne lui ferait pas de mal avant d'aller dialoguer avec les grosses pointes de l'école. Et qui sait, peut-être que cette rencontre inopinée pourrait lui apporter un lot de surprises intéressantes.
- Oui, bien sûr. Faites-là entrer !
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Leur combat
Feat Ayshara
Les jeunes femmes de l’Université de Drakstrang avaient été prévenues de l’arrivée de l’Impératrice sur leur campus d’Ikusa. En cette matinée, élèves et personnel de l’établissement s’affairaient de toute part pour préparer cette intervention royale. Chaque salle devait être minutieusement rangée, le lieu transpirait la propreté surfaite et la décoration apparaissait plus poussée que d’ordinaire. Les professeurs revêtaient une tenue soignée et leurs élèves se devaient d’être eux aussi irréprochables.
Isolde, dont certains cours avait sauté ce matin d’automne, se préparait dans sa chambre étudiante. Une tenue élégante, en restant dans les tons sombres, rehaussée d’une cape aux couleurs de l’Université. Elle avait également pris le soin de tresser sa longue chevelure d’ébène et opter pour un maquillage raffiné aux couleurs chaudes et automnales.
Chaque étudiante semblait avoir fourni des efforts quant à son apparence. Certaines souhaitaient peut-être attirer l’œil de leur souveraine ou au moins, lui faire bonne impression.
« Je suis sûre que l’intervention de l’Impératrice sera grandiose ! J’ai si hâte ! » Lança une des camarades d’Isolde, lorsque cette dernière fit irruption dans le couloir.
La brune haussa les épaules et répondit par une simple moue désinvolte. Non pas parce qu’elle n’avait cure de la présence de leur souveraine sur le campus, mais parce qu’elle n’accordait pas d’intérêt particulier aux femelles surexcitées qui peuplaient l’Université. Par son comportement, quelque peu asocial et froid, elle ne s’était pas fait beaucoup d’amis durant sa scolarité. Elle avait certes manipulé certains individus afin de servir ses intérêts personnels. Mais rien de concret, aucune relation sincère de confiance ne s’était établie. Elle y était pour beaucoup, elle le reconnaissait bien volontiers. Et pourtant, elle n’avait rien fait pour faire évoluer la situation. Il fallait bien avouer que ses études portant essentiellement sur la magie noire, ne lui accordaient pas beaucoup de sympathie de la part des autres étudiants. Et ce, même de la part de ses partenaires dans le domaine. Son goût prononcé pour la nécromancie, qui accaparait l’essentiel de son temps et de ses pensées, n’avait pas joué en sa faveur. Elle passait pour la fille un peu bizarre et obscure, et cela n’allait pas en s’arrangeant. Toutefois, la jeune femme s’en accommodait et elle ne vivait pas mal le fait d’évoluer en solitaire. Surtout si cela lui évitait d’avoir pour compagnie, une de ses filles hystériques et aveuglées par leurs émotions puériles. La nécromancienne ne se reconnaissait pas dans cet archétype de l’étudiante modèle, populaire et joviale. Les approches se faisaient donc assez rares et ceux qui s’y essayaient se frottaient bien souvent à un mur. Pour autant, la jeune femme au regard émeraude s’autorisait quelques rares exceptions, qui ne se révélaient pas être désagréables. Seulement, c’était lorsqu’elle le désirait et à petite dose, choisissant elle-même ses fréquentations. Elle n’appréciait pas se sentir obligée, bien qu’elle se forçât parfois, pour sauver les apparences.
Isolde pénétra dans l’amphithéâtre déjà bien rempli, elle prit place dans la partie haute de la salle. Rapidement, elle fut rejointe par la camarade qui lui avait adressé la parole précédemment. Elle était visiblement restée sur ses talons. Il s’agissait d’une élève brillante, mais à mille lieux du tempérament de la mage noire. Certes, elle ne semblait pas fondamentalement rebutante et elle pouvait entretenir quelques conversations courtoises de temps à autres. Mais Isolde possédait cette mauvaise impression que son vis-à-vis cherchait à percer les mystères de la brune, à satisfaire sa curiosité la concernant, plutôt que de lier une quelconque relation. Ainsi, la reikoise gardait encore plus de distance, cette étudiante ne lui donnait pas envie de se confier à elle.
Après quelques instants de patience, la salle se remplit totalement. Bon nombre de femmes étaient venues écouter le discours de l’Impératrice. Cette dernière fit son apparition dans la grande salle, face à un auditoire qui se fit aussitôt silencieux et discipliné. La Dame du Reike était accompagnée de son fils et de sa garde. L’étudiante laissa glisser ses yeux sur le petit écailleux, qui paraissait ravi d’accompagner sa mère à l’évènement. Isolde se posait beaucoup de questions sur cet enfant, sur la divinité accordée au couple royal et les mystères qui les entouraient. Elle savait qu’il ne s’agissait pas du sujet du jour, pourtant elle gardait ces interrogations à l’esprit.
Enfin, la prise de parole de la vosdraak débuta, alors elle rangea tout cela dans son esprit afin de se concentrer uniquement sur le discours. Celui-ci débuta par l’évocation des titans et des archontes. Ils désignaient une menace incessante pour l’Empire et chaque individu se devait d’en être pleinement conscient. L’épouse de Tensai avait raison de chercher à sensibiliser les femmes sur la situation et leur offrir le soutien nécessaire.
Par ailleurs, même si Isolde restait pleinement ouverte à la présence des femmes guerrières dans l’Armée, elle ne s’attendait pas à une prise de position aussi radicale de la part de leur souveraine. Et elle se demandait ce que pensait l’Empereur de ce genre d’éloges faites aux femmes, voire à un appel au soulèvement. Les mots de celle à la longue chevelure dorée amenèrent un nouveau lot de questions. Sa réflexion ne put néanmoins être poussée, vu qu’au dernier mot prononcé, le vacarme produit par les applaudissements prit beaucoup d’ampleur. L’effervescence se propagea dans l’assemblée et une certaine euphorie se lisait sur les visages.
« J’aimerais tellement pouvoir lui parler ! Je suis tellement d’accord avec tout ce qu’elle a dit ! » s’exclama sa camarade.
- « Hum, cela doit être possible, j’imagine. Tu devrais tenter ta chance et lui demander un entretien. » Répondit la brune, par simple provocation.
« Ohlala non, je n’oserai pas... »
- « Très bien, je vais le faire à ta place alors. » énonça-t-elle, en défiant son vis-à-vis du regard.
La mage se leva alors, sous l’œil médusé de l’autre jeune femme. Puis elle se dirigea vers l’un de ses professeurs afin de lui demander si elle avait la possibilité d’échanger avec l’Impératrice. La femme d’âge mûr l’encouragea d’un sourire fier et démonstratif, elle devait elle aussi être sous le feu ardent provoqué par le discours libérateur et avant-gardiste. Elle l’entraîna ensuite dans les couloirs, de manière à rejoindre la loge où se trouvait la souveraine.
Isolde patientait docilement, bien que son cœur s’accéléra subitement lorsqu’elle entendit la voix de l’Impératrice à l’intérieur de la salle. Cette dernière avait prononcé quelques mots et ils n’étaient pas ceux que l’étudiante avait envisagé. Elle acceptait leur entrevue. La brune y était allée par provocation, guidée par son audace. Évidemment, elle n’avait rien préparé et se retrouvait bientôt face à la dirigeante de la nation. Il fallait improviser.
Elle pénétra à l’intérieur de la pièce, son professeur lui sourit avant de fermer la porte. Elle se retrouvait alors seule avec la souveraine du Reike, son fils qu’elle gratifia d’un sourire, ainsi que les gardes.
- « Majesté, mes hommages. » Dit-elle, en s’inclinant. « Isolde Malkyn, étudiante en quatrième année. Je vous remercie de m’offrir l’opportunité de cette rencontre, qui je l’espère n’impactera pas votre emploi du temps chargé. » déclara-t-elle, d’une voix douce.
Son attitude semblait irréprochable, la brune affichait un sourire délicat et léger, elle se pliait aux règles de courtoisie et de respect, en essayant de rester naturelle.
Bien sûr, la retenue dont elle devait faire preuve devant son Impératrice, l’empêchait de laisser courir son regard le long de ses courbes qu’elle savait délicieuses. L’effort restait notable vu leur proximité dans cette pièce. Sans compter qu’il s’agissait de la toute première fois que la jeune femme se retrouvait si proche de la beauté éthérée de la vosdraak. Le Reike restait chanceux de posséder une dirigeante aux particularités physiques voluptueuses. Tout comme l’Empire l’était d’avoir un valeureux guerrier émérite pour Empereur.
- « Votre discours s’est avéré édifiant et j’ose me faire la porte-parole de mes camarades pour vous le faire savoir. Nous sommes conquises par vos idées et par l’intérêt que vous portez aux femmes de l’Empire. » énonça-t-elle, toujours très respectueusement. « Je suis curieuse de connaître vos éventuels projets pour mettre à bien cette mission, qui semble vous tenir à cœur, Majesté. »
Bien qu’elle mît naturellement davantage les formes et elle enjolivait volontairement ses propos, Isolde ne manquait pas de sincérité quant à la curiosité qu’elle portait face aux futurs projets de l’Impératrice. Elle espérait que cette dernière pût l’aiguiller sur sa manière visionnaire de voir la nation du désert.
CENDRES
Impératrice-dragon du Reike
Ayshara Ryssen
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En attendant l'arrivée de l'étudiante, la mère-dragon relisait rapidement son horaire de la journée. Ses yeux s'attardèrent sur un rendez-vous ajouté à la dernière minute, chose qui provoqua aussitôt un froncement de sourcils. La mention d'une rencontre avec l'héritière de la famille Karasu de Taisen la surprit désagréablement. Jusqu'à maintenant, elle ignorait que cette dernière fréquentait l'Université.
Les Karasu... Une lignée ancienne et notoirement conservatrice, connue pour propager des opinions archaïques, en particulier concernant la position des femmes au sein de la société reikoise. Ces nobles individus possédaient certes une influence non négligeable sur les dirigeants de la ville du Lion, mais cela n'empêchait point Ayshara de mépriser leurs idéaux rétrogrades qui s'opposaient diamétralement à tout ce qu'elle cherchait à accomplir pour l'émancipation de ses semblables. Très honnêtement, la simple idée de devoir s'asseoir à la même table que cette soi-disant héritière lui donnait une légère nausée. La réputation de sa famille la précédait : ils étaient des promoteurs acharnés de mariages arrangés visant à renforcer leur pouvoir et richesse, de fervents défenseurs de la pureté du sang et de la soumission des castes vulnérables, des dissidents notoires à l'éducation des femmes. Et surtout, des esclavagistes chevronnés. À vrai dire, l'unique espoir de la vosdraak quant à cette rencontre reposait sur la possibilité que cette demoiselle ait développé des idéaux distincts de ceux de ses géniteurs. Il y avait une chance que ce soit le cas, puisqu'elle étudiait à Drakstrang plutôt que de se contenter d'un traditionnel rôle de maîtresse du foyer. Cela représentait peut-être une brèche.
Entre sa réflexion et l'arrivée d'Isolde, il ne se passa qu'une poignée de secondes, mais ce fut suffisant pour la faire presque sursauter, manquant de s'étouffer avec sa gorgée de thé au matcha. Se reprenant sans trop que ça paraisse, elle observa brièvement la nouvelle venue, une jeune brune vêtue d'un accoutrement sombre. Elle semblait avoir son âge à peu près, bien que les apparences fussent parfois trompeuses. Draknys, couché sur un bureau à proximité de sa mère, poussa un petit son reptilien plutôt comique, un genre de "Prrfffffft !", saluant à sa façon l'arrivante. Innocent, l'enfant du couple impérial aimait attirer l'attention, et il était probablement en train de réfléchir à une manière de faire parler de lui encore. Nonobstant, l'impératrice apprécia la politesse de l'humaine qui était particulièrement bienvenue. Elle lui répondit naturellement avec un sourire chaleureux et accueillant :
- Le plaisir est pour moi, Isolde. L'initiative de demander cette rencontre vous honore grandement. Répliqua-t-elle de son habituelle bienveillance. Évidemment, la souveraine de l'Empire estimait l'audace et la courtoisie dont faisait preuve cette élève. Après les salutations, l'héritier du Reike ne put s'empêcher de pousser un autre gazouillis de bébé dragon, "Grrr-glip !". Difficile de réellement comprendre ce qu'il voulait dire par là. Une sorte d'approbation, sûrement. Ou une énième tentative de se mettre en avant ! Se retenant de rire, l'épouse de Tensai essaya d'ignorer son vilain petit garnement et de concentrer son attention sur son interlocutrice Souriant, elle reprit jovialement : Oh, quatrième année ! Cela signifie que vous êtes sur le point d'obtenir votre diplôme. C’est un moment crucial au sein de votre parcours académique et professionnel ! Dites-moi, dans quel domaine vous spécialisez-vous ? Votre choix d’études doit certainement être guidé par une passion ou un intérêt particulier, n'est-ce pas ? Durant un court instant, la jeune femme se remémora le temps passé à l'Université Magic de Liberty, une période déterminante de son adolescence. En guise de premier cursus, elle avait choisi la médecine, principalement orientée par une volonté sincère d'aider autrui, tout en répondant à sa curiosité scientifique ainsi qu'à son désir de comprendre les organismes vivants du Sekai. Comme si c'était hier, la belle aux cheveux d'argent se souvint de la fascination ressentie lorsqu'elle découvrit les subtilités de l'anatomie ou les complexités des remèdes magiques. Indubitablement, chaque cours avait contribué à aiguiser son esprit critique. Et ça, personne ne pourrait lui enlever.
Ayshara se doutait bien que la brune allait la cuisiner à propos de son discours féministe, et elle était préparée à répondre à la moindre de ses questions. Toutefois, en fine politicienne, elle pesa ses mots et préféra exposer la version pragmatique de ses idées, plutôt que d'emprunter une voie davantage sentimentale. Ici, au Reike, la gouvernance laissait généralement peu de place à la moralité. Donc, si l'impératrice souhaitait faire passer ses réformes, il fallait qu'elle exhibe des arguments et faits irréfutables, comme ce fut le cas quand l'esclavage fut aboli, après avoir présenté une série de preuves démontrant que cette pratique ne s'avérait point rentable pour les caisses de l'État sur le long terme.
Bref, elle commençait à savoir comment utiliser la machine reikoise à son avantage.
- Je suis très fière de cet intérêt que vous avez ! À mes yeux, il s'agit d'un signe de l'éveil des consciences ! S'exclama-t-elle. Je vise une transformation fondamentale de notre rôle. Prenons l'exemple du manque de main-d'œuvre. En donnant à la gent féminine des opportunités équivalentes et en valorisant leurs compétences, nous pouvons atténuer significativement cette pénurie. Les femmes représentent une part importante de nos potentiels cerveaux et talents. En les encourageant à poursuivre des carrières, notamment au sein des instances gouvernementales, nous stimulerons l'innovation et la croissance. Imaginez un Reike où nous sommes libérées des entraves traditionnelles, où nous contribuons de manière égale à l'élaboration de solutions aux défis que nous rencontrons. Imaginez plus de têtes, plus de lames pour combattre les titans et développer nos technologies. Nous ne parlons pas seulement de faire progresser les droits des femmes; nous parlons de renforcer l'Empire et d'améliorer globalement le quotidien de nos citoyens. Ceci, les républicains et les melornois le font depuis des lustres. Pourquoi pas nous ? Et il n'y a toujours pas eu de catastrophe liée à cela... À moins que l'élection de Dame Goldheart en soit une. Un doux ricanement. La reine stoppa quelques secondes son discours passionné, histoire de se désaltérer un peu la gorge avec du thé. Néanmoins, je sais que ces changements ne seront pas aisés. De nombreuses familles anciennes continuent de nous voir comme des utérus ambulants. Le défi réside dans la recherche d'un équilibre entre le respect de ces traditions et l'impulsion d'une évolution indispensable. Hélas, ces transformations ne se produiront pas instantanément. Il s'agira d'un processus progressif, nécessitant une vaste campagne de sensibilisation. Nous devons mettre en lumière les modèles féminins forts de l'Empire, ces femmes qui, par leur compétence, ont prouvé qu'elles sont tout aussi capables que leurs homologues masculins, à condition qu'on leur en offre l'opportunité. Elle conclut, un voile de défi brillant dans ses améthystes. Et vous, Isolde, compte tenu de votre parcours à Drakstrang, comment envisagez-vous de contribuer à l'avancement de l'égalité des sexes au Reike ? Pensez-vous qu'il soit possible de réconcilier les valeurs traditionnelles et le besoin d'évolution que nous constatons aujourd'hui ?
Alors que les deux adultes discutaient, l'écailleux prince, complètement insouciant des enjeux de l’entretien, s'amusait nonchalamment. Sur le bureau, il effectuait des pirouettes et roulades rigolotes, se contorsionnant, puis tournant sur lui-même dans un ballet tout mignon. Ses mouvements typiques de la maladresse enfantine ajoutaient une touche de légèreté à la conversation sérieuse et profonde qui se déroulait.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Leur combat
Feat Ayshara
Les traits de l’Impératrice semblaient doux et avenants. Isolde se sentait un peu plus calme que lorsqu’elle arriva et afficha une posture plus détendue et engageante. La mage élargit son sourire face aux paroles de son interlocutrice. Et elle en fit de même en accueillant les étranges bruits de l’enfant dragon. Ce dernier semblait farceur et Isolde s’amusait de pouvoir le voir de si près et apprécier son tempérament.
Elle était effectivement à un moment clé de son parcours scolaire. La brune au teint pâle mesurait l’entièreté de ses études, du temps qu’elle y avait consacré et de ses brillants résultats. Elle se montrait toujours studieuse, intéressée et elle possédait une soif de connaissance hors du commun. Sa curiosité la poussait à toujours s’aventurer au-delà des cours. Ainsi, la bibliothèque restait son endroit préféré, hors des salles de classe. Le lieu où elle avait passé énormément de temps, au cours de ces quatre dernières années. De plus, la bibliothèque d’Ikusa demeurait riche et bien fournie, avec tout un rayon comprenant des livres anciens. La nécromancienne appréciait tant se perdre dans ces anciens grimoires, riches de savoirs ancestraux.
- « Je me suis spécialisée dans l’étude des magies noires, Votre Majesté. » répondit-elle. Elle conservait un mince sourire, mais elle mesurait également la gravité et le sérieux du sujet. Aussi, elle adaptait son ton à la conversation, offrant un cadre plus formel et plus juste. « L’armée reikoise et l’Université ont jugé bon le fait d’inclure ce cursus au sein de Drakstrang. Et je me range tout à fait à cet avis. J’estime devoir connaître les forces de l’ennemi de manière à les détourner et éventuellement, les utiliser contre lui. Les magies sombres peuvent s’avérer être un puissant allié. Il faut bien sûr les manipuler avec tact et parcimonie. Les étudier me fascine, je ne vous le cache pas, Majesté. J’étudie les malédictions, les cas de possession, les nécromancies et autres pratiques. C’est extrêmement intéressant. Et je ne compte rien laisser de côté. Tant que leur utilisation reste encadrée et stricte, comme c’est le cas à Drakstrang, elles peuvent être un excellent atout stratégique. »
La jeune femme ne dissimulait pas son attrait pour cette forme de magie obscure. Bien que son enseignement consistât à apprendre ses arcanes de manière défensive. Elle ne niait pas l’intérêt suscité. De toute manière, la pratique encadrée et limitée n’était pas interdite au Reike.
- « Je reconnais que la magie noire reste assez mal vue. Il s’agit de percer des mystères anciens, de toucher à des secrets enfouis et sombres. Mais les enseignants du campus d’Ikusa sont pragmatiques, justes et perspicaces. Leur maîtrise est incontestée et leur enseignement de grande valeur. Je crois fermement au bien fondé de leur démarche, Votre Majesté. »
L’étudiante choisissait les mots qu’elle pensait justes. Elle n’avait rien à reprocher aux enseignants de la capitale. Certains auraient peut-être profité de cette entrevue avec la première femme du Reike, pour dénigrer un professeur ou revoir les méthodes de celui-ci. Mais là n’était pas le but d’Isolde. Elle voulait dans un premier temps, clouer la bouche de sa camarade de promotion. Mais là, maintenant qu’elle se trouvait face à l’épouse de Tensai, elle souhaitait mettre à profit ce temps. Et voir ce qu’il se cachait derrière les pensées de la vosdraak.
Lorsque le discours féministe fut abordé, Isolde écouta les paroles de son vis-à-vis avec attention. Il lui fallait intégrer les mots, les analyser rapidement, afin de lui apporter une réponse digne et appropriée.
Seule la remarque sur la présidente de République lui fit étirer un sourire. Sinon, l’étudiante restait concentrée sur le discours de l’Impératrice. La brune à la chevelure d’ébène hochait la tête suite à certains propos, elle comprenait les attentes d’Ayshara et semblait même en accord avec certaines de ces idées. Par exemple, le fait de promouvoir les femmes vaillantes au sein de l’Armée ne lui posait aucun problème.
- « Je suis tout à fait d’accord pour l’Armée, beaucoup de femmes ont leur place au sein de celle-ci. Bon nombre de mes camarades féminines démontrent des capacités martiales étonnantes. Moi-même, comme vous le savez, je me suis dirigée vers une voie davantage magique. Mais la maîtrise des arts de la guerre n’est pas qu’une affaire d’hommes. » dit-elle, honnête. Elle avait vu des sœurs d’armes exceller dans l’art du combat. « Il en est de même pour l’accession des femmes à des postes de pouvoir, d’importance équivalente à celles des hommes. Seulement, je crois que le mérite prime sur le reste. Compte tenu des aptitudes et du parcours de chacun, que ce soit une femme ou un homme n’importe peu, face aux capacités et aux connaissances de l’individu. J’aurais tendance à juger la personnalité et le savoir-faire, en mettant de côté son sexe. Parce que, ce n’est pas cela qui le définit. »
La mage passa son regard émeraude sur le petit dragon qui jouait, bien loin des discours sérieux et complexes des deux jeunes femmes. Il assurait un spectacle de cabrioles qui détendait l’ambiance et ajoutait une touche de malice et de légèreté à l’ensemble.
- « Pour ma part, je pense agir plutôt en femme de l’ombre, peut-être est-ce lié aux arcanes sombres que j’étudie. Mais je ne me vois pas sur le devant de la scène. » avoua-t-elle, en inclinant légèrement la tête sur le côté, avant de reprendre. « Je conçois tout à fait la volonté de faire avancer les choses et je la partage. Certaines pensées peuvent être archaïques et dénigrantes pour les jeunes femmes. Toutefois, il ne faut pas renier notre héritage passé et les valeurs qui sont le fondement de notre nation. Nous devons trouver un juste milieu. Je dis ‘Nous’, les reikoises de tout horizon et de toute classe sociale. Si les mesures sont prises dans le respect, et je sais que c’est le cas Majesté, je crois sincèrement que le progrès peut s’intégrer au sein des principes de notre nation. »
Isolde restait beaucoup plus nuancée dans ses propos. Elle saisissait aussi, le paradoxe entre le désir de faire avancer les mentalités pour les femmes et sa volonté personnelle de rester dans l’ombre. Mais son cas demeurait bien différent, elle étudiait et pratiquait l’occultisme, et il était difficile d’imaginer le fait de répandre et promouvoir cette forme de magie au sein de l’Empire.
- « Quelle est votre opinion sur les lois et les traditions qui limitent le droit des femmes ? Je veux dire, ressentez-vous ce poids au quotidien, et ce malgré votre rôle ? Pardonnez-moi si mon approche est trop personnelle, Majesté. Je me demandais si les préjugés pouvaient aussi affecter votre quotidien. » Cela valait bien le coup de tenter de creuser, après tout, l’audace guidait toujours Isolde. Si cela ne plaisait pas à l’Impératrice, elle le lui ferait savoir. Le but n’étant évidemment pas de la froisser. « Votre intervention fut en tout point pertinente. J’imagine que cela inspirera bon nombre de mes camarades. Je ne serais pas étonnée de voir une organisation dédiée au droit des femmes se créer. » ajouta-t-elle, en ricanant.
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Impératrice-dragon du Reike
Ayshara Ryssen
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En conversant avec Isolde, la jeune femme repensait à ses propres périodes de doutes, lorsqu'elle n'était qu'une étudiante ambitieuse et pleine de questions, essayant de se bâtir une place au sein d'une société dominée par les hommes. Pénible, il y avait eu cette sensation stridente d'être tout le temps évaluée. Non pas sur le fondement de son intelligence ou de ses capacités magiques, mais plutôt en fonction de son genre et de son statut de princesse. Ces moments - trop nombreux - où les contributions de la vosdraak se faisaient minimisées, dépréciées. Où ses réussites étaient attribuées à tout sauf à son mérite personnel. Ces souvenirs ravivaient en elle à la fois frustration et détermination farouche, ainsi qu'une passion brûlante de prouver sa valeur, de montrer que sa place demeurait là où elle décidait d'être.
Un rictus discret se dessina cependant sur ses lèvres suite à la réponse de la brune. L'impératrice était, en effet, au courant de la controverse qui englobait l'étude des magies noires. Controverse partiellement justifiée, d'ailleurs, car au cours de sa courte existence, la quasi-totalité des sorciers sombres qu'elle avait rencontrée ne pratiquait clairement pas leur "art" afin de soutenir le bien commun. Ce triste phénomène n'était probablement pas dû au hasard, selon l'épouse du Conquérant.
D'abord, il fallait considérer la nature même de cette vocation intrinsèquement liée à l'exploration des aspects les plus interdits de la magie. Cette discipline, de par son essence, attirait très certainement les personnes en quête de puissance. La tentation de dominer, de contrôler les autres et d'exercer un pouvoir despotique pouvait s'avérer irrésistible. Dans une culture où l'on valorisait la force immédiate, le chemin obscur octroyait une voie rapide et facile vers l'ascension, quitte à fouler aux pieds les principes éthiques et moraux.
- En fait, c'est sous l'initiative de la Couronne, qui marraine l'Université depuis ses débuts, que Drakstrang a enrichi son programme d'études. Cela dit, votre passion pour cette forme de magie s'avère des plus intrigantes. Corrigea-t-elle gentiment, sans volonté de la faire passer pour ignorante, mais davantage pour clarifier la situation avec tact. Les arcanes, qu'elles soient noires ou de toutes autres couleurs, ne se veulent ni bonnes, ni mauvaises. Ce qui importe véritablement réside dans l'utilisation que l'on en fait. Par exemple, la médecine. Traditionnellement vue de façon positive, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une discipline ayant le potentiel de causer autant de souffrances que de soulagement, selon l'intention et l'usage. De la même manière, les magies noires, souvent mal comprises et craintes, recèlent une puissance qui, si dirigée sagement, peut effectivement servir les intérêts du Reike. Enfin, Ayshara poursuivit sur une note d'encouragement. Vous semblez détenir cette curiosité intellectuelle qui constitue la marque des grands mages de ce monde. Toutefois, je vous invite à continuer vos études avec un esprit ouvert, tout en veillant scrupuleusement à l'impact de vos actions. Rappelez-vous que le véritable pouvoir ne réside pas seulement dans la connaissance elle-même, mais dans l’aptitude à l'utiliser pour élever et protéger. La belle jeta un rapide coup d'œil à Draknys qui maintenait ses pitreries, visiblement peu intéressé par cette conversation. Ensuite, elle redirigea ses prunelles vers la nécromancienne. Curieuse d'en apprendre plus sur la philosophie de son interlocutrice, elle lui posa une petite question piège : Imaginons une situation où vous découvrez un nouveau sortilège interdit d'une puissance inégalée, capable d'assurer la protection et la prospérité du Reike pour les siècles à venir... Cependant, l'usage de ce sort nécessite un sacrifice personnel immense, susceptible de causer un tort irréversible à vous-même ou à vos proches. Seriez-vous prête à utiliser cette magie pour le bien commun, acceptant les conséquences individuelles, ou choisiriez-vous de laisser cette puissance inexploitée même si cela signifie renoncer à un avantage stratégique majeur pour l'Empire ?
Elle cherchait à ébranler, à tester, mais surtout à éveiller. Élevée au sein des intrications politiques et des responsabilités d'un empire en perpétuelle ébullition, la souveraine avait appris dès son plus jeune âge que le pouvoir, dans toutes ses formes, était à double tranchant. D'une part, elle espérait insuffler à Isolde une réflexion profonde sur l'impact de ses décisions futures. D'autre part, elle visait à cultiver chez la jeune mage une conscience aiguë de l’implication inhérente à la détention de telles capacités.
Ayshara continua d'écouter respectueusement les propos de la brune, appréciant son analyse. Elle nota la maturité avec laquelle Isolde abordait la question du mérite, indépendamment du genre, et son choix personnel de demeurer parmi les ombres. Un sourire, suivi d'un hochement approbateur de la tête.
- Je partage votre opinion sur le fait que les compétences et les connaissances doivent primer sur le sexe de l'individu. Néanmoins, croyez-vous que les femmes et les hommes bénéficient des mêmes opportunités pour démontrer leur valeur ? Est-il possible que notre perception du mérite soit influencée, voire faussée, par les rôles traditionnels et les attentes sociétales qui ont longuement favorisé un sexe au détriment de l'autre ? Comment assurer que le mérite de chacun soit véritablement identifié et rehaussé, sans être biaisé par des siècles de préjugés ? Une pause, laissant le temps à l'étudiante de digérer ses questions. De plus, considérant votre choix de rester une personne de l'ombre, comme vous dites, pensez-vous que la société puisse pleinement reconnaître et valoriser le mérite des femmes si celles qui atteignent l'excellence décident de ne pas se mettre en avant ? Critères importants, l'égalité des chances et la visibilité étaient des prérequis pour que le mérite de chacun puisse être justement évalué et célébré.
La belle refoula un petit rire quand la demoiselle au regard d'émeraude s'intéressa à son vécu. Évidemment que sa vie n'avait pas été simple. Évidemment qu'elle avait été victime d'un paquet de situations chiantes parce qu'elle renvoyait l'image d'une gentille femme. Cependant, toutes ces épreuves-là constituaient son histoire et elle se sentait fière d'en être sortie plus forte que jamais.
- En effet... J'ai pendant longtemps ressenti ce poids. Mais laissez-moi vous confier quelque chose... Un sourire mauvais illumina son visage. J'ai décidé que choquer tous ces nobles et leurs traditions avec mes idées était une partie de moi que j'embrasse pleinement. D'un plaisir presque coupable, elle repensa à la tête que tiraient tous ces esclavagistes lorsque sa réforme avait passé. Un moment absolument délectable. Et elle comptait bien continuer dans cette voie. Ayshara, loin de s'en repentir, trouvait au sein de cette audace une source d'énergie. Croyez-moi, Isolde, je ne souhaite pas m'arrêter là. Les visages déconfits, tous ces hommes outrés... Voilà qui ajoute une saveur particulière à mon engagement. Dit-elle en ne perdant pas de vue son objectif de justice sociale et d'égalité. Ces esprits réfractaires, si elle devait les écraser sous ses talons un par un, la vosdraak le ferait sans aucune hésitation. Si mon intervention inspire ne serait-ce qu'une personne à réclamer ce qui est juste, alors je considérerai ma mission ici comme partiellement accomplie. Et pour ce qui est d'une organisation spéciale, je serais la première à apporter mon soutien. Puis, elle se redressa, reprenant une posture royale. Si cela venait à arriver, seriez-vous prête à faire partie d'un tel mouvement ? Demanda-t-elle humblement.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Leur combat
Feat Ayshara
Le pouvoir royal était à l’origine de cette volonté de voir apparaître la magie noire au programme de Drakstrang. Cela ne surprit pas Isolde, les changements importants de l’Université passaient par le conseil et la validation de la couronne. Elle acquiesça doucement, écoutant attentivement la suite des paroles de l’Impératrice. Isolde se montrait très à l’écoute et disciplinée. Ce qui était toujours le cas au sein de Drakstrang. Mais en ce jour, elle n’avait pas seulement l’un de ses professeurs devant elle, mais la dirigeante de sa nation. Celle dont la voix comptait et dont les décisions pouvaient changer l’avenir du Reike. Sa jeunesse ne la retenait pas, son interlocutrice avait été, dès son jeune âge, éduquée en tant que princesse. Puis devenue dirigeante, la lourdeur de ses responsabilités faisait qu’elle avait mûrit sans doute plus vite que la plupart des jeunes femmes du même âge.
La sagesse de la vosdraak était donc à relever et l’étudiante écoutait son avis, tandis qu’elle évoquait son approche des arcanes sombres. Elle reconnaissait toute la complexité de cette forme de magie. Malgré cette ouverture, les préjugés persistaient, et souvent à raison. Bon nombre de mages noirs se servant de leurs pouvoirs pour faire régner le mal, ou asseoir leur domination sur les faibles. Isolde n’avait jamais recherché la célébrité, la gloire ou le succès. Pourtant, elle ne pouvait nier être attirée par le pouvoir. Tout dépendait de ce qu’elle allait en faire, comme le précisait Ayshara. Devait-elle utiliser ses connaissances acquises pour son confort personnel, sa réussite, ou mettre ses talents au service de la Nation du désert…
Elle lui offrait ses conseils avec bonté, tout en cherchant subtilement à faire comprendre à Isolde l’importance de servir les intérêts du Reike, d’utiliser sa magie pour faire le bien. La nécromancienne se sentait au-dessus de ces concepts de bien et de mal. L’éthique et la morale n’avaient jamais guidé ses actes, ni son cœur. Elle agissait pour son seul intérêt, elle avait toujours fonctionné ainsi. Elle se moquait bien des autres et de leurs besoins, tant que les siens étaient satisfaits. Néanmoins, elle ne pouvait pas avouer de telles choses ni se comporter en être individualiste et égoïste devant l’Impératrice.
- « Je vous remercie pour vos sages paroles, Majesté. Et je prends à cœur vos conseils. » Elle était sincère, recevoir les conseils de la vosdraak étaient importants pour l’étudiante, bon nombre d’élèves auraient tant apprécié être à sa place. Elle mesurait la chance qu’elle avait, même si cette chance avait bien évidemment été poussée par l’audace de la brune. Cette dernière fut piquée par la question piège que lui posa l’épouse de Tensai. Elle détourna un instant le regard, cherchant ses mots en analysant ceux de son vis-à-vis. Inutile de se précipiter dans ses réponses. Prendre quelques instants de réflexion permettaient de fournir une réponse plus travaillée et réfléchie.
Le désir de pouvoir était ancré dans l’âme de la jeune femme. Elle sentit un petit frisson d’excitation lui parcourir l’échine, tant l’idée de découvrir un nouveau sortilège interdit lui était plaisante. C’était une proposition tentante, évidemment qu’elle était intéressée par l’idée de détenir un sortilège d’une puissance inégalée, capable de changer le destin de l’Empire. Cependant, Isolde restait consciente des implications personnelles énoncées. Le sacrifice pouvait être très grand, serait-il réellement à la hauteur de ses attentes… Cependant, la mage ne laissa pas transparaître devant sa reine une quelconque peur ni hésitation. Son regard pétillait d’une lueur déterminée et d’assurance. « Si une telle occasion s’offrait à moi, je n’aurais pas de mal à assumer les sacrifices personnels nécessaires à l’obtention d’un tel pouvoir. Si son but est d’évoluer de manière à assurer la protection du Reike pour les siècles à venir, il n’y a pas de questions à se poser. Les conséquences éventuelles ne sauraient taire mon devoir pour le Reike. » dit-elle dans un sourire confiant. La mage avait déjà prouvé que les sacrifices personnels ne lui faisaient pas peur. Seulement, si une telle chose devait se produire, elle souhaitait bénéficier des avantages conférés par ce pouvoir. Et faire plier les plus récalcitrants à sa volonté.
Elle ignorait si ses réponses apporteraient satisfaction à l’Impératrice. Ce type de conversation restait périlleux. Elle tentait de mettre toutes les chances de son côté, afin de rester bien considérée par sa souveraine. Tout en essayant de garder une certaine honnêteté. Elle savait duper, tromper. Mais rien n’était plus valorisant que d’être appréciée à sa juste valeur, en confiant quelques vérités sur celle qu’elle était.
En ce qui concernait la suite de leur échange, Isolde souleva la pertinence des questions de celle à la longue chevelure d’or. Elle n’avait pas l’habitude d’être confrontée à ce genre de discussion. Elle était dans une société où le pouvoir avait toujours été fort et dominant de la part des hommes. Et cela lui convenait ainsi. Parce que les choses étaient faites comme cela. Mais il était intéressant de percevoir les faits sous un autre angle. La vision d’Ayshara était avant-gardiste. Elle désirait modeler la nation selon ses propres convictions. Ce qui restait une lutte acharnée, tout ne pouvait pas évoluer si rapidement.
- « Nous ne pouvons nier que notre perception du mérite peut être biaisée par la tradition et le rôle qu’elle joue dans notre société. Et oui, bien souvent au détriment des femmes. Il y a des progrès réalisés, nous le constatons au sein de l’Université d’ailleurs, comme je le disais. Mais effectivement, il subsiste des barrières, qui peuvent empêcher l’égalité des opportunités. » Elle fit une pause, réfléchissant aux dernières questions, qui méritaient d’être prises en considération. « C’est un long travail, Majesté. Mettre en avant les compétences de chacun, peu importe son sexe. Mettre en place des règles d’inclusion, laisser les vieux préjugés de côté. Tenter de faire des efforts, à chaque niveau, pour que chacun puisse accéder aux mêmes opportunités, aux mêmes chances. Et prouver ce dont il est capable. »
Puis la souveraine revint sur la volonté d’Isolde de rester dans l’ombre. Elle savait qu’elle allait tiquer dessus et à raison. Ses mots avaient du sens et la jeune femme sentait ce conflit intérieur grouiller en elle. Elle maintenait son choix de ne pas quitter les ombres. Cependant, les paroles de l’Impératrice soulevaient une question pertinente. Comment les femmes peuvent-elles êtres véritablement valorisées si, comme Isolde, elles décident de rester discrètes. Comment la société pouvait reconnaître leur mérite. La brune tentait de démêler les divers sentiments qui passaient en elle.
- « Votre Majesté, je comprends cette visibilité et l’importance qu’elle a vis-à-vis des autres femmes, pour inspirer toutes les femmes. Pourtant, je ne peux me résoudre à évincer l’idée que la discrétion offre parfois de belles opportunités également. Je crois en la puissance de l’action silencieuse, celle qui se tisse derrière les rideaux. Le plus grand impact peut-être réalisé dans les ombres, à l’abri des regards. Toutefois, je suis prête à réfléchir. Il est primordial de garder l’esprit ouvert. Et je réfléchis à la manière dont je pourrais davantage contribuer à la reconnaissance des femmes. »
Les paroles suivantes de la vosdraak surprirent quelque peu Isolde. Elle ne s’attendait pas à percevoir autant de malice de la part de l’Impératrice. Elle était farouchement déterminée à ne pas se laisser faire et à faire passer ses idées, par la force si cela était nécessaire. D’une certaine manière, la nécromancienne trouvait cela admirable. Elles ne possédaient pas exactement les mêmes idées mais toutes les deux semblaient porter à faire de grandes choses et se faire respecter. Elle prenait plaisir à défier l’ordre établi et la brune se reconnaissait dans ces actes. Elle appréciait également cette franchise et cette forme de complicité. Un léger sourire se dessina alors sur les lèvres de la mage.
- « Votre détermination et votre audace sont respectables, Majesté. » dit-elle, de manière très honnête. « Vous êtes confiante en vos idées et cela se ressent pleinement. Mais ne craignez-vous pas d’éventuelles répercussions ? Cela peut entraîner des instabilités au sein de l’Empire, des conflits internes, des actes de rébellion et de violence... Enfin, loin de moi l’idée de vous freiner dans vos convictions. Je sais que vous avez des choix à faire et vos idées éclairées portent l’équilibre de la nation. »
Ayshara semblait déterminée à voir ses idées mises en place, à choquer l’opinion publique et chambouler les mœurs. À voir ce que de telles dispositions donneront. Mais le peuple reikois paraissait plutôt bien s’accommoder aux fonctionnements de ses dirigeants. Et très certainement la puissance des deux souverains était un frein non négligeable à toute tentative de rébellion.
Voilà qu’une sorte de piège se refermait sur les précédentes paroles d’Isolde. Cette dernière ne se voyait pas réellement engagée dans la lutte pour le droit des femmes au sein de l’Université. Même si elle était certaine que beaucoup de représentantes féminines avaient été touchées par l’intervention de leur souveraine. Cela offrait un message d’espoir à bon nombre d’entre elles. Un sentiment de valorisation, cela les rendait plus fortes, plus combatives et déterminées. Il était bon pour Isolde d’être reconnue et peut-être appréciée par l’Impératrice. Cela ne lui coûtait rien de se rallier à sa cause après tout. Si elle œuvrait en ce sens, les questions sur ses expériences occultes seraient amoindries. C’était une opportunité intéressante. La brune sourit, se redressa également et acquiesça.
- « Je reconnais l’importance de cette initiative et si un tel mouvement devait voir le jour, je serais honorée d’y contribuer. C’est une cause noble que vous chérissez et je suis prête à apporter mon soutien et être une alliée dans cette mission. » Elle fit une pause, elle désirait montrer sa volonté de s’impliquer. « Avez-vous des idées spécifiques pour concrétiser ce projet Majesté, des choses à mettre en œuvre déjà au sein du campus d’Ikusa ? Je suis convaincue que cela pourrait faire la différence, inculquer de nouvelles valeurs à celles qui constitueront l’élite reikoise. Si vous avez besoin de mon aide ou de mes idées, n’hésitez surtout pas. » ponctua-t-elle avec politesse et un certain enthousiasme.
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Ayshara Ryssen
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Proclamer sa dévotion à l'Empire relevait de la rhétorique. Déclarer un dévouement sans limites à la cause impériale paraissait aisé en paroles, mais se confronter à la dure réalité de ce choix était un défi d'une envergure différente. Entre une affirmation grandiloquente et l'âpre vérité se creusait souvent un gouffre que seuls les plus résolus osaient vraiment franchir. Sur le coup, l'impératrice se demanda si Isolde avait bel et bien compris ce que cela impliquait. Ou si elle n'était pas juste en train de réciter des mots destinés à plaire ou à impressionner une figure d'autorité se trouvant devant elle. En dépit de sa noblesse, la volonté de se sacrifier ne devait pas être prise à la légère. Hochant doucement la tête, Ayshara reconnut néanmoins le courage apparent de son interlocutrice, gardant sous silence ses doutes. Qui vivra, verra.
De son côté, si jamais on lui posait ce genre de question, la belle vosdraak ne saurait probablement pas quoi y répondre exactement. Comme la brune, elle serait sûrement tentée par la jolie réplique altruiste, celle plaisant aux gens, qui inspirait le respect et l’admiration des siens. Cependant, ce ne serait qu'une demi-vérité, parce qu'on ne pouvait décemment pas demander à une mère de sacrifier son enfant ou bien son mari. L'obtention d'un pouvoir incommensurable ne remplacerait jamais la joie et la chaleur d'évoluer proche de sa famille. Heureusement, le Reike possédait plusieurs garde-fous avant d'en arriver à de tels extrêmes. Avec un peu de chance, un dilemme pareil ne se présenterait jamais à elle de son vivant. Peut-être que les bonnes grâces des Astres lui épargneraient ces décisions impossibles. Mais hélas, la vie d’une monarque n'était rarement constituée de certitudes, et ça, elle le savait mieux que quiconque.
- Une telle loyauté s'avère une qualité précieuse, surtout en ces temps agités où le Reike a besoin de personnes prêtes à se dévouer corps et âme pour son bien-être. Ce qui compte, c'est de toujours garder en tête que ces choix, aussi durs soient-ils, doivent être réalisés pour le bien commun tout en réfléchissant murement à leurs répercussions immédiates et futures.
Rapidement, la discussion revint à son point initial : celui traitant de la place des femmes au sein de la société reikoise. La petite sœur de Vaenys comprenait la vision de l'étudiante, même si quelques éléments de sa perspective la laissaient dubitative. Dans un monde où les hommes dominaient les sphères du pouvoir, se terrer parmi les ombres ne faisait qu’intensifier l'invisibilité de sexe féminin, le reléguant à des rôles secondaires et non reconnus. L'épouse du Conquérant croyait fermement en la nécessité de briser cette discrétion, de montrer au grand jour la force, la compétence et l'intelligence des femmes. La nation du dragon avait besoin de figures féminines visibles. De modèles saillants pour les futures générations de filles. Nonobstant, Ayshara respectait le point de vue de l'humaine, admettant qu'il y avait une place pour toutes sortes de contributions, incluant celles faites silencieusement.
- L'action discrète possède ses mérites, en effet. Malheureusement, les préjugés qui subsistent encore ne se dissiperont pas si nous restons cachées. C'est en nous exposant, en revendiquant nos droits avec assurance, que nous pourrons véritablement briser ces barrières. Je comprends néanmoins où vous voulez en venir, Isolde. En tant que femme qui n'a pas peur de montrer ce qu'elle vaut, je crois que vous avez le potentiel de participer à cette évolution. Y réfléchir est déjà un beau début, en soi.
Les interrogations que soulevait la demoiselle à la chevelure d'ébène étaient pertinentes. De ses luttes contre les coutumes machistes de l'empire, la vosdraak se doutait bien des conséquences possibles. Si mal gérée, chaque réforme d'envergure pouvait foutre une merde incroyable au sein du pays et ainsi déclencher un conflit civil. Il s'agissait des risques du métier. Les élites conservatrices, les nobles puissants, les traditionalistes attachés à un ordre ancien — beaucoup de ces gens-là percevaient ses actions comme une menace directe à leur statut. Pourtant, il ne fallait pas rester esclave de l'inertie. Le vrai danger résidait dans la passivité. Ne pas agir par peur des conséquences serait encore pire que de risquer le chaos. L'Empire avait cruellement besoin de changement. Cette stagnation, ce maintien des vieilles mœurs au détriment du progrès, ne ferait que le condamner à un déclin lent. En tout cas, c'était son avis à elle.
- Vos inquiétudes me paraissent légitimes. Et je vous remercie de les exprimer franchement. Ricana-t-elle en douceur. Il est vrai que les évolutions que je préconise ne sont pas dénuées de risques. Mais je ne laisserai pas la peur des conséquences m'empêcher de faire ce qui est juste pour le Reike. L'immobilisme est bien plus dangereux que le changement, croyez-moi.
Finalement, la brune accepta de contribuer à ce mouvement de féminisme naissant, ce qui ravit l'impératrice, heureuse de pouvoir compter une nouvelle militante parmi ses troupes.
- Je suis très contente de l'apprendre, très chère. Dit-elle en souriant. Pour commencer, je vais créer un réseau de soutien exclusivement féminin au sein de tous les Campus de Drakstrang, comprenant aussi celui de Melorn. Nous identifierons et encouragerons les jeunes femmes talentueuses, les aiderons à développer leurs compétences. Ce réseau pourrait inclure des ateliers, des conférences ainsi que des discussions thématiques menées par des figures influentes, tant du Reike que d'ailleurs. Elle pensa en outre à la cheffe du Conseil des Érudits, Lysandre, ou encore à la Consule de la République. Par contre, Ayshara ne souhaitait guère inviter cette satanée Mirelda ! Ensuite, nous verrons en temps et lieu comment les choses évoluent. Parce que oui, trop prévoir d'avance les plans causeraient sûrement de mauvaises surprises. Elle préférait donc procéder progressivement, une étape à la fois.
Plongée dans cette discussion intéressante, la reine en oublia presque l'heure et ses obligations à venir, devant rejoindre une professeure de l'Université sous peu. Draknys, couché non loin d'elle, commençait également à montrer des signes d'impatience, poussant de petits gémissements occasionnels. Ahlala... Dur dur la vie de dragonnet !
- Isolde, je crains que le temps ne soit pas en ma faveur aujourd'hui. Il faut que je me prépare pour ma prochaine rencontre. Lorsque vous aurez terminé vos études, n'hésitez pas à passer au palais ! Nous pourrions alors discuter davantage de vos idées. J'aimerais vous voir jouer un rôle actif dans l'avenir prometteur du Reike.
Sur ces mots, la souveraine se leva gracieusement, puis invita un garde à escorter l'étudiante à l'extérieur de la pièce. Tranquillement mais sûrement, les graines se plantaient, dans l'espoir qu'elles germassent un jour malgré l'aridité du désert...
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