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    Gunnar Bremer
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  • Jeu 16 Mai - 18:31
    -Préparez vous à accoster !

    Les mains sur le bastingage, je regarde l'île s’approcher sous nos regards. On est tous en rang d’oignons pour admirer la vue. La fine fleur de l’Office Républicain de Courage. Des vétérans de Kaizoku et de Justice. Peu peuvent s’en vanter. Il y a Pancrace, évidemment, mais aussi tous nos subalternes : Tarot, Serge, Bistouri, Madame, Fifi, Surin, Krueger. Même Gégé est là. Je dois en oublier. C’est normal d’oublier et c’est dans les moments importants qu’on retrouvera les noms, généralement quand il faudra donner une mission qu’on ne veut pas faire soi-même.

    Quand on nous a dit qu’on allait être envoyés en mission aux îles paradisiaques pour quelques temps, on a tout de suite senti l’arnaque malgré les arguments sensés de la hiérarchie. C’est vrai que les îles paradisiaques, outre les îles sous plein contrôle de la république, c’est plus d’une centaine de bouts de terre plus ou moins gros où l’autorité républicaine n’est clairement pas établie. Alors, les autochtones sont les premiers à revendiquer leur indépendance et gueuler pour le respect de leur culture, mais c’est pas les derniers à venir pleurer dans les jupes de la République quand il y a une merde par chez eux. Dans les îles comme Jardin, les gens du coin accueillent volontiers les républicains et surtout l’argent qu’ils transportent à leur ceinture. Quand c’est des matraques, ça fait tout de suite plus la gueule. Sauf qu’avec la fin de Kaizoku l’année dernière qui a vu la piraterie se choisir d’autres repères, les remous de l’Assemblée, les racines jamais enfouis des sectes locales et les possibles ingérences d’éléments étrangers, les îles ne manquent pas d’éléments perturbateurs.

    Et la République ayant déjà perdu Kaizoku et sa dignité à Liberty, ça serait con de perdre ces îles paradisiaques parce qu’on a pas voulu regarder.

    -En formation !

    Sous l’impulsion de l’ordre, on se met en rang, Pancrace et moi un pas devant la ligne de nos subalternes, nos galons bien en évidence. Sortant de sa cabine, Patoche nous lance un grand sourire et nous rejoint alors que le bateau frappe le dock et qu’on envoie la passerelle. Derrière lui, l’escouade d’Effraies apparaît et quelques officiers républicains ne peuvent s'empêcher d’avoir un rictus méprisant. J’essaie de faire bonne figure, mais j’en pense pas moins. D’autres officiers de l’Office sortent et se rangent derrière Patoche et les Effraies avant de commencer la descente. Une fois passée, on se met en position pour descendre, mais on est brusquement arrêté par notre chef.

    -Ah non, vous ne vous arrêtez pas ici.
    -Comment ça ?
    -Vous avez mal écouté, Capitaine Bremer ? Quel exemple pour les troupes.

    Je jette un coup d'œil sur mes voisins. Personne ne bronche. En même temps, qui a écouté lors du briefing ? C’était il y a une semaine et il était l’heure de rentrer à la maison. Patoche sourit.

    -Mes homologues et moi-même, nous allons faire de la politique auprès des factions de Jardin. Vous, vous allez sur le terrain. Nous avons une poignée d'îles qui méritent l’attention de la République et qui de mieux que l’Elite de la République pour remplir cette tâche ?
    -Mais… les effraies… eux…
    -Qui de mieux que l'Élite, capitaine ?

    Il est fort. Très fort. Piégé par notre fierté, on se contente de saluer tandis que Patoche part en vacances sous prétexte de politique, nous laissant au moins entre collègues. Presque.

    -Bremer. Dosian. Faites revenir à leurs postes les hommes, nous repartons.

    Assis sur un petit tabouret devant un pupitre simple, le second de Patoche nous regarde d’un œil morne. Le commissaire adjoint Trouvenik est unanimement haï par tout le service, mais l’homme a la fâcheuse tendance de ne jamais s'énerver, assénant ces ordres de sa voix neutre mais terriblement horripilante. On échange un regard entre capitaine avant de donner l’ordre que tout le monde a attendu, mais personne n’a osé bouger. Trouvenik est de cette catégorie d’officier très à cheval sur les règles qu’il connaît toutes par cœur, à croire presque qu’il en invente car il peut nous arriver d’avoir des lacunes dans la connaissance du code de la République.

    On est pas parfait.

    -Putain, je vais trop me le faire ce petit batard. J’vous jure, ça me démange.
    -Ta gueule, Cinglé.

    A la suite de Kaizoku et de Liberty, les événements ont mis en lumière des éléments à la loyauté discutable dont certains se sont dressés contre la République. Si les plus véhéments ont trouvé le repos, d’autres ont eu la chance de déposer les armes pour croupir en prison. Pour d’autres encore, la marteau de la Justice a frappé au milieu sans savoir s’ils étaient vraiment coupables ou totalement innocents. Cinglé est de cette catégorie. Homme du Guet, il n’a pas rejoint la rébellion par conviction, d’après ces dires, mais par volonté de ne pas finir suicider de coups de couteaux dans le dos, une nuit, dans le dortoir de son unité. Les argument qu’il a avancé lui ont évité la mort et la prison, mais la République ne pardonne pas si facilement et il fait partie de ces quelques individus qu’on envoie en probation dans des unités fidèles de la République pour juger leur loyauté. On a quelques gars dans son genre, franchement patibulaire avec un pet au casque pour la majorité. Les troupes apprécient cet ajout récent, notamment parce que tous les officiers républicains ont l’ascendant hiérarchique sur les soldats en probation. C’est une récompense agréable, même pour le plus simple des Officiers Républicains, de pouvoir renvoyer à quelqu’un d’autres sa garde de nuit.

    Cinglé est certainement le pire taré du groupe et il ne serait pas étonnant qu’il nous claque entre les doigts. Heureusement, là où l’on va, l’autorité de la République est discutée et comme on nous l’a expliqué en première année de la GAR, il faut parfois se salir les mains pour obtenir des résultats, surtout quand il s’agit de ramener nos colonies dans le giron aimant de la République.
    Citoyen de La République
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    Pancrace Dosian
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  • Lun 27 Mai - 12:07

    Notre dernière vision du commissaire Patoche, c’est un insulaire qui lui met deux colliers de fleurs pendant qu’une autre lui tend un verre avec un cocktail. De ce que je sais du coin, ça va être rhum et fruits locaux, p’tet des spécialités locales avec pour donner encore plus de spécificités. J’repense au poisson séché que j’ai pas eu la force de finir tellement il était salé, et ma gorge sèche. Mais l’eau est déjà rationnée, et j’parle même pas de l’alcool : désoeuvrés comme on est, faut surtout pas nous filer à boire.

    Enfin, les capitaines, c’est différent, on a le droit à un verre de rouge le soir. Mais les hommes du rang, c’est queutchi.

    Heureusement, c’est pas bien loin pour accoster à notre première destination, une petite île du nom de Dimalv. Elle est connue pour sa pêche foisonnante, sa jungle luxuriante, son lac intérieur qu’est même pas salé, et des indigènes pas forcément aimables avec le giron aimant de la République. Autant dire qu’ils veulent qu’on remette de l’ordre, et qu’on y fait un arrêt rapide pour les impressionner.

    « Au moins, on n’a presque pas d’Effraies avec nous, que j’commente.
    - La plupart vont enchaîner buffets sur restaurants et alcool à volonté pendant une semaine.
    - C’est pas les grouillots, en même temps.
    - Ils ont osé appeler ça un séminaire de travail.
    - Ouais. Moi aussi, je voudrais bien des séminaires de ce type. »

    On soupire. Puis Gunnar reprend.

    « La dernière fois qu’on a eu un voyage, c’était chez ses arriérés du Reike.
    - M’en parle pas. »

    Je voudrais bien dire qu’on a fière allure, mais la navigation, ça t’use ton bonhomme, et on a tous hâte de mettre pied à terre, alors dès que les marins en jupette nous font le premier signe, On pose nos bottes sur le quai du village d’Ala’alatoa. Dix mètres plus loin, les planches en bois sont remplacées par le sable doux puis la terre de Dimalv. Un vieux pêcheur nous attend, harpon en main, la barbe drue et hirsute tressée et poivre et sel. Il nous fait un sourire dans lequel il manque la moitié des chicots, et on se dit que le continent est pas si mal, finalement.

    Y’a moins de soleil, mais on n’a moins de mal à mâcher.

    « Bienvenue à Ala’alatoa, officiers.
    - Merci, merci.
    - Pas de cocktail ici, souffle Gunnar.
    - Vous pouvez utiliser la caserne posée par vos prédécessurs là-bas. Et si vous avez des questions, n’hésitez pas, je reste au village aujourd’hui. Par contre, à partir de demain, je serai avec les autres, on part vers le milieu de la nuit pour pêcher. Si vous voulez venir, d’ailleurs...
    - C’est pour ça, le harpon ?
    - Hein ? Ah non, pas du tout, c’est juste symbolique. On pêche avec des filets et des cannes à pêche, ça serait absurde, sinon.
    - Ah.
    - Mais d’après la légende, les eaux étaient infestées de requins géants auparavant, donc il fallait se battre. Puis les autres tribus...
    - Comment ça, les autres tribus ? »

    Il se râcle la gorge.

    « Un peu comme les requins, on les voit plus trop... »

    Il en faut pas plus pour qu’on comprenne que y’a déjà eu un nettoyage qui a eu lieu, et que ses ancêtres se sont rendus maîtres de l’île. Il doit pas voir d’un bon oeil que la République se ramène pour faire la même chose, p’tet. En tout cas, c’est un terreau culturel intéressant.

    « Officiers, à la caserne, alors, que j’ordonne. »

    Dès qu’on met le pied à l’ombre et que la porte se referme sur notre cinquantaine d’hommes, ils se mettent à s’éventer et à desserrer leurs uniformes. Vrai qu’on est plutôt équipé pour patrouiller à Courage, à des dizaines de kilomètres au nord, avec un vent frais qui vient de l’océan ou un vent glacial qui vient des montagnes. Autant dire qu’on a l’impression d’être dans un sauna, entre l’humidité et la chaleur. On n’est pas les derniers, côté capitaines, et y’a que Lou qui garde fixement ses vêtements, ses insignes, et qui nous juge d’un air neutre qui respire la méchanceté derrière ses petits yeux mornes.

    « D’après les régulations, vous devrez remettre vos uniformes en sortant, observe-t-il.
    - La loi 497 article 2-B dit pourtant que...
    - Effectivement, des adaptations peuvent être nécessaires, pour correspondre aux spécificités locales, dans le cas où l’office de fournirait pas le matériel approprié. »

    Ç’avait été décidé pendant le grand hiver froid de -234. Les officiers avaient négocié pour des capes supplémentaires, et tout un attirail, vu que le gouvernement était pas en mesure de le faire. La moindre fourrure s’arrachait à prix d’or. Là, c’est plutôt l’inverse.

    « Cela nécessite toutefois la validation des commissaires ou, à défaut, des capitaines présents. »

    On échange un regard avec Gunnar.

    « On valide.
    - Très bien. »

    Il le note, d’humeur toujours égale, sur un bout de parchemin avec sa plume et son encrier portatif. Pas dit que l’encre sèche bien, ici, mais c’est son problème, pas le nôtre.

    Quand on ressort, le soleil nous éblouit, et les quelques villageois présents sur place ont le droit d’observer tout un tas de poitrines plus ou moins velues, de vestes déboutonnées, et de pantalons remontés. M’est avis que pour les quelques prochains jours, les couturières du bled vont avoir de quoi s’occuper pour faire les ajustements nécessaires. On distingue aussi déjà quelques auréoles de sueur sous les aisselles, et Dédé a le dos déjà complètement en nage. En même temps, il se fout bien de nous quand il caille, avec son bide à bière, mais il doit moins faire le malin, là.

    On n’a pas spécialement de plan ni d’ordres. Le commissaire, il a dit qu’on devait utiliser notre flair et nos talents d’élite républicaine pour déterminer si y’a des éléments séditieux, et si les pirates qui ont fui Kaizoku se sont installés ici. J’suppose qu’une bonne première étape, c’est de faire le tour du patelin, histoire de voir un peu ce qu’on est censé trouver, et à quoi ça ressemble. Puis, si comme disait le chef local, la plupart des gens sont pas là, on n’est pas près de discuter. Notre rafiot nous attend au large, en tout cas, mais on va pas pouvoir repartir avant quelques jours, sauf si on a une bonne raison de le faire.

    « Patrouilles ?
    - Ouais. »

    Il fait une chaleur à crever, mais on se divise en trois groupes de dix, pendant que vingt hommes ont le droit au repos et à glander dans le village. Pas sûr que y’ait grand-chose à faire, mais on leur a laissé Lou dans les pattes, alors ils vont pas s’amuser non plus, m’est avis. En sortant des maisons, j’achète un chapeau de paille pour une pièce de cuivre. Au moins, la vie a pas l’air chère. C’est agréable, la sensation d’être riche.

    P’tet que j’reviendrai ici en vacances.
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    Gunnar Bremer
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  • Mer 12 Juin - 10:03
    Pendant nos septs années d’études, nous n’avons pas eu l’occasion d’en apprendre beaucoup sur la manière de pacifier efficacement des populations autochtones. Il y a bien eu quelques notions, en première année de la GAR, qui confondaient curieusement les civils récalcitrants et les ennemis armés de la République dans un même tout, mais rien de la sorte à l’Office Républicain. C’est que dans la doctrine de l’institution, les officiers républicains sont déployés pour faire respecter la loi républicaine sur les terres républicaines aux milieux des citoyens républicains. Il est rarement question de devoir travailler sur des territoires où la population locale ne se sent pas plus républicaine que ça. On a beaucoup théorisé entre nous pour déterminer la meilleure méthode pour parvenir aux résultats demandés par la hiérarchie et on s’est mis d’accord qu’on allait surtout compter sur nos talents naturelles.

    Discuter, être sympathique et improviser.

    La patrouille est au centre de la doctrine de l’Office et même si les conditions environnementales ne sont guère clémentes, on est quand même bien content de se dégourdir les jambes. Surtout que ceux restés en “repos”, en plus d’avoir Lou dans les pâtes, vont tout de même devoir se coltiner la remise à niveau de la caserne. repos ne veut pas dire oisif en mission spéciale.

    La caserne en question à l’apparence d’un gros hangar comme on peut en croiser dans le port de Courage, sauf que celui-ci est à l’abandon depuis plus d’une décennie en plus d’avoir été construit avec des matériaux de mauvaises qualité et un personnel peu expérimenté : l’Officier Républicain est franc, mais pas maçon. A l’époque, ils ont emmené des composants depuis le continent, sans penser qu’ils ne seraient peut-être pas adapter à la température et à l’humidité. Les hommes et les femmes qui sont venus en ce temps-là portaient avec eux l’espoir d’emmener enfin les habitants de Dimalv dans le giron protecteur de la république. Les poutres pourries, les dessins obscènes sur la façade et l’odeur rance de la pisse sur les murs en dit long sur le résultat final, sans compter qu’on nous envoie faire la même mission qu’il y a vingt ans. Il faudra bien plus d’une journée pour rendre cet endroit suffisamment fréquentable pour les standards pourtant très bas de l’Office, alors on préfère bien évidemment suer sous le cagnard plutôt que d’être de corvée de nettoyage.

    D’habitude, on établirait bien un plan un peu organisé pour les patrouilles, on envoie les gars à l’instinct. C’est que la carte que nous ont transmis les archives républicaines n’est pas de dernière jeunesse et ses informations sont quelque peu désuètes. Ala’alatoa est tout de même désigné avec l’inscription d’une ville importante et fortifier alors que ça ressemble davantage à un bidonville dont les murs sont faits en bouse. Le constat inquiétant de l’absence de vaches aux environs laisse craindre le pire sur l’origine de leur matière première. Quand ils vous disent qu’ils font leur maisons eux-mêmes, ça relève d’un tout autre sens.

    La majorité des gars veulent tenter leur chance à l’extérieur du village. La crainte de chopper une saloperie qui vous liquéfie les entrailles était dans tous les esprits ces derniers jours. Celles de se faire piquer par une bestiole de toutes les couleurs et probablement toxique, mais chacun choisit son calvaire. Les capitaines étant socialement plus aptes que les hommes de rang, on est bien obligé de cotoyer les autochtones. On prend tout de même quelques gars de confiance avec nous, comme Bistouri, histoire d’avoir le seul médecin avec nous. On prend aussi Tarot, Fifi et Krueger. Surtout parce qu’on les aime bien. Puis aussi Cinglé, mais c’est pour le surveiller.

    On part rejoindre notre contact sur l'île qui est venu se réfugier dans le seul et unique lieu de vie de son patelin. C’est ce qui se rapproche le plus d’un bar, mais la décence nous empêche d’utiliser ce mot. Si le cadre est agréable, en extérieur avec l’océan et la plage de sable fin directement sous les pieds, les chaises de paille branlantes et les verres en terres cuites nous rappellent que la modernité n’est pas si innée que ça. Notre gars est entrain de jouer à un jeu bizarre avec des cailloux et des coquillages sur un plateau en compagnie de deux autres vieux qui font mine de ne pas nous capter quand on s’approche. Je me racle la gorge.

    -Excusez moi, vous auriez deux minutes à nous accorder ?
    -J’finis ma partie. J’ai bientôt terminé.

    On se pose à une autre table, captant un ricanement entre les dents jaunies de l’un des vieux. Krueger, ne trouvant pas siège à sa convenance, s’assoit directement sur le sable. Pour patienter et pour nourrir sa curiosité, Fifi fait les cent pas dans le sable à la recherche de jolis coquillages. A côté, avec son chapeau de paille, on a l’impression qu’on est en vacances. Le proprio, un grand gars du cru à la peau bronzée et aux cheveux noués dans une tresse qui lui tombe jusqu’au hanche finit par s’approcher.

    -Vous voulez quoi ? On a du Gnamakoudji.
    -Sans façon. Une bière.
    -J’ai pas.
    -Un rhum ?
    -J’ai pas.
    -Un Whisky ?
    -J’ai pas.
    -De l’eau ?
    -J’ai pas.
    -On va rien prendre alors.
    -Faut consommer pour rester.

    On se regarde.

    -Bon, on va prendre un Gnamakoudji alors.
    -Bon choix.

    Il s’éloigne. Cinglé darde vers lui un regard assassin.

    -Je peux le tuer chef ?
    -On ne tue pas les gens, Cinglé. Pas comme ça.
    -Comment alors ?
    -Quand on te le dira.

    Le soleil ne doit pas bien l’aider à garder ces idées en place. Parfois, ces mauvais côtés ressortent et autant dire qu’on aimerait éviter de créer des incidents.

    -C’est quoi du Gama… Gnana… Le truc ?
    -Aucune idée Krueger.
    -J’espère que c’est bon.

    Pancrace fait une grimace qui en dit long. On finit par nous servir des espèces de jus de fruit au goût très étrange et, à notre grand dam, dépourvu d’alcool. Si la majorité se contente d’en boire un tiers au maximum, Cinglé finit les verres. Le chef nous tourne autour quand le besoin d’une deuxième tournée se fait de plus en plus sentir, mais c’est à ce moment-là que notre contact finit enfin sa partie, poussant un cri de joie et se lève pour nous rejoindre. Bistouri grogne entre ces dents.

    -J’appelle pas ça “bientôt”.

    On est d’accord. Le vieux marin s’assoit à côté de nous et nous lâche une grimace comme s'il n'était pas très heureux de nous voir. J’essaie de me montrer poli.

    -Alors, vous avez gagné ?
    -Non.
    -Pourtant… j’aurais cru que… bah…
    -Vous pouvez pas comprendre. Vous vouliez quoi ?
    -Et bien, votre nom, déjà, on a pas fait connaissance.
    -Appelez moi Cairn.
    -Joli nom.
    -C’pas le mien.
    -Ah. Ca veut dire ?
    -Rien du tout.
    -Super.

    J’ai un sourire crispé.

    -Moi c’est…
    -Si vous avez fini avec les questions, je peux repartir ?

    Cinglé caresse un peu étrangement le couteau à sa ceinture. Je suis à deux doigts de l’inviter à s’exprimer, mais je ne peux pas, évidemment. Le dénommé Cairn est un des rares contacts de l’Office avec les autochtones de ce coin des iles paradisiaques et la sécurisation de cette zone est importante. Sa proximité avec la grande ile de Jardin en fait un poste-avancé potentiel pour des attaques de pirates ou le transport d’agitateurs sur les îles d’intérêts premiers de la République. Au cours des dernières années, certains informateurs ont mystérieusement disparu et les populations locales n’ont pas beaucoup aidé à faire la lumière sur ces disparitions. On se doute bien que pour être un informateur officiel de la République, il faut savoir montrer un certain dédain envers l’autorité républicaine pour continuer à garder la tête sur les épaules, surtout qu’on entend des rumeurs terrifiantes sur les méthodes d’exécutions par ici. Encore une fois, la civilisation n’a pas atteint toute l’archipel malgré ce qu’on essaie de nous faire croire. Je vais directement au fait.

    -Qu’est ce que vous pouvez nous dire sur la situation de Dimalv ? Quelles sont les menaces que vous rencontrez ? des pirates ? Des cultistes ? Vous savez, l’office républicain est là pour vous aider.

    Ils clignent des yeux sans répondre, fronçant les sourcils, avant de grogner.

    -Dimalv ?
    -Oui ?
    -Qu’est ce que j’en sais ?
    -Bah, c’est là où vous habitez, non ?
    -Ah bon ?
    -Bah oui. On est à Dimalv, non ?
    -Non. On est sur l'île d’Imalvougotcheka Hassouli.
    -Ah.
    -Si vous autres du continent, vous ne savez pas nommer les îles par leur noms, pas étonnant qu'on ne vous apprécie pas.

    Derrière nous, l’un des vieux qui nous regardent depuis la fin de la partie crache au sol pour ponctuer les propos de Cairn. Je tiens bon.

    -Du coup, des problèmes sur Dimalvou… sur votre île ?

    Cairn nous toise, le visage aussi expressif qu’un Lou matinal, puis il finit par nous donner quelques bribes. Des pirates, il y’en a toujours eu. Leur village est trop simple pour être une cible de choix. Ils préfèrent s’attaquer à des navires marchands en mer et déguerpir aux milieux des îles si on tente de les pourchasser. Quand on lui demande des planques potentielles, il reste évasif. L'île n’est pas bien grande, mais il y a tout de même pas mal de longueur de côte qui peut servir de refuge sans que les autochtones soient au courant, surtout sur la côte ouest de l’ile où l’on trouve des ruines de plusieurs bourgs qui n’étaient pas contre l’arrivée de la République mais qui n’ont pas su convaincre les autres locaux qu’ils avaient raisons. Les gens d’Ala’alatoa sont simples, parait-il. Ils ne cherchent pas les problèmes, du moins, pour les anciens.

    -Faut tout de même avouer qu’on a un peu du mal à occuper nos jeunes. Ils ne veulent pas suivre nos modes de vie ancestraux et en même temps, ils se revendiquent de notre glorieux passé pour exiger plus de reconnaissance.
    -On est tous un peu foufou dans notre jeunesse. Ça va passer.
    -Ouiii. Surement.

    Il a le sourire pincé de celui qui n’en croit pas un mot, mais qu’il ne veut pas en dire plus. C’est le moment que je choisis le patron pour se faire régler son ardoise.

    -dix pièces de cuivre pour l’ensemble ? ça va.
    -Pour chaque verre.
    -Comment ?
    -C’est le prix républicain.
    -Il a quoi de républicain ?
    -C’est pour les républicains.

    Il tend la main pour se faire payer. Je grogne. J’ai l’impression de me faire voler et c’est pas commun quand on est dans l’Office. C’est plutôt l’inverse. Je tente de détendre l’atmosphère.

    -Vous autres, vous n’aimez pas trop la République ?

    Cairn répond.

    -La République, c’est comme les voleurs.

    Le patron finit.

    -Et on aime pas les voleurs.

    Je paie.
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    Pancrace Dosian
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  • Ven 14 Juin - 17:19

    Quand on sort du bar, ou de la masure qui en fait office en tout cas, on échange un long regard avec Gunnar.

    « On est dans la merde.
    - Plutôt, oui. »

    On contemple la mer, couleur turquoise, et le beau sable fin qui nous entoure. Ça prend même des reflets verts plus loin, et le ressac est suffisamment doux, aux abords du village, pour qu’on ait à peine quelques vaguelettes et quasiment pas d’écume. Le soleil tape dur, par contre, et la boisson, le Gnama, on va dire que ça s’appelle comme ça, c’est rafraîchissant sur le coup, mais tellement sucré que j’ai déjà à nouveau soif. J’prends une gorgée de ma gourde, tiède et avec un sale arôme de cuir. Bon, enfin, une gourde, quoi.

    « C’est que c’est cher, que j’ajoute.
    - Ouais, très cher, même. »

    On hoche la tête, okay, c’est cher, comme ce qu’on pourrait trouver dans les pires quartiers à bourges de la capitale, et même avec nos soldes de capitaine, ça va devenir difficile à avaler. Si, encore, c’était que leur jus avec pleins de fruits qui était à ce tarif, ça serait supportable, juste on arrêterait de venir, mais j’espère qu’ils vont pas nous faire le coup sur toutes les denrées de l’île. Pasque si le moindre poiscaille de la sortie du matin coûte trois fois notre salaire, ça va devenir désagréable de bouffer que des rations.

    C’est qu’être en opération, c’est d’accord, mais si on n’a pas les moyens d’être ailleurs que dans la caserne, les hommes vont commencer à ruer dans les brancards.

    « Après, dès qu’on aura établi un peu mieux le contact et qu’on s’entendra mieux avec tout le monde, les prix baisseront sûrement pour atteindre un niveau acceptable, que j’dis sans trop y croire.
    - Ouais, bien sûr… »

    On se leurre pas, on sait qu’on aura des tarifs toujours plus élevés que les locaux, à moins que certains parmi nous deviennent vraiment copains, mais ça se fait pas en deux semaines à courir sur la plage ou dans la jungle à tailler les buissons à la machette. Nan, juste un prix acceptable qui nous permette de boire un coup, le soir, après les patrouilles, je demande rien d’autre. C’est qu’on sait être raisonnable, chez les officiers républicains. Enfin, en tout cas, on saura s’en contenter.

    « Mais c’est pas ça le pire, reprend Gunnar.
    - J’sais bien.
    - Le souci, c’est que c’est sans alcool.
    - Non mais ça, c’est hallucinant. On va essayer de me faire croire qu’ils ont pas d’alcool sur cette putain d’île ?
    - Impossible.
    - P’tet juste improbable, ils sont quand même censés être un peu primitifs et tout.
    - Mais même les singes du Reike connaissent le concept d’alcool.
    - Un vrai casse-tête. »

    Y’a un silence, quelques secondes.

    « Si les hommes apprennent que y’a pas une goutte de gnôle sur l’île, ça va être la mutinerie. La révolte.
    - M’en parle pas.
    - Non mais c’est sûr qu’ils ont des réserves secrètes et qu’il voulait juste pas nous servir.
    - Tu crois ?
    - J’espère.
    - C’est qu’il avait l’air sacrément con… que j’dis.
    - Merde. »

    On fait signe de commencer à avancer. On va continuer… ou commencer… à faire le tour des environs histoire de pouvoir se repérer un peu. Puis on est en plein soleil, là, c’est un coup à s’évanouir, alors que y’a des arbres plus loin sous lesquels s’abriter. On marche devant sans parler trop fort pour pas faire paniquer les soldats. Pasque si Gégé l’apprend, il va nous faire une prise d’otage, ou un massacre de civils, je sais pas, mais ça va mal se passer.

    « Donc on fouille pour voir s’ils planquent des trucs ? Que j’demande.
    - Oui, ça peut faire un bon début, mais ça suffira pas.
    - Tu penses à ce que je pense, alors ?
    - Franchement, je vois pas d’autre solution.
    - Il en va de la réussite de la mission, c’est clair. »

    Et j’ai beau me creuser la tête, je me vois pas non plus envoyer une lettre ou une projection astrale à Patoche pour lui dire que c’est la merde et qu’on va avoir besoin d’une livraison en urgence. Il risque de pas être très réceptif, quoi. Puis, bon, ça supposerait déjà qu’il prenne la peine d’ouvrir le courrier, dans sa chaise longue, au bord de l’eau, à bouffer des fruits exotiques et boire du rhum ou quelle que soit la boisson qui existe sur son île à lui, si tant est que y’en ait une.

    « Le souci, c’est Lou.
    - C’est sûr que y’a des régulations contre.
    - Ca serait possible que y’en ait qui disent qu’on a le droit dans des conditions extrêmes ? Y’a sûrement déjà eu des cas dans le grand froid ou quoi, non ?
    - Tu trouves qu’il fait froid ?
    - Non, mais c’est un peu extrême, de pas avoir d’alcool, quand même.
    - Foncière, j’suis d’accord, hein, que j’réponds, mais j’ai peur que Lou soit pas convaincu par notre argumentaire, même s’il en va de la réussite de notre mission et tout.
    - Bon, du coup… ? »

    Il lève un sourcil interrogateur, et je hoche la tête d’un air décidé.

    « Ouais, pas le choix, on le fera nous-même. J’suis sûr qu’on pourra se monter un alambic ou deux, faire fermenter des fruits, tout ça.
    - Faut juste trouver quelques personnes de confiance à mettre dans la confidence. »

    Ça nous prend moins d’une seconde pour trouver notre premier candidat.

    « Gégé.
    - Gégé. »

    Pour la République.
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    Gunnar Bremer
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  • Mer 3 Juil - 16:25
    -Faut qu’on parle, Gégé.

    L’intéressé lève un regard trouble dans ma direction tandis que Pancrace surveille à l’extérieur que Lou ne déboule pas, même si c’est peu probable. L'énergumène s’est enfermé dans le bureau du chef et il doit prendre un temps dingue à aligner ses crayons sur son bureau qu’il a au préalable astiqué pour qu’il soit impeccable. On est entré discrètement et on parle en chuchotant. L’adjoint de Patoche à l’audition acérée de celui qui nous laisse aucun répit, surtout quand on a pas rendu les rapports à l’heure ; difficile de s'éclipser sans se faire intercepter. Notre caserne est plutôt calme. Ceux qui ne sont pas de corvée sont partis se reposer en prévision du service de nuit. Il n’y a que Gégé qui fout un boucan pas possible, responsable des coffres de la cuisine ambulante. Si Krueger est un petit chef en mission, il n'a pas à la cheville à Gégé en matière de bouffe. Faut juste ne pas être intolérant à l’alcool, parce qu’il arrose abondamment ces préparations. Sur le continent, il cuisine relativement peu, rapport au fait qu’il n’est pas souvent en l’état.

    Bref, Gégé pousse un rot enivré en fronçant les sourcils.

    -Viens.

    Avec mille précautions, on se regroupe le plus loin du bureau de Lou, autour d’une table, Gégé d’un côté, Pancrace et moi de l’autre, les mains jointes, le fixant du regard.

    -S’passe quoi…
    -On a un problème Gégé.
    -Et on a besoin de toi.
    -Toujours prêt… ‘videmment.
    -On sait, on sait.
    -Le fait est que…
    -... il n’y pas…
    -... d’alcool…
    -... sur cette ile.
    -Du moins, pour la troupe.

    Gégé nous regarde longuement en fronçant les sourcils avant de pousser un grognement.

    -Est-ce que tu aurais de quoi aider dans ta réserve spéciale ? Pour les hommes ?
    -Non. J’viens de tout finir.

    Il est vrai que Gégé n’a pas beaucoup bu durant la traversée. le roulis le fait abondement dégueuler et vomir, c’est gâché. Qu’il ait fini son stock personnel, toutefois, c’est surprenant. Et un sacré problème pour nous. C’est qu’on tablait sur une dizaine de litres à un titrage extrêmement flou, suffisant pour être diluer et alimenter la troupe quelques jours, le temps de trouver une solution pérenne. On jure en chuchotant avec l’ami Pancrace.

    -Qu’est ce qu’on va faire…
    -On est foutu…
    -Mais, Gégé, tu vas fais comment toi ?
    -J’vais prévu de distiller sur place.

    Je relève la tête, fronçant les sourcils.

    -T’as tout ton matériel ? Comment ?
    -J’fais passer ça dans les coffres d’la cantine.

    On comprend soudainement pourquoi il y’en a autant. Gégé se lève, en titubant et nous guide vers un coffre particulièrement bien fermé qu’il ouvre à l’aide d’une clé pendu à son cou. Il l’ouvre comme on ouvrirait celui d’un trésor et c’est sans doute un peu le cas pour lui. Il révèle alors un alambic massif en cuivre, propre comme un sou neuf. Le genre de récipient qui peut contenir une centaine de litre. Nos yeux s’illuminent.

    -Alors… peut-être…
    -Il faudrait combien de temps ?
    -Pou’ distiller ? La nuit. S’j’ai les ingrédients.
    -Il te faut quoi ?
    -J’ai tout. Sauf les fruits. J’voulais faire local. S‘ont des fruits sauvages, gorgés de soleil et de suc’. Doit être bon.
    -Prépare tout, on s’en occupe.

    On prend congé de Gégé, toujours discrètement et on fait le point.

    -On aura besoin de recrues. On ne pourra pas tout récupérer à deux.
    -Si on met des gars dans la confidence, non seulement ils peuvent se mettre en grève tout de suite, mais ils peuvent ébruiter l’affaire à Lou.
    -Au moins nos gars. On doit pouvoir les contrôler.
    -Ca fait encore peu…
    -Je pense qu’on a l’occasion de se mettre des locaux dans la poche.

    Il nous faut un peu de temps pour rassembler nos gars sûrs de trouver ce que je cherche : des jeunes désoeuvrées, ne faisant rien de leur vie à part traîner, à deux doigts de foutre le bordel, si vous voulez mon avis. On arrive avec une demi-douzaine de collègues face une bande d’une dizaine de jeunes, des garçons, entre treize et seize ans à vue d’oeil. Les gamins nous regardent arriver sans avoir l'air de trop savoir comment réagir, là où des gamins des rues se seraient enfuis dans toutes les directions avant même qu’on soit entré dans leur champ de vision. On les encercle, la mine joviale, les pouces dans les boucles de ceinturons, fringant dans nos uniformes aux auréoles de sueur sous les bras.

    -Bonjour !
    -Qu’est que vous nous voulez ?
    -On voulait savoir si vous pouviez nous aider.
    -On aide pas les continentaux.

    On se sourit mutuellement.

    -Je vois bien que vous répétez la propagande de vos parents, mais qu’est que vous avez personnellement contre nous, si ce n’est ce besoin de faire comme vos parents ?
    -Alors que vous êtes à l'âge de rébellion, non ? Vous ne voulez pas vous affirmer et penser par vos propres moyens ?
    -Plutôt que d’être de minables bébés à vos parents.
    -Ta gueule Cinglé.
    -Vous n’avez rien à nous apporter, si ce n’est des problèmes.
    -C’est faux. On a quelque chose pour vous.

    Pancrace sort une petite flasque où baigne un liquide aux reflets d’or. On l’agite devant les yeux des gamins.

    -vous savez ce que c’est ?
    -Non… ?
    -Ca, c’est la boisson des hommes. Des vrais. C’est de l’alcool.

    Visiblement, les gamins connaissent ce mot, mais ils restent dubitatifs. Pancrace ouvre la flasque et la tend au gamin le plus grand, surement le plus vieux. Je pose une main paternaliste sur son épaule en lui parlant d’une voix douce.

    -Je t’invite à goûter. C’est fort, mais c’est avec ce genre de boisson que tu deviendras grand, beau et fort. Regarde nous, on a pas l’air impressionnant ?

    Et c’est vrai qu’on est plutôt beau, même si on est moins clinquant par cette chaleur. Le gamin, observé autant par les officiers républicains que les autres jeunes, finit par porter la flasque à ses lèvres et à prendre une gorgée. Il tient plutôt bien, toussant trois fois pour faire passer le tout. C’est que c’est une flasque d’un truc distillé par Gégé. C’est pas n’importe quoi. Je frappe le bonhomme dans le dos pour qu’il s’en remette.

    -Alors ? T’as aimé ?
    -C’est… c’est bizarre.
    -C’est fort. T’en voudrais encore ?
    -... Je crois ouai.
    -Hélas, on en a pas beaucoup, c’est pour ça qu’on a besoin de vous. Il faut récupérer des fruits sauvages pour en refaire. On promet de vous filer une part de la production.
    -Et avec ça, vous deviendrez de vrais mecs.
    -Parait que ça fait même pousser les poils.
    -Et puis ça désinhibe les sens. A tel point que vous n’aurez aucun mal à aller draguer de la gonzesse.
    -Et ne me dites pas que ça ne s'agite pas là dans vos pantalons quand vous les voyez passer.
    -On a tous été jeunes.

    Un à un, les gamins goûtent à la liqueur. Il se mettent à décrire leur sensation et le constat global est plutôt positif. Finalement, le plus grand se retourne vers nous, une étincelle dans le regard et finit par demander.

    -Vous voulez combien pour quand ?

    On se regarde avec Pancrace et on sourit avant de répondre.

    -Beaucoup. Pour ce soir.
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  • Mer 17 Juil - 17:01

    Les affaires sont bien lancées, et on est soulagé d’avoir trouvé une source de gnôle. Faudra juste quelqu’un surveille Gégé pour s’assurer qu’il descende pas tout le stock à mesure qu’il sort de l’alambic. On lui a dégoté une cabane un peu à l’écart, aussi : il nous a prévenus que ça risquait de sentir un peu, et qu’autant, lui, ça le dérangeait plus, autant, ça risquait de pas faire la même sur d’autres. Faire tout ça en évitant de se faire gauler, c’était déjà une première gageure. La seconde, c’était de trouver des gens pour nous aider, en plus d’un cercle restreint d’officiers républicains fiables.

    On a pioché allègrement dans nos escouades, en prenant soin de bien leur faire comprendre à quel point tout ça était capital.

    Reste le coup de génie de faire participer les locaux : on doit rattraper tout un stock totalement absent, et les jeunes mis à contribution le font avec un entrain non-dissimulé. D’une, parce que y’avait ce petit goût de reviens-y et la curiosité de goûter le fruit interdit qui vient tout droit du continent, plus sophistiqué, moins rustre, qui leur met des paillettes pleins les yeux. Ça, c’est pasqu’ils ont jamais rien goûté de bon : l’eau-de-vie de Gégé, elle tabasse, elle a son titrage, mais on ira pas jusqu’à dire que c’est le summum de ce qui se fait en République non plus. De deux, pasqu’ils font quelque chose dans le dos des adultes, et ça, ça a toujours une saveur particulière, surtout à s’encanailler avec des gens comme nous : des continentaux…

    Il en faut pas beaucoup pour donner un sentiment de danger grisant, quand on a entre douze et quinze piges.

    « Bordel, c’est un pays de cocagne, un peu, non ? Que j’lâche.
    - Je sais pas si j’aurais la motivation de sortir pêcher à trois heures du matin s’il suffisait de se baisser pour ramasser autant de fruits… ajoute Surin.
    - C’est un coup à chopper la courante, cela dit, de pas manger de viande ni de poisson, corrige Tarot.
    - Ouais ben en attendant, on devrait avoir de quoi faire. »

    On s’est déjà arrangé sur une première répartition de la première production de Gégé, et il a foutu l’énorme tas de fruits à macérer dans un coin. Les détails de la fabrication m’intéressent pas plus que ça, donc j’le laisse à son affaire, surtout qu’il faut éviter d’attirer trop la curiosité sur ce qui va rapidement devenir le centre névralgique de notre activité sur l’île. C’est qu’on est capitaine, et en tant que tel, on a l’habitude de voir un peu plus loin que la normale et de faire d’une pierre plusieurs coups…

    ****

    Quelques jours plus tard, en cercle autour d’un feu de camp de fortune au milieu de la jungle, j’écrase un énième moustique sur mon bras. Peine perdue, vu que j’suis déjà couvert de boutons des pieds à la tête. A voir ma grimace, un des gamins rigole.

    « Vous inquiétez pas, capitaine, d’ici un an ou deux, ça vous fera plus rien.
    - … un an ou deux ?
    - En tout cas, les zoreilles, c’est ce qu’ils disent quand ils traînent par ici.
    - Putain. »

    J’cache ma joie sous un juron énervé de façade. A force de discuter à bâtons rompus avec eux, et à leur filer les fonds de gnôle qu’on a, généralement une partie que Gégé fout à l’eau pasqu’elle est imbuvable et qu’elle risque de rendre aveugle, on a tissé des genres de liens, et du coup, c’est l’occasion d’aller un peu plus loin. Contrairement aux premiers jours où ils nous ont ramené une véritable montagne de fruits bien mûrs, ils sont obligés d’aller plus loin, et de se faire plus discrets, maintenant, pour pas se faire chopper à récolter le contenu de tous les vergers l’île. Mais ça, c’est leur problème et pas le mien. De toute façon, la production avance bien, et notre professionnel nous a indiqué qu’il faudrait un deuxième alambic si on voulait sortir davantage.

    Le stock est suffisant maintenant pour s’assurer que les troupes vont pas faire d’esclandre, et on rationne sévèrement pour se constituer une réserve de survie. Lou a pas l’air au courant, mais c’est pasqu’il passe beaucoup de temps enfermé avec sa paperasse. J’sais pas comment il fait, c’est une véritable étuve, mais il est impeccable dans son uniforme dont les plis sont toujours parfaits. Du côté des hommes, par contre, faut bien faire état d’un certain relâchement. Les manches sont remontées, les boutons ouverts sur des poitrines plus ou moins velues mais toujours suantes, et les dos et aisselles commencent à être marqués par la sueur qui s’imprègne dans le tissu.

    Autant dire que quand on rentrera, faudra foutre tout ça au feu et en demander des nouveaux.

    A côté de moi, j’vois que Gunnar a pas laissé échapper le sous-entendu de Félix. Enfin, Félix, c’est son surnom. C’était un truc genre Félicsatuvulaoli. Je crois. On s’en fout. Bref.

    « Ah oui ? J’avais plutôt l’impression que personne restait bien longtemps ici, demande mon collègue.
    - Généralement non, mais il y a des habitués, pour le commerce, enfin, vous voyez, quoi.
    - Hm ? Comment ça ?
    - Bah le commerce, quoi.
    - Ah, des navires de la SSG ?
    - Oui, eux… mais pas que. »

    Négligemment, Cinglé fait tourner la mignonette d’eau-de-vie, qui arrive mystérieusement très rapidement devant Félix. Il prend une lampée, et tousse quasiment pas. Ils apprennent vite, les jeunes.

    « Non mais c’est comme la gnôle, quoi.
    - Ah, des petits arrangements.
    - Oui, voilà. »

    Le silence retombe un peu, et j’me rappelle que son vieux, c’est… Merde, comment il s’appelait, ce con ? Le connard avec son tatouage de harpon tribal, là. On va l’appeler Harpon. Petite note mentale pour peut-être le suivre un p’tit peu, regarder où il se promène et qui sont ses amis. C’est que sur tout ce qui n’est pas le volet contrebande d’alcool, on a un peu fait chou blanc, jusqu’à présent, mais qu’on compte pas laisser la première piste sérieuse s’envoler comme ça.

    Nan, on va doucement le travailler au corps, pas de doute.
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  • Ven 26 Juil - 15:14
    Parce qu’il est le plus jeune de notre troupe, les gamins de l'île s’entendent bien avec Fifi et on a pas mis longtemps à mettre à profit cette réalité. On le laisse traîner avec eux dans l’idée de récupérer des informations qu’ils ne souhaitent pas partager avec les vieux de notre genre. On l’est pas tant, vieux, mais dans leurs regards, c’est tout comme. On laisse donc Fifi partir avec Félix pour tenter d’en savoir davantage, nous rappelant à point nommé que l’on est tout de même là pour des bonnes raisons et Patoche n’est pas du genre à se satisfaire du vide. Il nous dit souvent qu’il y a toujours un crime ou un délit à identifier, quitte à l’inventer, mais c’est uniquement pour servir de rappel à loi dans ce genre de cas.

    Surtout qu’on a encore des problèmes.

    Félix ne nous a pas attendu pour faire son petit chef sur l'île. Certes, il y a plusieurs bandes qui se détestaient cordialement avant même que l’on arrive, mais c’est Félix qui a pris le leadership concernant l'arrangement avec l’office répubblicain, mettant rapidement d’autres bandes sous sa coupe. C’est dorénavant notre interlocuteur privilégié et il gère l’approvisionnement quotidien comme un véritable entrepreneur. On vous avait dit que c’était facile d’adopter le mode de pensée des républicains. Si les jeunes sont globalement satisfaits de la situation malgré les haines séculaires, d’autres n’acceptent pas la situation. Il y a bien quelques éléments récalcitrants qui suivent Félix à contre-coeur, mais il y a tout une bande de l’autre côté de l'île qui semble refuser les approches de Félix pour les faire rentrer dans le rang. Et ça, c’est pas bon pour nos affaires.

    Jusque là, on a réussi à ne pas ébruiter l’affaire aux oreilles en chou-fleur de Lou, tout comme les jeunes sont restés discrets vis-à-vis de leurs familles. Certains doivent avoir des doutes, mais les gamins ont l’habitude de se débrouiller seule la journée. Les gamins qui ne rentrent pas dans le rang, par contre, c’est un problème. Ils pourraient nous causer des emmerdes. Heureusement, on est l’Office Républicain et dans nos nombreuses attributions, il y a le maintien de l’ordre. Alors, on maintiendra l’ordre parmi les jeunes.

    La première étape, ça a été de baver des tas de saloperies sur Cinglé et les gars qui le suivaient. Des trucs sordides, racontés au coin du feu avec les jeunes, se passant une flasque de gnôle. Tarot et Krueger n'ont pas leur pareil pour raconter des histoires qui font peur, réussissant à distiller de l’angoisse avec parcimonie jusqu’à frapper de grands coups de terreurs. Depuis, aucun jeune ne veut rester une seconde en tête à tête les gars de Cinglé. Les intéressés s’en contrefoutent et puis, il y a certains trucs qui sont vrais au milieu des conneries, alors, on préfère aussi qu’ils évitent de rester isolés. Ca ferait mauvais genre de devoir enquêter au sein de la troupe pour une sombre affaire de meurtres.

    Une fois que la rumeur bien propagée, il a suffi qu’on chope les récalcitrants entre dix yeux, à leur faire comprendre que s’ils en viennent à nous chercher des poux dans les cheveux, on laissera Cinglé et ses potes leur rendre une petite visite pendant qu’on sera à l’autre bout de l'île, ça, et d’autres joyeusetés peu reluisantes. Ça a suffi à calmer la plupart des brebis galeuses éparses. Resté bien sûr la bande entière qui défiait la toute nouvelle autorité de Félix. Pour ceux-là, il n’y avait pas beaucoup de solutions sous la main. Il fallait se salir les mains.

    Vraiment.

    Attendant donc que Fifi tire les vers du nez à Félix, Pancrace et moi mettons en place une expédition punitive. Les informations recueillies çà et là nous informent que les jeunes contestataires à l’ordre nouveau se réunissent vers le milieu de l'île, à travers la jungle humide, à flanc d’une falaise bordant le mont le plus élevé de ce lopin de terre. Les crimes sont déjà trouvés : suspicion de contrebande. Ça nous donnera le temps nécessaire pour fragiliser la confiance entre les membres de la troupe, d’instiller les graines de la trahison et de trouver des leviers pour faire pression sur le tout. La contrebande, c’est ce qu’on a promis à Lou, parce qu’il faut bien lui donner un os à ronger. On a bien été vague jusqu’à maintenant sur nos résultats, mais on a pas eu grand chose à se mettre sous la dent, occupée à préserver la compagnie de l’émeute. On a l’habitude d’être des sauveurs de l’ombre.

    Nos deux escouades, moins Fifi évidemment, sont de la partie. On laisse Cinglé et ses gars patrouiller avec des officiers respectables, histoire de maintenir tout le monde dans le rang. Puis, on se casse, on devrait en avoir pour deux heures.

    Trois heures plus tard, je rejoins Tarot qui louche sur la carte grossièrement dessinée qu’il porte.

    -On est où ?
    -Je crois qu’on est là.
    -Là ? Mais ça peut être n’importe où.
    -Bah j’en sais rien moi.
    -Mais c’est toi qu’à la carte.
    -Parce que le Capitaine Dosian me l’a refilé.

    Je regarde derrière. Pancrace s’est arrêté, une main contre un tronc d’arbre, reprenant son souffle tandis que Toubib vient de glisser juste devant lui, finissant à quatre pattes dans un juron. Madame a passé un bras sur son épaule pour aider Krueger à tenir debout alors qu’il est luisant de sueur. Devant, Serge et Surin se sont assis sur un arbre mort pour reprendre leur souffle. Tout le beau monde se réunit au même endroit et reprend son souffle en silence. Le soleil est bien haut et on est sur un rythme de consommation d’eau supérieur à ce qu’on avait prévu.

    -On fait demi-tour ?

    On jette un regard noir à Krueger, mais l’idée est dans toutes les têtes.

    -Vous pourriez pas faire un truc, les deux capitaines ?

    On se regarde. Pancrace finit par demander.

    -Tu veux pas faire un survol.
    -Vrai que je peux faire ça.
    -En étant invisible, histoire de pas te faire voir.
    -Okay.

    Dix minutes plus tard, je reviens les voir pour leur dire qu’on est passé devant. Dans un grognement, on fait demi-tour et on a encore besoin d’un gros quart d'heure pour parvenir aux abords de ce que j’avais identifié. Une sorte de terrasse faite de grosses pierres, assez anciennes puisqu’à des racines et de la mousse ont y trouvées domicile dans les interstices et vue la taille des racines, ça fait un moment. La terrasse est entourée d’un mur d’enceinte totalement délabré avec des ouvertures béantes dans son pourtour. A l’intérieur, on entend les rumeurs d’une discussion animée. Après une légère pause, on répartit les troupes pour les encercler. Puis, quand le signal est donné, on intervient.

    -OFFICE REPUBLICAIN ! PLUS UN GESTE !

    On saute dans l’ancienne structure, brandissant nos matraques face à une dizaine de jeunes réunies en cercle au milieu de la zone qui semblait contenir plusieurs maisons dont il ne reste plus que le bas des murs. Ils écarquillent les yeux de surprise. Il y’en a bien deux qui tentent de fuir, mais ils sont vite attrapés par les collègues, jouant de leur matraque pour leur passer l’envie de recommencer. Sans ménagement, beuglant des menaces et des ordres pour les empêcher d’avoir une pensée rationnelle ; on nous a appris ça en première année à la GAR ; on les regroupe. Leur chef, qu’on appellera Lofo pour un gain de temps, se dresse de toute sa taille pour protester énergiquement malgré le coup de matraque que Surin vient de lui coller dans le genou.

    -On a rien fait !
    -Vous êtes soupçonnés de contrebande !
    -C’est faux !
    -Ca, c’est à nous d’en décider.

    Avec Pancrace et Krueger, on fouille la zone et on confirme bien vite que l’endroit est très ancien. Peut-être même le reste d’une civilisation plus ancienne aujourd’hui disparu, quand les autochtones savaient faire de vrais maisons en pierre et pas en merde séchée. Je me baisse pour récupérer une figurine grossièrement taillée dans la roche. L’un des jeunes crache dans mon dos.

    -Lâchez ça ! C’est notre héritage !
    -Les anciens esprits vont vous maudire !

    Pancrace sourit.

    -Ah ouai ? Je m’y connais un peu dans le domaine.

    Krueger se baisse à son tour pour se saisir de ce qui semble être un bol en terre cuite abîmée. Contemplant sa trouvaille, il marche dans un trou qui le fait lâcher l’objet, venant se briser en mille morceaux sur le sol. Tarot grogne.

    -Fais attention, ça peut valoir cher.

    Alors que l’officier républicain lâche une excuse à contrecœur, on se regarde entre capitaine et on vient à avoir la même idée. Du trafic de reliques anciennes, est-ce que ça ne serait pas l’un des seuls commerces qui seraient vraiment bénéfiques sur cette île perdue au milieu de nulle part ?
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  • Jeu 1 Aoû - 18:29

    Si on m’avait dit qu’on trouverait autre chose que des poissons, des racines imbouffables et des bananes sur cet archipel pourri, j’y aurais pas cru. J’veux dire, leurs cabanes pourries, les pagnes et les tatouages presqu’aussi ridicules que ceux du Reike, c’est quand même pas des indicateurs forts de richesse extérieure qui savent éveiller l’attention des officiers et, plus largement, de la République.

    Alors que des ruines perdues au milieu de la jungle, sans que ça soit forcément hyper excitant, y’a quand même un potentiel : les trafiquants et antiquaires -c’est un peu la même chose au fond- ça va les émoustiller, et ils trouveront facilement toute une chiée de riches pour leur acheter des babioles pittoresques exhumées de l’autre bout du monde, usées par les années et une excavation pas forcément aussi précautionneuse qu’il faudrait.

    Mais c’est des pensées pour plus tard, pasqu’on a encore une bande de jeunes qui rue dans les brancards et nous empêche de sauver la mission et les îles paradisiaques, qui n’ont de paradisiaques que le nom d’ailleurs, on crève de chaud c’est l’horreur, et que la demande officielle d’adaptation de l’uniforme est toujours en cours de traitement chez Lou. Il nous l’a faite réécrire cinq fois pour coller aux procédures, et il a fallu refuser la dernière version à cause des gouttes de sueur tombées dessus.

    Quelque chose comme quoi le pourcentage de parchemin affecté était suffisant pour instruire la requête.

    Mais qu’il lui faudrait les deux semaines réglementaires pour analyser le dossier avant de nous faire un retour suite à la réunion de la commission, réunie avec le quorum pour rédiger le procès-verbal je sais pas quoi. Par contre, le lendemain, on a reçu une enveloppe toute neuve et toute belle qui nous convoquait à ladite réunion. Visiblement, c’est Lou et les capitaines, et à moins que y’ait des magouilles sur les votes, on devrait avoir la majorité, en l’absence du commissaire. Est-ce qu’il va le faire voter à distance ?

    « Hé, regardez ça ! »

    Dans une masure à moitié effondrée, Madame, toujours la plus maligne, vient de trouver un genre d’autel avec un collier en métal jaune serti d’une grosse pierre bleue. Pas du saphir à vue de nez, on trompe pas l’oeil de l’officier qui a travaillé des années au douanes, mais possiblement du lapis-lazuli par contre, et une taille pareille, avec le contexte, ça vaut toujours quelque chose.

    « Non ! Touchez pas ! »

    Gunnar se râcle la gorge.

    « Contrebande, donc ?
    - Définitivement.
    - Allez, ne résistez pas, on va devoir vous appréhender et vous interroger pour savoir exactement ce qu’il se passe ici...
    - On est chez nous ! C’est notre île ! »

    On hausse les épaules. D’après les lois et les découpages continentaux, on est complètement en République, et que des bouseux locaux prétendent l’inverse ne changera rien. La preuve : on est là, on a des matraques, on a chaud et on doit rationner l’alcool.

    Autant dire que l’humeur est pas au beau fixe.

    « On est tous chez nous en République. Vos parents savent que vous êtes là ?
    - C’est pas interdit de venir ici.
    - Mais c’est autorisé ?
    - ... Oui ! »

    Franchement, j’pense que les parents viennent jamais dans ce coin, trop occupés qu’ils sont à se baisser pour ramasser des noix de coco, des régimes de bananes, des mangues à plus savoir quoi en faire, et à partir pêcher au large. En tout cas, à part les très jeunes qui restent autour du village sous la supervision des vieux et des femmes, y’a toute une tranche adolescente qui, quand elle est pas recrutée de force pour aider à la pêche, se contente clairement de s’amuser et de se promener sur l’île ou sur des rafiots de fortune, p’tet pour aller voir leurs copains d’à côté.

    Puis Madame sort avec le collier à la main et le lance en direction de Surin qui l’attrape au vol. Enhardi par le ton potache des discussions peut-être, le chef de la bande bouscule l’officier qui tombe au sol, et le colifichet pareil. Y’a un silence et un instant de flottement, Surin surpris avec la bouche bée, et un vent de crainte qui souffle sur la joyeuse bande. Sur la notre, c’est plutôt un petit air de violence, et j’peux qu’être soulagé qu’on ait pas embarqué Cinglé avec nous : il aurait déjà planté le pauvre gosse.

    Par contre, ça nous fait l’ouverture parfaite, et avec une mesure toute républicaine, Surin se lève et jette un regard noir au jeune qui baffouille des excuses qui n’intéressent personne et s’interrompent brusquement quand il prend un revers de la main en pleine mâchoire. Le choc le projette au sol, du sang plein la bouche, et les membres du gang se rendent compte que les ombres sont vivantes autour, que le vent s’agite bizarrement et que les frondaisons tremblent.

    Eux aussi se mettent à trembler, d’ailleurs.

    On avance d’un pas lourd, et celui qui me fait face, j’l’envoie par terre d’une balayette. Le coup de pied suivant le cueille au menton, et j’termine d’un coup de talon dans les côtes. Il se recroqueville en position foetale, ce qui m’empêche pas de lui assener une attaque mentale supplémentaire. Pendant qu’il geint en bavant, j’lève les yeux sur mes collègues, et leurs propres opérations de maintien de l’ordre.

    Surin écrase la tête du chef dans le terreau meuble de la jungle. Madame a cassé le nez des deux qui lui faisaient face, et Gunnar est en train d’en soulever une avant de la jeter sans ménagement au sol. Y’a pas à dire, on fait pas preuve de discrimination sexiste : tout le monde à la même enseigne, face au bras impartial de la justice et du maintien de l’ordre.

    Je m’époussette les mains avec un soupir de contentement.

    « Bon, on ramène tout ça au navire et on prévient les gars ?
    - Ouais. On va se charger nous-mêmes de l’inventaire de la contrebande. »

    Ils auront p’tet même pas tant de traces que ça. Et nous, on va sauver l’histoire de ce petit patelin au sein du giron aimant de la République.
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  • Sam 10 Aoû - 21:32
    Le retour se fait dans la douleur, mais surtout pour les gamins. Attachés les uns derrière l’autre, on est pas les plus doux avec eux, leur gueulant d’aller plus vite, faisant traîner les matraques aux niveaux des mollets quand ça fait mine de ralentir le rythme. On a soif. On a faim. Et par-dessus tout, les moustiques se réunissent en nombre pour nous bouffer. Les autochtones semblent relativement immunisés aux nuées d’insectes comme si l’évolution leur avait doté d’un sang qui ne plaît pas aux nuisibles. Par contre, nous autres du continent, on est un festin de choix. Je peux vous dire que l’injustice de la situation nous donne du baume au cœur pour harceler les prisonniers. Avec Madame, je porte les reliques qu’on a récupérées. Si ma subordonnée s’occupe des assiettes en terre cuite et des poteries pourris, je m’occupe des objets précieux et des bijoux. C’est que c’est important que la hiérarchie s’occupe des objets de valeurs pour ne pas inciter l’officier républicain, grandement incorruptible, de toutefois succomber aux appels d’une richesse bien mal acquise.

    C’est notre devoir de capitaine de protéger nos hommes.

    On retourne à la soi-disante civilisation en fin d’après-midi. Malgré les brimades qui donnent du baume au cœur, les officiers républicains font une sale gueule. La chaleur et la soif nous a affaibli et on arrive à peine à nous tenir debout quand Lou vient nous réceptionner à l’extérieur de la Caserne. Il nous passe en revue tandis que Pancrace fait le rapport d’une voix monocorde, l’entrecoupant de plusieurs rasades d’eau tirées d’une gourde qu’un officier sur place est venu lui apporter. Le silence qui s’ensuit est seulement dérangé par les corps qui s’hydratent. Lou n’exprime aucune émotion.

    -Bon travail, officiers. Vous allez mettre ces délinquants en cellule. Vous les interrogerez plus tard. Vous avez bien mérité un peu de repos.

    Plusieurs officiers républicains manquent de s’étrangler. La clémence de Lou est légendaire par son inexistence et on a plus l’habitude d’avoir du boulot en plus que d’en être exemptés. Peut-être que derrière le masque impassible du gestionnaire impitoyable se cache le cœur d’un homme avec ces propres sentiments, mais j’en doute. On peut juste mettre cette décision sur le fait que la troupe est passablement éreinté et qu’il serait malavisé de nous mener au-delà de nos forces. Un chef doit savoir tirer le meilleur de ces hommes, mais ne pas les tuer à la tâche. Lou s’éloigne, à la tête des prisonniers, encadrés par plusieurs officiers républicains. On se regarde avec Pancrace.

    -Gégé ?
    -Gégé.

    L’ami Gégé vient toujours de finir une cuvée quand on arrive. On s’installe du mieux qu’on peut sur des paillasses moisis, agitant des mains tremblantes vers des godets remplis d’eau-de-vie qui porte bien son nom. Si l’eau a permis d’hydrater nos gorges, l’alcool nous nourrit et apaise nos douleurs.

    -J’ai les pieds en compote.
    -Une saloperie m’a piqué au visage, ça gonfle salement.
    -Demande à Bistouri.
    -Ah ouai, putain, t’as une sale gueule.
    -Faut noyer la piqûre dans l’alcool.
    -Pourquoi faire ?
    -Ca tuera les saletés.

    On ne conteste pas cette affirmation. On se sent purifié après avoir avaler la gnole de Gégé. La porte s’ouvre au milieu des plaintes des officiers républicains et Fifi s'immisce comme une ombre à l’intérieur suivi d’un inconnu. Plusieurs gars lui jettent un regard mauvais. C’est qu’il a pas eu à crapahuter dans la jungle. On l’a laissé exprès derrière, alors, on espère qu’il a récupéré des informations intéressantes. il vient s’accroupir à côté de Pancrace et moi. son regard passe sur chacun de nous. Il fait la grimace.

    -J’ai entendu dire que ça n'a pas été facile.
    -J’espère qu’il fait froid l’hiver ici. Alors, t’as des infos ?

    Il fait la grimace. J’aime tout de suite pas ça. Je compense par une gorgée de tord-boyaux.

    -Felix n’a pas été très causant. J’ai tout essayé, mais il avait l’air de flairer que tout ce qu’il pourrait dire allait lui attirer des ennuis.
    -Donc, qu’il a des arrangements qui seraient contraire aux lois de notre République.
    -Du moins, qu’on serait amené à stopper brutalement, capitaine.

    Je sais pas si distiller de l’alcool sur une ile paradisiaque pendant le service, c’est contraire à la loi, mais je saisis la remarque.

    -T’as pas quelque chose de précis ?

    Fifi hésite.

    -Pas grand chose. Il me disait tout de même qu’il n’y avait rien d’illégal. De la nourriture, des vêtements, des outils… C’est le genre de trucs que son vieux amasse. Par contre, il m’a posé une question à un moment donné. Si je connaissais un certain… Long-Jean Argent.

    On se regarde avec Pancrace qui siffle de surprise. V’là un nom qui nous parle, sorti des tréfonds de notre mémoire.

    -Vous le connaissez ?
    -Un pirate. Un Frère-de-Côte, même, si je dis pas de bétise. Enfin, avec ce qu’il s’est passé durant l’année, j’en sais foutrement rien de comment se tient l’organisation.

    Avec la perte de Kaizoku, ça a foutu un joyeux bordel, mais ce n’est guère étonnant d’entendre des noms de pirates du côté des Îles Paradisiaques. La myriade de bout de terre peut servir de refuge aux équipages pirates, voire même de point d’attaques sur des convois de marchandises.

    -Et du coup, ils alimentent en vivre les pirates du coin qui le paient avec l’argent des marchandises volées ?
    -Ca a l’air d’être ça. C’est ce que le petit m’a confirmé.

    Le petit en question est plutôt grand, la peau fortement bronzée, presque mat. C’est simple, dans l’obscurité relative de notre cabane, on aurait du mal à le voir. Heureusement, la blancheur de ces dents le révèle au moment où il sourit.

    -Comment tu t’appelles, mon gars ?
    -Coco.
    -Et t’as des choses à nous dire, Coco ?
    -Beaucoup. Coco voit beaucoup de choses.
    -Et t’es disposé à nous en parler ?
    -Totalement. Les autres, ils n'aiment pas Coco. Ils me rejettent. Coco ne les aime pas. Coco ramasse juste des bananes et ils insultent Coco. Coco les déteste. Coco a vu les officiers malmener les autres qui malmenaient Coco. Coco peut faire confiance aux républicains.
    -Je suis plutôt content d’entendre ça. Mais tu sais que tu risques les emmerdes en choisissant notre camp ?
    -Coco a fait son choix.
    -Et bien mon gars, attrape ça et dis moi ce que tu peux me dire.

    Le jeune homme prend le godet à plein main et se met à boire. Il tousse, mais il supporte.

    -Pas mal, hein ?
    -Y’a bon.
    -Alors ?
    -Coco a vu des adultes charger des vivres sur une barque, le soir, et l’emmener à l’extrémité nord de l’ile. Coco n’est pas allé très loin car c’est loin, mais Coco sait qu’il y a un bout d’ile par là-bas, rattaché à l’ile par un bras de mer peu profond. La navigation est difficile, mais Coco sait que les adultes connaissent les chemins. Il est possible que c’est par là qu’ils font des échanges où stockent leur cargaison.
    -Ca m’a l’air très intéressant, Coco, merci beaucoup.
    -Coco est content.

    On se regarde avec Pancrace et silencieusement, on en vient à la même conclusion.

    -Coco, voudrais-tu rejoindre nos rangs ?

    On ne parle pas là de devenir un Officier Républicain, il y a clairement des années de retards pour nous rejoindre, mais il existe un grade non officiel dans l’Office qui conviendra parfaitement à notre nouvel ami. Il s’agit de celui des Auxiliaires Républicains. Des locaux qui sont tout en bas de l'échelle sociale, mais qui bénéficient du soutien des autorités Républicaines. Une sorte de pont entre les locaux et les autorités. Pour beaucoup, il sera un traître, mais si on cherche à l’emmerder, on pourra intervenir. C’est important pour nous de s’appuyer sur des locaux de confiance, surtout quand on sera plus là et Coco semble correspondre à l’affaire. L’intéressé sourit de toutes ses dents.

    -Coco serait très content.
    -A genoux alors.

    Il s'exécute et la troupe fait cercle autour de lui. Lentement, je sors ma matraque de mon appui et je viens la poser sur son épaule gauche. Les Officiers Républicains se mettent à psalmodier un son grave sans signification particulière tandis que je viens prononcer des paroles solennelles.

    -Coco. Par ta décision, tu deviens un serviteur de la République, garant de ces valeurs et soutien de ces gardiens. Aujourd’hui, tu n’es plus Coco. Tu es un auxiliaire de la République.

    Je passe la matraque sur son épaule droite, puis sur sa tête. Coco ferme les yeux et son visage transpire une certaine fierté. Alors qu’il s’apprête à se relever, je lui intime de rester à genou d’une pression de la matraque.

    -Nous devons te trouver un nouveau nom. Ainsi, tu seras à nouveau complet. Des propositions ?
    -Grain de pastèque ?
    -Un peu long, Surin, mais j’aime l’idée.
    -Peau de banane ?
    -J’aimais l’idée, mais pas dans ce sens. La référence fruitière est pas mal.
    -On peut garder la banane.
    -Et faire un nom à soi.
    -Pourquoi pas Banania ?

    Je souris à Pancrace.

    ça me parait être une excellente idée. Relève toi, Banania. Tu fais désormais partie des nôtres.
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  • Jeu 15 Aoû - 11:19
    Banania, c’était un peu le truc qui nous manquait pour réussir à enfin avancer. Si les chefs auraient pu se plaindre auparavant de nos méthodes, là, ils seraient bien forcés d’admettre qu’elles ont porté leurs fruits : on assure le moral des troupes, on s’est mis une partie des locaux dans la poche, avec une partie de leur argent d’ailleurs, et les investigations pour trouver si y’a de la contrebande ou des pirates avancent. Y’a pas à dire, même si ça commence à faire bien trop longtemps qu’on est là, on peut pas dire qu’on patine.

    Mais ça serait quand même mieux que toute cette histoire de trafic de gnôle arrive pas aux oreilles de nos supérieurs. Pour la simple et bonne raison qu’ils viendraient alors prélever leur dîme, et que ça nous appauvrirait d’autant. En tout cas, ça fait plusieurs nuits qu’on est en planque au nord de l’île, à surveiller si jamais les gars se radinent pour leurs propres magouilles et leur tomber dessus tel le bras de la Justice Républicaine.

    « Arrête de sourire, Bananie, tu vas nous faire repérer, se plaint Surin. »

    Notre auxiliaire ferme immédiatement la bouche. C’est vrai que le reflet de la lune est éblouissant. Nous, on a esquivé cet écueil. Si notre teint commence à devenir sacrément bronzé à force de traîner dehors avec un uniforme adapté à la situation, on a dû améliorer un p’tit peu en ajoutant du maquillage. La suie qui nous macule le visage nous donne presque le même teint que Banania.

    « Si Banania a’’ête de sou’i’e, vous aussi.
    - Vu la gueule des chicots de Cinglé, c’est clairement pas nécessaire.
    - T’as mal mis ta suie, commence Grisou, un collègue qui maîtrisait bien le geste.
    - Va te faire. D’ailleurs, ça a pas un nom, de se recouvrir le visage comme ça ?
    - Un NoirVisage, non ?
    - Je sais pas, j’aurais plutôt dit dans une langue étrangère...
    - Tu parles une langue étrangère, toi ?
    - ... Non. »

    On contemple quelques instants la question. Puis Cinglé fait des bruits qui tiennent des borborygmes étouffés ou de quelqu’un en train de canner après avoir avalé de travers qu’autre chose.

    « C’était quoi, ça ? Que j’demande.
    - Du bas-parlé. Vous demandiez si c’était une langue étrangère.
    - Et ça veut dire NoirVisage ?
    - Je sais pas. C’est un démon qui faisait ça quand je lui tapais dessus.
    - T’es sûr qu’il était pas juste en train de crever ?
    - Non, parce que je suis là pour coups et blessures sans homicide, volontaire ou involontaire.
    - Pas faux. »

    Un ange passe, et au loin, il se passe toujours rien.

    « Je pense que c’était des insultes. C’est toujours ce que les gens apprennent en premier dans une autre langue.
    - Puis ça serait logique avec le contexte.
    - Voilà. »

    Le mystère des bruits bizarres est élucidé, mais il en reste un autre qui nous vient en tête.

    « Tu veux nous faire croire que tu as tabassé un démon millénaire, Cinglé ? Demande Madame.
    - Ils sont pas tous balaises. Y’en a qui arrivent, ils ont beau avoir cinq mille ou trente mille ans, ils ont qu’un sort de feu de base, et n’importe quel Jean-Eudes avec un événement dans les pattes peut les tabasser sans se fouler.
    - Tout dépend de ton compte CPF, en vrai, que j’ajoute. »

    Vrai que ça aide bien, ça, quand même, quand il faut améliorer un petit peu l’arsenal.

    « Je me demande bien ce qu’ils foutent pendant cinq mille ans pour être aussi incapables à la fin.
    - Doivent se branler, je sais pas.
    - La peau doit être irritée à force, ça doit être comme de le faire avec des lames de rasoir. »

    On jette un regard torve à Surin.

    « Dis donc, tu veux un nouveau surnom ?
    - Hein ? Quoi ? Non, non, je disais ça comme ça, je sais pas ce qui m’a pris...
    - Ouais, ouais...
    - Puis bon, suffit de voir les Effraies ou le SCAR pour voir qu’on peut vivre un bail et toujours être une merde. »

    Surin réussit à dévier la conversation, et on balance quelques insultes supplémentaires bien senties sur les services concurrents qui font preuve d’une inefficacité qui serait légendaire si elle était pas aussi pathétique.

    « Banania voit le bateau ! Souffle notre premier auxiliaire.
    - Vos gueules, fermez vos bouches et on regarde, que j’ordonne. »

    On se renfonce dans les fougères hautes du début de la jungle, et tout à coup, sur notre droite, y’a une dizaines de locaux qui apparaissent comme de nulle part avec des caisses, des cageots et des tonneaux qu’ils font rouler dans le sable fin.

    « Ils sortent d’où ? Souffle Gunnar.
    - Banania sait qu’il y a un gen’e de cave ou de g’otte cachée.
    - Tu pouvais pas le dire avant ?
    - Pe’sonne n’a posé la question à Banania.
    - Pas faux... »

    On cultive pas vraiment un esprit d’indépendance et d’autonomie chez nos auxiliaires, sinon c’est le début des emmerdes, et c’est bien pour ça qu’on a recruté Banania. Il a le libre-arbitre d’une brouette, et à peine plus de conversation. C’est juste qu’il est bien pratique, et pas que pour porter des choses lourdes. J’reporte mon attention sur les contrebandiers. C’est sûr, c’est des gens du village, pasqu’on distingue les colifichets en coquillages qu’ils arborent fièrement. Ils ont l’air loin de se douter qu’ils sont surveillés, et notre calme relatif jusqu’à présent leur a p’tet donné la confiance.

    Ça a bien gueulé un peu quand on a ramassé les gamins, mais pareil, au bout de quelques jours, on les a rendus, et si ça les a pas rendus plus aimables, ils savent maintenant que faut pas nous chier dans les bottes. Les sandales, d’ailleurs, maintenant, pasque l’odeur de pied dans le dortoir était devenue insupportable, ça devenait l’angoisse même d’aller y dormir, les hommes préférant dormir dehors sous les cocotiers plutôt qu’à l’intérieur. Lou a accepté quand un gars en est mort, bouffé par les fourmis et le crâne explosé par un fruit quii lui est tombé dessus.

    Une sale histoire, on sait toujours pas ce qu’on va écrire sur sa pierre tombale.

    Un canot est mis à l’eau du côté du navire, avec trois hommes, mais le gros rafiot reste loin, pasque l’eau est pas bien profonde, ici. A part tomber sur les locaux, je sais pas bien ce qu’on peut faire. J’me tourne vers Gunnar.

    « J’peux nous téléporter là-bas et on laisse les hommes s’occuper d’ici ? Mais on sait pas ce qui va nous attendre, quoi. »

    Au pire, on fera le trajet inverse, j’me dis.

    « Ou alors on laisse pisser et on leur tombe dessus la prochaine fois, avec le bateau de la Marine. T’en penses quoi ? »
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  • Lun 19 Aoû - 17:02
    Ce n'est pas l’envie de laisser pisser, en effet, mais le problème avec cette décision, c’est qu'on ne savait pas quand ils allaient repasser. Et devoir justifier deux mois de planques à Lou parce que la première fois, on a eu la flemme, c’est un peu compliqué. Du coup, Pancrace me saisit par l’épaule et en une fraction de seconde, il nous téléporte sur l'île en face, dans des fourrées un peu éloignées de plage, mais faut dire qu’il y a pas beaucoup de végétation plus près pour nous couvrir.

    -C’est quand même vachement pratique.
    -Ouai, je n’arrive plus à m’en passer.
    -Tu sais que j’ai utilisé mon compte CPF pour l’apprendre ?
    -Ah bon ?
    -Ouai, c’est en te voyant l’utiliser, ça m’a vachement convaincu.
    -Du coup, tu sais le faire ?
    -J’ai fait les trois cours découvertes et on me les a validés. Il me manque encore deux cours d'entraînements, le premier étant en cours de validation.
    -C’est vrai que c’est long ces conneries. On pourrait presque passer un an avant de maîtriser ce genre de pouvoir.
    -Les valideurs ont pas mal de boulot aussi.
    -C’est sûr. Mais bon, courage, hein. Tu verras, c’est le pied.
    -Rien que là, déjà, je le vois bien.
    -Héhé.

    On discute à voix basse tout en avançant accroupi en direction des villageois qui attendent patiemment, le regard tourné vers l’horizon alors que la barque arrive lentement. Ça nous permet de rester relativement discret. Je pourrais me rendre invisible pour me faciliter la tâche, mais Pancrace ne l’est pas. Autant garder cet atout dans la manche. On atteint un rocher plat repiquant légèrement vers le haut, nous donnant un point de vue relativement à l’abri si on plaque bien contre. De là, on observe les autochtones et la cargaison sans trop savoir quand interagir. Il y a là plusieurs tonneaux au contenu inconnu, mais vraisemblablement assez lourd. Avec notre nyctalopie, on identifie un tout petit coffre en bois posé sur l’un des tonneaux avec un gars restant à ses côtés. Ca parait précieux. On échange un regard.

    -Et si j’allais le piquer avant que les marins arrivent ?
    -Et comment tu vas faire ? Ils vont te voir.
    -Pas si je suis invisible.
    -Ah oui. C’est vrai que c’est pas mal utile ça.
    -Tu m’avais pas dit que tu voulais le prendre ?
    -Si, totalement, mais faut que je vois avec ce qu’il me reste sur mon compte et les différentes possibilités. Il y a la régénération qui me parait pas mal.
    -ça rend des services aussi.
    -Vas-y du coup. Si ça tourne mal, j’interviens.

    Je passe invisible et je commence à m’approcher sans trop de bruit. Mes pas sont étouffés par le sable et puis la mer toute proche fait assez de bruit pour dissiper le moindre soupçon. Arrivée proche du tonneau, je subtilise la caisse qui ne pèse pas bien lourd, repartant en arrière sans attirer l’attention. L’autochtone n’ayant fait aucune étude de garde, il ne fait pas attention, laissant son regard divaguer dans les vagues à la recherche d’un sens à sa vie. De retour du côté de mon comparse, je redeviens visible. Le coffret n’est pas fermé à clé et s’ouvre sans problème. A l’intérieur, on découvre plusieurs compartiments de métal que l’on ouvre tour à tour, révélant différentes poudres aux couleurs exotiques, chacune dans des quantités très légères. Pancrace se lance.

    -Du poison ?
    -Peut-être bien. Des trucs raffinés des îles.
    -C’est pas les saloperies qui manquent, pour sûr.
    -Et probablement pas très connu sur le continent.
    -Qui peut donc valoir cher pour des assassins de luxe.
    -Mon avis qu'ils ne vont pas être ravi de l’avoir perdu.

    En effet, les locaux s’en aperçoivent quelques minutes avant que le barque arrive et c’est l'effervescence. Ils se mettent à fouiller partout dans l’obscurité, pestant contre l’apprenti garde qui se retrouve bien embêté. La barque finit par s’échouer sur le sable et deux types avec des bras comme des cuisses de garde royal descendent, encadrant un homme mûr, franchement dégarni et doté d’un œil de verre des plus inquiétants. On arrive à les entendre depuis là où on est.

    -Alors, comment vont mes petits farfadets des îles ? Est-ce qu’ils m’ont apporté ce que je voulais ?
    -Euh. Oui. Nous avons la nourriture.
    -La même que d’habitude, n’est-ce pas ? Du poisson. Des fruits ? Au secours ! C’est bien parce que vous souriez, que vous êtes bien aimable et que vous restez à votre place que l’on fait des affaires avec vous. Vous pourriez faire quelque chose la prochaine fois, n’est-ce pas ? Importer des vaches. Ca me ferait plaisir de venir ici pour voir des vaches plutôt que des paradisiacoïdes.
    -On y pensera monsieur.
    -Et sinon, pour… vous savez quoi ?
    -Euh, c’est compliqué monsieur. On a dû l’oublier dans la grotte.

    L’ancien se met à grimacer un sourire sans joie et particulièrement moqueur.

    -Ah. Comme on peut s’y attendre de vous autres. Je l’ai toujours dit, les paradisiacoïdes sont comme le sel dans la soupe, s’il y’en a pas, c’est un peu fade, n’est ce pas ? Mais s’il y’en a trop, c’est imbuvable. Il me vient me rappeler nos discussions sur l’absurde égalité des peuples. L’histoire le démontre sans cesse, n’est ce pas ?
    -Sans doute, monsieur.
    -Qu’est ce que vous attendez pour me la ramener ?
    -On y va, on y va. Attendez ici.

    Les autochtones commencent à retourner sur leur pas en marchant ce qui ne semble pas être du gout de l’inconnu qui s’empourpre, s’empoumant par la même occasion.

    -Plus vite ! Je vais te faire courir moi tu vas voir, métèque !

    Il se met à marcher d’un pas rapide, agitant une canne de bois au-dessus de sa tête et l’abattant avec une précision chirurgicale sur les tibias des pauvres malheureux qui accélère le pas. Il est suivi par les deux gorilles qui n’ont pas décroché un mot. Je reste estomaqué par la technique de l’inconnu et j’ai une soudaine sueur froide. Pancrace me jette un regard. Il a compris aussi.

    -Cette technique…
    -Oui, c’est une de celle qu’on a apprise en première année de l’Office.
    -Un peu ancienne déjà à l’époque
    -Ce gars est donc un ex-Officier Républicain. Ou d'autres services éventuellement, comme le SCAR.

    La perspective d’un collègue qui aurait trahi nous est difficile à supporter. On préfère incriminer les autres services qui brillent déjà pour leur incompétence.
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    Pancrace Dosian
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  • Jeu 22 Aoû - 14:38

    Y’a pas à dire, on sait s’amuser, chez les contrebandiers. Ou les pirates. Ou les criminels. Enfin, en tout cas, on n’imagine pas ces sinistres individus autrement qu’en train d’enfreindre la loi. Oh, pas pasqu’ils parlent un peu mal aux autochtones ou qu’ils ont quelques gestes un peu agressifs qui dépassent sans doute leurs intentions et leurs pensées. Non, ça, ça arrive à tout le monde, nous y compris. J’veux dire, parfois, on est fatigué, poussé à bout par les cadences infernales, et on devient moins patient qu’à l’accoutumée. C’est des choses qui arrivent, c’est pas de bol.

    Comme quand on marche dans la merde où qu’un pigeon nous chie dessus. Rien de personnel.

    Bref, le vieux et ses deux gardes du corps font preuve d’une certaine forme d’agressivité pour encourager le local, naturellement peu courageux et impressionné par l’homme du continent, à se grouiller d’aller chercher le coffret blindé de poisons rares, celui-là même qu’on a en notre possession actuellement. J’commence à me redresser pour mettre fin à toute cette comédie, quand Gunnar me pose la main sur l’épaule et signe de rester silencieux et discret. Les collègues, restés en retrait, voient les indigènes revenir en courant, poursuivis par un vieux et le binôme de baraqués, mais comme on bouge pas non plus, ils la ramènent pas.

    L’absence de capitaine parmi eux va pas faciliter la prise de décision rapide et autonome, c’est certain.

    « On fait quoi ? Que j’souffle à Gunnar.
    - On attend de voir ce qui va se passer pour le coffret. »

    En vrai, ça coûte rien, alors c’est ce qu’on fait. Le vieil Officier Républicain, pasqu’une telle précision du geste peut pas appartenir au SCAR ou à la GAR, a une voix qui porte quand même beaucoup, surtout qu’une nouvelle téléportation nous ramène à l’abri et au milieu de nos escouades. Et on entend tout. Même Banania a le visage fermé en regardant l’inconnu avec son bandeau de pirate et ses cheveux blancs maltraiter ses voisins : ils ont beau pas s’entendre, ça reste des chicaneries locales, pas un individu extérieur qui vient pour mal leur parler. C’est vrai que des officiers qui s’embrouillent, ça passe, alors qu’un Limier qui vient nous chier dans les bottes, tout de suite, ça énerve tout le monde, donc je le comprends, d’une certaine façon.

    « Alors ? Il est où, mon coffret ? Vous l’avez perdu ?
    - On va le retrouver, monsieur !
    - J’espère bien. »

    Mais ils ont beau cherché dans leur petite grotte et les alentours, ça risque pas, vu que Nanar l’a toujours soigneusement posé à côté de lui. Ils fouillent pendant cinq minutes dans le noir, finissent par allumer des torches, et s’écartent peu à peu pour fouiller dans le sable. L’un d’eux jette un coup d’œil aux vagues, des fois qu’il soit tombé dans l’eau, mais ils font chou blanc sur toute la ligne. De notre côté, la tension monte petit à petit, et les mains se tendent sur les armes et les matraques. Mais on n’est pas certain que le vieux soit le chef du navire au loin, et ça ferait chier de cramer notre planque et nos informations pour chopper un sous-fifre.

    « Je reviens dans trois jours, ça a intérêt à être là ! »

    Ils ont pas l’air serein, les villageois, et j’les comprends : il vise avec précision les articulations avec sa canne, dans une belle optimisation pour économiser le plus de mouvement possibles sans oublier de faire mal à ses adversaires du moment. Bon, évidemment, le fait qu’il ait l’air d’avoir soixante-dix ou quatre-vingt piges joue pas en sa faveur, s’il devait se retrouver contre un officier républicain en exercice, mais la menace que le bateau pirate fait planer suffit manifestement à calmer tout le monde. P’tet que les bourses bien remplies qu’il a à sa ceinture y participent aussi : ça doit être profitable de commercer en douce avec des criminels, après tout.

    Pas qu’on soit mal placé pour le savoir, évidemment.

    Mais savoir qu’il revient dans trois jours, c’est l’information qu’il nous fallait pour savoir si on déclenchait l’assaut. Plutôt que de tenter la chance maintenant avec le risque qu’ils s’enfuient ou qu’il nous arrive une bricole, on va pouvoir préparer un vrai piège, avec des renforts, et s’assurer de coffrer tout le monde, y compris les locaux qui participent à ce petit trafic. On va leur faire passer le goût des originalités et réorienter leurs énergies vers des trucs plus profitables, comme construire des cabanes en autre chose que des feuilles de bananier, ou creuser des canaux pour que nos caravelles puissent circuler normalement.

    Tout le monde remballe ses affaires, et on fait de même pour rentrer au camp. La perspective d’une marche dans la jungle nous met pas particulièrement de bonne humeur, mais faut être naïf ou stupide pour prendre un affrontement qu’on maîtrise pas bien. Là, on sera cinquante de plus qu’eux, et on verra bien qui fait les malins.

    ****

    La demande de renfort est partie le lendemain matin. Mais jamais on se serait attendu à ce que le navire de contrebande vienne mouiller juste en face du village le surlendemain. Je sais pas si c’est pour leur mettre la pression à retrouver leurs poisons ou simplement pasqu’il faut bien refaire le stock d’eau douce, de fruits et de poisson séché, mais le vieux est descendu avec sa canne, son cache-œil de pirate et ses gorilles de son bateau. Les indigènes ont blanchi ou rougi, c’était pas bien clair en tout cas, mais il s’est installé dans ce qui leur sert de bar et a commandé un jus de fruits pressés.

    Et il nous a adressé un signe de la main sympathique quand on est passé, alors avec Gunnar, on est évidemment allé taper la discu… sonder les intentions de l’ennemi. Une fois le jus devant nous, que c’est lui qui paiera d’ailleurs, foi de Pancrace, il nous parle de sa voix un peu rauque.

    « Je ne savais pas qu’il y avait des officiers républicains ici, désormais.
    - Ce n’est qu’une action provisoire pour montrer que la République est présente sur tout son territoire, que j’réponds en haussant les épaules.
    - Hm, oui, je comprends.
    - C’est surtout important après Kaizoku, souligne Gunnar. »

    Le vieux, dont le blase est Janma, se racle la gorge.

    « Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’attaque à Kaizoku, je n’y étais pas et je n’y suis pas allé. Je dis simplement qu’il s’agit d’un point de détail de l’histoire de la République.
    - Hin-hin.
    - En tout cas, c’est important pour la République d’être active.
    - Ca, c’est certain.
    - Et donc, vous faites quoi, maintenant ?
    - Comment ça ?
    - Je demande par simple curiosité. J’ai été moi-même officier républicain pendant plus de vingt ans, donc je me demande ce que le service devient.
    - Ah bon ? Dans quelle région ?
    - Plutôt Justice. Si j’étais taquin, je dirais que je crois davantage en la Justice qu’en l’Egalité.
    - Bien vu. »

    C’est une phrase qui tournait pas mal chez les vieux, à l’époque, et c’était pas vraiment ceux qui votaient populares. J’me demande comment Gunnar le prend, à côté de moi.

    « Nan bah c’est comme d’habitude, que j’réponds. On patrouille, on s’assure que tout va bien. On devrait plus rester bien longtemps. Et vous, alors, vous vous êtes reconvertis ?
    - Oui, je fais un peu de marchandage. L’habituel, j’ai commencé avec mon expertise en sécurité privée puis, de fil en aiguille… un navire à moi.
    - Je vois. »

    Ça commence à jouer leurs instruments locaux, un son strident et désagréable agrémenté de tam-tams. Le pire, c’est quand ils chantent, mais on n’en est pas encore là, heureusement : ils font plutôt ça à la tombée de la nuit.

    « Dites donc, vous pouvez pas baisser la musique ? Gueule Janma. »

    Puis il se tourne vers nous.

    « Vous savez, une fois, pour voir, j’ai écouté cette musique pendant une semaine entière. Ça m’a donné envie de me frotter aux coins des tables, des portes, aux palmiers et aux cocotiers. C’est dramatique, vraiment, ces habitudes paradisiacoïdes.
    - Ouais, je vois, ça nous fait un peu pareil.
    - Heureusement qu’ils ont des fruits. Un vrai territoire de cocagne. Enfin, j’ai du mal à refaire mon stock, là, pour la traversée retour…
    - Ah bon ? Comment ça se fait ?
    - Je ne sais pas pourquoi, mais les locaux me disent qu’ils ont du mal à trouver des fruits mûrs en ce moment, là où habituellement, tout était si simple.
    - Ah ? Ca paraît fou, pourtant, on a l’impression d’en voir partout. »

    On échange un regard avec Gunnar. Les alambics de Gégé tournent à plein régime, et même lui commence à être limité par la quantité de fruits que les jeunes lui ramènent. On y est peut-être allé un peu fort, mais tant qu’il y a de la nature, en même temps… Puis ils se débrouilleront bien quand on repartira.
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    Gunnar Bremer
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  • Dim 25 Aoû - 18:04
    -Dites moi, vous savez que vous avez droit à un compte CPF dans l’Office ?
    -Ah oui bien sûr. On l’utilise un max. Surtout Pancrace, il l’a parfaitement optimisé.
    -Ca serait dommage de pas en profiter.

    Il hausse les sourcils de surprise.

    -Fantastique. Les officiers républicains ignorent souvent cette possibilité et s’habituent à être surclasser par des criminels toujours plus puissants et retors. Moi-même, en mon temps, je l’ai bien utilisé. Surtout pour tout ce qu’il s’agissait “d’interroger” les coupables, si vous voyez ce que je veux.

    Il parle de la torture. On acquiesce en silence en méditant sur cette information. Il n’en montre peut-être rien, mais Janma est probablement doté de capacités magiques qui le mett au-dessus du pégu lambda. Quand viendra l’heure des loups et des boucliers fracassés, faudra faire gaffe à ce qu’il a dans le sac. De son côté, savoir qu’on se forme ne semble pas l’inquiéter. Au contraire, la nouvelle le ravit.

    -Vous m’avez l’air d’être de braves gars, des capitaines de valeurs. C’est important d’avoir des gens compétents, surtout dans l’Office.
    -On fait ce qu’on peut.
    -Je n’en doute pas. Depuis quand date vos matraques ?
    -Je l’ai reçu quand je suis devenu Officier Républicain, mais elle avait déjà servi auparavant.
    -Ah ! La logistique est toujours aux fraises, ça ne m’étonne guère. Déjà de mon temps, c’était la croix et la bannière pour récupérer un uniforme sans tâche de sang.
    -Ah ouai ?
    -Je vous l’assure. C’est un peu ce qui m’a dégouté de l’Office après tant d’années à servir mon pays. Cette impression d’être démunis, oubliés des chefs qui se prélassent dans des réceptions hors de prix pendant qu’on trimait avec des bouts de bois. je suppose que votre chef ne vous accompagne pas ?

    On a une pensée pour Patoche qui doit aussi boire des cocktails, mais dans un transat avec du petit personnel souriant à ses côtés. On hoche la tête. Janma a une grimace victorieuse.

    -J’en étais sûr. Les chefs, tous des branleurs, n’est-ce pas ? Et dans l’histoire, c’est votre vie qui est sacrifiée sur l’autel du sens du devoir. C’est pour ça qu’un jour, j’ai jeté l’éponge et je me suis installé à mon compte. Être son propre chef, quel pied. Ça vous a jamais traversé l’esprit ?
    -Non.
    -Moi non plus.
    -Vous êtes encore jeune, mais un jour, ça vous titillera l’esprit. Vous n’aurez plus l’envie de suivre aveuglément le code de conduite de la bien pensance républicaine et vous vous éleverez à obtenir ce qui vous revient de droit, qu’importe ce qu’on puisse penser de vous. Ce jour-là, venez me voir, je suis sûr qu’on pourra faire des affaires.

    On se regarde avec Pancrace et il semblerait qu’on ait la même idée au même moment. Si Janma est prêt à nous mettre dans des combines un jour, peut-être qu’il est disposé à le faire tout de suite et quoi de mieux que passer pour lui pour abattre tout le réseau ? C’est le transporteur. Ça se remplace. Par contre, les clients, ça peut être une bonne pioche. Lentement, on se penche vers Janma qui hausse un sourcil. Dans un souffle, on lui répond.

    -Est-ce qu’on pourrait passer aux affaires tout de suite ?

    Changement d’ambiance. Janma passe d’ancien Officier Républicain nostalgique à commerçant avisé. Il sourit.

    -Vous auriez quelque chose à me proposer ?

    On se regarde avec Pancrace et je finis par lui tendre ma flasque personnelle dont je verse le contenu dans son verre vide. Il nous regarde en nous dévisageant. De bonne grâce, je bois le fond de la flasque avant de le dévisager en retour, les bras croisés. Janma renifle son verre. Son sourire s’élargit et il finit par boire une gorgée qu’il accepte sans faiblir.

    -Aaah. ça, c’est une boisson d’hommes.
    -On en a quelques tonneaux.
    -Vous le faites vous-même ?
    -Aye.
    -Sur place. Vous comprendrez pourquoi trouver des fruits sur l'île est devenu compliqué.
    -Ahah. Ce n’est pas très légal, n’est ce pas ?
    -C’est illégal à partir du moment où ça se sait.
    -J’aime bien cette logique.

    Ils pointent son doigt dans notre direction.

    J’avais flairé que vous étiez des Officiers intelligents. Je crois que je vous aime bien. Vous êtes comme moi quand j’étais plus jeune.

    Pas sûr que la comparaison me sied, mais je suis loin de tenir compte des propos du criminel. Nous ne sommes pas pareils. Nous, on fait ça pour la paix des hommes. Lui, il fait ça pour l’argent. Rien à voir.

    -On a quelques ramasseurs avec des coins un peu secrets. On pourra vous réalimenter en nourriture autant qu’en tord-boyaux. C’est important pour le moral des troupes.
    -En effet. J’imagine que vous n’êtes pas contre d’autres arrangements.

    On se penche encore davantage d’un air impassible. Notre intérêt est évident. Il sourit révélant plusieurs dents en or.

    -Les îles regorgent de trésors, mais les paradisiacoides ne voient pas l’or qu'ils ont dans les mains. Ils sont aveuglés par leur héritage primitif et leur traditions d’arriérés. Je n’ai pas les hommes pour exploiter ces ressources à son maximum, mais j’imagine que vous avez l’autorité et le temps pour mener à bien ce genre d’entreprises.

    Dans les faits, c’est difficile, il faut gérer avec Lou. Mais tout peut se justifier. Même si notre objectif à l’heure actuelle est de lui mettre à l’envers, pas sûr que le chef soit d’accord avec le modus operandi. Puis, il faudra justifier de la distillerie d’alcool et difficile de lui faire gober qu’on a fait ça pour ferrer notre cible. Mieux vaut garder ça en sous-marin.

    -C’est compliqué. Il y a des pattes à graisser au dessus, mais c’est envisageable…
    -Oui, c’est comme ça que fonctionne le monde, n’est ce pas ? Si les paradisiacoides ne coûtent pas cher, il y a toujours des gros bonnets qui vous taxent. Un scandale. Heureusement, ce genre de travail est… plutôt lucratif.

    Toujours sur le ton de la confidence, Janma fait la liste des ressources exotiques des îles. Il nous parle des reliques archéologiques et on fait mine de l’ignorer. C’est bon à savoir qu’il trempe aussi dedans. Il mentionne le trafic d’animaux exotiques, autant des prédateurs que de jolis perroquets qui font un malheur j’ai les bourgeoises du continent. Moins impressionnant, mais tout aussi intéressant, des plantes aux propriétés exotiques. C’est dans cette explication là qu’il finit par lâcher.

    -... notamment les poisons. Très particuliers. Surtout ceux venant d’une plante rare poussant dans les rochers. On dit qu’un simple contact peut vous tuer en une minute. Ça intéresse des gens très sélectif, à Liberty. Il faut avoir les bons contacts pour parvenir jusqu’à eux. Contact que j’ai.

    Il nous sourit là-dessus comme pour signifier que ça sera compliqué de l’entuber si on ne veut pas passer par lui. On échange un regard et Pancrace finit par s’élancer.

    -Si on vous se débrouille pour vous ramener de ce poison, ça vous arrangerait ? On peut déjà bosser sur le sujet.
    -Bien sûr. J’en ai toujours besoin. Mais j’attends déjà une cargaison, désolé. Je ferais appel à vous pour la prochaine, sans faute, maintenant que l’on se connaît.

    On en reste là. Avec l’assurance que l’autre cargaison n’arrive jamais, on est surtout assuré qu’il reviendra vers nous sur ce sujet plus vite que prévu.
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