Les affaires, ca va, ca vient [ Siriane & Gerda ]

Le mois de Novembre rime avec gel et brouillard ? C'est peut-être vrai par chez moi, dans les confins glacés qui entourent Melorn. Mais ici, à l'Oasis, la saison est douce. Printanière même ! Ce qui fait de mon étape du moment un havre idéal pour hiverner.

Je suis venue car la saison des orages s'est terminée il y a quelques semaines dans la région. C'est donc ici, point de rendez vous de tous les prospecteurs des environs, que j'ai le plus de chances de trouver de l'électrum à bas prix ! Les nomades "chasseurs d'orage" traquent les lieux où la foudre est tombée et viennent ici à l'Oasis vendre le minerais qu'ils collectent sur les lieux d'impact. Venir ici c'est s'assurer un excellent prix pour ce matériau qui reste relativement rare et précieux. Il me sera très utile pour des tas d'enchantements et peut-être quelques pièces de bijouteries. J'ai même quelques pistes d'usage intéressants de ce minerais, si j'en crois les écrits d'un livre que j'ai eu l'occasion de récupérer il y a quelques temps.

La vente n'est donc pas particulièrement ma priorité en ce moment. Je tiens mon étal ouvert dans un coin du marché, présentant quelques babioles intrigantes à la vue de tous sans chercher à beaucoup attirer le chalant. Couteaux métallomagiques. Cosmétiques parfumés magiquement. Bijoux fantaisie plus ou moins précieux, munis parfois d'un petit enchantement. Pierre-réveil enchantées supposées vous réveiller à l'heure. Des babioles réalisées par mes soins, issues de mon imagination fertile et de mes inspirations spontanées.

Une pancarte :

Comptoir Grisepierre - Bijouterie & enchantements sur mesure

Informe les passants des activités proposées. Pour faire bonne mesure, les lettres sont lumineuses et clignottent. De quoi épater ceux qui ne sont pas habitués aux démonstrations thaumaturgiques. Un discret panneau cloué en dessous informe :

Achat de minerais et métaux bruts. Electrum bienvenue !

Et pendant ce temps ? Moi je bouquine. Vêtue d'une tenue de caravanière légère, je suis renversée sur une chaise en train de me balancer, pieds sur le rebord d'un tabouret, j'ai le nez plongé dans mon livre du moment et ne fais pas trop attention aux rares personnes qui passent. Nous sommes en période creuse et je le sais, en plein milieu de la journée. Il y a peu de chances pour que quelqu'un s'approche de mon étal à cette heure-ci mais qui savait ?

Depuis ma dernière représentation je reste discrète à l'oasis. Nous avons terminé notre spectacle et nous allons bientôt partir pour un autre endroit. En attendant j'ai quartier libre pour une fois. Rien de mieux pour faire des emplettes dans le plus grand marchés de la région.

C'est en tenue nomade : veste en laine tenant sur mes épaules et descendant au milieu de mon ventre, pantalon en peau et sandale en cuir, que je vadrouille dans les allées du marchés. Il y a toute sortes de vendeur. Ça passe du vendeur de nourriture de la région à des spécialités de l'autre bout du pays que ce soit en nourriture comme en artefact, objet et armes.

Je n'ai qu'une vingtaine de pièce pour acheter ce que je pourrait trouver d'utile à mon équipement de voyage et j'ignore pour le moment ce qu'il pourrait l'être.

Je parcours les allées, m'arrêtant ici et là pour regarder, toucher et essayer quelques objets et vêtements. Je quitte un stand avec un bonnet en laine sur la tête d'un violet criard et un pendentif en corail bleu autour du cou.

Une pancarte lumineuse attire mon attention et je m'avance vers celle ci. Je regarde l'étalage de pierre qui compose la table et les quelques objet que je ne saurais ni décrire ni expliquer car je n'en ai jamais vu auparavant.

Je suis comme une enfant, le regard sur les pierres à me demander à quoi celles-ci peuvent servir. Je cherche du regard un éventuel vendeur et vois une femme lisant sur une chaise derrière la table.

- Bonjour ? Excusez moi, à quoi servent vos pierres ? Elles sont magiques ? Comme le panneaux là ? J'ai acheter un collier corail vous croyez qu'il est magique ?

En disant cela je défait mon collier de mon cou et le tends en avant vers la femme, le tenant au dessus de son livre. Le corail bouge dans le faible vent sec et j'attends que la femme l'examine.

Or donc ... l'accumulation thaumique couplée à l'indice de captation du mana d'Aether permet de l'utiliser comme isolant au sein d'une structure complexe de ...

Pfouah c'est du haut niveau de livre. Je dois m'accrocher et je suis loin d'être une débutante pourtant.

C'est à cet instant que je remarque une présence devant mon étal. Je cligne des yeux et lève lentement le regard en direction de la nouvelle venue. Un franc sourire me vient aux lèvres alors que je reclaque le bouquin et me redresse d'un bond enthousiaste.

- Hey, bienvenue au comptoir Grisepierre ma jeune dame !

Je dépose l'ouvrage à plat sur le bord de mon comptoir et pose les deux mains sur les hanches dans une attitude à la fois amicale et ouverte. Je détaille d'un regard bienveillant la "petite chose" en face de moi ( parce que oui bon, dui haut de mes 1m20 vous savez ...). Jeune. Un joli brin de rousse à l'allure de nomade mais peau relativement pâle. Elle ne doit pas faire partie des "grands voyageurs" du désert dont la peau cuite au soleil fait penser à l'argile ou aux vieux parchemins.

- Ah bien des choses sont magiques ici, oui ! C'est le cas du panneau, d'une partie des babioles et ...

Je me penche par dessus l'étal pour me rapprocher du petit pendentif qu'elle me montre. Le cadeau d'un petit ami qui a tenté de lui faire passer une vessie pour une lanterne ?

- ... hmm ... pas de ça, malheureusement.

Point de magie dans la petite pierre hélas. Mais je me refuse à être si prosaïque.

- Pas de magie au sens premier du terme dans ce petit caillou, non ! Mais pas de panique. La magie n'est pas toujours là où on le croit.

Là où le coeur va, il y a toujours un peu de magie. C'est une conviction que j'ai depuis bien longtemps.

La vendeuse se lève de sa chaise, pose son livre et je vois qu'elle n'est pas grande derrière son étalage de pierre et autres babiole qui m'ont attirés.

Son étalage est remplie d'objet magique d'après ses explication. Je suis enjouée de voir autant de magie dans des objets si différents. A mon tour, je défait mon collier de pierre de corail et lui montre pour savoir s'il est magique.

Je perds mon sourire lorsqu'elle me dit qu'il n'a rien de magique malgré qu'elle pense que la magie n'est pas toujours celle à laquelle on pense.

- Ah merci... Il n'est pas magique alors... Ça fait rien c'est un bijoux familiale et je ne cherche rien de magique à vrai dire. Mais par tout hasard aurore vous un epierre de lune ? Vous savez une pierre qui contrôle les effet que la lune peut avoir sur notre corps et notre esprit ?

Je dévisage la jeune femme en retrouvant mon sourire. Mon regard se pose sur l'ouvrage qu'elle a posé sur la table avant de me parler. Je n'ai pas assez de connaissance pour comprendre ce qu'il y a d'écrit dessus mais ma curiosité est plus forte que la raison.

- C'est intéressant ce que vous lisez ? Ça parle de quoi ? C'est du commun ou bien une autre langue peut être ?

Je reste souriante et mon regard se déporte de son livre vers son étalage, je baisse la tête vers celui ci et regarde chaque pierre avec attention. Je relève les yeux sur la jeune femme et annonce surexcité.

- Je me prépare pour un long voyage mais je ne sais pas quoi acheter. Vous auriez une idée ? Peut être qu'une de ses pierres est une carte ? Qu'une autre fait de l'eau ? Ou bien fait pousser des légumes rapidement ? Il y en a une qui se transforme en épée ou bouclier ?

Mes yeux brillent d'intérêt et de rêverie alors que je ne sais rien de la magie ni des pierres. Mais ce qui est magique est bien inexplicable donc toute mes suppositions sont possibles

Ah que je n'aime pas voir le sourire s'évanouir du regard des gens. C'est la joie que mon métier est supposé apporter. Je plisse une moue compassée.

- Ca ne l'empêche pas d'avoir grande valeur.

Heureusement la requête suivante de la jeune femme est à ma portée et c'est avec joie que je peux lui répondre.

- Une pierre de lune ? Bien sûr ! J'en ai sous la forme de colliers, de pendentifs, de bracelets ...

Dis-je en désignant quelques endroits sur mon étal où effectivement des petits bijoux sont présentés. Il s'agit d'une pierre semi-précieuse à la valeur modérée. Aussi les bijoux sont ils à portée de main du tout venant. Les vraies pierres précieuses et les bijoux en métaux très précieux sont quant à eux gardés précieusement dans le coffre de ma roulotte, seuls une petite poignée sont exposés ici sous vitrine sécurisée.

Je prend le temps de détailler mon interlocutrice. La courbe de son visage, sa silhouette. C'est mon métier de savoir déceler comment mettre en valeur la personalité et la beauté de quelqu'un à l'aide de petits accessoires choisis avec soin. Même si dans le cas présent, il n'y a pas grand chose à sublimer. La jeune femme semble fraiche comme la rosée du matin, elle dénote fortement au milieu des femmes de la région à la peau cuivrée et aux cheveux sombres. Le teint pâle de la jeune fille ne se prête pas forcément au port d'une pierre de lune à même la peau. En revanche ...

- Si je puis me permettre, une pierre de lune irait très bien avec vos cheveux flamboyants. Portée à l'oreille ou en broche, ca ferait merveille. Je peux aussi en travailler à la commande, exactement selon vos goûts.

Effectivement, tout cela m'avait amenée à poser mon ouvrage sur le rebord du comptoir. Ma cliente, au moins aussi curieuse et bavarde que moi le remarque et s'interroge dessus.

- Oh ... c'est de l'elfique. Un ouvrage sur l'enchantement magique. C'est ardu je dois vous avouer !

Même moi je dois parfois relire plusieurs fois un passage pour bien comprendre ce que l'autrice, brouillonne et enthousiaste, a pu écrire.

- Mais ca a rapport avec ce que je suis venue acheter ici dans cette ville. L'electrum. Vous connaissez ? Un métal fascinant.

Je pourrais parler longtemps des propriétés physiques et magiques étonnantes de ce métal car c'est justement mon sujet d'étude du moment. Mais je vais éviter de me laisser entrainer sur cette pente dangereuse, je ne tiens pas à barber mon auditoire ! Mais heureusement mes pierres semblent l'intéresser davantage que mes divagations métamagiques. Je suis le regard de la jeune femme pendant qu'elle prend le temps de détailler mes étals. Et elle finit par m'assaillir de questions. J'ai un léger rire face à certaines des idées et réponds avec bonne humeur.

- Je devrais vous embaucher pour trouver de nouvelles idées pour la boutique !

Je croise les bras et pince le bout de mon menton, adoptant une posture pensive.

- Et bien ... je ne pense pas posséder la moindre carte magique ni être capable de vous sustenter magiquement. Néanmoins je sais qu'il y a deux ennemis dans le désert : le chaud et le froid. Il se trouve que je possède des objets capables de chauffer, générer un feu ou au contraire de garder quelqu'un ou quelque chose au frais !

Je travaille aussi accessoirement sur une pierre qui foudroie les moustiques mais c'est pas très au point. Une cliente était pas très contente que j'ai foudroyé le chat de la maison. Du coup l'objet est provisoirement retiré de la vente ...

Cela me rassure d'entendre la vendeuse me dire que mon bijoux a quand même de la valeur même s'il n'es tpas à MM go que. Les objets sont précieux quand ils renferment une histoire et c'est bien ce qu'a mon collier.

Je suis émerveillé de voir l'étal des pierres de cett femme et elle répond même à la demande. Elle me propose une broche à cheveux ou une boucle d'oreille pour y incorporer une pierre de lune, restant ainsi discret et jolie à porter. Je sourie à sa proposition en la regardant.

- Je suis d'accord avec vous. Néanmoins, la broche a cheveux est un objet qui ce perds facilement ou ce vol. Par contre une boucle d'oreille je ne suis pas contre. Peut être une paire de boucle d'oreille avec une des deux pierre magique pour pas que cela fasse bizarre. Si c'est possible qu'elle soit bleu ou verte cette pierre ce serais génial.

Je sourie, contente que l'on puisse faire affaire. Ma curiosité me pousse à lui demander ce qu'elle lit et dans quel langue. En apprenant que c'est de l'elfique, j'ai encore plus d'estime pour la femme. On m'a déjà dit que l'zlfique prenait du temps à s'étudier. Si elle peut le lire c'est qu'elle l'étudie depuis des années à mon avis.

De bonne humeur, elle s'exclame qu'elle devrait m'embaucher pour mes idées. Je rie légèrement et la laisse m'expliquer à quoi servent certaines de ses pierres. Elle n'a pas de carte ni de bouclier ou épée mais celle qui fotn du froid et du chaud feront l'affaire. Je tâte ma bourse pour soupeser le poids des pièces et dit en réfléchissant.

- Si je vous prend une pierre de chaud et une pierre de froid en plus de la pierre de lune en boucle d'oreille et l'autre normal, à combien s'élève mon achat ?

J'espère que j'ai assez pour tout ce que je souhaite prendre c'sur son stand. Je n'ai pas encore trouver d'arme mais je peut me débrouiller sans, je pense. J'ouvre ma bourse et compte le nombre de pièce que j'ai pris avec moi. J' ai 20 pièce d'argent et 8 de bronze.

Un sourire espiègle se dessine au coin de mes lèvres.

- Voler des bijoux de cheveu, vraiment ? Je devrais sérieusement envisager de créer une gamme de bijoux piégés alors.

Suis-je à 100% dans la dérision en prononçant ces paroles ? Non je ne pense pas. En tant qu'enchanteuse et conceptrice de pièges, je suis à 100% sûre que c'est faisable ! Reste à réfléchir au degré de létalité qu'il faudrait infliger au voler et à savoir si il existerait un marché pour ... par exemple une broche mordeuse ! (A tout hasard). Je suis persuadée que vu le prix de certaines parures très luxueuses, avoir une "assurance" en cas de vol pourrait séduire une clientèle choisie.

La cliente prend le temps de faire son choix. Une petite paire de boucles d'oreille, "une des deux" pierres magiques proposées. La seule demande qui sort du commun est le souhait de couleur.

- Et bien ... ce n'est pas commun de vouloir une couleur spécifique pour ces pierres ! Nativement je fabrique les pierres de chauffe dans des tons ocres ou rouges. Les pierres de froid ont l'apparence de quartz blanc veinées de carbonite. Il existe également des pierres de lumière utilisant les propriétés la Lumithrite, dont la base est blanche ou jaune-pâle. Mais j'imagine que je peux tout à fait fabriquer une pierre de la couleur voulue. J'ai le matériel et le temps alors si vous n'êtes pas pressée, vous l'aurez dans l'heure. Dites moi juste ce qui vous plairait et quel serait votre besoin ! Une pierre faite pour réchauffer les mains pendant l'hiver sera pas la même qu'une pierre qui allumera un feu de camp ou fera bouillir l'eau de votre théière.

Elle se renseigne évidemment sur le prix de ses acquisitions. La boucle d'oreille étant faite d'une pierre tout à fait commune et les pierres magiques étant pensées pour un usage quotidien, la fourchette de prix que j'annonce (en fonction de la pierre magique choisie) est tout à fait raisonnable. Quelques pièces d'argent. 12 tout au plus. Même si la magie qui imprègne les pierres demande un savoir faire certain, ce sont à mes yeux des objets de consommation courante qui n'ont aucune raison d'être très onéreux. Peut-être que des artisans-mages peu scrupuleux pourraient se faire des fortunes en vendant ces produits dans des maisons bourgeoises ... ils argumentent sans doutes (à raison) que leur savoir-faire est rare et précieux.

Son sourire sur les lèvres me fait rire alors que je lui apprends qu'une broche à cheveux peut facilement être volée. J'ai eu la mauvaise expérience d'en avoir une et lors d'une représentation sur scène elle ne tenait pas. Je l'ai replacé plusieurs fois pendant ma danse puis lorsque j'ai fait le tour dans la foule comme d'habitude pour remercier et récolter les quelques piécettes qu'on nous offres après notre représentation, je me suis aperçu que je ne l'avais plus.

Je ne quitte pas des yeux la marchande derrière son étalage en repensant à cette fameuse nuit, restant dans mes pensées quand elle m'interpelle dans sa réflexion orale. Piéger un tel objet serait dangereux pour la porteuse comme le voleur. Je la regarde en hochant la tête négativement.

- C'est dangereux pour les deux, le voleur comme le porteur. Mais des boucles d'oreille ou des anneaux ça peut être plus discret et difficile à voler. Ou bien un collier ou un bracelet. Mais vous avez mieux l'habitude que moi de savoir ce qui est bien pour éviter ce genre d'ennuie je pense.

Je pousse ma curiosité jusqu'au bout en lui demandant s'il est possible d'avoir des pierres magique de couleurs différentes. Son explication sur les types de pierre et leur couleur qui les relient est interessante et je ne la contredis pas, n'ayant aucune connaissance en la matière. Pour elle en une heure tout au plus ça peut être réalisée. J'acquiesce en montrant la couleur de ma tunique bleu et lui montre un ourlet intérieure violet, découvrant mon sein droit sous ses yeux.

- En violet si cela est possible pour vous. J'adore cette couleur et je trouve qu'elle me ressemble. Mais pour les autres pierres selon leur besoin je ne sais pas trop. Je suis souvent sur les routes et il fait froid et sombre quelques fois. Peut être qu'une petite flamme peut m'aider pour me protéger comme m'éclairer et me réchauffer. J'aurais besoin aussi d'une pierre comme une gourde si c'est possible pour garder ou faire apparaître de l'eau. Et j'ai pas trop le sens de l'orientation alors si je peux avoir une pierre guide pour m'amener d'un point à l'autre sans me tromper ce serait super.

Je sourie et replace correctement mon haut et cache ma chair féminine. Je frissonne en sentant un courant d'air frais balayer mes cheveux roux.

- Si c'est possible pour vous je peux vous offrir 15 pièces d'argents pour le moment et revenir plus tard pour vous payer plus s'il y a besoin. S'il faut pour les autres pierres, si c'est plus facile pour vous, je peux les récupérer plus tard. Je ne veux pas vous embêter toute la journée avec ma commandes. Vous avez sûrement d'autres clients que moi plus important.

Je suis consciente qu'il n'y a pas que moi comme clientes et il faut savoir patienter dans la vie pour avoir ce que l'on veut. J'attends sa décision et espère que je ne l'ai pas rendu confuse avec toutes mes questions.

Je suis sur le point de lui répondre avec un air un peu crâne "Vous me sous-estimez beaucoup si vous pensez que mes pièges peuvent blesser leurs propriétaires" mais ma phrase meurt sans être parvenue à sortir de ma bouche au moment où je vois la cliente se dépoitrailler sous mon nez.

Il me fait bien deux secondes pour me remettre de la surprise et de l'émoi causé par cette vue. ( Moi qui aime le sucré autant que le salé, comment pourrais-je y être insensible ?). J'ai vu beaucoup de choses au cours de ma carrière. Bien des clients ont essayé de me faire du gringue "pour avoir un rabais". Mais là, il ne s'agit pas de ça. Juste d'une absence de pudeur manifeste et d'une innocence totale. Je me force à reprendre mes esprits en posant mes esprits sur le tissu qu'elle me montre en essayant très fort de ne pas regarder autre chose.

- Ah oui ... je vois parfaitement. Le ... violet ...

Le vent frais qui balaye la place à ce moment est plus que bienvenu ... Je n'étais pas du tout préparée à subir ce spectacle ! Je remet en place mes cheveux et me sens soulagée quand enfin elle consent à se vêtir de nouveau. Les mots me reviennent et le naturel reprend le dessus.

- Heu .. voyons voir. Oui un petit bracelet. Vous avez les mains fines, un petit cercle au poignet les mettra en valeur. Incrusté d'une pierre de lune mauve donc.
Je peux sinon vous proposer aussi une Amethyste ... ?

Une des plus jolies pierre semi-précieuse à mes yeux. Avec la turquoise. Je trouve deux petits bijoux et les présente pour comparaison à la cliente.

- Ajoutez à ça une petite pierre incandescente.

Rapide calcul mental, quelques notes prises à la volée sur les pages d'un carnet. Je répond avec un sourire.

- 12 pièces suffiront amplement pour ces deux là.

Je n'ai pas de raisons de chercher à arnaquer mes clients.

En revanche la dernière proposition me laisse songeuse.

- Une pierre "gourde" ... ?

Là ... ca me pose une colle. Je me lisse le menton du bout de l'index, faisant travailler mes méninges.

- Le mieux que je pourrais imaginer ... ce serait une carafe qui invoquerait une quantité d'eau chaque jour ? Mais comme toute magie de création, ca impliquerait des moyens bien plus conséquents que les honnêtes babioles que je vend.

Ca demanderait aussi les compétences d'un collègue hydromancien mais ce ne serait même pas le plus dur à trouver.

- Ce n'est pas immédiatement disponible j'en ai peur.

Hélas hélas. Même la magie ne peut faire de miracles. Je hausse les épaules d'un air navré. C'est la vie.

- Sinon je peux vous faire une vraie gourde ... et je vous garantis qu'avec la métallomancie elle résistera même à un coup de maillet ! On peut même envisager de l'enchanter pour garder le liquide frais en toute circonstance.

Avec une incrustation de Carbonite, rien de plus facile. La demoiselle me propose donc de me payer en avance pour la commande. Ca me convient, je n'ai pas l'intention de remballer l'étal et partir en courant avec ses sous ! (Un marchand tient à sa réputation plus qu'à bien des choses vous savez ...). Quant à l'idée qu'elle m'accapare au détriment d'autres clients ...

Avec un geste de la main je la rassure immédiatement et ris même un peu.

- Oh ne vous en faites pas. Regardez autour de nous.

Un coup d'oeil appuyé vers la gauche. Un nouveau vers la droite. Et théatralement je montre les environs. Personne !

- Ce n'est pas pour rien que j'étais le nez dans mon livre. Soyez rassurée, j'ai tout le temps du monde à vous consacrer aujourd'hui.

Et ce n'est certainement pas un mensonge commerçant. Je suis une bavarde notoire et les journées sont bien calmes en ce moment.

Dans un élan de fierté et d'envie, sans réfléchir à une quelconque conséquence, je me devetie la poitrine pour lui montrer la couleur que je souhaite pour les pierres. Je me rhabille rapidement, sans perdre du regard la naine qui n'a pas fait semblant de me regarder.

Je sourie avec mon air innocent tout en acquiesçant à ses propositions pour les pierres. Un bracelet serait donc la meilleur solution selon elle.

- Si vous pensais que c'est le meilleur bijoux pour ma demande je vous fait confiance. Avec une pierre de lune mauve et pourquoi pas une améthyste si vous le pouvez.

Mon budget est très serré et elle m'annonce 12 pièce d'or ce qui est amplement suffisant pour moi. Je sautille, contente que je puisse acheter ce bijoux unique. Je sors la bourses et étale les pièce devant elle en les comptant une par une pour lui montrer que je ne ment pas. Je range les autres dans ma poche et attends son avis sur la pierre magique d'eau.

Elle me propose une gourde tout à fait banale qu'elle forgera elle même et qui peut être magique si un sort est utilisé dessus. J'hausse les épaules, en réflexion sur cette proposition.

- Je ne sais pas, une gourde ca prend de la place dans les poches. Déjà le bijoux pour commencer, je verrais ça plus tard.

Je ne veux pas lui faire perdre du temps et l'embêter plus mais elle me convainc en me montrant qu'il n'y a personne qui attends ses services à part moi. Je sourie en la regardant et haussé les épaules.

- Si ça ne vous dérange pas alors je veux bien rester un peu plus. Qu'avez vous créée dernièrement ? Un bijoux unique ? Un objet magique ?

Je suis curieuse et attrape la bourse en cuir de ma poche pour la mettre entre mes deux seins et la cacher ainsi. Celle ci fait remonter mes mamelon et descendre le décoleté par son poids.

- Si vous aviez du temps, ça vous diriez de me montrer comment vous travaillez ? J'aimerais en apprendre plus sur votre travail, votre touché semble si délicat. Vous devez être très minutieuse avec les pierres précieuse que vous manipulez sans difficulté.

J'entends l'intonation de ma voix devenir séductrice et je me mordille la lèvre en la regardant. J'ignore si elle a compris mon sous entendue mais je l'invite bien à passer du bon temps avec moi si le cœur lui en dit. Après tout vos mieux occupée sont temps que de le perdre à attendre les clients qui ne viennent pas.

Bien que sociable et d'ordinairement assez à l'aise dans les jeux de séduction, j'avoue que l'approche soudaine et brutale me désarçonne complètement. Il y a quelques instants, on parlait tranquillement de confectionner ses pierres. Et là, j'en suis à mettre ma main au feu qu'il y a "quelque chose", comme une perche soudainement tendue.

Je lui adresse en retour un sourire hésitant. J'essaye de me la jouer cool, de ne pas baisser encore une fois les yeux vers la gorge offerte aux regards, mais le rose montant aux joues ne trompe pas. A l'intérieur de ma tête, ca cogite. Qu'est-ce qu'elle essaye donc de faire ? Elle joue ? Elle drague ? C'est innocent ? Calculé ? Intéressé ?

Nul doute que beaucoup d'autres naines se seraient soudainement refermées comme une huitre à ma place. On est pas un peuple connu pour être les rois de l'aisance sociale ou de la romance. Surtout qu'on a souvent assez peu de succès nous autres femmes naines. On est souvent un peu trop masculines et carrées pour plaire aux hommes. "L'endurance" proverbiale des nains ne nous aide pas beaucoup non plus pour tâcher de plaire. Mais disons que je suis un peu une exception par certains côtés. Alors je joue le jeu, en me demandant bien où tout ca risque de nous mener.

Dans ma tête il ne s'agit que d'une jeune fille qui s'amuse et teste les limites de son pouvoir de séduction, sans vraiment avoir l'intention d'aller plus loin. Qu'elle ait choisi une marchande étrangère pour tenter le diable est une manière de pas prendre de risques, surtout que la société Reikoise est terriblement prude de ce point de vue. Au pire dans deux jours je reprendrai la route disparaitrai à tout jamais de sa vie. Aucune conséquence possible à rien.

Ou alors je fais p'têtre fausse route sur toute la ligne. Allez savoir.

Du coups je joue le jeu. Je lui répond avec un franc sourire.

- Bien sûr, vous êtes la bienvenue pour rester ! J'ai quelques pièces uniques, c'est vrai. Mais elles sont dans ma caravane.

Et malgré la direction que semble prendre cette vente, il est encore un peu tôt pour envisager d'inviter l'habitante du désert à aller les voir. Lancée pour lancée, je continue sans gêne.

- Les nains sont de base connus pour leur doigté sans faille. Mais vous savez ... le métier d'orfèvre demande en plus un toucher tout particulier. Ca ne s'acquiers qu'avec l'expérience. Il faut de la patience, de l'application ...

Je prend une des petites pierres chaudes qui servent de base à la confection de certains de mes bijoux. Je viens prendre ses mains avec des gestes calculés et la pause au creux de sa paume. Sans ôter mes mains des siennes, je caresse doucement la pierre.

- ... sentez-vous la pierre ? Il émane d'elle quelque chose de chaud. Un désir de vie qui lui est propre. Presque une vibration. Il faut composer avec son corps. Avec son âme. Pour tirer de ses courbes ce qu'il y a de plus beau.

Ambiguïté volontaire, renforcée par les caresses officiellement faites sur la pierre mais qui effleurent l'air de rien les mains délicates de la danseuse. Une fois la surprise passée, j'en suis à un point où clairement je m'amuse. C'est peu professionnel mais tant pis. Je m'attend à moitié que la jeunette s'effarouche soudainement en voyant qu'elle risque fort de se brûler les ailes à force de jouer les allumeuses.

La mrchande réponds à mon sourire et ma question en me confirmant qu'elle a des pièces uniques dans sa caravane. Je ne perds pas de temps à déjà imaginer ce qu'ilnpourraot ce passer si on va jusqu'au bout de ma pensée.

Je ne perds pas mon sourire et dit avec cette même intonation de voix séduisante.

- Je serais très heureuses et honorée de les voir si vous le voulez bien. On dit que les plus beau trésor des nain se trouve dans leur lieux de vie.

Mon sourire illumine mon visage déjà bien éclairé par le soleil de l'Oasis. Mais la naine ne prend pas la mouche et au contraire elle m'explique que son doigté est entraîné. Délicatement, elle prend mes mains que je tends devant moi et y dépose au creux de ma paume une pierre légèrement chaude. Tout en parlant, m'expliquant ce que désir la pierre et ce qu'elle nous procure, une sorte de bien être, de chaleur et de délicatesse, la jeune orfèvre me caresse les mains et frôle de son doigts ma paume de main à chaise fois qu'elle bouge la pierre.

Je me mord la lèvre un peu plus lascivement qu'avant et la quitte pas du regard. Ma main se défait de l'autre et je caresse doucement sa main puis remonte sur son bras gauche.

- C'est un vrai art et don de façonner les pierre et de comprendre ce qu'elle veulent et comment elle peuvent servir. Vous pensez que vous pouvez m'apprendre ? Ou bien juste me montrer quelques manières de faire. Je pourrais en apprendre plus sur elle mais aussi sur moi même. On dit que l'aventure forme la jeunesse. J'aimerais bien découvrir cette aventure.

Je frissonne en caressant sa main sans perdre son regard dans le miens. Sa taille est plus petite que la mienne mais cela ne m'empêche pas de détailler du regard son visage. Je la trouve belle pour une naine. J'en ai déjà vu venir au spectacle ou au marché et c'est bien la première qui est féminine.

- Mon touché est-il assez bien pour travailler la pierre comme vous ? Je peux vous montrer ce que je sais faire. Vous avez sûrement un atelier dans votre caravane ou pas très loin ?

Je soupire en clignant des yeux longuement, laissant ainsi un petit aperçu de mon envie de la séduire. Je frissonne un peu plus en soupirant d'aise. Je sens sa peau douce sous mes doigts et ses doigts sur ma peau douce. Comme un mélange d'alliage, nos deux peaux s'assemble.

Nous échangeons un long regard toutes les deux pendant que nos mains se frôlent. Il n'est plus question de pierre à présent. Ni même de transaction. Nous nous en rendons compte toutes les deux.

M'adoucissant, je quitte ma peau de commerçante pour lui adresser un sourire qui parait plus naturel. Moins gratuitement enjoué et adressé à Elle, personnellement. J'abandonne l'idée de continuer à faire semblant.

- Dis-moi, comment est-ce que tu t'appelles ... ?

Pourquoi ce petit oiseau du désert est venu à ma rencontre pour tenter d'attirer mon regard ? Ca je n'en sais rien. Elle est très jeune. Elle a sans doutes mille rencontres plus intéressantes à faire qu'une naine caravanière qui, quoique encore au sommet de sa jeunesse, semble avoir un peu mins d'atouts à offrir qu'elle. Quelqu'un de regardant se dirait que ca a quelque chose à voir avec mes bijoux. Que ce que je possède et ce que je serai prête à partager par amitié ou plus joue en ma faveur. C'est possible ... Mais j'ai envie de faire semblant de croire que ce n'est pas le cas.

J'ai compris quelle est sa proposition. Je pourrais y répondre sans me poser de question. En profiter, immédiatement et sans arrière-pensée. La jeune-femme devant moi est très attirante après tout. Sa peau d'albâtre donne envie d'y poser la main et son cou gracile est fait pour recevoir des baisers. Mais quelque chose d'un peu fleur bleu au fond de moi me donne envie de la considérer comme autre chose qu'un corps prêt à s'offrir à moi. "Derrière chaque corps, il y a un coeur", m'a un jour dit une vieille connaissance.

- Je m'appelle Gerda. Je viens de Mélorn. Et toi, tu es d'ici ... ?

Je lui souris, penche la tête de côté en guettant sa réaction pendant quelques instants avant d'oser lever une main et replacer une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Il n'y a pas beaucoup de clients. Je peux fermer mon étal et te montrer mon chez-moi. Mes pierres. Mes enchantements. Peut-être qu'une boisson fraiche te ferait plaisir ... ?

Mon sourire est charmeur alors que nous échangeons à présent des caresses. Il n'est plus questions de pierres depuis quelques secondes mais bien de sentir la peau de l'autre contre la sienne et d'effleurer notre envie qui monte l'une comme à l'autre.

Ça question me fait cligner des yeux et j'attends qu'elle se présente pour lui répondre d'une voix douce et sincère.

- Siriane, tu peux m'appeler Siri ou Siriane comme tu le souhaite. Enchanté Gerdz, c'est originale est très beau. Melorn ? Je ne connais pas mais c'est sûrement très jolie. Je suis ici pour quelques temps avec une compagnie d'artiste. Je viens d'une île au sud de la côte. Mais ce n'est pas très important tu sais.

Je reste proche d'elle, devant son étale, à contempler ses pierres précieuses qui sont ses yeux. Je sourie en la laissant le caresser puis elle passe mes cheveux derrière mon oreille et le frolement de ses doigts contre ma joue me fait frissonner. Je serre lentement sa main de la mienne et hausse des épaules à sa proposition.

- Ce serait un honneur de découvrir ton chez toi. Une boisson fraîche me ferait le plus grand bien, ma peau commence à se dessécher avec cette chaleur et ce soleil. J'adorerais découvrir t'es pierres, t'es enchantements, te voir travailler ton touché et façonner la pierre. Je te suis Gerda.

Ma main se pose sur son menton et doucement je le caresse de mon pouce en lui souriant. Je reste devant elle, la main avec la sienne et caresse son menton.

- J'ai un peu faim, si tu as quelques choses à manger je veux bien également.

Je ne fais pas d'illusion directe car j'ai vraiment faim mais dans le contexte actuelle s'en est une. Sans la quitter de syeux, je lâche son menton et laisse la main glisser de la sienne pour luinpermettre de ranger son étal et ai bd I partir avec elle.

- Je t'attends là, dis moi quand nous pouvons partir et n'hésite pas si tu as besoin d'un service je peux t'aider.

Je dis cela avec toute les allusions possible et imaginable tout en gardant un visage innocent et sans arrières pensées. C'est une manière de lui montrer que je profiterais de l'enseignement qu'elle me fourniras au moment venue. Peu importe l'enseignement qu'elle m'apprendras.

Je souris à celle qui vient de se présenter sous le nom de Siriane. Et qui me propose même d'employer un diminutif. Siri. Ca sonne comme "Souris". Ca me parait très adapté.

- Mélorn c'est ... un peu plus au Nord.

Dis-je en éludant un peu. Parler de la cité éternelle, du joyau des glaces n'est peut-être pas ce qu'il y a de plus adapté au moment. Pas plus que d'évoquer les villages cotiers d'où elle vient.

- Une troupe d'artistes, vraiment ... ?

Là c'est une vraie surprise. Les marchands ambulants et les artistes itinérants partagent les mêmes routes et ont approximativement le même mode de vie. C'est une coïncidence assez drôle. Peut-être que la suite lui laissera l'occasion de me raconter ça. J'ai toujours admiré les artistes. Du moins ceux qui sont capables de tenir des performances, de faire rêver les foules, de faire frissonner un public. On appelle "art" ce que je fabrique, car d'une certaine façon je créé également, je laisse mon inspiration me guider. Mais à mes yeux ca n'a rien d'aussi exaltant et intime que lorsqu'un chanteur fait entendre sa voix ou qu'une danseuse laisse son corps s'exprimer davantage que les mots.

Je lui souris, hoche la tête et relâche sa main à regret.

- J'en ai pour un petit instant.

De fait ... mon étal est pensé pour se remballer en quelques instants. Les bijoux rejoignent des grands coffrets dans lesquels ils sont enfermés. Ils sont ensuite cadenassés. Je fais confiance à la métallomancie pour donner du fil à retordre à quiconque essayerait de s'y attaquer.

Et pendant ce temps, Siriane m'attend sagement. En apparence du moins. Il ne faut pas être une génie pour deviner les pensées friponnes qui peuvent l'agiter. Je n'ai pas l'habitude d'être abordée si directement. Ca me déstabilise un peu je dois avouer. Mais je n'ai pas de raisons de la traiter différemment que n'importe quel.le autre invité.e. Alors je lui souris, l'invite à me suivre d'un geste engageant, main tendue vers elle.

- C'est à deux pas. Viens.

De fait ... ma roulotte n'est qu'à quelques dizaines de mètres. A peine assez éloignée pour qu'elle n'encombre aucun passage et que je sois relativement epargnée par l'agitation qui peut régner sur le marché.

De fait, ma caravane n'a rien de bien exceptionnelle pour qui connait la vie sur les routes. C'est une cabine sur roues, destinée à être tractée par un animal de bât qui pour l'heure est gardé dans des écuries de la ville. Des grands coffres extérieurs permettent de transporter des marchandises. Des barres sur le toit permettent d'arrimer bagages et ballots. Un dispositif sort cependant de l'ordinaire : Un réservoir d'eau semblable à une petite citerne semble permettre de transporter à la fois de quoi abreuver monture et passagers mais également servir de douche extérieure, si on accepte toutefois de n'être séparée des regards curieux par une mince toile de jute tendue. Je demande d'un ton joyeux, lancé sur l'intonation du bavardage.

- Tu vis sur les routes aussi alors. Ce genre d'endroit t'es familier ... ?

La roulotte est stationnée en plein soleil, un endroit qu'éviterait tout collègue sensé. Mais comme Siriane peut le découvrir lorsque j'ouvre la porte après avoir discrètement déverrouillé pièges et serrures, l'endroit est frais, climatisé grâce aux discrets enchantements qui équipent mon intérieur.

- Je t'en prie, sois la bienvenue ! C'est ici que la magie opère !

Joyeuse à l'idée de faire découvrir mon chez-moi, je laisse la jeune femme rentrer et observer la cabine. Elle est très simple et fonctionnelle : Une alcôve-couchette séparée par un rideau occupe l'avant. Un coin cuisine avec petite tablette pliable occupe l'arrière. Un petit espace au milieu permet de circuler à son aise quand je ne déplie pas mon établi de travail qui occupe le mur opposé à la porte d'entrée. Tout ici est soigneusement en ordre. Chaque petit espace a une fonction et une utilité précise, ce qui permet de laisser une impression de propreté et d'ordre malgré l'exiguïté des lieux.

Une fraicheur agréable nous a accueillie quand nous sommes rentrées. Même sans être exposée directement au soleil, ma peau de nordique a tendance à souffrir de la chaleur. Bras et cou couverts de sueur, je suis heureuse de pouvoir respirer et me sentir plus à mon aise. Des pierres-lumières incrustées dans les murs s'allument et éclairent l'endroit d'une lumière douce. Je me glisse vers la cuisine et approche une carafe de thé glacé et deux petits godets. Maintenue au frais par la même magie que celle qui rend l'air des lieux respirables malgré la fournaise extérieure, la boisson attire la condensation sur le récipient qui la contient. Elle dégage une forte odeur de menthe et de citron, les deux ingrédients principaux qui accompagnent les feuilles de thé. Je remplis les verres, en tend un à mon invitée et observe sa réaction, savourant à l'avance la surprise qu'elle pourrait éprouver devant la boisson surnaturellement froide.

Je lui souris.

- Voilà. Première promesse tenue. Tu me disais que tu avais faim ... ?

Sollicitude réelle et offre sincère. C'est à mes yeux la base de l'hospitalité que la visitrice ait ici tous ses besoins comblés.