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Abandon
3 Octobre an 3Lourd, déambulant dans la pénombre, j’erre dans un parc au sein de Liberty. Je n’ai pas mangé depuis plus de trois jours à part du pain rassis, je bois de l'eau croupie au-dessus des tonneaux qui traînent dans les ruelles, j’empeste comme la mort et personne ne m’approche. Mon désir de rentrer dans la pègre de la ville s’estompe, j’ose croire que je vais mourir comme un chien dans la cité des merveilles. Peut-être aurai-je dû rester au Reike, seulement le réseau m’aurait très certainement retrouvé. Mon sort reste le même dans une ville comme dans l’autre, je suis voué à être misérable et ce depuis que je suis né.
Si la volonté du Shierak est de m’en faire baver jusqu’à la toute fin et par tous les moyens, pourquoi est-ce que je cherche à prendre ma vie en main ? J’ai cette volonté de ne pas vouloir crever et quoi que je fasse, ma route est destinée à être un véritable calvaire. Je regarde autour de moi, seuls les animaux errants chassent et le froid de l’hiver se rapproche à grands pas. Je m'assois sur un banc et contemple les étoiles au-dessus de ma tête. Je n’ai jamais été friand de ce qu’il se passe par-delà le ciel, comme des entités telles que les Divins ou encore les gardiens. Pour moi, si nous mourons, il n’y a plus rien. Je croyais dur comme fer à pouvoir échapper à ce passé, pouvoir enfin trouver le repos suite à la mort de mon paternel, et pourtant, je le sais au fond de moi que la malchance me poursuit. Peut-être suis-je maudit par l’esprit de ma mère ?
Je soupire, baillant à m’en faire décrocher la mâchoire. Je suis las, fatigué, les quelques contrats n’ont quasiment rien rapportés. Bien que je me sois inscrit auprès du service d’immigration et que j’ai enfin mes papiers, je ne me sens pas pour autant un citoyen de la République. Les us et coutumes sont bien différents de là où je vivais et je dois même avouer que personne n’a envie de rencontrer un drakyn. On nous compare aux démons, à ces entités perfides et déloyales. Mes cornes sont brisées, je n’ai jamais eu d’ailes comparées à mes paires et je manque cruellement d’entraînements pour améliorer ma force au combat.
Alors que je suis un férue de tout ce qui brille, seul le collier avec la bague appartenant à ma mère orne mon cou. Je le détache et admire la pierre aussi noir que les ténèbres. Assis sur ce banc au beau milieu du parc, quelques réverbères un peu plus loin, légèrement en retrait dans cette pénombre, je serre le manteau de cuir contre moi. Les cheveux emmêlés, la crasse sur mes doigts, j’imagine que je ne suis pas assez présentable pour le commun des mortels. D’autant plus que je suis un homme aimant prendre soin de moi. J’apprends à vivre d’une autre manière car je n’ai nul autre choix. Même les animaux errants n’osent pas m’approcher, par dégoût ou par peur.
— Je n’ai pas cette chance, murmurais-je dans un souffle.
J’attache mon collier et m’installe sur le banc, le manteau aussi serré que possible, grelottant de froid. Je ne passerai pas l’hiver si je ne trouve pas rapidement une solution. Mais que faire quand même toute la ville ne s’intéresse pas à vous ? Ne suis-je pas assez bon ? Je crois que le réseau de la pègre est vraiment bien plus caché que je ne le croyais. Il faut dire qu’au Reike, j’avais eu de bons contacts alors qu’ici, je suis seul et sans argent.
Dans ce sinistre parc au beau milieu de la cité des merveilles, un drakyn s’endort dans le froid et pense que sa mort viendra tôt ou tard. Il ne passera pas l’hiver. Du moins, c’est ce qu’il croit.
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
crédits : 774
Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Neera n’aurait pas dû s’arrêter dans une rue commerçante de Liberty.
Quand on a la fringale, c’est la pire chose à faire, vous en convenez bien. Il est relativement facile de résister à des légumes ou à des gros morceaux de viande, qu’on doit seulement préparer ou cuisiner ; par contre, il est bien plus difficile de résister à la tentation, lorsqu'on tombe sur des pâtisseries artisanales, toutes plus appétissantes les unes que les autres.
La magicienne n’est pas gourmande, généralement, mais on a tous nos moments de faiblesse. Puis, il faut bien l’admettre : la commerçante que la diviniste avait rencontrée était sympathique et faisait de son mieux pour survivre. L’enseignante l’avait écoutée raconter ses déboires : c’était une Shoumeïenne qui avait perdu toute sa famille durant son exil jusqu’à Liberty. La femme était meurtrie, mais contre toute attente, elle était aussi déterminée à vivre. L’humaine avait donc finalement obtenu ses papiers de migrant et depuis, elle essayait tant bien que mal de monter son propre commerce. Apparemment, elle était boulangère dans son autre vie, et elle avait tenté de mettre ses services à contribution de la République. S’investir dans son travail, c’était aussi une échappatoire qui lui permettait de ne pas trop penser à ceux qu’elle avait laissés derrière elle. Leur discussion avait laissé Neera songeuse, mais elle avait été polie et courtoise, si bien que la bonne dame lui avait glissé non pas une, mais deux viennoiseries. Bon, ça avait un peu embêté la demi-titan, soyons honnêtes – un dessert, passait encore, deux, ça devenait limite – mais elle s’était raisonnée en se disant qu’elle offrirait peut-être cela à son majodorme ou l’un de ses domestiques. Il y aurait toujours bien quelqu’un qui trouverait preneur, dans son manoir. On allait rouspéter, en lui déclarant qu’on aurait très bien pu lui préparer quelque chose sur place, mais l’élémentaliste aimait bien se promener dans la capitale, à ses heures perdues. Les rues animées, la vie trépidante de la ville l’aidait aussi à ne pas trop s’enfermer à Magic, quoiqu’elle ne regrettât pas du tout se vouer entièrement à ses cours et à ses recherches.Cependant, ses promenades l’ancraient dans le réel et lui offraient également de moments de divertissements bienvenus.
Cette fois, elle s’était un peu trop attardée, si bien que le crépuscule avait surpris Neera. Le soir tombait, et elle avait encore un peu de chemin à faire avant de rentrer chez elle. La maîtresse de la foudre envisagea de passer par les rues les plus fréquentées de Liberty, mais elle se ravisa en dernière seconde quand elle longea un parc bien connu pour son calme et sa tranquillité. En théorie.
Car parfois, de sombres idiots – pour rester polie – aimaient y trainer à la faveur de la nuit. Généralement, ils se regroupaient en bande, se croyant ainsi plus forts et même invincibles. Mais dès que des officiers républicains se pointaient au bout de la rue, les vauriens n’avaient pas le courage d’affronter les forces de l’ordre. Aux yeux de la sang-mêlée, c’était des couards, qui pouvaient néanmoins s’avérer dangereux quand on était pauvre et qu’on ne savait pas se défendre. Bref. Lorsqu’elle arriva sur les lieux, ladite bande avait visiblement repéré un individu un peu plus en retrait, enveloppé dans son manteau pour se protéger du froid sans aucun doute. Ils l’avaient déjà apostrophé avec quelques paroles de mauvais augure, cherchant à se procurer quelques piécettes ou tout autre objet de valeur qu’ils pourraient revendre au plus offrant. Mais – pour le malheur de la jeune femme et pour le plus grand bonheur de l’inconnu – l’un des bandits faisait le guet et ne tarda pas à remarquer la professeure de Magic.
Il fallait dire qu’elle était grande et qu’elle ne passait pas inaperçue avec sa peau mâte et ses longs cheveux immaculés. Sa cape grise, qu’elle avait enserrée tout autour d’elle, empêchait de voir sa longue tunique bleu foncé, mais n’importe qui un tant soit peu attentif remarquerait son arrivée sur les lieux. Aussi, un sifflement admiratif, et un peu malsain, jaillit des lèvres de la vigile, qui ne tarda pas à attirer l’attention de ses copains.
- Eh ma jolie ! Tu ne veux pas qu'on te tienne compagnie ?
Un soupir s'échappa des lèvres de Neera, qui regarda d'un air impassible les brutes qui se rapprochaient d'elle.
Il n'y avait personne d'autre qu'eux, hormis l'inconnu sur le banc. Personne donc qui pourrait les aider.
Sauf qu'ils avaient pioché le mauvais numéro en la visant elle.
- Je n'ai pas envie de supporter votre présence, fit Neera d'une voix froide. Hors de mon chemin. Et rendez à cet homme ce que vous lui avez volé.
A la lumière de la lune, la femme avait cru déceler un objet brillant et assez petit dans la main d’un des brigands, quoiqu'elle n'en fût pas absolument sûre.
Dans tous les cas, son attitude glaciale dissuadait généralement les gens intelligents de l'approcher, mais ceux-là n'étaient pas très malins, puisqu'ils se renfrognèrent et décidèrent de surenchérir.
- Eh, t'es pas très sympa ! On te propose juste de la compagnie et...
- Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus, les coupa-t-elle.
Il était inutile de discuter, ces racailles pensaient toujours qu’elles avaient raison, et si la diviniste se laissait faire, Neera se ferait bientôt encercler. La suite se passa donc très vite. Les malotrus eurent le temps de apercevoir un grand et long éclair les traverser les uns après les autres, et les bandits s’écroulèrent au sol, une expression d’incrédulité et de peur sur le visage. Neera les regarda s’effondrer sans aucune once de pitié, mais elle crut voir un anneau, attaché à une ficelle ou à une sorte de collier, rouler un instant à terre avant de s’immobiliser à ses pieds. L’une des brutes avait dû le prendre à l’homme pas loin d’elle et l’enseignante se pencha pour la ramasser. Elle se rendit vite compte que c’était une bague incrustée d’une pierre noire ébène, assez jolie au demeurant. Elle se redressa donc et regarda… le mendiant ? Elle ne savait pas comment définir cet homme, hormis que sa peau blanche ressortait particulièrement en cette nuit de novembre.
- Je pense que c’est à vous, fit-elle.
Elle ne savait pas trop bien s’il était bon qu’elle s’approchât de l’inconnu au vu de sa puanteur ; peut-être même que la démonstration de ses pouvoirs avait légitimement effrayé ce dernier. Puis, entre eux deux, il y avait les bandits et… elle n’avait pas envie de les enjamber tous. Ni de prendre la peine de faire un détour.
Elle décida donc de choisir un moyen terme, en utilisant sa magie de l’air et elle fit voler rapidement la bague jusqu’à cet homme qui n’était clairement pas humain. Elle déposa délicatement le bijou sur ses genoux et jeta un air sceptique aux malandrins qu’elle avait neutralisés.
- Ils sont paralysés, crut-elle bon de préciser, ils vont retrouver leur liberté d’ici quelques minutes. Je ne vous conseille pas de rester dans le coin, ils seront certainement de très mauvaise humeur quand ils seront de nouveau capables de se lever. Et puis… Neera hésita un instant avant de dire ce qu’elle pensait quand même. Vous ne devriez pas rester ici, il va faire froid cette nuit.
Elle attendrait peut-être une réaction de l’individu, puis elle reprendrait son chemin en direction de son manoir. Il était grand temps qu’elle rentre se réchauffer, maintenant.
Note HRP : utilisation de magie de l’air niveau 1 + magie de la foudre niveau 3 : techniques de zone (~10 m), la foudre peut paralyser certaines personnes quelques minutes
Quand on a la fringale, c’est la pire chose à faire, vous en convenez bien. Il est relativement facile de résister à des légumes ou à des gros morceaux de viande, qu’on doit seulement préparer ou cuisiner ; par contre, il est bien plus difficile de résister à la tentation, lorsqu'on tombe sur des pâtisseries artisanales, toutes plus appétissantes les unes que les autres.
La magicienne n’est pas gourmande, généralement, mais on a tous nos moments de faiblesse. Puis, il faut bien l’admettre : la commerçante que la diviniste avait rencontrée était sympathique et faisait de son mieux pour survivre. L’enseignante l’avait écoutée raconter ses déboires : c’était une Shoumeïenne qui avait perdu toute sa famille durant son exil jusqu’à Liberty. La femme était meurtrie, mais contre toute attente, elle était aussi déterminée à vivre. L’humaine avait donc finalement obtenu ses papiers de migrant et depuis, elle essayait tant bien que mal de monter son propre commerce. Apparemment, elle était boulangère dans son autre vie, et elle avait tenté de mettre ses services à contribution de la République. S’investir dans son travail, c’était aussi une échappatoire qui lui permettait de ne pas trop penser à ceux qu’elle avait laissés derrière elle. Leur discussion avait laissé Neera songeuse, mais elle avait été polie et courtoise, si bien que la bonne dame lui avait glissé non pas une, mais deux viennoiseries. Bon, ça avait un peu embêté la demi-titan, soyons honnêtes – un dessert, passait encore, deux, ça devenait limite – mais elle s’était raisonnée en se disant qu’elle offrirait peut-être cela à son majodorme ou l’un de ses domestiques. Il y aurait toujours bien quelqu’un qui trouverait preneur, dans son manoir. On allait rouspéter, en lui déclarant qu’on aurait très bien pu lui préparer quelque chose sur place, mais l’élémentaliste aimait bien se promener dans la capitale, à ses heures perdues. Les rues animées, la vie trépidante de la ville l’aidait aussi à ne pas trop s’enfermer à Magic, quoiqu’elle ne regrettât pas du tout se vouer entièrement à ses cours et à ses recherches.Cependant, ses promenades l’ancraient dans le réel et lui offraient également de moments de divertissements bienvenus.
Cette fois, elle s’était un peu trop attardée, si bien que le crépuscule avait surpris Neera. Le soir tombait, et elle avait encore un peu de chemin à faire avant de rentrer chez elle. La maîtresse de la foudre envisagea de passer par les rues les plus fréquentées de Liberty, mais elle se ravisa en dernière seconde quand elle longea un parc bien connu pour son calme et sa tranquillité. En théorie.
Car parfois, de sombres idiots – pour rester polie – aimaient y trainer à la faveur de la nuit. Généralement, ils se regroupaient en bande, se croyant ainsi plus forts et même invincibles. Mais dès que des officiers républicains se pointaient au bout de la rue, les vauriens n’avaient pas le courage d’affronter les forces de l’ordre. Aux yeux de la sang-mêlée, c’était des couards, qui pouvaient néanmoins s’avérer dangereux quand on était pauvre et qu’on ne savait pas se défendre. Bref. Lorsqu’elle arriva sur les lieux, ladite bande avait visiblement repéré un individu un peu plus en retrait, enveloppé dans son manteau pour se protéger du froid sans aucun doute. Ils l’avaient déjà apostrophé avec quelques paroles de mauvais augure, cherchant à se procurer quelques piécettes ou tout autre objet de valeur qu’ils pourraient revendre au plus offrant. Mais – pour le malheur de la jeune femme et pour le plus grand bonheur de l’inconnu – l’un des bandits faisait le guet et ne tarda pas à remarquer la professeure de Magic.
Il fallait dire qu’elle était grande et qu’elle ne passait pas inaperçue avec sa peau mâte et ses longs cheveux immaculés. Sa cape grise, qu’elle avait enserrée tout autour d’elle, empêchait de voir sa longue tunique bleu foncé, mais n’importe qui un tant soit peu attentif remarquerait son arrivée sur les lieux. Aussi, un sifflement admiratif, et un peu malsain, jaillit des lèvres de la vigile, qui ne tarda pas à attirer l’attention de ses copains.
- Eh ma jolie ! Tu ne veux pas qu'on te tienne compagnie ?
Un soupir s'échappa des lèvres de Neera, qui regarda d'un air impassible les brutes qui se rapprochaient d'elle.
Il n'y avait personne d'autre qu'eux, hormis l'inconnu sur le banc. Personne donc qui pourrait les aider.
Sauf qu'ils avaient pioché le mauvais numéro en la visant elle.
- Je n'ai pas envie de supporter votre présence, fit Neera d'une voix froide. Hors de mon chemin. Et rendez à cet homme ce que vous lui avez volé.
A la lumière de la lune, la femme avait cru déceler un objet brillant et assez petit dans la main d’un des brigands, quoiqu'elle n'en fût pas absolument sûre.
Dans tous les cas, son attitude glaciale dissuadait généralement les gens intelligents de l'approcher, mais ceux-là n'étaient pas très malins, puisqu'ils se renfrognèrent et décidèrent de surenchérir.
- Eh, t'es pas très sympa ! On te propose juste de la compagnie et...
- Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus, les coupa-t-elle.
Il était inutile de discuter, ces racailles pensaient toujours qu’elles avaient raison, et si la diviniste se laissait faire, Neera se ferait bientôt encercler. La suite se passa donc très vite. Les malotrus eurent le temps de apercevoir un grand et long éclair les traverser les uns après les autres, et les bandits s’écroulèrent au sol, une expression d’incrédulité et de peur sur le visage. Neera les regarda s’effondrer sans aucune once de pitié, mais elle crut voir un anneau, attaché à une ficelle ou à une sorte de collier, rouler un instant à terre avant de s’immobiliser à ses pieds. L’une des brutes avait dû le prendre à l’homme pas loin d’elle et l’enseignante se pencha pour la ramasser. Elle se rendit vite compte que c’était une bague incrustée d’une pierre noire ébène, assez jolie au demeurant. Elle se redressa donc et regarda… le mendiant ? Elle ne savait pas comment définir cet homme, hormis que sa peau blanche ressortait particulièrement en cette nuit de novembre.
- Je pense que c’est à vous, fit-elle.
Elle ne savait pas trop bien s’il était bon qu’elle s’approchât de l’inconnu au vu de sa puanteur ; peut-être même que la démonstration de ses pouvoirs avait légitimement effrayé ce dernier. Puis, entre eux deux, il y avait les bandits et… elle n’avait pas envie de les enjamber tous. Ni de prendre la peine de faire un détour.
Elle décida donc de choisir un moyen terme, en utilisant sa magie de l’air et elle fit voler rapidement la bague jusqu’à cet homme qui n’était clairement pas humain. Elle déposa délicatement le bijou sur ses genoux et jeta un air sceptique aux malandrins qu’elle avait neutralisés.
- Ils sont paralysés, crut-elle bon de préciser, ils vont retrouver leur liberté d’ici quelques minutes. Je ne vous conseille pas de rester dans le coin, ils seront certainement de très mauvaise humeur quand ils seront de nouveau capables de se lever. Et puis… Neera hésita un instant avant de dire ce qu’elle pensait quand même. Vous ne devriez pas rester ici, il va faire froid cette nuit.
Elle attendrait peut-être une réaction de l’individu, puis elle reprendrait son chemin en direction de son manoir. Il était grand temps qu’elle rentre se réchauffer, maintenant.
Note HRP : utilisation de magie de l’air niveau 1 + magie de la foudre niveau 3 : techniques de zone (~10 m), la foudre peut paralyser certaines personnes quelques minutes
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La chance ne me sourit-t-elle donc jamais ? Une bande de malotrus vient me chercher des ennuies tandis que je grelotte de froid au sein du parc. Ils n'ont pas l'air très intelligent au vu de leur parler. J'ai un mauvais pressentiment et cette sensation ne tardera pas à devenir réalité. Je manque cruellement de sommeil et de force, ne pouvant pas leur tenir tête, comme j'aurai pu le faire il y a plusieurs semaines. Le Ashani que je suis n'est pas le Ashani d'hier, et il le sera encore moins demain. Mon cœur vacille et mon esprit est prit de colère lorsqu'ils s'approchent et récupèrent d'une main de maître le bijoux que je porte au cou. Je tente de les raisonner ou de montrer les crocs, rien n'y fait. Ces vauriens se dandinent et gloussent après moi, me traitant de rat et de minable. Ils ne comprennent pas. Ils ne savent pas tout ce que j'ai enduré pour venir jusqu'ici, pour me libérer.
Alors qu'ils se pavanent comme des dindes, voilà qu'une femme intervient. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'un éclair jaillit avec une telle rapidité que j'en suis scotché. En une fraction de seconde, la bande de malfrats s'étalent sur le sol, les cheveux sentant légèrement le roussit et arborant un faciès déconfit. Je n'ai pas envie de rire ce soir, on m'a extirpé ce que j'ai de plus cher. Et voilà qu'elle me revient, la bague ayant appartenu à feu ma mère. Déployant ma main pour attraper la bague déposée sur un de mes genoux, j'inspecte l'objet du bout de mes doigts aux ongles acérés. Sa voix est ferme avec une pointe de douceur, bien qu'elle ait fait preuve d'une audace et d'un pouvoir démentiel. Je jure par Shierak que je ne souhaite pas l'avoir comme ennemi, si tant est que je ne sois pas le plus malchanceux absolu des mortels. Celle-ci me dit qu'il faut me hâter de me réchauffer, car ces vilains ne tarderont pas à se relever. Je me lève avec un épuisement certain, ajustant mon manteau de cuir et laissant dévoiler mon visage. Je remarque qu'elle est presque à ma taille, je la dévisage avec intérêt pour comprendre qui est mon interlocutrice.
Elle ne souhaite très certainement pas s'approcher davantage, de celui qui pue comme le chacal, de l'homme aux cornes brisées et au regard méprisant. La couleur de mes yeux effraient, ajoutant à mon teint froid un air arrogant. Pourtant, tout ce que je souhaite a cet instant c'est la remercier. Je ne suis pas un homme serviable, ni même amical. Mon tempérament de drakyn fait de moi un être sanguin seulement aujourd'hui, je suis bien trop faible pour me montrer désinvolte et insolent. Posant une main sur le coeur, la bague en main et le collier dans l'autre, ma voix grave et sèche l'interpelle.
— Merci.
Un simple mot qui m'irrite la gorge. Ce mot que jamais personne n'a prononcé envers moi. En tout cas, il est avéré que sans cette femme aux grands pouvoirs, ces vauriens s'en seraient allés avec un souvenir si précieux et d'une qualité inestimable à mes yeux. Mes cheveux emmêlés dans mes cornes me donnent certainement l'air d'un fou, pourtant j'ai bien là toute ma tête. Mes épaules s'affaissent et mon regard se dirige vers le sol quand je repense au froid de l'automne et à la nuit qui approche. Replaçant la bague sur le collier, attachant comme il faut autour de mon cou et la cachant a la vue de tous sous ma houppelande, je la toise avec une certaine tristesse.
— Je n'ai pas de lit. Ni même un bout de bois pour m'abriter. Je vais seulement là où je peux trouver de la place. Et bien souvent, c'est sur le sol dur et sale.
Je place mes mains à l'intérieur de la houppelande pour tenter de me réchauffer et me prépare à partir, à l'inverse d'où venait la femme au teint mat. Je repense à mes années au Reike, où je portais mes vêtements de dentelle et aimais m'entourer de femmes aux atours de pourpres et de dorures, de bijoux aux pierres précieuses et aimant le velours. Tout ceci est bien derrière moi. D'auta t que la gente féminine du Reike n'a pas les mêmes mœurs qu'ici. J'effraie les gens par mon faciès de drakyn rapiécé, celui sans ailes et aux joies creusés par la faim. J'ai perdu du poids, trop vite depuis que je suis arrivé ici. Si seulement j'avais trouvé ce réseau, je ne serai pas dehors a mourir de froid et me repetrai d'un bon repas.
Mes sens sont aux aguets et soudain, une odeur me fait saliver. Une odeur si sucrée que mes crocs sont sortis. Je m'arrête et me retourne avec fougue. Je sens quelque chose, un gâteau, une pâtisserie, quelque chose qui me donne envie. J'ai si faim. Mon ventre gargouille à la mort, je me sens tellement ridicule devant elle. Je déteste quémander, encore moins envers une femme seulement, je crois bien que je meurs de faim. Mon gosier se met à râler dans une agonie infernale, cette odeur de sucrée me fait saliver. Mes lèvres sont retroussées et je laisse apparent des dents aiguisées en un sourire carnassier.
—Je… crève la dalle. J'ai si faim, ma dame. Auriez-vous quelque chose à manger ? Je suis affamé.
Je déteste me voir ainsi. Je suis dégoûté de moi-même. Je n'arrive à rien et pire que tout, je demande à une femme si elle peut me donner de quoi me repaître. J'ai envie de me frapper si fort mais n'en ai pas la force. Comment ai-je pu tomber aussi bas ? J'imagine les autres drakyns se rirent de moi, le misérable gamin qui n'a jamais reussit sa vie. Après tout, qu'est ce que j'en ai a faire de mes semblables désormais ? Personne n'est venu m'aider. Personne ne s'est intéressé à moi. Je serai prêt à tuer pour manger. Sauf que je ne souhaite pas m'attaquer à cette femme, si tant est qu'elle disposerai du plus gros gibier du Sekaï. Sa force est aussi dévastatrice que sa prestance. Résiste, Ashani. Résiste. Retiens-toi, arrête de saliver. Ashani.
Alors qu'ils se pavanent comme des dindes, voilà qu'une femme intervient. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'un éclair jaillit avec une telle rapidité que j'en suis scotché. En une fraction de seconde, la bande de malfrats s'étalent sur le sol, les cheveux sentant légèrement le roussit et arborant un faciès déconfit. Je n'ai pas envie de rire ce soir, on m'a extirpé ce que j'ai de plus cher. Et voilà qu'elle me revient, la bague ayant appartenu à feu ma mère. Déployant ma main pour attraper la bague déposée sur un de mes genoux, j'inspecte l'objet du bout de mes doigts aux ongles acérés. Sa voix est ferme avec une pointe de douceur, bien qu'elle ait fait preuve d'une audace et d'un pouvoir démentiel. Je jure par Shierak que je ne souhaite pas l'avoir comme ennemi, si tant est que je ne sois pas le plus malchanceux absolu des mortels. Celle-ci me dit qu'il faut me hâter de me réchauffer, car ces vilains ne tarderont pas à se relever. Je me lève avec un épuisement certain, ajustant mon manteau de cuir et laissant dévoiler mon visage. Je remarque qu'elle est presque à ma taille, je la dévisage avec intérêt pour comprendre qui est mon interlocutrice.
Elle ne souhaite très certainement pas s'approcher davantage, de celui qui pue comme le chacal, de l'homme aux cornes brisées et au regard méprisant. La couleur de mes yeux effraient, ajoutant à mon teint froid un air arrogant. Pourtant, tout ce que je souhaite a cet instant c'est la remercier. Je ne suis pas un homme serviable, ni même amical. Mon tempérament de drakyn fait de moi un être sanguin seulement aujourd'hui, je suis bien trop faible pour me montrer désinvolte et insolent. Posant une main sur le coeur, la bague en main et le collier dans l'autre, ma voix grave et sèche l'interpelle.
— Merci.
Un simple mot qui m'irrite la gorge. Ce mot que jamais personne n'a prononcé envers moi. En tout cas, il est avéré que sans cette femme aux grands pouvoirs, ces vauriens s'en seraient allés avec un souvenir si précieux et d'une qualité inestimable à mes yeux. Mes cheveux emmêlés dans mes cornes me donnent certainement l'air d'un fou, pourtant j'ai bien là toute ma tête. Mes épaules s'affaissent et mon regard se dirige vers le sol quand je repense au froid de l'automne et à la nuit qui approche. Replaçant la bague sur le collier, attachant comme il faut autour de mon cou et la cachant a la vue de tous sous ma houppelande, je la toise avec une certaine tristesse.
— Je n'ai pas de lit. Ni même un bout de bois pour m'abriter. Je vais seulement là où je peux trouver de la place. Et bien souvent, c'est sur le sol dur et sale.
Je place mes mains à l'intérieur de la houppelande pour tenter de me réchauffer et me prépare à partir, à l'inverse d'où venait la femme au teint mat. Je repense à mes années au Reike, où je portais mes vêtements de dentelle et aimais m'entourer de femmes aux atours de pourpres et de dorures, de bijoux aux pierres précieuses et aimant le velours. Tout ceci est bien derrière moi. D'auta t que la gente féminine du Reike n'a pas les mêmes mœurs qu'ici. J'effraie les gens par mon faciès de drakyn rapiécé, celui sans ailes et aux joies creusés par la faim. J'ai perdu du poids, trop vite depuis que je suis arrivé ici. Si seulement j'avais trouvé ce réseau, je ne serai pas dehors a mourir de froid et me repetrai d'un bon repas.
Mes sens sont aux aguets et soudain, une odeur me fait saliver. Une odeur si sucrée que mes crocs sont sortis. Je m'arrête et me retourne avec fougue. Je sens quelque chose, un gâteau, une pâtisserie, quelque chose qui me donne envie. J'ai si faim. Mon ventre gargouille à la mort, je me sens tellement ridicule devant elle. Je déteste quémander, encore moins envers une femme seulement, je crois bien que je meurs de faim. Mon gosier se met à râler dans une agonie infernale, cette odeur de sucrée me fait saliver. Mes lèvres sont retroussées et je laisse apparent des dents aiguisées en un sourire carnassier.
—Je… crève la dalle. J'ai si faim, ma dame. Auriez-vous quelque chose à manger ? Je suis affamé.
Je déteste me voir ainsi. Je suis dégoûté de moi-même. Je n'arrive à rien et pire que tout, je demande à une femme si elle peut me donner de quoi me repaître. J'ai envie de me frapper si fort mais n'en ai pas la force. Comment ai-je pu tomber aussi bas ? J'imagine les autres drakyns se rirent de moi, le misérable gamin qui n'a jamais reussit sa vie. Après tout, qu'est ce que j'en ai a faire de mes semblables désormais ? Personne n'est venu m'aider. Personne ne s'est intéressé à moi. Je serai prêt à tuer pour manger. Sauf que je ne souhaite pas m'attaquer à cette femme, si tant est qu'elle disposerai du plus gros gibier du Sekaï. Sa force est aussi dévastatrice que sa prestance. Résiste, Ashani. Résiste. Retiens-toi, arrête de saliver. Ashani.
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
crédits : 774
Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Maintenant que les malandrins sont hors d’état de nuire, Neera peut davantage observer cet homme solitaire. Il est dans la pénombre, la magicienne n’est donc pas capable de discerner qui est vraiment cet inconnu. La seule chose dont elle soit certaine, c’est qu’il est un migrant qui n’a pas encore réussi à bien s’implanter en République. Ses vêtements sont trop usés, sa puanteur est comparable à celle d’une benne à ordures, et s’il avait vraiment un endroit où vivre, il ne se serait pas réfugié dans un parc en espérant y passer la nuit. Quand il se lève et qu’il dévoile son visage, la Républicaine ne cherche pas spécialement à dissimuler sa surprise. Elle aperçoit pourtant bien des cornes qui se recourbent légèrement sur le haut de son crâne, et grâce à la lointaine lumière des réverbères, elle distingue des oreilles pointues semblables à celles des elfes. Ses prunelles jaunes, enfin, lui donnent un regard perçant, à moins que ce ne soit ses traits fins et fatigués qui rajoutent de la gravité à son visage. Il n’y a pas trente-six mille espèces qui sont dotées de telles caractéristiques, se dit l’enseignante, et elle suppose vite qu’il est soit un oni soit un drakyn. Un démon aurait bien été possible mais… Un être démoniaque ne se serait jamais laissé faire par de tels vauriens quelques instants plus tôt.
Les considérations de la jeune femme s’arrêtent quand il lui adresse la parole tout en posant une main sur son cœur. Il la remercie de manière presque solennelle, même si sa voix soit sèche et rocailleuse. Neera se demande un instant si le rescapé n’est pas déshydraté, ou s’il n’est pas déjà malade à cause des nuits froides de l’automne. Il n’est pas bon de rester dehors par ce temps. En tous les cas, la jeune femme esquisse un geste comme pour dire que ce n’est rien, tout en jetant un coup d’œil aux vilains qui sont à terre.
- Ne me remerciez pas, finit-elle par déclarer, et la maîtresse de la foudre s’efforce de sourire afin d’adoucir les traits de son visage. J’ai avant tout défendu mes intérêts en les neutralisant, fait-elle d’un ton franc, et comme je n’aime pas les imbéciles, je ne me suis pas retenue.
Accessoirement, elle n’aime pas qu’on s’en prenne au plus faible alors qu’on est en position de force. C’est aussi pour cela que la demi-titan est intervenue pour lui rendre sa bague, que l’homme ne tarde d’ailleurs pas à remettre à son cou. Puis ses épaules s’affaissent, et Neera n’a pas besoin d’être télépathe pour comprendre qu’il pense à sa situation. Il lui révèle alors qu’il n’a pas de lit, ni même un bout de bois pour s’abriter. L’exilé s’installe seulement où il peut, quand il trouve de la place, et apparemment, il n’a d’autres choix que de dormir sur le sol glacé de Liberty.
Neera reste silencieuse à sa déclaration. Que doit-elle dire ? Elle sait que, si elle se laisse atteindre par la misère des migrants, elle ne s’en sortira jamais. La magicienne ne peut pas faire de son manoir un refuge pour les shoumeïens, et elle ne peut pas non plus effacer la misère de ces pauvres âmes qui errent dans Liberty. Sa fortune ne serait pas suffisante pour leur offrir à tous un endroit où dormir et un repas chaud. Ils sont trop nombreux. Tout ce que la diviniste peut donc faire, c’est intervenir dans un cas comme celui-ci pour empêcher qu’une injustice ne soit commise sous ses yeux.
La Républicaine n’empêche donc pas l’homme de repartir à contre-sens, et elle s’apprête à quitter le parc à son tour quand l’inconnu se retourne brusquement vers elle. Interdite par la réaction brusque du drakyn, Neera s’arrête et croit même un instant qu’un des bandits s’est libéré plus vite que prévu de sa magie. Mais non, si ses crocs sont sortis, c’est tout simplement parce qu’il a faim et c’est avec une mine presque abasourdie qu’elle écoute sa demande. Il est certain que ses paroles doivent faire mal à son égo, mais la sang-mêlée ne pense pas qu’il mente. Puis, il est vrai qu’elle a cette fameuse pâtisserie en trop avec elle, qu’elle trimballe depuis déjà trop de temps.
- J’ai bien une pâtisserie dans le sac que je tiens ici, mais…
L’élémentaliste réfléchit rapidement alors que son regard glisse vers la bande qui est toujours trop proche d’eux à son goût. Son pouvoir est puissant, mais il n’a pas des effets éternels.
- … Il vaut mieux que vous la mangiez en marchant. Venez.
Neera ne se fait même pas la réflexion qu’elle l’invite à marcher çà ses côtés, et alors qu’ils quittent tous les deux le parc, elle saisit la pâtisserie qui a été soigneusement enroulée dans un paquet par la marchande. Elle tend alors celui-ci à son compagnon de route, et elle le laisse dévorer goulûment ce met qu’elle a acheté un peu plus tôt dans la journée.
Une chose est sûre, il a faim, mais l’enseignante ne se préoccupe pas tellement de son éventuel manque de manière. Elle n’a jamais été dans le besoin, elle considère donc qu’elle n’a pas le droit de juger ce… mendiant qu’elle a sauvé par inadvertance. Au moins, il est occupé à quelque chose, ce qui laisse le temps à Neera de réfléchir. Qu’est-ce qu’elle est censée faire de lui ? Bien sûr, elle pourrait très bien l’abandonner à un carrefour de Liberty, lui déclarer « qu’elle va par-là », en sous-entendant qu’il ne la suive pas. Mais c’est comme repousser un chien galeux qui n’a jamais rien fait de mal. La comparaison n’est pas flatteuse, mais l’idée est là : ce serait l’abandonner à son sort, et la professeure a l’impression que ce ne serait ni juste, ni bon de sa part.
Evidemment, elle n’est pas non plus naïve. La demi-titan ne connait rien de cet homme, il pue comme un troll, et elle ne sait pas réellement si elle peut lui faire confiance. Alors bon. La méfiance est de mise, mais peut-être que, pour une fois, la diviniste peut faire une entorse à ses principes. Quand elle voit qu’il a fini de manger, la jeune femme tourne la tête vers lui et prend la parole.
- Alors comment vous l’avez trouvé ?
Elle attend patiemment sa réponse, puis hoche la tête et décide de se présenter.
- Je m’appelle Neera. Neera Storm.
Elle ignore totalement si son nom lui dira quelque chose. Dans les milieux universitaires, l'enseignante est connue puisqu’elle appartient à Magic, et dans les milieux républicains, on connaît également son existence grâce à sa neutralité politique et la lignée de sa famille. Mais son nom ne peut rien évoquer chez un étranger. Dans l’immédiat, tout ce que la sang-mêlée veut savoir, c’est le nom de cet homme, histoire qu’elle mette un visage sur cet inconnu à la peau blanche.
Maintenant qu’elle est plus proche de lui, et dans des lieux plus éclairés, d’ailleurs, elle peut mieux l’observer et elle le dévisage sans animosité.
- Vous êtes un drakyn ? demande-t-elle. Que venez-vous faire dans la République ?
Sa réponse la motivera peut-être à lui offrir un toit pour la nuit.
Les considérations de la jeune femme s’arrêtent quand il lui adresse la parole tout en posant une main sur son cœur. Il la remercie de manière presque solennelle, même si sa voix soit sèche et rocailleuse. Neera se demande un instant si le rescapé n’est pas déshydraté, ou s’il n’est pas déjà malade à cause des nuits froides de l’automne. Il n’est pas bon de rester dehors par ce temps. En tous les cas, la jeune femme esquisse un geste comme pour dire que ce n’est rien, tout en jetant un coup d’œil aux vilains qui sont à terre.
- Ne me remerciez pas, finit-elle par déclarer, et la maîtresse de la foudre s’efforce de sourire afin d’adoucir les traits de son visage. J’ai avant tout défendu mes intérêts en les neutralisant, fait-elle d’un ton franc, et comme je n’aime pas les imbéciles, je ne me suis pas retenue.
Accessoirement, elle n’aime pas qu’on s’en prenne au plus faible alors qu’on est en position de force. C’est aussi pour cela que la demi-titan est intervenue pour lui rendre sa bague, que l’homme ne tarde d’ailleurs pas à remettre à son cou. Puis ses épaules s’affaissent, et Neera n’a pas besoin d’être télépathe pour comprendre qu’il pense à sa situation. Il lui révèle alors qu’il n’a pas de lit, ni même un bout de bois pour s’abriter. L’exilé s’installe seulement où il peut, quand il trouve de la place, et apparemment, il n’a d’autres choix que de dormir sur le sol glacé de Liberty.
Neera reste silencieuse à sa déclaration. Que doit-elle dire ? Elle sait que, si elle se laisse atteindre par la misère des migrants, elle ne s’en sortira jamais. La magicienne ne peut pas faire de son manoir un refuge pour les shoumeïens, et elle ne peut pas non plus effacer la misère de ces pauvres âmes qui errent dans Liberty. Sa fortune ne serait pas suffisante pour leur offrir à tous un endroit où dormir et un repas chaud. Ils sont trop nombreux. Tout ce que la diviniste peut donc faire, c’est intervenir dans un cas comme celui-ci pour empêcher qu’une injustice ne soit commise sous ses yeux.
La Républicaine n’empêche donc pas l’homme de repartir à contre-sens, et elle s’apprête à quitter le parc à son tour quand l’inconnu se retourne brusquement vers elle. Interdite par la réaction brusque du drakyn, Neera s’arrête et croit même un instant qu’un des bandits s’est libéré plus vite que prévu de sa magie. Mais non, si ses crocs sont sortis, c’est tout simplement parce qu’il a faim et c’est avec une mine presque abasourdie qu’elle écoute sa demande. Il est certain que ses paroles doivent faire mal à son égo, mais la sang-mêlée ne pense pas qu’il mente. Puis, il est vrai qu’elle a cette fameuse pâtisserie en trop avec elle, qu’elle trimballe depuis déjà trop de temps.
- J’ai bien une pâtisserie dans le sac que je tiens ici, mais…
L’élémentaliste réfléchit rapidement alors que son regard glisse vers la bande qui est toujours trop proche d’eux à son goût. Son pouvoir est puissant, mais il n’a pas des effets éternels.
- … Il vaut mieux que vous la mangiez en marchant. Venez.
Neera ne se fait même pas la réflexion qu’elle l’invite à marcher çà ses côtés, et alors qu’ils quittent tous les deux le parc, elle saisit la pâtisserie qui a été soigneusement enroulée dans un paquet par la marchande. Elle tend alors celui-ci à son compagnon de route, et elle le laisse dévorer goulûment ce met qu’elle a acheté un peu plus tôt dans la journée.
Une chose est sûre, il a faim, mais l’enseignante ne se préoccupe pas tellement de son éventuel manque de manière. Elle n’a jamais été dans le besoin, elle considère donc qu’elle n’a pas le droit de juger ce… mendiant qu’elle a sauvé par inadvertance. Au moins, il est occupé à quelque chose, ce qui laisse le temps à Neera de réfléchir. Qu’est-ce qu’elle est censée faire de lui ? Bien sûr, elle pourrait très bien l’abandonner à un carrefour de Liberty, lui déclarer « qu’elle va par-là », en sous-entendant qu’il ne la suive pas. Mais c’est comme repousser un chien galeux qui n’a jamais rien fait de mal. La comparaison n’est pas flatteuse, mais l’idée est là : ce serait l’abandonner à son sort, et la professeure a l’impression que ce ne serait ni juste, ni bon de sa part.
Evidemment, elle n’est pas non plus naïve. La demi-titan ne connait rien de cet homme, il pue comme un troll, et elle ne sait pas réellement si elle peut lui faire confiance. Alors bon. La méfiance est de mise, mais peut-être que, pour une fois, la diviniste peut faire une entorse à ses principes. Quand elle voit qu’il a fini de manger, la jeune femme tourne la tête vers lui et prend la parole.
- Alors comment vous l’avez trouvé ?
Elle attend patiemment sa réponse, puis hoche la tête et décide de se présenter.
- Je m’appelle Neera. Neera Storm.
Elle ignore totalement si son nom lui dira quelque chose. Dans les milieux universitaires, l'enseignante est connue puisqu’elle appartient à Magic, et dans les milieux républicains, on connaît également son existence grâce à sa neutralité politique et la lignée de sa famille. Mais son nom ne peut rien évoquer chez un étranger. Dans l’immédiat, tout ce que la sang-mêlée veut savoir, c’est le nom de cet homme, histoire qu’elle mette un visage sur cet inconnu à la peau blanche.
Maintenant qu’elle est plus proche de lui, et dans des lieux plus éclairés, d’ailleurs, elle peut mieux l’observer et elle le dévisage sans animosité.
- Vous êtes un drakyn ? demande-t-elle. Que venez-vous faire dans la République ?
Sa réponse la motivera peut-être à lui offrir un toit pour la nuit.
Invité
Invité
Prenant dans mes mains le petit met sucré, je prends une bouchée pour savourer. Je salive tellement, l'odeur du sucré et le goût est tellement prononcé, je ne peux m'empêcher de laisser mon ventre crier famine. Cela fait si longtemps que je n'avais point mangé une telle gâterie, c'est si différent du Reike. Depuis mon arrivée, personnene m'a apporté un tel repas et je dois dire que je mange sans aucune retenue. Je n'arrive pas à me retenir et je prends d'énormes bouchées, remplissant ma bouche de pâtes moelleuse et de crème. S'il y a bien une chose sur tout Sekaï qui rivalise avec les bijoux, c'est très certainement ces pâtisseries. Onctueuses. Douces. Caramélisés. J'en veux encore ! Nous avançons ensemble sur ce chemin, nous éloignant un peu plus de ces satanés brigands. Si seulement j'avais eu la force nécessaire, ils n'auraient très certainement plus eu de mains pour pouvoir s'en servir. Je me mets à rire à cette pensée. La femme à mes côtés se soucie de mon bien-être. Je ne saurai dire si je dois encore la remercier, bien que cela me fasse mal à mon égo, ou si elle a pitié de moi. Dans les deux cas, j'ai l'air d'une pourriture à côté d'une beauté divine. Si seulement j'avais réussi à percer à Liberty, j'aurai très certainement pu éviter toutes ces malheureuses situations. Détournant la tête pour ne pas qu'elle me voit passer un coup de griffe entre mes dents pour retirer quelques miettes coincées, je lui fais un grand sourire et m'exprime :
— J’ai une faim de loup, je pourrais en manger vingt autres comme celui que vous m’avez offert. Ceci-dit, c’est la pâtisserie la plus exquise que j’ai pu dévorer !
Son prénom est exotique, cela ne m’évoque rien. Il faut dire que je n’ai aucune idée des personnalités siégeant à Liberty, j’ai ouïe dire quelques noms comme les Goldheart. Je suis bien loin de chez moi et cette nouvelle vie m’a fait très vite déchanter, je suis assez mal à l’aise à vrai dire. Ne voulant pas montrer mes faiblesses ni encore moins mon ignorance, je jure pourtant être un homme cultivé et bienséant. Du moins, quand j’en ai la possibilité. Je regarde mes mains dans un état lamentable, salies par la crasse. Je suis un être abject. Au moins, j’ai l’opportunité de pouvoir discuter avec quelqu’un qui ne me toise pas de la tête aux pieds, qui ne m’insulte pas et ne cherche pas à me faire tuer. Je m’arrête et croise son regard, moins immaculée que lorsqu’elle a utilisé son pouvoir tout à l’heure.
— Ashani. Mon nom est Ashani.
Elle a surenchérit avec quelques questions suite à mon nom, ce qui me déstabilise un tant soit peu puisque je n’ai aucune envie de lui parler de mon désir ardent de vouloir contribuer au réseau de la ville. Rien ne m’empêche de lui parler de mes contrats de mercenariats en attendant ! Toutefois, je peux lui expliquer pourquoi je suis arrivé à Liberty. Nous continuons à poursuivre un chemin, sans que je ne comprenne où nous allons. Je prends une profonde inspiration avant d’entamer le monologue.
— Je suis né au Reike, J’y ai vécu des années très difficiles et quelques temps plus tard, je suis rentré à l’armée. Pendant ces cinq années obligatoires, on nous apprend à nous battre et à défendre nos terres. Nous avons le choix à la fin de ce service militaire et j’ai choisi de suivre ma propre voie. Je commençais à me faire bien voir. On me reconnaissait enfin et j’avais l’impression de devenir quelqu’un d’important. Puis, de fil en aiguille, je suis monté en grade et ai commencé par … comment dire. Disons que les personnes avec qui je travaillais n’étaient pas des personnes très charitables. Et donc, ce que je cherchais à faire, c’était de leur renvoyer l'ascenseur à ma manière, si je puis dire. Vous connaissez les contes pour enfants ?
J’espérais qu’elle aime les contes, car j’en suis un grand fan ! Combien de temps n’ai-je pas pu raconter ou jouer une scène d’un de mes contes préférés ? Cela me rappelle des moments lorsque je vivais dans mes appartements au Reike. Vêtu de velours et de soie, un livre à la main et jouant un des rôles de l’histoire. Ces moments me manquent ! Je décide alors de lui raconter brièvement ce conte tandis que nous nous éloignons un peu plus du parc. Mon regard pétille de malice, je raconte avec une voix d’orateur :
— Tout commence par un roi, qui doit s’absenter de son château pour se rendre sur le champ de bataille. Avant de partir, il confie le royaume à son frère, le prince Lion. Ce dernier est un noble avare et autoritaire. Une fois sur le trône, il se met à dépouiller le peuple en imposant un impôt de plus en plus élevé. Si quelqu’un ose refuser de payer, il ordonne aux forces de l’ordre de brûler sa maison tout de suite. Un jour, un homme renard se rebelle mais les autorités tentent de lui couper la tête. Bien qu’il soit amoureux de la fille de la sœur du roi, l’homme renard décide de s’enfuir car sa liberté est plus importante que tout. Le jeune homme s’enfonce dans la forêt fait la rencontre d’un ours avec qui il va décider de voler aux riches pour donner aux pauvres. Le Prince ne tarde pas à apprendre les activités de l’homme renard dans la forêt alors, Il élabore un plan pour le capturer. Comme il est amoureux de la fille renarde, qui n’est autre que la fille de la sœur du roi, il suffit d’organiser un piège. Un concours de tir à l’arc où la remise du trophée sera remis par celle dont il est éprise. Déguisé, notre homme renard remporte le prix et malheureusement, les autorités le prennent en tenaille et il se fait ligoter.
J'espère que cette histoire lui plait, bien qu’elle soit connue du grand public. En tout cas, cela me réconforte de pouvoir raconter de nouveau ces histoires. Cela fait si longtemps que je n’ai pas tenu un livre de contes entre mes mains. Je me demande si les récits que l’on raconte aux enfants reikois sont les mêmes qu’à Liberty. Je regarde l’horizon et lui murmure :
— Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas lu.
— J’ai une faim de loup, je pourrais en manger vingt autres comme celui que vous m’avez offert. Ceci-dit, c’est la pâtisserie la plus exquise que j’ai pu dévorer !
Son prénom est exotique, cela ne m’évoque rien. Il faut dire que je n’ai aucune idée des personnalités siégeant à Liberty, j’ai ouïe dire quelques noms comme les Goldheart. Je suis bien loin de chez moi et cette nouvelle vie m’a fait très vite déchanter, je suis assez mal à l’aise à vrai dire. Ne voulant pas montrer mes faiblesses ni encore moins mon ignorance, je jure pourtant être un homme cultivé et bienséant. Du moins, quand j’en ai la possibilité. Je regarde mes mains dans un état lamentable, salies par la crasse. Je suis un être abject. Au moins, j’ai l’opportunité de pouvoir discuter avec quelqu’un qui ne me toise pas de la tête aux pieds, qui ne m’insulte pas et ne cherche pas à me faire tuer. Je m’arrête et croise son regard, moins immaculée que lorsqu’elle a utilisé son pouvoir tout à l’heure.
— Ashani. Mon nom est Ashani.
Elle a surenchérit avec quelques questions suite à mon nom, ce qui me déstabilise un tant soit peu puisque je n’ai aucune envie de lui parler de mon désir ardent de vouloir contribuer au réseau de la ville. Rien ne m’empêche de lui parler de mes contrats de mercenariats en attendant ! Toutefois, je peux lui expliquer pourquoi je suis arrivé à Liberty. Nous continuons à poursuivre un chemin, sans que je ne comprenne où nous allons. Je prends une profonde inspiration avant d’entamer le monologue.
— Je suis né au Reike, J’y ai vécu des années très difficiles et quelques temps plus tard, je suis rentré à l’armée. Pendant ces cinq années obligatoires, on nous apprend à nous battre et à défendre nos terres. Nous avons le choix à la fin de ce service militaire et j’ai choisi de suivre ma propre voie. Je commençais à me faire bien voir. On me reconnaissait enfin et j’avais l’impression de devenir quelqu’un d’important. Puis, de fil en aiguille, je suis monté en grade et ai commencé par … comment dire. Disons que les personnes avec qui je travaillais n’étaient pas des personnes très charitables. Et donc, ce que je cherchais à faire, c’était de leur renvoyer l'ascenseur à ma manière, si je puis dire. Vous connaissez les contes pour enfants ?
J’espérais qu’elle aime les contes, car j’en suis un grand fan ! Combien de temps n’ai-je pas pu raconter ou jouer une scène d’un de mes contes préférés ? Cela me rappelle des moments lorsque je vivais dans mes appartements au Reike. Vêtu de velours et de soie, un livre à la main et jouant un des rôles de l’histoire. Ces moments me manquent ! Je décide alors de lui raconter brièvement ce conte tandis que nous nous éloignons un peu plus du parc. Mon regard pétille de malice, je raconte avec une voix d’orateur :
— Tout commence par un roi, qui doit s’absenter de son château pour se rendre sur le champ de bataille. Avant de partir, il confie le royaume à son frère, le prince Lion. Ce dernier est un noble avare et autoritaire. Une fois sur le trône, il se met à dépouiller le peuple en imposant un impôt de plus en plus élevé. Si quelqu’un ose refuser de payer, il ordonne aux forces de l’ordre de brûler sa maison tout de suite. Un jour, un homme renard se rebelle mais les autorités tentent de lui couper la tête. Bien qu’il soit amoureux de la fille de la sœur du roi, l’homme renard décide de s’enfuir car sa liberté est plus importante que tout. Le jeune homme s’enfonce dans la forêt fait la rencontre d’un ours avec qui il va décider de voler aux riches pour donner aux pauvres. Le Prince ne tarde pas à apprendre les activités de l’homme renard dans la forêt alors, Il élabore un plan pour le capturer. Comme il est amoureux de la fille renarde, qui n’est autre que la fille de la sœur du roi, il suffit d’organiser un piège. Un concours de tir à l’arc où la remise du trophée sera remis par celle dont il est éprise. Déguisé, notre homme renard remporte le prix et malheureusement, les autorités le prennent en tenaille et il se fait ligoter.
J'espère que cette histoire lui plait, bien qu’elle soit connue du grand public. En tout cas, cela me réconforte de pouvoir raconter de nouveau ces histoires. Cela fait si longtemps que je n’ai pas tenu un livre de contes entre mes mains. Je me demande si les récits que l’on raconte aux enfants reikois sont les mêmes qu’à Liberty. Je regarde l’horizon et lui murmure :
— Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas lu.
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
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Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Il a vraiment vraiment faim. C’est la première chose que se dit Neera lorsqu’elle le voit prendre sa pâtisserie et avaler goulûment la viennoiserie qu’elle lui a offerte. C’est une simple boule de berlin, pourtant, mais à voir sa faim, elle aurait mieux fait d’en prendre deux, pour être honnête. Voire trois. Peut-être même que quatre pâtisseries n’auraient pas été suffisantes. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne reste strictement rien quand l’homme a fini, et elle éclate légèrement de rire lorsqu’il lui dit qu’il aurait pu en manger vingt.
- Je m’étais dit que j’aurais dû acheter trois pâtisseries en plus, si j’avais su que je vous croiserais. J’étais donc loin du compte.
En tout cas, elle apprend son prénom. Ashani. La magicienne n’en a jamais entendu parler auparavant, mais elle acquiesce et reprend la parole.
- C’est un joli nom, vos parents ont fait un bon choix.
La jeune femme ne va pas plus loin, ne se rend même pas compte que l’évocation, même indirecte de ses géniteurs, pourraient affecter le Drakyn plus que nécessaire. Il est évident que pour Neera, cela veut être un compliment et elle ne pense véritablement pas mal faire. Elle l’écoute plutôt se présenter avec intérêt. Ainsi, il est du Reike, et il semble qu’il n’a pas eu une vie tendre. Elle a presque envie de dire que ce n’est pas étonnant, compte tenu des conditions climatiques très dures de l’Empire, mais aussi de la mentalité, parfois trop martiale, qui y règne. La professeure a cependant le réflexe de se taire et de l’écouter sans mot dire. Il lui semble alors que, derrière ce mendiant sale, puant, pauvre se cache quelqu’un qui a pu avoir une existence assez aisée. Après tout, elle suppose qu’il a pu avoir une vie un peu plus facile s’il est monté en grade, mais l’enseignante suppose également que son caractère a pu lui jouer des tours. Ne pas se laisser marcher dessus par ses supérieurs, c’était bien. Être prudent et ne pas avoir de retour de flammes, c’était mieux.
Il est cependant délicat de faire de telles remarques, aussi, la demi-titan hoche la tête quand il lui demande si elle connaît des contes pour enfant.
- Je les connais, mais cela fait très très longtemps que je n’en ai pas écouté, alors je ne serai pas contre un petit rappel, lui glisse-t-elle avec un sourire en coin.
Elle a fait d’ailleurs le bon choix. Il est évident qu’Ashani prend plaisir à lui raconter son histoire. Son visage n’est plus terne, comme lorsqu’elle l’a rencontré dans le parc. Non, il pétille de malice et il semble heureux de pouvoir lui raconter son récit. D’ailleurs, il est bon orateur, puisqu’elle se laisse prendre par l’histoire, celle du Prince Lion et de l’homme renard épris de sa dulcinée. Et quand il semble regretter de ne pas l’avoir lu depuis longtemps, Neera esquisse un geste qui se veut encourageant.
- Il doit bien y avoir des versions de ce conte à Liberty. Il suffit d’aller dans une librairie… Elle est tellement ancrée dans la culture du Sekai et de la pègre que tout le monde la connaît, je dois dire. Peut-être même que je les ai encore dans ma bibliothèque, dans mes vieux livres pour enfant ou dans la collection de mon père… Mais vous ne m’avez pas raconté la fin, fait-elle avec un sourire malicieux.
Elle le laisse reprendre la parole s'il le souhaite, puis elle rebondit sur ce qu’il lui avait dit jusque-là.
- Donc vous êtes venus à Liberty après avoir agacé certaines personnes.
Ce n’est pas vraiment une accusation, juste un constat alors que Neera réfléchissait.
- Je ne sais pas si je trouverais ça frustrant ou enthousiasmant de devoir tout abandonner pour commencer une nouvelle vie ailleurs… Vous comptez vous implanter dans la République ? demande-t-elle d’un air un peu interrogateur. Après tout, il désirait peut-être revenir dans le Reike après un temps…
En tous les cas, son… intégration… ne s’est pas bien passée, c’est clair et net. Il suffit de le voir pour comprendre qu’il en a vu des vertes et des pas mûres et qu’il n’est pas prêt de s’en sortir.
Sauf si elle décide de lui donner un petit coup de main, et Neera soupirerait presque pour l’idée saugrenue qui lui passe par la tête. Elle a quand même suffisamment de décence pour ne pas montrer qu’elle s’exaspère elle-même, et elle reprend la parole alors que le silence s’installe entre eux. Désormais, ils ont quitté la rue principale pour s’engager dans des allées plus luxueuses, manifestement riches, et il ne faudra pas longtemps à Ashani pour comprendre qu’elle est une riche propriétaire de la République.
- Nous allons aller chez moi, déclare-t-elle sans ambage. Il va faire froid cette nuit, et je suis sûre que mes domestiques ont encore préparé des plats pour dix personnes. J’ai besoin que quelqu’un leur dise qu’ils en font trop.
La vérité, c’est qu’elle cherche un prétexte pour justifier ce petit coup de folie, et elle n’en a tout simplement pas. C’est donc plus une excuse, mais l’intention est là, et elle va peut-être surprendre le Drakyn. Puisqu’elle se doute qu’il va être pris de court, elle parle à nouveau pour qu’il puisse au moins se remettre de sa surprise.
- En échange, vous pourrez toujours me raconter vos meilleurs souvenirs du Reike, ou quelques contes qui vous tiennent à cœur durant le repas.
Son manoir n’est plus très loin maintenant, ils arriveront donc là-bas d’un instant à l’autre.
Invité
Invité
Les livres ont une saveur inégalable, renfermant des savoirs et des secrets parfois inavoués de leurs auteurs. Ils sont l’essence de leur être, une part de créativité et d’intrigues qu’ils transmettent au travers de ces surprenantes histoires. Même les contes pour enfants possèdent des sens cachés, que seuls les adultes découvrent en parcourant les lignes. J’aimais profiter de ces moments agréables, près de la fenêtre ouverte en grand, le vent effleurant une mèche de ma tignasse et mon regard dévorant chaque mot, chaque phrase, chaque chapitre. Ce qui peut rapprocher les gens de cultures, ce sont les écrits. Les êtres pensants aiment pouvoir échanger et partager, préférant utiliser les mots avec sagesse. De plus, Neera Storm connaît même la fin de ce conte en me faisant remarquer ne pas avoir raconté comment cela se termine. Bah. Après tout, mon histoire ne se terminait pas très bien. Au Reike, l’homme renard finit pendu et sa dulcinée, par tristesse, meurt en se suicidant. Je me demande si la fin de ce roman est différente de celle de Liberty. Auquel cas, il me faudrait relire tous les vieux contes de la République. Esquissant un sourire, déployant mes dents pointues et peu soignées, je ne préfère rien dire. C’est alors que la femme aux pouvoirs de la foudre me pose une question particulière. Je penche la tête sur le côté, une main sous le menton et émet un petit râle. Non pas d’agacement mais de réflexion, car à vrai dire, je n’aurai jamais imaginé ma vie ailleurs qu’au Reike.
— Je dois avouer …
Une pause, la main toujours sur le menton et détournant mon regard de la belle dame. Que pourrais-je lui dire de plus que des non-dits ? Je ne connais à peine celle qui vient de me sauver la mise en électrifiant sur place ces ingrats, voleurs de bijoux. Mon précieux ! Cette bague dérobée sur la main de feu ma mère, plantée sur la table de chevet près du lit parental. Je me rappelle l’odeur nauséabonde et sa main devenir poussière après avoir craqué le doigt. Sans oublier … Lui. Ce carnassier à la rage sanguinolente, ce bourreau m’ayant privé de toute liberté, ce géniteur à la peau maladive et à la force surhumaine. Celui que je devais appeler “Père” alors qu’il ne méritait rien et surtout pas de devenir son esclave. Je commence à m’arrêter tandis que mes lèvres se retroussent et que la colère me gagne, une veine sur ma tempe s’excite tandis que mes pupilles se rétrécissent en une fente infime. Je place une de mes mains devant mes yeux et plaque mon autre main sur le mur. Je dois relâcher la pression. Relâcher ces viles pensées qui me hantent. Je le hais. Tellement. Si fort. Et sa mort ne m’a aucunement soulagé. J’espère ne pas effrayer la femme aux cheveux d’argent tandis que je reprends mon souffle. Je ne dois pas laisser cette colère m’envahir, pas ce soir, pas maintenant. Pour la première fois depuis que je suis arrivé dans cette putain de ville, quelqu’un vient enfin m’adresser la parole sans me traîter de chien ou de finir dans le caniveau. Mes muscles se rétractent et mon corps est plus détendu. Je relève la main devant mon regard et détourne encore une fois mes yeux de Neera.
— Je suis … désolé. Le Reike. Et moi. C’est terminé. Je n’avais pas d’autres choix que la République. Shoumeï est détruite. Alors …
Pourquoi je me sens si empoté ? Pourquoi je n’arrive pas à aligner correctement une phrase ? Est-ce que c’est cette colère grondante qui sommeille en moi qui me fait oublier mes manières ? Ah. Si seulement, je n’aurai pas été là. Parfois, je désire mourir d’une manière digne et non pas comme tous ces gens de Liberty me crient “Chien au caniveau”. Je repense à la grand-mère que j’ai aidé quelque jour auparavant, ayant cru bien faire pour au final ne recevoir qu’un os en compensation. Un. Putain. D’os. Provenant d’un poulet après l’avoir délicatement broyé et dévoré, tandis que l’on me jette uniquement les miettes. Je n’en reviens toujours pas qu’il y a quelques mois, je vivais une vie plus ou moins abordable, me permettant de jouir des quelques plaisirs qu’offrait la vie. Puis me retrouver là, couvert de boue et de crasse, à la limite de la mort en sentant le rat crevé et la faim qui me tiraille sur l’estomac.
— Merci pour les sucreries.
J’eus un étrange sentiment, celui de l’abandon. J’eus peur qu’elle me laisse dans un coin de la rue et me souhaite “va retrouver les chiens errants” ou encore “maintenant, va dormir dans la rue car c’est là qu’est ta place”. Pourtant, rien de tout ça. Nous nous engageons sur des allées plus charmantes avec des lumières vives, des parterres de fleurs et de la propreté. Je me demande même si un tour d’illusion m'a été jeté, au vu de l’immensité des maisons et des jardins, des magasins au décor luxueux et aux quelques personnes habillées de manière très chic. Je me sens tellement petit et ridicule. Soudain, la voix de la belle s’éveille et caresse presque mes oreilles. Je n’en crois pas mes yeux.
— Ch..ch..ch…CHEZ VOUS ?
Comment ça, chez elle ? Je rêve. Je dois très certainement rêver. Comment une telle créature telle que la femme à la chevelure d’argent peut s’intéresser à moi, drakyn, erreur de la nature et considéré comme un chien errant de Liberty ? Elle doit avoir picolé. C’est certain. Pourtant, avec mon odorat, je ne perçois que l’odeur des sucreries sur ses doigts. Et quand elle parle de plat, mon ventre gargouille encore. Honteux.
— Ah ah ah ! Ma très chère… Neera. Vous… Vous plaisantez, n’est-ce pas ? Non ? Vous ne. Plaisantez pas. D’accord. Bon.
Reprends toi, Ashani. Garde ton calme. Ne crie pas victoire trop vite ! Tu as bien vu que lorsque tu crois que la chance te sourit, tu finis par le payer tôt ou tard. Mes pupilles de Drakyn se dilate et ma queue n’arrête pas de gigoter d’excitation. Pourquoi je n’arrive pas à me contrôler ? JE NE SUIS PAS UN CHIEN ! J’ai envie de frapper très fort un mur, mais ne le fera pas. Car après tout, je suis Ashani, un grand et magnifique Drakyn ayant du savoir-vivre ! Oh et puis, allez. Il faut bien s’y tenter. D’autant que Neera est une très belle créature, pourquoi ne pas tenter de conter des histoires bien plus guillerettes que celle de l’homme-renard, n’est-il pas ? Allez, Ashani. Sourit ! Je regarde longuement Neera qui avance d’un pas décisif et me met à la suivre, avec une immense joie intérieure car oui, je dois rester impassible. Mais comment ne pas résister à une telle bénédiction de je ne sais quelle divinité ! Le Ciel lui-même aurait-il pitié de moi ? En tout cas, j’espère avoir fait la rencontre de la perle rare de la ville.
— Je dois avouer …
Une pause, la main toujours sur le menton et détournant mon regard de la belle dame. Que pourrais-je lui dire de plus que des non-dits ? Je ne connais à peine celle qui vient de me sauver la mise en électrifiant sur place ces ingrats, voleurs de bijoux. Mon précieux ! Cette bague dérobée sur la main de feu ma mère, plantée sur la table de chevet près du lit parental. Je me rappelle l’odeur nauséabonde et sa main devenir poussière après avoir craqué le doigt. Sans oublier … Lui. Ce carnassier à la rage sanguinolente, ce bourreau m’ayant privé de toute liberté, ce géniteur à la peau maladive et à la force surhumaine. Celui que je devais appeler “Père” alors qu’il ne méritait rien et surtout pas de devenir son esclave. Je commence à m’arrêter tandis que mes lèvres se retroussent et que la colère me gagne, une veine sur ma tempe s’excite tandis que mes pupilles se rétrécissent en une fente infime. Je place une de mes mains devant mes yeux et plaque mon autre main sur le mur. Je dois relâcher la pression. Relâcher ces viles pensées qui me hantent. Je le hais. Tellement. Si fort. Et sa mort ne m’a aucunement soulagé. J’espère ne pas effrayer la femme aux cheveux d’argent tandis que je reprends mon souffle. Je ne dois pas laisser cette colère m’envahir, pas ce soir, pas maintenant. Pour la première fois depuis que je suis arrivé dans cette putain de ville, quelqu’un vient enfin m’adresser la parole sans me traîter de chien ou de finir dans le caniveau. Mes muscles se rétractent et mon corps est plus détendu. Je relève la main devant mon regard et détourne encore une fois mes yeux de Neera.
— Je suis … désolé. Le Reike. Et moi. C’est terminé. Je n’avais pas d’autres choix que la République. Shoumeï est détruite. Alors …
Pourquoi je me sens si empoté ? Pourquoi je n’arrive pas à aligner correctement une phrase ? Est-ce que c’est cette colère grondante qui sommeille en moi qui me fait oublier mes manières ? Ah. Si seulement, je n’aurai pas été là. Parfois, je désire mourir d’une manière digne et non pas comme tous ces gens de Liberty me crient “Chien au caniveau”. Je repense à la grand-mère que j’ai aidé quelque jour auparavant, ayant cru bien faire pour au final ne recevoir qu’un os en compensation. Un. Putain. D’os. Provenant d’un poulet après l’avoir délicatement broyé et dévoré, tandis que l’on me jette uniquement les miettes. Je n’en reviens toujours pas qu’il y a quelques mois, je vivais une vie plus ou moins abordable, me permettant de jouir des quelques plaisirs qu’offrait la vie. Puis me retrouver là, couvert de boue et de crasse, à la limite de la mort en sentant le rat crevé et la faim qui me tiraille sur l’estomac.
— Merci pour les sucreries.
J’eus un étrange sentiment, celui de l’abandon. J’eus peur qu’elle me laisse dans un coin de la rue et me souhaite “va retrouver les chiens errants” ou encore “maintenant, va dormir dans la rue car c’est là qu’est ta place”. Pourtant, rien de tout ça. Nous nous engageons sur des allées plus charmantes avec des lumières vives, des parterres de fleurs et de la propreté. Je me demande même si un tour d’illusion m'a été jeté, au vu de l’immensité des maisons et des jardins, des magasins au décor luxueux et aux quelques personnes habillées de manière très chic. Je me sens tellement petit et ridicule. Soudain, la voix de la belle s’éveille et caresse presque mes oreilles. Je n’en crois pas mes yeux.
— Ch..ch..ch…CHEZ VOUS ?
Comment ça, chez elle ? Je rêve. Je dois très certainement rêver. Comment une telle créature telle que la femme à la chevelure d’argent peut s’intéresser à moi, drakyn, erreur de la nature et considéré comme un chien errant de Liberty ? Elle doit avoir picolé. C’est certain. Pourtant, avec mon odorat, je ne perçois que l’odeur des sucreries sur ses doigts. Et quand elle parle de plat, mon ventre gargouille encore. Honteux.
— Ah ah ah ! Ma très chère… Neera. Vous… Vous plaisantez, n’est-ce pas ? Non ? Vous ne. Plaisantez pas. D’accord. Bon.
Reprends toi, Ashani. Garde ton calme. Ne crie pas victoire trop vite ! Tu as bien vu que lorsque tu crois que la chance te sourit, tu finis par le payer tôt ou tard. Mes pupilles de Drakyn se dilate et ma queue n’arrête pas de gigoter d’excitation. Pourquoi je n’arrive pas à me contrôler ? JE NE SUIS PAS UN CHIEN ! J’ai envie de frapper très fort un mur, mais ne le fera pas. Car après tout, je suis Ashani, un grand et magnifique Drakyn ayant du savoir-vivre ! Oh et puis, allez. Il faut bien s’y tenter. D’autant que Neera est une très belle créature, pourquoi ne pas tenter de conter des histoires bien plus guillerettes que celle de l’homme-renard, n’est-il pas ? Allez, Ashani. Sourit ! Je regarde longuement Neera qui avance d’un pas décisif et me met à la suivre, avec une immense joie intérieure car oui, je dois rester impassible. Mais comment ne pas résister à une telle bénédiction de je ne sais quelle divinité ! Le Ciel lui-même aurait-il pitié de moi ? En tout cas, j’espère avoir fait la rencontre de la perle rare de la ville.
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
crédits : 774
Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Ashani semble réfléchir lorsqu’elle lui demande, un peu ouvertement, c’est vrai, s’il compte s’implanter dans la République. L'homme a une mine songeuse, il se tient pensivement le menton sans la regarder, et le Drakyn semble se consulter lui-même. Cette attitude ne dérange pas Neera, puisqu’elle est une illustre inconnue. Elle est aussi sa sauveuse, ça, oui. Mais l'élémentaliste reste une illustre inconnue quand même. Elle peut en outre comprendre que sa question mérite un instant qu’on s’y arrête, car son interlocuteur doit quand même réfléchir sur son avenir, et ce n’est pas une question qu’on peut traiter avec paresse ou indifférence.
La Tornade attend donc qu’il réagisse, mais Neera finit par remarquer que l’homme ralentit le pas et qu’il commence à s’arrêter. L’enseignante s’arrête à son tour, mais elle se trouve légèrement devant lui, à quelques pas de distance. Elle s’est arrêtée juste en-dessous d’un lampadaire éclairé par un cristal magique, ce qui met d’autant plus en contraste sa peau sombre et ses cheveux blancs. Doucement, elle se retourne en direction du "mendiant" et elle l’interroge du regard. Le Reikois a posé une de ses mains contre le mur et a caché ses yeux de son autre paume. Cela donne un étrange spectacle, encore plus lorsque le silence reprend ses droits en cette nuit si froide du mois d’octobre. La Républicaine est sociable, mais elle ne cherche pas pour autant à intervenir, parce qu’elle cherche avant tout à comprendre ce qu’il se passe. Son instinct lui souffle que l’homme semble en proie à des démons intérieurs – son corps contracté lui donne même l’impression qu’il ressasse de mauvais souvenirs. Elle l’observe, un peu aux aguets, après tout, parce que si l'individu lui semble un peu sympathique, on ne peut pas encore dire qu’elle lui fait confiance, loin de là. Mais heureusement, la pression de ses épaules semblent s’affaisser et Ashani finit par reprendre la parole. Sans croiser son regard, toutefois. A-t-il un fardeau si douloureux à porter ?
L’élémentaliste n’en sait rien, mais son interlocuteur finit par lui répondre. Il lui donne des phrases très courtes, signes, selon elle, que son exil est un sujet difficile à aborder. Au moins, il lui avoue que le Reike et lui, c’est terminé. L’espace d’un instant, Neera a bien envie de lui demander pourquoi, mais elle a la certitude que ce ne serait que retourner le couteau dans la plaie. Elle n’est pas assez proche de lui pour le lui demander. Mais l’enseignante prend silencieusement note que son passé semble un sujet tabou, sinon désagréable. Est-ce une raison pour le laisser dehors… ? C’est ce que ce certains de ses compères lui aurait dit. Accueillir un chien galeux chez elle… Quelle idée, lui déclareraient des amies nobles. Cela pourrait d’autant plus être délicat s’il a un passé sombre et de sales histoires à cacher. Et pourtant… Dans la vie, il faut parfois bien prendre des risques, non ? Peu importe si on les regrette ensuite.
Il n’empêche qu’il pue la mort, ce type, et il doit bien penser la même chose, puisqu’il la remercie pour les sucreries. Sans doute qu’Ashani pense avec raison qu’elle va l’abandonner là. Disons que c’est ce qu’elle aurait fait s’ils avaient été en plein jour et que la demi-titan avait encore dix mille choses à faire. Heureusement pour lui, elle l’a rencontré en pleine nuit, lors d'une froide soirée d’automne. Sinon, elle n’aurait certainement pas fait preuve d’autant de mansuétude.
Sa proposition sonne donc clairement dans la rue, et semble prendre de court l’homme qui l’accompagne. Son ton est tellement incrédule qu’il lui arrache involontairement un sourire amusé. Il n’y a pas de quoi rire, en vrai, parce que si elle l’accueille chez elle, c’est aussi parce qu’il lui fait pitié, mais elle ne regrette pas vraiment de faire une bonne œuvre ni de sortir des sentiers habituels.
- Chez moi. Désolée, je ne peux pas vous inviter à la Maison bleue, fit-elle d’une voix un peu espiègle. Je ne suis pas encore Présidente de la République.
Il n’empêche que le Drakyn croit que sa proposition n'est que du vent. Son sourire disparaît alors et elle plonge son regard dans celui de l’exilé, un regard sérieux qui vaut mieux qu’un long discours. C’est alors qu’il comprend que la dame ne plaisante pas, mais la professeure universitaire ne peut lui en vouloir de tomber à la renverse.
- Ne m’idôlatrez pas non plus. Je ne suis pas toujours d’une si grande bonté d’âme, fait-elle.
Sa neutralité fait qu’elle approuve les bonnes actions, certes, mais cette même neutralité fait aussi que Neera est parfois passive face aux maux de la société. N’aurait-elle pas pu, en plus de Magic, s’engager dans la politique pour rendre la République meilleure ? N’aurait-elle pas pu encore s’investir dans des œuvres caritatives pour les Shoumeïens ou pour les migrants ? La magicienne n’a rien fait de tout cela. Elle a bien veillé sur sa demeure, sur ses intérêts, sur ses recherches universitaires, sur ses étudiants. Cela, oui. Mais jamais la jeune femme n’a cherché à créer un monde meilleur dans son pays, jamais elle n’a cherché à aider les Titans, jamais elle n’a cherché à s’impliquer dans le contexte géopolitique du Sekai. Pour un membre lambda, ce n’est pas grave. Mais pour une mage aussi puissante qu’elle… Sa neutralité pourrait lui être reprochée un jour.
Mais elle n’a pas le temps de continuer de telles réflexions. Après tout, maintenant, elle a un invité. Un convive très… inhabituel, il faut en convenir, mais au moins, cela égaiera sa soirée, n’est-ce pas ? Elle espère au moins qu’Ashani saura être assez sociable et avenant pour qu’ils passent une bonne soirée.
Pour ce faire, il faut encore entrer chez elle, et Neera s’arrête devant les murs de son manoir. Elle entre par une petite porte à côté d’un grand portail, invite le Drakyn à la suivre, et les voilà donc sur sa propriété.
Pour le Reikois, qui a connu la crasse et la misère, il doit certainement s’agir d’un paradis. Il ne peut sans doute pas voir profondément les jardins, à cause de la pénombre, mais l’allée centrale et la pelouse bien entretenue doit lui faire deviner que le terrain est soigné par quelques jardiniers que Neera paie régulièrement. Le manoir, quant à lui, est suffisamment somptueux pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas une petite bourgeoise mais bien une noble de la République. Habituée à sa maison, la Républicaine ne porte guère son regard à droite et à gauche : elle marche vigoureusement vers la porte d’entrée, en n’ayant qu’une hâte : celle de se réchauffer.
Quand elle ouvre la porte, elle comprend vite qu’elle est attendue. Il faut dire qu’elle est un peu en retard par rapport à l’heure du dîner, et son personnel l’attend donc avec un peu d’expectative. Son majordome en chef, un élémentaire d’air recueilli il y a quelques centaines d’années par son père, ne tarde pas à arriver dans le hall d’entrée, une somptueuse pièce qui contient un grand escalier permettant d’aller à l’étage. La pièce est grande et contient quelques portes, à droite et à gauche, qui permettent d’aller dans d’autres parties de la maison. Ici, il s’agit avant tout d’une pièce d’accueil, pour accueillir des invités et des potentiels festivités propres aux milieux riches de la République.
Son majordome n’est pas très vieux pour un élémentaire puisqu’il a six-cent ans, pourtant ses cheveux grisonnants, son visage austère et sérieux le vieillissent quelque peu. Très à cheval sur la bienséance, il tient toujours à porter un costume. Cela exaspère Neera, mais, puisqu’il a toujours été au service de la famille Storm, elle doit avouer qu’elle est relativement attachée à cet homme, qui en plus a bien connu ses parents.
- Albus, le salue-t-elle. Excuse-moi, je suis en retard.
L’intéressé secoue la tête pour dire que ce n’est rien.
- Ce n’est pas la première fois, que vous oubliez l’heure, Ma…
Est-ce l’odeur qui attire son attention ? En tout cas, l’élémentaire s’interrompt quand il se rend compte qu’ils ne sont pas seuls, et il ne peut s’empêcher de froncer des sourcils alors qu’il dévisage de bas en haut le nouveau-venu, un peu plus en retrait par rapport à Neera.
- Comme tu vois, reprend cette dernière d’un ton absolument badin, j’ai un invité que j’ai rencontré au bord de la route. Dans des circonstances un peu particulières je l’admets.
Le dénommé Albus ramena son regard sur sa maîtresse, pinça des lèvres comme s’il se demandait encore ce qu’il lui était passé par la tête, et toussota légèrement.
- Et je suppose que Madame veut l’inviter à dîner ?
Difficile d’ignorer le ton sarcastique de son majordome, mais ils se connaissaient depuis trop longtemps pour qu’il ne lui fasse pas part discrètement de ses sentiments. En l’occurrence, il était sceptique. Très sceptique.
- Oh non, pas maintenant. D’abord, Ashani va prendre un bain. Je suppose que vous n’y verrez pas d’inconvénient, très cher ? fait-elle en tournant vers lui.
Elle s’interrompt un instant, puis ramène son regard vers le chef de son personnel.
- Il lui faudrait des nouveaux vêtements, aussi, le temps que ses habits soient lavés. Peut-être que prendre un uniforme de majordome pourrait faire l’affaire en attendant. Tu peux t’en occuper ?
Pendant une folle seconde, le silence règne dans la pièce, Albus regardant Neera d’un regard impénétrable alors que celle-ci s’amuse peut-être légèrement aux dépens de son serviteur, puis l’homme pousse un soupir à fendre l’âme alors qu’il finit par capituler.
- Très bien, obtempère-t-il. Il se retourne sur ces entrefaites vers deux domestiques qui sont arrivées sur les lieux, deux jolies humaines, dont l’une n’a pu se retenir de se pincer le nez, et Albus adresse à cette dernière un regard éloquent avant de reprendre la parole. Allez préparer un bain pour notre hôte et des affaires qui aillent à sa taille. Je suppose, fait-il en s’adressant à Neera, que Madame respectera les règles de bienséance jusqu’au bout et le fera dormir ici ?
- Oui, exactement. Tu sais bien que je n’aurais pas invité un rustre, Albus. Elle accorde un sourire confiant à son domestique, et si celui-ci n’en pense pas moins, il a quand même le doigté de ne pas en parler devant Ashani. De toute façon, Neera se retourne vers ce dernier et lui accorde un sourire bienveillant.
- Je vous laisse quelques instants. Ne vous pressez pas, votre arrivée n’était pas prévue, donc ça laissera le temps à mon personnel d’adapter le repas en conséquence. On vous fera venir dans le salon quand vous serez prêt.
La Tornade attend donc qu’il réagisse, mais Neera finit par remarquer que l’homme ralentit le pas et qu’il commence à s’arrêter. L’enseignante s’arrête à son tour, mais elle se trouve légèrement devant lui, à quelques pas de distance. Elle s’est arrêtée juste en-dessous d’un lampadaire éclairé par un cristal magique, ce qui met d’autant plus en contraste sa peau sombre et ses cheveux blancs. Doucement, elle se retourne en direction du "mendiant" et elle l’interroge du regard. Le Reikois a posé une de ses mains contre le mur et a caché ses yeux de son autre paume. Cela donne un étrange spectacle, encore plus lorsque le silence reprend ses droits en cette nuit si froide du mois d’octobre. La Républicaine est sociable, mais elle ne cherche pas pour autant à intervenir, parce qu’elle cherche avant tout à comprendre ce qu’il se passe. Son instinct lui souffle que l’homme semble en proie à des démons intérieurs – son corps contracté lui donne même l’impression qu’il ressasse de mauvais souvenirs. Elle l’observe, un peu aux aguets, après tout, parce que si l'individu lui semble un peu sympathique, on ne peut pas encore dire qu’elle lui fait confiance, loin de là. Mais heureusement, la pression de ses épaules semblent s’affaisser et Ashani finit par reprendre la parole. Sans croiser son regard, toutefois. A-t-il un fardeau si douloureux à porter ?
L’élémentaliste n’en sait rien, mais son interlocuteur finit par lui répondre. Il lui donne des phrases très courtes, signes, selon elle, que son exil est un sujet difficile à aborder. Au moins, il lui avoue que le Reike et lui, c’est terminé. L’espace d’un instant, Neera a bien envie de lui demander pourquoi, mais elle a la certitude que ce ne serait que retourner le couteau dans la plaie. Elle n’est pas assez proche de lui pour le lui demander. Mais l’enseignante prend silencieusement note que son passé semble un sujet tabou, sinon désagréable. Est-ce une raison pour le laisser dehors… ? C’est ce que ce certains de ses compères lui aurait dit. Accueillir un chien galeux chez elle… Quelle idée, lui déclareraient des amies nobles. Cela pourrait d’autant plus être délicat s’il a un passé sombre et de sales histoires à cacher. Et pourtant… Dans la vie, il faut parfois bien prendre des risques, non ? Peu importe si on les regrette ensuite.
Il n’empêche qu’il pue la mort, ce type, et il doit bien penser la même chose, puisqu’il la remercie pour les sucreries. Sans doute qu’Ashani pense avec raison qu’elle va l’abandonner là. Disons que c’est ce qu’elle aurait fait s’ils avaient été en plein jour et que la demi-titan avait encore dix mille choses à faire. Heureusement pour lui, elle l’a rencontré en pleine nuit, lors d'une froide soirée d’automne. Sinon, elle n’aurait certainement pas fait preuve d’autant de mansuétude.
Sa proposition sonne donc clairement dans la rue, et semble prendre de court l’homme qui l’accompagne. Son ton est tellement incrédule qu’il lui arrache involontairement un sourire amusé. Il n’y a pas de quoi rire, en vrai, parce que si elle l’accueille chez elle, c’est aussi parce qu’il lui fait pitié, mais elle ne regrette pas vraiment de faire une bonne œuvre ni de sortir des sentiers habituels.
- Chez moi. Désolée, je ne peux pas vous inviter à la Maison bleue, fit-elle d’une voix un peu espiègle. Je ne suis pas encore Présidente de la République.
Il n’empêche que le Drakyn croit que sa proposition n'est que du vent. Son sourire disparaît alors et elle plonge son regard dans celui de l’exilé, un regard sérieux qui vaut mieux qu’un long discours. C’est alors qu’il comprend que la dame ne plaisante pas, mais la professeure universitaire ne peut lui en vouloir de tomber à la renverse.
- Ne m’idôlatrez pas non plus. Je ne suis pas toujours d’une si grande bonté d’âme, fait-elle.
Sa neutralité fait qu’elle approuve les bonnes actions, certes, mais cette même neutralité fait aussi que Neera est parfois passive face aux maux de la société. N’aurait-elle pas pu, en plus de Magic, s’engager dans la politique pour rendre la République meilleure ? N’aurait-elle pas pu encore s’investir dans des œuvres caritatives pour les Shoumeïens ou pour les migrants ? La magicienne n’a rien fait de tout cela. Elle a bien veillé sur sa demeure, sur ses intérêts, sur ses recherches universitaires, sur ses étudiants. Cela, oui. Mais jamais la jeune femme n’a cherché à créer un monde meilleur dans son pays, jamais elle n’a cherché à aider les Titans, jamais elle n’a cherché à s’impliquer dans le contexte géopolitique du Sekai. Pour un membre lambda, ce n’est pas grave. Mais pour une mage aussi puissante qu’elle… Sa neutralité pourrait lui être reprochée un jour.
Mais elle n’a pas le temps de continuer de telles réflexions. Après tout, maintenant, elle a un invité. Un convive très… inhabituel, il faut en convenir, mais au moins, cela égaiera sa soirée, n’est-ce pas ? Elle espère au moins qu’Ashani saura être assez sociable et avenant pour qu’ils passent une bonne soirée.
Pour ce faire, il faut encore entrer chez elle, et Neera s’arrête devant les murs de son manoir. Elle entre par une petite porte à côté d’un grand portail, invite le Drakyn à la suivre, et les voilà donc sur sa propriété.
Pour le Reikois, qui a connu la crasse et la misère, il doit certainement s’agir d’un paradis. Il ne peut sans doute pas voir profondément les jardins, à cause de la pénombre, mais l’allée centrale et la pelouse bien entretenue doit lui faire deviner que le terrain est soigné par quelques jardiniers que Neera paie régulièrement. Le manoir, quant à lui, est suffisamment somptueux pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas une petite bourgeoise mais bien une noble de la République. Habituée à sa maison, la Républicaine ne porte guère son regard à droite et à gauche : elle marche vigoureusement vers la porte d’entrée, en n’ayant qu’une hâte : celle de se réchauffer.
Quand elle ouvre la porte, elle comprend vite qu’elle est attendue. Il faut dire qu’elle est un peu en retard par rapport à l’heure du dîner, et son personnel l’attend donc avec un peu d’expectative. Son majordome en chef, un élémentaire d’air recueilli il y a quelques centaines d’années par son père, ne tarde pas à arriver dans le hall d’entrée, une somptueuse pièce qui contient un grand escalier permettant d’aller à l’étage. La pièce est grande et contient quelques portes, à droite et à gauche, qui permettent d’aller dans d’autres parties de la maison. Ici, il s’agit avant tout d’une pièce d’accueil, pour accueillir des invités et des potentiels festivités propres aux milieux riches de la République.
Son majordome n’est pas très vieux pour un élémentaire puisqu’il a six-cent ans, pourtant ses cheveux grisonnants, son visage austère et sérieux le vieillissent quelque peu. Très à cheval sur la bienséance, il tient toujours à porter un costume. Cela exaspère Neera, mais, puisqu’il a toujours été au service de la famille Storm, elle doit avouer qu’elle est relativement attachée à cet homme, qui en plus a bien connu ses parents.
- Albus, le salue-t-elle. Excuse-moi, je suis en retard.
L’intéressé secoue la tête pour dire que ce n’est rien.
- Ce n’est pas la première fois, que vous oubliez l’heure, Ma…
Est-ce l’odeur qui attire son attention ? En tout cas, l’élémentaire s’interrompt quand il se rend compte qu’ils ne sont pas seuls, et il ne peut s’empêcher de froncer des sourcils alors qu’il dévisage de bas en haut le nouveau-venu, un peu plus en retrait par rapport à Neera.
- Comme tu vois, reprend cette dernière d’un ton absolument badin, j’ai un invité que j’ai rencontré au bord de la route. Dans des circonstances un peu particulières je l’admets.
Le dénommé Albus ramena son regard sur sa maîtresse, pinça des lèvres comme s’il se demandait encore ce qu’il lui était passé par la tête, et toussota légèrement.
- Et je suppose que Madame veut l’inviter à dîner ?
Difficile d’ignorer le ton sarcastique de son majordome, mais ils se connaissaient depuis trop longtemps pour qu’il ne lui fasse pas part discrètement de ses sentiments. En l’occurrence, il était sceptique. Très sceptique.
- Oh non, pas maintenant. D’abord, Ashani va prendre un bain. Je suppose que vous n’y verrez pas d’inconvénient, très cher ? fait-elle en tournant vers lui.
Elle s’interrompt un instant, puis ramène son regard vers le chef de son personnel.
- Il lui faudrait des nouveaux vêtements, aussi, le temps que ses habits soient lavés. Peut-être que prendre un uniforme de majordome pourrait faire l’affaire en attendant. Tu peux t’en occuper ?
Pendant une folle seconde, le silence règne dans la pièce, Albus regardant Neera d’un regard impénétrable alors que celle-ci s’amuse peut-être légèrement aux dépens de son serviteur, puis l’homme pousse un soupir à fendre l’âme alors qu’il finit par capituler.
- Très bien, obtempère-t-il. Il se retourne sur ces entrefaites vers deux domestiques qui sont arrivées sur les lieux, deux jolies humaines, dont l’une n’a pu se retenir de se pincer le nez, et Albus adresse à cette dernière un regard éloquent avant de reprendre la parole. Allez préparer un bain pour notre hôte et des affaires qui aillent à sa taille. Je suppose, fait-il en s’adressant à Neera, que Madame respectera les règles de bienséance jusqu’au bout et le fera dormir ici ?
- Oui, exactement. Tu sais bien que je n’aurais pas invité un rustre, Albus. Elle accorde un sourire confiant à son domestique, et si celui-ci n’en pense pas moins, il a quand même le doigté de ne pas en parler devant Ashani. De toute façon, Neera se retourne vers ce dernier et lui accorde un sourire bienveillant.
- Je vous laisse quelques instants. Ne vous pressez pas, votre arrivée n’était pas prévue, donc ça laissera le temps à mon personnel d’adapter le repas en conséquence. On vous fera venir dans le salon quand vous serez prêt.
- Albus:
Invité
Invité
Nous arrivons dans le domaine de la dame, passant par le grand jardin parfaitement taillé et soigneusement entretenu, malgré la pénombre environnante. Bien que nous soyons à la saison automnale, aucune feuille ne traîne sur le chemin menant au somptueux manoir. Doté de grandes arches, la demeure offre une vue surprenante sur sa superficie et son architecture noble. Étant un ancien fortuné, mes yeux sont remplis d’étoiles dans les yeux et je me rends compte que Neera Storm n’est pas qu’une simple femme au bon coeur. Elle est également une femme de goût, de luxe et de richesse. Un homme vêtu d’un trois pièces noir, à la chevelure blanche coiffée en arrière et un ton sévère sur le visage ,accueille la gente dame. Je distingue derrière les deux protagonistes, un vestibule charmant, orné de lumières et de tableaux. Pendant qu’ils discutent, je reste en retrait, écoutant d’une oreille distraite tandis que mon regard se perd dans les décors de la maison avant de me recentrer sur la femme au teint basané. Soudain, j’entends le mot “bain”, cela doit bien faire deux semaines que je n’ai pas pu en profiter, depuis ma rencontre avec ce dénommé Pancrace suite à mon arrestation pour vol, destruction de bien et autres formalités. Tout cela était grotesque puisque c’est cette vieille femme qui m’a traité de chien. Je l’ai encore bien en travers de la gorge.
Le majordome fait appel à deux servantes qui vont préparer tout ce qu’il faut pour ma personne. En réalité, je suis à la fois gêné et enthousiaste car cette vie n’est pas la mienne. Mon ancien moi est resté au Reike, celui qui risque sa peau s’il venait à mettre y mettre les pieds Peut-être devrais-je attendre quelques années avant d’y revenir seulement, à quoi bon, puisque je serai un oublié de la société, un déserteur et un traître de la pègre reikoise. Je reste un homme droit dans mes bottes et plutôt heureux de découvrir une nouvelle vie, bien que le début soit tumultueux. Lorsque Neera se tourne vers moi, je suis troublé, excité, angoissé. Divers sentiments me rongent, me consument car j’ai cette appréhension que tout ceci n’est qu’un rêve, ou un piège. Après tout, qu’ai-je à y perdre ? Je ne suis qu’un rat des rues. Dans cette demeure de la République, dans les quartiers chics, vit cette splendide créature entourée d’or et d’argent, vêtue d’apparats brillants qui me propose un bain chaud, des vêtements propres et de quoi passer la nuit. Je dois avouer que ma vie est une tempête, je subis plus que je ne la savoure.
Neera est douce, sa gentillesse exemplaire, une femme bien trop pur. Une proie ? Je dois avouer que cela est tentant. Seulement, pourquoi je ferai ça ? Je n’ai plus rien. Pas de maison. Pas de famille. Pas de coffre où je peux sceller des biens précieux. Autant se satisfaire d’une belle nuit de sommeil, d’un gîte douillet et du confort d’une maison de poupée. Son majordome exprime le dégoût, me toisant du regard, je reste impassible. J’ai l’habitude de ce type de comportement. Je n’ai pas pu voir les deux jeunes filles qui se sont empressées de monter des escaliers. Une fois sur le palier, je me sens baigné d’une lumière douce, l’endroit est exquis et je suis surpris de l’espace des pièces. Madame Storm aime voir en grand. Le majordome referme la porte derrière moi, tandis que Neera s’affaire ailleurs. Il prend les devants en me demandant de le suivre, montant les marches menant à l’étage. Un tapis recouvre le sol sur l’ensemble du couloir, le mobilier n’a pas un grain de poussière, les portes sont chacune parfaitement taillées avec des sigles, permettant de se repérer dans l’immensité de la demeure. Soudain, le dénommé Albus s’arrête devant moi, se retourne et me montre la porte sur ma droite.
— La salle d’eau est ici. Toutes les affaires propres y sont entreposées. Prenez votre temps.
Il ouvre la porte, me laisse rentrer à l’intérieur et referme délicatement. Lumineuse, somptueuse, une salle de bain faite de marbre et de pierre, les immenses piliers qui ornent la pièce donnent un aspect magistral. Des vitres en verre donnent sur l’extérieur, malheureusement, avec la nuit noire, je ne vois rien. Sur le cabinet est posé une serviette ainsi qu’un costume. Je me demande si cela me conviendra. Je me déshabille et dépose mes vêtements sales et malodorants sur le côté, repoussant cette horreur de mon corps noircit par la boue et la crasse qui s’est accumulée au fil des jours. Un miroir me permet de voir mon corps svelte et fin. La mine renfrognée, je vois que j’ai perdu quelques kilos depuis mon arrivée à Liberty. Avec un soupir las, je pose une main dans l’eau chaude et puis m’y plonge complètement. La sensation est meilleure que le bain de fortune chez la tenancière, bien plus propre et plus chaude. Je m’empare d’un savon et commence à frotter comme un dingue, même ma crinière certainement salit et nauséabonde. Je plonge ma tête dans l’eau et frotte même le savon contre mes dents aiguisées. Je veux sentir bon, partout. L’eau devient vite brune, peut-être aurai-je même dû en prendre un deuxième.Après une bonne vingtaine de minutes, je sors aussi frais qu’un jeune petit gardon. Me contemplant une nouvelle fois devant le miroir afin de visualiser comment je suis sans la boue. Mes muscles sont encore finement taillés, mon visage émacié est marqué par les cernes et la fatigue, ma queue de Drakyn toujours au bon endroit et mes cornes brisées ne sont plus tâchés.
Ce moment de détente me rend nostalgique et heureux. Je prends la serviette et sèche ma peau, devenue si douce au toucher. Cela me manquait, j’ai l’impression de redevenir l’homme que j’étais au Reike. J’enfile le costume, bien qu’un peu grand au niveau des épaules et de la taille. Je regarde le pantalon et m’excuse par avance en y faisant un trou pour pouvoir laisser passer mon appendice dorsal. L’inconvénient d’être un drakyn. On frappe à la porte, une des demoiselles semble perturbée et me demande quelle pointure ai-je besoin pour me chausser. Ne sachant pas réellement quoi répondre, celle-ci se rapproche, récupère mes affaires, inspecte d’un œil avant de repartir comme elle était venue. Je prends une brosse et coiffe ma crinière, cela fait si longtemps que d’épais nœuds me tirent la larme à l'œil. Enfin, la demoiselle revient avec une paire adaptée et me dit que le dîner est bientôt prêt.
Je me demande ce que fait Neera, est-ce qu’elle arrivera à me reconnaître ainsi ? Cela me rappelle quand je portais des vêtements de soie et de dentelle, légèrement parfumés car après tout, je suis un homme maniéré. Sortant de la salle d’eau, je reprends le chemin menant au vestibule et l’odeur de nourriture me prend au nez. Mon ventre crie famine. Je vais rester sage, sans trop abîmer l’argenterie. Mon regard inspecte les environs, les décorations sont teintées de liserets d’or, cette demeure inspire le respect. Mon obsession du vol me reprent, j’ai envie d’aller fouiller et de récupérer un ou deux joyaux. Il est certain que dame Storm doit en posséder.
Non. Ashani. Non. Ce n’est pas raisonnable.
Oui. Mais j’ai besoin d’argent et de pierres brillantes !
Calme tes pulsions. Ashani.
J’entends des bruits de pas, quelqu’un s’approche. Debout comme un piquet, dans une posture droite et fier, mes yeux verts clairs observent.
Le majordome fait appel à deux servantes qui vont préparer tout ce qu’il faut pour ma personne. En réalité, je suis à la fois gêné et enthousiaste car cette vie n’est pas la mienne. Mon ancien moi est resté au Reike, celui qui risque sa peau s’il venait à mettre y mettre les pieds Peut-être devrais-je attendre quelques années avant d’y revenir seulement, à quoi bon, puisque je serai un oublié de la société, un déserteur et un traître de la pègre reikoise. Je reste un homme droit dans mes bottes et plutôt heureux de découvrir une nouvelle vie, bien que le début soit tumultueux. Lorsque Neera se tourne vers moi, je suis troublé, excité, angoissé. Divers sentiments me rongent, me consument car j’ai cette appréhension que tout ceci n’est qu’un rêve, ou un piège. Après tout, qu’ai-je à y perdre ? Je ne suis qu’un rat des rues. Dans cette demeure de la République, dans les quartiers chics, vit cette splendide créature entourée d’or et d’argent, vêtue d’apparats brillants qui me propose un bain chaud, des vêtements propres et de quoi passer la nuit. Je dois avouer que ma vie est une tempête, je subis plus que je ne la savoure.
Neera est douce, sa gentillesse exemplaire, une femme bien trop pur. Une proie ? Je dois avouer que cela est tentant. Seulement, pourquoi je ferai ça ? Je n’ai plus rien. Pas de maison. Pas de famille. Pas de coffre où je peux sceller des biens précieux. Autant se satisfaire d’une belle nuit de sommeil, d’un gîte douillet et du confort d’une maison de poupée. Son majordome exprime le dégoût, me toisant du regard, je reste impassible. J’ai l’habitude de ce type de comportement. Je n’ai pas pu voir les deux jeunes filles qui se sont empressées de monter des escaliers. Une fois sur le palier, je me sens baigné d’une lumière douce, l’endroit est exquis et je suis surpris de l’espace des pièces. Madame Storm aime voir en grand. Le majordome referme la porte derrière moi, tandis que Neera s’affaire ailleurs. Il prend les devants en me demandant de le suivre, montant les marches menant à l’étage. Un tapis recouvre le sol sur l’ensemble du couloir, le mobilier n’a pas un grain de poussière, les portes sont chacune parfaitement taillées avec des sigles, permettant de se repérer dans l’immensité de la demeure. Soudain, le dénommé Albus s’arrête devant moi, se retourne et me montre la porte sur ma droite.
— La salle d’eau est ici. Toutes les affaires propres y sont entreposées. Prenez votre temps.
- Spoiler:
Il ouvre la porte, me laisse rentrer à l’intérieur et referme délicatement. Lumineuse, somptueuse, une salle de bain faite de marbre et de pierre, les immenses piliers qui ornent la pièce donnent un aspect magistral. Des vitres en verre donnent sur l’extérieur, malheureusement, avec la nuit noire, je ne vois rien. Sur le cabinet est posé une serviette ainsi qu’un costume. Je me demande si cela me conviendra. Je me déshabille et dépose mes vêtements sales et malodorants sur le côté, repoussant cette horreur de mon corps noircit par la boue et la crasse qui s’est accumulée au fil des jours. Un miroir me permet de voir mon corps svelte et fin. La mine renfrognée, je vois que j’ai perdu quelques kilos depuis mon arrivée à Liberty. Avec un soupir las, je pose une main dans l’eau chaude et puis m’y plonge complètement. La sensation est meilleure que le bain de fortune chez la tenancière, bien plus propre et plus chaude. Je m’empare d’un savon et commence à frotter comme un dingue, même ma crinière certainement salit et nauséabonde. Je plonge ma tête dans l’eau et frotte même le savon contre mes dents aiguisées. Je veux sentir bon, partout. L’eau devient vite brune, peut-être aurai-je même dû en prendre un deuxième.Après une bonne vingtaine de minutes, je sors aussi frais qu’un jeune petit gardon. Me contemplant une nouvelle fois devant le miroir afin de visualiser comment je suis sans la boue. Mes muscles sont encore finement taillés, mon visage émacié est marqué par les cernes et la fatigue, ma queue de Drakyn toujours au bon endroit et mes cornes brisées ne sont plus tâchés.
Ce moment de détente me rend nostalgique et heureux. Je prends la serviette et sèche ma peau, devenue si douce au toucher. Cela me manquait, j’ai l’impression de redevenir l’homme que j’étais au Reike. J’enfile le costume, bien qu’un peu grand au niveau des épaules et de la taille. Je regarde le pantalon et m’excuse par avance en y faisant un trou pour pouvoir laisser passer mon appendice dorsal. L’inconvénient d’être un drakyn. On frappe à la porte, une des demoiselles semble perturbée et me demande quelle pointure ai-je besoin pour me chausser. Ne sachant pas réellement quoi répondre, celle-ci se rapproche, récupère mes affaires, inspecte d’un œil avant de repartir comme elle était venue. Je prends une brosse et coiffe ma crinière, cela fait si longtemps que d’épais nœuds me tirent la larme à l'œil. Enfin, la demoiselle revient avec une paire adaptée et me dit que le dîner est bientôt prêt.
Je me demande ce que fait Neera, est-ce qu’elle arrivera à me reconnaître ainsi ? Cela me rappelle quand je portais des vêtements de soie et de dentelle, légèrement parfumés car après tout, je suis un homme maniéré. Sortant de la salle d’eau, je reprends le chemin menant au vestibule et l’odeur de nourriture me prend au nez. Mon ventre crie famine. Je vais rester sage, sans trop abîmer l’argenterie. Mon regard inspecte les environs, les décorations sont teintées de liserets d’or, cette demeure inspire le respect. Mon obsession du vol me reprent, j’ai envie d’aller fouiller et de récupérer un ou deux joyaux. Il est certain que dame Storm doit en posséder.
Non. Ashani. Non. Ce n’est pas raisonnable.
Oui. Mais j’ai besoin d’argent et de pierres brillantes !
Calme tes pulsions. Ashani.
J’entends des bruits de pas, quelqu’un s’approche. Debout comme un piquet, dans une posture droite et fier, mes yeux verts clairs observent.
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
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Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Neera se doute bien que sa bonté d’âme ne plait pas forcément à son majordome. En un sens, il a bien raison. Qui lui dit qu’Ashani ne va pas en profiter ? C’est un homme qui a tout perdu depuis son départ du Reike. Il pourrait donc très bien profiter de la bonté d’âme de la Républicaine, essayer de lui rafler quelques objets de valeur, ou même essayer de crécher ici quelques temps. Une part d’elle a envie de croire que tous les hommes ne sont pas entièrement pervertis, et qu’elle peut donc pour une fois faire une bonne action sans arrière-pensée pour une soirée. Une autre part d’elle, plus réaliste et plus implacable, se dit simplement que si Ashani essaie de la duper, ou de lui planter un couteau dans le dos, de quelque façon que ce soit, elle n'hésitera pas à le lui faire regretter. De toute façon, il sait très bien de quoi elle est capable grâce à leur rencontre dans le parc. S’il essaie de planifier un mauvais coup avant le lendemain matin, il sait très bien qu’il doit absolument ne pas être pris la main dans le sac.
Pour l’heure, la magicienne n’a pas l’once d’un regret. Ca lui fera au moins un invité, quoi qu’en pense son personnel. Mais elle ne va pas se tourner les pouces pendant que le Drakyn se délasse et prend son bain. La maîtresse de maison n’est pas du genre à rester inactive, et elle profite de ce bref moment avant le repas pour aller voir ses domestiques, si jamais ils ont des remarques à lui faire part. Cela peut très bien concerner l’entretien de son domaine, que d’autres problèmes plus pragmatiques, comme l’arrivée de quelques missives ou d’un visiteur inattendu alors qu’elle était à Magic. Du reste, même s’il n’y a rien de particulier, aller voir son personnel permet toujours de garder un lien avec eux, et d’établir progressivement une relation de confiance avec ses serviteurs. Parmi eux tous, c’est certainement avec Albus qu’elle s’entretient le plus, mais l’élémentaire est plus vieux qu’elle et la connaît depuis sa naissance. On ne peut pas leur reprocher d’avoir une plus grande complicité avec l’héritière des Storm.
C’est d’ailleurs à lui qu’elle confie le soin de guider Ashani. Lorsqu’il revient, Neera se trouve dans la cuisine, alors qu’elle écoute son cuisinier lui dire « qu’elle devrait inviter des gens plus souvent, la maison n’en serait que plus joyeuse et vivante ». La demi-titan l’écoute avec l’ombre d’un sourire indulgent, mais bientôt, elle croise le regard de son majordome, et prend la parole.
– Tout s’est bien passé ?
– Je suppose qu’il sera prêt dans un quart d’heure. Peut-être vingt minutes tout au plus. Mais il n’empêche… Quelle idée d’accueillir un inconnu qui pourrait…
– Je l’ai sauvé de badauds dans un parc de Liberty et je lui ai proposé de bouger avant que ces brutes ne puissent se venger. expliqua-t-elle en l’interrompant gentiment. Tu voulais que je l’abandonne un peu plus loin ?
– Ca n’en reste pas moins dangereux…
– Dangereux pour qui ? Pour lui ou pour moi … ? fit la Républicaine avec un léger ricanement.
Son ton s’adoucit néanmoins quelque peu, et elle le regarda avec un air un peu espiègle.
– Et puis, je sais que tu es tellement méfiant que tu es capable de faire le guet devant sa porte, plaisante la sang-mêlée. Honnêtement, je ne dis pas que je lui ferai confiance. Je ne le connais pas. Mais j’ai agi sur un coup de tête, il faut bien faire ça de temps en temps non ? Elle marque une pause et regarde plus franchement Albus. Puis, je te promets qu’il ne s’éternisera pas. J’aimerais voir avec lui ce qu’il a prévu pour se sortir de sa… situation.
Parce qu’il ne peut pas continuer à être un mendiant bien longtemps. Ici, ce n’est qu’une accalmie, une « pause » dans son quotidien. Cela dit, elle doute qu’Ashani n’ait qu’une petite estime de lui-même. Il doit bien avoir des ambitions, non ? Et si oui, quelles sont-elles ? Comment compte-t-il se faire une place dans la République ? Il est certain que Neera pourrait l’y aider. Mais il faut voir si leurs visions concordent pour qu’elle soit prête à lui accorder son soutien. Soutien qui s’avère pour le moment peu rentable, puisqu’il n’a strictement rien à lui. Mais l’heure n’est pas à de telles réflexions, et la diviniste finit par prendre congé de son personnel pour se diriger vers son salon.
Les salles de son manoir ont tous une particularité : celles d’être des pièces très grandes, au plafond surélevé. Ca a été le moyen que ses parents ont trouvé pour lutter contre sa claustrophobie, qui s'est étonnamment manifestée alors qu’elle était très jeune. On peut donc considérer qu’il s’agit de très larges espaces, mais modernes et lumineux, où respirent la propreté et le luxe, car on ne peut nier que son mobilier en bois, ses cadres et ses peintures, ses objets de valeurs ici et là donnent une impression de richesse assez marquée.
En attendant son invité, Neera décide de consulter une ou deux invitations que des amis lui ont envoyé pour aller voir une pièce de théâtre, dont une d’Ekha, d’ailleurs, ce qui la ravit déjà. Elle décide d’y répondre plus tard en laissant trainer les deux papiers dans un coin de la pièce, puis, à défaut d’avoir le temps de prendre un livre, elle se rapproche de son piano à queue. Sa main caresse un instant les touches, sans les enfoncer, puis, elle décide de céder à son caprice et elle s’installe sur le siège. Bientôt, une mélodie s’élève dans la pièce, se répand au rez-de-chaussée, et peut-être atteint le début du premier étage. Elle termine la mélodie lorsqu’elle entend qu’on s’approche. Apparemment, Albus est venu chercher Ashani, et les deux hommes sont d’ailleurs au seuil. Elle a un sourire, mais termine quand même le chant avant de se lever et d’aller vers eux.
- Vous avez déjà meilleure mine, fait-elle au Drakyn. Venez, la table est par là et le repas sera bientôt prêt. Tout s’est bien passé ?
Sa question est rhétorique, mais il n’empêche qu’Ashani est libre de dire ce qu’il veut.
- J’ai dit au cuisinier que vous étiez là, mais je lui ai également dit de ne pas en faire trop pour ce soir. Je ne pense pas qu’il est bon de manger de trop quand notre corps perd l’habitude de manger à satiété. Cela dit, il était heureux de voir que j’avais un invité, semble-t-il. Neera ponctue ses paroles d’un sourire avant de l’inviter à s’installer d’un geste de la main. En tous les cas, j’espère que ça vous semblera bon. A moins que vous n’avez des goûts particuliers, au Reike ?
Il viendra bien le temps où elle lui demandera ce qu’il compte faire pour l’avenir. Mais il est inutile de l’accabler de trop de questions en un coup.
Pour l’heure, la magicienne n’a pas l’once d’un regret. Ca lui fera au moins un invité, quoi qu’en pense son personnel. Mais elle ne va pas se tourner les pouces pendant que le Drakyn se délasse et prend son bain. La maîtresse de maison n’est pas du genre à rester inactive, et elle profite de ce bref moment avant le repas pour aller voir ses domestiques, si jamais ils ont des remarques à lui faire part. Cela peut très bien concerner l’entretien de son domaine, que d’autres problèmes plus pragmatiques, comme l’arrivée de quelques missives ou d’un visiteur inattendu alors qu’elle était à Magic. Du reste, même s’il n’y a rien de particulier, aller voir son personnel permet toujours de garder un lien avec eux, et d’établir progressivement une relation de confiance avec ses serviteurs. Parmi eux tous, c’est certainement avec Albus qu’elle s’entretient le plus, mais l’élémentaire est plus vieux qu’elle et la connaît depuis sa naissance. On ne peut pas leur reprocher d’avoir une plus grande complicité avec l’héritière des Storm.
C’est d’ailleurs à lui qu’elle confie le soin de guider Ashani. Lorsqu’il revient, Neera se trouve dans la cuisine, alors qu’elle écoute son cuisinier lui dire « qu’elle devrait inviter des gens plus souvent, la maison n’en serait que plus joyeuse et vivante ». La demi-titan l’écoute avec l’ombre d’un sourire indulgent, mais bientôt, elle croise le regard de son majordome, et prend la parole.
– Tout s’est bien passé ?
– Je suppose qu’il sera prêt dans un quart d’heure. Peut-être vingt minutes tout au plus. Mais il n’empêche… Quelle idée d’accueillir un inconnu qui pourrait…
– Je l’ai sauvé de badauds dans un parc de Liberty et je lui ai proposé de bouger avant que ces brutes ne puissent se venger. expliqua-t-elle en l’interrompant gentiment. Tu voulais que je l’abandonne un peu plus loin ?
– Ca n’en reste pas moins dangereux…
– Dangereux pour qui ? Pour lui ou pour moi … ? fit la Républicaine avec un léger ricanement.
Son ton s’adoucit néanmoins quelque peu, et elle le regarda avec un air un peu espiègle.
– Et puis, je sais que tu es tellement méfiant que tu es capable de faire le guet devant sa porte, plaisante la sang-mêlée. Honnêtement, je ne dis pas que je lui ferai confiance. Je ne le connais pas. Mais j’ai agi sur un coup de tête, il faut bien faire ça de temps en temps non ? Elle marque une pause et regarde plus franchement Albus. Puis, je te promets qu’il ne s’éternisera pas. J’aimerais voir avec lui ce qu’il a prévu pour se sortir de sa… situation.
Parce qu’il ne peut pas continuer à être un mendiant bien longtemps. Ici, ce n’est qu’une accalmie, une « pause » dans son quotidien. Cela dit, elle doute qu’Ashani n’ait qu’une petite estime de lui-même. Il doit bien avoir des ambitions, non ? Et si oui, quelles sont-elles ? Comment compte-t-il se faire une place dans la République ? Il est certain que Neera pourrait l’y aider. Mais il faut voir si leurs visions concordent pour qu’elle soit prête à lui accorder son soutien. Soutien qui s’avère pour le moment peu rentable, puisqu’il n’a strictement rien à lui. Mais l’heure n’est pas à de telles réflexions, et la diviniste finit par prendre congé de son personnel pour se diriger vers son salon.
Les salles de son manoir ont tous une particularité : celles d’être des pièces très grandes, au plafond surélevé. Ca a été le moyen que ses parents ont trouvé pour lutter contre sa claustrophobie, qui s'est étonnamment manifestée alors qu’elle était très jeune. On peut donc considérer qu’il s’agit de très larges espaces, mais modernes et lumineux, où respirent la propreté et le luxe, car on ne peut nier que son mobilier en bois, ses cadres et ses peintures, ses objets de valeurs ici et là donnent une impression de richesse assez marquée.
En attendant son invité, Neera décide de consulter une ou deux invitations que des amis lui ont envoyé pour aller voir une pièce de théâtre, dont une d’Ekha, d’ailleurs, ce qui la ravit déjà. Elle décide d’y répondre plus tard en laissant trainer les deux papiers dans un coin de la pièce, puis, à défaut d’avoir le temps de prendre un livre, elle se rapproche de son piano à queue. Sa main caresse un instant les touches, sans les enfoncer, puis, elle décide de céder à son caprice et elle s’installe sur le siège. Bientôt, une mélodie s’élève dans la pièce, se répand au rez-de-chaussée, et peut-être atteint le début du premier étage. Elle termine la mélodie lorsqu’elle entend qu’on s’approche. Apparemment, Albus est venu chercher Ashani, et les deux hommes sont d’ailleurs au seuil. Elle a un sourire, mais termine quand même le chant avant de se lever et d’aller vers eux.
- Vous avez déjà meilleure mine, fait-elle au Drakyn. Venez, la table est par là et le repas sera bientôt prêt. Tout s’est bien passé ?
Sa question est rhétorique, mais il n’empêche qu’Ashani est libre de dire ce qu’il veut.
- J’ai dit au cuisinier que vous étiez là, mais je lui ai également dit de ne pas en faire trop pour ce soir. Je ne pense pas qu’il est bon de manger de trop quand notre corps perd l’habitude de manger à satiété. Cela dit, il était heureux de voir que j’avais un invité, semble-t-il. Neera ponctue ses paroles d’un sourire avant de l’inviter à s’installer d’un geste de la main. En tous les cas, j’espère que ça vous semblera bon. A moins que vous n’avez des goûts particuliers, au Reike ?
Il viendra bien le temps où elle lui demandera ce qu’il compte faire pour l’avenir. Mais il est inutile de l’accabler de trop de questions en un coup.
Invité
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Un son, doux et mélodieux résonne dans l'enceinte de la bâtisse. Les notes sont subtiles, la mélodie est jouée avec justesse et tendresse. Tandis que le majordome s'approche vers moi pour m'emmener en bas, dévalant les escaliers avec droiture, mon regard aperçoit la belle dame sur un magnifique piano. Son sourire est charmeur, sa posture est digne, sa gestuelle est belle et naturelle. N'ayant pas écouté de musique depuis fort longtemps, mon cœur est subjugué par cette mélopée, attendant patiemment que Neera termine son morceau. Il y a toutefois une note mélancolique dans ce récital, je n'ose replonger dans mes souvenirs et préfère me concentrer sur l'artiste, une pianiste exquise et ô combien sublime. Elle me rappelle un diamant, un bijoux étincelant aussi dur que du métal et tellement beau que tout le monde souhaite l'obtenir. J'eus un petit rictus de plaisir. Lorsqu'elle eut terminé, Albus et moi frappons des mains énergiquement, remerciant la pianiste de sa prestation. Ce fut si beau que j'en eu le regard pétillant. Sa question me fait plaisir, cette femme s'inquiète de la misère d'un homme tel que moi ?
Elle est si douce, si niaise, si pur. Comment un tel être peut laisser ainsi des hommes tels que moi entrer dans son domicile, sa demeure, son intimité. Ce n'est là qu'un majordome et des demoiselles à son service, des personnes n'ayant très certainement pas connu la guerre, ni frapper quelqu'un voir tuer. Je songe encore à ce qu'il m'arrive, tout ceci n'est pas un rêve et tous ne sont pas comme mon géniteur ou ces imbéciles du Reike sans cervelle. Neera est une femme de lettre, une véritable beauté aux pouvoirs démesurés et sans oublier qu'elle regorge d'une grande richesse. N'a-t-elle point d'époux ? Je reste aux aguets, peut-être est-ce encore un piège. Dans tous les cas, je ne me laisserai pas berner mais il faut avouer que le plaisir d'un bain et d'un bon dîner ne se refusent guère. Mon estomac est tiraillé par la faim, même si les quelques pâtisseries fournies un peu plus tôt dans la soirée m'ont permis de me rassasier l'espace d'un instant. Elle annonce avoir prévenu son cuisinier, bon sang, combien de gens sont à son service ? Cela change mon plan, finalement, il y a des personnes capable de manier une arme : un couteau de boucher, par exemple. De plus, ayant vu la femme éclair à l'œuvre, je ne doute pas de sa grandeur. Je ne suis point doté de pouvoirs magiques, ou bien, n'en ai pas connaissance. Je me dresse fièrement et m'incline légèrement afin de saluer l'attention de la dame.
— Votre attention à mon égard me touche, ma Dame. Sachez que je ne suis pas difficile, je mangerai ce que l'on me propose. Hormis du rat.
A vrai dire, pour survivre, j'ai tenté de dévorer ces petites bêtes là et lorsque j'ai compris qu'il y avait des risques d'infections en les mangeant crûs, il a fallu de quoi faire un feu dans les ruelles. Seulement, cela s'est solvé par des échecs cuisants. La femme se lève et m'invite à la suivre, une grande tablée est disposée au centre d'un grand salon illuminé. Les murs réfléchissent la lumière chaude, quelques cadres avec des peintures exotiques et colorés rendent l'atmosphère chaleureuse. Elle m'intrigue, me fascine et j'espère découvrir qui est cette Neera Storm. Pendant que je m'installais à l'autre bout de la table près de la porte, Neera se place à l'opposé et s'assied avec délicatesse. Elle me fait penser à une princesse de conte de fée, tout en ayant un côté chevaleresque. Elle semble avoir beaucoup de qualités, d'autant qu'elle est lettrée au vu des différents papiers et livres que l'on trouve un peu partout dans ce manoir. Aldus s'en va, fermant la porte derrière nous. Avant que l'on nous sert les entrées, j'en profite pour lui poser des questions.
— Madame Storm, je ne voudrais pas paraître impoli mais, vous ne m'avez rien dit sur vous. Êtes-vous mariés à un riche héritier ? Je vous avoue être surpris d'une telle attention sachant que vous m'avez recueilli... enfin. Vous savez. J'ai l'impression d'être dans un rêve. Votre majordome, les demoiselles, vous ! Vous faites de moi un homme vivant en cette douce nuit froide d'hiver. Comment pourrais-je vous remercier ? Aurai-je une dette à votre égard ?
Il faut toujours se méfier car ici en République, les hommes et femmes de pouvoir ne sont certainement pas bienveillants par pur hasard. Je ressentais une pression, peut-être n'est-ce qu'une sensation ou bien une fabulation de mon esprit, mais je n'ai pas à être ici. Mon instinct de reikois me hurle que rien n'arrive jamais au hasard. Je devrai apprendre à devenir un homme plus prévoyant, plus rustre peut-être ? Non. Non, ce ne serait pas moi. La seule chose que j'ai pu faire de mal date de plusieurs décennies. A l'heure actuelle, je suis devenu un homme solitaire, amer et triste. La vie ne m'a jamais fait de cadeau alors, pourquoi maintenant ? Mon but est pourtant si simple et je l'effleure du doigt. La richesse. L'argenterie. Les bijoux. Le luxe, tout simplement. J'ai toujours rêvé de devenir un homme couvert de bijoux, de petites pierres brillantes et savourer les jeux. Ah. Les jeux de théâtre et de douceur. Ce genre de jeu qui marque indubitablement les esprits. Arrête de rêver, Ashani. Ce n'est pas le moment. Tu as à faire à une femme d'une grande puissance dont tu ignores tout, tu retires ta crasse dans son bain d'eau chaude et de violette, tu te parfumes et vêtis des habits admirablement bien taillés. Il y a forcément une fausse note quelque part.
— Vous êtes une drôle de femme, Neera. Sachez que peu de gens comme vous oseraient s'occuper d'un type comme moi, d'un vulgaire drakyn, qui plus est. Vous êtes si ...
Je n'ai pas eu le temps de dire la suite de ma phrase qu'un homme nous apporte sur un plateau d'argent plusieurs petites entrées, parfumées avec des arômes savoureux et une onctuosité parfaite. L'ensemble est coloré et l'odeur du salé me fait saliver. Ô, par l'Ordre et le Chaos, comment puis-je résister à de tels arguments ? Je ne peux pas me contrôler devant des plats si délicieux. Lorsque l'homme me sert dans mon assiette, j'attends que la belle soit servit avant de prendre quelques bouchées avec délicatesse, pour paraître poli. En réalité, je meurs de faim et je serai prêt à dévorer d'une traite les plats. Le repas se passe plutôt bien, je n'ose parler la bouche pleine et c'est si délicat. Je n'avais jamais mangé de tels plats au Reike, ni même depuis ma venue ici en République.
— Je suis repus ! Je n'ai pas l'habitude de manger autant et j'ai peur que mon ventre ne tiennent plus dans le pantalon ! dis-je en tapotant mon estomac.
Un homme heureux est un homme repu, le cuisinier est un chef dans son domaine et j'admets que l'ambiance des plats, la chaleur de la pièce et la dame des lieux me mettent à l'aise. Quelque heures plus tôt, j'étais un homme complètement sale et que personne n'osait regarder, actuellement je suis certain d'être beaucoup plus abordable. Bon sang. Je me sens piégé.
Elle est si douce, si niaise, si pur. Comment un tel être peut laisser ainsi des hommes tels que moi entrer dans son domicile, sa demeure, son intimité. Ce n'est là qu'un majordome et des demoiselles à son service, des personnes n'ayant très certainement pas connu la guerre, ni frapper quelqu'un voir tuer. Je songe encore à ce qu'il m'arrive, tout ceci n'est pas un rêve et tous ne sont pas comme mon géniteur ou ces imbéciles du Reike sans cervelle. Neera est une femme de lettre, une véritable beauté aux pouvoirs démesurés et sans oublier qu'elle regorge d'une grande richesse. N'a-t-elle point d'époux ? Je reste aux aguets, peut-être est-ce encore un piège. Dans tous les cas, je ne me laisserai pas berner mais il faut avouer que le plaisir d'un bain et d'un bon dîner ne se refusent guère. Mon estomac est tiraillé par la faim, même si les quelques pâtisseries fournies un peu plus tôt dans la soirée m'ont permis de me rassasier l'espace d'un instant. Elle annonce avoir prévenu son cuisinier, bon sang, combien de gens sont à son service ? Cela change mon plan, finalement, il y a des personnes capable de manier une arme : un couteau de boucher, par exemple. De plus, ayant vu la femme éclair à l'œuvre, je ne doute pas de sa grandeur. Je ne suis point doté de pouvoirs magiques, ou bien, n'en ai pas connaissance. Je me dresse fièrement et m'incline légèrement afin de saluer l'attention de la dame.
— Votre attention à mon égard me touche, ma Dame. Sachez que je ne suis pas difficile, je mangerai ce que l'on me propose. Hormis du rat.
A vrai dire, pour survivre, j'ai tenté de dévorer ces petites bêtes là et lorsque j'ai compris qu'il y avait des risques d'infections en les mangeant crûs, il a fallu de quoi faire un feu dans les ruelles. Seulement, cela s'est solvé par des échecs cuisants. La femme se lève et m'invite à la suivre, une grande tablée est disposée au centre d'un grand salon illuminé. Les murs réfléchissent la lumière chaude, quelques cadres avec des peintures exotiques et colorés rendent l'atmosphère chaleureuse. Elle m'intrigue, me fascine et j'espère découvrir qui est cette Neera Storm. Pendant que je m'installais à l'autre bout de la table près de la porte, Neera se place à l'opposé et s'assied avec délicatesse. Elle me fait penser à une princesse de conte de fée, tout en ayant un côté chevaleresque. Elle semble avoir beaucoup de qualités, d'autant qu'elle est lettrée au vu des différents papiers et livres que l'on trouve un peu partout dans ce manoir. Aldus s'en va, fermant la porte derrière nous. Avant que l'on nous sert les entrées, j'en profite pour lui poser des questions.
— Madame Storm, je ne voudrais pas paraître impoli mais, vous ne m'avez rien dit sur vous. Êtes-vous mariés à un riche héritier ? Je vous avoue être surpris d'une telle attention sachant que vous m'avez recueilli... enfin. Vous savez. J'ai l'impression d'être dans un rêve. Votre majordome, les demoiselles, vous ! Vous faites de moi un homme vivant en cette douce nuit froide d'hiver. Comment pourrais-je vous remercier ? Aurai-je une dette à votre égard ?
Il faut toujours se méfier car ici en République, les hommes et femmes de pouvoir ne sont certainement pas bienveillants par pur hasard. Je ressentais une pression, peut-être n'est-ce qu'une sensation ou bien une fabulation de mon esprit, mais je n'ai pas à être ici. Mon instinct de reikois me hurle que rien n'arrive jamais au hasard. Je devrai apprendre à devenir un homme plus prévoyant, plus rustre peut-être ? Non. Non, ce ne serait pas moi. La seule chose que j'ai pu faire de mal date de plusieurs décennies. A l'heure actuelle, je suis devenu un homme solitaire, amer et triste. La vie ne m'a jamais fait de cadeau alors, pourquoi maintenant ? Mon but est pourtant si simple et je l'effleure du doigt. La richesse. L'argenterie. Les bijoux. Le luxe, tout simplement. J'ai toujours rêvé de devenir un homme couvert de bijoux, de petites pierres brillantes et savourer les jeux. Ah. Les jeux de théâtre et de douceur. Ce genre de jeu qui marque indubitablement les esprits. Arrête de rêver, Ashani. Ce n'est pas le moment. Tu as à faire à une femme d'une grande puissance dont tu ignores tout, tu retires ta crasse dans son bain d'eau chaude et de violette, tu te parfumes et vêtis des habits admirablement bien taillés. Il y a forcément une fausse note quelque part.
— Vous êtes une drôle de femme, Neera. Sachez que peu de gens comme vous oseraient s'occuper d'un type comme moi, d'un vulgaire drakyn, qui plus est. Vous êtes si ...
Je n'ai pas eu le temps de dire la suite de ma phrase qu'un homme nous apporte sur un plateau d'argent plusieurs petites entrées, parfumées avec des arômes savoureux et une onctuosité parfaite. L'ensemble est coloré et l'odeur du salé me fait saliver. Ô, par l'Ordre et le Chaos, comment puis-je résister à de tels arguments ? Je ne peux pas me contrôler devant des plats si délicieux. Lorsque l'homme me sert dans mon assiette, j'attends que la belle soit servit avant de prendre quelques bouchées avec délicatesse, pour paraître poli. En réalité, je meurs de faim et je serai prêt à dévorer d'une traite les plats. Le repas se passe plutôt bien, je n'ose parler la bouche pleine et c'est si délicat. Je n'avais jamais mangé de tels plats au Reike, ni même depuis ma venue ici en République.
— Je suis repus ! Je n'ai pas l'habitude de manger autant et j'ai peur que mon ventre ne tiennent plus dans le pantalon ! dis-je en tapotant mon estomac.
Un homme heureux est un homme repu, le cuisinier est un chef dans son domaine et j'admets que l'ambiance des plats, la chaleur de la pièce et la dame des lieux me mettent à l'aise. Quelque heures plus tôt, j'étais un homme complètement sale et que personne n'osait regarder, actuellement je suis certain d'être beaucoup plus abordable. Bon sang. Je me sens piégé.
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
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Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Lorsque qu’elle joue la dernière note de sa partition, Neera entend des applaudissements derrière elle et elle se retourne pour dévisager Albus et Ashani. La pianiste accepte de bonne grâce leur ovation et elle en profite pour observer davantage son hôte du jour. Les habits de majordome lui donnent déjà une allure plus digne et il est manifeste que le bain lui a fait le plus grand bien. Le Drakyn n’a plus les cheveux gras ni les mains crasseuses, ses ongles sont propres, et il ne pue plus comme un chacal. C’est une bonne chose, parce qu’il aurait été bien pénible de manger à ses côtés, autrement. Son invité, quant à lui, doit certainement se sentir revivre, ou se croire dans un rêve éveillé, puisqu’il était il y a quelques instants dans un pauvre parc de Liberty. Sans doute se demande-t-il quelle va être la suite ou ce qu’on lui réserve. Car bon sang, quelle âme dans cette ville serait prête à l’accueillir pour la nuit ? Même Neera aurait ricané ce matin, si on lui avait dit qu’elle ferait une telle chose dans la journée. Elle a bon cœur, oui, mais ce n’est pas son genre d’accueillir des gens pauvres chez elle. Il y en a tellement dans la République… ! Comment seulement les aider tous ? N’y a-t-il pas suffisamment d’association pour soutenir les démunis et les miséreux ? La sang-mêlée est bien d’accord que le corps enseignant de Magic garantit une certaine forme de stabilité et d’intégrité. Mais ça ne veut pas dire non plus que tout le personnel universitaire est composé d’anges remplis de l’amour du prochain, bien au contraire.
En un mot, ce n’est pas le genre de la Tornade d’agir comme cela, et c’est encore moins son genre de recueillir un mendiant pour quelques heures. Sans doute que les brutes qu’elle a neutralisés ont joué un rôle. Si ces hommes n’avaient pas été là, elle n’aurait sans doute pas vu Ashani, et sa soirée aurait bien plus calme. Mais il n’est pas l’heure de tergiverser sur ce qui aurait pu se passer, car son convive s’incline légèrement avant de prendre la parole. Elle hausse un sourcil quand il la nomme avec respect, et l’espace d’un instant, elle est sur le point de faire une boutade en affirmant qu’une seule personne s’appelle « la Dame ». Mais il risque de ne pas comprendre alors la noble républicaine s’abstient en dernière minute. Elle rebondit plutôt sur sa dernière phrase avec un air assuré.
– Rassurez-vous, on ne mange pas du rat ici. A moins qu’on ne soit un jour en état de siège, je doute qu’on en soit réduit à de telles extrémités.
Mais le fait qu’il mentionne un tel animal souligne probablement qu’il a dû traverser des périodes difficiles, que Neera peine à imaginer. C’est que la demoiselle n’a jamais connu la faim, n’a jamais connu la pauvreté, n’a jamais connu l’exil. Elle a eu tout dès sa naissance : la fortune, le bien-être, la puissance. Le mieux qu’elle puisse faire, c’est imaginer, mais même cela reste très abstrait quand on a toujours vécu dans la sécurité et l’opulence.
En tous les cas, la magicienne l’invite à s’asseoir et quand c’est fait, elle l’écoute lui demander si elle est mariée à un riche héritier. La belle ne peut retenir un bref éclat de rire à cette perspective, avant de répondre, un sourire amusé sur les lèvres.
- Huuuuum, on peut dire que je suis mariée, oui. A une Académie : Magic. J’ai renvoyé tous mes prétendants depuis longtemps, glousse-t-elle sur un ton espiègle, et depuis, je crois que toute la République sait que je suis un cœur à prendre, mais un cœur un peu inatteignable, je le crains. A moins que je ne découvre la perle rare. On ne sait jamais, tout est possible !
Neera redevient ensuite un peu plus sérieuse, parce qu’Ashani est de bonne volonté et cherche un peu plus à comprendre qui elle est, elle le voit bien.
- Ca ne m’étonne pas que vous soyez surpris par ce que j’ai fait ce soir, je le suis toute la première, répond-elle. Je vous l’ai glissé tantôt, mais ce n’est pas foncièrement mon genre d’agir ainsi. Donc ne croyez pas non plus que je suis une bonne samaritaine ou un ange dans cette République, ce serait bien trop m’idolâtrer, sourit l'enseignante avec un air affable, qui est en même temps un peu plus grave. Quant au personnel et à ce manoir… Je l’ai hérité de mes parents et j’ai veillé à ce que mon patrimoine ne s’effrite pas avec le temps. Je n’ai pas trop de mérites, sur ce point. On peut dire que tout m’a été donné…
Et certaines âmes, plus critiques, pourrait bien dire qu’elle se contentait de ce qu’elle avait, ce ne serait que justice et vérité.
Quant à avoir une dette… Techniquement, on pouvait bien dire qu’Ashani en avait une, puisqu’elle l’avait sorti de la misère. Ce point était d’autant plus vrai en République : tout le monde à part elle aurait déjà cherché à extorquer une promesse au Drakyn. Les compromis, les chantages, les mots doux et les menaces sont affaires courantes au pays de Dangshuang. Neera est intègre, mais pas niaise : elle sait bien que cela existe, et c’est bien pour cela qu’elle ne s’est toujours pas engagée en politique. A quoi bon se lancer dans les faux-semblants, dans l’hypocrisie, dans la noirceur de ces gens qui sont parfois sans-cœur ? Et d’autre part, en ne s’engageant pas, il est aussi certain que rien ne changera. Un soupir s’échappe de ses lèvres à cette pensée, et elle s’efforce de l’écarter pour ne pas assombrir sa bonne humeur. Jusque-là, la soirée se passe bien, inutile de la gâcher.
C’est sur ces entrefaites qu’Ashani lui déclare qu’elle est une drôle de femme et un sourire, presqu’amer, effleure les lèvres de la belle brune. Il est néanmoins obligé de s’arrêter parce qu’on apporte les entrées, et elle en profite pour placer un mot.
– C’est vrai, je suis un peu une anomalie dans le système, fait-elle calmement en faisant tourner doucement le verre de vin qu’on lui a préparé. Elle croise alors le regard d’une de ses domestiques qui est manifestement indignée par ses propos, et son regard s’adoucit aussitôt. Je plaisante. Même si on n’est pas trop loin de la vérité non plus, je présume. En tous les cas, profitez de ce repas, Ashani, fait-elle d’une voix plus enjouée et gaïe, bien décidée à alléger l’atmosphère. Vous m’en direz des nouvelles, je suis sûre que mon cuisinier voudra tout savoir, puisqu’il fait un repas autre que pour ma maisonnée.
Et ma foi, la soirée se passe bien, les plats présentés remplissent leurs promesses, et s’ils n’équivalent certainement pas ce qu’on produit à la Maison Bleue, ils sont cependant tout à fait acceptables pour des gens de la haute. Neera n’essaie pas particulièrement de lancer une conversation profonde. Peut-être que les deux protagonistes s’échangent quelques mondanités typiques, mais la magicienne laisse essentiellement l’homme manger, parce qu’elle sait qu’il a faim et qu’il ne rêve qu’à se restaurer. Un sourire amusé apparaît sur ses lèvres quand il déclare qu’il est repu, et c’est sur un ton légèrement malicieux qu’elle reprend la parole :
- Vous prendrez bien un digestif dans le salon ? Après tout, si je ne réponds pas à quelques-unes de vos questions, je suis sûre que vous n’allez pas dormir de la nuit, ventre plein ou pas.
La sang-mêlée le laisse réagir, puis une fois qu’il a montré son accord de quelque manière que ce soit (peut-il seulement refuser ?), elle prend les devants et l’amène dans la pièce. C’est un salon doté d’un joli parquet en bois ainsi que de fauteuils en cuir moelleux. Sur le mur pend une peinture et dans un coin se trouve une horloge, mais ce qui frappe le plus, c’est les baies vitrées qui donnent sur le jardin. Un incontournable pour Neera, qui a toujours dû lutter contre sa claustrophobie. Mais c’est aussi un choix purement esthétique, car elle a toujours profondément aimé avoir une maison lumineuse et ces grandes fenêtres permettent d’obtenir un tel effet. Ici, quoique des lampes sont allumées dans le salon, un joli clair de lune illumine le jardin endormi. La Tornade invite Ashani à s’asseoir pendant qu’elle se rapproche de la fenêtre, et la demi-titan regarde pendant quelques secondes cette lune qui règne en reine sur les cieux.
Ce serait une belle nuit pour aller voler, pense-t-elle, mais dans l’immédiat, elle doit quand même se présenter un peu plus au Drakyn, car il ne sait pas grand-chose d’elle. Oh, il connaît son nom, il connaît sa richesse, il connaît ses pouvoirs – et encore, il n’en connaît qu’une partie. Mais c’est tout. C’est un peu trop simple, et c’est beaucoup trop superficiel. Surtout compte-tenu de sa situation précaire.
Elle s’amuse à faire tournoyer son liquide ambré dans son verre, puis, elle se retourne vers Ashani.
- Vous devez vous demander pourquoi j’invite un pauvre inconnu chez moi, sale, mendiant, qui pue à dix kilomètres à la ronde, commence-t-elle simplement. Je suppose que pleins de questions doivent vous traverser l’esprit. « Pourquoi m’accueillir chez elle ? Pourquoi s’arrêter sur un mendiant ? Pourquoi être si affable alors qu’en l’état, je ne suis rien ? Qu’est-ce que je lui apporte, qu’est-ce qu’elle va me réclamer ou me demander en retour ? » Parce qu’il est vrai qu’en République, rien n’est gratuit, tout se paie un jour ou l’autre.
Ce n’est pas forcément un préambule très rassurant pour son interlocuteur, mais la diviniste continue.
- La majorité de la noblesse vous verrait comme un chien galeux ou un déchet à nourrir. Qu’est-ce qu’un Drakyn pourrait apporter à la fière République ? Elle préfère ses mages, ses savants, ses artistes, ses érudits. Ne mentionnons même pas ses brillants politiciens, même si tout est une question de point de vue.
Un rictus traverse brièvement le visage de Neera.
- J’ai un mépris souverain pour tous ceux qui jugent quelqu’un sur base de sa race. Et j’ai un mépris souverain également pour tous ceux qui se croient grands uniquement grâce à leurs richesses. Beaucoup de mes compatriotes se croient en sécurité grâce à leur situation et pensent que tout leur est dû. Mais je n’ai pas été élevée dans le même moule. Je pense qu’un homme mérite le respect en fonction de ses actes, pas en fonction de ce qu’il possède. Et si certains aiment régner dans l’ombre, l’ombre, elle, n’est pas faite pour moi. Je préfère de loin mes recherches, mon apprentissage de la magie, aider ma Pléiade que de m’enfoncer dans les magouilles politiques et celles des bas-fonds. Même si on y trouve des gens qui ont quand même mon respect et mon amitié.
L’enseignante pense à Dorylis l’espace d’une seconde, puis elle se concentre sur Ashani et enchaine.
- Je suis Neera Storm, celle qu’on appelle la Tornade à l’Université de Magic. J’ai grandi à l’ombre de cette Académie et des valeurs de Dangshuang. Par conséquent, j’ai hérité de l’intégrité de notre fondateur, et pourtant je suis terriblement neutre en matière de géopolitique. Il y a des migrants, mais je ne vole pas pour autant au secours de leur misère. Je suis diviniste, mais je n’ai pas pour autant couru à Célestia pour rejoindre le Nouvel Ordre, comme je n’ai pas pleuré la mort de Kazgoth. La République est corrompue, et pourtant, je regarde cela comme une spectatrice, en regardant avec indifférence qui sera le plus fort. Tout le monde souhaite mon appui et ma puissance, et pourtant, je ne la donne à personne. Alors pourquoi je vous ai accueilli ? Certainement parce que je n’ai pas tenu à vous abandonner dans la rue, un soir d’hiver. Est-ce que je répéterai ce geste demain avec un inconnu ? Absolument pas. Et pour ce qui est de cette histoire de dettes…
Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’elle reprend.
- Tout le monde chercherait à vous extorquer une promesse, mais je n'aime pas entrer dans ce jeu-là. Je vous demanderai simplement de ne pas faire de simagrées demain, quand il s’agira de quitter ma demeure et de reprendre votre vie. Je tiens énormément à mon indépendance, et j’avoue que ça m’irriterait de devoir vous jeter dehors par la force. Mais c’est à mon tour de vous poser une question, Ashani. Que comptez-vous faire de votre vie, puisque vous n’avez absolument rien en République ? Quelles sont vos perspectives d’avenir ? Qu’est-ce que vous savez faire ou qu’est-ce qui vous permettrait de vous en sortir ?
Elle est très franche, Neera, mais elle a toujours été ainsi, et elle n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat quand elle l'estime nécessaire.
La femme reprend d'ailleurs la parole en prenant un cas concret.
- Imaginions par exemple que je cherche à embaucher des gens, ce qui n'est pas le cas, avertit-elle, mais ça arrivera bien à jour vu la faible espérance de vie humaine. Qu'est-ce que vous me diriez pour me convaincre ou pour convaincre n'importe quel Républicain ?
Parce qu'il faudra bien qu'il trouve un employeur et qu'il exploite ses talents d'une manière ou d'une autre. Sinon, seul le froid de l'hiver l'attend, et seuls les dieux savent à quel point il peut être terrible et mortel pour les plus démunis.
En un mot, ce n’est pas le genre de la Tornade d’agir comme cela, et c’est encore moins son genre de recueillir un mendiant pour quelques heures. Sans doute que les brutes qu’elle a neutralisés ont joué un rôle. Si ces hommes n’avaient pas été là, elle n’aurait sans doute pas vu Ashani, et sa soirée aurait bien plus calme. Mais il n’est pas l’heure de tergiverser sur ce qui aurait pu se passer, car son convive s’incline légèrement avant de prendre la parole. Elle hausse un sourcil quand il la nomme avec respect, et l’espace d’un instant, elle est sur le point de faire une boutade en affirmant qu’une seule personne s’appelle « la Dame ». Mais il risque de ne pas comprendre alors la noble républicaine s’abstient en dernière minute. Elle rebondit plutôt sur sa dernière phrase avec un air assuré.
– Rassurez-vous, on ne mange pas du rat ici. A moins qu’on ne soit un jour en état de siège, je doute qu’on en soit réduit à de telles extrémités.
Mais le fait qu’il mentionne un tel animal souligne probablement qu’il a dû traverser des périodes difficiles, que Neera peine à imaginer. C’est que la demoiselle n’a jamais connu la faim, n’a jamais connu la pauvreté, n’a jamais connu l’exil. Elle a eu tout dès sa naissance : la fortune, le bien-être, la puissance. Le mieux qu’elle puisse faire, c’est imaginer, mais même cela reste très abstrait quand on a toujours vécu dans la sécurité et l’opulence.
En tous les cas, la magicienne l’invite à s’asseoir et quand c’est fait, elle l’écoute lui demander si elle est mariée à un riche héritier. La belle ne peut retenir un bref éclat de rire à cette perspective, avant de répondre, un sourire amusé sur les lèvres.
- Huuuuum, on peut dire que je suis mariée, oui. A une Académie : Magic. J’ai renvoyé tous mes prétendants depuis longtemps, glousse-t-elle sur un ton espiègle, et depuis, je crois que toute la République sait que je suis un cœur à prendre, mais un cœur un peu inatteignable, je le crains. A moins que je ne découvre la perle rare. On ne sait jamais, tout est possible !
Neera redevient ensuite un peu plus sérieuse, parce qu’Ashani est de bonne volonté et cherche un peu plus à comprendre qui elle est, elle le voit bien.
- Ca ne m’étonne pas que vous soyez surpris par ce que j’ai fait ce soir, je le suis toute la première, répond-elle. Je vous l’ai glissé tantôt, mais ce n’est pas foncièrement mon genre d’agir ainsi. Donc ne croyez pas non plus que je suis une bonne samaritaine ou un ange dans cette République, ce serait bien trop m’idolâtrer, sourit l'enseignante avec un air affable, qui est en même temps un peu plus grave. Quant au personnel et à ce manoir… Je l’ai hérité de mes parents et j’ai veillé à ce que mon patrimoine ne s’effrite pas avec le temps. Je n’ai pas trop de mérites, sur ce point. On peut dire que tout m’a été donné…
Et certaines âmes, plus critiques, pourrait bien dire qu’elle se contentait de ce qu’elle avait, ce ne serait que justice et vérité.
Quant à avoir une dette… Techniquement, on pouvait bien dire qu’Ashani en avait une, puisqu’elle l’avait sorti de la misère. Ce point était d’autant plus vrai en République : tout le monde à part elle aurait déjà cherché à extorquer une promesse au Drakyn. Les compromis, les chantages, les mots doux et les menaces sont affaires courantes au pays de Dangshuang. Neera est intègre, mais pas niaise : elle sait bien que cela existe, et c’est bien pour cela qu’elle ne s’est toujours pas engagée en politique. A quoi bon se lancer dans les faux-semblants, dans l’hypocrisie, dans la noirceur de ces gens qui sont parfois sans-cœur ? Et d’autre part, en ne s’engageant pas, il est aussi certain que rien ne changera. Un soupir s’échappe de ses lèvres à cette pensée, et elle s’efforce de l’écarter pour ne pas assombrir sa bonne humeur. Jusque-là, la soirée se passe bien, inutile de la gâcher.
C’est sur ces entrefaites qu’Ashani lui déclare qu’elle est une drôle de femme et un sourire, presqu’amer, effleure les lèvres de la belle brune. Il est néanmoins obligé de s’arrêter parce qu’on apporte les entrées, et elle en profite pour placer un mot.
– C’est vrai, je suis un peu une anomalie dans le système, fait-elle calmement en faisant tourner doucement le verre de vin qu’on lui a préparé. Elle croise alors le regard d’une de ses domestiques qui est manifestement indignée par ses propos, et son regard s’adoucit aussitôt. Je plaisante. Même si on n’est pas trop loin de la vérité non plus, je présume. En tous les cas, profitez de ce repas, Ashani, fait-elle d’une voix plus enjouée et gaïe, bien décidée à alléger l’atmosphère. Vous m’en direz des nouvelles, je suis sûre que mon cuisinier voudra tout savoir, puisqu’il fait un repas autre que pour ma maisonnée.
Et ma foi, la soirée se passe bien, les plats présentés remplissent leurs promesses, et s’ils n’équivalent certainement pas ce qu’on produit à la Maison Bleue, ils sont cependant tout à fait acceptables pour des gens de la haute. Neera n’essaie pas particulièrement de lancer une conversation profonde. Peut-être que les deux protagonistes s’échangent quelques mondanités typiques, mais la magicienne laisse essentiellement l’homme manger, parce qu’elle sait qu’il a faim et qu’il ne rêve qu’à se restaurer. Un sourire amusé apparaît sur ses lèvres quand il déclare qu’il est repu, et c’est sur un ton légèrement malicieux qu’elle reprend la parole :
- Vous prendrez bien un digestif dans le salon ? Après tout, si je ne réponds pas à quelques-unes de vos questions, je suis sûre que vous n’allez pas dormir de la nuit, ventre plein ou pas.
La sang-mêlée le laisse réagir, puis une fois qu’il a montré son accord de quelque manière que ce soit (peut-il seulement refuser ?), elle prend les devants et l’amène dans la pièce. C’est un salon doté d’un joli parquet en bois ainsi que de fauteuils en cuir moelleux. Sur le mur pend une peinture et dans un coin se trouve une horloge, mais ce qui frappe le plus, c’est les baies vitrées qui donnent sur le jardin. Un incontournable pour Neera, qui a toujours dû lutter contre sa claustrophobie. Mais c’est aussi un choix purement esthétique, car elle a toujours profondément aimé avoir une maison lumineuse et ces grandes fenêtres permettent d’obtenir un tel effet. Ici, quoique des lampes sont allumées dans le salon, un joli clair de lune illumine le jardin endormi. La Tornade invite Ashani à s’asseoir pendant qu’elle se rapproche de la fenêtre, et la demi-titan regarde pendant quelques secondes cette lune qui règne en reine sur les cieux.
Ce serait une belle nuit pour aller voler, pense-t-elle, mais dans l’immédiat, elle doit quand même se présenter un peu plus au Drakyn, car il ne sait pas grand-chose d’elle. Oh, il connaît son nom, il connaît sa richesse, il connaît ses pouvoirs – et encore, il n’en connaît qu’une partie. Mais c’est tout. C’est un peu trop simple, et c’est beaucoup trop superficiel. Surtout compte-tenu de sa situation précaire.
Elle s’amuse à faire tournoyer son liquide ambré dans son verre, puis, elle se retourne vers Ashani.
- Vous devez vous demander pourquoi j’invite un pauvre inconnu chez moi, sale, mendiant, qui pue à dix kilomètres à la ronde, commence-t-elle simplement. Je suppose que pleins de questions doivent vous traverser l’esprit. « Pourquoi m’accueillir chez elle ? Pourquoi s’arrêter sur un mendiant ? Pourquoi être si affable alors qu’en l’état, je ne suis rien ? Qu’est-ce que je lui apporte, qu’est-ce qu’elle va me réclamer ou me demander en retour ? » Parce qu’il est vrai qu’en République, rien n’est gratuit, tout se paie un jour ou l’autre.
Ce n’est pas forcément un préambule très rassurant pour son interlocuteur, mais la diviniste continue.
- La majorité de la noblesse vous verrait comme un chien galeux ou un déchet à nourrir. Qu’est-ce qu’un Drakyn pourrait apporter à la fière République ? Elle préfère ses mages, ses savants, ses artistes, ses érudits. Ne mentionnons même pas ses brillants politiciens, même si tout est une question de point de vue.
Un rictus traverse brièvement le visage de Neera.
- J’ai un mépris souverain pour tous ceux qui jugent quelqu’un sur base de sa race. Et j’ai un mépris souverain également pour tous ceux qui se croient grands uniquement grâce à leurs richesses. Beaucoup de mes compatriotes se croient en sécurité grâce à leur situation et pensent que tout leur est dû. Mais je n’ai pas été élevée dans le même moule. Je pense qu’un homme mérite le respect en fonction de ses actes, pas en fonction de ce qu’il possède. Et si certains aiment régner dans l’ombre, l’ombre, elle, n’est pas faite pour moi. Je préfère de loin mes recherches, mon apprentissage de la magie, aider ma Pléiade que de m’enfoncer dans les magouilles politiques et celles des bas-fonds. Même si on y trouve des gens qui ont quand même mon respect et mon amitié.
L’enseignante pense à Dorylis l’espace d’une seconde, puis elle se concentre sur Ashani et enchaine.
- Je suis Neera Storm, celle qu’on appelle la Tornade à l’Université de Magic. J’ai grandi à l’ombre de cette Académie et des valeurs de Dangshuang. Par conséquent, j’ai hérité de l’intégrité de notre fondateur, et pourtant je suis terriblement neutre en matière de géopolitique. Il y a des migrants, mais je ne vole pas pour autant au secours de leur misère. Je suis diviniste, mais je n’ai pas pour autant couru à Célestia pour rejoindre le Nouvel Ordre, comme je n’ai pas pleuré la mort de Kazgoth. La République est corrompue, et pourtant, je regarde cela comme une spectatrice, en regardant avec indifférence qui sera le plus fort. Tout le monde souhaite mon appui et ma puissance, et pourtant, je ne la donne à personne. Alors pourquoi je vous ai accueilli ? Certainement parce que je n’ai pas tenu à vous abandonner dans la rue, un soir d’hiver. Est-ce que je répéterai ce geste demain avec un inconnu ? Absolument pas. Et pour ce qui est de cette histoire de dettes…
Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’elle reprend.
- Tout le monde chercherait à vous extorquer une promesse, mais je n'aime pas entrer dans ce jeu-là. Je vous demanderai simplement de ne pas faire de simagrées demain, quand il s’agira de quitter ma demeure et de reprendre votre vie. Je tiens énormément à mon indépendance, et j’avoue que ça m’irriterait de devoir vous jeter dehors par la force. Mais c’est à mon tour de vous poser une question, Ashani. Que comptez-vous faire de votre vie, puisque vous n’avez absolument rien en République ? Quelles sont vos perspectives d’avenir ? Qu’est-ce que vous savez faire ou qu’est-ce qui vous permettrait de vous en sortir ?
Elle est très franche, Neera, mais elle a toujours été ainsi, et elle n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat quand elle l'estime nécessaire.
La femme reprend d'ailleurs la parole en prenant un cas concret.
- Imaginions par exemple que je cherche à embaucher des gens, ce qui n'est pas le cas, avertit-elle, mais ça arrivera bien à jour vu la faible espérance de vie humaine. Qu'est-ce que vous me diriez pour me convaincre ou pour convaincre n'importe quel Républicain ?
Parce qu'il faudra bien qu'il trouve un employeur et qu'il exploite ses talents d'une manière ou d'une autre. Sinon, seul le froid de l'hiver l'attend, et seuls les dieux savent à quel point il peut être terrible et mortel pour les plus démunis.
Invité
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Répondant à toutes mes questions sans broncher, sans une once d'inquiétude ou même d'apriorité me concernant, elle se dévoile peu à peu et m'explique une partie de son parcours, ce pourquoi elle réside ici, sa fonction, et même ses richesses. J'apprécie grandement sa franchise, voilà quelqu'un qui n'a peur de rien et surtout qui ose parler de sa noblesse et de sa notoriété. Je songe à des mendiants étant dans la pauvreté depuis leur enfance et n'ayant jamais pu gagner réellement leur pain quotidien, combien serait prêt à tuer ou détrousser cette gente dame pour du profit ? Dans tous les cas, sa force est démesurée et sa sagesse bien grande, une femme de culture, pleine de grâce et de volupté. Pourtant, je vois là une proie bien trop facile à manipuler, une femme au cœur bien trop grand et trop bon pour déceler les magouilles de ce monde si sombre et sale. Ou bien, joue-t-elle un double jeu ? Les républicains sont généralement faux, affichant un grand sourire par-devant et n'hésites pas à vous poignarder une fois le dos tourné. Cette mégère de grand-mère il y a quelques semaines, me l'a bien fait comprendre. Si Pancrace ne m'avait pas arrêté, je serai très certainement retourné la voir tôt ou tard. Enfin, loin de moi l'idée de faire du mal inutilement. Je n'aime pas faire souffrir pour souffrir, toutefois, je suis un homme ayant des principes qui me sont propres et je n'aime point que l'on me manque de respect. Si cette vieille femme avait connu l'ancien Ashani, elle aurait très certainement agi différemment. Seulement, ici, en République, on juge à l'apparence et à la richesse. D'un côté, je jalouse ces immenses manoirs aux cadres dorés et aux peintures somptueuses, aux couvertures de cuir sur les livres et aux draps de soie. De l'autre, je reste mitigé quant à la manière dont pense les républicains. La plupart sont des sales types et le mensonge devient une vérité, c'est quelque chose que je trouve insipide.
Je fronce légèrement les sourcils et inspecte chaque partie du corps de la dame, notamment son visage, ses gestuelles, ses mimiques. Tout son corps reflète une personnalité débordante d'énergie, un véritable boute-en-train qui semble aimer la vie et cette douceur qui irradie de tout son être. À l'époque, j'aurai tout fait pour la séduire et récupérer ses bijoux, dérobant d'un geste sournois tout ce qui brille. Néanmoins, ce soir, je me laisse happé dans une espèce de rêverie où je m'abandonne pour goûter au plaisir du luxe. De mendiant, je suis passé à noble après un bon bain, un magnifique costume sans oublier la nourriture qui coule à foison. Elle s'accorde à dire qu'elle est une sorte d'anomalie, ce qui ne me déplaît guère au vu des habitants résidant à Liberty. Je suis bien aise d'être tombé sur une dame exceptionnelle. J'acquiesce à ses paroles, ne trouvant pas d'autres mots à ajouter. S'ensuit le départ dans le salon où nous allons prendre un digestif, ce que je ne peux refuser. Je me demande quelle liqueur sera à la portée de mes lèvres ce soir, un vin républicain ou peut-être un alcool plus coriace ? La pièce est idéale pour une entrevue, donnant une vue sur le jardin, bien que plongé dans la pénombre. La lumière de la lune éclaire une partie du paysage sans pour autant être totalement visible. J'aimerais bien pouvoir admirer ce jardin de jour. M'installant confortablement, croisant les jambes et les mains, je regarde d'un œil acéré la femme aux cheveux argentés, son visage tourné vers la hauteur des cieux, admirant cette obscurité.
Soudainement, je hausse un sourcil lorsqu'elle entame la suite de notre précédente conversation. Intrigué, je la laisse parler sans l'interrompre, écoutant avec attention les paroles de l'académicienne. Il est vrai que la République est connue pour ses talents artistiques et savants, comparé au Reike où la force est primordiale, sans compter les techniques de combat et la discipline. Nos mondes sont si différents alors qu'une simple frontière nous sépare. De plus, j'apprends qu'elle est hors du système corrompu, ce qui m'étonne lorsque l'on sait un minimum que chaque ville est régi par un énorme réseau, plus ou moins illégal : drogues, esclaves, animaux, humains, contrebandes et bien d'autres encore. La douce Neera est une biche parmi les chasseurs, le premier qui aura sonné le cor s'acharnera sur la demoiselle. Un étrange sentiment me gagne au fur et à mesure qu'elle me parle, comme si je lui devais quelque chose après toute cette bonté d'âme. Non. Je ne lui dois rien. Elle a fait ce qui lui semble juste, ce qui lui parait tout à fait honnête et quant à moi, je profite de cet instant. Une femme douée de magie, dotée d'une puissance singulière et à l'esprit affûté, bien que trop douce. Elle se fera manger un jour ou l'autre par un de ces salopards de républicains, qui voudront bouffer toute sa richesse et son être. Beaucoup trop de rats parcourt la ville, moi y compris, encore que je suis un type ayant un minimum d'empathie. Je n'ai aucune attache envers cette femme et pourtant, elle m'offre tellement alors que je pourrais tout simplement abuser de sa tendresse et de ses bonnes valeurs. Quelle niaiserie.
Pourtant, quand je croise son regard, je ne saurai décrire ce que je ressens. Un mélange d'agacement, de perplexité et de loyauté. Pourquoi ? Dame Storm est diviniste, intègre, spectatrice d'un monde décadent et désordonné, une femme que beaucoup aimerait s'accaparer. Son ton devient plus ferme quand elle explique que demain, pour moi, il sera l'heure de partir. Comme quoi, je l'ai jugé peut-être un peu trop vite. Neera me pose une question qui me met quelque peu mal à l'aise. Que faire en République ? Des perspectives... d'avenir ? Quant à sa question pour la convaincre un républicain, je me mets à rire d'un coup, gorge déployé. C'est bien la première fois que l'on me parle ainsi, et j'ai tellement de mal à imaginer une scène où je devrai me présenter à quelqu'un pour me vendre en République. Enfin, je reprends mon sérieux, sors du fauteuil et m'approche d'elle tout en lui laissant un certain espace. Il ne faudrait pas qu'elle croit que je l'agresse, ce n'est pas mon but. D'une voix grave, les sourcils froncés, mon regard vert gris aussi perçant que l'oeil d'un félin, je lui fais un sourire montrant ainsi mes dents incisées :
— Pardon d'avoir ri, c'est juste le fait de m'imaginer à vouloir me "vendre" auprès de quelqu'un. Dame Neera, je viens du Reike. Je ne suis que force et discipline. Mon corps entier, bien que les quelques kilos perdus, n'a qu'une seule envie et c'est d'utiliser ma force. J'ai souhaité devenir un mercenaire au sein de la République car, je ne vois là que ma seule utilisé. Qui voudrait d'un drakyn ? Un homme-dragon au teint maladif et à la carrure pitoyable. J'ai perdu toute ma prestance, tout ce que j'étais avant est resté au Reike. Ma vie est un échec. J'ai été emmené il y a environ deux semaines en prison, car j'ai été agressé par une vieille mégère, prétextant que ma vie devrait être au fond d'un caniveau. J'aurai pu la tuer. Je ne l'ai pas fait. Je suis parti, en colère, bien que j'ai saccagé une partie de son mobilier. Elle m'avait demandé de l'aide contre une rémunération, vous savez ce qu'elle m'a donné ? Un os de poulet à donner aux chiens.
Je sens la colère montée en moi, une énergie féroce et cruelle qui émane de tout mon être. Je ferme les yeux quelques secondes, me ressaisis et reparle plus calmement.
— Je n'avais jamais vu un tel manque de respect. Je ne pensais pas que la République était si ... acerbe envers les gens de ma race. Je vais vous dire la vérité, Neera Storm. Elle ne vous fera peut-être pas plaisir, mais vous avez été franc avec moi, alors je vais l'être envers vous. Mon cœur, mon âme n'appartient à nulle part et à personne. Je suis né au Reike, sans connaître ma mère et vivant dans une seule pièce avec une seule fenêtre condamnée. Mon géniteur... Est mort. Je n'irais pas dans les détails. J'ai erré plusieurs mois avant d'arriver à Taisen où j'ai eu une éducation militaire. Il m'a fallu apprendre à lire, à compter, à connaître des stratégies militaires. Je pensais devenir un homme au service du pays et puis, je suis tombé sur un type louche qui m'a montré des choses que je n'aurai jamais imaginées. De l'or. Des bijoux. A foison. J'ai appris également l'art et la manière de parler, je suis un homme amoureux des livres et du théâtre. Cet art m'aura servi longtemps. Embrigadé dans cet étrange système, je pus mettre un pied dans un réseau qui me dépassait. Et un jour, j'ai décidé de voler aux voleurs. Vous voyez l'histoire que je vous ai contée avant d'arriver chez vous ? Celle de l'homme-renard ? Je ne l'ai pas terminée, car techniquement, à la fin, l'homme-renard meurt. Je pense que je suis mort lorsque je suis parti du Reike également. En venant ici, je comptais devenir quelqu'un d'autre et puis... Le monde est mauvais, tout le monde le sait.
Une pause.
— Pour répondre à vos questions, je cherche simplement à vivre décemment dans un premier temps. J'envisage de mettre ma force et mon intelligence au service de quelqu'un, je pensais que devenir un mercenaire serait une tâche plutôt facile et faisable, mais, le Reike et la République sont réellement trop différents et je manque de connaissances. Et bien que j'aime l'art et la lecture, je ne me vois pas entrer dans un groupuscule de gens prétentieux et raciste envers un Drakyn. Sachez que je reste un homme ayant un minimum de principe. Alors, peut-être n'ai-je pas répondu à votre question sur le fait de pouvoir convaincre quelqu'un, car je n'ai rien à convaincre, Neera.
Je ne suis qu'une bête
Noble de La République
Neera Storm
Messages : 568
crédits : 774
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Info personnage
Race: Demi-titan
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Chaotique bon
Rang: B
Ils sont désormais dans son salon. L’une est debout, à contempler son jardin illuminé par la lune, l’autre est assis mais l’écoute d’une oreille attentive. Il faut dire que c’est dans son intérêt, son avenir immédiat en dépend quelque peu. Puis, Neera ne prend pas forcément de gant avec le Drakyn : elle dit les choses telles qu’elle les pense, sans forcément mettre de beaucoup de filtres dans son discours. Elle ne se soucie pas que cela lui déplaise. La demi-titan tient souvent à dire ce qu’elle pense de toute façon. Oh, parfois, elle a bien un côté diplomate et prudent, mais cela vaut surtout lors des cérémonies officielles, où elle côtoie davantage le monde politique. Ici, nous sommes très loin de ce milieu faux et sournois. Après tout, elle a sauvé un mendiant de la crasse et de la misère, et mine de rien, cela vaut bien quelques explications.
Cela étant dit, la magicienne pose également quelques questions à Ashani, et contre toute-attente, ce dernier se met à rire à gorge déployée quand elle finit de l’interroger. La Tornade hausse un sourcil, car elle ne voit pas ce qu’elle a dit de drôle, mais elle le laisse faire et le regarde se lever. La belle ne bouge pas quand il se rapproche de l’enseignante, mais Ashani ne cherche pas à envahir son espace, puisqu’il s’arrête à une distance respectable. Par contre, il sourit, un sourire qui montre toutes ses dents acérées, et la jeune femme l’observe de ses prunelles translucides. Elle n’a pas peur, mais elle attend qu’il réponde, et il finit par prendre la parole.
C’est là qu’elle la découvre, cette fierté reikoise endormie dans chaque sujet de l’Empire. Ce n’est pas une exclusivité propre aux citoyens du désert, non. La République aussi a son propre orgueil, sa propre arrogance, et elle est particulièrement douée pour le montrer à ses voisins ainsi qu’aux migrants qu’elle accueille. Mais là où règne la magie et la délicatesse, l’art et la finesse, au Reike règne l’ordre et la discipline ainsi que qu'une profonde détermination. Peut-être est-ce pour cela que l’homme-dragon a su survivre si longtemps. Parce qu’il ne voulait pas mourir mais trouver sa juste place dans ce monde.
L’exilé a bien tenté d’être mercenaire, apparemment. Quelle autre voie pouvait s’ouvrir à lui ? Puisqu’il est né dans un pays militaire, il avait toute ses chances dans ce milieu. Mais la carrure et la prestance de chacun diminuent vite quand on endure la faim, le froid, et la pauvreté. Il a tenté sa chance, oui, mais le malheur l’a visiblement trop vite frappé, car le guerrier n'arrive à réaliser des missions qui lui permettent d’assurer sa subsistance. Neera le regard d’un air profond quand il lui déclare que sa vie est un échec, mais elle ne l’interrompt pas. Pas encore. Pas même lorsqu’il lui déclare qu’une vieille mégère lui a donné un os pour chien comme toute récompense. Un sourire méprisant vient bien orner brièvement ses lèvres, mais la demi-titan ne parle pas, elle préfère ne pas le couper dans son élan. Ashani est franc, et elle préfère qu’il en aille ainsi plutôt qu’elle ne le coupe et qu’il ne se renferme dans un mutisme prudent, mais ô combien dangereux.
Elle n’est pas surprise quand il lui déclare qu’il n’a jamais vu un tel manque de respect. La différence entre elle et lui, c’est que Neera aurait les moyens, et la puissance, pour faire regretter à cette dame cet affront. Mais Ashani, lui, ne possède rien et doit tout attendre des autres. C’est une réalité bien désagréable, d’autant qu’il n’a pas de famille. Il a au moins eu la chance de recevoir une certaine éducation, et la professeure universitaire apprécie qu’il aime l’art, le théâtre, les livres. C’est un point commun entre les deux protagonistes. Quant au fait qu’il se soit embrigadé dans un système qui le dépasse… Que peut-elle lui dire ? C’est toujours dangereux de se lier à la pègre. La sang-mêlée a toujours été réticente à entrer dans ce monde-là, et n’essaiera sans doute jamais de se lier à quelqu’un de l’ombre. Ashani, lui, n’a pas fait le même choix, puisqu’apparemment, il est entré dans ce réseau avant de s’attaquer à plus grand que soi et de voler les escrocs eux-mêmes. Ca aurait mérité des félicitations s’il avait réussi son coup, d’ailleurs.
Quand le Reikois finit son discours, quand il lui déclare qu’il ne souhaite pas s’embrigader dans un groupe prétentieux et raciste envers un Drakyn, quand il lui dit enfin qu’il n’a personne à convaincre, la magicienne ne dit rien dans un premier temps. Neera se tait, son silence est même un peu long alors qu’elle réfléchit en étant absordée par le liquide qui tourbillonne dans son verre. Mais elle vient d’avoir une idée, et quelque chose lui dit qu’Ashani va adorer, que Albus va s’étrangler, et que le résultat sera très plaisant à regarder.
- Eh bien, Ashani. Il y a à la fois peu et beaucoup de choses à dire. Connaissez-vous le dicton « œil pour œil, dent pour dent » ?
Elle le laisse éventuellement réagir, mais sa question n’attend pas spécialement de réponse et elle continue.
- Il y a parfois des moyens de retourner une situation à son avantage, ou de changer un mauvais souvenir en quelque chose de très agréable. Tout dépend de comment on tourne les choses.
Cette fois, elle détourne son attention de son verre, et elle continue, un sourire doux, mais pas moins sournois sur ses lèvres.
- Je vous ai dit que je n’aimais pas ces gens qui se croyaient tout-permis, simplement parce qu’ils sont riches et qu’ils sont nés en République ? Eh bien, j’ai une proposition à vous faire. On va s’amuser un peu.
La dame vient déposer son verre sur une petite table en bois, et la lune, temporairement cachée par un nuage, vient poser ses rayons sur le salon alors qu’elle s’assied sur l’un de ses fauteuils de velours.
- Albus me répète depuis ma naissance ou presque qu’un mage ne doit jamais être arrogant, et blablabla, pour ne pas se faire surprendre par quelqu’un de plus fort que soi un jour. Il sait que je suis puissante, mais il a un côté un protecteur, voyez-vous. Il faut dire que nous sommes les deux seuls membres restants de ma famille d’alors.
Sa voix s’est un instant teintée de nostalgie face à cette vérité. Albus était déjà là quand elle était venue au monde. L’élémentaire avait toujours été un serviteur, mais il avait toujours été loyal aux Storm, si bien que la demi-titan le considérait comme un membre de sa famille, désormais. Trop de temps avait passé pour qu’elle le considère comme un simple domestique.
- Il est sage, mais très prudent, et il considère que je suis trop… Comment le dire gentiment ? Trop dans les nuages ? Trop au-dessus des ambitions humaines ? En tout cas, il déplore que je ne prête pas plus attentions aux sournoiseries et aux coups-bas de la République. Il doit craindre que je ne fasse avoir un jour ou que, si je cède et que j’ai définitivement un rôle dans la politique républicaine, je ne fasse manger toute crue.
La femme pince des lèvres, parce qu’elle n’aime pas trop établir ce diagnostic, mais elle poursuit.
- Il est certain que je ne connais rien aux mystères des bas-fonds, que je déteste les magouilles dans les coulisses, que je n’aime pas les gens à l’ambition égoïste et dévorante. Mais les plus dangereux se cachent toujours sous un masque amical et poli, c’est bien connu. Certains d’entre eux sont peut-être même mes amis.
Neera reprend son verre et va s’asseoir dans un de ses fauteuils. Elle croise les genoux, puis regarde Ashani qui s’est certainement tournée vers elle.
- Vous Ashani, vous avez connu la crasse, la misère, vous avez vu la sournoiserie d’une mégère, mais vous avez également cotoyé des gens… peu recommandables si j’en crois ce que vous venez de me dire. Vous savez ce que ça veut dire, d’évoluer dans un réseau. Vous savez également évaluer les gens, je présume. Et vous aimez les arts, les livres, le théâtre ainsi que vivre dans un certain luxe, si je vous comprends bien. Je dois admettre que ça nous fait un point commun. Là où nous différons, c’est votre lien avec la pègre. Ce sont des tigres qui agissent en coulisse, mais qui n'ont pas crainte de leurs crimes. Moi, je vis parmi d’autres lions, qui n’en sont pas moins puissants, mais qui vivent tout simplement au grand jour.
Une pause, puis l’élémentaliste reprend.
- Vous cherchez à vous installer en République et à avoir une nouvelle vie. Eh bien, dans ce cas, soyez mes yeux. Entrez à mon service et apprenez-moi à voir l’envers du décor parmi ceux qui me côtoient. Je suppose que ça ne me fera pas de mal que d’être au courant des magouilles des uns et des autres, même si je préférerais l’éviter.
Elle se tait un instant pour le laisser digérer ses paroles, puis elle continue.
- Sous ma protection, vous vivrez au milieu de la richesse et dans un certain luxe. Je suppose que ça vous rappellera un peu votre vie au Reike. Je suis une amatrice des arts, je suppose que vous en serez donc ravi, et si vous savez en plus avoir l’éloquence et la bienséance due par la haute société, ça m’arrange. Vous pourrez toujours m'accompagner lors de cette festivité. Comme une escorte, peut-être. Ou un conseiller ? Peu m'importe, en vérité.
Un sourire, cette fois un peu plus mauvais, apparaît sur son visage.
- Et puis, je connais beaucoup de nobles dans la République, qui me doivent le respect, vu mon statut et ma puissance. Vous pourriez facilement voir à travers leurs masques. Et si vous me dites le nom de cette mégère ou que vous me montrez le chemin jusqu'à sa maison… Je suis sûre qu’on pourrait lui passer un petit bonjour à l’occasion. Histoire qu’elle s’étrangle en vous voyant à mon service et devant vous montrer le respect qui vous est dû.
Cela étant dit, la magicienne pose également quelques questions à Ashani, et contre toute-attente, ce dernier se met à rire à gorge déployée quand elle finit de l’interroger. La Tornade hausse un sourcil, car elle ne voit pas ce qu’elle a dit de drôle, mais elle le laisse faire et le regarde se lever. La belle ne bouge pas quand il se rapproche de l’enseignante, mais Ashani ne cherche pas à envahir son espace, puisqu’il s’arrête à une distance respectable. Par contre, il sourit, un sourire qui montre toutes ses dents acérées, et la jeune femme l’observe de ses prunelles translucides. Elle n’a pas peur, mais elle attend qu’il réponde, et il finit par prendre la parole.
C’est là qu’elle la découvre, cette fierté reikoise endormie dans chaque sujet de l’Empire. Ce n’est pas une exclusivité propre aux citoyens du désert, non. La République aussi a son propre orgueil, sa propre arrogance, et elle est particulièrement douée pour le montrer à ses voisins ainsi qu’aux migrants qu’elle accueille. Mais là où règne la magie et la délicatesse, l’art et la finesse, au Reike règne l’ordre et la discipline ainsi que qu'une profonde détermination. Peut-être est-ce pour cela que l’homme-dragon a su survivre si longtemps. Parce qu’il ne voulait pas mourir mais trouver sa juste place dans ce monde.
L’exilé a bien tenté d’être mercenaire, apparemment. Quelle autre voie pouvait s’ouvrir à lui ? Puisqu’il est né dans un pays militaire, il avait toute ses chances dans ce milieu. Mais la carrure et la prestance de chacun diminuent vite quand on endure la faim, le froid, et la pauvreté. Il a tenté sa chance, oui, mais le malheur l’a visiblement trop vite frappé, car le guerrier n'arrive à réaliser des missions qui lui permettent d’assurer sa subsistance. Neera le regard d’un air profond quand il lui déclare que sa vie est un échec, mais elle ne l’interrompt pas. Pas encore. Pas même lorsqu’il lui déclare qu’une vieille mégère lui a donné un os pour chien comme toute récompense. Un sourire méprisant vient bien orner brièvement ses lèvres, mais la demi-titan ne parle pas, elle préfère ne pas le couper dans son élan. Ashani est franc, et elle préfère qu’il en aille ainsi plutôt qu’elle ne le coupe et qu’il ne se renferme dans un mutisme prudent, mais ô combien dangereux.
Elle n’est pas surprise quand il lui déclare qu’il n’a jamais vu un tel manque de respect. La différence entre elle et lui, c’est que Neera aurait les moyens, et la puissance, pour faire regretter à cette dame cet affront. Mais Ashani, lui, ne possède rien et doit tout attendre des autres. C’est une réalité bien désagréable, d’autant qu’il n’a pas de famille. Il a au moins eu la chance de recevoir une certaine éducation, et la professeure universitaire apprécie qu’il aime l’art, le théâtre, les livres. C’est un point commun entre les deux protagonistes. Quant au fait qu’il se soit embrigadé dans un système qui le dépasse… Que peut-elle lui dire ? C’est toujours dangereux de se lier à la pègre. La sang-mêlée a toujours été réticente à entrer dans ce monde-là, et n’essaiera sans doute jamais de se lier à quelqu’un de l’ombre. Ashani, lui, n’a pas fait le même choix, puisqu’apparemment, il est entré dans ce réseau avant de s’attaquer à plus grand que soi et de voler les escrocs eux-mêmes. Ca aurait mérité des félicitations s’il avait réussi son coup, d’ailleurs.
Quand le Reikois finit son discours, quand il lui déclare qu’il ne souhaite pas s’embrigader dans un groupe prétentieux et raciste envers un Drakyn, quand il lui dit enfin qu’il n’a personne à convaincre, la magicienne ne dit rien dans un premier temps. Neera se tait, son silence est même un peu long alors qu’elle réfléchit en étant absordée par le liquide qui tourbillonne dans son verre. Mais elle vient d’avoir une idée, et quelque chose lui dit qu’Ashani va adorer, que Albus va s’étrangler, et que le résultat sera très plaisant à regarder.
- Eh bien, Ashani. Il y a à la fois peu et beaucoup de choses à dire. Connaissez-vous le dicton « œil pour œil, dent pour dent » ?
Elle le laisse éventuellement réagir, mais sa question n’attend pas spécialement de réponse et elle continue.
- Il y a parfois des moyens de retourner une situation à son avantage, ou de changer un mauvais souvenir en quelque chose de très agréable. Tout dépend de comment on tourne les choses.
Cette fois, elle détourne son attention de son verre, et elle continue, un sourire doux, mais pas moins sournois sur ses lèvres.
- Je vous ai dit que je n’aimais pas ces gens qui se croyaient tout-permis, simplement parce qu’ils sont riches et qu’ils sont nés en République ? Eh bien, j’ai une proposition à vous faire. On va s’amuser un peu.
La dame vient déposer son verre sur une petite table en bois, et la lune, temporairement cachée par un nuage, vient poser ses rayons sur le salon alors qu’elle s’assied sur l’un de ses fauteuils de velours.
- Albus me répète depuis ma naissance ou presque qu’un mage ne doit jamais être arrogant, et blablabla, pour ne pas se faire surprendre par quelqu’un de plus fort que soi un jour. Il sait que je suis puissante, mais il a un côté un protecteur, voyez-vous. Il faut dire que nous sommes les deux seuls membres restants de ma famille d’alors.
Sa voix s’est un instant teintée de nostalgie face à cette vérité. Albus était déjà là quand elle était venue au monde. L’élémentaire avait toujours été un serviteur, mais il avait toujours été loyal aux Storm, si bien que la demi-titan le considérait comme un membre de sa famille, désormais. Trop de temps avait passé pour qu’elle le considère comme un simple domestique.
- Il est sage, mais très prudent, et il considère que je suis trop… Comment le dire gentiment ? Trop dans les nuages ? Trop au-dessus des ambitions humaines ? En tout cas, il déplore que je ne prête pas plus attentions aux sournoiseries et aux coups-bas de la République. Il doit craindre que je ne fasse avoir un jour ou que, si je cède et que j’ai définitivement un rôle dans la politique républicaine, je ne fasse manger toute crue.
La femme pince des lèvres, parce qu’elle n’aime pas trop établir ce diagnostic, mais elle poursuit.
- Il est certain que je ne connais rien aux mystères des bas-fonds, que je déteste les magouilles dans les coulisses, que je n’aime pas les gens à l’ambition égoïste et dévorante. Mais les plus dangereux se cachent toujours sous un masque amical et poli, c’est bien connu. Certains d’entre eux sont peut-être même mes amis.
Neera reprend son verre et va s’asseoir dans un de ses fauteuils. Elle croise les genoux, puis regarde Ashani qui s’est certainement tournée vers elle.
- Vous Ashani, vous avez connu la crasse, la misère, vous avez vu la sournoiserie d’une mégère, mais vous avez également cotoyé des gens… peu recommandables si j’en crois ce que vous venez de me dire. Vous savez ce que ça veut dire, d’évoluer dans un réseau. Vous savez également évaluer les gens, je présume. Et vous aimez les arts, les livres, le théâtre ainsi que vivre dans un certain luxe, si je vous comprends bien. Je dois admettre que ça nous fait un point commun. Là où nous différons, c’est votre lien avec la pègre. Ce sont des tigres qui agissent en coulisse, mais qui n'ont pas crainte de leurs crimes. Moi, je vis parmi d’autres lions, qui n’en sont pas moins puissants, mais qui vivent tout simplement au grand jour.
Une pause, puis l’élémentaliste reprend.
- Vous cherchez à vous installer en République et à avoir une nouvelle vie. Eh bien, dans ce cas, soyez mes yeux. Entrez à mon service et apprenez-moi à voir l’envers du décor parmi ceux qui me côtoient. Je suppose que ça ne me fera pas de mal que d’être au courant des magouilles des uns et des autres, même si je préférerais l’éviter.
Elle se tait un instant pour le laisser digérer ses paroles, puis elle continue.
- Sous ma protection, vous vivrez au milieu de la richesse et dans un certain luxe. Je suppose que ça vous rappellera un peu votre vie au Reike. Je suis une amatrice des arts, je suppose que vous en serez donc ravi, et si vous savez en plus avoir l’éloquence et la bienséance due par la haute société, ça m’arrange. Vous pourrez toujours m'accompagner lors de cette festivité. Comme une escorte, peut-être. Ou un conseiller ? Peu m'importe, en vérité.
Un sourire, cette fois un peu plus mauvais, apparaît sur son visage.
- Et puis, je connais beaucoup de nobles dans la République, qui me doivent le respect, vu mon statut et ma puissance. Vous pourriez facilement voir à travers leurs masques. Et si vous me dites le nom de cette mégère ou que vous me montrez le chemin jusqu'à sa maison… Je suis sûre qu’on pourrait lui passer un petit bonjour à l’occasion. Histoire qu’elle s’étrangle en vous voyant à mon service et devant vous montrer le respect qui vous est dû.
Invité
Invité
— Je connais ce dicton.
La voix de la tornade ne s'arrête plus, tel un torrent, elle déverse un flux de paroles qui n'en finit plus. Je reste de marbre sur ses intentions, ne sachant pas sur quel pied danser avec cette femme. À la fois innocente et coriace, l'académicienne semble touchée par mon histoire et me tend une proposition. Neera semble détester tout autant que moi, la manière de vivre des républicains. Surtout ceux ayant trop de prestance et qui se croient au-dessus de tous. Tandis qu'elle dépose son verre et s'assit avec élégance dans un des fauteuils, elle m'explique ce qu'Albus redoute. Ce qui est intéressant avec cette femme, c'est qu'elle se dévoile comme un véritable journal intime, me laissant connaître ses failles sans même se douter que je puisse être le pire des scélérats. Lorsqu'elle évoque me vouloir à son service, mes yeux s'écarquillent et mon visage dénote une certaine confusion.
— Dame Storm, je suis ... Confus. Réellement.
La beauté aux cheveux d'argent s'accorde à dire qu'elle a besoin de découvrir ce qu'il se trame au-delà de ce qu'elle voit, car a priori, je pourrais être un élément dans sa quête de connaissance au sein de la République. Elle m'offrirait ainsi une partie de ce que je souhaite, sans avoir l'affluence, au moins pouvoir vivre décemment avec l'impression de retrouver le plaisir coupable du luxe. Avant d'être un mendiant, j'étais un drakyn du Reike ayant des contacts au sein de la pègre reikoise, je vivais dans le mensonge et la tromperie, usant d'un charisme auprès de ces dames pour récupérer bijoux et merveilles. Pourtant, lorsque je regarde Neera, je n'arrive pas à savoir ce que je veux. D'un côté, je profiterais de ces instants aussi doux qu'un rêve et de l'autre, ma fierté d'homme dragon me dit que ce n'est pas une solution. Je dépendrais de cette femme, je deviendrais ses yeux et ses oreilles en échange d'une vie prospère. Elle me propose même d'aller rendre visite à cette vieille mégère qui m'a humilié, souhaitant lui faire ravaler sa fierté. Je souris à cette remarque.
— Vous vous méprenez sur mon compte. Vous vous livrez à moi comme un livre ouvert.
Je m'approche d'elle, d'un pas presque tendu. Je pose mes deux mains sur chaque accoudoir du fauteuil et me mets à son niveau, mes yeux verts rayonnants d'une malice mauvaise.
— Vous êtes si jeune. Votre âme est trop bonne. Vous devriez apprendre à vous taire si vous ne voulez pas que quelqu'un abuse de vous, et de vos paroles. Je vous écoute, Neera, attentivement. J'entends très bien ce que vous dîtes, seulement réfléchissez-y bien. Vous êtes peut-être la seule âme aussi douce dans toute cette République, ne vous faites pas avoir, ne vous faites pas manipuler par de sombres desseins. Sachez vous mettre en avant, mais pas de cette façon, vous valez plus que ça.
Mon ton est bas, je dévore le visage à la peau mate de celle qui m'offre son toit. Son regard blanchâtre s'imprègne dans mon esprit, je sens qu'elle et moi aurions bien des choses à nous dire, à échanger pendant des heures sur des débats. Depuis combien de temps n'ai-je pas profité de ce genre d'instant. Je prends le verre des mains de la belle et le bois délicatement avant de le reposer sur la petite table en bois. Cette liqueur me laisse un goût exquis bien qu'amer au fin fond de ma gorge, je n'avais pas bu de telle mixture depuis fort longtemps. Je me redresse fièrement et m'installe en face d'elle sur un autre fauteuil. Nous avons une bonne partie de la nuit devant nous et avant toute chose, il est impératif que nous discutions de tout cela.
— Je dois vous avouer que votre offre m'intéresse. Si je suis à votre service, il vous faudra me faire un contrat. Si vous me considérez comme un garde du corps, je pourrais vous protéger des hommes et des femmes louches de cette ville. Je devrai jouer une espèce de double jeu, si vous souhaitez réellement découvrir ce qu'il se passe dans les bas-fonds de cette ville. Parlons des clauses alors, qui seront confidentielles, je présume. Ce sera entre vous et moi. Soyez sans crainte Neera, je ne serai pas celui qui viendra vous dépouiller ou vous tuer dans votre sommeil. Sachez toutefois que certains en seraient capables.
Je n'ai pas envie de l'effrayer, ni de la mettre mal à l'aise. J'ose la confronter à ses idées saugrenues, bien qu'elles ne me déplaisent pas.
— Je reste tout de même assez confus sur votre demande. Aucune personne raisonnée n'aurait eu l'audace de vouloir s'occuper d'un mendiant, d'autant que vous me proposez de travailler pour vous. Je pose une main sur ma tempe, le coude contre l'accoudoir et réfléchis. Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre, dame Storm ?
Un silence.
— Vous m'autorisez à me servir un autre verre ?
Je m'empare d'un autre verre et du sien et nous sers à tous les deux la liqueur de couleur vermeil, puis lui amène avant de trinquer ensemble.
— Vous parliez de perle rare. Vous êtes ce bijou, Neera.
Je la contemple, bien plus que toutes les drakyns que j'ai pu rencontrer dans ma jeunesse ou même toutes celles qui n'avaient qu'un intérêt artificiel. Pourtant, pour la première fois de ma vie, mon corps me sonne une alarme. Est-elle dangereuse ? Ou bien peut-être joue-t-elle également à un jeu ? Pourquoi je n'arrive pas à faire confiance, pourquoi suis-je sans cesse dans le doute alors que celle-ci me livre son parcours sans utiliser aucun filtre. Je suis subjugué, sans voix et en même temps, j'ai envie de crier de joie. Mes yeux plongent dans le vin, je ressasse des souvenirs sur mon passé et me demande ce qu'allait être mon avenir. Et si je laissais le sort choisir ? Et pourquoi pas, après tout, me laisser embarquer près de cette femme ? Va-t-elle me mettre des chaînes autour du cou ? De toute manière, tout sera écrit. Je bois une longue gorgée, comme si je souhaitais ne plus me souvenir de ce passé et devenir un autre homme. Je regarde par la fenêtre les rayons lunaires qui baignent la pièce et déclare :
— Je ne suis pas un homme bien. Neera. Je n'ai pas envie de vous précipiter dans la déchéance humaine, ou que quelqu'un remonte jusqu'à vous si j'arrive à rentrer dans le réseau de la République. Je ne suis rien, tandis que vous êtes quelqu'un.
Mon regard se tourne vers elle, la lumière de la lune baigne mon dos tandis que je lui fais de l'ombre.
— Mon passé finira par me rattraper tôt ou tard. Je ne suis qu'obscurité. Tout ceux qui m'ont humilié finiront par le payer, mais ce n'est pas en m'accompagnant que cela arrangera quoi que ce soit. Ce genre de chose, je préfère m'en occuper par moi-même. Je reste un homme, j'ai ma fierté. Cependant, je dois avouer que je suis joueur.
Soudain, on frappa à la porte, Albus entre après que Neera lui ait accordé l'autorisation d'entrer. Il s'inclina légèrement et me toisa du regard avant de déclarer à la magicienne d'un ton neutre :
— Ma Dame, voulez-vous que je prépare une chambre pour monsieur ce soir ?
La voix de la tornade ne s'arrête plus, tel un torrent, elle déverse un flux de paroles qui n'en finit plus. Je reste de marbre sur ses intentions, ne sachant pas sur quel pied danser avec cette femme. À la fois innocente et coriace, l'académicienne semble touchée par mon histoire et me tend une proposition. Neera semble détester tout autant que moi, la manière de vivre des républicains. Surtout ceux ayant trop de prestance et qui se croient au-dessus de tous. Tandis qu'elle dépose son verre et s'assit avec élégance dans un des fauteuils, elle m'explique ce qu'Albus redoute. Ce qui est intéressant avec cette femme, c'est qu'elle se dévoile comme un véritable journal intime, me laissant connaître ses failles sans même se douter que je puisse être le pire des scélérats. Lorsqu'elle évoque me vouloir à son service, mes yeux s'écarquillent et mon visage dénote une certaine confusion.
— Dame Storm, je suis ... Confus. Réellement.
La beauté aux cheveux d'argent s'accorde à dire qu'elle a besoin de découvrir ce qu'il se trame au-delà de ce qu'elle voit, car a priori, je pourrais être un élément dans sa quête de connaissance au sein de la République. Elle m'offrirait ainsi une partie de ce que je souhaite, sans avoir l'affluence, au moins pouvoir vivre décemment avec l'impression de retrouver le plaisir coupable du luxe. Avant d'être un mendiant, j'étais un drakyn du Reike ayant des contacts au sein de la pègre reikoise, je vivais dans le mensonge et la tromperie, usant d'un charisme auprès de ces dames pour récupérer bijoux et merveilles. Pourtant, lorsque je regarde Neera, je n'arrive pas à savoir ce que je veux. D'un côté, je profiterais de ces instants aussi doux qu'un rêve et de l'autre, ma fierté d'homme dragon me dit que ce n'est pas une solution. Je dépendrais de cette femme, je deviendrais ses yeux et ses oreilles en échange d'une vie prospère. Elle me propose même d'aller rendre visite à cette vieille mégère qui m'a humilié, souhaitant lui faire ravaler sa fierté. Je souris à cette remarque.
— Vous vous méprenez sur mon compte. Vous vous livrez à moi comme un livre ouvert.
Je m'approche d'elle, d'un pas presque tendu. Je pose mes deux mains sur chaque accoudoir du fauteuil et me mets à son niveau, mes yeux verts rayonnants d'une malice mauvaise.
— Vous êtes si jeune. Votre âme est trop bonne. Vous devriez apprendre à vous taire si vous ne voulez pas que quelqu'un abuse de vous, et de vos paroles. Je vous écoute, Neera, attentivement. J'entends très bien ce que vous dîtes, seulement réfléchissez-y bien. Vous êtes peut-être la seule âme aussi douce dans toute cette République, ne vous faites pas avoir, ne vous faites pas manipuler par de sombres desseins. Sachez vous mettre en avant, mais pas de cette façon, vous valez plus que ça.
Mon ton est bas, je dévore le visage à la peau mate de celle qui m'offre son toit. Son regard blanchâtre s'imprègne dans mon esprit, je sens qu'elle et moi aurions bien des choses à nous dire, à échanger pendant des heures sur des débats. Depuis combien de temps n'ai-je pas profité de ce genre d'instant. Je prends le verre des mains de la belle et le bois délicatement avant de le reposer sur la petite table en bois. Cette liqueur me laisse un goût exquis bien qu'amer au fin fond de ma gorge, je n'avais pas bu de telle mixture depuis fort longtemps. Je me redresse fièrement et m'installe en face d'elle sur un autre fauteuil. Nous avons une bonne partie de la nuit devant nous et avant toute chose, il est impératif que nous discutions de tout cela.
— Je dois vous avouer que votre offre m'intéresse. Si je suis à votre service, il vous faudra me faire un contrat. Si vous me considérez comme un garde du corps, je pourrais vous protéger des hommes et des femmes louches de cette ville. Je devrai jouer une espèce de double jeu, si vous souhaitez réellement découvrir ce qu'il se passe dans les bas-fonds de cette ville. Parlons des clauses alors, qui seront confidentielles, je présume. Ce sera entre vous et moi. Soyez sans crainte Neera, je ne serai pas celui qui viendra vous dépouiller ou vous tuer dans votre sommeil. Sachez toutefois que certains en seraient capables.
Je n'ai pas envie de l'effrayer, ni de la mettre mal à l'aise. J'ose la confronter à ses idées saugrenues, bien qu'elles ne me déplaisent pas.
— Je reste tout de même assez confus sur votre demande. Aucune personne raisonnée n'aurait eu l'audace de vouloir s'occuper d'un mendiant, d'autant que vous me proposez de travailler pour vous. Je pose une main sur ma tempe, le coude contre l'accoudoir et réfléchis. Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre, dame Storm ?
Un silence.
— Vous m'autorisez à me servir un autre verre ?
Je m'empare d'un autre verre et du sien et nous sers à tous les deux la liqueur de couleur vermeil, puis lui amène avant de trinquer ensemble.
— Vous parliez de perle rare. Vous êtes ce bijou, Neera.
Je la contemple, bien plus que toutes les drakyns que j'ai pu rencontrer dans ma jeunesse ou même toutes celles qui n'avaient qu'un intérêt artificiel. Pourtant, pour la première fois de ma vie, mon corps me sonne une alarme. Est-elle dangereuse ? Ou bien peut-être joue-t-elle également à un jeu ? Pourquoi je n'arrive pas à faire confiance, pourquoi suis-je sans cesse dans le doute alors que celle-ci me livre son parcours sans utiliser aucun filtre. Je suis subjugué, sans voix et en même temps, j'ai envie de crier de joie. Mes yeux plongent dans le vin, je ressasse des souvenirs sur mon passé et me demande ce qu'allait être mon avenir. Et si je laissais le sort choisir ? Et pourquoi pas, après tout, me laisser embarquer près de cette femme ? Va-t-elle me mettre des chaînes autour du cou ? De toute manière, tout sera écrit. Je bois une longue gorgée, comme si je souhaitais ne plus me souvenir de ce passé et devenir un autre homme. Je regarde par la fenêtre les rayons lunaires qui baignent la pièce et déclare :
— Je ne suis pas un homme bien. Neera. Je n'ai pas envie de vous précipiter dans la déchéance humaine, ou que quelqu'un remonte jusqu'à vous si j'arrive à rentrer dans le réseau de la République. Je ne suis rien, tandis que vous êtes quelqu'un.
Mon regard se tourne vers elle, la lumière de la lune baigne mon dos tandis que je lui fais de l'ombre.
— Mon passé finira par me rattraper tôt ou tard. Je ne suis qu'obscurité. Tout ceux qui m'ont humilié finiront par le payer, mais ce n'est pas en m'accompagnant que cela arrangera quoi que ce soit. Ce genre de chose, je préfère m'en occuper par moi-même. Je reste un homme, j'ai ma fierté. Cependant, je dois avouer que je suis joueur.
Soudain, on frappa à la porte, Albus entre après que Neera lui ait accordé l'autorisation d'entrer. Il s'inclina légèrement et me toisa du regard avant de déclarer à la magicienne d'un ton neutre :
— Ma Dame, voulez-vous que je prépare une chambre pour monsieur ce soir ?
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