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    Deydreus Fictilem
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  • Dim 26 Fév - 13:07
    Marchant doucement dans l'obscurité nocturne, Deydreus laissait ses yeux vairons glisser sur les bords du campement. Trois feux, installés de part et d'autres du lieu de repos des guerriers afin de prévenir tout assaut contre eux. Pourtant, le sombre chevalier n'était pas particulièrement serein. A mesure qu'ils avaient progressé, il avait senti cet étrange nœud se resserrer sur leur gorge. Ils avaient depuis longtemps troqués le sable contre le soufre et tandis que l'odeur d'œuf pourri flottait dans l'air, ils se trouvaient à présent sur le territoire de leurs adversaires. La question n'était plus de savoir s'ils allaient de nouveau subir un assaut mais quand. S'arrêtant quelques instants afin d'observer les mercenaires, le vétéran constata avec lassitude que ces derniers se vautraient soit dans le sommeil soit dans quelques jeux d'argents miteux. Ils se pensaient à l'abri, uniquement à cause du fait que les Serres et les Dévoreurs montaient la garde. En vérité, Deydreus ne comptait que trois ou quatre hommes parmi les mercenaires qui valaient un peu le coup de s'y intéresser. Kahl était l'une de ces personnes. En parlant de l'Oni, le guerrier préféra le laisser seul à ses pensées. Il ne valait mieux pas revenir le voir pour discuter, car l'égo blessé était souvent une piètre compagne de discussion. A vrai dire, Deydreus estimait qu'il faudrait attendre probablement un nouveau combat pour que le géant bleu calme ses sombres pensées et redevienne "amical". Ou, tout du moins, qu'il ne soit pas rongé par son propre échec.

    Quittant ses pensées alors qu'il arrivait à la limite du campement, Deydreus soupira doucement avant de regarder au loin. Dans la nuit, ses yeux hétérochromes scrutaient la moindre forme, le moindre mouvement, avec la même aisance qu'en plein jour mais... Malgré tout, il n'aperçut aucune ombre prête à se jeter sur lui ou sur ses hommes. Alors le guerrier se retourna et quitta sa position pour se diriger vers sa tente, seulement arrêté dans sa progression par le chef des mercenaires. Grognon et l'air grave, ce dernier se planta devant le dirigeant des Serres comme un enfant qui venait de se faire disputer et voulait rejeter la faute sur son grand frère.

    - Au final, vous nous avez tout de même fait monter le camp.
    - Je souhaitais continuer afin de ne pas perdre de temps et de risquer de perdre les traces des fuyards. Avec le vent, le soufre, et la nuit tombante, il était inutile de poursuivre notre route. De quoi vous plaignez vous au juste?
    - Nous aurions pu directement nous reposer, ainsi on aurait pas eu à amputer la jambe de Nicolas et...
    - Et je m'en moque. Si vos hommes avaient été plus vifs, plus précis, ils n'auraient pas été atteints par ces créatures. Nous ne pouvions savoir que les pistes aperçues ne menaient à rien. Ne rejetez pas votre faiblesse sur nous.
    - Votre ton est insupportable.
    - Tant mieux. Utilisez votre colère contre moi pour faire de vos hommes de meilleurs combattants.

    Il termina sa phrase en dégageant le corps du mercenaire sur le côté. De toutes les choses qui occupaient l'esprit du sombre chevalier, les plaintes inutiles d'un homme empoté et incapable de diriger ses troupes étaient de piètre importance. De plus, son discours avait un but. S'il restait de l'amour propre chez la lame à louer, alors il ferait en sorte d'effectivement mieux gérer ses camarades. Car, au delà de leur technique médiocre, ces derniers manquaient de discipline et de rigueur. Ils se laissaient aller trop facilement. N'instauraient pas naturellement des tours de gardes et autres mesures sécuritaires basiques. Leurs tentes étaient ordonnées maladroitement, aucun chemin n'était facile et le feu qu'ils avaient fait était excentré par rapport aux feux mis en place par les Serres. Tant pis. Ils seraient les premiers à en pâtir en cas d'attaque. Pourtant, Deydreus n'était à la base pas spécifiquement prompt au jugement hâtif. Il était pragmatique, et aurait put reconnaitre la force ou la bravoure des mercenaires s'ils lui avaient offert autre chose qu'un triste spectacle. Une médiocre parodie de ce qu'était la vie de soldat. Alcool. Rires grivois bruyants en territoire ennemi. Colère contre la hiérarchie et plaintes inutiles. Mauvaise organisation... Un long soupir s'échappa de la gorge de l'armure d'ébène tandis qu'elle refermait les battants de sa tente.

    A l'intérieur de cette dernière, Deydreus enleva son heaume pour le déposer doucement contre le tabouret qui siégeait à côté de son lit de camp. Il défit légèrement les sangles de ses deux lourdes épées pour venir les placer contre le support prévu à cet effet. Il fallait qu'elles restent accessibles facilement, en cas de problème. N'enlevant pas son armure, le sombre guerrier se contenta de s'allonger sobrement sur le lit, observant dans la pénombre la toile de sa tente. Le confort n'était pas réellement présent mais.. Cela importait peu. Il fallait se reposer, pas dormir convenablement. Et puis... La fatigue des combats passés et de la longue marche suffirait à le faire s'endormir, même contre le sol chaud des environs. Fermant finalement les yeux, le reikois se laissa aller au sommeil. Il n'y eut aucun rêve, aucun songe venant troubler son repos. Seulement une attente silencieuse tandis que son corps récupérait.

    Puis l'alerte résonna dans le campement.

    Ouvrant les yeux et se redressant machinalement, le guerrier attrapa ses lames et sorti de la tente en trombe, ne prenant pas la peine d'attraper son heaume. Dehors, l'odeur du soufre se mêlait à présent au parfum ferreux du sang et des tripes. Dégainant ses armes, l'homme aux yeux vairons remarqua les formes qui évoluaient dans le campement et reconnut instinctivement les gloussements désagréables. Les gnolls revenaient à l'assaut. Mais cette fois, ils étaient accompagnés de hyènes, de cerberus et d'humanoïdes. Tournant la tête instinctivement sur sa gauche, le reikois aperçut l'un des quatre mercenaires qu'il avait repéré plus tôt, à genoux et au visage figé tandis qu'un gnoll prenait un malin plaisir à mordre sa gorge ensanglantée. Un de moins. Se jetant sur lui, le guerrier trancha la créature d'un mouvement vif avant de s'élancer vers le centre du camp où ses guerriers commençaient à se mettre en position. *Cling* Une lame venait de tenter de lui traverser les flancs mais n'avait rencontré que l'acier froid de Silence. Observant son assaillant, le sombre chevalier remarqua la posture étrange de son adversaire. Mesurant dans le mètre quatre vingt, la silhouette humanoïde lui rappelait vaguement celle d'un elfe. Ne prenant pas le temps de trop analyser son adversaire, Deydreus se courba pour gagner un peu d'allonge et plongea sa seconde lame dans le torse de l'inconnu qui s'écroula sur le sol dans un gargouillis sanglant. Leur ennemi l'intriguait de plus en plus. Car si le dressage des gnolls et d'un ogre était déjà remarquable, le fait d'employer en plus des coupe-jarrets et autres assassins prouvait qu'une certaine influence existait. Il restait à déterminer si cette dernière était issue d'une force brute ou bien d'un argent abondant, ce qui impliquerait un contexte potentiellement politique et désagréable.

    Une hyène se jeta alors sur le chevalier qui esquiva une morsure de justesse. Décapitant la bête en simple réponse, le reikois pesta contre lui même. Il se laissait aller à des pensées qui encombraient son temps de réaction et pouvaient le mettre en danger inutilement. Il réfléchirait aux possibilités plus tard. Pour l'heure, il fallait repousser l'assaut nocturne. Arrivant finalement au niveau des Serres, l'homme aux yeux vairons salua d'un signe de tête ses hommes avant de se positionner devant eux. Balayant le campement du regard, Deydreus cherchait à comprendre la situation dans laquelle ils se trouvaient tous. Et, comme il s'y était attendu, tout était un peu chaotique.
    De ce qu'il apercevait, les Serres qui ne l'avaient pas encore rejoint se plaçaient en duo ou trio afin de combler leurs angles morts et évoluaient parmi les assaillants afin de rejoindre le centre du camp. L'acier frappait les armures et les protections, tandis qu'ils tranchaient la fourrure ou la peau de leurs ennemis. Les Dévoreurs quant à eux semblaient également évoluer avec aisance et combattaient férocement, hurlant dans la nuit tandis qu'ils se rapprochaient de l'armure d'airain qui elle même venait vers Deydreus. Pour le reste... Quelques mercenaires étaient parvenus à arriver jusqu'au centre, essoufflés ou légèrement blessés. Les autres étaient en train de se faire massacrer, ce qui était en train d'engaillardir les gnolls et énervait Deydreus. Fort de leur massacre, les assaillants allaient se croire invincible et encore plus s'acharner contre les survivants. Cela prolongerait le combat et donc augmenterait la fatigue globale des troupes n'ayant pas eu le temps de se reposer.

    Un claquement vif sortit de nouveau le reikois de ses pensées tandis qu'il déviait instinctivement un carreau d'arbalète à l'aide de ses armes. Sur sa gauche, hurlant et fonçant vers lui, plusieurs hyénidés et humanoïdes aux visages masqués sortaient des ombres. D'un geste de la tête, le sombre chevalier ordonna à ses troupes de s'élancer à leur tour, venant au contact direct des intrus. Les formes s'agitèrent, arrachant des membres ou faisant gicler le sang dans l'air frais de la nuit. Au loin, le volcan en activité sembla gronder de satisfaction face à la violence qui se trouvait dans le campement. Face à une silhouette humaine, Deydreus feintait et esquivait afin de défaire cette dernière. Plus vive et coriace que les autres adversaires, la forme se mouvait assez rapidement pour presque atteindre sa propre vitesse de frappe. Malheureusement, sa technique était bien moins travaillée et, lors d'une manœuvre audacieuse, le bretteur ennemi commit une erreur exploitable dans laquelle le reikois s'engouffra. Tranchant l'arrière de ses jambes, Deydreus prit le soin d'éviter d'infliger une blessure trop profonde. Faisant simplement choir son ennemi afin de le neutraliser. Quand l'assaut serait enfin fini, il autant avoir un ou deux captifs. Pas pour une rançon, mais pour des informations.

    Puis, ils les laisseraient rejoindre leurs compagnons dans l'au-delà.



    Legenda trium daemonum. [Alasker & Kahl] - Page 2 Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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    Kahl
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  • Lun 27 Fév - 4:45
    Maudissant sa propre bêtise, le fauve patientait silencieusement. Kahl était une bête d'instinct et de chaude passion mais en cette nuitée si particulière, il avait délaissé ses grossières habitudes au profit d'une longue méditation durant laquelle il pesa avec insistance l'importance des mots prononcés par les militaires ainsi que leurs dirigeants. L'Ogre n'avait jamais su traiter ses compagnons de route autrement qu'avec irrespect et brutalité car, depuis toujours, c'était uniquement sur sa propre puissance qu'il avait dû compter pour survivre face à l'hostilité de ce monde en ruines. S'il était encore déçu par sa piètre performance, il avait plus ou moins cessé de ressasser le sujet, se concentrant désormais sur d'autres objets de réflexion qui ne lui tiraillaient pas moins l'esprit. Avait-il eu tort d'agir en solitaire ? N'y avait-il pas dans cette discipline et cette foi des forces insoupçonnées que Kahl, dans sa perpétuelle quête de chaos, n'avait jamais eu l'occasion de percevoir ?

    Les soldats avec lesquels il avait croisé le fer sur les terres républicaines ne lui avaient nullement inspiré de telles impressions. Ils l'avaient certes vaincu, lui et sa clique d'incapables, mais Kahl avait toujours mis cette défaite sur le dos de ses compères lâches et empotés ainsi que sur l'évident surnombre de leurs adversaires. Il n'avait jamais reconnu à l'armée un quelconque crédit, les ayant toujours considérés comme des chiens affamés, solidement tenus en laisse par l'idée d'une richesse dont ils ne percevaient qu'un infime fragment, léchant à même le sol les miettes délaissées par des êtres faibles, mais infiniment plus malins qu'eux. Pourtant, lorsqu'il observait les Serres Pourpres, le géant azuré ne discernait pas cette même bêtise. Chacun ici avait ses aspirations, ses espoirs, ses lubies. Des hommes et des femmes, nés pour la guerre et œuvrant chaque jour par pur goût pour cette dernière. C'était cela qui perturbait l'oni : cette proximité grandissante qui s'affirmait à chaque heure passée en compagnie de ces combattants.

    Trouver sa place, tels étaient les mots du loup. Tout en y repensant, le guerrier du grand froid se plongea sans le vouloir dans un sommeil réparateur. Assis en tailleur, non loin d'un feu dressé par l'un des mercenaires, l'oni gigantesque s'était montré encore plus antipathique qu'à l'accoutumée et avait tenu à conserver sa silencieuse tranquillité, refusant les quelques invitations offertes par les Dévoreurs pour se recentrer sur lui-même. C'était donc sans la moindre compagnie qu'il s'était assoupi à la lueur des braises crépitantes, et seule la respiration lourde et bruyante qui parcourait son énorme carcasse trahissait son état d'endormissement. Malgré cela, Kahl demeurait avant tout un prédateur et, en tant que tel, son sommeil n'était jamais bien lourd, lorsqu'il ne s'empoisonnait pas à grand coup de tord-boyaux. A l'affut au delà de l'éveil, il fut donc l'un des premiers à capter les signes de l'intrusion.

    Son oreille en pointe se tendit et ses yeux s'ouvrirent derrière le masque pourpre. Feignant de ne pas s'être extirpé de ses songes, il conserva toutefois avec une expertise étonnante le même rythme de respiration, ne révélant ainsi aucunement qu'il était à nouveau en pleine possession de ses moyens. Il aperçut, au travers des flammes faiblissantes du feu de camp, une silhouette encapuchonnée qui s'approchait dangereusement de lui et aussitôt, un frisson d'excitation morbide vint remonter le long de son échine. Les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son dos immense cessèrent de se mouvoir et se cristallisèrent les unes après les autres alors que la magie s'accumulait dans tout son être, parcourant veines et tissus dans un flot continu d'énergie glaciale. L'assassin s'approcha encore un peu, indifférent à ces étranges manifestations mais méfiant néanmoins, car la bête qu'il approchait ne lui inspirait rien de bon. Il ne savait pas à quel point il avait raison de s'inquiéter car, lorsqu'il vint furtivement lever sa dague en prévision d'une attaque, il eut à peine le temps d'inspirer que déjà, un énorme crochet de glace s'était formé dans la paume du monstre.

    Tout en poussant un grognement rageur, Kahl s'élança en avant, se projetant malgré sa taille imposante à une vitesse folle, ce en direction d'un adversaire surpris de subir pareille riposte suite à sa parfaite embuscade. La dague esquinta légèrement le bras cuirassé que le fauve avait déjà recouvert d'une fine pellicule de givre et, profitant de cette partielle déviation, l'Ogre du Blizzard administra à son ennemi un coup frontal si puissant qu'il brisa aussitôt le semblant de garde de l'infiltré, perforant la chair, broyant les os et détruisant les muscles de son visage dans un craquement sourd. L'oni vint extraire brusquement son arme de fortune du faciès meurtri de sa première victime de la soirée et prit ensuite une profonde inspiration avant de beugler à pleins poumons, la gueule levée vers le ciel.

    "AUX ARMES ! ILS SONT SUR NOUS !"

    Sans savoir qu'il n'avait pas été le premier à subir pareil assaut, le géant repoussa le cadavre défiguré d'un coup de pied désinvolte avant de s'abaisser pour saisir de sa main libre son arme favorite, à savoir sa titanesque massue. Au cœur du campement, des cris guerriers se mêlaient à des rires de bêtes rendues folles par l'appel du sang. Les yeux d'encre de l'oni s'écarquillèrent de surprise alors qu'un sourire immonde se dessinait sur sa trogne masquée. La vengeance venait donc jusqu'à lui ? En avance, de surcroit ? Quel formidable cadeau. Entre deux tentes secouées, Kahl aperçut la silhouette d'un gnoll et, sans plus attendre, il fonça dessus tête baissée, gratifiant la bête d'un coup au flanc, délivré avec une telle concentration de magie et de haine que la bête fut démolie sur place et réduite en un éclair à l'état de purée d'os et de viande. Riant aux éclats, ce fut donc ainsi que le géant cornu, recouvert de tripailles, fit son entrée fracassante sous les regards médusés de mercenaires pris de court par la violente attaque nocturne des hyénidés qui, vraisemblablement, étaient bien accompagnés.

    D'autres cris lui parvinrent, des échos noyés dans le tumulte mais qu'il réussit toutefois à identifier. Ni peur ni tristesse dans ces rugissements que l'on aurait sans mal attribué à des bêtes mais que Kahl, alerte malgré l'adrénaline, reconnaissait comme étant ceux de ses alliés. Guidé par ces grognements ignobles, le colosse des glaces se fraya un chemin dans le chaos et découvrit alors que des incendies volontaires avaient été causés par les envahisseurs car des tentes pourtant bien éloignées des feux étaient désormais en proie à des flammes hurlantes, ce qui traduisait encore une fois une intelligence bien au delà des compétences normales de simples gnolls. Leurs soupçons initiaux s'avéraient donc parfaitement fondés. Une gueule de hyène s'approcha dangereusement du masque de Kahl, profitant d'un angle mort pour lui bondir dessus, mais il vint saisir l'affreuse bestiole en abusant de sa force démesurée, ce qui provoqua l'explosion de la mâchoire inférieure de l'animal, la laissant sans défense. Prise de spasme, la bête noyée dans la douleur se mit à piailler d'effroi mais le terrible guerrier profita de sa prise pour la jeter en l'air. Le corps de la hyène vola haut dans le ciel nocturne avant de s'écraser sur l'une des rares tentes encore en bon état dans un fracas de tous les diables.

    Indifférent à cette légère erreur de calcul, Kahl pivota lentement, s'aventurant plus profondément dans le campement à la recherche d'autres survivants et il fut peu surpris de découvrir, derrière un épais nuage de cendres, la silhouette agile du dirigeant des Serres Pourpres qui voltigeait d'un ennemi à l'autre, perçant ses adversaires d'estocades fatales en semant la mort tout autour de lui. Dans les ténèbres, Kahl aperçut également d'autres silhouettes plus inquiétantes de par leur taille, ainsi que leur nombre. Il ne s'agissait pas d'une embuscade éclair, loin de là. Il était même possible que l'ensemble des effectifs ennemis aient été déployés cette nuit dans un ultime effort d'abattre la menace impériale. Reprenant un semblant de sérieux malgré son euphorie passagère, Kahl fit craquer sa nuque et s'élança aux côtés de Deydreus en assénant un énorme coup de massue sur le sommet du crâne de l'un de ses multiples opposants. Le menton de la victime rencontra le sol avec violence et aussitôt, la terre aride fut gorgée de sang frais.

    Le géant cornu, couvert de viscères puantes et de chair broyée, offrit au soldat une sorte de révérence aussi exagérée que théâtrale en guise de salutations avant de retourner, jovial comme jamais, à ce massacre qu'il avait désiré par dessus tout. Il était toutefois notable qu'au delà de sa sauvagerie implacable, Kahl semblait jeter parfois des œillades à ce qui l'entourait, tâchant d'agir de concert avec les militaires plutôt que d'ignorer leurs manœuvres. L'exercice n'était pas mené avec brio, toutefois, le géant étant clairement adepte des batailles menées à corps perdu.
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  • Mar 28 Fév - 16:46
    Son sommeil avait été aussi court que peu réparateur. Ses yeux étaient restés clos moins d’une demi-heure lorsque ses sens trop affûtés avaient perçu un frottement suspect le long de la toile de sa tente, le tirant immédiatement d’une longue et fastidieuse phase d’endormissement. Entre ses paupières mi-closes, le loup avait observé une silhouette, longiligne et masquée -indubitablement humaine ou elfique- se faufiler dans l’entrée de son refuge, une lame effilée en main droite et la mort dans les yeux.
    Alors, dans un soupir agacé, Iratus s’était levé de sa couche.

    Maintenant, alors que l’alarme résonnait dans tout le camp, il tuait un assassin de pacotille en fracassant son visage fragile à l’aide d’un casque à cornes. Cela faisait deux ou trois coups déjà que son agresseur supposé avait cessé de bouger, mais le géant préférait être sûr de sa victoire avant de relâcher toute vigilance. Dehors, près du feu mourant où Gorog s’était assoupi, le corps éventré d’un Gnoll finissait de se tortiller et de glapir, ses griffes refermées inutilement sur les restes de sa poitrine fendue en deux. Nahr et l’orc à barbe blanche se tenaient dos à dos au-dessus du presque cadavre, encerclés par quatre ou cinq créatures ricanantes armées de haches et de piques. S’extirpant de sa tente, à gauche d’Alasker et de sa victime sans visage, Sanguin beugla de manière inintelligible avant de plaquer au sol un hyénidé armé d’une torche pour le mordre à la gorge jusqu’à ce que ses glapissements ne deviennent des borborygmes. Le feu se répandait sur certaine toiles, des cendres trop vives voletaient de parts et d’autres du campement, telles de petites lucioles destructrices. Il y avait du positif, même au sein d’un pareil chaos, puisque les innombrables foyers repoussaient les ténèbres de la nuit noire pour permettre aux diurnes de combattre efficacement les créatures nyctalopes s’étant infiltrées parmi eux.
    Un gnoll particulièrement massif sauta du rocher ayant servi de perchoir à Iratus et atterrit à quelques pas derrière-lui, écrasant sa tente au passage. La bête tenait une énorme claymore dans sa patte gauche et un écu ridiculement petit dans l’autre. Aussi large que haute, la hyène bipède s’avança en montrant ses innombrables dents, une armure de cuir cloutées aux spallières hérissées de piques protégeant son corps grotesque.
    Désarmé, son armure toujours dans les ruines de sa tente, le lycanthrope jeta son casque couvert de sang à la gueule de ce nouvel adversaire, qui détourna l’impact en levant son petit bouclier juste avant qu’une masse de muscle ne vienne lui écraser son poing sur le museau avec la force d’un boeuf lancé à plein élan. La tête projetée en arrière offrit une gorge qu’Alasker arracha à la main en projetant le reste du corps d’un coup de pied. Les déchets organiques glissèrent entre ses doigts poisseux de sang, qui allèrent s’emparer de la claymore tombée au sol pour la projeter -tel un javelot- dans le poitrail d’un des gnolls encerclant ses hommes près du feu. Profitant de la confusion née de la surprise de cette attaque, Nahr et Gorog se jetèrent sur leurs adversaires restants en hurlant tels des loups, lames en avant..
    Alors, pendant que ses hommes finissaient d’achever leurs inconscients adversaires, Alasker entreprit enfin de fouiller dans ses affaires saccagées pour récupérer armes et armures.

    Quelques minutes plus tard, Iratus marchait d’un pas pressé le long des couloirs de tentes brûlées ou piétinées, les plus calmes des Dévoreurs sur ses talons. Un regard mauvais plissait ses yeux noirs tandis qu’il scrutait le chaos ambiant, à la recherche d’adversaires ou de têtes connues. La fumée de l’incendie s’était massée du côté Nord Ouest du camp, recouvrant d’un nuage cotonneux et nocif la section réservée aux berserkers des Serres en mordant également du côté des mercenaires restants. Des larmes coulaient le long des joues de chacun des guerriers encore debout, traçant des sillons brillants au travers de leurs visages noircis par le feu ou rougis par le sang qu’ils avaient déjà fait couler. Parfois, leurs poumons mis à mal laissaient échapper une ou deux crises de toussotements, mais aucun n'acceptait de ralentir, de peur de manquer un nouveau trophée. De la fumée surgit soudainement un mercenaire, seulement affublé d’une tunique de lin, poursuivi par un gnoll ne cessant de glousser.
    Alasker attrapa la créature grotesque par la gorge et la souleva de terre tandis que Gorog retenait le fuyard.
    “-Où est Deydreus ?!” Hurla Iratus en broyant l’échine de la bête entre ses doigts avant de la jeter au loin.
    Le mercenaire interrogé balaya les environs du regard, les yeux ronds et humides, puis bredouilla quelque chose qui ressemblait à un “je ne sais pas” à peine audible.
    Gorog le relâcha en secouant la tête.
    “-Inutile petite merde.” Gronda le géant entre deux toussotements. Scrutant quelques instants ses hommes, l’ancien gladiateur découvrit en chacun d’eux un écho de sa propre rage guerrière et laissa sa satisfaction se manifester par un large sourire enjoué qui ne manqua pas de s’entendre dans sa prochaine déclaration : “Séparez-vous, faites ce pourquoi nous sommes faits jusqu’à ce qu’ils fuient. Donnez du temps à nos gars pour qu’ils se réorganisent.
    L’ordre fut suivi à la lettre. Les quelques guerriers écarlates encore assez conscients pour l’avoir accompagné jusque là se dispersèrent immédiatement, poussant des cris d’animaux au travers de leurs gorges enrouées, malmenées par une telle concentration de fumée. Bientôt, d’autres hurlements ne tarderaient pas à percer au travers du chaos. Mais nulle rage ne viendrait embellir ceux-là. Puisqu’ils seraient entièrement faits de douleurs et de regrets.
    Cette simple pensée excita la bête en lui. Ses deux mains vinrent enserrer la hampe d’airain de la salvatrice alors qu’il reprenait sa marche au travers du camp incendié. Un trio de gnolls se jeta presqu’immédiatement sur son chemin.
    Sans parvenir à le ralentir.

    La lune cédait doucement sa place au soleil lorsque l’heure du prélèvement des trophées arriva enfin. Les incendies, facilement maîtrisables vu l’absence de végétation, avaient vite cédé dès lors que les guerriers avaient mis à profit l’eau du bassin auprès duquel le camp s’était construit. Alasker, le souffle court et les muscles aussi brûlants que les braises éparpillées tout autour de lui, se tenait difficilement debout au-dessus de ce qui devait être les restes de quatre ou cinq cadavres piétinés et méconnaissables. Le fer de son arme était enfoncé au milieu de ce puzzle organique. Sur les cornes de son heaume, un sang frais s’efforçait de sécher en s’aidant de la brise matinale. Iratus n’avait pas la moindre idée de comment le raisiné avait pu gicler jusque là et s’en fichait totalement, tout concentré qu’il était à briser chacun des traits empennés plantés dans son armure. Un carreau particulièrement chanceux s’était frayé un chemin entre les plaques articulées de sa jambière gauche pour traverser sa chair, ses muscles et ses os. Alasker avait pu sentir le moment exact où quelque chose s’était brisé, dans sa jambe, parce que la douleur en ayant résulté lui avait fait perdre le contrôle quelques courts instants.
    Soupirant sous l’effort malgré son souffle court, le géant parvint à mettre un genoux à terre le temps de desserrer les attaches de la jambière touchées et arracher le trait de ses chairs ensanglantées. Ceci fait, il resserra simplement la protection autour de la blessure pour patienter le temps que le saignement, au moins, cesse.
    Derrière-lui, Kirk sautait d’un corps à un autre, dague à la main, son imposante claymore fixée dans son dos. Le déshonneur de la veille semblait avoir été totalement éradiqué de son esprit, comme à chaque fois après un tel massacre. Alasker l’avait croisé en poursuivant quelques gnolls fuyards. Ils avaient massacré cette petite troupe à deux, sans jamais vraiment prêter attention à l’autre, à moitié aveuglés qu’ils étaient par la fumée et par le sang qu’ils avaient fait couler. Le Drakyn avait déjà prélevé ses trophées. Des oreilles couvertes de fourrures et d’autres, glabres et pointues, rassemblées dans une petite bourse pendant sur son flanc droit. Bientôt, comme à chaque fois, il s’en ferait un collier aussi puant que macabre. Pour l’heure, le berserker se contentait d’achever vicieusement ceux qui gigotaient encore.

    “-Une bien étrange troupe de bandits.” Observa-t-il en passant sa lame au travers d’une cage thoracique. Sa voix n’était pas aussi rauque que celle de son chef, mais sa prononciation traînante lui donnait un air étrange, indubitablement intimidante pour quiconque s’était déjà trouvé face à un serpent. Mais pas pour son chef.
    Alasker acquiesça simplement en profitant de sa position agenouillée pour retirer son casque, ouvrir un poitrail velu et en retirer un cœur, qu’il pressa au-dessus de sa bouche ouverte.
    Le liquide carmin glissa à l’intérieur de sa gorge irritée par des heures de combats dans la fumée, agissant comme un baume réparateur sur ces parois de chairs desséchées, sous le regard circonspect du Drakyn en sa compagnie.
    “-Quelque chose à dire?” Marmonna le géant d’Airain tout en se redressant. Une grimace de mauvaise augure traversa ses traits alors qu’il coinçait son casque sous son bras et s’efforçait de faire un premier pas en direction du centre du camp.
    Kirk secoua la tête.
    “-Amènes ceux qui ne sont pas trop amochés au centre. On leur posera des questions.
    La pointe de la dague incurvée de Kirk s’écarta d’une gorge encore parcourue de soubresaut. Il jura entre ses dents et s’écarta du futur interrogé pour continuer son inspection des vaincus. Alasker n’y prêta pas la moindre attention.

    Au centre du campement, les corps des malchanceux étaient alignés et ceux des perdants, écartés. Gnolls et humanoïdes masqués se voyaient tirés et entassés hors du camp tandis que les moins exsangues des Serres s’évertuaient à faire le décompte des blessés, des morts et des pertes matérielles. En arrivant, Alasker croisa Esyleij, d’imposantes cernes sous les yeux, occupé à écouter Mitch et Gorrek se plaindre de l’absence de professionnalisme des mercenaires quand bien même l’attaque avait eu lieu durant leur propre tour de garde. Il posa une main gantée et poisseuse de sang sur l’épaule du demi-elfe avant de rejoindre en boitillant Deydreus et de découvrir Kahl, l’Oni, à ses côtés.
    “-Il n’y a plus rien que des cadavres au Nord et à l’Ouest. Kirk et mes gars devraient pas tarder à amener des blessés avec assez de sang dans les veines pour qu’ils puissent répondre à nos questions.” Commença le géant d’Airain en se plantant devant son ami. Ses yeux noirs fixèrent quelques instants les environs noircis par l’incendie, et un sourire fatigué alla se placer sur ses lèvres gercées. “C’est la première fois que je m’estime heureux d’avoir choisi de dormir à côté d’un bassin d’eau empoisonnée.
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  • Mer 1 Mar - 19:13
    Viscères. Entrailles. Sang. Cris. Agonie. Mort. Tant de mots pour désigner ce qui entourait Deydreus, Kahl, et les Serres les accompagnant. Un tumulte de haine et de rage qui s'entremêlait à une violence sans pareille. De la fumée noire s'élevait des tentes embrasées, tandis qu'un sang poisseux se retrouvait propulsé sur les quelques toiles qui tenaient bon. Se penchant en avant pour esquiver une énième attaque, le sombre chevalier laissa glisser ses lames runiques contre la peau du hyénidés qu'il affrontait, ouvrant cette dernière et déversant le contenu de son corps sur le sol dans un gargouillis pitoyable. Ils combattaient à présent depuis suffisamment longtemps pour ne plus savoir exactement la durée de l'affrontement. Cela faisait-il quelques minutes? Quelques heures? Impossible à savoir, surtout avec pareille fumée et pareil chaos.

    Combattre aux côtés de Kahl était également bien plus plaisant que lors de l'affrontement contre l'Ogre plus tôt dans la journée. L'Oni semblait s'accorder avec les impériaux, couvrant certains des Serres tandis qu'il profitait des ouvertures que ces derniers lui offraient. La symbiose n'était pas parfaite. Quelques cafouillages et mésententes avaient encore lieu mais, globalement, rien de très grave. En fait, pris dans l'euphorie de la bataille et sous l'influence de l'adrénaline, les militaires laissaient souvent un rire grivois s'échapper de leurs gorges asséchées tandis qu'ils se replaçaient et frappaient leurs adversaires. Dans l'adversité de la bataille, des liens se forgeaient plus efficacement que dans les plus puissantes fratries et, à force de combattre avec les Serres ou les Dévoreurs, Kahl allait s'imprégner de la férocité contrôlée des guerriers pour lui même pouvoir exploiter pleinement sa propre rage. Canalisée, cette dernière avait un potentielle incroyable. Comparable à celle d'Alasker. Même si, à vrai dire, il allait encore falloir du temps et de l'entrainement pour que le géant bleu n'égale la discipline de l'armure d'airain. A ce propos, Deydreus n'était pas plus inquiet que ça vis à vis du statut de son frère d'arme. Il avait une confiance aveugle en lui, et il savait également qu'il faudrait bien plus que cet assaut nocturne pour terrasser la bête qui grondait à ses côtés. Il le reverrait plus tard, lorsque l'assaut serait terminé et qu'ils n'auraient plus qu'à compter les morts et interroger les prisonniers. Alors, en attendant, il ne restait qu'une chose à faire. Se battre.

    Au petit matin, c'est un groupe en formation serré qui se trouvait au centre du camp. Du noir de l'armure d'ébène, on ne pouvait apercevoir que quelques brides obscurs, tant le sang était venu s'étaler sur l'acier noirci. Faisant rouler ses muscles, Deydreus soupirait doucement tandis qu'il terminait de secouer Silence et Hurlement afin d'en enlever les lambeaux de chairs qui continuaient de pendre sur les dents de ses lames. A ses côtés se trouvait Kahl, toujours vivant. Les Serres quant à elles avaient également tenus, même si plusieurs des fantassins avaient essuyés quelques blessures, certaines plus graves que d'autres. Esteban avait été touché par un carreau à l'épaule, le forçant à manier sa morgenstern de sa main faible. Mais ça allait. Berton, Hendrick et Ismael avaient eux essuyé des coups plus violents et se retrouvaient dans l'incapacité de continuer le combat. L'un avait le genou brisé, les deux autres des plaies trop importantes et une trop grosse perte de sang pour pouvoir tenir le rythme imposé par l'armure sombre. Un cinquième de la troupe d'élite, blessé. C'était là un bon témoin de la violence de cet assaut surprise. Ordonnant à ses hommes de s'occuper des blesses et d'entasser les morts, le chevalier sombre demanda également à Kahl et à Ludwig d'interroger les quelques assassins épargnés afin d'en savoir plus sur la localisation du chef de leurs assaillants. Le nain acquiesça d'un signe de tête avant de fixer le géant bleu et de lui montrer la voie vers les "prisonniers", dans une révérence tout aussi pompeuse et exagérée que celle qu'avait fait l'Oni en rejoignant le groupe plutôt dans la soirée.

    Deydreus quant à lui quitta ses hommes pour fouiller un peu le campement. Dans la nuit, il avait déjà vu deux des quatre mercenaires potentiellement utiles se faire massacrer par les gnolls et leurs accompagnateurs alors... Il était temps de constater l'étendue des dégâts. Du campement initial, une bonne partie des tentes avaient été réduites en cendres, parfois avec les mercenaires qui s'y trouvaient encore. Les quelques lames à louer qui avaient été blessées dans les échauffourées précédents n'avaient, bien évidemment, pas survécus. Pour les guerriers apatrides qui avaient tenu bon, le combat avait été rude mais pas forcément létal. En fait, avec les Serres et quelques Dévoreurs, l'éteinte des feux s'organisait plus ou moins efficacement, utilisant l'eau toxique du lac adjacent pour permettre d'éteindre les différents foyers qui attendaient de repartir. Dégageant plusieurs cadavres de hyénidés, l'homme aux yeux vairons laissa une moue déçue s'installer sur son visage. Romuald, le "chef" des mercenaires, gisait sur le sol dans une posture particulièrement immonde. Son corps avait été déchiré par les lames de ses adversaires, et potentiellement mâché par quelques créatures avant qu'il ne se débarrasse d'elles. Vu la couleur de ses lèvres et son air fatigué, il était évident que l'homme avait fini exsangue, et que les nombreuses hémorragies causées par ses plaies avaient eu raison de lui. Fermant ses petits yeux de fouines de sa main gantée, Deydreus soupira doucement. Finalement, le mercenaire ne verrait jamais ses troupes devenir de meilleurs guerriers. En fait, il ne verrait plus rien, tout court.

    Continuant son inspection, ce n'est qu'après une bonne vingtaine de minutes que Deydreus retourna vers la position des Serres et de Kahl. Constatant les corps étendus des anciens captifs, le reikois estima que la séance d'interrogation s'était vite achevée et que de potentielles réponses allaient arriver. L'air las, l'homme aux yeux vairons se contenta de se planter aux côtés de l'Oni, attendant patiemment qu'Alasker n'arrive. Quand l'armure d'airain fit enfin son apparition, un sourire amusé se dessina sur les lèvres du sombre chevalier qui remarqua le léger boitillement de son ami, tout comme les nombreux restes des flèches empennées qui s'étaient fichées dans son armure, lui donnant un air de porc-épic. Ecoutant ce dernier, Deydreus se contenta de désigner du doigt les corps étalés derrière lui.

    - Cela tombe bien. Nos derniers interrogés n'ont pas été extrêmement bavards. On a bien eu quelques infos, mais ceux que les gars vont ramener nous apporterons sûrement des réponses intéressantes. Pour le reste... Il marqua une pause, désignant cette fois le camp dans son ensemble. Nous avons quatre blessés chez les Serres. Trois dans l'incapacité de se battre. Pour nos amis mercenaires... la plupart sont morts, les autres sont blessés plus ou moins grièvement. Romuald nous a également quitté, même si je dois avouer qu'il en aura emporté pas mal avec lui. Il va falloir redéfinir notre progression, on ne peut continuer de voyager avec autant de troupes à transporter.  

    Roulant des épaules, le reikois attendit que Samuel ne vienne lui apporter un sac remplit de provisions. Passant la sangle de ce dernier sur son épaule, le sombre chevalier fixa le lycanthrope et l'oni.

    - Alask, dis à tes gars de se préparer. Ils vont accompagner les Serres jusqu'à Kyouji. On rappatrie les blessés de chez nous et les mercenaires jusqu'à la ville. Là bas, ils pourront être soignés et continuer à vivre. Si on les traine avec nous, nous serons ralentis, et ils périront. Soit par l'ennemi, soit car j'aurais perdu patience à force de les porter. Il fit une légère pause, réhaussant la sangle qui glissait légèrement sur l'acier de son épaulière. Nous continuerons tous les trois. Nous serons un groupe plus petit, plus rapide, plus discret. Même avec vos deux statures. Notre ennemi s'attend à voir débarquer une compagnie. Pas trois combattants. Nous allons en profiter.

    Il laissa ensuite le soin à Samuel de donner les sacs de provisions, et surtout de matériel, aux deux concernés avant de continuer.

    - Dès que nous aurons fini de questionner les quelques rescapés, nous nous mettrons en route. Nous avons déjà perdu trop de temps ici. Et je refuse de laisser à la personne qui dirige ces saloperies l'occasion de nous frapper de nouveau en traître.


    Legenda trium daemonum. [Alasker & Kahl] - Page 2 Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Dim 12 Mar - 8:55


    Etonnamment, il fut bien plus surpris par l'annonce de Deydreus que par les révélations qu'il venait d'obtenir des captifs. De ce qu'il en comprenait, le combat nocturne avait été une preuve suffisante de sa fiabilité, à tel point que la tête pensante des Serres avait choisi de l'embarquer pour mener un ultime assaut, en compagnie bien sûr du chef des Dévoreurs. Kahl devait bien admettre que, bizarrement, il ressentait une certaine fierté. On avait bien souvent foi en ses capacités, mais la confiance était une récompense qu'il avait rarement obtenu lors de ses péripéties. Ce fut donc respectueusement qu'il répondit par un hochement de tête sobre avant de tendre la main pour saisir les provisions que lui remettaient Samuel.

    "Apparemment, l'adversaire ne nous attend pas sagement, il est déjà en mouvement. Il se ferait appeler le... nouvel Empereur et serait à la tête des Glaives Ardents. Pourquoi faut-il toujours que les incapables s'affublent de pareils surnoms ? C'est extrêmement présomptueux, si vous voulez mon avis."

    Un ricanement mauvais lui échappa finalement.
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  • Ven 17 Mar - 0:47
    A la fin de sa démonstration, Kahl, le sanguinaire Oni, avait été salué par le fracas d’une dizaine de poings gantés frappant sur autant de plastrons aux couleurs crépusculaires. Il n’y avait rien d’honorable, rien d’aussi propre et bienséant que du respect, dans ce salut. Alors même que sa dernière victime finissait de disparaître après s’être humiliée elle-même, tous les berserkers des Serres Pourpres s’étaient mis à sourire de délectation. Alasker avait vu la scène, et il avait souri aussi. Certains, comme Sanguin ou Nahr, avaient même franchi le cap du rire. Un éclat froid et rauque, évoquant le grondement d’une panthère ou d’un loup, débordant d’une joie malsaine et d’un appétit vorace. Ce n’était pas pour rien si la troupe du géant d’Airain portait un tel nom : Les Dévoreurs n’étaient pas simplement des guerriers. Ils étaient avant tout des monstres.
    Et par ce salut tribal, ils l’avaient accepté parmi eux. Un fait qui, en de pareilles circonstances, risquait de compliquer légèrement quelque chose d’aussi simple que l'exécution d’un foutu ordre.

    “-Nous ne sommes pas faits pour accompagner des blessés, chef. Tu le sais aussi bien que nous.” Grommela Gorog, les bras croisés et la mine sombre. Derrière l’orc se tenait bien évidemment Nahr, toujours prêt à accompagner les dires de son camarade d’un murmure d’assentiment agaçant mais aussi -chose nouvelle- Kirk. Les autres membres des Serres étaient déjà prêts pour le voyage et dardaient d’un œil méfiant cette scénette ayant lieu à l’arrière du convoi mis en pause. Alors qu’il avisait le reste des Dévoreurs grimaçants, éparpillés tout autour de lui comme une meute de chiens fureteurs, le géant d’Airain parvint à entendre les murmures agacés de deux mercenaires reprochant à “ces tarés en rouge” de les faire attendre pour rien. Un court instant, l’ancien gladiateur se visualisa en train de presser lentement la boite crânienne d’un de ces deux abrutis jusqu’à ce que ses mains se rejoignent et un court filet de bave s’échappa de sa gueule entrouverte…Puis ce qui lui restait de raison parvint à reprendre le dessus sur ses bas-instincts.
    Aussi calmement que sa mauvaise humeur matinale pouvait le lui permettre, Alasker vint tirer nonchalamment sur la chaîne traversant son torse pour retenir la salvatrice contre son épine dorsale. Ses yeux d’encres se plongèrent dans ceux de son sous-fifre à la barbe blanche pendant une longue minute, et puis un sourire carnassier déforma ses lèvres mâchonnées.
    “-Vous êtes faits pour m'obéir, Gorog.
    Le principal concerné pencha la tête sur le côté et entrouvrit la bouche. Et puis les pupilles de ses yeux s’étrécirent presqu’imperceptiblement, alors que sa posture défiante se modifiait pour adopter une forme plus neutre, plus sécuritaire. Tout le monde, parmi les Serres Pourpres, connaissait les signes avant-coureurs d’une éruption de colère, chez Iratus. Chaque soldat ayant un jour servi sous l’étendard noir et rouge avait pu le croiser, lors d’une nuit sans lune, après une bataille particulièrement violente ou, au contraire, au terme d’un mois d’inaction. Tout le monde avait pu contempler le vide inquiétant siégeant au fond de ses yeux noirs et les tressautements de ses paupières rendues folles par l’hyperactivité de ses nerfs au supplice. D’innombrables racontars traînaient parmi les hommes. Des légendes, que la première génération de vétérans des Serres avait transmise à la suivante. Les descriptions bien trop détaillées d’actions innommables perpétuées par le chef des Dévoreurs sur le ou les malchanceux ayant commis la bêtise de lui donner une raison, aussi sotte et triviale pouvait-elle être, de déchainer sa rage. Pour les membres des Dévoreurs, pour ceux qui, à chaque bataille, s’efforçaient de suivre Iratus au cœur du plus indescriptible des chaos, ces racontars avaient une portée particulière, puisqu’ils avaient, mieux que quiconque, pu voir de leurs propres yeux ce que des guerriers supposément entraînés et fiers pouvaient devenir, une fois piégés entre les griffes du porteur de la Salvatrice.
    Et Gorog, plus que tout autre encore, ne pouvait décemment pas ignorer les tremblements agitant les doigts de la main droite de son chef.
    Finalement, l’orc céda. Comme toujours. C’était en partie pour ça qu’il gardait sa place depuis si longtemps. Le peau-verte n’était pas simplement une tête brûlée. Il comprenait l’importance d’avoir une belle mort et -par extension- d’éviter la honte d’une disparition ridicule.
    “-Bien chef.” Acquiesça-t-il en saluant à la va-vite avant de se retourner vers ses deux camarades. “Que tout le monde retourne au convoi. Ceux qui ne sont pas d’accord seront libres d’en discuter avec Kirk sur le trajet.
    Le Drakyn mentionné laissa un petit rire filtrer de ses lèvres closes en posant le plat de la lame de sa claymore sur son épaule gauche. Personne n’osa même jeter un oeil dans sa direction. Le reste de la meute, consciente que plus rien ne pouvait leur épargner cette triste affectation, se mit en branle.
    Alasker consentit à adresser un petit hochement de tête à Gorog avant de se détourner pour rejoindre le duo restant.

    C’était là le maximum qu’Iratus pouvait se permettre de faire, lorsque la migraine venait s’emparer de la moitié de son lobe frontal en recouvrant -au passage- son champ de vision d’un voile rouge ne faisant qu’enflammer un peu plus un esprit déjà ravagé par des décennies de guerre. La fatigue, mêlée à la boucherie de l’Oni avait éveillée dans son corps un appétit farouche qu’une partie de lui s’escrimait à assouvir en rongeant les parois tendres de son propre cerveau.
    Son cœur battait dans ses tempes à un rythme irrégulier et, lorsqu’il laissait son esprit vagabonder trop longtemps durant ses crises de douleur, le géant d’Airain avait parfois l’impression de se noyer au fond d’une eau trop sombre pour être sondable. Dans le simple but de rester ancré dans le présent, il se mordait l’intérieur des joues, la langue et les lèvres, si bien qu’un sang épais finissait invariablement par emplir sa bouche, que la souffrance figeait dans une grimace la maintenant entrouverte. Souvent - pour ne pas dire tout le temps - durant ses instants de purs supplices, le géant bavait sans discontinuer un mélange de salive, de bile et d’hémoglobine. Si un combat avait lieu à cet instant, il s’y jetait à corps perdu, sans casque, la tête légèrement penchée d’un côté ou de l’autre, crachant et éructant au travers de lèvres paralysées, rendu complètement fou par le voile écarlate recouvrant sa vision comme son esprit, transmettant la douleur irradiant les parois de sa boîte crânienne aux victimes ayant le malheur de tomber sur la trajectoire de sa hache.
    Mais le reste du temps, lorsqu’aucun combat n’avait lieu et qu’Iratus était simplement condamné à l’attente, il se contentait de se murer dans un silence repoussant, dissimulant son affliction passagère sous l’airain de son casque à corne. Par honte, peut-être.
    Certains de ses accompagnateurs finissaient par s’y faire, à la longue, mais ils n’étaient pas nombreux. Ses crises étaient aussi aléatoires que violentes. Et sa compagnie, en de pareils instants, restait, au mieux, exécrable.

    “-Le nouvel empereur est déjà en route.” Répéta Alasker en s’immobilisant à quelques pas de ses deux camarades restants, alors que le convoi s’éloignait derrière-lui. Luttant contre l’envie de cracher au travers de ses dents serrés, il reprit : “Hrmph. Plus qu’à l’accueillir alors, ce baiseur de hyène.

    Ils n’avaient pas marché longtemps, cette fois-ci. A peine une demi-heure. Leur fardeau était encombrant, sans pour autant être particulièrement lourd, et leur objectif s’était dessiné à l’horizon en obstruant quelques-unes des lueurs d’un soleil de plus en plus brûlant. Un plan d’une simplicité déconcertante avait été mis au point, un plan ni inédit pour les Serres Pourpres, ni particulièrement original. Conscients qu’ils se devaient d’attirer suffisamment l’attention sur eux pour que leurs troupes puissent se replier sans craindre une énième attaque, les commandants et leur bleuâtre accompagnateur s’étaient empressés de rejoindre la seule colline de roche volcanique susceptible d’attirer immanquablement l’attention de leurs adversaires. Celle-ci n’avait, dans son apparence propre, rien de particulièrement notable : son sol était aussi noir et fissuré que toutes les autres. Mais, chose rare -très rare- un unique arbre avait su planter ses racines assez profonds dans la roche craquelée pour y trouver un semblant de nutriments. Un étrange coup du sort botanique, prenant la forme d’une chose faite de bois torturé au tronc blanchâtre, dépourvu de feuille mais garni d’épines suintant d’une sève qu’on ne pouvait qu’imaginer toxique et dominant tout le reste du plateau de sa sinistre silhouette. Aussi sordide ce bizarre végétal pouvait-il être, ce n’était pourtant pas tant son squelette de branche qui pouvait, à ce point, le rendre immanquable, mais le manteau de chair dont on l’avait recouvert.
    Les derniers prisonniers se trouvaient là, suspendus à ses branches épineuses, morts pour la plupart, agonisant pour les moins chanceux. Ils les avaient amené là pour qu’ils souffrent et attirent l'œil de leur employeur, de cet empereur autoproclamé envers lequel ces imbéciles semblaient tant loyaux. De la pointe de ses gantelets d’airains, Alasker avait percé leurs entrailles et extirpé les longues boucles de leurs intestins pour les enrouler consciencieusement autour de chacune des branches soutenant les épines lacérant le reste de leurs corps suppliciés. Tout au long de l’opération, qui avait pris plusieurs dizaines de minutes, il n’avait cessé de baver, l’oeil droit à moitié fermé, l’autre parfaitement exorbité.
    Deydreus était resté tout à fait stoïque durant toute l’opération. Kahl, peut-être un peu moins. L’attention d’Iratus était toujours fluctuante, dans ce genre de situation. Il n’arrivait pas à savoir ce que pensait les gens de son travail. Ou bien il s’en fichait. Même ça, Alasker n’aurait su le dire.

    Lorsque les gloussements des hyènes annoncèrent l’arrivée de l’Empereur, le géant d’airain se tenait aux pieds de l’arbre, le regard fixé vers un corps remuant encore faiblement malgré son torse ouvert et son visage percé. Le pauvre type semblait vouloir articuler quelque chose, sans parvenir à prendre conscience qu'un pic de l’épaisseur d’un bras d’enfant avait traversé ses joues et emporté une grande partie de sa dentition. Sa résistance était tout bonnement admirable. Il n’avait presque pas pleuré. Alasker était déçu de ne pas pouvoir assister à l’entièreté de son agonie.
    Les gloussements se turent et le hennissement d’un cheval se mit à résonner à travers tout le plateau. Ses échos manquèrent de faire sursauter le migraineux. Celui qui approchait le faisait manifestement sur le dos d’un canasson. Confiant, le bougre.
    Ou stupide.
    “-Lequel d’entre-vous, pauvres malades, est le chef ?” S’exclama le nouveau venu, et l’assurance présente dans sa voix légèrement enrouée déclencha une succession de frissons au travers de sa lourde carcasse.
    Alors, Alasker se détourna finalement de son oeuvre morbide pour projeter ce qui lui restait d’attention vers le nouveau venu. Entre ses dents serrées, le loup parvint à prononcer quelques mots, qu’il pensait dirigés vers Kahl, sans pour autant être capable de savoir si ce dernier se trouvait près de lui ou non.
    “-Si tu survis à ça, tu auras une place parmi nous.
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  • Dim 19 Mar - 11:42
    Tout le long du spectacle morbide, Deydreus était resté silencieux. Il avait regardé son ami se lancer dans l'installation d'un avertissement sordide. Ou plutôt, d'une promesse. Celle d'une mort douloureuse et violente pour celles et ceux qui avaient osé les défier. Car au delà de l'affront fait à l'Empire, des civils qui avaient été blessés et tués lors des pillages... Cet imbécile avait osé porter la main sur les Serres. Et revêtait en plus le titre de "nouvel empereur". Cette dernière pensée laissa un long sourire balayer les lèvres de l'homme pâle tandis que ses yeux vairons glissait sur un malheureux qui gesticulait tandis que ses viscères servaient d'étrange guirlande. Les guerriers rebelles avaient souvent beaucoup d'égo. Il n'était pas rare de les voir prendre des titres ronflants, exagérés. Deydreus, en vérité, ne comptait plus le nombre de "nouveaux empereurs", de "seigneur de la ruine" et autres descriptifs insignifiants pour des êtres ayant fini par mourir de sa main. Cette fois ceci dit, les choses étaient un peu différentes. Non pas à cause de la prétendue armée qui venait vers eux, mais car ils avaient osé blesser des Serres.

    Tandis qu'Alasker s'attelait à sa tâche morbide, l'armure sombre s'était installée un peu plus sur le côté, plantant ses deux lames dans le sol tandis qu'il surveillait l'horizon de temps à autres, quittant le spectacle funeste de son ami. C'est donc au détour d'un regard que l'homme aux yeux vairons aperçut enfin le charlatan qui menait l'étrange mixte de créatures. Le bougre se tenait à cheval. Le port-altier, ce dernier regardait avec dégout l'œuvre du lycanthrope et laissait résonner sa voix dans la vallée. Comme s'il méritait qu'on lui accorde autre chose que du mépris. Il y eut alors un claquement sonore. Comme si l'air s'était soudainement compressé pour se relâcher avec force. Puis la tête de l'équidé vola dans les airs, découpée par des lames dentées qui provoquèrent dans leur sillage une giclée de sang. Une multitude d'hémoglobine se répandant dans l'air comme une fontaine incontrôlée. L'homme sur la monture vacilla, sautant de cette dernière à temps pour ne pas s'effondrer lamentablement avec elle. Plongeant son regard brun sur l'origine de l'attaque, ce qui ressemblait à un drakyn affichait un air agacé.

    - C'est moi.

    Deydreus se retourna, tandis que les hyènes laissaient leurs cris désagréables assaillir les oreilles du reikois. L'armée qui accompagnait le "nouvel empereur" était composée d'une agglomération de gnolls, elfes, humains et... Deux ou trois trolls. Un groupe massif, dangereux. Bientôt mort. Le chevalier sombre secoua ses lames d'un mouvement de poignet, expulsant les restes de chairs qui glissaient le long du phantacier de ses lames.  

    - Pauvre taré. Comment oses-tu venir attaquer ma monture sans même te présenter. Tu ne sais pas à qui tu as aff...
    - Celui-ci est à moi. Je vous laisse les autres.

    Nouvel élan. Nouvel assaut. Le guerrier aux sombres armoiries ne laissa pas le temps à son adversaire de parler. De se présenter. Car il s'en moquait. Derrière lui, le reikois savait que ses deux compagnons s'étaient élancés à leur tour sur l'armée, car les nombreux hyénidés s'étaient mis à hurler et quittaient leur position. D'un mouvement, Deydreus força son adversaire à sortir ses propres armes dans une contre-attaque maladroite. Le coup fut paré, mais le choc déstabilisa le cornu suffisamment pour lui faire lâcher un juron. Ce dernier possédait une armure, raffinée, brillante. Ce qui tranchait énormément avec l'ébène de celle de l'être aux yeux vairons. Dans sa main droite, une lourde lame courbée, brillait d'un éclat malsain. A vrai dire, vu ses proportions, cette dernière relevait plus du hachoir géant plutôt que d'une lame travaillée. Bien, il restait peut-être un peu de violence dans le corps de ce prétendu nouvel empereur. Ce dernier contre-attaqua d'ailleurs avec force, tentant de venir trancher en diagonal le sombre chevalier qui dévia sa frappe dans un mouvement parfait. Projetée en l'air, l'arme du drakyn ne servait plus à grand chose, mis à part exposer son possesseur qui se repositionna rapidement afin de ne pas prendre de coup mortel. Ses yeux bruns, couplés aux cicatrices qui glissaient sur son visage lui donnaient un air sauvage, seulement brisé par sa tenue trop voyante. Ses cheveux rouges volaient dans l'air, projetés par le vent et ses propres mouvements. Il y avait du charisme dans tout cet assemblage, Deydreus pouvait bien le reconnaître. C'était aussi pour cela qu'il devait le tuer.

    Pivotant ses lames, le guerrier enchaîna plusieurs coups rapides, visant principalement à déstabiliser le drakyn qui, malgré sa grande taille, peinait à rivaliser avec la vitesse du reikois. L'homme aux yeux vairons contrôlait le tempo du combat, le flot. De ce fait, il avait l'initiative sur de nombreuses manœuvres, sur de nombreuses attaques. Le nouvel empereur ne semblait pourtant pas, visiblement, en difficulté malgré le fait qu'il subissait plus qu'il n'échangeait de coups avec son adversaire. Ses traits fermés, tendus, démontraient une certaine rigueur et discipline. Le cornu n'en était pas à son premier combat. Une lame siffla alors sur le côté. Dans ce qui aurait pu être l'angle mort du reikois s'il ne s'était pas replacé après sa dernière frappe. Une elfe, au visage masqué par un foulard rouge. Ses yeux transpiraient la haine qu'elle avait pour le trio de démons qui se battaient contre eux. Le drakyn, redressé, pesta en apercevant l'oreille pointue.

    - Reste en dehors de cela Miranda.
    - Je ne le laisserai pas te blesser.
    - Ce n'est pas ton combat.
    - Est-ce ta compagne?

    La question du sombre chevalier sembla déstabiliser le drakyn qui se jeta en avant, se plaçant entre le reikois et l'elfe qui venait de surgir de la masse grouillante.

    - Ne la touche pas.
    - Ce n'était pas mon attention. Mais si elle tente quoique ce soit, je ferais en sorte que ses tripes prennent l'air avant que tu ne rendes ton dernier souffle.

    Il ponctua alors sa phrase d'un nouveau claquement sonore. Le mana glissa dans tout son corps, le propulsant à une vitesse folle sur un adversaire qui avait à peine eut le temps de redresser sa garde. Les lames s'entrechoquèrent de nouveau. Autour d'eux, une tempête de massacre résonnait. Un tourbillon de violence auquel le chevalier aux yeux vairons ne prêta aucune attention. Alasker, et Kahl, étaient largement suffisant pour combattre là dedans. Pour se vautrer dans toute cette rage, tout ce sang. Un cyclone dévorant que Deydreus ne connaissait que trop bien. Le drakyn pesta, tentant cette fois de mener la danse dans un enchainement de coups brutaux. Chaque fois, le reikois déviait la frappe avec aisance, agaçant encore plus son adversaire qui tenta en réponse des coups de plus en plus violents. Et de plus en plus risqués. Alors qu'il visait la gorge de l'armure sombre, cette dernière se baissa subitement, glissant sous l'énorme lame telle une anguille vicieuse. Silence et Hurlement bondirent ensuite en avant, projetées par le bretteur impérial qui se lançait dans une contre attaque dévastatrice. Les lames vinrent pénétrer l'armure sans aucune résistance, perforant ventre et poitrine. Tournant sur lui même, Deydreus retira ses armes dans un silence morbide, projetant de nouveau tout autour de lui un tourbillon sanglant, accompagné du cri d'une elfe terrifiée. Le drakyn tomba à genoux, toussant son propre sang alors qu'il portait des mains tremblantes sur ses plaies. Deydreus se redressa, observant la femme aux oreilles pointues qui devenait hystérique. Ses yeux emplis de larmes démontraient sa haine pour le reikois. Une haine qui ne stoppa pas les lames de ce dernier. Il l'entailla de tout son long, en diagonale. Suffisamment profondément pour que la blessure s'avère mortelle, mais pas suffisamment pour qu'elle ne la tue d'un seul coup. Elle tomba alors sur le sol noir, gémissante.

    Dominant ce spectacle pitoyable, Deydreus planta Silence dans la terre aride avant de venir tirer l'elfe par la tignasse, la trainant lentement vers son amant cornu. Ce dernier était à genoux, retenant pitoyablement les boyaux qui tentaient de quitter son corps. Quand le sombre chevalier projeta vers lui celle qu'il aimait, ses yeux haineux prirent une teinte désespérée. La fin approchait. Dans un réflexe, le nouvel empereur laissa ses plaies béantes pour venir enlacer son amour qui, dans un énième sursaut, commençait à perdre connaissance. S'approchant silencieusement, Deydreus leva Hurlement au dessus de leurs têtes.

    - Sit habes requiem.

    Reprenant ensuite Silence qui sembla siffler lorsqu'elle quitta le sol aride, Deydreus observa quelques instants le reste du champ de bataille. Le chaos, comme à chaque fois, régnait. Des têtes volaient, des os se brisaient. Les cris rageurs se mêlaient aux suppliques d'agonie. Faisant glisser ses yeux vairons sur les formes qui bougeaient, le reikois aperçut la stature bleutée de l'Oni, ainsi que la masse rouge appartenant à Alasker. Un nouveau sourire se dessina sur les lèvres du sombre guerrier qui ne fit que s'intensifier lorsque plusieurs gnolls se jetèrent sur lui. La bataille continuait malgré la chute de leur chef.      

    Tant mieux, car Deydreus ne voulait épargner personne.



    Legenda trium daemonum. [Alasker & Kahl] - Page 2 Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Dim 19 Mar - 15:35
    "Trop aimable. J'accepte."

    D'instinct, le colosse du grand froit sut à qui était adressé le grognement à peine compréhensible que le loup de la bande avait laissé échapper entre ses crocs serrés jusqu'au sang. En parfaite opposition avec la brûlante silhouette de l'homme-bête rendu fou à lier tant par le sang que par l'épuisement qui le possédait tout entier, Kahl se tenait arme en main, glacial et aussi impeccablement immobile qu'une effroyable statue. Entre ses deux géants se tenait Deydreus, fier et implacable. L'Ogre renifla et, de l'orifice situé au creux de la gueule béante qui ornait son masque carmin, de fins filets de vapeur hivernale apparaissaient au rythme de son souffle lourd et puissant. Une véritable armée se dressait devant eux mais l'ombre du trio démoniaque paraissait s'étendre partout, à la lueur d'un soleil surnaturellement sanglant. Dans une cacophonie abjecte de rires stridents et de grondements sauvages, le Nouvel Empereur et ses sbires se tenaient prêts à frapper, menaçant les militaires ainsi que le mercenaire de leurs armes dévorées par la rouille.

    "Sacrée brochette. Il n'y a pas été de main morte, l'animal, pour pondre autant de ces saloperies."

    Ricanant bêtement à sa propre plaisanterie, Kahl jeta un regard à Alasker pour observer sa réaction mais le loup semblait déjà hors de portée, noyé dans sa soif de violence infinie. Kahl ne s'en formalisa pas et passa machinalement sa main libre dans sa crinière immaculée en vint en extraire accidentellement un morceau de croc brisé, vestige du précédent combat dont il s'était tiré sans égratignure. Toujours aussi enjoué, il projeta l'ossement d'une simple pichenette, avant de se recentrer sur le dialogue qu'avait entamé le dirigeant des Serres avec son principal adversaire. Lorsque Deydreus demanda à pouvoir affronter l'imposteur en combat singulier, Kahl obtempéra sans broncher, se contenant d'une petite remarque prononcé sur un ton goguenard :

    "A votre convenance, cher ami. Nous avons bien assez de boules de poils à massacrer."

    Il leva sa masse démesurée dans les airs puis décrivit autour de lui des spirales, faisant tournoyer l'arme gigantesque à une telle vitesse que le vent sifflait tout autour de lui, ce dans un spectacle provocateur visant à insinuer la peur dans les cœurs de leurs opposants. Il conclut sa parade de guerre  en abattant brusquement sa botte sur le sol désertique, la frappant si fort que le sol en trembla sous son poids. Le cor sonna enfin et le monstre des glaces, furieusement jovial, bondit en avant en effectuant des moulinets extravagants à l'aide de sa massue tout en dansant jusqu'à ses opposants, ce avec une agilité féline pour le moins surprenante, en vue de sa taille et de sa stature.  Riant aux éclats, il passa finalement son arme devant sa gueule, l'aspergeant au passage par magie d'une fine pellicule de givre qui, dans un craquement cristallin, se solidifia tout en se dilatant d'un seul coup, créant sur toute la surface touchée des crocs glacés.

    Cette manœuvre accomplie, il releva la tête en direction de la vague haineuse de crocs et d'acier qui s'élevait face à lui et frappa latéralement, prenant soin de renforcer d'abord son corps afin d'effectuer le plus grand carnage possible. Dans un claquement sourd et bruyant, le géant azuré fit brusquement pivoter son bassin et frappa si fort que son corps quitta brièvement le sol. Boucliers, épais et membres furent broyés à l'unisson tandis que débutait les chants mortuaires. Couinements, piaillements et hurlements de rage furent légion dans les rangs ennemis alors que les deux sauvages détruisaient tout sur leur passage, réduisant leurs adversaires en bouillie sanguinolente pendant qu'au centre du chaos, le duel entre Deydreus et le faux empereur approchait déjà de sa conclusion.

    Ne prenant même plus au sérieux sa propre part du combat, Kahl s'attarda un instant sur l'élégante violence de l'homme en noir qui, sans mal, s'était joué de son ennemi juste assez longtemps pour percer sa garde, lui offrant le supplice d'une mort lente et ô combien douloureuse. Son attention ayant été detournée, Kahl fut tout de même puni par son imprudence car une hyènes survivante l'approcha par le flanc et bondit prestement, lui assénant un coup de dents rageur tout en cherchant à percer son cuir à grands coups de dague. Incapable de ressentir convenablement la souffrance, Kahl se contenta de refermer sa main libre sur la gorge de la bête, l'écrasant dans un étau tout en givrant par magie sa nuque. Les muscles paralysés par le froid se détendirent et, dans un craquement ignoble, l'animal rendit son dernier souffle par un ultime aboiement.

    "Saleté, tu vois pas que je regarde ? Tu vas me faire rater le clou du spectacle."

    Avec désinvolture, il projeta ensuite le cadavre brisé de la hyène, frappant de plein fouet un second assaillant qui tentait maladroitement de se frayer un chemin jusqu'à l'Ogre. Les gnolls étaient stupides mais la mort de leur unique chef de meute semblait tout de même les avoir déstabilisés, tant et si bien qu'ils perdaient leur instinct meurtrier au profit d'une envie de fuir tout à fait naturelle. Il en restait tout de même encore beaucoup qui n'avaient pas jugé bon de prendre leurs pattes à leur cou, chose qui ne déplaisait pas à l'Ogre dont la soif de sang n'avait toujours pas été assouvie. Leurs espoirs de vaincre étaient balayés d'un revers de la main du monstre. Tout autour de Deydreus, des corps sans vie volaient par dizaines à chaque fois que l'oni frappait, ce qui ponctuait la bataille de claquements si violents qu'on eut cru pouvoir entendre, partout sur le champ de bataille, des tambours de guerre frappés par les titans eux-mêmes.

    Victorieux, l'Ogre observa avec fierté les rares bêtes survivantes qui fuyaient, pattes cassées et esprit guerrier envolé, tout en dépliant théâtralement ses bras dans une révérence toujours aussi pompeuse et extravagante. Malgré sa sauvagerie, il avait toujours eu un goût prononcé pour le spectacle ainsi qu'un sens artistique plutôt macabre. Au beau milieu d'un océan de sable, de larmes et de sang, Kahl s'avança tranquillement, s'approchant juste assez pour inspecter la triste désillusion du fameux Nouvel Empereur qui s'était déjà vidé son sang et qui, poétiquement, avait été rejoint dans ses derniers moments par sa supposée compagne. Extenué par le combat, Kahl porta une main couverte de givre à son masque et le retira tout en laissant partir un profond soupir de satisfaction.

    "Le Nouvel Empereur, mort comme il a vécu. Un tas de merde, tout juste bon à être reniflé et prié par les corniauds qui l'ont pris pour une idole. Sois rassuré, il y aura bien une poignée de ces sacs à puce qui viendront prier pour le salut de ton âme. Et après, ils vous boufferont, toi et celle qui a été assez idiote pour croire en tes rêves."

    Après cette envolée grossière et malvenue, ils laissèrent à son sort la dépouille de leur misérable ennemi, abattu comme l'un des chiens qui le vénéraient en vain. Kahl enfonça sa massue dans le sable, s'époussetant les paumes tout en bombant le torse. Il n'était pas peu fier d'avoir obtenu un tel résultat et semblait absolument indifférent à la blessure béante qu'il portait au flanc. Balayant la zone d'un regard empli d'un bonheur déplacé, l'oni au faciès monstrueux offrit à ses compagnons un sourire composé de lames acérées comme des épées, puis il conclut :

    "On a bien bossé. Je reconnais volontiers à votre métier quelques qualités insoupçonnées, après mûre réflexion."
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  • Jeu 23 Mar - 2:31
    Personne ne maniait aussi bien la lance que Solveig, c’était un fait indiscutable au sein du Glaive Ardent. Fils d’un duelliste et d’une danseuse, le demi-elfe semblait né pour donner le rythme, que ça soit au milieu du chaos d’une bataille ou lors d’un duel d’honneur. Obsessionnel au dernier degré, il avait passé ses deux siècles de vie adulte à perfectionner l’art de tuer avec style, s’offrant pour cela les meilleurs des maîtres et les pires adversaires. Conscient de son talent inné comme de celui que son acharnement avait fini par lui conférer, le sang-mêlé s’était bien vite lancé dans une carrière de mercenaire tout à fait respectable lui ayant apporté son lot d’or, de gloire et de femmes faciles. Avide de combats toujours plus ardus, frustré de ne jamais pouvoir faire face à LA difficulté, LA bête à abattre, il n’avait certainement pas été difficile à convaincre lorsqu’au cours d’une soirée de beuverie dans une loge de Kyouji, Miranda s’était mise en tête de le recruter, non sans accompagner l’acte par l’offre d’une bourse garnie d’or et de bijoux coûteux :  
    “-Rejoins le Glaive Ardent et bats-toi pour quelque chose de plus grand.” Avait simplement susurré la séïde du faux-empereur avant de s’éclipser en laissant, dans l’air, l’odeur de son enivrant parfum de prune et de jasmin. “Bats-toi pour quelque chose de plus grand.” N’était ni une phrase de recrutement originale, ni même un slogan très flatteur. Ca ressemblait, en y réfléchissant bien, à une courte tirade de conte pour enfant. Mais ça avait suffit. Parce que Solveig, avant toute chose, restait un homme sûr de lui et particulièrement joueur. La gloire des causes perdues l’avait toujours attiré. Parce que, d’aussi loin qu’il se souvenait, elle avait toujours été synonyme de combats dantesques.
    Et maintenant qu’ils se trouvaient tous rassemblés là, sur cette colline cauchemardesque, Solveig savait au plus profond de lui qu’il avait eu raison d’accepter. De rejoindre les rêves fous de cet illuminé d’empereur auto-proclamé, pour affronter ce fils de pute au visage grimaçant et à l’armure écarlate. Il l’avait su à l’instant où la lame de la grotesque hache avait fendu en deux le couple de trolls domestiqués qui s’étaient jetés sur lui, dès le début du combat. Sans subtilité, dépourvu de la moindre grâce, son ennemi désigné bavait et tuait, écrasant -littéralement- sous sa masse impossible ceux qui osaient passer entre ses coups dans l’espoir d’échapper à sa rage. Les non-humains eux-mêmes paraissaient incapables de faire preuve d’une telle animosité. Lorsque le monstre écarlate s’approchait, ils semblaient, soudainement, tout à fait égarés. Leurs propres cris se perdaient dans le fracas provoqué par le sien, leurs gueules immondes, aux babines retroussées, débordant d'écumes paraissaient soudainement bien inoffensives, face à l’airain de ses plaques d’armures cabossées et marquées de centaines de coups.
    Il était parfait. Il serait le couronnement de sa carrière. Solveig le savait. Solveig le sentait.
    Pour attirer l’attention du golem de rage, le danseur lui jeta au visage l’un de ses nombreux couteaux de combat. La lame projetée fendit l’air, parcourant une quarantaine de pieds le temps d’un ou deux battements de cœurs, et alla se ficher dans la chair rougeâtre du porteur de hache, au beau milieu de sa joue gauche. Alors, Solveig écarquilla les yeux.
    Parce que ce tir n’aurait pas dû le toucher. A peine aurait-il dû effleurer son oreille droite. Le danseur avait pris soin de prendre en compte la vitesse de course du berserker, alors que ce dernier s’élançait à la poursuite d’un trio de gnolls en fuite. Pour esquiver la morsure de l’acier, le géant d’Airain n’aurait eu qu’à continuer son sprint. Mais il ne l’avait pas fait. Oh non. A l’instant où la lame de lancer avait quitté les longs doigts blanchâtres de l’inégalable lancier, sa cible désignée s’était stoppée. Elle avait planté ses solerets trempés de sang dans le sol rocailleux et…simplement attendu que l’arme vienne déchirer sa chair, tout en le fixant de son horrible regard. Il n’y avait pas la moindre explication à un tel comportement, si ce n’est, bien sûr, la plus évidente : ce salopard aux yeux noirs venait de le provoquer de la manière la plus tordue qui soit.
    Calmement, Solveig changea donc sa posture, empoigna à deux mains sa lance, richement décorée, et s'élança vers son ennemi, un demi-sourire planté sur son visage parfait.

    ***

    L’empereur était mort, le combat était fini…Et, surtout, Alasker n’avait plus mal au crâne. La colline était jonchée de cadavres, si bien que la fine pellicule de rejets volcaniques recouvrant le sol rocheux s’était transformée, par endroit, en une sorte de pâte visqueuse faite d’un agglomérat de sang, de bile, de pisse et de cendres empestant plus encore que les cadavres à l’origine de la plupart des fluides mentionnés. Ca puait comme dans le plus sale des égouts, surtout là où les trolls s’étaient traînés avant de mourir, et pourtant…Pourtant, c’était là l’odeur de la victoire.
    Le géant d’Airain avait dû mettre un peu de temps à prendre conscience que plus personne ne respirait encore, autour de lui. Peut-être cinq ou dix minutes. L’excitation rendait difficile toute estimation, “le temps passe vite, quand on s’amuse” disait Sanguin. Lorsqu’il avait cessé d’abattre la lame de sa hache sur la bouillie de chair en-dessous de lui, Alasker s’était rendu compte qu’un projectile fiché dans son visage empêchait sa régénération. D’un geste dépourvu de douceur, le chef des dévoreurs avait retiré la lame de lancer, aussi longue qu’une main humaine, de sa joue déchirée, pour la jeter négligemment derrière-lui. Puis, incapable de trouver le moindre trophée de valeur au milieu de l’amas de morts, Iratus s’était extirpé des restes méconnaissables d’une dizaine de cadavres pour rejoindre ses compagnons, prenant par la même occasion connaissance du fait qu’il avait dévalé la moitié de la colline dans la rage du moment, probablement en pourchassant quelques fuyards. Sur le chemin retour, sa silhouette massive croisa celle, longiforme et suppliciée, d’une oreille pointue richement équipée. La pointe de ce qui devait être sa propre lance dépassait de sa gorge partiellement déchirée. En entrant, le fer avait délogé et tranché la carotide, qui s’était extirpée de son fourreau de chair et s'était manifestement mise à danser au dehors durant quelques instants en vomissant un flot de sang suffisamment conséquent pour que toute la partie gauche de sa fine armure d’argent en soit tout à fait trempée. La posture à demi-debout de l’elfe évoqua vaguement à Alasker une étape de son massacre. Il se revit planter la hampe de la lance dans le sol avant de pousser le visage terrifié de son possesseur originel contre cette dernière et un gloussement mauvais souleva son buste en lui déclenchant, au passage, une quinte de toux. La douleur que cette dernière éveilla dans sa gorge le fit grimacer. Sans perdre un instant de plus, le géant se détourna du corps pour reprendre sa progression.

    “-T’es blessé, Grand bleu.” Souffla-t-il, plus tard, une fois son ascension achevée et après que Kahl eût terminé ses grandiloquentes déclarations. “Garde tes tripes à l’intérieur s’il-te-plait, j’ai aucune envie d’avoir à te porter sur le retour.
    Sa propre plaie s’était refermée aussi rapidement que possible malgré l’épuisement manifeste de son corps. L’absence de sommeil commençait à se faire ressentir et ses muscles crispés par l’effort le brûlaient à un millier d’endroits différents. Mais il souriait comme il lui arrivait parfois de sourire, au terme d’une mission bien remplie. Ce n’était pas vraiment de la joie, ni même du soulagement, puisqu’Alasker ne craignait plus pour sa vie depuis bien longtemps, en guerre. Non, si le géant d’Airain souriait à cet instant précis, c’était parce qu’il savait qu’au cours des quelques prochaines heures, la rage et la bête qui l’animait resteraient toutes deux profondément assoupies, lovées au fond de son crâne, repues et fières. Aucun tic nerveux ne viendrait torturer son corps, aucune migraine n’irait enflammer ses méninges. Iratus était en paix et le resterait pour quelque temps avant que l’appel de son sinistre devoir ne vienne de nouveau résonner en lui.
    En attendant, bien sûr, il pouvait profiter de cette rare clarté d’esprit pour discuter un peu.
    “-Je t’ai vu te battre aujourd’hui, Kahl.” Commença le géant d’Airain en plantant sa hache dans le sol. “T’es un vrai démon et t’as pas le moindre instinct de conversation alors tu ferais un bon dévoreur, mais je refuse d’avoir un gars en pagne dans ma bande. Si le patron est d’accord pour t’intégrer à nos rangs, tu vas me faire le plaisir de remplacer cette saloperie par un peu d’armure.
    Ceci dit, Alasker marcha jusqu’aux pieds de l’arbre dominant la colline, ignorant les lianes de corps brisés parcourant ses branches pour se baisser et ramasser son heaume, calé entre les racines. Une croûte de sang avait séché à l’intérieur comme à l’extérieur du casque, et les démangeaisons qu’il ressentait sur son visage impliquaient qu’une certaine quantité de raisiné avait dû pareillement recouvrir ses traits. Il attrapa la gourde qui se trouvait posée non loin de l’emplacement de son couvre-chef d'airain et déversa la moitié de son contenu sur son crâne. Sans grande surprise, au contact de sa peau et de ses quelques rares cheveux, l’eau se teinta immédiatement de rouge avant d’aller s’écraser sur la cendre recouvrant la roche craquelée. Ce qui restait de liquide, le géant le déversa dans son gosier pour éteindre le feu que son souffle rauque avait allumé, au fond de sa gorge, durant la bataille.
    “-Mais au fait, j’y pense.” Gronda-t-il en se tournant vers Deydreus, une fois sa gourde vidée.”On a une idée de comment il s’appelait, cet abruti d’empereur?
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  • Jeu 23 Mar - 12:21
    Lorsque le fameux Alasker, tout couvert de viscères et couronné d'acier brisé, se révéla face au soleil écrasant des plaines désolées, Kahl tordit sa gueule ignoble et lui adressa un sourire. Ainsi, rien n'avait su faire flancher la bête écarlate. Très justement, Iratus fit remarquer à l'Ogre sa blessure et, après une seconde inspection effectuée avec plus d'intérêt, Kahl réalisait qu'effectivement, il avait été haché bien convenablement par les crocs puissants de la bête folle. Passant une main sur sa peau bleue, tordue et repliée sur elle-même en lambeaux, l'oni réalisa que malgré sa robustesse anormale, il était évident que quelques soins de base s'imposaient.

    "Plutôt ramper que de finir en sac à dos."

    Il pouffa brièvement puis réalisa, en croisant le regard de son gigantesque interlocuteur, que le chaos dévorant l'esprit de son vis-à-vis semblait -pour un temps tout du moins- s'être relativement apaisé. La soif de sang de Kahl, elle aussi, lui paraissait désormais lointaine. De mémoire, il n'avait vraiment participé à une bataille menée en tel sous-nombre qu'en compagnie de Nargulg et les mémoires de ce fameux combat étaient gravées pour toujours dans son esprit malade comme l'un de ses plus précieux souvenirs. Plus que réconfortante, une expérience comme celle-ci était grisante pour celui qui n'existait que pour l'art de la guerre.

    Le loup ensanglanté, affairé à rassembler ses possessions et à nettoyer sa truffe, confirma ensuite à l'Ogre ce qu'il avait déjà sous-entendu lors de leurs précédentes conversations. Kahl etait contraint d'admettre que son opinion au sujet des militaires avait peut-être passablement été altérée par cette aventure qu'il n'aurait jamais cru mener en telle compagnie. Ce fut donc sans provocation qu'il se contenta de croiser les bras contre son torse en accueillant silencieusement l'invitation à rejoindre sa joyeuse troupe de massacreurs. Il restait encore à établir l'opinion du "patron", comme le nommait Alasker, mais la décision de l'Ogre était quant à elle déjà prise. Souriant, mais pas moqueur pour autant, il rétorqua donc :

    "C'est si gentiment proposé."

    Il espérait toutefois qu'intégrer les forces armées de l'empire impliquait exclusivement -ou presque- ce genre de missions en territoires hostiles car il ne se voyait ni lécher les bottes d'officiers gras et idiots, ni garder les portes d'un palais dont il n'avait cure. Kahl jeta un regard en biais au colosse en rouge puis au gradé en armure d'ébène et se dit, naturellement, qu'il était peu probable que ces derniers l'emmènent parader ou lui infliger l'affront de tâches aussi peu glorieuses. Ce n'était, de toute évidence, pas vraiment le genre de la maison. Tout en passant une griffe entre ses crocs pour les récurer, le monstre bleu marmonna :

    "Mes guenilles m'ont été bien utiles mais il est vrai que je pourrais profiter d'une petite amélioration à ce niveau. Ces fripes sont indignes de mes glorieuses performances. En plus, le rouge me va à merveille."

    Kahl balaya du regard l'étendue sauvage dans laquelle avaient été creusés, au cours de leur violente bataille, une multitude de sillons désormais gorgés de sang. Partout autour d'eux, des cadavres désarticulés d'hommes, d'elfes et de bêtes, seul public de ce noble pacte qui s'établissait à mi-mots entre les trois guerriers. Pas d'applaudissements ni de fleur jetées par les glorieux démons qui, loin de toute civilisation, avaient causé ce carnage d'anthologie. L'Ogre s'en amusa, un court instant seulement, puis vint reporter son attention sur le loup lorsque ce dernier amena sur le tapis la question du nouvel empereur, ou plutôt de ce qu'il en restait.

    "Tiens donc, voici venir le premier écart culturel. Je ne savais pas que les reikois avaient pour coutume de nommer leurs déchets."

    Ricanant sans retenue, il conclut cet éclat par un vif coup d'oeil jeté au combattant ambidextre. Avec un peu plus de sérieux et de tenue, cette fois-ci, il demanda convenablement plutôt que de tourner autour du pot :

    "Alors, ai-je ma place parmi vous ?"
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    Deydreus Fictilem
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  • Ven 24 Mar - 12:52
    Essuyant doucement ses lames à l'aide de la bannière déchirée du glaive ardent, Deydreus laissait son regard vairon glisser sur les corps déchirés du champ de bataille. Les derniers fuyards n'étaient plus visibles, et les agonisant avaient rendu leur dernier soupir. Il n'y avait plus que l'odeur ferreuse du sang, ainsi que le parfum désagréable qui accompagnait les morts. Un massacre, voila ce qu'avait été cet affrontement. Trois démons, affrontant une armée de faiblards aux espoirs trop grands. Trois guerriers aux méthodes diverses, mais à la violence commune. Quand l'Oni arriva à son niveau, le reikois se contenta de sourire à sa remarque, continuant de retirer les lambeaux de chair qui pendaient aux dents de ses armes.

    - Et encore, tu n'as pas vu à quoi ressemble les repas servis en caserne.

    Un rire franc s'échappa de la gorge de l'homme aux yeux vairons. Le simple fait de tutoyer le géant bleuté témoignait de l'acceptation tacite du dirigeant des Serres Pourpres. Le cornu était un être puissant et sauvage, et Deydreus savait qu'il serait un atout pour le Reike. Rangeant finalement ses deux lourdes épées dans leurs fourreaux, le chevalier observa alors silencieusement la masse rouge qui avançait vers eux. L'air apaisé d'Alasker, couplé au sang qui stagnait sur son armure et aux nombreux corps en lambeaux plus bas témoignaient du carnage et de la satisfaction de la bête tapie dans son esprit. Le guerrier aux sombres armoiries écouta par la suite les mots de ses deux compagnons d'armes, esquissant un large sourire face aux traits d'esprits de ces derniers et de la dépouille misérable du rebelle anonyme. Au final, son nom n'avait que peu d'importance, surtout vu son égo. Oublier jusqu'à son identité revenait à le tuer une nouvelle fois. Car même son souvenir finirait dissiper par les vents arides du volcan. S'approchant alors de Kahl, Deydreus ancra ses yeux hétérochromes dans le regard fou de l'Oni.

    - Lâche ton arme. Laisse la retomber dans la boue et le sang, une nouvelle fois. Il marqua une pause, attendant que l'Ogre ne s'exécute. En rejoignant l'armée, tu devras prêter serment. Conformément à ton rang, conformément à ta violence. Il y a de nombreuses tâches administratives que nous devrons régler. Un tatouage devra t'être aposé. Je n'aime pas l'idée non plus, mais c'est obligatoire. Cependant...

    Il s'approcha de l'arme, l'inspectant silencieusement tandis qu'il observait les restes des victimes de l'Oni et le carmin sanglant toujours présent. Un sourire se dessina sur ses lèvres, repassant dans son esprit la bataille qui venait d'avoir lieu.

    - Tu pourras rester brutal contre nos ennemis. Violent. Furieux. Jamais je ne te repprocherai de te déchainer sur ceux qui s'opposent à nous. Mais tu devras apprendre à composer avec ta meute. Je ne te demanderai jamais de ployer le genou devant moi, sauf si c'est un jour pour t'élever. Tout ce que je te demande, c'est ta loyauté. Considère mes ordres comme absolus. Et jamais je ne jugerai tes actes à l'encontre des adversaires que nous terrasserons.

    Il enleva alors son casque, le jetant dans la boue aux côtés de l'arme du cornu. Son regard vairon glissa de nouveau sur le visage vicieux du géant tandis que la brise ardente venait faire voler ses cheveux d'ébène.

    - Reprend ton arme Kahl, non pas en tant que mercenaire, mais en tant que Dévoreur. En tant que membre des Serres Pourpres. Et sois acteur des guerres que nous mènerons. Sois le peintre participant à la toile que nous créons, peignant cette dernière d'un liquide écarlate. Il tendit sa main gantée à l'Oni. Et deviens notre frère d'armes. Rejoins notre meute. Notre famille.

    Il attendit silencieusement la réponse de l'intéressé. Une fois que ce dernier confirma officiellement ses intentions, Deydreus ricana et ramassa son heaume pour le passer sous son bras. Ses yeux quittèrent le bleuté pour s'ancrer une dernière fois sur l'arbre aux mutilés puis sur les restes du champ de bataille.

    - Venez. Quittons ces plaines ensanglantés et retournons à Kyouji.

    La rébellion avait été écrasée, de nouveau. Pourtant, quelques questions demeuraient. Comment de tels brigands avaient-ils pu s'élever à ce point? Devenir aussi influent? Outre l'égo incroyable du "nouvel empereur", il fallait reconnaître l'habileté de ce dernier vis à vis de ses talents d'orateur. Il était parvenu à rallier à sa cause gnolls, trolls, ogre, humains et elfes. Ce simple exploit forçait le respect. Pour le reste, malheureusement, cet homme avait manqué de talent. Il n'avait pas été excellent bretteur, et son excès de confiance avait fini par causer sa perte. Il n'avait pas sut jauger ses ennemis et estimer leur force.

    Soupirant doucement, le reikois laissa son esprit s'embrumer doucement tandis que ses grèves écrasaient les viscères de quelques adversaires anonymes et décédés. Un sourire s'installa alors sur ses lèvres tandis qu'il se retournait vers Alasker.

    - C'est une blague. Il marqua une pause, dévisageant le lycanthrope puis l'oni. Je commence à avoir mal au crâne.

    Un rire rauque s'échappa de sa gorge tandis qu'il se retournait et reprenait la route. Ces plaines avaient vu la mort de nombreuses personnes. Mais elles avaient également vu naitre un nouveau membre de la meute. Rien n'était pourtant terminé pour Kahl. Une fois rentré, ce dernier allait devoir se faire tatouer, et commencer un long entrainement avec les autres dévoreurs. Non pas pour le discipliner - ce n'était pas la méthode des guerriers vermillons - mais pour apprendre à déchirer leurs ennemis avec "cohésion". Transformer un chasseur solitaire, en une bête oeuvrant parmi un groupe.

    Et Deydreus avait hâte de voir cela. Même si les papiers à remplir le faisaient déjà soupirer de lassitude.


    Legenda trium daemonum. [Alasker & Kahl] - Page 2 Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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