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Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
Messages : 595
crédits : 1453
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Assis sur le dos d'Helhestr, Deydreus observait en silence la multitude de têtes qui défilaient devant lui. Approchant des murs de Kyouji, les Serres avaient voyagé depuis la capitale. Et le voyage avait été.... Long. Très long. Et particulièrement ennuyeux. Il n'y avait eu aucune attaque de bandits, aucune créature suffisamment stupide pour venir s'en prendre à leur troupe. Non, que du sable se faisant déplacer sur les grandes routes terreuses, surtout après leur arrêt obligatoire à Taisen. Alors, maintenant qu'ils arrivaient enfin dans la ville qui représentait leur destination, l'homme aux yeux vairons passait le temps en observant chacun des voyageurs qui entraient et sortaient des portes de la ville. Tiré de ses pensées par Malik qui revenait du poste de garde, l'officier dévisagea le membre des Serres.
- C'est ok chef. Notre arrivée a bien été notifiée au maire, et d'après les infos des gardes, on est attendus près des portes sud.
- Allons-y.
Se remettant en route, des Serres particulièrement blasées traversèrent la ville frontalière en quasi silence. Si les badauds s'écartaient bien sur leur route, l'officier soupirait intérieurement en remarquant le dédain que certains des marchands portaient à la troupe reikoise. Enfouis dans leur vie de commerçants et voyant l'armée comme une menace potentielle pour leur économie vis à vis de la république, ces imbéciles avaient fini par oublier que leur sécurité même était assurée par des régiments de l'armée. Tout particulièrement, les civils qu'ils croisaient dévisageaient complètement les dévoreurs. Les crânes à leurs ceintures, leurs dents taillées en pointes et leur manière de se déplacer devait sans doute rappeler à certains d'entre eux les barbares ayant assiégé la ville il y a quelques années. Enfin... Ce n'était que ça au final, des badauds. Alors autant ne pas trop y prêter attention. Après un énième tournant, la troupe aperçut enfin les fameuses portes sud.
Là bas, plusieurs petits groupes de mercenaires semblaient s'être assemblés et discutaient entre eux, tandis que les gardes les observaient d'un oeil perplexe. Lorsque les Serres arrivèrent enfin à leur tour, tous les regards se tournèrent vers les sang et noir. Mettant pied à terre et remettant sa monture à Aki, Deydreus s'avança vers le recruteur des mercenaires, accompagné d'Alasker. Arrivant à son niveau, le vétéran dévisagea l'homme bedonnant qui restait assis à sa table, à l'abri du soleil grâce à l'orc visiblement retardé qui se tenait debout derrière lui. Son visage, rond et gras, était habillé d'une barbe ridicule et trouée tandis que ses cheveux gras pendaient de manière désordonnée dans sa nuque. Levant ses yeux marrons, le recruteur hoqueta de surprise en observant les deux dirigeants reikois.
- V.... Vous devez êtres les Serres Pourpres? On m'avait annoncé votre arrivée pour demain matin.
- Je n'aime pas attendre.
- Euh.. D'accord, mais vous savez, les mercenaires ne sont pas tous encore arrivés.
- Peu importe, nous partirons avec ceux présents. Après tout, Kyouji dépense déjà trop d'argent à les recruter quand elle pourrait simplement faire appel à nos troupes.
- Je suis bien d'accord, mais sans cela, je toucherai moins d'argent alors....
- Quel groupe est prêt à partir?
- Ceux qui sont le plus loin des portes.
D'un signe de tête, Deydreus mit fin à la discussion alors qu'il se détournait de la table et du gros recruteur. Tournant la tête vers Alasker, l'homme aux yeux vairons soupira longuement.
- Je suis fatigué de la stupidité administrative Alasker, tu n'as pas idée. On nous appelle pour une énième attaque de convois marchands, mais pourtant la ville veut tout de même employer des mercenaires. Histoire d'être sûr que les bandits comprennent qu'ils ne peuvent attaquer les convois impunément... Ces imbéciles ne prennent même pas en considération que certains de ces mercenaires ont sans doute déjà attaqué un de nos convois par le passé... Il s'arrêta alors, dévoilant à son ami du doigt un groupe de mercenaire un peu plus loin. Je crois que je viens de trouver ceux que nous allons devoir chaperonner.
Le groupe concerné, composé d'environ dix hommes, semblait particulièrement... Désordonné. De leur position, le duo reikois pouvait facilement observer chacun des individus composant les mercenaires. Deydreus remarquait deux elfes, un orc, trois nains, trois hommes et... Un être particulièrement grand et au corps défiguré par les vestiges d'anciens combats. A vrai dire, cet être dénotait tout particulièrement parmi son petit groupe de lames à louer. Globalement, ils faisaient tous, sous équipés, au mieux. L'armure noire comptait chez eux quelques armes relativement correctes mais des protections très... Rudimentaires. A côté de cela, le géant, malgré ses guenilles, dégageait une aura particulièrement violente. Tout de suite, il attira la curiosité de l'officier aux yeux hétérochromes. Arrivant finalement à leur niveau, et suivi par les Serres et les Dévoreurs qui les suivaient de près, Deydreus prit finalement la parole.
- Bonjour à vous, mercenaires. Nous sommes les Serres Pourpres, vos meilleurs amis de ce jour. Nous allons devoir faire chemin commun un peu plus à l'ouest de la ville, à la limite des montagnes menant au mont kazan. Je suppose que vous savez déjà que les autres groupes de mercenaires balaieront les autres zones suspectes mais... Notre groupe ira directement dans les zones les plus... Hostiles. Je compte sur vous pour nous assister du mieux que vous le pourrez. Il s'arrêta de parler, désignant Alasker puis lui même du pouce. Voici Alasker, mon bras droit. Je me nomme Deydreus et je suis celui qui dirige cette troupe et est responsable de notre petit groupe. N'hésitez pas à nous dire qui vous êtes, cela sera plus simple pour la suite. Egalement, nous représentons actuellement l'autorité reikoise pour cette mission. De ce fait, vous répondrez de nos directives quant à la progression future. Pour le reste, lors des engagements... Faites comme bon vous semblera, mais ne nous gênez pas. Surtout nos Dévoreurs... Ils n'aiment pas ça.
Quelques rires s'échappèrent de derrière lui, tandis que les autres membres des Serres commençaient à revérifier de nouveau leur équipement. Posant son regard vairon sur chacun des mercenaires présents, Deydreus voulait s'assurer que chacun comprenait ce qu'il voulait dire. Leur groupe était là pour faire mission commune, mais pas pour les assister plus que de raisons ou pour leur dire quoi faire. D'ailleurs, l'armure d'ébène n'aurait pas véritablement apprécier que des lames de seconde main osent dire à ses hommes ce qu'il fallait faire. De nouveau, la seule personne qui éveillait son intérêt demeurait là, à dominer le reste des mercenaires de quelques têtes. Reportant de nouveau son attention sur les mercenaires, Deydreus dévisagea de nouveau les lames à louer les plus proches.
- Si vous êtes tous prêts et que nos présentations sont terminées, alors allons-y. Il est encore tôt, et j'aimerais que nous nous rendions sur le dernier site d'attaque. De là, nous verrons bien vers où cette vermine est partie.
- C'est ok chef. Notre arrivée a bien été notifiée au maire, et d'après les infos des gardes, on est attendus près des portes sud.
- Allons-y.
Se remettant en route, des Serres particulièrement blasées traversèrent la ville frontalière en quasi silence. Si les badauds s'écartaient bien sur leur route, l'officier soupirait intérieurement en remarquant le dédain que certains des marchands portaient à la troupe reikoise. Enfouis dans leur vie de commerçants et voyant l'armée comme une menace potentielle pour leur économie vis à vis de la république, ces imbéciles avaient fini par oublier que leur sécurité même était assurée par des régiments de l'armée. Tout particulièrement, les civils qu'ils croisaient dévisageaient complètement les dévoreurs. Les crânes à leurs ceintures, leurs dents taillées en pointes et leur manière de se déplacer devait sans doute rappeler à certains d'entre eux les barbares ayant assiégé la ville il y a quelques années. Enfin... Ce n'était que ça au final, des badauds. Alors autant ne pas trop y prêter attention. Après un énième tournant, la troupe aperçut enfin les fameuses portes sud.
Là bas, plusieurs petits groupes de mercenaires semblaient s'être assemblés et discutaient entre eux, tandis que les gardes les observaient d'un oeil perplexe. Lorsque les Serres arrivèrent enfin à leur tour, tous les regards se tournèrent vers les sang et noir. Mettant pied à terre et remettant sa monture à Aki, Deydreus s'avança vers le recruteur des mercenaires, accompagné d'Alasker. Arrivant à son niveau, le vétéran dévisagea l'homme bedonnant qui restait assis à sa table, à l'abri du soleil grâce à l'orc visiblement retardé qui se tenait debout derrière lui. Son visage, rond et gras, était habillé d'une barbe ridicule et trouée tandis que ses cheveux gras pendaient de manière désordonnée dans sa nuque. Levant ses yeux marrons, le recruteur hoqueta de surprise en observant les deux dirigeants reikois.
- V.... Vous devez êtres les Serres Pourpres? On m'avait annoncé votre arrivée pour demain matin.
- Je n'aime pas attendre.
- Euh.. D'accord, mais vous savez, les mercenaires ne sont pas tous encore arrivés.
- Peu importe, nous partirons avec ceux présents. Après tout, Kyouji dépense déjà trop d'argent à les recruter quand elle pourrait simplement faire appel à nos troupes.
- Je suis bien d'accord, mais sans cela, je toucherai moins d'argent alors....
- Quel groupe est prêt à partir?
- Ceux qui sont le plus loin des portes.
D'un signe de tête, Deydreus mit fin à la discussion alors qu'il se détournait de la table et du gros recruteur. Tournant la tête vers Alasker, l'homme aux yeux vairons soupira longuement.
- Je suis fatigué de la stupidité administrative Alasker, tu n'as pas idée. On nous appelle pour une énième attaque de convois marchands, mais pourtant la ville veut tout de même employer des mercenaires. Histoire d'être sûr que les bandits comprennent qu'ils ne peuvent attaquer les convois impunément... Ces imbéciles ne prennent même pas en considération que certains de ces mercenaires ont sans doute déjà attaqué un de nos convois par le passé... Il s'arrêta alors, dévoilant à son ami du doigt un groupe de mercenaire un peu plus loin. Je crois que je viens de trouver ceux que nous allons devoir chaperonner.
Le groupe concerné, composé d'environ dix hommes, semblait particulièrement... Désordonné. De leur position, le duo reikois pouvait facilement observer chacun des individus composant les mercenaires. Deydreus remarquait deux elfes, un orc, trois nains, trois hommes et... Un être particulièrement grand et au corps défiguré par les vestiges d'anciens combats. A vrai dire, cet être dénotait tout particulièrement parmi son petit groupe de lames à louer. Globalement, ils faisaient tous, sous équipés, au mieux. L'armure noire comptait chez eux quelques armes relativement correctes mais des protections très... Rudimentaires. A côté de cela, le géant, malgré ses guenilles, dégageait une aura particulièrement violente. Tout de suite, il attira la curiosité de l'officier aux yeux hétérochromes. Arrivant finalement à leur niveau, et suivi par les Serres et les Dévoreurs qui les suivaient de près, Deydreus prit finalement la parole.
- Bonjour à vous, mercenaires. Nous sommes les Serres Pourpres, vos meilleurs amis de ce jour. Nous allons devoir faire chemin commun un peu plus à l'ouest de la ville, à la limite des montagnes menant au mont kazan. Je suppose que vous savez déjà que les autres groupes de mercenaires balaieront les autres zones suspectes mais... Notre groupe ira directement dans les zones les plus... Hostiles. Je compte sur vous pour nous assister du mieux que vous le pourrez. Il s'arrêta de parler, désignant Alasker puis lui même du pouce. Voici Alasker, mon bras droit. Je me nomme Deydreus et je suis celui qui dirige cette troupe et est responsable de notre petit groupe. N'hésitez pas à nous dire qui vous êtes, cela sera plus simple pour la suite. Egalement, nous représentons actuellement l'autorité reikoise pour cette mission. De ce fait, vous répondrez de nos directives quant à la progression future. Pour le reste, lors des engagements... Faites comme bon vous semblera, mais ne nous gênez pas. Surtout nos Dévoreurs... Ils n'aiment pas ça.
Quelques rires s'échappèrent de derrière lui, tandis que les autres membres des Serres commençaient à revérifier de nouveau leur équipement. Posant son regard vairon sur chacun des mercenaires présents, Deydreus voulait s'assurer que chacun comprenait ce qu'il voulait dire. Leur groupe était là pour faire mission commune, mais pas pour les assister plus que de raisons ou pour leur dire quoi faire. D'ailleurs, l'armure d'ébène n'aurait pas véritablement apprécier que des lames de seconde main osent dire à ses hommes ce qu'il fallait faire. De nouveau, la seule personne qui éveillait son intérêt demeurait là, à dominer le reste des mercenaires de quelques têtes. Reportant de nouveau son attention sur les mercenaires, Deydreus dévisagea de nouveau les lames à louer les plus proches.
- Si vous êtes tous prêts et que nos présentations sont terminées, alors allons-y. Il est encore tôt, et j'aimerais que nous nous rendions sur le dernier site d'attaque. De là, nous verrons bien vers où cette vermine est partie.
*
* *
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Le soleil tapait toujours aussi fort au dessus du carrefour des trois vierges. Etendus sur la terre asséchée, les restes décharnés des marchands s'étant fait tuer demeurait là, à même le sol. En vérité, les autorités reikoises n'avaient même pas encore pris la peine de déplacer les cadavres, principalement car Deydreus avait demandé à ce que tout reste sur place, pour qu'ils puissent retracer le déroulé de l'attaque sans qu'aucun détail, autre que ce que la nature aurait put enlever, ne disparaisse. Les chariots, éclatés et ouverts, ne possédaient plus la moindre marchandise. Visuellement, le convoi avait été décimé extrêmement rapidement.
Déployant les Serres, l'officier aux yeux vairons voulait un périmètre sécurisé pour pouvoir observer les corps en toute sérénité. Une fois le périmètre dressé, il s'agenouilla donc et étudia les différents ossements et restes de chaire séchée. Quelques minutes plus tard, l'armure d'ébène retourna auprès d'Alasker, de l'Oni, et de Romuald, le prétendu "chef" du petit groupe de mercenaire.
- Les os ont été rongés. Bien avant que les cadavres ne soient décomposés. Il ne reste plus rien de valeurs dans les chariots et j'ai remarqué des traces de lames et d'armes contondantes un peu partout sur les différents marchands. Ce fut un massacre. Un affrontement à sens unique. Il marqua une pause, désignant l'arrière du convoi. Ils ont été attaqué en premier lieu de ce côté. De votre côté, vous avez trouvé quelque chose d'intéressant?
- Apparence des épées de Deydreus:
Pour ainsi dire, Kahl était véritablement méconnaissable. Après les divers massacres dont il s'était rendu responsable sur le territoire républicain et la sinistre issue qu'avait connue sa troupe, le monstre avait choisi de dissimuler temporairement crocs et griffes et de s'immiscer dans les rangs de mercenaires qui sillonnaient les terres Reikoises. Ce nouvel emploi avait pour l'heure cruellement manqué d'action car les attributions de Kahl se limitaient principalement à escorter des convois ou à protéger un emplacement donné pour le compte d'un quelconque bourgmestre ou d'un nobliau sans importance. Ironique, pour un tueur sans foi ni loi qui avait mené une quête d'absolue destruction durant ses longues années de banditisme, mais la vie de guerrier était ainsi faite.
De dirigeant impitoyable qui beuglait des ordres à la volée, l'Ogre était aujourd'hui devenu un taciturne combattant qui ne brillait que par ses exploits martiaux et qui, curieusement, parvenait bel et bien à se tenir à carreau. Se sachant traqué, le monstre barbare avait su trouver en lui la finesse requise pour se faire petit, ne serait-ce qu'un temps, afin de s'enfoncer progressivement dans le territoire de l'Empire et ainsi échapper à l'attention de ses poursuivants. Durant son séjour au Razkaal, il avait eu l'occasion de découvrir les Limiers et bien qu'il lui coûtait de l'admettre, il réalisait sans mal que les affrontements directs avec eux risquaient de lui attirer plus d'ennuis que de mérite. Ses compagnons ayant rendus l'âme, personne n'aurait pu chanter ses louanges même s'il était ressorti vainqueur d'une altercation avec les chiens de garde de la République.
Bonjour à vous, mercenaires.
Lorsqu'il entendit ces mots, le géant des glaces adossé nonchalamment contre une vieille table décrépie releva lentement la tête. Derrière son masque pourpre, le colosse masqué se contenta de fixer d'un œil le militaire qui venait de faire son entrée et écouta pensivement les présentations ainsi que l'explication effectuée par le dirigeant des troupes. Si l'Ogre n'avait que peu d'intérêt pour les explications qui lui étaient fournies au sujet de leur mission du jour, il faisait toutefois preuve d'un calme, d'un respect et d'un sérieux tout à fait hors-normes pour lui, en vue de son habituelle exubérance et de son légendaire franc-parler. Pour le meilleur ou pour le pire, le changement de carrière du guerrier cornu s'était accompagné de certaines concessions sur le plan comportemental.
Lors de ces annonces, un point attira toutefois l'attention du mystérieux géant. Le soldat présenta son second, un solide gaillard qui ne devait probablement pas pâlir devant grand-monde, avant de faire allusion au tempérament de ceux qu'il nommait "Dévoreurs." Des rires gras et particulièrement vicieux s'envolèrent ça et là dans l'assemblée qui accompagnait le dirigeant des troupes. Kahl pivota doucement, faisant face à ces guerriers chez lesquels transparaissaient toute une palette d'émotions tout à fait fascinantes. Une forme de violence bestiale, difficilement contenue, une aura tout à fait sauvage qui contrastait étrangement avec la rigueur et l'ordre qu'on associait usuellement à l'armée impériale. Les bêtes se reconnaissant aisément entre elles, Kahl se sentit aussitôt observé en retour et se redressa machinalement pour faire face aux guerriers en armures vermillon. Sous son masque, un sourire carnassier se dessina. Il en était convaincu désormais, ces hommes appréciaient la simple idée d'être craints, tout comme lui. Malgré l'étendard qu'ils défendaient, ce n'était pas les chausses de l'Empereur qu'ils embrassaient, mais bel et bien leur sanguinaire nature. Intéressant, releva-t-il sans mot dire.
Par subtil esprit de provocation, la bête refit surface. En guise de première démonstration de ses capacités hors du commun, le colosse joua de sa force surnaturelle pour saisir la massue déraisonnablement grande qu'il avait posée verticalement non loin de lui. D'un coup de pied sec et précis, il frappa l'extrémité de son arme et cette dernière décrivit alors un grand arc avant de retomber sur son énorme épaule. Peu d'hommes pouvaient se targuer de pouvoir soulever un tel amas de ferraille et de bois, mais la projeter ainsi avec tant d'aisance relevait purement de l'exploit. Son petit tour effectué, il bouscula sans ménagement ses compagnons pour passer au premier rang et prit la parole de sa voix caverneuse :
"Vous pouvez m'appeler Kahl. D'ailleurs, ne perdez pas de temps à mémoriser d'autres noms, je suis le seul sur lequel vous pourrez compter dans ce ramassis d'incapables."
Les autres mercenaires, pourtant bien endurcis par leurs propres expériences, n'eurent pas le cœur à s'opposer aux dires du géant. Lors d'une interaction avec l'oni, ils préféraient tous voir leur égo passablement meurtri plutôt que d'avoir à l'affronter de face. S'il s'était montré plutôt docile depuis son arrivée, chacun savait qu'il valait mieux s'en méfier. Au-delà de son apparence effroyable, il avait déjà démontré durant ses quelques interventions sur le terrain que tout ce qui se dressait sur sa route finissait généralement pulvérisé. Même Romuald, qui avait pris l'habitude d'être considéré comme la tête pensante du groupuscule, n'osait pas se mettre entre l'oni et ses proies. On lui passa donc sa moquerie en serrant les dents, et ainsi s'acheva l'organisation de l'opération.
Le périple les séparant de la zone à risques s'effectua sans encombre mais durant le voyage, Kahl prit le temps d'analyser avec une attention toute particulière les soldats qui menaient la danse. Attiré par la puissance brute tout comme l'était un insecte hypnotisé par une lumière éclatante, l'Ogre ressentait à chaque seconde un peu plus de dégoût à l'égard des pauvres maraudeurs dénués de conviction parmi lesquels il s'était glissé pour fuir la République. Il méprisait certes toujours autant les codes de l'armée et les restrictions stupides qu'imposaient leur profession, mais il reconnaissait toutefois que ceux-là étaient dotés d'un certain panache.
Ils parvinrent enfin à la scène du crime et découvrirent sans surprise la teneur du massacre dont les marchands locaux avaient été victimes. Un rictus narquois, invisible derrière le masque démoniaque, se dessina alors sur le faciès du géant. De bien des façons, un aussi macabre tableau lui remémorait d'agréables souvenirs d'antan. Il se garda bien d'y faire allusion et lorsque le fameux Deydreus les invita à lancer les recherches, Kahl s'exécuta comme le reste de ses compères. S'accroupissant non loin de l'avant du convoi démoli, il déposa l'une de ses dextres griffues sur le sol et passa sa main sur la surface desséchée tout en observant les environs. Après une brève analyse, il fut rappelé par le chef des opérations à se rassembler avec les autres figures les plus emblématiques du moment. Massue toujours sur l'épaule, le géant obtempéra sans rechigner. Une fois qu'ils furent réunis, Romuald fut le premier à répondre :
"A priori, on est pas sur du brigand lambda. C'est courant qu'ils laissent aucun survivant et qu'ils embarquent tout derrière eux mais quand même, la plupart des crapules ne sont pas affamées au point de bouffer les marchands sur place. Ils ont peut-être lâché des chiens sur eux, mais ce serait particulièrement sadique et pas franchement malin de perdre autant de temps là-dessus. Vous en pensez quoi ?"
Aussitôt, Kahl secoua la tête et ajouta son grain de sel à l'analyse :
"Pas des chiens, ni même des loups. On a de nombreuses marques de griffes sur le convoi lui-même et sur des débris. Se servir de son corniaud n'est certainement pas le meilleur moyen de forcer un coffre."
Les regards se tournèrent alors vers Alasker, l'intriguant personnage à la tête qui portait lui aussi l'armure rouge, ce dernier ayant sans doute ses propres éléments à apporter pour faire évoluer l'enquête.
De dirigeant impitoyable qui beuglait des ordres à la volée, l'Ogre était aujourd'hui devenu un taciturne combattant qui ne brillait que par ses exploits martiaux et qui, curieusement, parvenait bel et bien à se tenir à carreau. Se sachant traqué, le monstre barbare avait su trouver en lui la finesse requise pour se faire petit, ne serait-ce qu'un temps, afin de s'enfoncer progressivement dans le territoire de l'Empire et ainsi échapper à l'attention de ses poursuivants. Durant son séjour au Razkaal, il avait eu l'occasion de découvrir les Limiers et bien qu'il lui coûtait de l'admettre, il réalisait sans mal que les affrontements directs avec eux risquaient de lui attirer plus d'ennuis que de mérite. Ses compagnons ayant rendus l'âme, personne n'aurait pu chanter ses louanges même s'il était ressorti vainqueur d'une altercation avec les chiens de garde de la République.
Bonjour à vous, mercenaires.
Lorsqu'il entendit ces mots, le géant des glaces adossé nonchalamment contre une vieille table décrépie releva lentement la tête. Derrière son masque pourpre, le colosse masqué se contenta de fixer d'un œil le militaire qui venait de faire son entrée et écouta pensivement les présentations ainsi que l'explication effectuée par le dirigeant des troupes. Si l'Ogre n'avait que peu d'intérêt pour les explications qui lui étaient fournies au sujet de leur mission du jour, il faisait toutefois preuve d'un calme, d'un respect et d'un sérieux tout à fait hors-normes pour lui, en vue de son habituelle exubérance et de son légendaire franc-parler. Pour le meilleur ou pour le pire, le changement de carrière du guerrier cornu s'était accompagné de certaines concessions sur le plan comportemental.
Lors de ces annonces, un point attira toutefois l'attention du mystérieux géant. Le soldat présenta son second, un solide gaillard qui ne devait probablement pas pâlir devant grand-monde, avant de faire allusion au tempérament de ceux qu'il nommait "Dévoreurs." Des rires gras et particulièrement vicieux s'envolèrent ça et là dans l'assemblée qui accompagnait le dirigeant des troupes. Kahl pivota doucement, faisant face à ces guerriers chez lesquels transparaissaient toute une palette d'émotions tout à fait fascinantes. Une forme de violence bestiale, difficilement contenue, une aura tout à fait sauvage qui contrastait étrangement avec la rigueur et l'ordre qu'on associait usuellement à l'armée impériale. Les bêtes se reconnaissant aisément entre elles, Kahl se sentit aussitôt observé en retour et se redressa machinalement pour faire face aux guerriers en armures vermillon. Sous son masque, un sourire carnassier se dessina. Il en était convaincu désormais, ces hommes appréciaient la simple idée d'être craints, tout comme lui. Malgré l'étendard qu'ils défendaient, ce n'était pas les chausses de l'Empereur qu'ils embrassaient, mais bel et bien leur sanguinaire nature. Intéressant, releva-t-il sans mot dire.
Par subtil esprit de provocation, la bête refit surface. En guise de première démonstration de ses capacités hors du commun, le colosse joua de sa force surnaturelle pour saisir la massue déraisonnablement grande qu'il avait posée verticalement non loin de lui. D'un coup de pied sec et précis, il frappa l'extrémité de son arme et cette dernière décrivit alors un grand arc avant de retomber sur son énorme épaule. Peu d'hommes pouvaient se targuer de pouvoir soulever un tel amas de ferraille et de bois, mais la projeter ainsi avec tant d'aisance relevait purement de l'exploit. Son petit tour effectué, il bouscula sans ménagement ses compagnons pour passer au premier rang et prit la parole de sa voix caverneuse :
"Vous pouvez m'appeler Kahl. D'ailleurs, ne perdez pas de temps à mémoriser d'autres noms, je suis le seul sur lequel vous pourrez compter dans ce ramassis d'incapables."
Les autres mercenaires, pourtant bien endurcis par leurs propres expériences, n'eurent pas le cœur à s'opposer aux dires du géant. Lors d'une interaction avec l'oni, ils préféraient tous voir leur égo passablement meurtri plutôt que d'avoir à l'affronter de face. S'il s'était montré plutôt docile depuis son arrivée, chacun savait qu'il valait mieux s'en méfier. Au-delà de son apparence effroyable, il avait déjà démontré durant ses quelques interventions sur le terrain que tout ce qui se dressait sur sa route finissait généralement pulvérisé. Même Romuald, qui avait pris l'habitude d'être considéré comme la tête pensante du groupuscule, n'osait pas se mettre entre l'oni et ses proies. On lui passa donc sa moquerie en serrant les dents, et ainsi s'acheva l'organisation de l'opération.
* * *
Le périple les séparant de la zone à risques s'effectua sans encombre mais durant le voyage, Kahl prit le temps d'analyser avec une attention toute particulière les soldats qui menaient la danse. Attiré par la puissance brute tout comme l'était un insecte hypnotisé par une lumière éclatante, l'Ogre ressentait à chaque seconde un peu plus de dégoût à l'égard des pauvres maraudeurs dénués de conviction parmi lesquels il s'était glissé pour fuir la République. Il méprisait certes toujours autant les codes de l'armée et les restrictions stupides qu'imposaient leur profession, mais il reconnaissait toutefois que ceux-là étaient dotés d'un certain panache.
Ils parvinrent enfin à la scène du crime et découvrirent sans surprise la teneur du massacre dont les marchands locaux avaient été victimes. Un rictus narquois, invisible derrière le masque démoniaque, se dessina alors sur le faciès du géant. De bien des façons, un aussi macabre tableau lui remémorait d'agréables souvenirs d'antan. Il se garda bien d'y faire allusion et lorsque le fameux Deydreus les invita à lancer les recherches, Kahl s'exécuta comme le reste de ses compères. S'accroupissant non loin de l'avant du convoi démoli, il déposa l'une de ses dextres griffues sur le sol et passa sa main sur la surface desséchée tout en observant les environs. Après une brève analyse, il fut rappelé par le chef des opérations à se rassembler avec les autres figures les plus emblématiques du moment. Massue toujours sur l'épaule, le géant obtempéra sans rechigner. Une fois qu'ils furent réunis, Romuald fut le premier à répondre :
"A priori, on est pas sur du brigand lambda. C'est courant qu'ils laissent aucun survivant et qu'ils embarquent tout derrière eux mais quand même, la plupart des crapules ne sont pas affamées au point de bouffer les marchands sur place. Ils ont peut-être lâché des chiens sur eux, mais ce serait particulièrement sadique et pas franchement malin de perdre autant de temps là-dessus. Vous en pensez quoi ?"
Aussitôt, Kahl secoua la tête et ajouta son grain de sel à l'analyse :
"Pas des chiens, ni même des loups. On a de nombreuses marques de griffes sur le convoi lui-même et sur des débris. Se servir de son corniaud n'est certainement pas le meilleur moyen de forcer un coffre."
Les regards se tournèrent alors vers Alasker, l'intriguant personnage à la tête qui portait lui aussi l'armure rouge, ce dernier ayant sans doute ses propres éléments à apporter pour faire évoluer l'enquête.
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
Messages : 216
crédits : 2610
crédits : 2610
Info personnage
Race: Loup-Garou
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B
Les missions se succédaient et se ressemblaient toutes. C’était le problème avec la vie de soldat : On recevait bien souvent des ordres stupides provenant de personnes n’ayant jamais mis un seul orteil dans une véritable joute et raisonnant comme des foutus banquiers. Jadis, Vaeryan, le sous-officier de son ancienne troupe, lui avait dit que “on finissait par s’y faire” et que “au final, la colère et l’agacement s’en vont”, de biens belles paroles, auxquelles le jeune Alasker avait voulu croire…Seulement voilà, la colère et l’agacement ne s’en étaient jamais allés, ils avaient même crevé le plafond, quelques mois plus tard, à tel point que le soldat avait décapité Vaeryan pour devenir Iratus, l’enragé, au milieu d’une arène qui aurait dû être sa punition plutôt que le berceau de sa renaissance.
Alors, effectivement, Alasker n’avait pas la moindre idée de la fatigue qui accablait son frère d’arme et ami, à chaque fois que l’administration collait son gros nez d’ignorant au milieu des affaires des guerriers. Ce genre de chose avait plutôt tendance à provoquer en lui un afflux de colère difficilement contenable se traduisant par des tressaillements de paupières, des tremblements et des frissons tout le long du corps. Le souvenir de Bourg-Argent encore bien ancré dans son crâne, Iratus avait dû lutter contre l’envie d’écraser entre ses mains le crâne boursouflé du recruteur des mercenaires, l’hésitation dans sa voix paraissant bien trop semblable à celle qui avait jadis motivé toutes les mauvaises décisions d’un certain Bourgmestre. Visualiser la scène, s’imaginer presser les parois crâniennes jusqu’à ce que les yeux sortent de leurs orbites et que ces grosses joues paraissent enfin plates l’avait un peu calmé. Juste un peu. Juste assez pour que ses Dévoreurs ne puissent pas percevoir son état d’agitation. Ils étaient déjà suffisamment excités comme ça.
Ses hommes se tenaient quelques pas derrière-eux, en compagnie du reste des Serres. Ils formaient une bande à part, une dizaine de berserkers aux armures cramoisies, excepté Gorog, l’orc, qui allait torse nu. Cette excentricité inattendue avait pour origine une dispute ayant éclaté entre lui et Kirk qui s’était soldée par un défi d’honneur. Gorog devait faire couler le sang de trois adversaires sans porter de plastron ou de protections, en échange de quoi Kirk cesserait enfin de discuter son autorité de sous-lieutenant. Alasker n’avait pas cherché à le dissuader. Mourir en relevant un défi d’honneur était une bonne mort, quand bien même cette dernière en entraînerait probablement une deuxième : Celle de Nahr, l’ami de Gorog, qui tenterait de défier en duel Kirk pour le punir de sa fourberie. Le Drakyn le tuerait à coup sûr, mais ça ne l’empêcherait pas d’essayer de venger son frère d’arme. Et ça aussi, c’était une bonne mort.
On ne pouvait empêcher des bêtes sauvages de se mordre entre-elles pour s’emparer d’un semblant d’autorité. Ils le savaient intouchable, lui, alors ils se rabattaient sur celui qui était sa voix, dans la bande. Intervenir pour calmer le jeu n’aurait fait que saper l’autorité de Gorog et jamais Iratus ne se serait permis de faire cela à un si fidèle allié. L’orc à barbe blanche était un grand garçon, qui savait ce qu’il faisait. Si il réussissait, plus personne n’oserait l’ouvrir pendant un long moment.
Et si il échouait, et bien…Le problème serait réglé, en tout cas pour lui.
“-Je crois que je viens de trouver ceux que nous allons devoir chaperonner.”
Le regard d’Alasker se dirigea vers le groupe désigné. Un ramassis de bandits et de coupe-jarrets, rassemblés dans un tas désorganisé qui n’était pas sans lui rappeler ses propres gars. Les mercenaires étaient mercenaires parce qu’ils n’aimaient pas l’autorité ou parce qu’ils étaient simplement trop nuls pour intéresser le moindre sergent. Il était parfois difficile de séparer le bon grain de l’ivraie, puisque les chiens fous avaient parfois des têtes de perdants, et les perdants prenaient parfois des attitudes de chiens fous. Mais, dans ce cas précis, le repérage n’avait rien de difficile :
Ca ressemblait à un Oni ou à quelque chose du genre et ça dépassait d’au moins deux têtes le reste des mercenaires. La camelote qu’il portait ne laissait que peu de doute quant à son passé…mouvementé, et les trophées macabres accrochés à ses vêtements ne pouvaient qu’attirer l'œil du chef des Dévoreurs, puisque tous ses hommes en portaient de semblables. Iratus sentit la curiosité de ses gars poindre, toute orientée en direction du supposé Oni, et se surprit à lui-même se demander quel genre de combattant ça pouvait être, tandis que Deydreus commençait son discours.
Quelque chose changea dans l’attitude du Grand Bleu, au fur et à mesure de l’exposé de l’armure noire. Sans doute devait-il sentir les regards se poser sur lui, si bien qu’à la fin, lorsque le silence revint, le dénommé Kahl se présenta à eux de la manière la moins subtile du monde : En écrasant ceux qui se tenaient à ses côtés.
Les crocs du lycanthrope se découvrirent dans un sourire sauvage, face à cette scène. Les mercenaires ne possédaient pas grand chose d’autre que de la fierté, en général. Mais aucun d’eux n’avait osé défendre, ne serait-ce que par une pique verbale, son honneur. L’Oni venait d’humilier ses semblables devant une soixante d’yeux inconnus sans qu’aucun ne bronche. Leur soumission était évidente. Et elle impliquait un certain potentiel.
“-Celui-ci est dangereux.” Souffla-t-il à Deydreus, sans se départir de son sourire. “Il me rappelle ma jeunesse.”
***
“-Des gnolls.” Gronda Alasker. Le géant retira son heaume, le coinça sous son épaule et cracha au sol. Il s'essuya le front, couvert d'une épaisse couche de sueur causée par la chaleur ambiante, puis son regard noir glissa le long des ruines parsemant la terre sèche de la route, sans prêter attention aux yeux surpris qui le dévisageaient. “Je sens encore leur odeur, un seul d’entre-eux schlingue plus qu’une dizaine de loups galleux… et il y en avait un paquet.” Son nez se plissa de dégoût. “Certains ont marqué leur territoire avant de repartir.
-Vous avez un sacré bon nez.” Ironisa Romuald, en accompagnant son observation d’un rire qu’Alasker ne pris même pas la peine de relever. Il s’écarta du petit groupe récemment rassemblé pour se diriger vers les restes d’un corps de marchand, le torse ouvert de l’aine à la gorge. Sans la moindre cérémonie, il plongea sa main libre à l’intérieur des ruines organiques pour en retirer des morceaux brisés de colonnes vertébrales.
“-Les chiens rongent les os, ils ne les mangent pas.” Le géant marqua une pause, le temps de jeter les restes aux pieds de Romuald, qui eut une moue dégoûtée. “Les gnolls sont des hyènes glorifiées, ils sont juste assez intelligents pour savoir comment creuser le torse d’un homme avec une arme pour atteindre les os les plus savoureux. Et ils peuvent les digérer, eux.”
Ses Dévoreurs se rapprochèrent pour former un groupe anarchique de fers et de lames, derrière-lui. Alasker soupira en secouant sa main gantée, couverte de sang et de bave séchés. Il avait omis volontairement de mentionner comment il pouvait bien savoir quel type d'os était savoureux et espérait sincèrement que personne n'oserait lui poser la question.
“-Le grand bleu a raison. Pas de chiens ou de loups. Juste des gnolls qui sont sortis du désert pour faire une petite vadrouille. Même si j'vois pas trop ce qui peut les pousser à faire pareil.”
A ces mots, Gorog laissa échapper un rire gras.
“-Ils ne vont pas être difficiles à pister, alors.”
Iratus acquiesça d’un hochement de tête. Le ciel était bleu. La pluie n'avait pas encore lavé le sol et ne comptait manifestement pas le faire avant un petit moment. Il avait suivi des pistes olfactives bien plus difficiles que celle-ci, les pires étant de loin celles qui avaient le malheur de se trouver dans la neige ou, pire, dans la jungle, là où toutes les puanteurs du monde se mélangeaient pour créer un arôme cauchemardesque qu'on pouvait goûter si on avait le malheur de respirer par la bouche. Au moins, ici, la puanteur des gnolls était difficile à confondre avec quoique ce soit d’autres, qui plus est, la plupart des représentants de cette espèce n'avaient jamais été porté sur la discrétion. Le fait qu'ils aient pu ainsi, librement, s'attaquer à des marchands sans que les gardes des villes et villages environnants ne remarquent quoique ce soit en disait long sur l'état des frontières Reikoise, maintenant que la guerre était finie. Ça n'était pas bon. Aussi mollasson pouvaient être les républicains, faire preuve d'une telle faiblesse près de chez eux ne pouvait qu'attiser leurs instincts de charognards.
“-C’est pas ça le problème.” Soupira le géant. “Ces bestioles ne se fatiguent pas facilement. Leur nid peut très bien être à une demi-douzaine de lieues de là.”
Il y eut quelques jurons et autant de soupirs. Ça impliquait un sacré voyage. Potentiellement, ce voyage pouvait même les mener de l'autre côté de la frontière, si la piste les menait au sud. Alasker se redressa pour se tourner vers Deydreus, jusqu’alors silencieux, et lui demander sur le ton du badinage :
“-Je peux prendre la tête directement ou il faut qu’on envoie un putain de recommandé au Maire de Kyouji?”
Alors, effectivement, Alasker n’avait pas la moindre idée de la fatigue qui accablait son frère d’arme et ami, à chaque fois que l’administration collait son gros nez d’ignorant au milieu des affaires des guerriers. Ce genre de chose avait plutôt tendance à provoquer en lui un afflux de colère difficilement contenable se traduisant par des tressaillements de paupières, des tremblements et des frissons tout le long du corps. Le souvenir de Bourg-Argent encore bien ancré dans son crâne, Iratus avait dû lutter contre l’envie d’écraser entre ses mains le crâne boursouflé du recruteur des mercenaires, l’hésitation dans sa voix paraissant bien trop semblable à celle qui avait jadis motivé toutes les mauvaises décisions d’un certain Bourgmestre. Visualiser la scène, s’imaginer presser les parois crâniennes jusqu’à ce que les yeux sortent de leurs orbites et que ces grosses joues paraissent enfin plates l’avait un peu calmé. Juste un peu. Juste assez pour que ses Dévoreurs ne puissent pas percevoir son état d’agitation. Ils étaient déjà suffisamment excités comme ça.
Ses hommes se tenaient quelques pas derrière-eux, en compagnie du reste des Serres. Ils formaient une bande à part, une dizaine de berserkers aux armures cramoisies, excepté Gorog, l’orc, qui allait torse nu. Cette excentricité inattendue avait pour origine une dispute ayant éclaté entre lui et Kirk qui s’était soldée par un défi d’honneur. Gorog devait faire couler le sang de trois adversaires sans porter de plastron ou de protections, en échange de quoi Kirk cesserait enfin de discuter son autorité de sous-lieutenant. Alasker n’avait pas cherché à le dissuader. Mourir en relevant un défi d’honneur était une bonne mort, quand bien même cette dernière en entraînerait probablement une deuxième : Celle de Nahr, l’ami de Gorog, qui tenterait de défier en duel Kirk pour le punir de sa fourberie. Le Drakyn le tuerait à coup sûr, mais ça ne l’empêcherait pas d’essayer de venger son frère d’arme. Et ça aussi, c’était une bonne mort.
On ne pouvait empêcher des bêtes sauvages de se mordre entre-elles pour s’emparer d’un semblant d’autorité. Ils le savaient intouchable, lui, alors ils se rabattaient sur celui qui était sa voix, dans la bande. Intervenir pour calmer le jeu n’aurait fait que saper l’autorité de Gorog et jamais Iratus ne se serait permis de faire cela à un si fidèle allié. L’orc à barbe blanche était un grand garçon, qui savait ce qu’il faisait. Si il réussissait, plus personne n’oserait l’ouvrir pendant un long moment.
Et si il échouait, et bien…Le problème serait réglé, en tout cas pour lui.
“-Je crois que je viens de trouver ceux que nous allons devoir chaperonner.”
Le regard d’Alasker se dirigea vers le groupe désigné. Un ramassis de bandits et de coupe-jarrets, rassemblés dans un tas désorganisé qui n’était pas sans lui rappeler ses propres gars. Les mercenaires étaient mercenaires parce qu’ils n’aimaient pas l’autorité ou parce qu’ils étaient simplement trop nuls pour intéresser le moindre sergent. Il était parfois difficile de séparer le bon grain de l’ivraie, puisque les chiens fous avaient parfois des têtes de perdants, et les perdants prenaient parfois des attitudes de chiens fous. Mais, dans ce cas précis, le repérage n’avait rien de difficile :
Ca ressemblait à un Oni ou à quelque chose du genre et ça dépassait d’au moins deux têtes le reste des mercenaires. La camelote qu’il portait ne laissait que peu de doute quant à son passé…mouvementé, et les trophées macabres accrochés à ses vêtements ne pouvaient qu’attirer l'œil du chef des Dévoreurs, puisque tous ses hommes en portaient de semblables. Iratus sentit la curiosité de ses gars poindre, toute orientée en direction du supposé Oni, et se surprit à lui-même se demander quel genre de combattant ça pouvait être, tandis que Deydreus commençait son discours.
Quelque chose changea dans l’attitude du Grand Bleu, au fur et à mesure de l’exposé de l’armure noire. Sans doute devait-il sentir les regards se poser sur lui, si bien qu’à la fin, lorsque le silence revint, le dénommé Kahl se présenta à eux de la manière la moins subtile du monde : En écrasant ceux qui se tenaient à ses côtés.
Les crocs du lycanthrope se découvrirent dans un sourire sauvage, face à cette scène. Les mercenaires ne possédaient pas grand chose d’autre que de la fierté, en général. Mais aucun d’eux n’avait osé défendre, ne serait-ce que par une pique verbale, son honneur. L’Oni venait d’humilier ses semblables devant une soixante d’yeux inconnus sans qu’aucun ne bronche. Leur soumission était évidente. Et elle impliquait un certain potentiel.
“-Celui-ci est dangereux.” Souffla-t-il à Deydreus, sans se départir de son sourire. “Il me rappelle ma jeunesse.”
***
“-Des gnolls.” Gronda Alasker. Le géant retira son heaume, le coinça sous son épaule et cracha au sol. Il s'essuya le front, couvert d'une épaisse couche de sueur causée par la chaleur ambiante, puis son regard noir glissa le long des ruines parsemant la terre sèche de la route, sans prêter attention aux yeux surpris qui le dévisageaient. “Je sens encore leur odeur, un seul d’entre-eux schlingue plus qu’une dizaine de loups galleux… et il y en avait un paquet.” Son nez se plissa de dégoût. “Certains ont marqué leur territoire avant de repartir.
-Vous avez un sacré bon nez.” Ironisa Romuald, en accompagnant son observation d’un rire qu’Alasker ne pris même pas la peine de relever. Il s’écarta du petit groupe récemment rassemblé pour se diriger vers les restes d’un corps de marchand, le torse ouvert de l’aine à la gorge. Sans la moindre cérémonie, il plongea sa main libre à l’intérieur des ruines organiques pour en retirer des morceaux brisés de colonnes vertébrales.
“-Les chiens rongent les os, ils ne les mangent pas.” Le géant marqua une pause, le temps de jeter les restes aux pieds de Romuald, qui eut une moue dégoûtée. “Les gnolls sont des hyènes glorifiées, ils sont juste assez intelligents pour savoir comment creuser le torse d’un homme avec une arme pour atteindre les os les plus savoureux. Et ils peuvent les digérer, eux.”
Ses Dévoreurs se rapprochèrent pour former un groupe anarchique de fers et de lames, derrière-lui. Alasker soupira en secouant sa main gantée, couverte de sang et de bave séchés. Il avait omis volontairement de mentionner comment il pouvait bien savoir quel type d'os était savoureux et espérait sincèrement que personne n'oserait lui poser la question.
“-Le grand bleu a raison. Pas de chiens ou de loups. Juste des gnolls qui sont sortis du désert pour faire une petite vadrouille. Même si j'vois pas trop ce qui peut les pousser à faire pareil.”
A ces mots, Gorog laissa échapper un rire gras.
“-Ils ne vont pas être difficiles à pister, alors.”
Iratus acquiesça d’un hochement de tête. Le ciel était bleu. La pluie n'avait pas encore lavé le sol et ne comptait manifestement pas le faire avant un petit moment. Il avait suivi des pistes olfactives bien plus difficiles que celle-ci, les pires étant de loin celles qui avaient le malheur de se trouver dans la neige ou, pire, dans la jungle, là où toutes les puanteurs du monde se mélangeaient pour créer un arôme cauchemardesque qu'on pouvait goûter si on avait le malheur de respirer par la bouche. Au moins, ici, la puanteur des gnolls était difficile à confondre avec quoique ce soit d’autres, qui plus est, la plupart des représentants de cette espèce n'avaient jamais été porté sur la discrétion. Le fait qu'ils aient pu ainsi, librement, s'attaquer à des marchands sans que les gardes des villes et villages environnants ne remarquent quoique ce soit en disait long sur l'état des frontières Reikoise, maintenant que la guerre était finie. Ça n'était pas bon. Aussi mollasson pouvaient être les républicains, faire preuve d'une telle faiblesse près de chez eux ne pouvait qu'attiser leurs instincts de charognards.
“-C’est pas ça le problème.” Soupira le géant. “Ces bestioles ne se fatiguent pas facilement. Leur nid peut très bien être à une demi-douzaine de lieues de là.”
Il y eut quelques jurons et autant de soupirs. Ça impliquait un sacré voyage. Potentiellement, ce voyage pouvait même les mener de l'autre côté de la frontière, si la piste les menait au sud. Alasker se redressa pour se tourner vers Deydreus, jusqu’alors silencieux, et lui demander sur le ton du badinage :
“-Je peux prendre la tête directement ou il faut qu’on envoie un putain de recommandé au Maire de Kyouji?”
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
Messages : 595
crédits : 1453
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Ecoutant les différents partis, Deydreus était resté silencieux. Outre son compagnon d'armes, l'officier avait analysé chacun des mots des mercenaires, afin de voir leur capacité d'analyse. Si Romuald avait lâché des banalités ennuyeuses, l'oni s'était avéré plus intéressant par sa logique pourtant évidente. Il n'agissait pas que comme un gros tas de muscles passif, mais plutôt comme une bête traquant ses proies. Parfait, il y avait peut-être quelqu'un dans ce lot d'incapables qui valait le coup. Après tout, Alasker avait l'air d'avoir un bon à priori sur le "tout bleu" et... Son ami ne se trompait jamais sur ce genre de choses. Quand tous eurent achevé leur rapport, l'homme aux yeux vairons frappa de ses grèves l'un des corps lacérés qui se trouvait non loin. Des gnolls.... Ces saletés étaient aussi puantes que fourbes. Pourtant, elles agissaient habituellement en petites meutes et n'attaquaient que lorsqu'elles se trouvaient en situation avantageuse alors... Il faudrait que le groupe fasse preuve d'un minimum de discrétion s'il voulait les surprendre. Et la discrétion n'était pas la spécialité d'un rassemblement d'une quarantaine d'individus, dont un lycanthrope et un oni. Alors, comme l'avait dit Alasker, ils allaient probablement devoir marcher. Longuement. Afin d'espérer pouvoir détecter la trace qui mènerait au campement de ces créatures. S'avançant vers le nord de la zone, Deydreus siffla, ce qui fit bouger les Serres qui se rassemblèrent en silence sans un mot. A l'instar d'une meute en parfaite symbiose.
- Que le maire aille au diable Alasker. Mène l'avancée, je me chargerai plus tard des potentielles retombées politiques et, si l'imbécile ose râler alors que nous venons le débarrasser de sa vermine, je lui trancherai la tête au besoin.
Comme prévu, la marche fut longue. Crapahutant sur les routes sableuses, le groupe tentait de garder une progression plus ou moins rapide. Tout à l'avant, l'oni et Alasker dirigeaient le groupe dans diverses directions. Derrière eux, les quelques dévoreurs marchaient de ci de là en humant l'air comme des bêtes affamées. Les suivant de près, les Serres marchaient en rythme, donnant le ton au son de leurs bottes qui frappaient le sol et du cuir de leur fourreau qui tapait sur leurs jambières. Parmi elles, Deydreus progressait silencieusement, analysant les individus composant son petit groupe ainsi que les alentours. Sur les côtés et à l'arrière, les mercenaires avançaient quant à eux de manière désordonnée, rappelant tout le manque de professionnalisme et d'efficacité des lames à louer. Et enfin, tout à l'arrière, les restes des dévoreurs avançaient en s'assurant qu'aucune créature n'oserait venir s'en prendre à leurs frères d'armes. Posant son regard vairon sur le "chef" des mercenaires, le chevalier sombre constata avec mépris la posture désastreuse de l'homme d'armes. Sa tenue, mal entretenue, pouvait pourtant donner une impression de savoir faire si l'on passait outre le fait que la rouille venait ronger les parties d'acier de l'équipement de protection. Ce qui frappait le vétéran, en réalité, relevait plus de la mine inattentive du mercenaire tout comme ses pas lourds et maladroits. A l'inverse, l'observation de l'armure noire sur l'oni s'avéra bien plus intéressante. S'il n'avait pas encore pu voir le géant bleuté à l'oeuvre, Deydreus ne doutait pas une seconde de la létalité potentielle de leur compagnon. Tout en lui dégageait sauvagerie et violence. C'était pourtant relativement bien masqué, par des subterfuges d'attitude et de posture. Mais... Sous l'oeil avisé d'un autre prédateur, et tandis qu'il avançait à l'avant du groupe, on pouvait rapidement comprendre la nature sanguinaire du personnage. Au fond de lui, l'armure sombre espérait ne pas se tromper au sujet de cet individu. Car, et il n'en doutait pas une seconde, les combats à venir allaient être violents.
En attendant ces fameux affrontements, malheureusement, le groupe devait continuer de progresser. Une longue attente, épuisante et pour les corps et pour les âmes. La chaleur, couplée au sable qui venait griffer la peau une fois porté par le vent et l'effort perpétuel d'une marche forcée venait grignoter les réserves de combattants blasés par la monotonie de la route. A côté de cela, venait s'ajouter la fatigue psychologique due à une concentration permanente. Chaque soldat devait, en plus de se tenir prêt, analyser tout ce qui pouvait passer inaperçu pour ses camarades. A force, cette surveillance constante venait épuiser les nerfs des guerriers et la pression psychologique pouvait s'avérer plus néfaste pour les corps que la marche en elle même. C'était pour cela, généralement, que les groupes armées progressaient lentement lors des campagnes et que les campements s'installaient dès le milieu d'après-midi. Lassés, les hommes mettaient toujours du temps à dresser leurs tentes ou restaient bien trop aux aguets pour être concentré sur la tâche qui leur permettait pourtant de se reposer. Et puis, de nuit, cette pression psychologique devenait plus forte. En plus de tout le reste, les personnes "normales" devaient composer avec l'obscurité et tous ses vices. Sortant de ses pensées et levant la tête vers le soleil, Deydreus soupira longuement. Ils avaient déjà grignoter une grande partie de la journée à progresser ainsi, et ils allaient, de fait, devoir dresser le camp. Quittant la formation pour rejoindre les deux géants qui se trouvaient à l'avant du groupe, l'armure sombre montra du doigt un rassemblement de végétation épineuse, au creux de divers petites collines.
- Nous allons devoir nous reposer pour aujourd'hui. Si j'aurais préféré continuer, tous ici ne semblent pas posséder notre endurance. Il ne faudrait également pas que les gnolls nous tombent dessus alors que la moitié des troupes sont épuisées. Il marqua une pause, pointant spécifiquement du doigt les épineux. Cette végétation nous apportera l'eau nécessaire pour recharger nos gourdes. Alasker, Kahl, avec les dévoreurs, j'aimerais que vous fassiez le tour de ces quelques collines pour vous assurer qu'aucune présence hostile ne soit présente. Le reste des Serres et des mercenaires de Romuald monteront les tentes. Si vous voyez quoique ce soit, revenez ici avant d'engager le combat.
N'attendant pas de réponse, l'armure sombre se détourna de la compagnie des deux autres monstres alors qu'il invitait les autres hommes à la suivre. Passant parmi les dévoreurs, il s'amusa à entendre les "chiens fous" d'Alasker hurler telles des bêtes qui observaient l'une des leurs. Si la discipline des Serres lui plaisait au plus haut point, Deydreus devait bien reconnaitre qu'il savourait la sauvagerie des dévoreurs probablement tout autant que l'armure d'airain.
Une bonne heure passa alors, les soldats s'affairant à dresser un campement organisé. Quelques feux furent allumés à divers points stratégiques, permettant aux différents guerriers de se réchauffer pendant la nuit tombante tandis que l'incandescence du bois offrait une source de lumière importante. Au milieu des tentes noirs et rouges, la tente de Deydreus siégeait fièrement. Même si elle demeurait plus grande que les autres, cette dernière ne possédait aucune fantaisie particulièrement ou confort abusif. Elle demeurait juste ça. Une tente de guerrier. Au centre du campement, se trouvait un grand feu, qui venait cracher dans un ciel à présent noir une gerbe de fumée constante. Sur l'est du campement, enfin, les tentes des mercenaires étaient quant à elles installées d'une manière... Désorganisée. Aucun chemin n'avait été pensé pour permettre au groupe de lames à louer de sortir et progresser sans danger entre les piquets en cas d'attaque, et aucune structure véritable ne se dégageait de l'ensemble. De plus, Romuald avait installé sa tente au plus près du feu, l'exposant potentiellement en cas d'incendie ou d'attaque directe provenant de l'ouest. Plus il les observait, plus le chevalier sombre éprouvait du dégout pour la stupidité de ces hommes.
Au retour d'Alasker et des dévoreurs, le repas avait été préparé par les troupes et un ragout, certes peu appétissant mais nutritif, bouillait lentement dans les différentes marmites installées au dessus des feux de camp. Assis autour du grand brasier central, Deydreus mangeait silencieusement, laissant ses deux yeux vairons balayer les nouveaux arrivants. Invitant le lycanthrope et l'oni à venir s'installer près de lui, Deydreus réalisa avec amusement qu'il n'avait même pas proposé la chose à Romyald. A vrai dire, il se doutait que la compagnie des deux géants lui serait bien plus agréable que celle d'un imbécile se prenant pour un chef. Lorsqu'enfin les deux intéressés furent assis, le chevalier sombre leur tendit à tour de rôle des gamelles remplies afin qu'ils se restaurent. Fixant quelques instants le géant azuré, Deydreus laissa un léger rictus parcourir ses lèvres serrées avant de reporter son regard hétérochrome vers les flammes qui dansaient devant lui.
- Vous avez soif de sang. Cela se voit. Il marqua une courte pause, laissant son imaginaire se mêler à l'incandescence devant lui. Vous pouvez tromper les hommes qui vous accompagnent. Romuald. Les gardes de nos villes. Mais pas moi. Je vous rassure, je ne considère pas que cela soit une mauvaise chose. Au contraire. Les loups se repèrent entre eux.
Jetant dans le brasier quelques morceaux de bois, l'armure sombre sortit l'une de ses lames pour la faire légèrement briller dans la lumière orangée, admirant les nombreuses runes qui parcouraient sa gouttière.
- Je me moque bien des raisons qui vous poussent à tenter de masquer cette appétence, nous avons tous notre histoire. En revanche, je vous conseille de mieux la dissimuler si vous souhaitez que l'on ne pose pas trop le regard sur vous. Vous êtes étranger à ces terres, cela se voit à votre façon d'agir. Le Reike est un empire guerrier, si les civils peuvent être stupides, l'armée sait reconnaitre les trouble-fêtes, car notre empereur en était un lorsqu'il mit ces terres à feu et à sang pour saisir le pouvoir. Il rengaina alors sa lame, plongeant son regard glace et sang sur l'oni. Cette journée fut ennuyeuse, mais j'espère que demain nous apportera son lot de combat car je veux vous voir à l'œuvre. Je veux observer cette rage que je pense détecter en vous. Voir si, potentiellement, elle pourrait ne pas être gâchée parmi des traines savates.
Se relevant finalement, l'armure sombre attrapa son heaume dans un silence morbide. Une fois ce dernier placé sur sa tête, Deydreus observa les deux monstres qu'il considérait étrangement comme ses semblables.
- Mangez à votre faim. Nous partirons un peu avant l'aube. Je veux profiter de la fraicheur nocturne pour avancer.
- Que le maire aille au diable Alasker. Mène l'avancée, je me chargerai plus tard des potentielles retombées politiques et, si l'imbécile ose râler alors que nous venons le débarrasser de sa vermine, je lui trancherai la tête au besoin.
Comme prévu, la marche fut longue. Crapahutant sur les routes sableuses, le groupe tentait de garder une progression plus ou moins rapide. Tout à l'avant, l'oni et Alasker dirigeaient le groupe dans diverses directions. Derrière eux, les quelques dévoreurs marchaient de ci de là en humant l'air comme des bêtes affamées. Les suivant de près, les Serres marchaient en rythme, donnant le ton au son de leurs bottes qui frappaient le sol et du cuir de leur fourreau qui tapait sur leurs jambières. Parmi elles, Deydreus progressait silencieusement, analysant les individus composant son petit groupe ainsi que les alentours. Sur les côtés et à l'arrière, les mercenaires avançaient quant à eux de manière désordonnée, rappelant tout le manque de professionnalisme et d'efficacité des lames à louer. Et enfin, tout à l'arrière, les restes des dévoreurs avançaient en s'assurant qu'aucune créature n'oserait venir s'en prendre à leurs frères d'armes. Posant son regard vairon sur le "chef" des mercenaires, le chevalier sombre constata avec mépris la posture désastreuse de l'homme d'armes. Sa tenue, mal entretenue, pouvait pourtant donner une impression de savoir faire si l'on passait outre le fait que la rouille venait ronger les parties d'acier de l'équipement de protection. Ce qui frappait le vétéran, en réalité, relevait plus de la mine inattentive du mercenaire tout comme ses pas lourds et maladroits. A l'inverse, l'observation de l'armure noire sur l'oni s'avéra bien plus intéressante. S'il n'avait pas encore pu voir le géant bleuté à l'oeuvre, Deydreus ne doutait pas une seconde de la létalité potentielle de leur compagnon. Tout en lui dégageait sauvagerie et violence. C'était pourtant relativement bien masqué, par des subterfuges d'attitude et de posture. Mais... Sous l'oeil avisé d'un autre prédateur, et tandis qu'il avançait à l'avant du groupe, on pouvait rapidement comprendre la nature sanguinaire du personnage. Au fond de lui, l'armure sombre espérait ne pas se tromper au sujet de cet individu. Car, et il n'en doutait pas une seconde, les combats à venir allaient être violents.
En attendant ces fameux affrontements, malheureusement, le groupe devait continuer de progresser. Une longue attente, épuisante et pour les corps et pour les âmes. La chaleur, couplée au sable qui venait griffer la peau une fois porté par le vent et l'effort perpétuel d'une marche forcée venait grignoter les réserves de combattants blasés par la monotonie de la route. A côté de cela, venait s'ajouter la fatigue psychologique due à une concentration permanente. Chaque soldat devait, en plus de se tenir prêt, analyser tout ce qui pouvait passer inaperçu pour ses camarades. A force, cette surveillance constante venait épuiser les nerfs des guerriers et la pression psychologique pouvait s'avérer plus néfaste pour les corps que la marche en elle même. C'était pour cela, généralement, que les groupes armées progressaient lentement lors des campagnes et que les campements s'installaient dès le milieu d'après-midi. Lassés, les hommes mettaient toujours du temps à dresser leurs tentes ou restaient bien trop aux aguets pour être concentré sur la tâche qui leur permettait pourtant de se reposer. Et puis, de nuit, cette pression psychologique devenait plus forte. En plus de tout le reste, les personnes "normales" devaient composer avec l'obscurité et tous ses vices. Sortant de ses pensées et levant la tête vers le soleil, Deydreus soupira longuement. Ils avaient déjà grignoter une grande partie de la journée à progresser ainsi, et ils allaient, de fait, devoir dresser le camp. Quittant la formation pour rejoindre les deux géants qui se trouvaient à l'avant du groupe, l'armure sombre montra du doigt un rassemblement de végétation épineuse, au creux de divers petites collines.
- Nous allons devoir nous reposer pour aujourd'hui. Si j'aurais préféré continuer, tous ici ne semblent pas posséder notre endurance. Il ne faudrait également pas que les gnolls nous tombent dessus alors que la moitié des troupes sont épuisées. Il marqua une pause, pointant spécifiquement du doigt les épineux. Cette végétation nous apportera l'eau nécessaire pour recharger nos gourdes. Alasker, Kahl, avec les dévoreurs, j'aimerais que vous fassiez le tour de ces quelques collines pour vous assurer qu'aucune présence hostile ne soit présente. Le reste des Serres et des mercenaires de Romuald monteront les tentes. Si vous voyez quoique ce soit, revenez ici avant d'engager le combat.
N'attendant pas de réponse, l'armure sombre se détourna de la compagnie des deux autres monstres alors qu'il invitait les autres hommes à la suivre. Passant parmi les dévoreurs, il s'amusa à entendre les "chiens fous" d'Alasker hurler telles des bêtes qui observaient l'une des leurs. Si la discipline des Serres lui plaisait au plus haut point, Deydreus devait bien reconnaitre qu'il savourait la sauvagerie des dévoreurs probablement tout autant que l'armure d'airain.
Une bonne heure passa alors, les soldats s'affairant à dresser un campement organisé. Quelques feux furent allumés à divers points stratégiques, permettant aux différents guerriers de se réchauffer pendant la nuit tombante tandis que l'incandescence du bois offrait une source de lumière importante. Au milieu des tentes noirs et rouges, la tente de Deydreus siégeait fièrement. Même si elle demeurait plus grande que les autres, cette dernière ne possédait aucune fantaisie particulièrement ou confort abusif. Elle demeurait juste ça. Une tente de guerrier. Au centre du campement, se trouvait un grand feu, qui venait cracher dans un ciel à présent noir une gerbe de fumée constante. Sur l'est du campement, enfin, les tentes des mercenaires étaient quant à elles installées d'une manière... Désorganisée. Aucun chemin n'avait été pensé pour permettre au groupe de lames à louer de sortir et progresser sans danger entre les piquets en cas d'attaque, et aucune structure véritable ne se dégageait de l'ensemble. De plus, Romuald avait installé sa tente au plus près du feu, l'exposant potentiellement en cas d'incendie ou d'attaque directe provenant de l'ouest. Plus il les observait, plus le chevalier sombre éprouvait du dégout pour la stupidité de ces hommes.
Au retour d'Alasker et des dévoreurs, le repas avait été préparé par les troupes et un ragout, certes peu appétissant mais nutritif, bouillait lentement dans les différentes marmites installées au dessus des feux de camp. Assis autour du grand brasier central, Deydreus mangeait silencieusement, laissant ses deux yeux vairons balayer les nouveaux arrivants. Invitant le lycanthrope et l'oni à venir s'installer près de lui, Deydreus réalisa avec amusement qu'il n'avait même pas proposé la chose à Romyald. A vrai dire, il se doutait que la compagnie des deux géants lui serait bien plus agréable que celle d'un imbécile se prenant pour un chef. Lorsqu'enfin les deux intéressés furent assis, le chevalier sombre leur tendit à tour de rôle des gamelles remplies afin qu'ils se restaurent. Fixant quelques instants le géant azuré, Deydreus laissa un léger rictus parcourir ses lèvres serrées avant de reporter son regard hétérochrome vers les flammes qui dansaient devant lui.
- Vous avez soif de sang. Cela se voit. Il marqua une courte pause, laissant son imaginaire se mêler à l'incandescence devant lui. Vous pouvez tromper les hommes qui vous accompagnent. Romuald. Les gardes de nos villes. Mais pas moi. Je vous rassure, je ne considère pas que cela soit une mauvaise chose. Au contraire. Les loups se repèrent entre eux.
Jetant dans le brasier quelques morceaux de bois, l'armure sombre sortit l'une de ses lames pour la faire légèrement briller dans la lumière orangée, admirant les nombreuses runes qui parcouraient sa gouttière.
- Je me moque bien des raisons qui vous poussent à tenter de masquer cette appétence, nous avons tous notre histoire. En revanche, je vous conseille de mieux la dissimuler si vous souhaitez que l'on ne pose pas trop le regard sur vous. Vous êtes étranger à ces terres, cela se voit à votre façon d'agir. Le Reike est un empire guerrier, si les civils peuvent être stupides, l'armée sait reconnaitre les trouble-fêtes, car notre empereur en était un lorsqu'il mit ces terres à feu et à sang pour saisir le pouvoir. Il rengaina alors sa lame, plongeant son regard glace et sang sur l'oni. Cette journée fut ennuyeuse, mais j'espère que demain nous apportera son lot de combat car je veux vous voir à l'œuvre. Je veux observer cette rage que je pense détecter en vous. Voir si, potentiellement, elle pourrait ne pas être gâchée parmi des traines savates.
Se relevant finalement, l'armure sombre attrapa son heaume dans un silence morbide. Une fois ce dernier placé sur sa tête, Deydreus observa les deux monstres qu'il considérait étrangement comme ses semblables.
- Mangez à votre faim. Nous partirons un peu avant l'aube. Je veux profiter de la fraicheur nocturne pour avancer.
- Apparence des épées de Deydreus:
Parmi les nombreuses curiosités et bizarreries dont l'oni géant se rendait si couramment responsable, l'une d'entre elles ne manquait jamais d'attirer l'attention. Lorsque les mercenaires dressaient le camp afin de se protéger du froid, ils relevaient toujours que Kahl profitait généralement de ces moments afin de partir chasser ou chercher de l'eau. Peu importait la tâche, l'aspect important se situait dans son absence totale de matériel de campement. Lorsque la nuit tombait et que le froid mordant faisant son entrée, l'Ogre ne sourcillait jamais et se contentait d'accueillir les griffes glaciales qui assaillaient son corps dévêtu. Loin d'une lubie, c'était un entraînement rigoureux auquel s'adonnait le monstre afin de peaufiner ses connaissances de la magie. Désireux de ne faire qu'un avec la maîtrise de la glace dont il comprenait encore difficilement les rouages, il s'était imposé ses pratiques depuis des mois désormais et les fruits de ses manœuvres étaient déjà aisément discernables car malgré la violence des vents frigorifiants, nul n'avait vu Kahl trembler ou tenter de se réchauffer par quelconque moyen.
SI cela pouvait effrayer, le fait qu'un tel colosse imperturbable choisisse de son plein gré de sommeiller à l'extérieur avait tendance à rassurer, ne serait-ce qu'un peu, ceux qui combattaient à ses côtés. Aujourd'hui, il avait choisi d'obéir aux directives de Deydreus lorsque ce dernier lui avait suggéré de se rendre près des collines qui surplombaient les lieux en quête d'éléments intéressants ou de forces potentiellement hostiles. Le géant s'était exécuté mais avait bien vite choisi de faire faux bond aux fameux Dévoreurs, préférant mener ses recherches seul plutôt qu'entouré d'une brochette de combats dont les armures lourdes produisaient une véritable cacophonie à mesure qu'ils progressaient. C'était donc sans accompagnement qu'il s'était remanifesté au camp, portant à sa ceinture quelques lapins et autres rongeurs à ajouter à la mixture déjà en préparation. Lui qui s'était toujours approprié les meilleurs morceaux de viande se montrait bien partageur depuis son arrivée sur le territoire, mais cette marque de légère considération pour ses pairs participait à éviter qu'il n'attire l'attention.
Le fameux Deydreus fit son apparition et invita son second à se joindre à lui près du feu. Kahl, qui était quant à lui dissimulé à l'ombre d'un arbre décrépi et qui profitait de ce répit afin de s'exercer à sa pratique de la magie, fut surpris d'être également convié à cette assemblée. Sans mot dire, le géant des glaces se redressa et accepter sans mot dire l'invitation, laissant derrière lui une sculpture de glace informe et déséquilibrée qui ne manqua pas de s'écrouler et de se briser dés qu'il fut parti. Une fois installé, il fut gratifié d'une auge destinée à lui offrir sa pitance et l'accepta en offrant un vague hochement de tête en guise de remerciement muet. Avec lenteur et mesure, Kahl porta sa dextre libre à son masque pourpre et s'en débarrassa, révélant ainsi sa trogne de prédateur blessé qui n'était finalement pas bien moins laide que celle de l'énorme guerrier cuirassé qui se tenait à ses côtés. Lorsque Deydreus fit soudainement allusion aux pulsions sanguinaires de l'Ogre, le concerné se contenta d'un sourire affable avant de porter sa nourriture à sa gueule béante sans s'embarrasser d'une cuillère.
Une fois rassasié, il tâcha de retenir passablement un rot sonore en passant son bras contre son visage tout en se débarbouillant sans trop de courtoisie. Cela fait, il s'attarda un moment sur l'épée du dirigeant de l'excursion et plus attentivement encore sur ses formidables finitions. Loin d'être un artiste, il concevait pourtant sans mal qu'une telle œuvre en matière de forge devait couter plus qu'un bras. Lui aussi aurait bien aimé faire remplacer sa fidèle massue par un outil d'une telle facture. Kahl laissa ensuite son interlocuteur achever son discours mais, juste avant que ce dernier ne vienne s'éclipser pour de bon, il rétorqua finalement d'une voix froide et rauque :
"Quand bien moi-même vous choisiriez de vous intéresser à mes déboires passés, vous seriez heureux d'apprendre que vos terres ont été épargnées par ma soif de violence. Ici, je ne suis que l'humble mercenaire que je vous ai décrit."
Les crocs pointus se dévoilèrent en un sourire plus grand encore. Sans subtilité, il avait révélé à la première occasion sa véritable nature. Cet excès d'honnêteté n'avait pas grande importante car, de toute évidence, l'homme en armure noire avait déjà su établir quelques vérités sur l'oni avec lequel il menait son opération. Deydreus disparut pour de bon dans la nuit, qui allait d'ailleurs s'avérer bien courte selon ses dires, puisqu'ils comptaient profiter de l'obscurité fuyante pour entamer leur marche. Kahl ne s'en plaignait pas car, s'il n'avait rien à prouver à des militaires à la solde du Reike, il appréciait tout particulièrement l'idée de montrer aux armures vermillon de quel bois il se chauffait. Parlant d'eux, justement, leur chef se tenait toujours au coin du feu et l'Ogre se montra fort impoli en dévisageant ce curieux personnage avec une insistance toute particulière. D'un ton curieusement jovial, l'oni reprit :
"Vous, je vous envie."
Lorsqu'il eut la conviction d'avoir attiré l'attention du combattant à l'impressionnante stature, il lui glissa enfin :
"Vous cachez ce que vous êtes avec bien plus d'adresse que moi."
Après avoir offert ce curieux compliment, l'oni fit pivoter son avant-bras et orienta sa paume vers le ciel. Les plus observateurs avaient déjà discerné malgré les ténèbres que sa peau était couverte depuis le début de la nuit d'une infime pellicule de givre qui parsemait ça et là son corps. Sur son bras, le givre se mua lentement en pointes, formant peu à peu une nouvelle sculpture de givre qui se précisa dans une série de craquements et de frottements cristallins. Comme l'aurait fait une armure, la couche translucide couvrit intégralement son bras, puis sa main et enfin ses doigts, qui se terminaient désormais tous en griffes acérées et longues comme des dagues. Par l'esprit, il s'était créé une main bestiale effroyable, sans savoir à quel point l'image était bien choisie :
"Le plus sauvage ici, c'est vous. N'est-ce pas ?"
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
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Info personnage
Race: Loup-Garou
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B
La journée ne s’était pas révélée si fatigante que ça, aux yeux du chef des Dévoreurs. Un peu de marche, de repérage, quelques arrêts le temps que les autres puissent les rattraper mais, surtout : le soleil. Si l’astre luminescent frappait moins fort qu’en plein centre du désert, il restait particulièrement mordant, assez pour que le bronze de son armure ne brûle cruellement la peau du lycanthrope. Dès que l’ordre était tombé, Alasker avait retiré son heaume, l’avait déposé près des Serres occupées à monter le camp, pour repartir tête nue en repérage du côté des collines, en compagnie des Dévoreurs et du Grand Bleu, qui s’était empressé de leur fausser compagnie dans l’indifférence générale.
Ca n’avait pas donné grand chose, évidemment. Les Gnolls, à l’inverse des hommes, n’avaient pas besoin de s’arrêter pour camper et reposer leurs membres endoloris. Depuis la plus haute colline, alors que ses gars portaient leur regard sur l’horizon lointain, Iratus avait fermé les yeux et tenté de repérer une quelconque nouvelle piste olfactive digne d’intérêt. Sans succès. Seule la puanteur de ceux qu’ils traquaient subsistait. Le reste n’avait aucune importance.
En redescendant, Alasker avait pris le temps de réfléchir sur le comportement de l’Oni, qui avait préféré faire cavalier seul dès le début de l’ascension. Ce n’était pas quelque chose qui le gênait outre-mesure, personnellement. S’il avait appris à se faire aux blagues paillardes et aux conversations sans intérêt inhérentes à la vie de soldat, Iratus ne restait pas du genre à tailler le bout de gras avec les inconnus si rien ne l'y obligeait. C’était une activité qui demandait trop de compétences sociales et d’empathie, deux choses qui, en général, manquaient tout de même cruellement à un loup-garou en armure lourde. Cependant, dans une situation pareille, les séparations silencieuses causaient trop souvent des problèmes. S’écarter de son groupe, même le temps d’aller soulager sa vessie, pouvait s’avérer fatal en cas d’attaque surprise ou, simplement, si cet écart amenait le solitaire dans la ligne de mire d’une sentinelle un peu trop nerveuse.
En soi, qu’un mercenaire adopte un comportement à risque n’avait rien de très neuf. Et Iratus se fichait bien de comment le prénommé Kahl vivait sa vie, tant qu’il ne mettait pas en danger ses hommes. Restait à savoir si ses tendances solitaires n’étaient que ça, ou si elles cachaient quelque chose de plus néfaste.
Leur retour au camp -désormais monté- avait été marqué par le début du “festin”. La pitance servie, quelques Dévoreurs avaient insisté pour que le Grand Bleu “se décoince” et mange avec eux plutôt qu’aux côtés des autres mercenaires, avant d’être coiffés au poteau par un geste de Deydreus invitant le lycanthrope et l’Oni à lui tenir compagnie. Alasker avait pris place avec plaisir et mangé silencieusement, écoutant les dires de l’armure noire au sujet de leur nouvel “ami”, de l’empereur et de cette journée trop calme, se contentant d’hocher la tête de temps à autre tout en engloutissant le gruau accompagnant la viande trop nerveuse qu’on lui avait servi. Les repas de camp militaire n’étaient jamais particulièrement mémorables, surtout lorsqu’on s’approchait des terres sèches. Les animaux devenaient difficiles à chasser et les hommes devaient bien souvent se contenter de rations et de viandes séchées. L’Oni et quelques autres soldats avaient réussi l’exploit de piéger et tuer quelques rongeurs, ce qui leur avait permis de profiter d’un peu de chair fraîche, quand bien même la petitesse des bêtes abattues impliquait des portions minimes pour chacun.
Alasker aimait ce genre de rationnement. Il suffisait de voir comment les sédentaires de la capitale et de Taisen s’engraissaient en mangeant chaque jour bien plus qu’à leur faim pour comprendre que le confort affaiblissait le corps comme l’esprit. Pendant que les civils s’empiffraient, certains de ses Dévoreurs, Kirk le premier, s’imposaient parfois un jeûne d’une ou deux journées entières, avant une bataille. Pour justifier cette décision que d’aucuns qualifieraient de suicidaire, le Drakyn avait expliqué que, grâce à elle, il ne craignait plus la mort : il était trop obnubilé par l’idée de participer au banquet de victoire pour se soucier de sa mortalité. D’une certaine manière, Alasker respectait cette…Approche. Manger devait être la récompense d’efforts personnels, pas une obligation, et les faibles de la capitales semblaient perdre cette immuable vérité de vue, depuis la fin de la guerre.
Lorsque Deydreus quitta la compagnie des deux géants pour s’éclipser dans sa tente, Alasker, après l’avoir salué, réalisa qu’il ne prendrait pas la peine de dormir, cette nuit. Au-dessus d’eux, la lune, parfaitement pleine, projetait sa lueur argentée sur le camp, dardant de son regard malsain son seul fils en ces lieux. Il avait appris à ne jamais la fixer directement, sous peine de perdre momentanément le contrôle de son corps comme de son esprit. Si la bénédiction de l’astre nocturne apaisait ses courbatures et son cœur avec bien plus d’efficacité qu’une simple nuit de sommeil, elle avait aussi la fâcheuse tendance à le transformer en monstre assoiffé de sang à la moindre baisse de vigilance. Aussi, Iratus devait veiller. Ne serait-ce que pour épargner à ses compagnons de voyage l’odeur de chien mouillé.
Son regard quitta les flammes pour s’éparpiller sur l’activité alentour. Le camp devenait plus calme, de minutes en minutes. Les hommes exténués s’allongeaient sous leur tente et s’endormaient dans l’instant. Les couche-tards discutaient au coin du feu ou -dans le cas des Dévoreurs- échangeaient quelques passes d’armes “amicales” à l’extérieur du camp. Plus tôt, le géant avait aperçu Nahr dessiner à l’aide de sa hache, un cercle dans la terre sèche. Le cercle était assez grand pour que deux guerriers puissent s’y tenir et même se tourner autour sans craindre de mettre un pied au-dehors, ce qui ne laissait que peu de doute quant à ses intentions. Comme à chaque fois lors des pleines lunes, Alasker ressenti soudain l’envie d’aller rejoindre ses hommes et de se battre avec eux. Mais l’ancien gladiateur ne savait que trop bien ce que ce genre de désir cachait : la bête grattait, elle espérait qu’un simple combat suffirait à éveiller suffisamment son instinct pour qu’il se transforme, et elle avait raison. Sauf qu’ils n’étaient pas des lycanthropes, et ses griffes ne se contenteraient pas de creuser quelques risibles cicatrices dans leurs chairs trop tendres. Iratus demeurait donc au coin du feu, à penser, seul.
Ou presque.
Il ne prit pas conscience tout de suite de l’impertinent regard que l’Oni posait sur lui, mais lorsqu’enfin ce fut chose faite, le géant s’en amusa assez pour que ses crocs se dévoilent dans une grimace qu’on pouvait interpréter comme un sourire.
Et cet amusement ne put que gagner en intensité à l’entente des aveux du Grand Bleu.
“-Et le plus Bleu ici, c’est toi.” Riposta-t-il, sans cesser de sourire, une fois que Kahl eut terminé sa glaciale démonstration. Manifestement, l’énorme masse que l’Oni traînait derrière-lui n’était pas sa seule arme. “Qu’est-ce qui te fais dire ça? Ma hache, ma gueule, mon attitude ou le nom de mes dévoreurs?”
Un rire s’échappa de la carcasse grondante. Le géant balaya la zone du regard, à la recherche de quelques paires d’yeux trop curieuses, et -satisfait de n’en découvrir aucune- décrocha le gantelet de son bras gauche. Sa main, exposée directement à la lumière de la lune, tressauta de la même manière qu’un serpent décapité. Rassemblant toute sa concentration, il laissa la bête sortir de sa cage osseuse le temps d’un seul et unique battement de cœur. La concernée se jeta sur l’occasion pour tenter de s’emparer du corps qu’ils partageaient.
Aussitôt, sa main se couvrit d’une fourrure aussi noire qu’épaisse, ses doigts s’allongèrent et ses ongles devinrent de longues griffes aiguisées, toutes aussi intimidantes que le gantelet de son vis-à-vis à peau bleue. Satisfait, il maintint cette apparence pendant quelque temps, puis s’efforça de reprendre tout à fait forme humaine. Ce n’était pas un exploit simple à accomplir, pour un lycanthrope. Empêcher la transformation lors d’une pleine lune était une chose, mais la contrôler avec assez de dureté pour la repousser une fois engagée nécessitait une volonté de fer.
L’arène lui avait appris à réaliser cet exploit.. Entre autres choses.
Le cuir grisâtre redevint une chair pâle. Les griffes cédèrent la place aux ongles. Les doigts rétrécirent. Et Alasker s’appliqua à remettre son gantelet d’airain.
“-Ouai. Et j’ai cherché ma place pendant un moment, ça n’a pas toujours été facile. Mais tu sais de quoi je parle.” Commença-t-il en désignant les guenilles de l’ogre du menton. “La différence, entre nous deux, c’est que moi, je l’ai trouvée.”
Ceci dit, Iratus attrapa la Salvatrice, posée debout contre son genou gauche, et une pierre à aiguiser pour commencer à entretenir la lourde lame. Après un temps, le géant rajouta :
“-Avec un peu de chance, demain, t’auras l’occasion de trouver la tienne.”
***
La lune dominait encore les cieux lorsque Deydreus ordonna la levée du camp. Les tentes des Serres furent soigneusement pliées et celles que les Dévoreurs avaient pris la peine de planter ne tardèrent pas à suivre. Les mercenaires, tirés de leur sommeil par le remue-ménage ambiant et par les voix fortes des quelques dirigeants de la troupe, eurent le mérite de suivre le rythme, bien que la plupart d’entre-eux ne manquèrent pas d’afficher des mines d’enterrement, tout le long du processus. Ses préparatifs achevés, la cohorte pu reprendre sa route, Alasker en tête, son heaume de nouveau vissé sur le crâne. Au cours de la nuit, il avait craint qu’une pluie, même légère, ne vienne balayer les traces de leurs proies, mais le ciel était au final resté aussi sec que le sol qu’ils piétinaient, facilitant ainsi traque comme progression.
Reposé, rasséréné par la pleine lune, le loup s’était remis en chasse avec une ardeur décuplée. Les bonnes nouvelles n’allant jamais seules : La piste semblait les mener à l’Ouest de Kyouji, ce qui les éloignait des frontières républicaines et de tout potentiel incident diplomatique. Quatre nouvelles heures de marche s’écoulèrent lentement. La lune fut bientôt remplacée par le soleil, qui vit son impitoyable éclat presqu’aussitôt masqué par une vague de nuages blancs alors qu’un vent chaud, chargé de cendres, se levait sur le plateau grisâtre, à la végétation de plus en plus malingre, qu’ils rejoignaient à grandes enjambées. Et tandis qu’au loin, les formes aiguisées des premiers pics rocheux se tenant entre le monde civilisé et le Mont Kazan commençaient à apparaître, Alasker s’arrêta un instant pour humer l’air une fois de plus et jurer entre ses dents. Gorog, Nahr et l’Oni, qui ouvraient la marche en sa compagnie, lui jetèrent un regard interloqué.
“-On se rapproche. Mais ils ont quelque chose avec eux... Et je ne connais pas cette odeur.” Il grimaça et retira son casque le temps de cracher un imposant glaviot, puis inspira de nouveau. Cette fois, les yeux d’encres s’étrécirent. “Restez là.”
Le loup rejoignit le reste de la cohorte au pas de course. Elle se trouvait au beau milieu d’un chemin de terre, à une soixantaine de pas des éclaireurs, en plein milieu d’un no-man’s land à la végétation rare. A la vue de la masse d’airain et de muscles courant dans leurs directions, quelques mercenaires s’immobilisèrent pour le pointer du doigt. Alasker les ignora et alla finalement se planter devant Deydreus, juché sur son insupportable hongre. La bête salua d’ailleurs son arrivée de la seule manière qu’elle connaissait : en hennissant méchamment.
“-Je crois qu’ils ont un Ogre avec eux, Dey.“Cracha-t-il en ignorant la bestiole à crinière noire. “Et les ogres aussi ont du flair.”
Ca n’avait pas donné grand chose, évidemment. Les Gnolls, à l’inverse des hommes, n’avaient pas besoin de s’arrêter pour camper et reposer leurs membres endoloris. Depuis la plus haute colline, alors que ses gars portaient leur regard sur l’horizon lointain, Iratus avait fermé les yeux et tenté de repérer une quelconque nouvelle piste olfactive digne d’intérêt. Sans succès. Seule la puanteur de ceux qu’ils traquaient subsistait. Le reste n’avait aucune importance.
En redescendant, Alasker avait pris le temps de réfléchir sur le comportement de l’Oni, qui avait préféré faire cavalier seul dès le début de l’ascension. Ce n’était pas quelque chose qui le gênait outre-mesure, personnellement. S’il avait appris à se faire aux blagues paillardes et aux conversations sans intérêt inhérentes à la vie de soldat, Iratus ne restait pas du genre à tailler le bout de gras avec les inconnus si rien ne l'y obligeait. C’était une activité qui demandait trop de compétences sociales et d’empathie, deux choses qui, en général, manquaient tout de même cruellement à un loup-garou en armure lourde. Cependant, dans une situation pareille, les séparations silencieuses causaient trop souvent des problèmes. S’écarter de son groupe, même le temps d’aller soulager sa vessie, pouvait s’avérer fatal en cas d’attaque surprise ou, simplement, si cet écart amenait le solitaire dans la ligne de mire d’une sentinelle un peu trop nerveuse.
En soi, qu’un mercenaire adopte un comportement à risque n’avait rien de très neuf. Et Iratus se fichait bien de comment le prénommé Kahl vivait sa vie, tant qu’il ne mettait pas en danger ses hommes. Restait à savoir si ses tendances solitaires n’étaient que ça, ou si elles cachaient quelque chose de plus néfaste.
Leur retour au camp -désormais monté- avait été marqué par le début du “festin”. La pitance servie, quelques Dévoreurs avaient insisté pour que le Grand Bleu “se décoince” et mange avec eux plutôt qu’aux côtés des autres mercenaires, avant d’être coiffés au poteau par un geste de Deydreus invitant le lycanthrope et l’Oni à lui tenir compagnie. Alasker avait pris place avec plaisir et mangé silencieusement, écoutant les dires de l’armure noire au sujet de leur nouvel “ami”, de l’empereur et de cette journée trop calme, se contentant d’hocher la tête de temps à autre tout en engloutissant le gruau accompagnant la viande trop nerveuse qu’on lui avait servi. Les repas de camp militaire n’étaient jamais particulièrement mémorables, surtout lorsqu’on s’approchait des terres sèches. Les animaux devenaient difficiles à chasser et les hommes devaient bien souvent se contenter de rations et de viandes séchées. L’Oni et quelques autres soldats avaient réussi l’exploit de piéger et tuer quelques rongeurs, ce qui leur avait permis de profiter d’un peu de chair fraîche, quand bien même la petitesse des bêtes abattues impliquait des portions minimes pour chacun.
Alasker aimait ce genre de rationnement. Il suffisait de voir comment les sédentaires de la capitale et de Taisen s’engraissaient en mangeant chaque jour bien plus qu’à leur faim pour comprendre que le confort affaiblissait le corps comme l’esprit. Pendant que les civils s’empiffraient, certains de ses Dévoreurs, Kirk le premier, s’imposaient parfois un jeûne d’une ou deux journées entières, avant une bataille. Pour justifier cette décision que d’aucuns qualifieraient de suicidaire, le Drakyn avait expliqué que, grâce à elle, il ne craignait plus la mort : il était trop obnubilé par l’idée de participer au banquet de victoire pour se soucier de sa mortalité. D’une certaine manière, Alasker respectait cette…Approche. Manger devait être la récompense d’efforts personnels, pas une obligation, et les faibles de la capitales semblaient perdre cette immuable vérité de vue, depuis la fin de la guerre.
Lorsque Deydreus quitta la compagnie des deux géants pour s’éclipser dans sa tente, Alasker, après l’avoir salué, réalisa qu’il ne prendrait pas la peine de dormir, cette nuit. Au-dessus d’eux, la lune, parfaitement pleine, projetait sa lueur argentée sur le camp, dardant de son regard malsain son seul fils en ces lieux. Il avait appris à ne jamais la fixer directement, sous peine de perdre momentanément le contrôle de son corps comme de son esprit. Si la bénédiction de l’astre nocturne apaisait ses courbatures et son cœur avec bien plus d’efficacité qu’une simple nuit de sommeil, elle avait aussi la fâcheuse tendance à le transformer en monstre assoiffé de sang à la moindre baisse de vigilance. Aussi, Iratus devait veiller. Ne serait-ce que pour épargner à ses compagnons de voyage l’odeur de chien mouillé.
Son regard quitta les flammes pour s’éparpiller sur l’activité alentour. Le camp devenait plus calme, de minutes en minutes. Les hommes exténués s’allongeaient sous leur tente et s’endormaient dans l’instant. Les couche-tards discutaient au coin du feu ou -dans le cas des Dévoreurs- échangeaient quelques passes d’armes “amicales” à l’extérieur du camp. Plus tôt, le géant avait aperçu Nahr dessiner à l’aide de sa hache, un cercle dans la terre sèche. Le cercle était assez grand pour que deux guerriers puissent s’y tenir et même se tourner autour sans craindre de mettre un pied au-dehors, ce qui ne laissait que peu de doute quant à ses intentions. Comme à chaque fois lors des pleines lunes, Alasker ressenti soudain l’envie d’aller rejoindre ses hommes et de se battre avec eux. Mais l’ancien gladiateur ne savait que trop bien ce que ce genre de désir cachait : la bête grattait, elle espérait qu’un simple combat suffirait à éveiller suffisamment son instinct pour qu’il se transforme, et elle avait raison. Sauf qu’ils n’étaient pas des lycanthropes, et ses griffes ne se contenteraient pas de creuser quelques risibles cicatrices dans leurs chairs trop tendres. Iratus demeurait donc au coin du feu, à penser, seul.
Ou presque.
Il ne prit pas conscience tout de suite de l’impertinent regard que l’Oni posait sur lui, mais lorsqu’enfin ce fut chose faite, le géant s’en amusa assez pour que ses crocs se dévoilent dans une grimace qu’on pouvait interpréter comme un sourire.
Et cet amusement ne put que gagner en intensité à l’entente des aveux du Grand Bleu.
“-Et le plus Bleu ici, c’est toi.” Riposta-t-il, sans cesser de sourire, une fois que Kahl eut terminé sa glaciale démonstration. Manifestement, l’énorme masse que l’Oni traînait derrière-lui n’était pas sa seule arme. “Qu’est-ce qui te fais dire ça? Ma hache, ma gueule, mon attitude ou le nom de mes dévoreurs?”
Un rire s’échappa de la carcasse grondante. Le géant balaya la zone du regard, à la recherche de quelques paires d’yeux trop curieuses, et -satisfait de n’en découvrir aucune- décrocha le gantelet de son bras gauche. Sa main, exposée directement à la lumière de la lune, tressauta de la même manière qu’un serpent décapité. Rassemblant toute sa concentration, il laissa la bête sortir de sa cage osseuse le temps d’un seul et unique battement de cœur. La concernée se jeta sur l’occasion pour tenter de s’emparer du corps qu’ils partageaient.
Aussitôt, sa main se couvrit d’une fourrure aussi noire qu’épaisse, ses doigts s’allongèrent et ses ongles devinrent de longues griffes aiguisées, toutes aussi intimidantes que le gantelet de son vis-à-vis à peau bleue. Satisfait, il maintint cette apparence pendant quelque temps, puis s’efforça de reprendre tout à fait forme humaine. Ce n’était pas un exploit simple à accomplir, pour un lycanthrope. Empêcher la transformation lors d’une pleine lune était une chose, mais la contrôler avec assez de dureté pour la repousser une fois engagée nécessitait une volonté de fer.
L’arène lui avait appris à réaliser cet exploit.. Entre autres choses.
Le cuir grisâtre redevint une chair pâle. Les griffes cédèrent la place aux ongles. Les doigts rétrécirent. Et Alasker s’appliqua à remettre son gantelet d’airain.
“-Ouai. Et j’ai cherché ma place pendant un moment, ça n’a pas toujours été facile. Mais tu sais de quoi je parle.” Commença-t-il en désignant les guenilles de l’ogre du menton. “La différence, entre nous deux, c’est que moi, je l’ai trouvée.”
Ceci dit, Iratus attrapa la Salvatrice, posée debout contre son genou gauche, et une pierre à aiguiser pour commencer à entretenir la lourde lame. Après un temps, le géant rajouta :
“-Avec un peu de chance, demain, t’auras l’occasion de trouver la tienne.”
***
La lune dominait encore les cieux lorsque Deydreus ordonna la levée du camp. Les tentes des Serres furent soigneusement pliées et celles que les Dévoreurs avaient pris la peine de planter ne tardèrent pas à suivre. Les mercenaires, tirés de leur sommeil par le remue-ménage ambiant et par les voix fortes des quelques dirigeants de la troupe, eurent le mérite de suivre le rythme, bien que la plupart d’entre-eux ne manquèrent pas d’afficher des mines d’enterrement, tout le long du processus. Ses préparatifs achevés, la cohorte pu reprendre sa route, Alasker en tête, son heaume de nouveau vissé sur le crâne. Au cours de la nuit, il avait craint qu’une pluie, même légère, ne vienne balayer les traces de leurs proies, mais le ciel était au final resté aussi sec que le sol qu’ils piétinaient, facilitant ainsi traque comme progression.
Reposé, rasséréné par la pleine lune, le loup s’était remis en chasse avec une ardeur décuplée. Les bonnes nouvelles n’allant jamais seules : La piste semblait les mener à l’Ouest de Kyouji, ce qui les éloignait des frontières républicaines et de tout potentiel incident diplomatique. Quatre nouvelles heures de marche s’écoulèrent lentement. La lune fut bientôt remplacée par le soleil, qui vit son impitoyable éclat presqu’aussitôt masqué par une vague de nuages blancs alors qu’un vent chaud, chargé de cendres, se levait sur le plateau grisâtre, à la végétation de plus en plus malingre, qu’ils rejoignaient à grandes enjambées. Et tandis qu’au loin, les formes aiguisées des premiers pics rocheux se tenant entre le monde civilisé et le Mont Kazan commençaient à apparaître, Alasker s’arrêta un instant pour humer l’air une fois de plus et jurer entre ses dents. Gorog, Nahr et l’Oni, qui ouvraient la marche en sa compagnie, lui jetèrent un regard interloqué.
“-On se rapproche. Mais ils ont quelque chose avec eux... Et je ne connais pas cette odeur.” Il grimaça et retira son casque le temps de cracher un imposant glaviot, puis inspira de nouveau. Cette fois, les yeux d’encres s’étrécirent. “Restez là.”
Le loup rejoignit le reste de la cohorte au pas de course. Elle se trouvait au beau milieu d’un chemin de terre, à une soixantaine de pas des éclaireurs, en plein milieu d’un no-man’s land à la végétation rare. A la vue de la masse d’airain et de muscles courant dans leurs directions, quelques mercenaires s’immobilisèrent pour le pointer du doigt. Alasker les ignora et alla finalement se planter devant Deydreus, juché sur son insupportable hongre. La bête salua d’ailleurs son arrivée de la seule manière qu’elle connaissait : en hennissant méchamment.
“-Je crois qu’ils ont un Ogre avec eux, Dey.“Cracha-t-il en ignorant la bestiole à crinière noire. “Et les ogres aussi ont du flair.”
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Depuis le départ nocturne du camp, Deydreus était resté silencieux. Monté sur sa monture, le chevalier sombre s'était contenté de laisser ses pensées voguer à l'horizon tandis que son fidèle ami ouvrait la marche, un peu plus loin. Les yeux vairons du reikois balayait de manière plus ou moins fréquente les environs, comme si le cavalier recherchait secrètement une tentative d'embuscade, un monstre rôdant dans l'obscurité, n'importe quoi qui aurait put échapper à l'odorat pourtant parfait d'Alasker, et qui aurait surtout ajouté un peu d'action à un périple pour le moment trop calme. Bientôt, la douceur de la nuit laissa sa place à une aridité naissante à cause du soleil, qui venait déjà frapper les hommes armés de ses rayons ardents. Flattant l'encolure de son destrier, l'officier avait alors poursuivit la marche sans rien dire. Après tout, les reikois étaient habitués à naviguer dans des conditions bien plus hostiles et même si, personnellement, il préférait largement le froid du nord, l'armure d'ébène n'en était pas encore au point de se sentir fondre.
Le regard du reikois fut alors attiré par une ombre sur sa gauche. Tournant la tête, l'officier remarqua alors Romuald qui tentait de venir près de lui, obstrué par des Serres beaucoup trop disciplinées qui l'empêchaient de s'approcher de leur dirigeant. D'un geste de la main, ces dernières s'écartèrent et laissèrent, enfin, le prétendu chef des mercenaires arriver au niveau de Deydreus. Le regard agacé de l'homme témoignait de toute la colère qu'il retenait à l'égard des hommes noir et sang, comprenant bien qu'un excès de voix aurait eu des conséquences désastreuses sur ses propres hommes et sur lui même. Calmant cette colère stupide, il recentra son attention sur l'armure d'ébène et pointa du menton les Dévoreurs, Alasker et l'oni qui marchait devant eux.
- Ces types là... Comment vous faites pour les contrôler? Face au regard circonspect du reikois, Romuald enchaina. Quand on nous a recommandé Kahl, j'ai de suite vu la force qui se dégageait de ce monstre. Mais... On sait tous qu'il est instable. Qu'à la moindre contrariété, il pourrait se retourner contre nous et tenter de nous écraser sous son énorme masse. Votre second, il m'a donné la même impression, sauf qu'en plus, il a une bande de tarés qui le suivent partout.
- Cette... Bande de tarés... Ce sont mes frères d'armes. Et si vous les nommez encore ainsi. Je vous tranche la gorge. Observant le léger geste de recul du mercenaire, Deydreus retint un sourire amusé. Les Dévoreurs ont beau dépendre de l'autorité d'Alasker, ils font tout de même partie des Serres. Nous ne sommes qu'une seule et même meute. De plus, votre erreur ne réside pas dans le fait de considérer fondamentelement ces personnes comme des monstres...
Il marqua une légère pause, observant l'horizon et le groupe "d'éclaireurs" avant de se focaliser de nouveau sur le mercenaire.
- Votre erreur se trouve dans le fait de renier votre propre monstruosité. Et de ne pas vouloir trouver but commun avec ces personnes. Vous vous prétendez supérieur. Vous vous pensez, supérieur. Alors que vous n'êtes qu'un rat ayant choisi la voie des armes de manière apatride pour ne pas s'encombrer du poids des responsabilités. Vous n'êtes qu'une farce. Un comique des bas-quartiers qui se prétend dangereux quand, face à la moindre originalité, se retrouve apeuré comme une donzelle lors de sa première nuit. Vous me dégoutez. Vous puez la faiblesse et la lâcheté. Ecoutant le hennissement colérique de son destrier, Deydreus dévisagea Romuald. Mais vous n'êtes qu'un mercenaire, alors je n'avais de toutes façons pas grand espoir quant à votre mentalité. Votre visage montre votre rage. Vous n'êtes pas d'accord avec ce que je viens de dire. Vous me trouvez arrogant, n'est-ce pas? Et bien... Quand les combats commenceront, je vous en prie. Donnez moi tort.
Un peu plus loin, une grande armure rouge était en train de courir vers le groupe "commun". A vive allure, Alasker venait rejoindre la cohorte, ignorant visiblement au passage tous les imbéciles qui s'étaient immobilisés comme s'il venait les attaquer. Et comme si ils auraient eu une chance si tel avait été le cas. Ecoutant attentivement son lieutenant, Deydreus passait mentalement leurs options en revue. Des gnolls. Un ogre. Voila qui devenait plus compliqué à gérer qu'une simple meute de créatures bipèdes.
- Alors cela va être intéressant. Nous devons déjà être sur leur territoire et, outre leur ogre, ils ont déjà dut nous flairer ou nous entendre depuis une bonne heure. A présent, nous allons progresser avec une forte possibilité d'embuscade. Il tourna la tête, s'adressant aux Serres. En formation serrée, armes au clair. Considérez toutes formes qui se dégagent des collines comme une présence hostile. Alasker, rapprochez-vous un peu de nous, je ne vous veux pas à plus de trente pas. Si tu peux revenir vite, ce n'est pas forcément le cas de nos gars si nous devons courir pour venir vous prêter main forte. Nous avons des gnolls, accompagnés d'un ogre. On ne sait pas encore la totalité de leurs effectifs et j'aimerais éviter des surprises désagréables. Allez, continuons vers les pics. Leur camp doit sûrement se trouver aux pieds de ces derniers. Ou pas très loin.
Le groupe, donc, se remit en marche quelques minutes plus tard. Recentrés autour de la cohorte, les Serres s'étaient placées en formation défensive. Les boucliers lourds avaient été levés, et chaque lame venait se loger sur l'armature prévue à cet effet sur le bouclier voisin. De cette façon, les fantassins pouvaient piquer, ou trancher, tout ce qui tentait de venir briser la formation. Le rythme de marche avait également changé. Plus rapide, ce dernier était à présent rythmé par les bruits de bottes frappant le sol asséché, créant une mélodie que même les mercenaires désorganisés tentaient de suivre. D'ailleurs, ces derniers avaient adopté des postures plus ou moins défensives, certains vétérans se plaçant bien plus intelligemment que d'autres. Toujours agacé, Romuald restait tout du moins au centre de la formation aux côtés de Deydreus, ce qui renforça encore plus auprès de l'officier son image de pleutre. Ignorant l'individu, l'homme aux yeux vairons préféra porter son attention sur les alentours, analysant de nouveau chaque irrégularité comme si elle cachait la moindre cible. Pourtant, rien ne vint.
C'est à la mi-journée qu'enfin les choses bougèrent un peu. Rejoignant Alasker, Kahl et les autres qui s'étaient arrêtés, Deydreus remarqua les empreintes qui marquaient le sol. Elles étaient nombreuses. Très. Nombreuses. Balayant ces dernières du regard, l'officier comptait au moins une cinquantaine d'individus. Et encore, il ne s'agissait probablement que d'une petite estimation. Relevant la tête, l'officier observa les environs, cherchant de ses yeux vairons la présence d'une cabane, ou grotte visible qui pourrait indiquer une planque potentielle. Mais de nouveau, rien ne sortait de cette analyser. Reportant donc son attention sur les traces, le reikois se rendit compte d'un schéma de marche. Plus qu'une meute, il s'agissait de traces disciplinées. Pourtant, les gnolls n'étaient que des hyènes glorifiées et, s'ils adoptaient pareille discipline, alors ils étaient dirigés par quelque chose, ou quelqu'un. Sortit de ses pensées par un hurlement, l'officier pointa son regard vers l'origine du cri. Qui s'avéra, lorsqu'il résonna de nouveau, plus proche d'un rire hargneux que d'un véritable grognement. Sifflant dans l'air, une flèche fila alors par delà l'une des collines. Laissant son mana se concentrer en lui, Deydreus pivota légèrement son buste et attrapa le projectile dans un silence religieux. Romuald, spectateur de la scène, laissa un long sifflement surpris s'échapper de ses lèvres grossières tandis que le vétéran observait la facture ce qui avait tenté de se loger dans son torse. Grossière mais bien faite, la flèche se composait d'un bois de conifères dont la pointe métallique avait été taillée sommairement et avec une volontaire irrégularité. A l'instar de ses lames, de petites dents étaient visibles sur les bords, spécifiquement présentes pour arracher les chairs en cas de retrait soudain. Brisant le projectile de sa main gantée, Deydreus laissa les restes de la flèche tomber sur le sol tandis qu'il expirait longuement. Même pour lui, l'odeur des gnolls devenait insupportable. Partout autour d'eux, cet air nauséabond stagnait et s'imprégnait dans les narines de tous les malheureux présents. Un nouveau cri résonna autour du groupe. Sortant ses deux lames, Deydreus fit un signe de tête à Alasker tandis que les Serres se replaçaient.
- Cette vermine est sur nous. Préparez vous au combat.
D'unique, le hurlement devint alors légion. Une trentaine de rires moqueurs s'élevait des collines tandis que deux groupes de créatures bipèdes faisaient leur apparition. L'un au nord, l'autre au sud. Placés spécifiquement pour prendre en tenaille l'étrange rassemblement de guerriers et de mercenaires. L'un des gnolls leva alors le bras et l'abattit rapidement, provoquant une nouvelle salve de hurlements tandis qu'une pluie de flèches pleuvait sur le groupe de guerriers. L'instant d'après, les créatures se mirent à courir, prêtes à se jeter dans la mêlée.
Le regard du reikois fut alors attiré par une ombre sur sa gauche. Tournant la tête, l'officier remarqua alors Romuald qui tentait de venir près de lui, obstrué par des Serres beaucoup trop disciplinées qui l'empêchaient de s'approcher de leur dirigeant. D'un geste de la main, ces dernières s'écartèrent et laissèrent, enfin, le prétendu chef des mercenaires arriver au niveau de Deydreus. Le regard agacé de l'homme témoignait de toute la colère qu'il retenait à l'égard des hommes noir et sang, comprenant bien qu'un excès de voix aurait eu des conséquences désastreuses sur ses propres hommes et sur lui même. Calmant cette colère stupide, il recentra son attention sur l'armure d'ébène et pointa du menton les Dévoreurs, Alasker et l'oni qui marchait devant eux.
- Ces types là... Comment vous faites pour les contrôler? Face au regard circonspect du reikois, Romuald enchaina. Quand on nous a recommandé Kahl, j'ai de suite vu la force qui se dégageait de ce monstre. Mais... On sait tous qu'il est instable. Qu'à la moindre contrariété, il pourrait se retourner contre nous et tenter de nous écraser sous son énorme masse. Votre second, il m'a donné la même impression, sauf qu'en plus, il a une bande de tarés qui le suivent partout.
- Cette... Bande de tarés... Ce sont mes frères d'armes. Et si vous les nommez encore ainsi. Je vous tranche la gorge. Observant le léger geste de recul du mercenaire, Deydreus retint un sourire amusé. Les Dévoreurs ont beau dépendre de l'autorité d'Alasker, ils font tout de même partie des Serres. Nous ne sommes qu'une seule et même meute. De plus, votre erreur ne réside pas dans le fait de considérer fondamentelement ces personnes comme des monstres...
Il marqua une légère pause, observant l'horizon et le groupe "d'éclaireurs" avant de se focaliser de nouveau sur le mercenaire.
- Votre erreur se trouve dans le fait de renier votre propre monstruosité. Et de ne pas vouloir trouver but commun avec ces personnes. Vous vous prétendez supérieur. Vous vous pensez, supérieur. Alors que vous n'êtes qu'un rat ayant choisi la voie des armes de manière apatride pour ne pas s'encombrer du poids des responsabilités. Vous n'êtes qu'une farce. Un comique des bas-quartiers qui se prétend dangereux quand, face à la moindre originalité, se retrouve apeuré comme une donzelle lors de sa première nuit. Vous me dégoutez. Vous puez la faiblesse et la lâcheté. Ecoutant le hennissement colérique de son destrier, Deydreus dévisagea Romuald. Mais vous n'êtes qu'un mercenaire, alors je n'avais de toutes façons pas grand espoir quant à votre mentalité. Votre visage montre votre rage. Vous n'êtes pas d'accord avec ce que je viens de dire. Vous me trouvez arrogant, n'est-ce pas? Et bien... Quand les combats commenceront, je vous en prie. Donnez moi tort.
Un peu plus loin, une grande armure rouge était en train de courir vers le groupe "commun". A vive allure, Alasker venait rejoindre la cohorte, ignorant visiblement au passage tous les imbéciles qui s'étaient immobilisés comme s'il venait les attaquer. Et comme si ils auraient eu une chance si tel avait été le cas. Ecoutant attentivement son lieutenant, Deydreus passait mentalement leurs options en revue. Des gnolls. Un ogre. Voila qui devenait plus compliqué à gérer qu'une simple meute de créatures bipèdes.
- Alors cela va être intéressant. Nous devons déjà être sur leur territoire et, outre leur ogre, ils ont déjà dut nous flairer ou nous entendre depuis une bonne heure. A présent, nous allons progresser avec une forte possibilité d'embuscade. Il tourna la tête, s'adressant aux Serres. En formation serrée, armes au clair. Considérez toutes formes qui se dégagent des collines comme une présence hostile. Alasker, rapprochez-vous un peu de nous, je ne vous veux pas à plus de trente pas. Si tu peux revenir vite, ce n'est pas forcément le cas de nos gars si nous devons courir pour venir vous prêter main forte. Nous avons des gnolls, accompagnés d'un ogre. On ne sait pas encore la totalité de leurs effectifs et j'aimerais éviter des surprises désagréables. Allez, continuons vers les pics. Leur camp doit sûrement se trouver aux pieds de ces derniers. Ou pas très loin.
Le groupe, donc, se remit en marche quelques minutes plus tard. Recentrés autour de la cohorte, les Serres s'étaient placées en formation défensive. Les boucliers lourds avaient été levés, et chaque lame venait se loger sur l'armature prévue à cet effet sur le bouclier voisin. De cette façon, les fantassins pouvaient piquer, ou trancher, tout ce qui tentait de venir briser la formation. Le rythme de marche avait également changé. Plus rapide, ce dernier était à présent rythmé par les bruits de bottes frappant le sol asséché, créant une mélodie que même les mercenaires désorganisés tentaient de suivre. D'ailleurs, ces derniers avaient adopté des postures plus ou moins défensives, certains vétérans se plaçant bien plus intelligemment que d'autres. Toujours agacé, Romuald restait tout du moins au centre de la formation aux côtés de Deydreus, ce qui renforça encore plus auprès de l'officier son image de pleutre. Ignorant l'individu, l'homme aux yeux vairons préféra porter son attention sur les alentours, analysant de nouveau chaque irrégularité comme si elle cachait la moindre cible. Pourtant, rien ne vint.
C'est à la mi-journée qu'enfin les choses bougèrent un peu. Rejoignant Alasker, Kahl et les autres qui s'étaient arrêtés, Deydreus remarqua les empreintes qui marquaient le sol. Elles étaient nombreuses. Très. Nombreuses. Balayant ces dernières du regard, l'officier comptait au moins une cinquantaine d'individus. Et encore, il ne s'agissait probablement que d'une petite estimation. Relevant la tête, l'officier observa les environs, cherchant de ses yeux vairons la présence d'une cabane, ou grotte visible qui pourrait indiquer une planque potentielle. Mais de nouveau, rien ne sortait de cette analyser. Reportant donc son attention sur les traces, le reikois se rendit compte d'un schéma de marche. Plus qu'une meute, il s'agissait de traces disciplinées. Pourtant, les gnolls n'étaient que des hyènes glorifiées et, s'ils adoptaient pareille discipline, alors ils étaient dirigés par quelque chose, ou quelqu'un. Sortit de ses pensées par un hurlement, l'officier pointa son regard vers l'origine du cri. Qui s'avéra, lorsqu'il résonna de nouveau, plus proche d'un rire hargneux que d'un véritable grognement. Sifflant dans l'air, une flèche fila alors par delà l'une des collines. Laissant son mana se concentrer en lui, Deydreus pivota légèrement son buste et attrapa le projectile dans un silence religieux. Romuald, spectateur de la scène, laissa un long sifflement surpris s'échapper de ses lèvres grossières tandis que le vétéran observait la facture ce qui avait tenté de se loger dans son torse. Grossière mais bien faite, la flèche se composait d'un bois de conifères dont la pointe métallique avait été taillée sommairement et avec une volontaire irrégularité. A l'instar de ses lames, de petites dents étaient visibles sur les bords, spécifiquement présentes pour arracher les chairs en cas de retrait soudain. Brisant le projectile de sa main gantée, Deydreus laissa les restes de la flèche tomber sur le sol tandis qu'il expirait longuement. Même pour lui, l'odeur des gnolls devenait insupportable. Partout autour d'eux, cet air nauséabond stagnait et s'imprégnait dans les narines de tous les malheureux présents. Un nouveau cri résonna autour du groupe. Sortant ses deux lames, Deydreus fit un signe de tête à Alasker tandis que les Serres se replaçaient.
- Cette vermine est sur nous. Préparez vous au combat.
D'unique, le hurlement devint alors légion. Une trentaine de rires moqueurs s'élevait des collines tandis que deux groupes de créatures bipèdes faisaient leur apparition. L'un au nord, l'autre au sud. Placés spécifiquement pour prendre en tenaille l'étrange rassemblement de guerriers et de mercenaires. L'un des gnolls leva alors le bras et l'abattit rapidement, provoquant une nouvelle salve de hurlements tandis qu'une pluie de flèches pleuvait sur le groupe de guerriers. L'instant d'après, les créatures se mirent à courir, prêtes à se jeter dans la mêlée.
- Apparence des épées de Deydreus:
Même si Kahl se refusait à l'admettre, il était devenu bien pensif suite à la conversation nocturne qu'il avait mené en compagnie du mystérieux lycanthrope à la tête des Dévoreurs. Lui qui s'était toujours considéré comme un fervent défenseur de l'absolue liberté voyait dans le discours du patibulaire personnage un semblant de vérité. De toute évidence, le géant des glaces n'avait pas véritablement envie de quitter définitivement sa vie de brigand car, d'une certaine manière, le chaos et l'incertitude étaient ce qu'il avait toujours connu. Il craignait la perspective de perdre ces droits qu'il avait tant bataillé pour obtenir, toutefois l'idée de la puissance écrasante d'un régiment de bêtes sauvages lui plaisait un peu plus qu'il ne voulait bien l'admettre.
Sans demander une quelconque autorisation, Kahl s'était donc naturellement rapproché des combattants en armure rouge. Cette entreprise ne connut pas la moindre opposition, tant du dirigeant que des membres de l'équipe, aussi le colosse se demanda s'il n'avait pas déjà été établi qu'il allait s'intégrer parmi eux lors de l'opération. Son naturel avenant revenait au galop et il se surprenait même à ne pas détester les interactions avec ces personnages intrigants. Leurs conservations ne volaient certes pas bien haut, mais il y avait chez eux un aspect que Kahl trouvait tout à fait délectable : ils avançaient tous sans la moindre trace de crainte. Pire encore, ils semblaient envieux d'en découdre au plus vite et n'exprimaient aucun souhait particulier impliquant au retour au bercail. Ils ne partaient au front ni pour l'or, ni pour la gloire : ils tuaient car ils savaient qu'ils avaient été conçus à cette fin. En ce sens, l'oni se sentait bien plus proche d'eux que de tous les sauvageons avec lesquels il avait officié jusqu'à présent.
Romuald avait d'ailleurs bien remarqué l'absence du monstre azuré, c'était d'ailleurs peut-être cela qui l'avait poussé à interroger l'officier chargé de l'opération. Les autres mercenaires, quant à eux, étaient pour la plupart bien rassurés de ne pas se trouver trop près du monstre en question. Ils ne craignaient pas particulièrement de marcher à ses côtés mais, dans le cadre d'une embuscade, il savait à quel point le barbare gigantesque avait tendance à "omettre" d'éviter ses alliés lorsqu'il balançait sa titanesque massue aux quatre coins du champ de bataille. Fort heureusement, les Dévoreurs ne semblaient pour leur part pas effrayés par l'idée d'un conflit mené aux côtés du barbare cornu.
Les gueules d'assassin des Dévoreurs s'élevèrent de concert lorsque leur chef se manifesta après une absence momentanée. Après la surprise, ce fut au tour de sourires bestiaux de se découvrir lorsque le fameux loup aux traits d'homme leur annonça la bonne nouvelle : ils s'approchaient enfin de leurs cibles. Kahl ne manqua pas à l'appel du sang et ajusta son masque pourpre sur son indélicat faciès, soupirant d'envie à l'idée de pouvoir briser la nuque de l'un de ces fameux gnolls (prononcé Niaule) dont Alasker venaient de pister la présence. Au tableau déjà sinistre des hyènes malfaisantes s'ajoutait le clou du spectacle, un ogre qu'avait su détecter le fléau des Dévoreurs. Cette annonce ne manqua pas d'amuser Kahl, qui se permit un ricanement à la simple pensée de pouvoir affronter une bête pareille.
"S'il y a un ogre, j'en fais mon affaire."
Comment pouvait-il porter sans honte son surnom d'Ogre du Blizzard s'il n'était pas capable d'en occire un lui-même ? Puisqu'il avait déjà eu l'occasion de faire ami-ami avec les Dévoreurs, il fut alors gratifié d'une tape dans le dos par un costaud gaillard dont le casque cabossé laissait entrevoir un passé tumultueux. Kahl pivota lentement pour faire face à ce dernier, qui prit la parole entre deux éclats de rire gras :
"C'est un défi, le Bleu ? On va pas t'en empêcher, si tu veux te faire tout seul. Par contre, s'il te broie le crâne, tu pourras t'en prendre qu'à toi-même."
D'autres rires pas plus courtois se répandirent dans l'assistance, mais Kahl ne s'en formalisait nullement. Il s'était montré bien arrogant en assurant à ses compagnons qu'il était le seul mercenaire sur lequel ils pouvaient envisager de compter et il avait pour projet de prouver à tous qu'une telle annonce n'avait rien d'infondée. Il était important pour lui de démontrer que l'être libre et sauvage détenait l'ascendant sur ceux dont les restrictions imbéciles endiguaient le plein potentiel. Malgré la révélation de la présence d'ennemis, il fallut un moment même aux plus observateurs pour percevoir les traces de la présence évidente des cibles qu'ils recherchaient avec tant d'ardeur. Alors que certains s'employaient à analyser avec une certaine curiosité les marques laissées par le passage des maudites créatures responsables du précédent carnage, un premier coup fut subitement porté en traître.
Une flèche fendit l'air, trop discrètement d'ailleurs pour immédiatement attirer l'attention de la plupart des guerriers, mais le ricanement caractéristique des hyénidés fut assez pour les rappeler à l'ordre. Kahl tourna la tête avec vivacité pour observer les alentours et son regard croisa un court instant celui de Deydreus qui, vraisemblablement, avait été élu première cible d'une attaque menée par surprise. Ces gnolls, qui avaient apparemment encerclé l'entièreté du groupe, se montraient donc bien meilleurs stratèges que ce qu'avait escompté le géant des glaces. Après la prise de parole du dirigeant des militaires, une pluie de flèches acérées comme des serres d'aigle vint s'abattre sur eux. Si elle s'avéra mortellement dangereuse pour certains, Kahl usa quant à lui de ses atouts magiques afin de se défaire de la menace.
Du fait de sa position désavantageuse, il ne pouvait pas jouer de sa massue pour déployer une bourrasque afin de repousser les projectiles et fut donc contraint de faire appel à d'autres talents moins fiables. Ce fut donc après s'être recroquevillé sur lui-même qu'il porta son bras au-dessus de sa tête, formant un égide de glace qui absorba un trio de flèches. Franchement remonté à l'idée d'avoir été ainsi assailli en traître, le géant colérique se propulsa hors des rangs pour s'engager dans ce qu'il connaissait le mieux : le combat au corps-à-corps. Une main refermée sur le manche de son arme, il effectua quelques pas en avant afin de s'éloigner de ses alliés, attirant sur lui l'attention d'une partie des agresseurs, puis il poussa un rugissement bestial lors duquel un brouillard gelé s'extirpa de sa gueule monstrueuse. Dans une série de claquements, d'autres projectiles perçants fusèrent dans sa direction, mais l'égide transparent vint s'agrandir par magie pour accueillir l'assaut, protégeant ainsi le corps de l'oni qui hurla à s'en arracher les cordes vocales :
"Vous allez regretter d'avoir croisé ma route, chiens galeux !"
Oubliant totalement le soutien dont il bénéficiait grâce à la présence des autres combattants, il prit appui sur ses jambes puissantes et se projeta en avant à une folle allure, quittant le sol d'un bond surnaturel tout en portant sa seconde dextre au manche de sa massue. Les quelques gnolls qui avaient déjà quitté leur cachette pour s'attaquer directement aux soldats furent surpris de rencontrer une telle résistance, et Kahl joua avec aisance de leur confusion en frappant le premier. Lorsqu'il atteignit le sol, le géant du froid laissa sa massue s'abattre sur le crâne de l'un des homme-bêtes, ce avec une force telle que ce dernier fut aplati sur place. Ses vertèbres pulvérisées fusionnèrent presque les unes avec les autres et il perdit toute substance sans même avoir eu le temps de pousser le moindre couinement. Sous la victime, le sol se fissura dans une onde de choc dont les vibrations firent chanceler les autres gnolls. Le bras qui portait le bouclier de givre quitta le manche de la masse et l'oni se défit de cette protection en la jetant droit sur l'un des adversaires déjà déséquilibrés. Ce dernier fut tranché en deux par les contours tranchants de l'égide tandis qu'un troisième gnoll qui envisageait tout juste de s'éloigner fut frappé en pleine mâchoire, tué sur le coup par la violence de l'impact.
Satisfait, l'oni monstrueux cogna de son poing l'un de ses pectoraux et tâchait de se trouver une nouvelle victime à étriper en balayant les environs du regard, avant de mugir avec une joie malsaine :
"Amenez-moi votre ogre, bande de parasites ! Je n'ai que faire de..."
"LE BLEU ! Ferme ta gueule ! Sur ta droite !"
Kahl aurait sans doute été vexé de se voir ainsi coupé dans son monologue diabolique par l'un des Dévoreurs mais, au-delà de son égo, ce fut son corps qui fut frappé par une nouvelle menace que tous sauf lui avaient vu venir de loin. Dans sa folie sanguinaire, il n'avait pas su voir arriver le fameux ogre qu'avait flairé Alasker. Le monstre colossal qui portait dans l'une de ses pattes un tronc déraciné avait dévalé la pente à vive allure, jouant de son poids et de cet élan pour administrer à l'oni un coup d'épaule si sec et brutal que Kahl décolla aussitôt en perdant sa massue sur place. Le souffle coupé, il réalisa bien malgré lui quelques pirouettes dans les airs et sa folle envolée connut une douloureuse conclusion, car il vint s'encastrer dans un arbre mort qui bascula sous le poids du guerrier barbare.
Sonné et couvert de fragments d'écorce et de terre, il demeura quelques instants immobile.
Sans demander une quelconque autorisation, Kahl s'était donc naturellement rapproché des combattants en armure rouge. Cette entreprise ne connut pas la moindre opposition, tant du dirigeant que des membres de l'équipe, aussi le colosse se demanda s'il n'avait pas déjà été établi qu'il allait s'intégrer parmi eux lors de l'opération. Son naturel avenant revenait au galop et il se surprenait même à ne pas détester les interactions avec ces personnages intrigants. Leurs conservations ne volaient certes pas bien haut, mais il y avait chez eux un aspect que Kahl trouvait tout à fait délectable : ils avançaient tous sans la moindre trace de crainte. Pire encore, ils semblaient envieux d'en découdre au plus vite et n'exprimaient aucun souhait particulier impliquant au retour au bercail. Ils ne partaient au front ni pour l'or, ni pour la gloire : ils tuaient car ils savaient qu'ils avaient été conçus à cette fin. En ce sens, l'oni se sentait bien plus proche d'eux que de tous les sauvageons avec lesquels il avait officié jusqu'à présent.
Romuald avait d'ailleurs bien remarqué l'absence du monstre azuré, c'était d'ailleurs peut-être cela qui l'avait poussé à interroger l'officier chargé de l'opération. Les autres mercenaires, quant à eux, étaient pour la plupart bien rassurés de ne pas se trouver trop près du monstre en question. Ils ne craignaient pas particulièrement de marcher à ses côtés mais, dans le cadre d'une embuscade, il savait à quel point le barbare gigantesque avait tendance à "omettre" d'éviter ses alliés lorsqu'il balançait sa titanesque massue aux quatre coins du champ de bataille. Fort heureusement, les Dévoreurs ne semblaient pour leur part pas effrayés par l'idée d'un conflit mené aux côtés du barbare cornu.
Les gueules d'assassin des Dévoreurs s'élevèrent de concert lorsque leur chef se manifesta après une absence momentanée. Après la surprise, ce fut au tour de sourires bestiaux de se découvrir lorsque le fameux loup aux traits d'homme leur annonça la bonne nouvelle : ils s'approchaient enfin de leurs cibles. Kahl ne manqua pas à l'appel du sang et ajusta son masque pourpre sur son indélicat faciès, soupirant d'envie à l'idée de pouvoir briser la nuque de l'un de ces fameux gnolls (prononcé Niaule) dont Alasker venaient de pister la présence. Au tableau déjà sinistre des hyènes malfaisantes s'ajoutait le clou du spectacle, un ogre qu'avait su détecter le fléau des Dévoreurs. Cette annonce ne manqua pas d'amuser Kahl, qui se permit un ricanement à la simple pensée de pouvoir affronter une bête pareille.
"S'il y a un ogre, j'en fais mon affaire."
Comment pouvait-il porter sans honte son surnom d'Ogre du Blizzard s'il n'était pas capable d'en occire un lui-même ? Puisqu'il avait déjà eu l'occasion de faire ami-ami avec les Dévoreurs, il fut alors gratifié d'une tape dans le dos par un costaud gaillard dont le casque cabossé laissait entrevoir un passé tumultueux. Kahl pivota lentement pour faire face à ce dernier, qui prit la parole entre deux éclats de rire gras :
"C'est un défi, le Bleu ? On va pas t'en empêcher, si tu veux te faire tout seul. Par contre, s'il te broie le crâne, tu pourras t'en prendre qu'à toi-même."
D'autres rires pas plus courtois se répandirent dans l'assistance, mais Kahl ne s'en formalisait nullement. Il s'était montré bien arrogant en assurant à ses compagnons qu'il était le seul mercenaire sur lequel ils pouvaient envisager de compter et il avait pour projet de prouver à tous qu'une telle annonce n'avait rien d'infondée. Il était important pour lui de démontrer que l'être libre et sauvage détenait l'ascendant sur ceux dont les restrictions imbéciles endiguaient le plein potentiel. Malgré la révélation de la présence d'ennemis, il fallut un moment même aux plus observateurs pour percevoir les traces de la présence évidente des cibles qu'ils recherchaient avec tant d'ardeur. Alors que certains s'employaient à analyser avec une certaine curiosité les marques laissées par le passage des maudites créatures responsables du précédent carnage, un premier coup fut subitement porté en traître.
Une flèche fendit l'air, trop discrètement d'ailleurs pour immédiatement attirer l'attention de la plupart des guerriers, mais le ricanement caractéristique des hyénidés fut assez pour les rappeler à l'ordre. Kahl tourna la tête avec vivacité pour observer les alentours et son regard croisa un court instant celui de Deydreus qui, vraisemblablement, avait été élu première cible d'une attaque menée par surprise. Ces gnolls, qui avaient apparemment encerclé l'entièreté du groupe, se montraient donc bien meilleurs stratèges que ce qu'avait escompté le géant des glaces. Après la prise de parole du dirigeant des militaires, une pluie de flèches acérées comme des serres d'aigle vint s'abattre sur eux. Si elle s'avéra mortellement dangereuse pour certains, Kahl usa quant à lui de ses atouts magiques afin de se défaire de la menace.
Du fait de sa position désavantageuse, il ne pouvait pas jouer de sa massue pour déployer une bourrasque afin de repousser les projectiles et fut donc contraint de faire appel à d'autres talents moins fiables. Ce fut donc après s'être recroquevillé sur lui-même qu'il porta son bras au-dessus de sa tête, formant un égide de glace qui absorba un trio de flèches. Franchement remonté à l'idée d'avoir été ainsi assailli en traître, le géant colérique se propulsa hors des rangs pour s'engager dans ce qu'il connaissait le mieux : le combat au corps-à-corps. Une main refermée sur le manche de son arme, il effectua quelques pas en avant afin de s'éloigner de ses alliés, attirant sur lui l'attention d'une partie des agresseurs, puis il poussa un rugissement bestial lors duquel un brouillard gelé s'extirpa de sa gueule monstrueuse. Dans une série de claquements, d'autres projectiles perçants fusèrent dans sa direction, mais l'égide transparent vint s'agrandir par magie pour accueillir l'assaut, protégeant ainsi le corps de l'oni qui hurla à s'en arracher les cordes vocales :
"Vous allez regretter d'avoir croisé ma route, chiens galeux !"
Oubliant totalement le soutien dont il bénéficiait grâce à la présence des autres combattants, il prit appui sur ses jambes puissantes et se projeta en avant à une folle allure, quittant le sol d'un bond surnaturel tout en portant sa seconde dextre au manche de sa massue. Les quelques gnolls qui avaient déjà quitté leur cachette pour s'attaquer directement aux soldats furent surpris de rencontrer une telle résistance, et Kahl joua avec aisance de leur confusion en frappant le premier. Lorsqu'il atteignit le sol, le géant du froid laissa sa massue s'abattre sur le crâne de l'un des homme-bêtes, ce avec une force telle que ce dernier fut aplati sur place. Ses vertèbres pulvérisées fusionnèrent presque les unes avec les autres et il perdit toute substance sans même avoir eu le temps de pousser le moindre couinement. Sous la victime, le sol se fissura dans une onde de choc dont les vibrations firent chanceler les autres gnolls. Le bras qui portait le bouclier de givre quitta le manche de la masse et l'oni se défit de cette protection en la jetant droit sur l'un des adversaires déjà déséquilibrés. Ce dernier fut tranché en deux par les contours tranchants de l'égide tandis qu'un troisième gnoll qui envisageait tout juste de s'éloigner fut frappé en pleine mâchoire, tué sur le coup par la violence de l'impact.
Satisfait, l'oni monstrueux cogna de son poing l'un de ses pectoraux et tâchait de se trouver une nouvelle victime à étriper en balayant les environs du regard, avant de mugir avec une joie malsaine :
"Amenez-moi votre ogre, bande de parasites ! Je n'ai que faire de..."
"LE BLEU ! Ferme ta gueule ! Sur ta droite !"
Kahl aurait sans doute été vexé de se voir ainsi coupé dans son monologue diabolique par l'un des Dévoreurs mais, au-delà de son égo, ce fut son corps qui fut frappé par une nouvelle menace que tous sauf lui avaient vu venir de loin. Dans sa folie sanguinaire, il n'avait pas su voir arriver le fameux ogre qu'avait flairé Alasker. Le monstre colossal qui portait dans l'une de ses pattes un tronc déraciné avait dévalé la pente à vive allure, jouant de son poids et de cet élan pour administrer à l'oni un coup d'épaule si sec et brutal que Kahl décolla aussitôt en perdant sa massue sur place. Le souffle coupé, il réalisa bien malgré lui quelques pirouettes dans les airs et sa folle envolée connut une douloureuse conclusion, car il vint s'encastrer dans un arbre mort qui bascula sous le poids du guerrier barbare.
Sonné et couvert de fragments d'écorce et de terre, il demeura quelques instants immobile.
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
Messages : 216
crédits : 2610
crédits : 2610
Info personnage
Race: Loup-Garou
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B
La salvatrice s’écrasa sur la clavicule du gnoll, le tranchant en deux, de haut en bas, sous les yeux effarés de quatre autres de ses semblables. Le gloussement signature des bêtes sembla soudain prendre une teinte plaintive alors qu’elles se jetaient toutes en avant, armes et crocs dehors, sur le géant d’Airain venant de tuer l’un de leurs congénères. Le monstre qui projetait son ombre massive sur le cadavre de l’animal vaincu cueillit ses deux plus rapides adversaires d’un coup transversal porté d’une seule main. La lourde lame passa au travers des armures de cuir, de la chair, des os, sans même ralentir. Les morceaux de cadavres dévalèrent jusqu’au bas de la colline où le combat avait lieu, incapable de comprendre que la vie les avait déjà quitté, ils s’agitèrent encore quelques temps avant que les nerfs lâchent avec tout le reste. Une mâchoire se referma autour du gantelet d’airain. Alasker, à travers le voile rouge qui recouvrait sa vision comme son esprit, pu voir les courtes lames du mordeur rebondir contre son plastron. Sans grande surprise, il était difficile de mordre un bras et de poignarder une armure lourde en même temps. Stupide bestiole.
D’une torsion de poignet, Iratus tenta de briser la nuque ainsi offerte mais le deuxième gnoll survivant se jeta contre lui de tout son poids, dans l’espoir de le faire basculer. Ça n'avait rien de surprenant. La première chose que n’importe quel fantassin un minimum futé se devait de faire, face à un chevalier en armure, restait toujours la même : Le faire tomber au sol. L’exposer à la morsure des lames. L’empêcher d’utiliser la sienne.
Ca aurait pu marcher -quand bien même Alasker s’était attendu à pareille stratégie- s'ils avaient été trois, voire quatre, ou si ses ennemis avaient pesé un peu plus lourd. Mais ce n’était pas le cas. Les gnolls étaient plus petits qu’un humain normal pour quelques malheureux kilos de plus.
Et la rage d’Iratus n’avait jamais fait qu’augmenter ses prouesses physiques.
Le géant d’airain fit un pas en avant, déclenchant un concert de couinement de rage impuissante. Les dents grincèrent contre la protection du poignet, sans parvenir à le broyer ou le tordre. Le rapport de force changea. Le gantelet se mit à tourner, brisant les dents encore accrochées à lui. Le mordeur lâcha prise et gloussa, courroucé, avant d’ajouter son poids à celui de son camarade.
Alasker lâcha sa hache -trop longue pour lui être d’une quelconque utilité à une telle proximité- puis rassembla ses deux mains en un poing qu’il se mit à abattre sur ses ennemis.
Depuis le haut de la colline, au nord de cette escarmouche chaotique, tous ceux qui n’étaient pas directement aux prises avec un adversaire purent entendre les échos de la violence du déluge de coups qui s’ensuivit. La soif de sang de la bête se manifesta au troisième assaut, alors que la boîte crânienne de l’un des deux gnolls venait de céder. Impuissante, la bête condamnée se mit à se tordre dans tous les sens lorsque le poing ganté entra dans sa tête par la fente qu’elle avait ouverte pour écraser son cerveau entre ses doigts serrés. Son semblable piailla pitoyablement tandis que la main libre du géant s’enroulait autour de sa gorge en le soulevant de terre.
Le dernier archer des gnolls mouru décapité. Alasker lui arracha proprement la tête, à main nue, puis jeta les restes du corps au bas de la colline, avec les autres. Le torrent de sang qui s’étala sur ses doigts et son casque parvint à satisfaire le prédateur en lui assez longtemps pour que l’homme ressurgisse à la surface. Iratus redevint Alasker. Il cligna des yeux, chancela un peu, ramassa sa hache puis regarda autour de lui et découvrit que les autres se battaient loin de sa position.
Quand est-ce que le loup avait pris le contrôle? Le géant se baissa pour ramasser sa hache, découvrant par la même occasion la flèche qui dépassait de son épaule gauche. Grondant d’agacement, il l’arracha de sa chair et la glissa entre les plaques d’armures qu’elle avait su traverser à l’allé. C’était donc ça. L’attaque surprise avait fait couler son sang avant qu’il n’ait le temps de s’y préparer. Le choc avait libéré la bête.
En cherchant dans ses souvenirs confus, saturés d’excitation bestiale, l’ancien gladiateur parvint à se remémorer la suite de l’embuscade. Comme la plupart de ses hommes, Iratus s’était mis à courir tout droit vers les lignes adverses, au nord, seulement les fantassins Gnolls n’avaient pas su l’arrêter. Il se souvint avec un certain amusement comment le corps de l’un d’eux s’était tout bonnement disloqué en arrivant à son contact après que son imbécile de possesseur ait décidé de se jeter sur son chemin. Ça ne l’avait même pas ralenti. Alasker avait continué sa course jusqu’à arriver en face des archers ennemis, planqués de l’autre côté de la colline où le lycanthrope se tenait actuellement. Désespérés, les hyènes bipèdes s’étaient mises en tête de vendre chèrement leurs peaux en se jetant à son contact avant qu’il n’ait le temps de le faire.
Un plan honnête, qui n’avait, manifestement, pas vraiment porté ses fruits.
Au loin, devant lui, d’autres gnolls étaient déjà en train de se replier. Alasker savait qu’ils ne reviendraient pas. Le souvenir de ce massacre les en dissuaderait pour le moment. Il s’en détourna donc sans crainte. A une quarantaine de pas de là, ses Dévoreurs étaient occupés à faire ce qu’ils savaient faire le mieux : Tuer. Le géant se mit à trottiner pour les rejoindre tout en tentant de s’éclaircir les idées.
Gorog, à en croire le sang qui recouvrait son nez écrasé et sa barbe blanche, avait remporté son défi et la frustration qu’en éprouvait Kirk pouvait se ressentir dans chacun des coups qu’il portait avec sa claymore sur les corps agonisants à ses pieds. Une bonne chose. Nahr et Sanguin étaient aux prises avec un gnoll particulièrement massif, certes, mais à qui il manquait déjà un bras. Ils gagnaient, c’était évident. Le plus intéressant se trouvait au bas de la pente où ses hommes se battaient : Un ogre. Celui-là même qu’Alasker avait senti, plus tôt. Les Dévoreurs étaient naturellement attirés par les cibles volumineuses, de la même manière que les papillons et les torches. Lorsqu’un trophée était trop grand pour être pris par un seul homme, ils se mettaient à chasser comme des loups, en meute plutôt que seuls, frappant et lacérant lorsque l’attention était détournée, esquivant et parant les coups le reste du temps. Les ogres, les trolls, les wyvern et les lanconda faisaient parties des seules choses en ce monde capable de rappeler aux dévoreurs qu’ils avaient un jour su se battre en groupe avant de devenir des tueurs solitaires à peine assez évolués pour entretenir un semblant de fraternité.
Mais pas cette fois.
Cette fois, ils semblaient tous s’être arrangés pour se tenir loin de la bête. C’était à peine si ils s’en souciaient lorsqu’elles ne tournaient pas son regard stupide vers eux. Ils ne l’attaquaient pas et se contentaient d’achever les gnolls encore en vie. Étrange. C’était une erreur de sous-estimer une bestiole aussi grande. Qu’est-ce qui pouvait bien les motiver à la faire ainsi, volontairement qui plus est?
L’explication à ce singulier comportement lui vint subitement, à l’instant où ses yeux noirs se posèrent sur la forme bleuâtre qui semblait assoupie au creux des restes d’un arbre renversé. Le défi de l’Oni avait été entendu par ses Dévoreurs, ce qui était une marque de respect. Un fait indéniable, quand bien même ledit respect entraînerait très probablement la mort de l’Oni.
Alasker haussa les épaules. Intervenir aurait été une insulte. Jamais ses Dévoreurs n’auraient pu regarder le Grand Bleu sans éprouver de la pitié, après ça. Il sauta au-dessus d’un buisson recouvert de cendres, encouragé dans sa course par la poussée d’un vent chaud provenant du nord, dans son dos. L’idée lui vint de laisser à ses hommes le soin de terminer le travail ici pour directement filer au sud, quand bien même l’absence de Deydreus au front nord ne laissait que peu de chance de trouver un adversaire encore en vie de l’autre côté. Il en était là de ses réflexions lorsque quelque chose d’inattendu se passa. L’ogre -qui, jusqu’alors, grognait et s’agitait en tout sens en semblant avoir oublié l’origine de sa présence sur place- retrouva assez de place dans son esprit pour y ajouter une nouvelle proie. Selon toute logique et au vu de son emplacement, ladite proie aurait dû être Kahl. Après tout, la bête l’avait frappé, sonné, et s’était même avancée dans sa direction pour l’achever. Mais la logique -tout comme l’hygiène- était un concept étranger à la race des Ogres, en particulier ceux qui portaient sur eux les stigmates d’un traitement monstrueux infligé par des hommes-hyènes peu scrupuleux, ayant lacéré son dos nus de coups de fouets et marqué la chair de son cou au fer rouge.
Ainsi, lorsque la créature meugla tel un taureau en rut en levant son arme improvisée au-dessus de sa tête, Alasker retint son souffle, puisque le regard stupide de la créature n’était non pas dirigé vers Kahl mais vers le duo Nahr/Sanguin, toujours aux prises avec le Gnoll à un bras. L’impact fit trembler le sol tant et si bien que tous les guerriers à proximité manquèrent de mordre la poussière. Sa victime, réduite à l’état de bouillie sanguinolente, n’avait même pas eu le temps de pousser un dernier gloussement avant de disparaître.
Alasker accéléra, traversant les quelques mètres restants le séparant du bas de la colline en se faisant la réflexion qu’au final, il y avait peut-être une justice.
Nahr et Sanguin fixaient le géant sans cesser de reculer lentement, peu sûrs de la marche à suivre. Peut-être se disaient-ils que la mort du gnoll était la conclusion d’une vengeance orchestrée de main de maître par un ogre esclave et diablement plus intelligent que la moyenne. Alasker, lui, savait d’expérience que l’histoire était bien plus simple :
Libéré de ses chaînes et jeté au milieu d’une bataille, l’ogre avait rempli son rôle un temps. Et puis l’instinct avait repris le dessus. L’instinct d’une bête stupide et susceptible. Qui réagissait mal au bruit, à la population et à tout mouvement suspect.
En l’occurrence, le grand gnoll victime de sa colère ne cessait de glousser et de pleurnicher, choqué par la perte de son bras. La bête criait si fort que ses adversaires grimaçaient en tentant de la mettre à terre pour de bon. L’ogre l’avait fait taire, à sa façon.
Et maintenant, son instinct allait lui dicter de chasser toutes les petites créatures qui trainaient sur son nouveau territoire.
Quelle folie avait poussé ces imbéciles de gnolls à sacrifier ainsi leur avant-garde en la jetant dans le tas avec un ogre?
Il y eut un silence -tout relatif, puisque la bataille continuait au loin- durant lequel les dévoreurs fixèrent avec un mélange de méfiance et d’amusement la tête cabossée, aux oreilles trop décollées, de la gigantesque créature. Puis ses sourcils bizarrement placés se fronçèrent et sa gueule s’ouvrit en laissant échapper un cri assez fort pour donner le vertige.
Alasker n’attendit pas la fin de cette déclaration de guerre avant d’hurler à son tour, laissant son larynx se rappeler du temps où il était un loup pour hurler comme l’un d’entre-eux. Le résultat évoquait le grondement d’une créature impossible, si grave et si rauque qu’elle rivalisait avec la voix de l’ogre.
Les Dévoreurs réagirent au signal lancé par leurs chefs. La meute se resserra autour de la bête pour immédiatement commencer à mordre. Ils visèrent les tendons et frappèrent les mollets, pour faire saigner, fatiguer, tomber. Les beuglements de rages prirent une teinte paniquée. Iratus, après avoir esquivé la claque magistrale d’une main de la taille d’un homme, se joignit à eux en plantant sa hache dans la chair tendre de toutes ses forces.
Dans sa jeunesse, Alasker, au cours d’une nuit de pleine lune, avait observé, dans l’ombre, des loups de sang pur piéger un bison. Le mettre à terre pour se repaître de sa chair alors qu’il était encore en vie, à hurler de désespoir. A cet instant, il se sentit comme l’un de ces impitoyables chasseurs et en tira la plus primale des fiertés. A cet instant, l’homme et la bête, qui habitaient tous deux son esprit, consentirent à faire une trêve.
Le genoux droit de l’ogre se mit à ployer.
Et un sourire sauvage, garni de crocs aiguisés, fendit le visage du lycanthrope.
D’une torsion de poignet, Iratus tenta de briser la nuque ainsi offerte mais le deuxième gnoll survivant se jeta contre lui de tout son poids, dans l’espoir de le faire basculer. Ça n'avait rien de surprenant. La première chose que n’importe quel fantassin un minimum futé se devait de faire, face à un chevalier en armure, restait toujours la même : Le faire tomber au sol. L’exposer à la morsure des lames. L’empêcher d’utiliser la sienne.
Ca aurait pu marcher -quand bien même Alasker s’était attendu à pareille stratégie- s'ils avaient été trois, voire quatre, ou si ses ennemis avaient pesé un peu plus lourd. Mais ce n’était pas le cas. Les gnolls étaient plus petits qu’un humain normal pour quelques malheureux kilos de plus.
Et la rage d’Iratus n’avait jamais fait qu’augmenter ses prouesses physiques.
Le géant d’airain fit un pas en avant, déclenchant un concert de couinement de rage impuissante. Les dents grincèrent contre la protection du poignet, sans parvenir à le broyer ou le tordre. Le rapport de force changea. Le gantelet se mit à tourner, brisant les dents encore accrochées à lui. Le mordeur lâcha prise et gloussa, courroucé, avant d’ajouter son poids à celui de son camarade.
Alasker lâcha sa hache -trop longue pour lui être d’une quelconque utilité à une telle proximité- puis rassembla ses deux mains en un poing qu’il se mit à abattre sur ses ennemis.
Depuis le haut de la colline, au nord de cette escarmouche chaotique, tous ceux qui n’étaient pas directement aux prises avec un adversaire purent entendre les échos de la violence du déluge de coups qui s’ensuivit. La soif de sang de la bête se manifesta au troisième assaut, alors que la boîte crânienne de l’un des deux gnolls venait de céder. Impuissante, la bête condamnée se mit à se tordre dans tous les sens lorsque le poing ganté entra dans sa tête par la fente qu’elle avait ouverte pour écraser son cerveau entre ses doigts serrés. Son semblable piailla pitoyablement tandis que la main libre du géant s’enroulait autour de sa gorge en le soulevant de terre.
Le dernier archer des gnolls mouru décapité. Alasker lui arracha proprement la tête, à main nue, puis jeta les restes du corps au bas de la colline, avec les autres. Le torrent de sang qui s’étala sur ses doigts et son casque parvint à satisfaire le prédateur en lui assez longtemps pour que l’homme ressurgisse à la surface. Iratus redevint Alasker. Il cligna des yeux, chancela un peu, ramassa sa hache puis regarda autour de lui et découvrit que les autres se battaient loin de sa position.
Quand est-ce que le loup avait pris le contrôle? Le géant se baissa pour ramasser sa hache, découvrant par la même occasion la flèche qui dépassait de son épaule gauche. Grondant d’agacement, il l’arracha de sa chair et la glissa entre les plaques d’armures qu’elle avait su traverser à l’allé. C’était donc ça. L’attaque surprise avait fait couler son sang avant qu’il n’ait le temps de s’y préparer. Le choc avait libéré la bête.
En cherchant dans ses souvenirs confus, saturés d’excitation bestiale, l’ancien gladiateur parvint à se remémorer la suite de l’embuscade. Comme la plupart de ses hommes, Iratus s’était mis à courir tout droit vers les lignes adverses, au nord, seulement les fantassins Gnolls n’avaient pas su l’arrêter. Il se souvint avec un certain amusement comment le corps de l’un d’eux s’était tout bonnement disloqué en arrivant à son contact après que son imbécile de possesseur ait décidé de se jeter sur son chemin. Ça ne l’avait même pas ralenti. Alasker avait continué sa course jusqu’à arriver en face des archers ennemis, planqués de l’autre côté de la colline où le lycanthrope se tenait actuellement. Désespérés, les hyènes bipèdes s’étaient mises en tête de vendre chèrement leurs peaux en se jetant à son contact avant qu’il n’ait le temps de le faire.
Un plan honnête, qui n’avait, manifestement, pas vraiment porté ses fruits.
Au loin, devant lui, d’autres gnolls étaient déjà en train de se replier. Alasker savait qu’ils ne reviendraient pas. Le souvenir de ce massacre les en dissuaderait pour le moment. Il s’en détourna donc sans crainte. A une quarantaine de pas de là, ses Dévoreurs étaient occupés à faire ce qu’ils savaient faire le mieux : Tuer. Le géant se mit à trottiner pour les rejoindre tout en tentant de s’éclaircir les idées.
Gorog, à en croire le sang qui recouvrait son nez écrasé et sa barbe blanche, avait remporté son défi et la frustration qu’en éprouvait Kirk pouvait se ressentir dans chacun des coups qu’il portait avec sa claymore sur les corps agonisants à ses pieds. Une bonne chose. Nahr et Sanguin étaient aux prises avec un gnoll particulièrement massif, certes, mais à qui il manquait déjà un bras. Ils gagnaient, c’était évident. Le plus intéressant se trouvait au bas de la pente où ses hommes se battaient : Un ogre. Celui-là même qu’Alasker avait senti, plus tôt. Les Dévoreurs étaient naturellement attirés par les cibles volumineuses, de la même manière que les papillons et les torches. Lorsqu’un trophée était trop grand pour être pris par un seul homme, ils se mettaient à chasser comme des loups, en meute plutôt que seuls, frappant et lacérant lorsque l’attention était détournée, esquivant et parant les coups le reste du temps. Les ogres, les trolls, les wyvern et les lanconda faisaient parties des seules choses en ce monde capable de rappeler aux dévoreurs qu’ils avaient un jour su se battre en groupe avant de devenir des tueurs solitaires à peine assez évolués pour entretenir un semblant de fraternité.
Mais pas cette fois.
Cette fois, ils semblaient tous s’être arrangés pour se tenir loin de la bête. C’était à peine si ils s’en souciaient lorsqu’elles ne tournaient pas son regard stupide vers eux. Ils ne l’attaquaient pas et se contentaient d’achever les gnolls encore en vie. Étrange. C’était une erreur de sous-estimer une bestiole aussi grande. Qu’est-ce qui pouvait bien les motiver à la faire ainsi, volontairement qui plus est?
L’explication à ce singulier comportement lui vint subitement, à l’instant où ses yeux noirs se posèrent sur la forme bleuâtre qui semblait assoupie au creux des restes d’un arbre renversé. Le défi de l’Oni avait été entendu par ses Dévoreurs, ce qui était une marque de respect. Un fait indéniable, quand bien même ledit respect entraînerait très probablement la mort de l’Oni.
Alasker haussa les épaules. Intervenir aurait été une insulte. Jamais ses Dévoreurs n’auraient pu regarder le Grand Bleu sans éprouver de la pitié, après ça. Il sauta au-dessus d’un buisson recouvert de cendres, encouragé dans sa course par la poussée d’un vent chaud provenant du nord, dans son dos. L’idée lui vint de laisser à ses hommes le soin de terminer le travail ici pour directement filer au sud, quand bien même l’absence de Deydreus au front nord ne laissait que peu de chance de trouver un adversaire encore en vie de l’autre côté. Il en était là de ses réflexions lorsque quelque chose d’inattendu se passa. L’ogre -qui, jusqu’alors, grognait et s’agitait en tout sens en semblant avoir oublié l’origine de sa présence sur place- retrouva assez de place dans son esprit pour y ajouter une nouvelle proie. Selon toute logique et au vu de son emplacement, ladite proie aurait dû être Kahl. Après tout, la bête l’avait frappé, sonné, et s’était même avancée dans sa direction pour l’achever. Mais la logique -tout comme l’hygiène- était un concept étranger à la race des Ogres, en particulier ceux qui portaient sur eux les stigmates d’un traitement monstrueux infligé par des hommes-hyènes peu scrupuleux, ayant lacéré son dos nus de coups de fouets et marqué la chair de son cou au fer rouge.
Ainsi, lorsque la créature meugla tel un taureau en rut en levant son arme improvisée au-dessus de sa tête, Alasker retint son souffle, puisque le regard stupide de la créature n’était non pas dirigé vers Kahl mais vers le duo Nahr/Sanguin, toujours aux prises avec le Gnoll à un bras. L’impact fit trembler le sol tant et si bien que tous les guerriers à proximité manquèrent de mordre la poussière. Sa victime, réduite à l’état de bouillie sanguinolente, n’avait même pas eu le temps de pousser un dernier gloussement avant de disparaître.
Alasker accéléra, traversant les quelques mètres restants le séparant du bas de la colline en se faisant la réflexion qu’au final, il y avait peut-être une justice.
Nahr et Sanguin fixaient le géant sans cesser de reculer lentement, peu sûrs de la marche à suivre. Peut-être se disaient-ils que la mort du gnoll était la conclusion d’une vengeance orchestrée de main de maître par un ogre esclave et diablement plus intelligent que la moyenne. Alasker, lui, savait d’expérience que l’histoire était bien plus simple :
Libéré de ses chaînes et jeté au milieu d’une bataille, l’ogre avait rempli son rôle un temps. Et puis l’instinct avait repris le dessus. L’instinct d’une bête stupide et susceptible. Qui réagissait mal au bruit, à la population et à tout mouvement suspect.
En l’occurrence, le grand gnoll victime de sa colère ne cessait de glousser et de pleurnicher, choqué par la perte de son bras. La bête criait si fort que ses adversaires grimaçaient en tentant de la mettre à terre pour de bon. L’ogre l’avait fait taire, à sa façon.
Et maintenant, son instinct allait lui dicter de chasser toutes les petites créatures qui trainaient sur son nouveau territoire.
Quelle folie avait poussé ces imbéciles de gnolls à sacrifier ainsi leur avant-garde en la jetant dans le tas avec un ogre?
Il y eut un silence -tout relatif, puisque la bataille continuait au loin- durant lequel les dévoreurs fixèrent avec un mélange de méfiance et d’amusement la tête cabossée, aux oreilles trop décollées, de la gigantesque créature. Puis ses sourcils bizarrement placés se fronçèrent et sa gueule s’ouvrit en laissant échapper un cri assez fort pour donner le vertige.
Alasker n’attendit pas la fin de cette déclaration de guerre avant d’hurler à son tour, laissant son larynx se rappeler du temps où il était un loup pour hurler comme l’un d’entre-eux. Le résultat évoquait le grondement d’une créature impossible, si grave et si rauque qu’elle rivalisait avec la voix de l’ogre.
Les Dévoreurs réagirent au signal lancé par leurs chefs. La meute se resserra autour de la bête pour immédiatement commencer à mordre. Ils visèrent les tendons et frappèrent les mollets, pour faire saigner, fatiguer, tomber. Les beuglements de rages prirent une teinte paniquée. Iratus, après avoir esquivé la claque magistrale d’une main de la taille d’un homme, se joignit à eux en plantant sa hache dans la chair tendre de toutes ses forces.
Dans sa jeunesse, Alasker, au cours d’une nuit de pleine lune, avait observé, dans l’ombre, des loups de sang pur piéger un bison. Le mettre à terre pour se repaître de sa chair alors qu’il était encore en vie, à hurler de désespoir. A cet instant, il se sentit comme l’un de ces impitoyables chasseurs et en tira la plus primale des fiertés. A cet instant, l’homme et la bête, qui habitaient tous deux son esprit, consentirent à faire une trêve.
Le genoux droit de l’ogre se mit à ployer.
Et un sourire sauvage, garni de crocs aiguisés, fendit le visage du lycanthrope.
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Les gnolls étaient des créatures insupportables. Outre leur puanteur, les hyènes laissaient des petits cris s'échapper constamment de leur gueule entrouverte et leur comportement lâche rendait les affrontements directs plus ou moins fastidieux. En général, ces créatures n'attaquaient que lorsqu'elles se pensaient en avantage, et dégageaient dès que la balance des forces s'inversaient. Dans de très rares cas, les gnolls formaient des meutes suffisamment grande pour outrepasser cet instinct de fuyard et tentaient alors diverses tactiques plus ou moins développées. Mais jamais, il ne s'agissait de stratégie véritable. Aussi, lorsque l'embuscade fut tendu au groupe de militaires et de mercenaires, il fut étonnant de constater une formation en étau aussi sophistiquée. Deux rangées de mêlées, au nord et au sud, couverts par deux rangées d'archers. C'était du classique, mais bien plus malin que ce que les hyènes produisaient habituellement. Lors de la salve de flèches, Deydreus se contenta d'esquiver quelques projectiles avant de se positionner derrière le mur de bouclier que produisait les Serres. Un peu plus loin, le gargouillis sanglant qui résonna dans l'air donnait la triste preuve de la mort d'un des mercenaires qui accompagnait le petit groupe. Des amateurs, incapable de réagir quand bien même le chevalier sombre avait été la cible d'une première attaque grossière. Deydreus n'y prêta pas plus d'attention car, déjà, les Dévoreurs et l'oni s'élançait sur les positions nord. Leur sauvagerie était toujours un plaisir à observer, tant elle parvenait à défaire les formations les plus solides. Voyant l'armure d'airain s'élancer à son tour, le chevalier décida qu'il était à présent temps pour lui d'agir également. Dans un sifflement long, il ordonna le déplacement de ses hommes qui réagirent en parfaite harmonie.
D'un côté, les Serres démontreraient leur discipline et technique. De l'autre, leur sauvagerie et férocité. Une combinaison parfaite de violence qui ne laisserait que des survivants terrifiés et des témoins estomaqués. Sortant ses deux lames, l'armure d'ébène fit craquer sa nuque avant de se pencher légèrement, arquant ses genoux. Dans un claquement sourd, le sombre guerrier s'élança sur les gnolls qui chargeaient. Tournant le poignet droit alors qu'il parvenait au niveau d'un des hyénidés, le guerrier trancha purement et simplement la tête de la créature qui n'avait pas fini de s'effondrer lorsqu'il arrivait déjà à son prochain adversaire. Dans un hoquet de surprise, cette dernière tenta d'abattre sa lame contre l'armure parfaite du vétéran. Un tintement métallique résonna dans les dunes tandis que l'arme rebondissait sur les protections. Dans un sourire sadique, Deydreus enfonça l'une de ses épées dans le poitrail de l'animal, le plongeant dans un sommeil éternel. Derrière lui, plusieurs gnolls étaient parvenus jusqu'au groupe mixte. Du côté des Serres, les lames s'abattaient en rythme, et les roulements s'effectuaient à la perfection. Les hyènes humanoïdes tombaient peu à peu dans divers petits cris. Du coté des mercenaires, en revanche, les choses étaient plus... Compliquées. De ce qu'il voyait alors qu'il esquivait une énième attaque, le chevalier sombre voyait déjà deux blessés parmi les lames à louer. Et un mort de plus. Pitoyables. Vraiment. Deydreus en arrivait à se demander comment ils avaient fait pour accueillir Kahl dans un premier temps, étant donné l'écart de puissance qu'il semblait y avoir entre eux.
Revenant au combat qu'il menait, le chevalier pivota sur sa position, sectionnant dans un mouvement technique la jambe d'une autre bête tandis qu'il se jetait sur un nouvel adversaire. Très vite, ses lames se recouvrirent d'un sang poisseux, bien plus épais et odorant que celui des humains. Grognant tandis qu'une nouvelle flèche venait de frôler son heaume, Deydreus s'élança sur la position des tireurs reculés. En quelques secondes, le chevalier parvenait à un petit groupe d'archers qui piaillèrent de concert en voyant l'armure d'ébène qui les dominait. Dans un réflexe de survie, les deux plus près se jetèrent sur le guerrier, petites dagues à la main. Deydreus s'en disposa en balayant ses lames dans une contre attaque, laissant leurs corps poilus s'effondrer dans une terre rougie de leur propre sang. Les trois archers suivant eurent un réflexe plus logique. Ils se mirent à fuir. Il en était hors de question. Rattrapant chacun d'eux, le sombre guerrier trancha en diagonal le hyénidés le plus proche, avant de venir décapiter le second. Pour le dernier, enfin, le vétéran plaqua la pitoyable créature contre le sol terreux avant de venir enfoncer une dague dans sa gorge, encore et encore. Se redressant par la suite, le chevalier reprit ses deux lames et observa quelques instants la situation. Les Serres venaient de terminer leur combat et ne semblaient pas avoir subit de dégâts. Quand aux mercenaires, et malgré leurs pertes, ils semblaient également être sortis victorieux de cette embuscade. Au nord, enfin, les dévoreurs hurlaient telles des bêtes tandis que l'oni se faisait projeter contre un arbre par.. L'ogre qu'avait signalé Alasker un peu plus tôt. Fronçant les sourcils face à pareil spectacle, Deydreus devait bien admettre avoir été un peu déçu de voir l'oni voler ainsi. Il avait manqué de prudence, visiblement, et en payait le prix. Se rapprochant des Serres et s'avançant pour aller observer d'un peu plus près le balai guerrier que les dévoreurs pratiquaient contre l'ogre avec le lieutenant des Serres pourpres, le chevalier sombre arrêta la progression des mercenaires en levant sa lame tâchée de sang.
- Je laisserais mes frères d'armes faire, si j'étais vous. Observant quelques secondes le visage étonné et couvert de sang de Romuald, il enchaina. Voyez ce que ces "bêtes", sont capables de faire. Et apprenez.
Au loin, divers gnolls continuaient de fuir. Amusé, Deydreus pista leur progression quelques secondes, préparant déjà mentalement la suite des opérations. Car, sur la cinquantaine de pas qu'il avait remarqué, seulement trente créatures étaient venus confirmer leur présence. De plus, il repensait à la tactique particulière de ces hyénidés et quelque chose dans son esprit refusait de croire à une simple évolution de la stratégie de ces créatures. La présence de l'ogre démontrait également que la perfidie des hyènes avait été utilisé à bon escient. S'il avait déjà vu ces bêtes s'unirent à plusieurs reprises, jamais elles n'avaient été utilisé lors d'embuscades. Habituellement, on les voyait plus en première ligne, disposés par les gnolls comme un bélier venant briser les formations pour leur permettre de se repaître des corps brisés. Quelque chose, ou quelqu'un, était parvenu à diriger ces gnolls et à les rassembler. A les éduquer, presque. Et cette personne, se terrait aux pieds des collines qui menaient au mont Kazan.
Sortant de ses pensées pour revenir à leur situation présente, Deydreus laissa son regard glisser de l'affrontement en cours vers le reste des Serres et les mercenaires. Détendus, les fantassins noirs et rouges demeuraient tout de même dans une formation défensive, prêts à réagir en cas de nouvelle attaque, tout en commentant entre deux rires amusés les manœuvres de leurs frères sauvages. Pour les mercenaires en revanche, certains combattants étaient allés s'asseoir pour se reposer, d'autres bandaient les quelques plaies reçues et les derniers... Fouillaient les corps de leurs camarades pour récupérer leurs effets personnels... Ou les piller. Deydreus n'en était pas vraiment sûr. Il ne les jugeait point cependant pour de tels actes. Après tout, ces lames là n'étaient pas unis par le même lien que les Serres ou les Dévoreurs. Il n'y avait chez eux aucun serment de sang, aucune cohésion de groupe, aucune appétence pour la vie en meute. Ils n'étaient ensemble que pour l'appât du gain et les morts ne faisaient qu'amplifier d'avantage la part du butin. A vrai dire, il n'y avait que les groupes de mercenaires "nommés" qui pouvaient prétendre à pareille cohésion. Pour le reste ce n'était que ça. Un groupe de combattants indisciplinés et peu efficaces, qui venaient profiter de la force de guerriers plus talentueux. A l'avant du groupe de lames à louer, Romuald ne quittait pas des yeux le combat en cours. Plongeant son regard vairon sur les traits du mercenaire, Deydreus ne parvenait pas vraiment à savoir s'il détectait chez le concerné de l'admiration ou du dégout. Cette observation étira sur ses lèvres pincées un sourire moqueur lorsqu'il comprit ce qu'il voyait. C'était de la jalousie. Un nouveau cri de douleur résonna alors dans les collines boueuses. Comme le glas qui sonnait la fin prochaine de cette pitoyable embuscade.
Se tournant vers Ikaryon et Aki, le sombre guerrier ordonna alors à ses hommes de commencer à planifier leur future progression, complètement désintéressé par la mise à mort prochaine du géant stupide.
D'un côté, les Serres démontreraient leur discipline et technique. De l'autre, leur sauvagerie et férocité. Une combinaison parfaite de violence qui ne laisserait que des survivants terrifiés et des témoins estomaqués. Sortant ses deux lames, l'armure d'ébène fit craquer sa nuque avant de se pencher légèrement, arquant ses genoux. Dans un claquement sourd, le sombre guerrier s'élança sur les gnolls qui chargeaient. Tournant le poignet droit alors qu'il parvenait au niveau d'un des hyénidés, le guerrier trancha purement et simplement la tête de la créature qui n'avait pas fini de s'effondrer lorsqu'il arrivait déjà à son prochain adversaire. Dans un hoquet de surprise, cette dernière tenta d'abattre sa lame contre l'armure parfaite du vétéran. Un tintement métallique résonna dans les dunes tandis que l'arme rebondissait sur les protections. Dans un sourire sadique, Deydreus enfonça l'une de ses épées dans le poitrail de l'animal, le plongeant dans un sommeil éternel. Derrière lui, plusieurs gnolls étaient parvenus jusqu'au groupe mixte. Du côté des Serres, les lames s'abattaient en rythme, et les roulements s'effectuaient à la perfection. Les hyènes humanoïdes tombaient peu à peu dans divers petits cris. Du coté des mercenaires, en revanche, les choses étaient plus... Compliquées. De ce qu'il voyait alors qu'il esquivait une énième attaque, le chevalier sombre voyait déjà deux blessés parmi les lames à louer. Et un mort de plus. Pitoyables. Vraiment. Deydreus en arrivait à se demander comment ils avaient fait pour accueillir Kahl dans un premier temps, étant donné l'écart de puissance qu'il semblait y avoir entre eux.
Revenant au combat qu'il menait, le chevalier pivota sur sa position, sectionnant dans un mouvement technique la jambe d'une autre bête tandis qu'il se jetait sur un nouvel adversaire. Très vite, ses lames se recouvrirent d'un sang poisseux, bien plus épais et odorant que celui des humains. Grognant tandis qu'une nouvelle flèche venait de frôler son heaume, Deydreus s'élança sur la position des tireurs reculés. En quelques secondes, le chevalier parvenait à un petit groupe d'archers qui piaillèrent de concert en voyant l'armure d'ébène qui les dominait. Dans un réflexe de survie, les deux plus près se jetèrent sur le guerrier, petites dagues à la main. Deydreus s'en disposa en balayant ses lames dans une contre attaque, laissant leurs corps poilus s'effondrer dans une terre rougie de leur propre sang. Les trois archers suivant eurent un réflexe plus logique. Ils se mirent à fuir. Il en était hors de question. Rattrapant chacun d'eux, le sombre guerrier trancha en diagonal le hyénidés le plus proche, avant de venir décapiter le second. Pour le dernier, enfin, le vétéran plaqua la pitoyable créature contre le sol terreux avant de venir enfoncer une dague dans sa gorge, encore et encore. Se redressant par la suite, le chevalier reprit ses deux lames et observa quelques instants la situation. Les Serres venaient de terminer leur combat et ne semblaient pas avoir subit de dégâts. Quand aux mercenaires, et malgré leurs pertes, ils semblaient également être sortis victorieux de cette embuscade. Au nord, enfin, les dévoreurs hurlaient telles des bêtes tandis que l'oni se faisait projeter contre un arbre par.. L'ogre qu'avait signalé Alasker un peu plus tôt. Fronçant les sourcils face à pareil spectacle, Deydreus devait bien admettre avoir été un peu déçu de voir l'oni voler ainsi. Il avait manqué de prudence, visiblement, et en payait le prix. Se rapprochant des Serres et s'avançant pour aller observer d'un peu plus près le balai guerrier que les dévoreurs pratiquaient contre l'ogre avec le lieutenant des Serres pourpres, le chevalier sombre arrêta la progression des mercenaires en levant sa lame tâchée de sang.
- Je laisserais mes frères d'armes faire, si j'étais vous. Observant quelques secondes le visage étonné et couvert de sang de Romuald, il enchaina. Voyez ce que ces "bêtes", sont capables de faire. Et apprenez.
Au loin, divers gnolls continuaient de fuir. Amusé, Deydreus pista leur progression quelques secondes, préparant déjà mentalement la suite des opérations. Car, sur la cinquantaine de pas qu'il avait remarqué, seulement trente créatures étaient venus confirmer leur présence. De plus, il repensait à la tactique particulière de ces hyénidés et quelque chose dans son esprit refusait de croire à une simple évolution de la stratégie de ces créatures. La présence de l'ogre démontrait également que la perfidie des hyènes avait été utilisé à bon escient. S'il avait déjà vu ces bêtes s'unirent à plusieurs reprises, jamais elles n'avaient été utilisé lors d'embuscades. Habituellement, on les voyait plus en première ligne, disposés par les gnolls comme un bélier venant briser les formations pour leur permettre de se repaître des corps brisés. Quelque chose, ou quelqu'un, était parvenu à diriger ces gnolls et à les rassembler. A les éduquer, presque. Et cette personne, se terrait aux pieds des collines qui menaient au mont Kazan.
Sortant de ses pensées pour revenir à leur situation présente, Deydreus laissa son regard glisser de l'affrontement en cours vers le reste des Serres et les mercenaires. Détendus, les fantassins noirs et rouges demeuraient tout de même dans une formation défensive, prêts à réagir en cas de nouvelle attaque, tout en commentant entre deux rires amusés les manœuvres de leurs frères sauvages. Pour les mercenaires en revanche, certains combattants étaient allés s'asseoir pour se reposer, d'autres bandaient les quelques plaies reçues et les derniers... Fouillaient les corps de leurs camarades pour récupérer leurs effets personnels... Ou les piller. Deydreus n'en était pas vraiment sûr. Il ne les jugeait point cependant pour de tels actes. Après tout, ces lames là n'étaient pas unis par le même lien que les Serres ou les Dévoreurs. Il n'y avait chez eux aucun serment de sang, aucune cohésion de groupe, aucune appétence pour la vie en meute. Ils n'étaient ensemble que pour l'appât du gain et les morts ne faisaient qu'amplifier d'avantage la part du butin. A vrai dire, il n'y avait que les groupes de mercenaires "nommés" qui pouvaient prétendre à pareille cohésion. Pour le reste ce n'était que ça. Un groupe de combattants indisciplinés et peu efficaces, qui venaient profiter de la force de guerriers plus talentueux. A l'avant du groupe de lames à louer, Romuald ne quittait pas des yeux le combat en cours. Plongeant son regard vairon sur les traits du mercenaire, Deydreus ne parvenait pas vraiment à savoir s'il détectait chez le concerné de l'admiration ou du dégout. Cette observation étira sur ses lèvres pincées un sourire moqueur lorsqu'il comprit ce qu'il voyait. C'était de la jalousie. Un nouveau cri de douleur résonna alors dans les collines boueuses. Comme le glas qui sonnait la fin prochaine de cette pitoyable embuscade.
Se tournant vers Ikaryon et Aki, le sombre guerrier ordonna alors à ses hommes de commencer à planifier leur future progression, complètement désintéressé par la mise à mort prochaine du géant stupide.
- Apparence des épées de Deydreus:
Alors que les Serres Pourpres célébraient sans éclat de voix leur victoire évidente, les Dévoreurs s'employaient quant à eux à compléter l'exécution de l'ogre qui, déjà bien malmené, peinait à faire face à autant de cibles différentes. Un genou à terre, la bête qui avait était désarmée battait furieusement l'air à la recherche d'une nouvelle cible à annihiler, mais ses coups désordonnés et terriblement lents ne rencontraient jamais le moindre succès. En proie à une cruelle envie de faire couler le sang, la plupart des soldats vêtus de rouge semblaient jouer avec leur proie, un comportement tout à fait convenable pour une meute dirigée par un loup sanguinaire. La partie allait toutefois s'achever dans une conclusion brutale, car l'oni endormi venait tout juste de s'extirper de sa passagère torpeur.
Un rugissement sauvage attira l'attention de certains des combattants et ceux qui se risquèrent à lever la tête aperçurent qu'au loin, le géant bleu s'était redressé. Ce cri n'avait rien d'humain, et l'apparence de celui qui l'avait poussé l'en éloignait encore davantage. De son corps immense, contracté à son maximum, une fine brume givrée émanait en des jets sporadiques. Alors qu'il poussait son hurlement terriblement long et bestial, ses mains griffues se recouvraient rapidement d'une épaisse pellicule de givre qui, peu à peu, se mua en de véritables blocs de glace qui gagnaient en longueur dans une série de craquements cristallins, tout en adoptant la silhouette de deux gigantesques crocs translucides. Une fois ses armes élémentaires sculptées, l'oni rendu fou de rage par son égo meurtri usa de sa force surhumaine, laissant la magie s'accumuler dans ses cuisses puissantes pour réaliser un bond extraordinaire.
"Je vous avais dit de me laisser l'ogre."
Après avoir bougonné entre ses crocs serrés jusqu'au sang par la colère, il quitta la colline qui surplombait le massacre par la voie des airs, décrivant à toute allure un arc de cercle aérien, lames de glace prêtes à frapper dans un assaut qui se voulait ravageur. Les Dévoreurs, loin d'être idiots, se doutèrent qu'il était temps de se reculer pour laisser à Kahl l'occasion de tenir sa promesse, même si sa proie avait déjà été bien amochée par leurs attaques frénétiques. L'ogre blessé n'eut le temps que de pivoter vers l'assaillant et de relever ses bras afin de parer l'assaut, mais la puissance monstrueuse de l'oni eut raison de sa garde maladroite. Ses avant-bras se brisèrent simultanément dans un craquement sourd, perçant ainsi sa maigre protection et offrant un accès tout trouvé à son visage grotesque.
Les deux pieux glacés s'enfoncèrent dans les yeux de la bête sauvage, atteignant dans une percée fatale son cerveau minuscule et mettant fin à sa misérable existence aussitôt. L'oni sanguinaire resta là un moment, accroché au visage défiguré de l'ogre qui n'avait pas eu l'occasion de pousser le moindre beuglement avant de rendre l'âme. Enfin, la silhouette titanesque de la bête commença à chavirer, sa mâchoire se détendant dans une grimace affreuse tandis que ses bras brisés retombaient le long de son corps. Il chancela une dernière fois puis, dans un fracas assourdissant, il s'effondra sur le sol en laissant derrière lui une véritable mare écarlate. Les Dévoreurs, relativement impressionnés par l'aisance avec laquelle le géant azuré était parvenu à se défaire de ce colosse, bien qu'il fut blessé, commencèrent pour la plupart à éclater de rire.
Surexcité par cet accès de violence, Kahl haletait tel un taureau enragé et se débarrassa de ses armes temporaires en extirpant sauvagement ses poings de leurs socles. Profondément frustré de ne pas avoir eu l'occasion de démembrer la bête seul, il se mit à la frapper dans un élan de frénésie, lui arrachant quelques crocs et réduisant encore davantage en bouillie sa gueule ignoble. Cela n'amenait à rien, certes, mais l'Ogre du Blizzard ressentait un besoin compulsif de se défouler après pareille humiliation. Lorsqu'une main gantée d'acier se posa sur son épaule, il pivota par réflexe et manqua d'asséner un coup à la personne qui était venue le déranger.
Kahl s'interrompit brusquement dans son mouvement, à deux doigts de l'impact. Derrière lui se trouvait l'un des Dévoreurs qui, loin d'être effrayé, n'avait même pas sourcillé malgré les dégâts conséquents qu'auraient pu causer une telle frappe. Dans l'autre main du soldat se trouvait la massue perdue par l'oni, et ce dernier prit la parole d'un ton presque goguenard :
"Tiens, t'as perdu ça."
Malgré le sang qui tambourinait encore dans ses tempes, Kahl parvint à reprendre son calme et, accessoirement, à arrêter de malmener la dépouille sanguinolente de sa victime. Il posa l'une de ses dextres sur le manche de l'arme qui lui était tendue et "remercia" son compère d'un bref hochement de tête. Il était intéressant de constater qu'en temps normal, il se montrait bien moins respectueux vis-à-vis de ses compagnons de bataille, mais les Dévoreurs avaient visiblement fait leurs preuves à ses yeux. Après un long soupir rauque, l'oni masqué projeta son arme sur son épaule et balaya la zone à la recherche des survivants. Il constata bien vite que le combat s'était soldé par un franc succès, car leurs rangs n'avaient pas été particulièrement amincis lors de l'altercation, mercenaires compris. Il croisa enfin le regard de l'homme à la tête des Dévoreurs, mais ne trouva rien de bon à lui dire pour se faire mousser étant donné sa piètre performance. Certes, la force de l'oni avait de quoi impressionner, mais son total manque de sang-froid et de savoir-faire avaient sans doute été notés, chose qui l'emplissait d'un sentiment confus, vaguement honteux et ô combien désagréable.
Fâché, il contourna Alasker et se dirigea vers Deydreus qui, au loin, s'employait déjà à établir la suite des opérations. Kahl ne s'intéressait généralement que très peu à l'aspect stratégique des opérations, toutefois il avait aujourd'hui hâte de reprendre car, après s'être rendu responsable d'un tel échec, il avait pour ainsi dire besoin de montrer de quoi il était capable lorsqu'il prenait soin de ne pas agir en imbécile. Après un bref échange avec leur dirigeant, Ikaryon et Aki se retirèrent pour communiquer de nouvelles directives à l'ensemble des troupes et ce fut à ce moment que Kahl parvint au niveau de l'homme à l'armure sombre. Déboussolé et rendu hésitant par l'adrénaline et la frustration, Kahl demeura un instant silencieux avant de trouver ses mots :
"Vos hommes... se défendent bien."
Un rugissement sauvage attira l'attention de certains des combattants et ceux qui se risquèrent à lever la tête aperçurent qu'au loin, le géant bleu s'était redressé. Ce cri n'avait rien d'humain, et l'apparence de celui qui l'avait poussé l'en éloignait encore davantage. De son corps immense, contracté à son maximum, une fine brume givrée émanait en des jets sporadiques. Alors qu'il poussait son hurlement terriblement long et bestial, ses mains griffues se recouvraient rapidement d'une épaisse pellicule de givre qui, peu à peu, se mua en de véritables blocs de glace qui gagnaient en longueur dans une série de craquements cristallins, tout en adoptant la silhouette de deux gigantesques crocs translucides. Une fois ses armes élémentaires sculptées, l'oni rendu fou de rage par son égo meurtri usa de sa force surhumaine, laissant la magie s'accumuler dans ses cuisses puissantes pour réaliser un bond extraordinaire.
"Je vous avais dit de me laisser l'ogre."
Après avoir bougonné entre ses crocs serrés jusqu'au sang par la colère, il quitta la colline qui surplombait le massacre par la voie des airs, décrivant à toute allure un arc de cercle aérien, lames de glace prêtes à frapper dans un assaut qui se voulait ravageur. Les Dévoreurs, loin d'être idiots, se doutèrent qu'il était temps de se reculer pour laisser à Kahl l'occasion de tenir sa promesse, même si sa proie avait déjà été bien amochée par leurs attaques frénétiques. L'ogre blessé n'eut le temps que de pivoter vers l'assaillant et de relever ses bras afin de parer l'assaut, mais la puissance monstrueuse de l'oni eut raison de sa garde maladroite. Ses avant-bras se brisèrent simultanément dans un craquement sourd, perçant ainsi sa maigre protection et offrant un accès tout trouvé à son visage grotesque.
Les deux pieux glacés s'enfoncèrent dans les yeux de la bête sauvage, atteignant dans une percée fatale son cerveau minuscule et mettant fin à sa misérable existence aussitôt. L'oni sanguinaire resta là un moment, accroché au visage défiguré de l'ogre qui n'avait pas eu l'occasion de pousser le moindre beuglement avant de rendre l'âme. Enfin, la silhouette titanesque de la bête commença à chavirer, sa mâchoire se détendant dans une grimace affreuse tandis que ses bras brisés retombaient le long de son corps. Il chancela une dernière fois puis, dans un fracas assourdissant, il s'effondra sur le sol en laissant derrière lui une véritable mare écarlate. Les Dévoreurs, relativement impressionnés par l'aisance avec laquelle le géant azuré était parvenu à se défaire de ce colosse, bien qu'il fut blessé, commencèrent pour la plupart à éclater de rire.
Surexcité par cet accès de violence, Kahl haletait tel un taureau enragé et se débarrassa de ses armes temporaires en extirpant sauvagement ses poings de leurs socles. Profondément frustré de ne pas avoir eu l'occasion de démembrer la bête seul, il se mit à la frapper dans un élan de frénésie, lui arrachant quelques crocs et réduisant encore davantage en bouillie sa gueule ignoble. Cela n'amenait à rien, certes, mais l'Ogre du Blizzard ressentait un besoin compulsif de se défouler après pareille humiliation. Lorsqu'une main gantée d'acier se posa sur son épaule, il pivota par réflexe et manqua d'asséner un coup à la personne qui était venue le déranger.
Kahl s'interrompit brusquement dans son mouvement, à deux doigts de l'impact. Derrière lui se trouvait l'un des Dévoreurs qui, loin d'être effrayé, n'avait même pas sourcillé malgré les dégâts conséquents qu'auraient pu causer une telle frappe. Dans l'autre main du soldat se trouvait la massue perdue par l'oni, et ce dernier prit la parole d'un ton presque goguenard :
"Tiens, t'as perdu ça."
Malgré le sang qui tambourinait encore dans ses tempes, Kahl parvint à reprendre son calme et, accessoirement, à arrêter de malmener la dépouille sanguinolente de sa victime. Il posa l'une de ses dextres sur le manche de l'arme qui lui était tendue et "remercia" son compère d'un bref hochement de tête. Il était intéressant de constater qu'en temps normal, il se montrait bien moins respectueux vis-à-vis de ses compagnons de bataille, mais les Dévoreurs avaient visiblement fait leurs preuves à ses yeux. Après un long soupir rauque, l'oni masqué projeta son arme sur son épaule et balaya la zone à la recherche des survivants. Il constata bien vite que le combat s'était soldé par un franc succès, car leurs rangs n'avaient pas été particulièrement amincis lors de l'altercation, mercenaires compris. Il croisa enfin le regard de l'homme à la tête des Dévoreurs, mais ne trouva rien de bon à lui dire pour se faire mousser étant donné sa piètre performance. Certes, la force de l'oni avait de quoi impressionner, mais son total manque de sang-froid et de savoir-faire avaient sans doute été notés, chose qui l'emplissait d'un sentiment confus, vaguement honteux et ô combien désagréable.
Fâché, il contourna Alasker et se dirigea vers Deydreus qui, au loin, s'employait déjà à établir la suite des opérations. Kahl ne s'intéressait généralement que très peu à l'aspect stratégique des opérations, toutefois il avait aujourd'hui hâte de reprendre car, après s'être rendu responsable d'un tel échec, il avait pour ainsi dire besoin de montrer de quoi il était capable lorsqu'il prenait soin de ne pas agir en imbécile. Après un bref échange avec leur dirigeant, Ikaryon et Aki se retirèrent pour communiquer de nouvelles directives à l'ensemble des troupes et ce fut à ce moment que Kahl parvint au niveau de l'homme à l'armure sombre. Déboussolé et rendu hésitant par l'adrénaline et la frustration, Kahl demeura un instant silencieux avant de trouver ses mots :
"Vos hommes... se défendent bien."
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
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Info personnage
Race: Loup-Garou
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B
La bataille était finie. Serres et mercenaires, que même la guerre n’avait su lier, échangeaient quelques messes basses, reprenaient leurs souffles, soignaient les blessés et recouvraient les morts. Pour les Dévoreurs, l’heure était à la collecte des trophées. Les berserkers parcouraient le terrain vallonné, sondant les cadavres qu’ils avaient eux-même semés sans s’intéresser aux victimes des autres. Lorsqu’un macchabée attirait l’attention d’un guerrier, il subissait systématiquement un équarrissage méthodique sous les regards atterrés de ceux qui ne partageaient pas l’unique passion des berserkers. De cette boucherie ressortait toujours une phalange, une oreille, voire même un crâne entier que le découpeur attachait alors à sa ceinture, à son épaulière ou autour de son cou. Alasker ne participait pas à cette chasse aux trophées, les gnolls ne l’intéressaient pas, pas plus que les restes de l’ogre. Son attention était toute dirigée vers Gorog, juché tout en haut de la colline où les Dévoreurs s’étaient battus. En face de l’orc à la barbe blanche se trouvait Kirk, sa claymore plantée au sol et la tête légèrement rejetée en arrière, la gorge offerte à celui qui avait relevé son défi avec brio. Le chef de la troupe savait ce qu’il en coûtait au fier Drakyn d’afficher ainsi sa soumission au second de la troupe et appréciait ce qu’elle impliquait, pour le reste de la bande. L’orc venait de se rendre presqu’aussi intouchable que lui-même, aux yeux des autres. Le combat avait été rude, assez pour que certains Dévoreurs en ressortent blessés. L’arcade de Sanguin était ouverte. Nahr avait la joue ouverte et un bandage posé à la va-vite entourait son bras droit, à l’endroit où une profonde et longue entaille était venue prélever sa chair et son sang. Tous se devaient de remercier l’acier ou le bronze de leurs protections, sauf l’orc, qui avait combattu sans elles. Il avait été touché, plusieurs fois, mais jamais mortellement. Une demi-douzaine de blessures et de déchirures ornaient son torse massif, certaines saignaient, d’autres commençaient déjà à cicatriser. Cela ne semblait pas l’affecter. Au contraire, elles ne faisaient que renforcer l’aura mortelle qui émanait de sa massive carcasse.
Alasker le rejoignit en enjambant un fatras organique méconnaissable ayant jadis été un gnoll. A son arrivée, le Drakyn poussa un long soupir.
“-Regardes bien les blessures de ton frère d’arme, Kirk.” Gronda le géant, en allant se tenir aux côtés de l’orc. La stature imposante de Gorog s’éclipsa à l’instant où l’ombre d’Iratus se projeta sur sa silhouette. Il était massif, mais pas autant que le géant d'Airain. “Parce que tu vas te faire les mêmes, dès que tu t’en sentiras prêt.”
Kirk acquiesça sans oser dire un mot. Il recula de deux pas après avoir retiré sa lame du sol. Le drakyn s’éclipsa dans un silence coupable et, dans sa retraite, croisa Nahr, tout sourire, les bras chargés d’une imposante cuirasse peinturlurée de rouge. Le nouveau venu vint prendre la place du guerrier en disgrâce pour jeter, aux pieds du victorieux, l’armure qu’il avait jusqu’alors refusé de porter.
“-T’es complètement taré.”
Le nez écrasé de l’intéressé laissa échapper un souffle amusé. Gorog cessa enfin de bomber le torse et la douleur de ses multiples entailles se manifesta enfin sur ses traits marqués par la vieillesse. Il se baissa pour ramasser l’armure en grondant, s’efforçant de conserver un semblant de sourire malgré tout. Alasker lui tapa amicalement sur l’épaule avant de s’éclipser, le laissant fêter sa victoire à sa manière.
Faire plus aurait été un affront de trop pour Kirk. Imposer une scarification au perdant d’un défi était une chose, porter aux nues le vainqueur en était une autre. Gorog s’était accaparé assez de gloire comme ça en relevant son défi. Sa morgenstern et sa hachette avaient fait jaillir assez d’hémoglobine pour que l’on puisse croire que sa peau était plus teintée de rouge que de vert, à quoi bon en rajouter?
Il descendit la colline à son tour, rejoignant le reste de la cohorte, son casque sous le bras, humant l’air à la recherche d’indices olfactifs susceptibles d’indiquer la préparation d’une nouvelle attaque. Rien ne semblait trahir la présence de nouveaux ennemis, mais les vents de l’Ouest étaient trompeurs, la cendre et le soufre qu’ils transportaient, parfois, rendaient la traque ardue. Du coin de l'œil, il remarqua la présence du Grand Bleu, aux côtés de Deydreus. L’armure noire et l’Oni semblaient échanger quelques mots qui, Alasker le devinait, devaient être assez confus vu l’état de Kahl.
L’ancien gladiateur avait servi assez longtemps aux côtés d’autres têtes brûlées pour comprendre à peu près comment leurs esprits fonctionnaient. Si la mise à mort de l’ogre devait avoir, en partie, racheté son égo mis à mal, elle ne suffisait manifestement pas à laver son honneur. A son égard, Alasker éprouvait un soupçon de sympathie. Même lui avait dû un jour se rendre à l’évidence et constater que certaines créatures ne pouvaient être vaincues en combat singulier. A cette dernière réflexion s’associa un souvenir : Celui de l’onde noirâtre d’un marais enfoncé dans les tréfonds d’une jungle boueuse, et une grimace vint s’inscrire sur ses traits coutures de cicatrices. Oui. Pour un guerrier trop confiant, admettre une faiblesse passagère avait un goût particulièrement amer, quand bien même ce genre d’expérience restait indubitablement nécessaire, dans la quête de la perfection martiale.
Fort heureusement pour Kahl, Gorog avait relevé son défi d’honneur au cours de cette même escarmouche. La gloire de l’orc à la barbe blanche éclipsait l’erreur de l’Oni, dans l’esprit de chacun des berserkers, trop occupés à fêter ou maudire ce triomphe. Et puis...La mise à mort de la bête avait été suffisamment spectaculaire pour impressionner certains d'entre-eux. Ca suffirait. Pour l'instant. Au moins, si il se calmait et revenait vers les Dévoreurs, Kahl ne serait pas submergé par les quolibets.
Le regard d’encre croisa celui d’Esyleij, l’un des rares elfes servant sous l’étendard des Serres Pourpres. Quelque chose lui avait manifestement frappé le bras avec assez de force pour que le fer de son gantelet ne se torde et l’empêche de le retirer correctement. Aki, un demi-nain au crâne aussi chauve que sa barbe était drue, l’assistait manifestement dans ses tentatives pour libérer son bras pris au piège. Il avait versé l’huile d’une lanterne dans l’espoir de faire glisser l’acier, sans succès, et une plâtrée de jurons ne cessaient de se déverser de sa bouche aux lèvres gercées.
“-Tu vas devoir te prendre un nouveau gantelet, à la ville.” Lâcha simplement Alasker en arrivant à leur niveau. Aki s’écarta, le temps que le géant prenne entre ses mains la protection tordue et la brise comme s’il s’était agi d’une noix trop mûre.
“-Crâneur.” Siffla Esyleij, en riant à moitié. Au loin, quelques mercenaires aux visages encore rougis par l’escarmouche, observaient la scène d’un air circonspect. Ils n’avaient pas l’air en forme. Le rythme des Serres restait celui de soldats d’élites, formés dès le plus jeune âge à l’effort physique comme à la guerre. Les mercenaires n’étaient probablement même pas tous Reikois, ce qui impliquait que certains d’entre-eux se voyaient marqués par la faiblesse inhérente aux autres peuples. Peut-être n’avaient-ils pas même reçu la moindre formation militaire, dans leur jeunesse. C’était l’une des choses que les mous de la République se croyaient en droit de dispenser à leurs enfants, au profit d’autres activités plus portées sur “l’esprit” telle que l’algèbre et l'arithmétique. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Aucune couverture de bouquin n’arrêtait la lame d’une hache et la crise que le monde traversait en ce moment faisait la part belle à la violence gratuite. Ce genre de constat avait quelque chose d’effrayant, selon son frère Zachiel, mais Alasker était un être belliqueux et suprémaciste, aussi voyait-il en cette période un moyen supplémentaire de prouver la puissance et la justesse de son peuple par rapport aux autres, quand bien même il avait lui-même quelques réserves concernant les décisions récentes de l'Empire. Les silhouettes voûtées des mercenaires exsangues ne constituaient qu’une preuve supplémentaire de la force du Reike. Le géant se détourna d’eux en jetant les restes du gantelet brisé au loin, pour rejoindre Deydreus, une fois sûr que l’échange entre lui et l’Oni fut terminé.
“-J’y comprends rien, Dey’. En général les gnolls, en plus d’êtres débiles, sont de vrais claque-genoux. Mais ceux-là avaient un plan et ont continué à mordre quasiment jusqu’à la fin. J’ai jamais vu ça.” Commença-t-il en scrutant d’un œil mauvais Helhestr, qui renâclait à sa seule présence. Du menton, il désigna l’arrière de la troupe, où se rassemblait les mercenaires qui s’étaient cru capable de suivre des soldats d'élite. “Tu veux que je nous trouve un coin tranquille pour camper? Ces danseuses ont l’air d’en avoir plein les bottes.”
Alasker le rejoignit en enjambant un fatras organique méconnaissable ayant jadis été un gnoll. A son arrivée, le Drakyn poussa un long soupir.
“-Regardes bien les blessures de ton frère d’arme, Kirk.” Gronda le géant, en allant se tenir aux côtés de l’orc. La stature imposante de Gorog s’éclipsa à l’instant où l’ombre d’Iratus se projeta sur sa silhouette. Il était massif, mais pas autant que le géant d'Airain. “Parce que tu vas te faire les mêmes, dès que tu t’en sentiras prêt.”
Kirk acquiesça sans oser dire un mot. Il recula de deux pas après avoir retiré sa lame du sol. Le drakyn s’éclipsa dans un silence coupable et, dans sa retraite, croisa Nahr, tout sourire, les bras chargés d’une imposante cuirasse peinturlurée de rouge. Le nouveau venu vint prendre la place du guerrier en disgrâce pour jeter, aux pieds du victorieux, l’armure qu’il avait jusqu’alors refusé de porter.
“-T’es complètement taré.”
Le nez écrasé de l’intéressé laissa échapper un souffle amusé. Gorog cessa enfin de bomber le torse et la douleur de ses multiples entailles se manifesta enfin sur ses traits marqués par la vieillesse. Il se baissa pour ramasser l’armure en grondant, s’efforçant de conserver un semblant de sourire malgré tout. Alasker lui tapa amicalement sur l’épaule avant de s’éclipser, le laissant fêter sa victoire à sa manière.
Faire plus aurait été un affront de trop pour Kirk. Imposer une scarification au perdant d’un défi était une chose, porter aux nues le vainqueur en était une autre. Gorog s’était accaparé assez de gloire comme ça en relevant son défi. Sa morgenstern et sa hachette avaient fait jaillir assez d’hémoglobine pour que l’on puisse croire que sa peau était plus teintée de rouge que de vert, à quoi bon en rajouter?
Il descendit la colline à son tour, rejoignant le reste de la cohorte, son casque sous le bras, humant l’air à la recherche d’indices olfactifs susceptibles d’indiquer la préparation d’une nouvelle attaque. Rien ne semblait trahir la présence de nouveaux ennemis, mais les vents de l’Ouest étaient trompeurs, la cendre et le soufre qu’ils transportaient, parfois, rendaient la traque ardue. Du coin de l'œil, il remarqua la présence du Grand Bleu, aux côtés de Deydreus. L’armure noire et l’Oni semblaient échanger quelques mots qui, Alasker le devinait, devaient être assez confus vu l’état de Kahl.
L’ancien gladiateur avait servi assez longtemps aux côtés d’autres têtes brûlées pour comprendre à peu près comment leurs esprits fonctionnaient. Si la mise à mort de l’ogre devait avoir, en partie, racheté son égo mis à mal, elle ne suffisait manifestement pas à laver son honneur. A son égard, Alasker éprouvait un soupçon de sympathie. Même lui avait dû un jour se rendre à l’évidence et constater que certaines créatures ne pouvaient être vaincues en combat singulier. A cette dernière réflexion s’associa un souvenir : Celui de l’onde noirâtre d’un marais enfoncé dans les tréfonds d’une jungle boueuse, et une grimace vint s’inscrire sur ses traits coutures de cicatrices. Oui. Pour un guerrier trop confiant, admettre une faiblesse passagère avait un goût particulièrement amer, quand bien même ce genre d’expérience restait indubitablement nécessaire, dans la quête de la perfection martiale.
Fort heureusement pour Kahl, Gorog avait relevé son défi d’honneur au cours de cette même escarmouche. La gloire de l’orc à la barbe blanche éclipsait l’erreur de l’Oni, dans l’esprit de chacun des berserkers, trop occupés à fêter ou maudire ce triomphe. Et puis...La mise à mort de la bête avait été suffisamment spectaculaire pour impressionner certains d'entre-eux. Ca suffirait. Pour l'instant. Au moins, si il se calmait et revenait vers les Dévoreurs, Kahl ne serait pas submergé par les quolibets.
Le regard d’encre croisa celui d’Esyleij, l’un des rares elfes servant sous l’étendard des Serres Pourpres. Quelque chose lui avait manifestement frappé le bras avec assez de force pour que le fer de son gantelet ne se torde et l’empêche de le retirer correctement. Aki, un demi-nain au crâne aussi chauve que sa barbe était drue, l’assistait manifestement dans ses tentatives pour libérer son bras pris au piège. Il avait versé l’huile d’une lanterne dans l’espoir de faire glisser l’acier, sans succès, et une plâtrée de jurons ne cessaient de se déverser de sa bouche aux lèvres gercées.
“-Tu vas devoir te prendre un nouveau gantelet, à la ville.” Lâcha simplement Alasker en arrivant à leur niveau. Aki s’écarta, le temps que le géant prenne entre ses mains la protection tordue et la brise comme s’il s’était agi d’une noix trop mûre.
“-Crâneur.” Siffla Esyleij, en riant à moitié. Au loin, quelques mercenaires aux visages encore rougis par l’escarmouche, observaient la scène d’un air circonspect. Ils n’avaient pas l’air en forme. Le rythme des Serres restait celui de soldats d’élites, formés dès le plus jeune âge à l’effort physique comme à la guerre. Les mercenaires n’étaient probablement même pas tous Reikois, ce qui impliquait que certains d’entre-eux se voyaient marqués par la faiblesse inhérente aux autres peuples. Peut-être n’avaient-ils pas même reçu la moindre formation militaire, dans leur jeunesse. C’était l’une des choses que les mous de la République se croyaient en droit de dispenser à leurs enfants, au profit d’autres activités plus portées sur “l’esprit” telle que l’algèbre et l'arithmétique. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Aucune couverture de bouquin n’arrêtait la lame d’une hache et la crise que le monde traversait en ce moment faisait la part belle à la violence gratuite. Ce genre de constat avait quelque chose d’effrayant, selon son frère Zachiel, mais Alasker était un être belliqueux et suprémaciste, aussi voyait-il en cette période un moyen supplémentaire de prouver la puissance et la justesse de son peuple par rapport aux autres, quand bien même il avait lui-même quelques réserves concernant les décisions récentes de l'Empire. Les silhouettes voûtées des mercenaires exsangues ne constituaient qu’une preuve supplémentaire de la force du Reike. Le géant se détourna d’eux en jetant les restes du gantelet brisé au loin, pour rejoindre Deydreus, une fois sûr que l’échange entre lui et l’Oni fut terminé.
“-J’y comprends rien, Dey’. En général les gnolls, en plus d’êtres débiles, sont de vrais claque-genoux. Mais ceux-là avaient un plan et ont continué à mordre quasiment jusqu’à la fin. J’ai jamais vu ça.” Commença-t-il en scrutant d’un œil mauvais Helhestr, qui renâclait à sa seule présence. Du menton, il désigna l’arrière de la troupe, où se rassemblait les mercenaires qui s’étaient cru capable de suivre des soldats d'élite. “Tu veux que je nous trouve un coin tranquille pour camper? Ces danseuses ont l’air d’en avoir plein les bottes.”
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
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Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
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Observant silencieusement le géant à la peau bleu, Deydreus prit quelques secondes à écouter puis réfléchir aux mots étranges que l'oni venait de prononcer. Si les troupes reikoises s'étaient, effectivement, bien débrouillées, cela semblait étrange pour l'officier qu'un mercenaire ne vienne mentionner cet état de fait. Surtout comme ça, surtout maintenant. Et surtout après avoir passé presque l'entièreté de la veille à l'avoir quasiment ignoré. A vrai dire, le chevalier sombre ne savait pas vraiment s'il parlait des Serres dans leur ensemble, ou bien plus spécifiquement des Dévoreurs. Arquant un sourcil tandis qu'il tournait la tête vers son interlocuteur, le reikois dévisagea le masque écarlate de l'Ogre.
- Naturellement. Ils s'entrainent tous jours et nuits pour cela. Que ce soit pour travailler leur discipline, ou contrôler leur rage pour mieux l'exploiter pour les autres. Ce groupe n'était que de la piétaille. Certes organisée, mais de la piétaille quand même. Je suis certain que le reste de cette bande saura montrer plus de résistance. Il s'arrêta, déposant quelques instants sont regard sur l'arbre mort écrasé un peu plus loin. Et plus de proies de choix à abattre.
Deydreus n'était pas particulièrement déçu par les performances de l'oni. A vrai dire, il était toujours aussi intéressé. Seulement, ce dernier avait pris des risques inutiles et s'était exposé à des plaies potentielles qui, contre un ennemi avec de la jugeote, auraient pu être mortelles. Cependant, le sombre guerrier savait également comment les chiens fous agissaient. Comment le loup ayant parcouru les plaines du monde de manière solitaire peinait à s'aligner avec le reste d'un groupe. Alors, plutôt qu'insister sur la prise de décision douteuse de l'oni, le reikois préférait le remotiver en mettant en avant un simple état de fait. La chasse était loin d'être terminée. Pointant du doigt la position qu'avaient pris ses deux hommes, le cavalier s'assura que son interlocuteur avait bien observé ce qu'il désignait.
- Nous allons continuer par là bas. J'aurais besoin que vous assistiez mes hommes le temps qu'Alasker ne voue retrouve. Je sais que des survivants de cet assauts se sont enfuis, mais je ne dispose pas des dons "naturels" pour la traque et le pistage que d'autres ici possèdent. Si vous remarquez la moindre trace de campement, de marques significatives ou bien d'ennemis directement, venez nous prévenir. Cette fois, ils n'auront pas l'initiative.
Il n'ajouta rien de plus. Si l'oni voulait se racheter et prouver sa valeur, alors il allait redoubler d'effort. Il existait de nombreux guerriers puissants. De nombreuses créatures à la force titanesque. L'ogre abattu en était un bon exemple. Seulement, cela n'intéressait pas uniquement Deydreus. Pour lui, il fallait détenir d'autres atouts. D'autres subtilités qui faisaient sortir certains individus du lot commun. Et Kahl possédait ces aptitudes, il en était certain. Tout ce qu'il désirait, c'était que l'oni les démontre un peu plus. Car, même si le reikois n'avait rien dit, il évaluait le géant à la peau d'azur comme s'il avait lancé un processus de recrutement. Quand enfin Alasker rejoignit sa position, Deydreus écouta attentivement les mots de son bras droit, ce qui le força à venir poser son regard sur les quelques hommes apatrides qui reprenaient leur souffle ou bien pensaient quelques blessures. Un long soupir s'échappa de sa gorge tandis qu'il repensait aux gnolls et à la future protestation qui viendrait avec la décision qu'il devait prendre. Partir et continuer, allait miner le moral des mercenaires et augmenter le côté acerbe du chef des lames à louer. De l'autre côté, seuls ces imbéciles démontraient une faiblesse et une envie de repos. Et puis, à monter un nouveau camp et ainsi prendre le temps de se reposer, ils prenaient le risque de perdre les traces des fuyards et de ne pas pouvoir déceler efficacement la position de leur planque. Et s'il y avait bien une chose que le reikois détestait, c'était la marche inutile et la perte de temps.
- Leur formation était en effet trop propre pour être issue de simples expériences passées. Ils étaient fourbes, un peu maladroits, mais leur ligne de conduite n'était pas spécialement grossière. Ils m'ont également visé directement, ce qui signifie qu'on leur a appris le principe des chaines de commandement et l'importance des dirgieants... Il y a définitivement autre chose. Quelque chose, ou quelqu'un, qui les réunit sous une bannière. Nous devons découvrir de qui ou quoi il s'agit. Les terres reikoises sont déjà suffisamment pénibles pour qu'en plus, des gnolls intelligents ne vienne quitter leurs habitudes de charognards pour attaquer les convois. Il marqua une pause, réfléchissant à la dernière question de son lieutenant. Non, continuons. J'ai vu quelques fuyards lors du combat, leur piste va être fraiche et nous mènera en toute logique vers leur planque où ils se terrent. Nous marchons déjà plus lentement qu'eux, inutile de leur laisser encore plus d'avance.
- Si nous ne nous reposons pas tout de suite, certains de mes hommes ne pourront suivre la cadence.
- Si nous dressons le camp, nous prenons le risque qu'ils avertissent leur chef. Mais, surtout, nous risquons de perdre leurs traces. Et je ne compte pas arpenter toutes les collines bordant le mont. Surtout pas avec vos blessés à porter.
La phrase était cinglante, volontairement mauvaise. Elle rappelait au supérieur des lames à louer le mépris que l'officier avait pour eux. Non pas à cause de leur statut, mais de cette faiblesse crasser qui leur avait déjà fait essuyer quelques pertes. Observant également l'astre solaire qui brillait parfaitement au dessus d'eux, le reikois soupira longuement. Il leur restait encore beaucoup de temps avant qu'ils ne soient forcés de, de nouveau, s'arrêter pour se reposer. S'ils se stoppaient maintenant, ils sacrifieraient de précieuses heures pour potentiellement permettre à quelques éclopés de se reposer et de, dans le meilleur des cas, permettre de soutenir leurs alliés et de porter le matériel encombrant. L'officier pointa alors du menton l'oni et les Serres déjà en route.
- Nous allons continuer afin de permettre de suivre les gnolls fuyards. Aucune négociation possible. Nous dresserons cependant le camp un peu plus tôt dans l'après midi pour prévenir toute nouvelle attaque et permettre à vos hommes de souffler un peu. Mais je refuse de nous faire perdre une après midi pour une simple escarmouche qui ne représentait qu'un fragment de leur force. Il reporta alors son attention sur son bras droit, l'observant de ses yeux bicolores. Alasker, rejoins les éclaireurs avec quelques uns de tes Dévoreurs pour les aider à pister nos cibles. Et dis à Gorog de venir me voir, je dois aussi le féliciter pour la réussite de son défi. C'était un beau combat.
Sans ajouter mot, l'armure sombre se dégagea de ses interlocuteurs pour entamer sa marche, suivi presque instantanément par le reste des Serres Pourpres. Très vite, le vétéran replongea dans le dernier combat, analysant les mouvements réalisés par ses troupes ainsi que leurs adversaires. Il repassait en boucle dans son esprit la moindre faille exploitable qui n'avait pas été utilisée, la moindre faiblesse dans leur propre formation qui se devait d'être comblée. Mais, surtout, il revoyait les mouvements ennemis et tentait de saisir la nature des déplacements des hyènes et où on aurait pu leur apprendre des attaques en étau comme celle-ci. S'il voyait mal un simple humain apprendre à ces créateurs vicieuses l'art de la guerre, le reikois faisait défiler dans ses pensées toutes les races possibles et imaginables. Tout du moins, il resta dans cette introspection jusqu'à ce que Gorog, qui avait à présent remis son armure écarlate, vint se présenter à ses côtés, le regard pétillant. L'invitant à se rapprocher de lui, le guerrier ne fit pas l'erreur de lui demander comment il allait ou bien d'en faire des tonnes en le complimentant. Il venait de remporter un grand défi. Bien sûr qu'il allait bien. Il se contenta donc de lui témoigner son respect face à son défi relevé et commença simplement à discuter un peu avec l'orc, laissant à son bras droit et à l'oni le soin de retrouver la piste de leurs adversaires, mais également l'emplacement d'un futur campement pour la nuit.
Peut-être que, après cette journée et une nouvelle nuit de repos, ils finiraient enfin par trouver l'origine de toute cette étrangeté.
- Naturellement. Ils s'entrainent tous jours et nuits pour cela. Que ce soit pour travailler leur discipline, ou contrôler leur rage pour mieux l'exploiter pour les autres. Ce groupe n'était que de la piétaille. Certes organisée, mais de la piétaille quand même. Je suis certain que le reste de cette bande saura montrer plus de résistance. Il s'arrêta, déposant quelques instants sont regard sur l'arbre mort écrasé un peu plus loin. Et plus de proies de choix à abattre.
Deydreus n'était pas particulièrement déçu par les performances de l'oni. A vrai dire, il était toujours aussi intéressé. Seulement, ce dernier avait pris des risques inutiles et s'était exposé à des plaies potentielles qui, contre un ennemi avec de la jugeote, auraient pu être mortelles. Cependant, le sombre guerrier savait également comment les chiens fous agissaient. Comment le loup ayant parcouru les plaines du monde de manière solitaire peinait à s'aligner avec le reste d'un groupe. Alors, plutôt qu'insister sur la prise de décision douteuse de l'oni, le reikois préférait le remotiver en mettant en avant un simple état de fait. La chasse était loin d'être terminée. Pointant du doigt la position qu'avaient pris ses deux hommes, le cavalier s'assura que son interlocuteur avait bien observé ce qu'il désignait.
- Nous allons continuer par là bas. J'aurais besoin que vous assistiez mes hommes le temps qu'Alasker ne voue retrouve. Je sais que des survivants de cet assauts se sont enfuis, mais je ne dispose pas des dons "naturels" pour la traque et le pistage que d'autres ici possèdent. Si vous remarquez la moindre trace de campement, de marques significatives ou bien d'ennemis directement, venez nous prévenir. Cette fois, ils n'auront pas l'initiative.
Il n'ajouta rien de plus. Si l'oni voulait se racheter et prouver sa valeur, alors il allait redoubler d'effort. Il existait de nombreux guerriers puissants. De nombreuses créatures à la force titanesque. L'ogre abattu en était un bon exemple. Seulement, cela n'intéressait pas uniquement Deydreus. Pour lui, il fallait détenir d'autres atouts. D'autres subtilités qui faisaient sortir certains individus du lot commun. Et Kahl possédait ces aptitudes, il en était certain. Tout ce qu'il désirait, c'était que l'oni les démontre un peu plus. Car, même si le reikois n'avait rien dit, il évaluait le géant à la peau d'azur comme s'il avait lancé un processus de recrutement. Quand enfin Alasker rejoignit sa position, Deydreus écouta attentivement les mots de son bras droit, ce qui le força à venir poser son regard sur les quelques hommes apatrides qui reprenaient leur souffle ou bien pensaient quelques blessures. Un long soupir s'échappa de sa gorge tandis qu'il repensait aux gnolls et à la future protestation qui viendrait avec la décision qu'il devait prendre. Partir et continuer, allait miner le moral des mercenaires et augmenter le côté acerbe du chef des lames à louer. De l'autre côté, seuls ces imbéciles démontraient une faiblesse et une envie de repos. Et puis, à monter un nouveau camp et ainsi prendre le temps de se reposer, ils prenaient le risque de perdre les traces des fuyards et de ne pas pouvoir déceler efficacement la position de leur planque. Et s'il y avait bien une chose que le reikois détestait, c'était la marche inutile et la perte de temps.
- Leur formation était en effet trop propre pour être issue de simples expériences passées. Ils étaient fourbes, un peu maladroits, mais leur ligne de conduite n'était pas spécialement grossière. Ils m'ont également visé directement, ce qui signifie qu'on leur a appris le principe des chaines de commandement et l'importance des dirgieants... Il y a définitivement autre chose. Quelque chose, ou quelqu'un, qui les réunit sous une bannière. Nous devons découvrir de qui ou quoi il s'agit. Les terres reikoises sont déjà suffisamment pénibles pour qu'en plus, des gnolls intelligents ne vienne quitter leurs habitudes de charognards pour attaquer les convois. Il marqua une pause, réfléchissant à la dernière question de son lieutenant. Non, continuons. J'ai vu quelques fuyards lors du combat, leur piste va être fraiche et nous mènera en toute logique vers leur planque où ils se terrent. Nous marchons déjà plus lentement qu'eux, inutile de leur laisser encore plus d'avance.
- Si nous ne nous reposons pas tout de suite, certains de mes hommes ne pourront suivre la cadence.
- Si nous dressons le camp, nous prenons le risque qu'ils avertissent leur chef. Mais, surtout, nous risquons de perdre leurs traces. Et je ne compte pas arpenter toutes les collines bordant le mont. Surtout pas avec vos blessés à porter.
La phrase était cinglante, volontairement mauvaise. Elle rappelait au supérieur des lames à louer le mépris que l'officier avait pour eux. Non pas à cause de leur statut, mais de cette faiblesse crasser qui leur avait déjà fait essuyer quelques pertes. Observant également l'astre solaire qui brillait parfaitement au dessus d'eux, le reikois soupira longuement. Il leur restait encore beaucoup de temps avant qu'ils ne soient forcés de, de nouveau, s'arrêter pour se reposer. S'ils se stoppaient maintenant, ils sacrifieraient de précieuses heures pour potentiellement permettre à quelques éclopés de se reposer et de, dans le meilleur des cas, permettre de soutenir leurs alliés et de porter le matériel encombrant. L'officier pointa alors du menton l'oni et les Serres déjà en route.
- Nous allons continuer afin de permettre de suivre les gnolls fuyards. Aucune négociation possible. Nous dresserons cependant le camp un peu plus tôt dans l'après midi pour prévenir toute nouvelle attaque et permettre à vos hommes de souffler un peu. Mais je refuse de nous faire perdre une après midi pour une simple escarmouche qui ne représentait qu'un fragment de leur force. Il reporta alors son attention sur son bras droit, l'observant de ses yeux bicolores. Alasker, rejoins les éclaireurs avec quelques uns de tes Dévoreurs pour les aider à pister nos cibles. Et dis à Gorog de venir me voir, je dois aussi le féliciter pour la réussite de son défi. C'était un beau combat.
Sans ajouter mot, l'armure sombre se dégagea de ses interlocuteurs pour entamer sa marche, suivi presque instantanément par le reste des Serres Pourpres. Très vite, le vétéran replongea dans le dernier combat, analysant les mouvements réalisés par ses troupes ainsi que leurs adversaires. Il repassait en boucle dans son esprit la moindre faille exploitable qui n'avait pas été utilisée, la moindre faiblesse dans leur propre formation qui se devait d'être comblée. Mais, surtout, il revoyait les mouvements ennemis et tentait de saisir la nature des déplacements des hyènes et où on aurait pu leur apprendre des attaques en étau comme celle-ci. S'il voyait mal un simple humain apprendre à ces créateurs vicieuses l'art de la guerre, le reikois faisait défiler dans ses pensées toutes les races possibles et imaginables. Tout du moins, il resta dans cette introspection jusqu'à ce que Gorog, qui avait à présent remis son armure écarlate, vint se présenter à ses côtés, le regard pétillant. L'invitant à se rapprocher de lui, le guerrier ne fit pas l'erreur de lui demander comment il allait ou bien d'en faire des tonnes en le complimentant. Il venait de remporter un grand défi. Bien sûr qu'il allait bien. Il se contenta donc de lui témoigner son respect face à son défi relevé et commença simplement à discuter un peu avec l'orc, laissant à son bras droit et à l'oni le soin de retrouver la piste de leurs adversaires, mais également l'emplacement d'un futur campement pour la nuit.
Peut-être que, après cette journée et une nouvelle nuit de repos, ils finiraient enfin par trouver l'origine de toute cette étrangeté.
- Apparence des épées de Deydreus:
Lorsque le dirigeant de la troupe fit part à Kahl de la prochaine tâche à accomplir, l'oni comprit aussitôt où voulait en venir son interlocuteur. Ce n'était pas un ordre direct, mais bel et bien une proposition visant à lui permettre de se racheter pour les erreurs idiotes dont il s'était rendu responsable lors du précédent affrontement. Si nul ne jugeait nécessaire d'enfoncer le clou, chacun ici savait que le géant bleu aurait rendu l'âme si les Serres Pourpres n'avaient pas été présents pour lui sauver la mise lors de cette embuscade. Contrairement à ses croyances, sa force incroyable ne pouvait venir à bout de tout se qui se dressait sur sa route et, bien que cette conclusion fut pour lui frustrante au delà du supportable, il ne pouvait toutefois se voiler la face plus longtemps. Opinant du chef, l'Ogre tourna le dos à son vis-à-vis et se dirigea sans conviction vers l'emplacement pointé du doigt par l'homme à l'armure sombre.
"Comptez sur moi."
C'était la deuxième fois qu'il faisait cette demande aux soldats de l'Empire, mais cela sonnait désormais un peu plus faux, après le cuisant échec qu'il venait d'essuyer. Kahl devait cependant se rendre à l'évidence : il avait fait preuve d'une incompétence absolue et totale, bien loin de ses propres attentes et tout bonnement inadmissible pour un être qui se revendiquait solitaire par choix. L'Ogre ne s'en cachait pas : terrifier ses pairs par sa puissance gigantesque et sa violence aveugle constituait l'un de ses grands plaisirs, mais qu'y avait-il d'effrayant chez un géant trop bête et arrogant pour tenir sur ses propres cuissots ? Pour reconstruire cette réputation si vite perdue, il allait devoir faire ses preuves. S'approchant de la colline escarpée, Kahl prit soin de saisir sa masse en son centre pour garder l'équilibre, car une chute inopinée aurait vite fait d'achever son égo déjà bien meurtri.
Une fois arrivé au niveau des guerriers que lui avaient désigné Deydreus, le géant des glaces les gratifia d'une salutation muette avant d'accorder un dernier regard au sinistre tableau laissé derrière eux par le champ de bataille. Malgré ses états d'âme et son humeur maussade, les traces du massacre avaient de quoi lui remonter un peu le moral, aussi un furtif sourire se dessina derrière son masque pourpre. Il n'y avait cependant pas de temps à perdre à admirer le paysage ravagé qu'avaient laissé derrière eux soldats et mercenaires, car le vent n'allait pas tarder à voiler les éléments résiduels des éventuelles pistes des fuyards. Si Kahl n'avait rien d'un flaireur, ne possédant pas les talents du chef des Dévoreurs, il était toutefois pourvu d'une palette de talents en matière de repérage et de pistage, vestiges de sa vie d'errance et de banditisme dans les terres les plus sauvages du Sekai.
Plutôt que de faire cavalier seul, il se plia cette fois-ci aux exigences du dirigeant de l'expédition, travaillant de concert avec la paire de militaires qui, loin d'être en reste, faisaient preuve d'ingéniosité et d'un grand sens de l'observation, forçant l'oni à redoubler d'efforts pour tirer son épingle du jeu et ne pas agir en simple suiveur. Cette diligence fut d'ailleurs récompensée car, après une fouille approfondie, les trois pisteurs finirent par mettre la main sur de maigres indices quant à la future destination de leurs proies, mais rien quant aux questions évoquées par la majeure partie des combattants présents, à savoir l'identité d'un probable marionnettiste capable de guider une troupe de bêtes sauvages sur de telles manœuvres de bataille. Sans rentrer bredouille, l'Ogre du Blizzard restait déçu par sa performance, au demeurant. Encore accroupi, les mains dans le sable, l'oni fut alors extirpé de ses réflexions par les cliquetis caractéristiques de l'armure du Dévoreur en chef. Lentement, le cou de Kahl pivota et son regard s'orienta vers le nouveau-venu, lui maugréant les quelques informations qu'il était parvenu à glaner en compagnie des deux autres traqueurs.
"Des bourrasques ont caché le gros des traces, mais nous supposons qu'ils se sont orienté vers le nord-ouest. L'environnement ne se prête pas au pistage, cependant nous avons tout de même découvert du sang et des poils. Si nous continuons à nous rapprocher d'eux, on va peut-être subir une seconde embuscade. Ce qui ne me dérangerait pas, en soi..."
Et si tel était le cas, il ferait preuve cette fois-ci d'autrement plus de précautions, cela allait de soi. Prenant appui sur sa massue, le colosse se redressa et tendit vers Alasker une touffe de poils bruns trouvés sur les lieux, avant de projeter son arme sur son épaule. Il n'avait qu'une envie, foncer droit vers la menace afin de démontrer qu'il était capable de la démolir, mais il parvenait tant bien que mal à contenir sa rage, juste assez en tout cas pour autoriser aux moins endurants la pause bien mérité qu'avait considéré Deydreus.
"Et vous, vous avez trouvé quelque chose ?"
"Comptez sur moi."
C'était la deuxième fois qu'il faisait cette demande aux soldats de l'Empire, mais cela sonnait désormais un peu plus faux, après le cuisant échec qu'il venait d'essuyer. Kahl devait cependant se rendre à l'évidence : il avait fait preuve d'une incompétence absolue et totale, bien loin de ses propres attentes et tout bonnement inadmissible pour un être qui se revendiquait solitaire par choix. L'Ogre ne s'en cachait pas : terrifier ses pairs par sa puissance gigantesque et sa violence aveugle constituait l'un de ses grands plaisirs, mais qu'y avait-il d'effrayant chez un géant trop bête et arrogant pour tenir sur ses propres cuissots ? Pour reconstruire cette réputation si vite perdue, il allait devoir faire ses preuves. S'approchant de la colline escarpée, Kahl prit soin de saisir sa masse en son centre pour garder l'équilibre, car une chute inopinée aurait vite fait d'achever son égo déjà bien meurtri.
Une fois arrivé au niveau des guerriers que lui avaient désigné Deydreus, le géant des glaces les gratifia d'une salutation muette avant d'accorder un dernier regard au sinistre tableau laissé derrière eux par le champ de bataille. Malgré ses états d'âme et son humeur maussade, les traces du massacre avaient de quoi lui remonter un peu le moral, aussi un furtif sourire se dessina derrière son masque pourpre. Il n'y avait cependant pas de temps à perdre à admirer le paysage ravagé qu'avaient laissé derrière eux soldats et mercenaires, car le vent n'allait pas tarder à voiler les éléments résiduels des éventuelles pistes des fuyards. Si Kahl n'avait rien d'un flaireur, ne possédant pas les talents du chef des Dévoreurs, il était toutefois pourvu d'une palette de talents en matière de repérage et de pistage, vestiges de sa vie d'errance et de banditisme dans les terres les plus sauvages du Sekai.
Plutôt que de faire cavalier seul, il se plia cette fois-ci aux exigences du dirigeant de l'expédition, travaillant de concert avec la paire de militaires qui, loin d'être en reste, faisaient preuve d'ingéniosité et d'un grand sens de l'observation, forçant l'oni à redoubler d'efforts pour tirer son épingle du jeu et ne pas agir en simple suiveur. Cette diligence fut d'ailleurs récompensée car, après une fouille approfondie, les trois pisteurs finirent par mettre la main sur de maigres indices quant à la future destination de leurs proies, mais rien quant aux questions évoquées par la majeure partie des combattants présents, à savoir l'identité d'un probable marionnettiste capable de guider une troupe de bêtes sauvages sur de telles manœuvres de bataille. Sans rentrer bredouille, l'Ogre du Blizzard restait déçu par sa performance, au demeurant. Encore accroupi, les mains dans le sable, l'oni fut alors extirpé de ses réflexions par les cliquetis caractéristiques de l'armure du Dévoreur en chef. Lentement, le cou de Kahl pivota et son regard s'orienta vers le nouveau-venu, lui maugréant les quelques informations qu'il était parvenu à glaner en compagnie des deux autres traqueurs.
"Des bourrasques ont caché le gros des traces, mais nous supposons qu'ils se sont orienté vers le nord-ouest. L'environnement ne se prête pas au pistage, cependant nous avons tout de même découvert du sang et des poils. Si nous continuons à nous rapprocher d'eux, on va peut-être subir une seconde embuscade. Ce qui ne me dérangerait pas, en soi..."
Et si tel était le cas, il ferait preuve cette fois-ci d'autrement plus de précautions, cela allait de soi. Prenant appui sur sa massue, le colosse se redressa et tendit vers Alasker une touffe de poils bruns trouvés sur les lieux, avant de projeter son arme sur son épaule. Il n'avait qu'une envie, foncer droit vers la menace afin de démontrer qu'il était capable de la démolir, mais il parvenait tant bien que mal à contenir sa rage, juste assez en tout cas pour autoriser aux moins endurants la pause bien mérité qu'avait considéré Deydreus.
"Et vous, vous avez trouvé quelque chose ?"
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
Messages : 216
crédits : 2610
crédits : 2610
Info personnage
Race: Loup-Garou
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B
“-Guère plus que vous autres.” Rétorqua le géant, à l’entente de la question maladroite du grand Bleu, qui se donnait tout le mal du monde pour dissimuler son propre malaise. Il se détourna un instant de son interlocuteur le temps de scruter le plateau cendreux qui s’offrait à eux. La proximité du volcan se faisait de plus en plus sentir. La colère de son cœur magmatique faisait vibrer la terre, de temps à autre, et les quelques routes blanches de cendres qui s’étendaient au loin se voyaient toutes encadrées de champs de roches noires aux sommets légèrement blanchis par les particules flottant dans l’air. Le vent, de plus en plus fort, était chargé d’une odeur de soufre assez forte pour provoquer une grimace chez le plus avertis des voyageurs et empêchait toute traque olfactive précise.
A l’inverse de l’Oni, Alasker n’était guère séduit par l’idée d’encaisser une seconde embuscade en une journée. Pour une troupe habituée à un terrain tel que celui-ci, les occasions de pièges et d’attaques à revers se présentaient par paquet de douze. Les chemins de cendres qui traversaient le plateau n’avaient que peu de couverts et le relief trompeur permettait de dissimuler troupes et armes sans la moindre difficulté, entre deux massifs de granites. Si les pertes s’étaient jusqu’alors avérées négligeables, un seul nouvel assaut pouvait changer cet état de fait. Durement, Alasker avait fini par ingurgiter le fait que les hommes de troupes, aussi entraînés pouvaient-ils être, avaient besoin de plus de repos et de temps mort que sa propre robuste carcasse. L’Oni aussi devait le savoir, mais comme Iratus jadis, le Grand Bleu s’en fichait. Ses intentions semblaient aussi simples que lisibles : aller au devant du danger. Laver son honneur bafoué. Peut-être même prendre la tête du chef des gnolls lui-même, pour prouver à tous qu’il n’était pas qu’un beau parleur.
L’effronterie de la jeunesse. Ou peut-être simplement une absence de considération pour sa propre vie. Alasker n’avait aucune idée de l’âge de Kahl et ce détail ne lui importait guère, en réalité. La seule chose qui comptait, pour l’heure, restait la direction à prendre et la durée du trajet avant l’établissement du camp. Il pointa un doigt ganté sur ce qui semblait être les reflets lointains d’une eau mousseuse, stagnant dans un petit renfoncement de roche s’étendant le long d’un chemin. Au vu de la praticabilité du terrain, le géant estimait que la troupe y serait dans une petite heure. Peut-être plus si jamais le vent gagnait encore en intensité.
“-On va établir le prochain camp là-bas. Si l’eau est buvable, y’aura surement d’autres traces d’activités et dans le cas contraire, les gnolls nous foutront la paix pour la nuit.” Les yeux noirs se posèrent sur les deux dévoreurs derrière Kahl. “Allez le dire au patron. Et dites à Gorog d’arrêter de lui traîner dans les bottes, au passage. On va avancer avec le grand bleu jusqu’à la limite de la piste d’aujourd’hui.”
Les concernés opinèrent du chef avant de s’exécuter en s’escrimant à ne pas se tordre les chevilles dans la descente. Alasker les observa faire un court instant avant de désigner leur destination de la pointe de son menton en entamant sa propre descente, de l’autre côté du versant de la colline.
“-Suis-moi.” Une invitation aimable, prenant involontairement des airs d'ordres, mêlée à la voix rocailleuse du géant d’airain.
Le loup sentit que son accompagnateur hésitait un peu à l'idée de lui emboîter le pas, mais au final, il le suivit. Les deux brutes marchèrent quelques instants en silence, toutes deux concentrées sur la surveillance des environs. Et puis Iratus mit fin à ce début de quiétude, une fois sûr d’être assez loin de toutes oreilles indiscrètes.
“-Tu as tué cet ogre, fiston. Y'a pas de honte à l’avoir fait avec un peu d’aide. ”
Ce fut tout. Ils ne dirent rien de plus. Alasker laissa simplement cette nouvelle information s’ancrer durablement dans l’esprit de son compagnon de route en accélérant le pas pour le forcer à reprendre une cadence de marche proche de la course. Et le silence revint.
Quelques heures plus tard, le géant trempait ses lèvres trop sèches dans l’eau d’une mare d’eau fumante et grimaçait en avalant une goulée.
“-Alors ?” Manda Gorog, dans son dos.
Alasker se redressa en essuyant ses doigts gantés sur l’airain de son armure. Il desserra les dents le temps de cracher un énorme glaviot dans le bassin et secoua la tête.
“-Mieux vaudrait boire de la pisse d’âne.
-T’es habitué, hein Al !” Gueula au loin Esyleij, occupé à monter sa tente à l’ombre d’un rocher aux couleurs de l’ébène.
Les lèvres du prédateur se retroussèrent un peu plus dans un sourire carnassier :
“-Je tiens ça de ta mère, fiston !” Rétorqua-t-il en attrapant le heaume qui pendait à sa ceinture pour le visser sur son crâne brillant de sueur. Des rires gras éclatèrent de parts et d’autres du campement en préparation.
Le vent, toujours aussi capricieux, se refusait à souffler de manière constante et, à chaque fois que ce dernier retombait, la chaleur grimpait en flèche, aussi étouffante et impitoyable qu’en plein désert. Quelques mercenaires profitaient des nuages de cendres masquant les rayons du soleil pour lever le camp torse-nus, malgré les risques évidents que cela impliquait, tandis que Serres et Dévoreurs continuaient leurs travaux aussi professionnellement que possible, au mépris des éléments et du reste.
Kirk n’avait pas prononcé un mot depuis la victoire de Gorog. Dès leur arrivée près du bassin d’eaux toxiques, il avait installé son sac de couchage à-même le sol puis s’était empressé de lancer le foyer d’un petit feu de camp, au sein duquel le Drakyn avait plongé la lame de sa dague incurvée. Son but semblait évident, et les regards agressifs que le berserker cornu jetait à tous ceux qui s’approchaient dissuadait quiconque de venir le faire changer d’avis. Alasker ne lui en voulait pas. Sa disgrâce et -surtout- son malaise, demeuraient tous deux encore plus évidents que la gêne de Kahl. Plus vite sa dette de sang serait effacée, plus vite son échec serait oublié. A sa place, le chef des Dévoreurs aurait sans doute fait la même chose.
Ou, plus probablement, il aurait arraché la tête du chef capricieux à l’origine d’un tel ordre.
“-Tu penses qu’ils vont nous foutre la paix, cette nuit?” Grogna l’orc à barbe blanche, les yeux rivés sur la surface de l’eau.
L’interrogé haussa les épaules.
“-Avec un peu de chance on les a suffisamment impressionnés pour qu’ils se terrent au fond d’une grotte jusqu’à notre arrivée. Mais j’ai des doutes. Les gnolls voient bien dans le noir. ‘va falloir se méfier toute la nuit.” Le géant avisa le plateau d’un œil mauvais, puis se détourna à l’entente d’un grognement agacé provenant de la gorge de Gorog.
Kirk marchait vers eux, son poignard chauffé à blanc dans la main droite. Alasker résista à la tentation de dégainer l’une de ses armes. L’orc, de son côté, décroisa simplement les bras pour poser sa main sur le fer de la hachette pendant à sa ceinture. Si le Drakyn approchant avait vu ce changement d’attitude, il ne prit pas la peine d’y réagir. Le nouveau venu alla simplement se poser devant le vétéran peau-verte, pour lui tendre sa lame retournée.
Alasker observa la scène en haussant un sourcil. Gorog darda l’arme offerte avec un mélange de surprise et de méfiance ancré sur ses traits couturés de cicatrices. Quelques curieux, dans le fond, stoppèrent le travail, le temps de voir le dénouement de l’inattendue irruption.
“-Ca me semble juste que ça soit toi qui le fasse.” Expliqua simplement Kirk.
Alors Gorog hocha la tête et s’empara de l’arme en tapotant amicalement l’épaule du Drakyn, acceptant par la même occasion les excuses qu’il n’avait pas su prononcer. Alasker les laissa à leur réconciliation en rejoignant d’un pas vif le centre du campement.
Le soir, trois feux brûlaient de parts et d’autres du campement tandis que quatre paires de gardes s’évertuaient à faire des rondes à la lueur de torches aux flammes rendues capricieuses par les bourrasques erratiques balayant le plateau. La lune, cachée par les nuages cendreux projetés par l’éternelle colère d’un volcan pourtant encore lointain, ne projetait plus la moindre lumière ici-bas et tous ceux qui n’avaient pas été bénis du don de nyctalopie devaient marcher à tâtons, sitôt privés des lumières chaudes des différents foyers.
Alasker s’était posté à la bordure Nord du camp. Assis sur la plus haute roche des environs, sa hache posée sur les genoux, il ne cessait de plonger son regard noir dans les ténèbres environnantes à la recherche du moindre indice pouvant trahir une approche ennemie. Par trois fois déjà, ses sens affutés avaient pu détecter le grattement des griffes sur la roche et les piaillements de frustrations des hommes-hyènes. Une seule et unique fois, la lueur d’une paire d’yeux jaunes avait rencontré l’encre des siens. Le géant s’était alors simplement redressé, ce qui avait causé -immédiatement- la fuite du regard jaunâtre dans un concert de gloussements frustrés. Lorsqu’une ronde de garde était passée près de lui, il les avait prévenus et le duo avisé s’en était allé fouiller dans cette direction pour revenir, bredouille et souriant.
“-Les hyènes ont peur du grand méchant loup, apparemment.”
Alasker leur avait répondu en affichant un sourire fatigué.
“-Ne vous relâchez pas trop les gars. Je vais pas tarder à roupiller.”
Les gardes avaient hoché la tête, repris leur office, et jamais plus la paire d’yeux jaunes ne s’était manifestée dans la nuit.
Maintenant, à minuit passé, le géant d’airain ne parvenait pas à se convaincre de descendre pour s’installer dans sa tente et glisser sur son sac de couchage. Son instinct lui hurlait qu’il était trop tôt pour se détendre et se laisser aller au repos, quand bien même ses membres comme ses paupières devenaient à la fois lourds et brûlants. Le sommeil peinait toujours à venir, après une pleine lune. La bête était encore trop éveillée. Elle cherchait à s’enfuir et affaiblissait le ravisseur de son enveloppe en espérant tromper sa vigilance. Demain, sa migraine serait insupportable et son humeur massacrante.
De guerre lasse, il parvint finalement à se laisser tomber au bas de son perchoir pour se réceptionner lourdement en faisant un boucan du diable qui déclencha quelques râlements ensommeillés dans les tentes voisines. A une dizaine de pas, sur sa gauche, Gorog dormait, assis en tailleur devant le feu. Ses mains étaient encore rouges du sang de Kirk. La nuit que le Drakyn allait passer risquait d’être forte en douleur, puisque la leçon se devait d’être apprise à la manière forte. À la manière des Dévoreurs.
Mais il n’était pas le seul à devoir apprendre quelque chose. Kahl, l’Oni, était resté muet comme une tombe toute cette nuit. Perdu dans ses pensées, probablement. Peut-être dans des reproches. Orientés vers lui-même ou vers les autres, ces étrangers, qui lui apprenaient des choses en affichant un air supérieur. Alasker s’en méfiait, évidemment, puisqu’il savait mieux que quiconque comment une bête sauvage de ce genre pouvait céder à une folie meurtrière difficilement canalisable, confrontée à une situation de stress ou de frustration. Si Kahl acceptait la leçon qu’on lui offrait, l’Oni deviendrait un bon allié. Dans le cas inverse, peut-être se rebifferait-il à tel point qu’Alasker serait contraint d’intervenir.
Alors que le sommeil l’emportait sur sa vigilance, le géant sourit en songeant que, peut-être, demain, il devrait tuer un géant bleu.
A l’inverse de l’Oni, Alasker n’était guère séduit par l’idée d’encaisser une seconde embuscade en une journée. Pour une troupe habituée à un terrain tel que celui-ci, les occasions de pièges et d’attaques à revers se présentaient par paquet de douze. Les chemins de cendres qui traversaient le plateau n’avaient que peu de couverts et le relief trompeur permettait de dissimuler troupes et armes sans la moindre difficulté, entre deux massifs de granites. Si les pertes s’étaient jusqu’alors avérées négligeables, un seul nouvel assaut pouvait changer cet état de fait. Durement, Alasker avait fini par ingurgiter le fait que les hommes de troupes, aussi entraînés pouvaient-ils être, avaient besoin de plus de repos et de temps mort que sa propre robuste carcasse. L’Oni aussi devait le savoir, mais comme Iratus jadis, le Grand Bleu s’en fichait. Ses intentions semblaient aussi simples que lisibles : aller au devant du danger. Laver son honneur bafoué. Peut-être même prendre la tête du chef des gnolls lui-même, pour prouver à tous qu’il n’était pas qu’un beau parleur.
L’effronterie de la jeunesse. Ou peut-être simplement une absence de considération pour sa propre vie. Alasker n’avait aucune idée de l’âge de Kahl et ce détail ne lui importait guère, en réalité. La seule chose qui comptait, pour l’heure, restait la direction à prendre et la durée du trajet avant l’établissement du camp. Il pointa un doigt ganté sur ce qui semblait être les reflets lointains d’une eau mousseuse, stagnant dans un petit renfoncement de roche s’étendant le long d’un chemin. Au vu de la praticabilité du terrain, le géant estimait que la troupe y serait dans une petite heure. Peut-être plus si jamais le vent gagnait encore en intensité.
“-On va établir le prochain camp là-bas. Si l’eau est buvable, y’aura surement d’autres traces d’activités et dans le cas contraire, les gnolls nous foutront la paix pour la nuit.” Les yeux noirs se posèrent sur les deux dévoreurs derrière Kahl. “Allez le dire au patron. Et dites à Gorog d’arrêter de lui traîner dans les bottes, au passage. On va avancer avec le grand bleu jusqu’à la limite de la piste d’aujourd’hui.”
Les concernés opinèrent du chef avant de s’exécuter en s’escrimant à ne pas se tordre les chevilles dans la descente. Alasker les observa faire un court instant avant de désigner leur destination de la pointe de son menton en entamant sa propre descente, de l’autre côté du versant de la colline.
“-Suis-moi.” Une invitation aimable, prenant involontairement des airs d'ordres, mêlée à la voix rocailleuse du géant d’airain.
Le loup sentit que son accompagnateur hésitait un peu à l'idée de lui emboîter le pas, mais au final, il le suivit. Les deux brutes marchèrent quelques instants en silence, toutes deux concentrées sur la surveillance des environs. Et puis Iratus mit fin à ce début de quiétude, une fois sûr d’être assez loin de toutes oreilles indiscrètes.
“-Tu as tué cet ogre, fiston. Y'a pas de honte à l’avoir fait avec un peu d’aide. ”
Ce fut tout. Ils ne dirent rien de plus. Alasker laissa simplement cette nouvelle information s’ancrer durablement dans l’esprit de son compagnon de route en accélérant le pas pour le forcer à reprendre une cadence de marche proche de la course. Et le silence revint.
Quelques heures plus tard, le géant trempait ses lèvres trop sèches dans l’eau d’une mare d’eau fumante et grimaçait en avalant une goulée.
“-Alors ?” Manda Gorog, dans son dos.
Alasker se redressa en essuyant ses doigts gantés sur l’airain de son armure. Il desserra les dents le temps de cracher un énorme glaviot dans le bassin et secoua la tête.
“-Mieux vaudrait boire de la pisse d’âne.
-T’es habitué, hein Al !” Gueula au loin Esyleij, occupé à monter sa tente à l’ombre d’un rocher aux couleurs de l’ébène.
Les lèvres du prédateur se retroussèrent un peu plus dans un sourire carnassier :
“-Je tiens ça de ta mère, fiston !” Rétorqua-t-il en attrapant le heaume qui pendait à sa ceinture pour le visser sur son crâne brillant de sueur. Des rires gras éclatèrent de parts et d’autres du campement en préparation.
Le vent, toujours aussi capricieux, se refusait à souffler de manière constante et, à chaque fois que ce dernier retombait, la chaleur grimpait en flèche, aussi étouffante et impitoyable qu’en plein désert. Quelques mercenaires profitaient des nuages de cendres masquant les rayons du soleil pour lever le camp torse-nus, malgré les risques évidents que cela impliquait, tandis que Serres et Dévoreurs continuaient leurs travaux aussi professionnellement que possible, au mépris des éléments et du reste.
Kirk n’avait pas prononcé un mot depuis la victoire de Gorog. Dès leur arrivée près du bassin d’eaux toxiques, il avait installé son sac de couchage à-même le sol puis s’était empressé de lancer le foyer d’un petit feu de camp, au sein duquel le Drakyn avait plongé la lame de sa dague incurvée. Son but semblait évident, et les regards agressifs que le berserker cornu jetait à tous ceux qui s’approchaient dissuadait quiconque de venir le faire changer d’avis. Alasker ne lui en voulait pas. Sa disgrâce et -surtout- son malaise, demeuraient tous deux encore plus évidents que la gêne de Kahl. Plus vite sa dette de sang serait effacée, plus vite son échec serait oublié. A sa place, le chef des Dévoreurs aurait sans doute fait la même chose.
Ou, plus probablement, il aurait arraché la tête du chef capricieux à l’origine d’un tel ordre.
“-Tu penses qu’ils vont nous foutre la paix, cette nuit?” Grogna l’orc à barbe blanche, les yeux rivés sur la surface de l’eau.
L’interrogé haussa les épaules.
“-Avec un peu de chance on les a suffisamment impressionnés pour qu’ils se terrent au fond d’une grotte jusqu’à notre arrivée. Mais j’ai des doutes. Les gnolls voient bien dans le noir. ‘va falloir se méfier toute la nuit.” Le géant avisa le plateau d’un œil mauvais, puis se détourna à l’entente d’un grognement agacé provenant de la gorge de Gorog.
Kirk marchait vers eux, son poignard chauffé à blanc dans la main droite. Alasker résista à la tentation de dégainer l’une de ses armes. L’orc, de son côté, décroisa simplement les bras pour poser sa main sur le fer de la hachette pendant à sa ceinture. Si le Drakyn approchant avait vu ce changement d’attitude, il ne prit pas la peine d’y réagir. Le nouveau venu alla simplement se poser devant le vétéran peau-verte, pour lui tendre sa lame retournée.
Alasker observa la scène en haussant un sourcil. Gorog darda l’arme offerte avec un mélange de surprise et de méfiance ancré sur ses traits couturés de cicatrices. Quelques curieux, dans le fond, stoppèrent le travail, le temps de voir le dénouement de l’inattendue irruption.
“-Ca me semble juste que ça soit toi qui le fasse.” Expliqua simplement Kirk.
Alors Gorog hocha la tête et s’empara de l’arme en tapotant amicalement l’épaule du Drakyn, acceptant par la même occasion les excuses qu’il n’avait pas su prononcer. Alasker les laissa à leur réconciliation en rejoignant d’un pas vif le centre du campement.
Le soir, trois feux brûlaient de parts et d’autres du campement tandis que quatre paires de gardes s’évertuaient à faire des rondes à la lueur de torches aux flammes rendues capricieuses par les bourrasques erratiques balayant le plateau. La lune, cachée par les nuages cendreux projetés par l’éternelle colère d’un volcan pourtant encore lointain, ne projetait plus la moindre lumière ici-bas et tous ceux qui n’avaient pas été bénis du don de nyctalopie devaient marcher à tâtons, sitôt privés des lumières chaudes des différents foyers.
Alasker s’était posté à la bordure Nord du camp. Assis sur la plus haute roche des environs, sa hache posée sur les genoux, il ne cessait de plonger son regard noir dans les ténèbres environnantes à la recherche du moindre indice pouvant trahir une approche ennemie. Par trois fois déjà, ses sens affutés avaient pu détecter le grattement des griffes sur la roche et les piaillements de frustrations des hommes-hyènes. Une seule et unique fois, la lueur d’une paire d’yeux jaunes avait rencontré l’encre des siens. Le géant s’était alors simplement redressé, ce qui avait causé -immédiatement- la fuite du regard jaunâtre dans un concert de gloussements frustrés. Lorsqu’une ronde de garde était passée près de lui, il les avait prévenus et le duo avisé s’en était allé fouiller dans cette direction pour revenir, bredouille et souriant.
“-Les hyènes ont peur du grand méchant loup, apparemment.”
Alasker leur avait répondu en affichant un sourire fatigué.
“-Ne vous relâchez pas trop les gars. Je vais pas tarder à roupiller.”
Les gardes avaient hoché la tête, repris leur office, et jamais plus la paire d’yeux jaunes ne s’était manifestée dans la nuit.
Maintenant, à minuit passé, le géant d’airain ne parvenait pas à se convaincre de descendre pour s’installer dans sa tente et glisser sur son sac de couchage. Son instinct lui hurlait qu’il était trop tôt pour se détendre et se laisser aller au repos, quand bien même ses membres comme ses paupières devenaient à la fois lourds et brûlants. Le sommeil peinait toujours à venir, après une pleine lune. La bête était encore trop éveillée. Elle cherchait à s’enfuir et affaiblissait le ravisseur de son enveloppe en espérant tromper sa vigilance. Demain, sa migraine serait insupportable et son humeur massacrante.
De guerre lasse, il parvint finalement à se laisser tomber au bas de son perchoir pour se réceptionner lourdement en faisant un boucan du diable qui déclencha quelques râlements ensommeillés dans les tentes voisines. A une dizaine de pas, sur sa gauche, Gorog dormait, assis en tailleur devant le feu. Ses mains étaient encore rouges du sang de Kirk. La nuit que le Drakyn allait passer risquait d’être forte en douleur, puisque la leçon se devait d’être apprise à la manière forte. À la manière des Dévoreurs.
Mais il n’était pas le seul à devoir apprendre quelque chose. Kahl, l’Oni, était resté muet comme une tombe toute cette nuit. Perdu dans ses pensées, probablement. Peut-être dans des reproches. Orientés vers lui-même ou vers les autres, ces étrangers, qui lui apprenaient des choses en affichant un air supérieur. Alasker s’en méfiait, évidemment, puisqu’il savait mieux que quiconque comment une bête sauvage de ce genre pouvait céder à une folie meurtrière difficilement canalisable, confrontée à une situation de stress ou de frustration. Si Kahl acceptait la leçon qu’on lui offrait, l’Oni deviendrait un bon allié. Dans le cas inverse, peut-être se rebifferait-il à tel point qu’Alasker serait contraint d’intervenir.
Alors que le sommeil l’emportait sur sa vigilance, le géant sourit en songeant que, peut-être, demain, il devrait tuer un géant bleu.
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