Oubliez-moi, s'il vous plait

Oubliez-moi, s’il vous plait

Feat Rowena

Connaître cette sensation insidieuse que les autres étalent leurs émotions dans son propre être, devoir lutter pour les garder éloignés, faire la scission entre elle et le monde autour. Pour un médecin, c’est à la fois une aide et une tare qu’il faut maîtriser. Pénétrer l’esprit de cette femme pour en maitriser les émotions, Rizka aurait pu le faire, c’est vrai. Ce n’est pas le cas.

Violer l’intimité ? Excusable ?

Cette étrangère sans nom, ayant pénétré une demeure qui n’était pas la sienne, ayant bénéficié de gentillesse et d’hospitalité avant de déclamer une vérité dérangeante et s’enfuir comme une mal-élevée, venait de lui faire la leçon ? Sérieusement ?

Un rictus fait trembler les joues de l’elfe alors qu’elle serre les mâchoires. La guérisseuse se retint à grand peine face aux propos de la femme. Des mots secs, lancés tranquillement. L’étrangère est, elle, dépourvue d’empathie. Elle s’approche, se permet de poser une main sur l’épaule de la jeune femme restée fébrile en contraste au calme déshumanisé de la blonde. Un frisson, long, désagréable, parcourt aussitôt le corps de l’elfe. Ses longues oreilles s’abaissent, son regard devient orageux.

« Vous avez pénétré dans ma demeure, vous osez me toucher… et vous me parlez de violation d’intimité ? » prononça-t-elle sombrement entre ses dents serrées. « Connaître vos intentions était légitime, je ne vous connais pas. J’ai été bien trop gentille à votre égard. » D’un geste vif et brusque, Rizka époussette cette main indésirable. « Je ne comptais pas vous séquestrer, j’espérais simplement une réponse. Apaiser la situation, peut-être. Vous aidez malgré tout, parce que c’est dans ma nature, d’être empathique, justement. »

Les mots qu’elle adressa ensuite étaient secs bien que son ton soit vibrant, douloureux. Comme si, après tout, elle préférait chasser cette indésirable pour son propre bien-être. C’était mieux ainsi.

« Allez-y. Débarrassez mon plancher. » Rizka fait un pas de côté, un geste en direction de la porte. « De toute manière je ne me souviendrai plus de vous, alors vous pouvez considérer que je ne renoncerai pas à Lórindol… Malgré tout, j’espère que les étoiles seront clémentes pour votre enfant. »

CENDRES