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    Deydreus Fictilem
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  • Mer 15 Mar 2023 - 12:44
    Cela faisait plusieurs lunes qu'ils étaient rentrés à Pleurs-la-Cendres. Cela faisait plusieurs lunes que Deydreus s'entrainait. A la fenêtre de sa chambre, le sombre guerrier laissait quelques rayons du soleil passer au travers des rideaux. Passant sa main nue, le reikois observait son derme commencer à brûler doucement, nécrosant la chaire qui réagissait de manière extrême, avant de se reconstruire peu à peu grâce à sa régénération. Depuis son retour de Plumenoire, le chevalier s'était efforcé d'entrainer sa peau et son corps. De tenter de résister de plus en plus longtemps aux nocifs rayons du jour. Actuellement, le vampire pouvait rester une heure, au mieux, avant que les effets ne deviennent vraiment insupportable. Mais il fallait qu'il travaille cela. Encore, et encore. Qu'il s'améliore. Renforce sa propre structure pour pouvoir s'exposer sans crainte car, outre son apparence publique et les potentielles cérémonies qui auraient lieu à l'avenir en plein jour, il s'imaginait également des scénarios plus complexes, plus violents. Certaines batailles s'éternisaient parfois de la nuit au matin. Il était hors de question qu'il batte un jour en retraite à cause de ce désavantage natif. Même si, la nuit, il se sentait encore plus dans son élément.

    Pour le reste, la Soif était insupportable. Chaque nuit, le reikois s'efforçait de rester enfermé dans sa chambre, râclant les murs et le mobilier comme un animal affamé et captif. Il ressentait, tout autour de lui, l'odeur du sang et entendait les cœurs des personnes alentours battre. Il pouvait les localiser, les traquer. Car il avait faim. Au début, Deydreus tenta de contenir cette soif en buvant son propre sang. En fait, il tenta à peu près toutes les solutions possibles qui n'impliquaient pas de chasser des animaux vivant ou des mortels. Le résultat ne fut jamais probant et, par dépit, le reikois préférait s'enfermer le soir s'il ne pouvait aller traquer une proie quelconque. Mais, plus les jours passaient, plus la Soif devenait plus forte. Deux jours auparavant, le chevalier avait finalement craqué et, dans un moment de perte de contrôle, il était venu mordre la chair de tous les animaux qu'il avait pu trouver. Chats. Chiens. Oiseaux. Cela l'avait calmé mais... Cela avait été infect.

    Retirant finalement son bras des rayons solaires, Deydreus prit le soin de refermer les rideaux tandis qu'il quittait ses sombres pensées. Le groupe de fantassins allait bientôt devoir quitter la ville pour repartir en direction de la capitale. Il manquait trois hommes à la troupe et il fallait combler ce vide en recrutant parmi la réserve. Parmi celles et ceux que le guerrier aux yeux vairons avait pu voir la force. Mais ce recrutement, il ne comptait pas le faire seul. Alors, la Griffe avait appelé son lieutenant. Il avait demandé à son ami, et frère d'armes, de venir le rejoindre. D'abord pour leur tâche commune, mais surtout pour son état. Alasker était un lycanthrope, il luttait constamment contre la bête qui se terrait au fond de son esprit. Il était, actuellement, celui qui devait le mieux comprendre son état. Ses pensées. Et plus qu'autre chose, la compagnie de son frère lui manquait. Cela faisait quelques temps qu'ils n'avaient pu partir en mission ensemble. Ils avaient beaucoup à faire, ils devaient composer avec beaucoup de sujets et dans leur projet commun, ils avaient divisé la tâche en deux. Mais à présent, il fallait qu'ils se retrouvent. Ou alors Deydreus finirait par perdre le contrôle, il le savait.

    Léonard vint alors frapper à la porte de sa chambre, s'annonçant tandis qu'il entrait pour retrouver le dirigeant des Serres Pourpres. Le visage fatigué, le jeune fantassin revenait d'une patrouille extérieure qui semblait avoir été particulièrement éreintante. Amusé, le vampire s'approcha et invita son camarade à se poser contre l'une des chaises de la pièce, lui tendant une coupe remplie d'eau. D'un coup sec, le guerrier en but l'intégralité avant de laisser un long soupir satisfait quitter sa gorge. Depuis qu'ils étaient rentrés, Deydreus avait insisté auprès du bourgmestre pour laisser ses gars aider au maintien de l'ordre. Il était hors de question qu'il utilise son titre pour profiter gracieusement de l'hospitalité de son hôte. Portant son attention sur le blondinet, le reikois croisa les bras tandis qu'il venait s'appuyer sur la table adjacente.

    - Les bandits?
    - Pire. Des foutus cerberus. La garde parlait d'un groupe de malfrats qui œuvraient à l'est de la ville. Tout ce qu'on a trouvé, c'est ces foutus cabots et des types qui les dressaient pour préparer un sale coup.
    - Hum.
    - On a buté les canidés et capturé les bandits. Mais il y en avait un paquet. Et je déteste ces chiens à trois têtes.

    Un rire amusé s'échappa de la gorge de Deydreus qui tapota doucement l'épaule de son fantassin, se retournant pour venir faire glisser un peu d'hydromel dans sa propre coupe. Lorsque le liquide alcoolisé glissa dans sa gorge, le vampire ferma quelques instants les yeux pour savourer le gout sucré de ce dernier. Plus rien ne semblait le nourrir mis à part du sang mais, au moins, il percevait toujours les gouts de certaines choses.

    - Des nouvelles d'Alasker?
    - Ouais, normalement il devrait arriver dans la soirée. La route est longue. Et j'crois qu'ils ont eu de l'agitation sur la route.
    - Parfait. Préviens moi dès qu'il entrera en ville.
    - Ca marche. Au fait, patron. Le bourgmestre voulait vous filer ça. C'est une missive, je crois?
    - Merci. Tu peux disposer Léonard. Il marqua une pause, jetant une bouteille d'hydromel au blondinet. Et emmène cet alcool avec toi. Reposez vous un peu avec les gars, vous le méritez.

    D'un signe de tête approbateur, le fantassin se releva et quitta la pièce, laissant Deydreus seul avec la lettre et ses pensées. Retirant le sceau apposé sur cette dernière, les yeux vairons du reikois glissèrent sur les mots avec une curiosité et un intérêt de plus en plus présents. D'après cette missive, le bourgmestre souhaitait que les Serres demeurent encore un peu à Pleurs-la-Cendres afin de régler un problème d'importance. Il y avait la mention de rebelles. De potentiels cultistes. Mais surtout, d'une wyverne. Finalement, ils allaient peut être pouvoir rester un peu plus dans les terres de nord.

    Tant mieux, Deydreus n'était pas pressé de retourner sous le soleil écrasant du désert reikois.


    Solem insidiosa [PV Alasker] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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    Alasker Crudelis
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  • Mer 5 Avr 2023 - 1:10
    Le bruit des chaînes frappant le bronze annonça son arrivée dans la nuit. Ensuite, vinrent l’écho de ses pas, lourds, rendus légèrement traînant par des jours de course dans le grand froid, à peine interrompues par quelques siestes supposément réparatrices. Puis, son souffle : fort, rauque, rappelant celui d’une bête assoiffée et sauvage. Les sentinelles le saluèrent par son nom ou son surnom en affichant des sourires bien moins sereins qu’à l’accoutumée. Ceux qui disposaient de sens suffisamment affûtés pour le voir dans la nuit jurèrent entre leurs dents en découvrant ce qui saignait, sur son dos. On lui ouvrit les portes sans qu’il n’ait besoin de prononcer un mot et on lui proposa de patienter le temps que son arrivée soit annoncée à “la griffe”. En retour, le Géant pouffa et prit la direction de la résidence que son vieil ami lui avait décrite, dans sa lettre. Les Serres qui participaient au maintien de l’ordre rirent en l’observant se frayer un chemin au milieu des gardes qui ne le connaissaient pas, un énorme sanglier décapité posé en travers de l’épaule. Personne ne chercha directement à l’empêcher de rejoindre sa cible, mais quelques-uns s’essayèrent à le suivre, avant d’être sèchement rabroué par leur supérieur. “Il est Iratus” chuchotèrent les mieux informés, “C’est lui, le monstre” grincèrent d’autres, se pensant suffisamment loin pour qu’Il n’entende pas l’insulte, une erreur de débutant, qui avait causé bien des mâchoires brisées auparavant.
    Mais pour l’heure, Alasker n’en avait cure. Parce que son ami lui avait adressé une lettre aux airs d’appel au secours.
    Et il comptait bien y répondre de vive-voix.

    Ses hommes n’avaient pas pu suivre, bien entendu. Les Dévoreurs étaient de robustes gaillards, mais la pleine lune ne leur conférait rien de plus qu’une meilleure visibilité, en outre, la dernière mission avait causé assez de blessures et de fatigues pour que les berserkers en ressortent un minimum exténués. Ils le savaient parfaitement. Ils avaient compris à l’instant où Alasker avait reçu la missive qu’il allait les semer sans se retourner, et, aucun d’eux n’avait émis la moindre plainte à ce sujet. Calmement, les guerriers aux armures écarlates s’étaient équipés pour le voyage, emballant nourriture, tentes et sacs de couchages en un temps record avant de commencer à courir à ses côtés.
    Il les avait semés dès la première heure. Avant même que la lune se lève. Avant même que le soleil timide du nord ne se couche. Rien d’étonnant, sa vitesse de course n’était surpassée que par une seule personne, parmi les Serres, et cette dernière s’avérait être à l’origine de la lettre. Entendre leurs jurons vaincus se perdre dans le blizzard lui avait quand même fait quelque chose. Ils allaient s’en sortir tous seuls, évidemment. Comme d’habitude. Mais Alasker avait bien conscience de l’impact que ce genre de séparation pouvait causer. En les confrontant si…Directement, à sa supériorité physique, il creusait un fossé entre sa personne et ses hommes, un fossé que le géant s’escrimerait à reboucher dès que possible. Mais nécessité faisait loi. L’égo de Gorog et des autres s’en remettrait. Ils arriveraient deux, peut-être trois jours après lui et cacheraient leurs déceptions dans des blagues malvenues et des défis enfantins lancés à tour de bras dans tout…Pleurs-de-cendres ou qu’importe le nom de cette damnée ville. La seule chose qui comptait, c’était que l’homme qui avait défié l’Empereur en combat singulier et continué à se battre avec un bras en moins lui demandait, actuellement, de l’aide. La lettre, écrite entièrement en langage codée, s’était révélée suffisamment succincte pour attiser à la fois sa curiosité et, chose rare, son inquiétude. D’aussi loin qu’Alasker se souvenait, son frère d’arme et ami n’avait jamais vraiment eu besoin d’assistance pour régler un problème personnel. Que ça soit pour Talia ou pour l’Empereur en personne, on ne pouvait pas vraiment dire que le chevalier noir avait eu besoin “d’aide”.
    Alors, qu’est-ce qui pouvait bien causer tant de problème pour que son vieil ami requiert si urgemment sa présence ?

    “-Où est-il?
    Le front plissé par l’inquiétude, Léonard se tenait dans l’encadrement de la porte, se croyant manifestement capable de l’empêcher de pénétrer au sein de la résidence. Ca avait quelque chose d’à la fois amusant et terriblement agaçant. Si c’était censé être une farce, elle était de mauvais goût.
    “-Al’, il faut…
    -Je vais passer au travers de cette porte si tu ne bouges pas, maintenant.
    -Lâche ce putain de sanglier !
    Un haussement de sourcils vint témoigner de la dubitation du géant d’Airain. Sans rien ajouter de plus, il s’exécuta en laissant la carcasse décapitée s’écraser sur le pas de la porte. Quelqu’un rit, à l’intérieur. Vu le ton guindé de ce rire, ça ne pouvait qu’être Eisyleij. Alasker grimaça.
    “-J’l’ai croisé sur la route. Quel est le problème?
    Léonard ouvrit la porte et s’écarta de l’entrée du hall d’accueil pour laisser au géant d’airain le loisir d’y pénétrer. A l’intérieur, le feu de bois d’une cheminée aussi large que le nouvel arrivant éclairait une vaste pièce aux murs de pierres blanches richement ornés de tapisseries éclatantes et au plancher luisant partiellement couvert de fourrures. Il y avait une table basse, en bois noir et massif, autour de laquelle était posée trois sièges aux dossiers de cuirs et aux accotoirs taillés pour représenter des gueules de griffons. Ça sentait le feu de bois, l’hydromel et le poulet. Le confort. La richesse grossièrement affichée. Tout ce qu’Alasker pouvait détester, et bien plus encore.
    “-Quel est le problème?” Répéta le géant en lorgnant sur la bouteille qu’Eisyleij gardait contre lui.
    Ils ne se pressèrent pas pour lui répondre. Aucun d’entre-eux. Ni Gorrek, ni le blond, ni même l’elfe à la langue pourtant bien pendue. Ce simple constat fit monter en lui une colère que son regard ne tarda pas à trahir. Finalement, Léonard se lança, non sans lever ses deux mains devant lui dans un signe d’apaisement. Ses yeux, parfaitement exorbités, étaient tous deux fixés sur l’épaulière du géant, où avait reposé un certain temps la carcasse sans tête, qui s’était petit à petit vidée de son fluide vital en le déversant sur l’armure en-dessous d’elle.
    “-Il faudrait juste que tu…Nettoies tout ce sang, avant de voir le patron.
    La colère sourde se calma quelque peu, le temps qu’un discret sourire apparaisse sur ses lèvres gercées par le vent glacial qui avait frappé sa chair, toute la semaine. Puis, constatant que ce conseil n’était pas une blague, un rictus bien moins enjoué vint déformer ses traits.
    “-Tu sais que je t’aime bien, Léo, pas vrai?
    Court silence. Le feu craqua et une volée de braise s’éleva au-dessus du réconfortant foyer alors que les gantelets griffus se refermaient sur eux-même. Comme deux gosses venant de se faire gronder, Gotrek et Eisyleij reculèrent lentement face à la menace grandissante du chef des Dévoreurs.
    “-Je sais, Al’.
    Ledit Al’ hocha la tête sans se départir de son attitude intimidante :
    “-Bien. Très bien. Maintenant, je veux que tu saches ça, aussi : parce que moi, je ne sais pas ce qu’il y a dans la putain de bouteille que tiens Eisy’, actuellement, mais, par contre, je vais te la fracasser sur la mouille d’ici quelques instants si tu ne me guides pas chez Dey’ avant maintenant.
    -Mais…
    -Maintenant, Léonard !
    Vaincu, le sous-fifre baissa littéralement les bras et se retourna en jetant un regard désabusé en direction de ses camarades, qui se contentèrent de s’écarter du chemin sans un mot. Sans grande surprise, Eisyleij souriait toujours, mais son sourire n’avait rien du stupide rictus d’éternel satisfait que l’elfe avait l’habitude d’afficher, de jour comme de nuit. Il y avait quelque chose, au fond de son regard, qui empestait l’inquiétude, peut-être même la tristesse. Et pas mal des Serres ayant croisé le chemin du Géant d’Airain, à l’extérieur, avaient affiché le même genre d’expression.
    Sans un mot de plus, Léonard le mena jusqu’à un escalier qu’ils empruntèrent dans un silence pesant, partiellement brisé par les murmures des deux soldats laissés derrière. Se refusant à laisser son imagination s’emballer, Alasker se contenta de suivre le blond, tapotant du pouce la longue chaine enroulée autour de son plastron. Le couloir sur lequel donnait ensuite l’escalier n’était pas très large, si bien que le lycanthrope dû se concentrer pour ne pas accrocher un élément de décoration avec la hampe de sa hache ou les cornes de son casque, qu’il retira d’ailleurs bien vite.
    “-Il est…Fatigué.” Conclut simplement Léonard en lui désignant du doigt une porte.
    Alasker acquiesça, non sans jauger son interlocuteur durant quelques battements de cœur. Lui aussi, il avait l’air fatigué. La lettre de Deydreus mentionnait également la mort de plusieurs Serres. Esteban faisait partie de la liste. Et Esteban n’avait jamais été l’un des moins compétents de la troupe.
    “-C’était si dur que ça, là-bas?” Risqua le lycanthrope en lui épargnant le poids de son regard d’encre, redirigé sur la porte désignée.
    Léonard se contenta d’hausser les épaules, avant de se coller au mur pour laisser le géant le dépasser.
    “-Va t’amuser fiston, t’as l’air d’en avoir besoin.” Ordonna finalement Alasker. Silencieusement, le concerné s’en alla.
    Puis, enfin, un poing d’airain, griffus et couvert de sang, alla toquer trois fois contre l'obstacle de bois se tenant entre lui et la fin de ses questionnements.
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    Deydreus Fictilem
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  • Mer 5 Avr 2023 - 18:37
    La nuit avait apporté une fraicheur nouvelle. Loin des rayons du soleil, Deydreus se sentait bien plus serein. Mais également bien plus torturé. Lorsque l'astre brulant avait entamé sa longue course vers l'horizon, la Soif avait gagné en intensité. Elle avait gratté, encore et encore aux frontières de l'esprit du reikois, violant sa psyché afin de l'emplir d'un désir féroce de violence et de besoin sanguin. C'était bestial. Instinctif. Troublant aussi. Car tout autour de lui, la Griffe avait la sensation de sentir le sang qui s'écoulait dans le corps des êtres vivants. Il avait l'impression, chaque fois que son visage quittait ses mains, de voir les cœurs battre. De les entendre. Alors... Il restait prostré dans un coin, tentant de retenir son propre corps de se jeter vers ses frères d'armes. Comme un être accroc à l'opium qu'on tentait de sevrer. Le sombre chevalier ferma alors ses yeux, cherchant à focaliser toutes ses pensées sur le son répétitif du feu qui crépitait dans l'âtre de la cheminée. En vain. Les bruits de pas avaient été lourds. Pressés. La voix rauque du lycanthrope avait traversé l'épaisseur du bois et était parvenue jusqu'aux oreilles du vampire qui releva difficilement la tête pour porter son attention sur le nouvel arrivant. Puis, Alasker avait frappé. Trois coups, qui résonnèrent dans l'esprit du guerrier comme le son d'une douce délivrance.

    - Entre.

    La porte grinça, puis la figure du géant d'airain dépassa le cadre de cette dernière. Lorsqu'elle fut enfin renfermée, Deydreus prit quelques instants pour inspecter l'armure de cuivre qui le dévisageait. Puis l'odeur ferreuse s'installa dans ses narines, vrillant son esprit. Alasker avait probablement lâché quelques mots à son égard. Une remarque cynique, ou piquante, concernant sa posture de clochard. Mais il n'entendit rien. Le sang qui recouvrait l'armure venait d'éveiller plus intensément la Soif. Elle l'avait stimulée violemment. Et avait permis au vampire de ressentir quelque chose de plus précieux. Le sang de son propre frère. Grommelant, Deydreus se releva, faisant un signe de main fatigué au lieutenant des Serres pour lui faire comprendre qu'il pouvait avancer. Qu'il était le bienvenue. Puis, dans un claquement sonore, Deydreus s'élança. A pleine vitesse, le reikois courait griffes et crocs dehors vers celui qu'il avait toujours considéré son ami. Peut-être était-ce pour cela, en vérité, qu'il s'en détourna lorsqu'il arriva à son niveau, glissant sur le parquet telle une anguille pour venir enfoncer de son poing sanguin le mur se trouvant derrière le loup-garou. Râclant ce dernier de ses doigts griffus, le chevalier aux yeux vairons se retourna lentement, fixant son frère dans un long soupir.

    - Désolé... l'odeur... est... Si forte... Elle a failli me faire vriller.

    Il balaya sa longue chevelure d'ébène, révélant un visage fatigué. Une chose paradoxale, quand on savait qu'il n'avait plus besoin de dormir. Sa bouche s'entrouvrit légèrement, dévoilant ses deux grandes crocs à son camarade. L'odeur était là, encore, et son esprit demeurait embrumé.

    - J'espère que la route n'a pas été trop longue Alask'... Il grogna, lâchant finalement le mur pour faire complètement face au chef des Dévoreurs. J'ai trouvé un moyen de vaincre le sang béni... Mais... Je suis devenu un vampire Alasker.

    Ses propres mots le frappèrent avec férocité. Comme s'il prenait, de nouveau, parfaitement conscience de son propre état. Deydreus avait choisit sa voie, il avait fait un choix. Grave. Mais qui l'avait sauvé d'une malédiction plus infecte encore que ce qu'il subissait à présent. Malheureusement, la Soif s'était avérée bien plus forte que ce qu'il n'avait crut. Bien plus présente. Dans un nouveau soupir, le reikois trembla presque en sentant de nouveau l'odeur ferreuse qui siégeait sur l'armure de son camarade.

    - Cela fait des jours que je ne me nourris pas. Que je ne bois pas. J'ai pensé que cela me permettrait de combattre un peu plus cette maudite soif. Mais... En vérité... Cela ne fait que m'affaiblir. La Soif, elle. Est toujours présente. Elle ronge mes pensées. Mes raisonnements. Est-ce que c'est ça que tu ressens, au quotidien?

    Il grogna de nouveau, glissant de sa position vers une table de chêne dont le bois avait été marqué par les nombreuses traces de griffes que Deydreus avait laissé. Une fois au niveau du mobilier, il se laissa tomber lourdement sur la chaise se trouvant près d'elle, invitant d'un signe de main Alasker à avancer, même s'il n'était pas réellement convaincu que son ami accepterait de se rapprocher de lui. Surtout après ce "presque-assaut".

    - J'ai besoin d'aide, Alasker. J'ai besoin de toi. Aide moi à vaincre ce mal. A le dominer. A me laisser reprendre le contrôle. J'ai réussi à me défaire du sang béni et ainsi échapper à une mort atroce... Je ne veux pas devenir une bête assoiffée de sang. Il soupira, plongeant son regard vairon dans les yeux noirs de son frère. Je veux être comme toi. Et dominer ma propre bête.

    Sa voix était cassante. Lui qui avait terrassé bon nombre d'adversaires. Lui qui avait affronté l'Empereur sans trembler. Se retrouvait actuellement à demander de l'aide. Mais en vérité, peu lui importait. Alasker avait partagé ses combats. Ses douleurs. Ses plaies. Alors. Peu lui importait qu'il vienne lui demander assistance. Car, il se serait jeté dans le plus grand des brasiers pour le lycanthrope. Il n'y avait pas de honte entre eux. Pas d'égo. Ils étaient ça. Des frères. Qui ne partageaient pas le même sang, mais dont le lien était plus fort que n'importe lequel des préjugés.

    - Je ne sais pas si ce qui gratte dans mon esprit peut être calmé comme la bête qui rôde dans le tiens. Mais. Putain. Il faut essayer.

    Il attrapa alors la gourde qui se trouvait devant lui, l'ouvrant pour regarder ce qu'il y avait dedans. Puis, dans un soupir, il la lança à son ami.

    - Est-ce que tu pourrais passer le goulot de la gourde contre ton armure? Les quelques gouttes de sang qui s'y trouvent devraient me rassasier au moins pour ce soir. Il ricana légèrement, fatigué. Je t'avoue ne pas avoir spécialement envie de venir lécher tes épaules Alask'.

    L'humour revenait. Bien, cela voulait dire que la Soif lui laissait un peu de répit. Pourtant, chaque fois qu'il observait son frère d'armes, le vampire semblait voir le sang "glisser" dans les veines du géant d'airain et les battements de son cœur lui parvenaient comme un tambour de guerre galvanisant des troupes avant un assaut. En attendant la réaction du loup-garou, Deydreus attrapa la missive du bourgmestre qui siégeait devant lui, l'ouvrant de nouveau.

    - Outre mon état, qui est honnêtement la principale raison de ta venue, la ville est en proie à divers menaces. Des cultistes, des rebelles et une prétendue wyverne. Il soupira, déposant la lettre au bout de la table. Et il y a aussi le fait que trois d'entre nous sont morts. On s'est occupés de leur funérailles comme je te l'ai indiqué. Mais les gars ont pris un coup au moral, même vengés. Avec mon état, ils ont aussi besoin de toi. J'ai, besoin de toi.

    Il se releva finalement, se dégageant de la table pour venir porter sa main sur son armure noir et les deux lames runiques qui siégeaient à ses côtés. Dans l'acier noirci, le reikois put observer son propre reflet, et l'éclat brillant de ses yeux vairons. Attrapant le heaume et le posant sur son crâne, le vampire soupira longuement, satisfait de sentir l'acier froid enserrer sa peau. Puis, il tourna la tête vers le lycanthrope.

    - Alors, on commence par quoi?

       


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  • Mer 12 Avr 2023 - 16:53
    En Sekaï, il existe peu de vérité aussi immuable que celle-ci : Les monstres savent se reconnaître entre eux. Celles et ceux qui vivent pour faire couler le sang et les larmes, que ça soit par nécessité physiologique ou par pure passion, sont liés les uns aux autres par ce singulier et lugubre désir de mort à tel point qu’il suffit souvent d’une lueur, d’un indice, siégeant tout au fond du regard de l’autre, pour que deux abominations se découvrent une inhumanité partagée.
    Alors Alasker avait su, en entrant dans la pièce, que quelque chose de dangereux s’était emparé de Deydreus. Pire, lorsque son odorat surdéveloppé s’était mis à sonder l’atmosphère régnant sur place pour découvrir la senteur répugnante du sang infecté parcourant les veines du chevalier noir, le géant d’Airain avait même hésité à empoigner sa hache. Hélas, il connaissait cette odeur, puisque la voie sanglante qui était la sienne l’avait déjà amené à rencontrer un vampire, des années auparavant :

    Avant les Dévoreurs, les Serres et Deydreus, Alasker n’était qu’Iratus : le monstre d’une arène conçue pour satisfaire la soif sinistre de spectateurs trop faibles pour parcourir eux-même les champs de batailles en quête d’adversaires et de victimes. Au cours d’une nuit de pleine lune, il s’était retrouvé -une fois de plus- contraint de piétiner ce sable toujours affamé. Ce soir-là, alors que la fourrure noire de sa forme lupine se voyait éclairée par d’innombrables torches enchantées aux flammes bleuâtres, suspendues aux quatres coins de son terrain de chasse, le lycanthrope avait découvert qu’il était la principale animation d’un évènement spécial, d’une soirée ayant apparemment pour but de “fêter la mort”. Pour une créature aussi vile que celui qu’il était alors, les pépiements de la foule et les élucubrations du hurleur chargé d’exciter celle-ci n’avaient aucun intérêt ni le moindre sens. Le loup, ainsi éveillé, souhaitait simplement mouiller ses crocs de sang, plonger son museau dans une carcasse de plus et satisfaire son appétit en terrifiant -comme de coutume- les pleurnicheurs venus pour lui.
    Seulement, cette fois, le public n’était pas venu pour lui. Pas beaucoup, du moins. Le loup n’était pas la vedette, mais la proie ultime d’un autre prédateur :
    Il se nommait Carminae Nox et plus rien, chez lui, n’évoquait quoique ce soit d’humain. Ses longues et violentes années d’existence l’avaient métamorphosé en une sorte de cauchemar bipède. Son derme grisâtre, totalement imberbe, rappelait davantage le cuir d’un animal que la peau d’un humanoïde. Son crâne chauve était encadré par deux longues oreilles pointues parfaitement grotesques mais percevant bien trop de choses pour un être mortel. Son nez s’était fondu à son visage pour ressembler à l’abominable groin d’une chauve-souris et deux perles parfaitement noires lui faisaient office d’yeux. Son absence de lèvres lui donnait un air grimaçant perpétuel, rendu à la fois grotesque et inquiétant par la présence de crocs démesurés débordant de sa gueule et mordant constamment ses propres chairs à tel point qu’un sang noirâtre perlait sans arrêt de son menton fendu en deux. Sa silhouette longiligne se voyait encore agrandie par la présence de deux ailes aux membranes rougeâtres et terminées par des dards aussi longs que les crocs de sa proie. Comme Iratus, il allait sans armure ni protections, mais les ressemblances s’arrêtaient là.
    Carminae Nox n’était pas un esclave gladiateur mais une célébrité. Un monstre ayant embrassé la carrière de l’arène pour pouvoir se nourrir sans avoir à rendre de compte et, par la même occasion, devenir célèbre pour sa sauvagerie et sa cruauté. A l’inverse du lycanthrope, il n’avait pas à subir les mauvais traitements de geôliers avides de douleurs. Les griffes terminant ses doigts incroyablement longs étaient contemplées avec un mélange de respect et de craintes - non pas avec dégoût - quand bien même son apparence de vers glabres et ailés paraissait mille fois plus révoltante que celle du loup.
    A son entrée dans l’arène, on l’avait acclamé comme un héros revenu d’une mission difficile, couronné de succès. La foule s’était mise à scander son nom, le révélant à son adversaire rendu quelque peu perplexe par son apparence si…profondément malsaine.
    Ils ne s’étaient pas salués. Le loup était trop sauvage pour cela et Carminae Nox trop suffisant. Iratus s’était simplement jeté sur cette nouvelle atrocité en hurlant toute sa rage et sa rancoeur au travers de sa gueule garnie de crocs.
    Le vampire s’était envolé pour aussitôt se dédoubler, puis se tripler. Bientôt, au-dessus du lycanthrope, huit cauchemars au nez fendu, parfaitement identiques, fixaient leurs regards malveillants, droit sur son coeur battant.
    De la magie d’illusion. Une ruse de lâche, que le loup-garou avait rapidement déjoué en s’aidant non pas de sa vision mais de sa truffe. Car Carminae Nox était peut-être une sommité dans le monde des gladiateurs monstrueux, mais le sang noir s’écoulant de son horrible gueule puait autant qu’un charnier de corps éventrés pourrissant sous un soleil de plomb.
    D’un bond, il s’était jeté sur le véritable jeteur de sort qui avait esquivé au dernier moment.
    Et jamais plus Carminae Nox ne l’avait sous-estimé, durant la suite de leur affrontement.
    Plus tard, le loup-garou avait appris que cette puanteur âcre qu’il supposait insupportable pour tous ne s’avérait, en général, pas même décelable chez le commun des mortels. Ainsi, il fallait posséder les sens d’un monstre pour en sentir un autre.

    Alors, oui, le premier réflexe qu’Alasker avait dû réprimer, en entrant dans la salle où vivotait son meilleur ami, s’était avéré être défensif, viscéral, bestial. Celui d’une créature de la nuit songeant à montrer les crocs pour mettre en garde un vis-à-vis, un rival, un ennemi. Étouffer cette idée, ce besoin, n’avait pas été une mince affaire, mais, au final, nul gantelet d’airain n’était venu troubler le repos de la Salvatrice.
    Pas même lorsque Deydreus s’était jeté sur lui.

    Maintenant, après tout ça. Après cette révélation qui ne faisait que confirmer les craintes du géant. Après ces aveux déchirants, cet appel à l’aide, prononcé par le seul homme qu’Alasker n’aurait jamais cru voir un jour dans telle situation…Il y avait le silence. Une réponse adaptée, certes, pouvant paraître -en fonction de l’interprétation- soit terriblement impitoyable, soit simplement paisible. Les lèvres closes, le lycanthrope s’efforçait d’assimiler ces nouvelles informations avec voracité, repoussant sa confusion, sa peine, pour ne s’intéresser qu’aux faits et aux possibilités futures.
    La malédiction qui empoisonnait le sang de Deydreus possédait certes quelques similitudes avec celle à l’origine du loup, mais elle lui semblait, hélas, bien plus retorse et…Inexorable.
    Un loup-garou pouvait passer sa vie sans jamais céder à la tentation de la lune, si son esprit était suffisamment discipliné. C’était le cas de son frère, Zachiel, qui n’avait de toute façon jamais goûté à la perspective des boucheries offertes par les formes bestiales. Si le soleil et, globalement, toute autre source de lumière pouvaient s’avérer douloureuses pour un jeune garou, l’expérience changeait cela, la rendait supportable. Apprivoisable.
    D’aussi loin qu’il se souvenait, Alasker n’avait jamais entendu parler d’un vampire n’ayant pas cédé à l’appel du sang. Aucun d’entre-eux ne pouvaient s’arroger le droit d’arrêter de souffrir face à l’astre solaire. Et si quelques rares élus se montraient suffisamment futés pour ne pas devenir des prédateurs ayant à peine forme humaine, il y avait fort à parier qu’aucun d’eux ne pourraient parvenir à conserver un esprit tout à fait froid sur un champ de bataille baignant dans le sang, ce qui était précisément, jusque là, la spécialité de son frère d’arme et ami. Peut-être qu'à la fin, tous les vampires finissaient aussi laids et inhumains que le bon vieux Carminae Nox. Alors, est-ce que sa propre expérience de loup-garou pouvait servir à aider Deydreus?
    A quoi bon se poser cette question, à dire vrai. Comme l’avait dit son ami “il fallait essayer”, de toute façon.

    Finalement, un profond soupir filtra de ses lèvres closes. Debout, au beau milieu de la pièce, le géant d’Airain considéra la gourde dans sa main avec un mélange d’amusement et de dubitation. Au final, il la renvoya au vampire nouveau-né avant de lui tourner le dos pour marcher vers la sortie de la pièce :
    “-Je reviens.
    Sans rien ajouter de plus, le géant s’éclipsa en refermant la porte derrière-lui. Avec empressement, il rebroussa le chemin précédemment emprunté, traversant le couloir sans se soucier des armures exposées qui grincèrent au contact de ses épaulières ou de la hampe de la Salvatrice. Arrivé à l'escalier, Alasker descendit les marches quatre à quatre pour rejoindre le hall d'accueil au sein duquel flânaient toujours Léonard et les autres. Sous leurs yeux rendus brillants par l'alcool, il traversa la pièce et ouvrit la porte d'entrée pour se saisir de la carcasse du sanglier étêté et l'emmener avec lui.
    Personne, cette fois, n'osa piper le moindre mot.

    "-Voilà." Gronda le géant, une fois de retour dans la demeure de Deydreus, en déposant la carcasse sur la table la moins chargées de papiers. "Il a saigné un peu sur le trajet, mais il en reste bien assez pour remplir une gourde si tu coupes bien."
    Ceci dit, Alasker se passa une main gantée le long du visage pour essuyer la fine pellicule de sueur qui s'y était agglutinée. Sa main libre alla se saisir d'une chaise, qu'il retourna de sorte à pouvoir poser ses coudes contre le dossier, qui grinça méchamment sous son poids.
    "-Maintenant, je veux que tu me racontes tout ce qui s'est passé pendant mon absence, Dey. N'omets aucun détail. Je veux comprendre comment on en est arrivé là."
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  • Jeu 13 Avr 2023 - 10:53
    Lorsque son frère d'arme quitta la pièce, Deydreus laissa un long et puissant soupir quitter sa gorge. A mesure que son camarade s'éloignait, le vampire sentait de moins en moins son cœur battre. La Soif, bien que toujours présente, se terrait dans les méandres de son esprit comme une bête patiente, attendant que sa proie ne revienne rapidement à sa portée. Ce qui fut le cas, d'une certaine manière. Quand le géant d'airain passa de nouveau la porte, accompagné cette fois d'une carcasse de sanglier, l'être aux yeux vairons haussa un sourcil un peu étonné de la prise de son ami. Il n'était pas spécialement étonné vis à vis de la petite chasse qu'avait effectué le loup, mais plutôt de la façon dont il venait de lui poser la bête afin qu'il puisse lui même se servir. Se contorsionnant donc afin de passer la gourde contre une plaie ouverte, le vampire appuya férocement sur cette dernière afin d'accélérer la coulée du liquide carmin. Une fois chose faite, la Griffe porta le goulot contre ses lèvres et savoura silencieusement la raisiné qui s'écoulait au travers de sa gorge. La Soif se calmait. Elle s'endormait comme un enfant gavé et lâchait enfin son emprise sur les pensées et l'esprit du sombre guerrier qui jeta la gourde contre la table une fois sa dégustation achevée.

    - C'est infect. Le sang des animaux est vraiment dégueulasse. Un léger rire fatigué quitta sa gorge tandis qu'il portait son regard sur son ami. Merci à toi.

    Il observa ensuite le lycanthrope tandis qu'il venait se poser contre la table qui les séparait. Tout ce qu'il s'était passé? Tout ce qui les avait mené jusque là? Hum. A vrai dire, il y avait beaucoup à dire. Si le géant d'airain était au courant de nombreuses choses, dont l'existence de Luvïel et le mal qui touchait autrefois Talia, il n'avait forcément pas été mis au courant pour ce qu'il s'était passé dans les ruines et à Plumenoire. De nouveau, un long soupir quitta la gorge du chevalier tandis qu'il se positionnait pour prendre une position confortable.

    - Comme tu le sais, tout a commencé avec le duel contre l'Empereur. A mon réveil, tu étais le premier à voir ce bras et la couche écarlate qui le recouvrait. L'affliction qui coulait dans les veines de Talia coulait visiblement également dans les miennes. Et ce mal s'était éveillé lorsque j'avais frôlé la mort. Je me suis donc mis à chercher, guidé par quelques renseignements ici et là. Rien ne semblait véritablement aboutir, jusqu'à ce que je ne tombe sur une harpie. Flutrina, qui se montra coopérative une fois que ses amies avaient été terrassées. Je ne sais trop pourquoi mais elle s'est liée d'amitié avec la troupe et après quelques échanges, elle nous mena dans des ruines où se trouvaient des gisements de rhatonite. Un soupir. J'ai de nouveau failli mourir là bas, accélérant l'avancée de ce que j'apprenais être le sang béni. Le gisement fut détruit, et une nouvelle piste me mena jusqu'au refuge de Plumenoire. C'est là bas que se trouvait le vampire qui m'a transformé, et son foutu fils, qui tua trois des nôtres. Il marqua une nouvelle pause, repassant tous les événements dans son esprit. Et il y a tout le reste... A commencer par ces foutus rêves. Trop réels pour n'être que des fables fabriquées par mon esprit malade.

    Deydreus reprit alors son récit, parlant de chacun de ses songes. De la Mère des Corbeaux, ainsi que de l'Ombre qui l'avait aidé à trouver une solution pour son mal. Et de la volonté du démon de le guider, de l'assister dans sa tâche. Comme l'avait demandé son frère, la Griffe n'épargna aucun détail. De ses doutes, ses craintes, en passant par sa rage et la douleur de sa transformation. Rien ne fut laissé dans le noir. Pour peu, le reikois aurait souhaité que son ami puisse directement plonger dans son esprit pour tout revoir afin qu'il soit certain que ce dernier ne considère pas la moindre parole comme une excuse ou un mensonge potentiel. Bien qu'il doutait fortement qu'Alasker puisse remettre en cause la véracité des faits. Surtout compte tenu de la douleur avec laquelle le sombre chevalier les racontait. Attrapant alors une bouteille d'hydromel, Deydreus en versa le contenu dans deux petites coupes, en tendant une au loup garou tandis qu'il se rinçait la gorge avec le liquide alcoolisé.

    - Au moins, je n'ai pas perdu le gout des choses. Il ricana doucement. Depuis notre retour, je ne fait que tenter de maîtriser cette soif affreuse, et j'essaie d'adapter mon corps aux rayons du soleil. Pour le moment, je ne peux rester exposé qu'une trentaine de minutes avant que ma peau ne commence à brûler. Fort heureusement, ma régénération semble plus ou moins retarder le processus. Je ne sais pas si je pourrais un jour tenir plus de vingt-quatre heures sous le soleil, mais je me dois d'essayer. Je refuse de devenir l'esclave de ma propre condition.

    Il plongea son regard vairon dans les yeux noirs de son lieutenant, attendant une potentielle réaction. Puis, il se releva doucement, avançant vers son armure pour retirer des sacoches s'y trouvant la carte qu'il avait obtenu dans les ruines. La déposant sur la table, le reikois ouvrit cette dernière et pointa du doigt les différentes zones d'intérêts.

    - Je sais que mon état actuel est prioritaire et qu'il nous faut trouver un moyen de contenir cette maudite soif, mais sache que j'ai envoyé les coordonnées de ces points à l'Oreille, afin qu'il puisse envoyer ses hommes dans ces zones pour voir si quelque chose apparait. Si tel est le cas, nous irons explorer ces ruines. Outre les dangers potentiels, nous pourrions y trouver des gisements importants pour l'économie impériale. Si nous voulons une armée forte, il nous faut des fonds.

    Le naturel de Deydreus revenait au galop, la soif calmée. Il redevenait le leader froid qu'il était. Stratège. Pragmatique. Le monde continuait d'évoluer autour de lui, et sa propre condition ne devait pas venir empiéter sur son devoir. Tout comme ses pensées pour l'Ange ne devaient pas entraver ses gestes. Il refusait de perdre le contrôle, de ne plus être lui. De ne pas se reconnaitre dans ses gestes comme sa mentalité. Il était bien plus que cela. Sortant de ses pensées tandis qu'il regardait le loup-garou et écoutait ses réponses, le vampire enchaina par la suite.

    - Enfin bref. Tu sais tout à présent. De mon état, à nos missions en attentes. Je réitère donc ma question de tout à l'heure. Par quoi commençons nous? As-tu des idées me concernant?


    Solem insidiosa [PV Alasker] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Ven 21 Avr 2023 - 12:49
    Au sein du récit de Deydreus se trouvait un détail troublant, terré au milieu des combats et des morts. Ca n’avait rien d’aussi tape à l'œil que la domination d’une bande de harpies errantes ou la découverte d’une naine maudite d’une vie éternelle, non, c’était à la fois plus insidieux et discret :
    Ces rêves. Deydreus rêvait. Et ce qui venait sans cesse lui parler, encore et encore, durant ces nuits étranges où la réalité se confrontait au domaine onirique avec bien trop de netteté, ne pouvait pas…Ou plutôt ne devait pas, être simplement issue de l’imagination débordante de son frère d’arme, l’inverse impliquerait trop de complications auxquelles Alasker se refusait à penser, par crainte qu’elles se réalisent. Deydreus était trop solide pour céder à la folie. Si il lui soutenait que la folie du sang béni avait été domptée par son vampirisme naissant, qui était-il, lui, le limier, le bourreau, le berserker fou à lier, pour douter du bien fondé de cette décision?
    Et puis, surtout, à quoi bon? Le mal était fait, littéralement. La seule chose qui restait à faire, c’était le soigner. Ou du moins essayer. Que la peste emporte tout ce qui restait de Talia et de sa foutue maladie.

    D’agacement, le géant souffla sur son unique mèche de cheveux blonds, dans l’espoir de la chasser de son champ de vision. Ses gantelets d’airain vinrent se saisir d’une des pattes du sanglier exsangue et, d’une torsion, il sépara le membre du reste du corps pour immédiatement plonger ses crocs inhumains en son sein. Chair et poils furent engloutis avec indifférence, le lycanthrope étant habitué à pareille pitance depuis bien longtemps. Seulement, cette fois, il n’était plus le seul à profiter d’un repas aussi…Sauvage. C’était si tragiquement amusant de voir Deydreus se nourrir de sang bestial tel un monstre de comptine pour enfant avant de reprendre son rôle de chef de troupe.
    D’un revers de main, le géant balaya les restes de chairs et d’os de son visage marqué par une vie de guerre avant de rediriger son attention vers la carte occupant désormais toute l’attention de son frère d’arme. Les traits durs du géant s’adoucirent l’espace d’un instant alors qu’il se surprenait à ressentir un élan de compassion pour le héros déchu, penché au-dessus d’un énième plan de campagne. Comment les gars allaient-ils le prendre, à la longue? Les Serres Pourpres avaient toujours eu besoin d’un chef froid accompagné d’un monstre rageur, pour tenir leurs rennes. L’équilibre risquait d’être brisé, si Deydreus se changeait en sangsue ailée, sitôt la nuit tombée.
    “-Je pense qu’on peut oublier cette histoire de mission pour l’instant, il y a plus important, là.” Estima Alasker en se grattant l’arrière du crâne. “Ton histoire de vampirisme tombe mal, parce que t’es plus simplement le patron des Serres Pourpres.
    Pour ponctuer cette observation, le géant désigna, de la pointe de son menton, le bras “cicatrisé” de son comparse. Le duel avec l’empereur avait tout changé. Les Serres Pourpres étaient passés de simple troupe d’élite à “troupe personnelle de la Griffe Impériale”. Ce qui aurait pu être dissimulé ad vitam aeternam était désormais condamné à fuiter, d’une manière ou d’une autre, en l’espace de quelques jours. Moins, si jamais l’empereur employait des espions pour s’assurer de la loyauté de ses plus proches sujets. Ce qui impliquait que l’instabilité de Deydreus devait être traitée au plus vite s'ils ne voulaient pas tous, un matin, se réveiller avec la gorge tranchée. On ne pouvait décemment pas laisser l’un des membres de la main du Reike bouffer ses sous-fifres, ça ferait mauvais genre.
    “-J’ai bien quelques idées pour t’aider à…Te dompter, disons. Mais ça ne va pas être simple, ni particulièrement agréable, Dey.
    Les crocs du lycanthrope se découvrirent et l’un de ses yeux se mit à cligner de manière frénétique. Le loup en lui détestait se souvenir de son apprentissage. Se rappeler de l’instant où l’homme avait pris le contrôle sur la bête, c’était admettre une défaite aussi décisive que douloureuse. Et il se vengeait en faisant saigner les parois de son esprit, plantant ses griffes dans la gélatine du cerveau, traçant de longs sillons sanglants à l’intérieur de ce crâne cabossé, vétéran de mille supplices.
    Secouant la tête pour tenter de chasser au moins une partie de ses douloureux songes, Iratus se corrigea:
    “-En fait, si on s’engage sur cette voie, tu vas souffrir au-delà des mots, mon ami.” Il détestait devoir dire de telles choses à un frère, mais nulle autre solution ne lui paraissait possible, actuellement. La voie de la souffrance était intrinsèque à celle du prédateur. Monstruosité et souffrance se croisaient, inlassablement, tout au long de l’existence de ceux qui choisissaient de se repaître des autres. On s’habituait, à la longue. Mais au début…Lors du premier croisement…
    Les crocs du géant se serrèrent. Un crissement s’extirpa de ses mâchoires bloquées, tandis qu’il partait se servir un autre verre d’hydromel.
    “-Je ne peux pas vraiment te promettre que ça va traiter complètement ton mal. Ce que je pense faire, c’est simplement une version…Adaptée, de ce qu’on inflige à un loup ne sachant pas maîtriser ses moments de rage. Et pour mater un cabot mal luné, il n’y a rien de tel que la peur et la souffrance.
    D’un geste, il précipita le contenu du verre rempli tout au fond de son gosier puis se détourna du contenant comme du récipient pour diriger son regard vers le chevalier noir. Les ténèbres siégeant dans les yeux du lycanthrope vinrent sonder la glace empoisonnée de son vis-à-vis nouvellement maudit et crurent y déceler un semblant de doute n’ayant strictement rien à voir -il le savait- avec de la faiblesse.
    “-On ne sort pas indemne de ce type de traitement, Dey’. Je ne te parle pas de quelques heures passées à mâcher du verre ou une connerie de rituel barbare. Là, il est question de jours, peut-être de semaines, passées à souffrir pour dompter tes appétits. Pour repousser la bête en toi. Ça va être long, ça va te paraître éternel. Mais je ne sais pas…Peut-être qu’avec quelques ajustements, ça pourrait marcher.
    Finalement, il tira un siège jusqu’à lui pour s’asseoir et attendre. Attendre que la tension retombe, que ses souvenirs s’en aille, et que son esprit retors cesse de découvrir de fausses similitudes entre les traits tirés par la fatigue de Deydreus et ceux, monstrueux, du défunt Carminae Nox.
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  • Ven 21 Avr 2023 - 19:14
    Un long soupir fatigué s'échappa de la gorge de Deydreus lorsqu'il écouta son ami. Les options qui se présentaient à lui étaient à la fois limitées et terriblement dangereuses. Que ce soit pour lui, ou pour le géant d'airain. Des solutions qui ne l'enchantaient pas mais qui, malheureusement, étaient inévitables.

    - Quels sont mes choix en vérité? Je refuse de me laisser dévorer par une Soif qui n'est pas mienne. Je refuse de devenir une bête dépourvue de raison. Je garderai le contrôle Alasker. Sur moi. Sur tout.

    Il se leva alors, marchant doucement pour à son tour venir se verser une coupe d'hydromel qu'il savoura dans une longue gorgée. Le liquide alcoolisé lui faisait du bien et, au moins, ne venait pas lui donner l'impression de boire une soupe de mauvaise qualité. Déposant par la suite le contenant, le vampire s'approcha d'une des vitres de sa chambre, observant les quelques rares habitants qui marchaient encore dans les entrailles ténébreuses de Pleurs-la-cendre.

    - Peu m'importe la souffrance endurée. Je veux essayer. Et puis, de toi à moi, je refuse que les hommes pâtissent de ma situation. Je refuse de les décevoir. Il se retourna alors vers le lycanthrope, ses yeux vairons brillant d'une résilience certaine. Quand partirons-nous?

    Le reikois écouta alors silencieusement la réponse de son ami, acquiescant doucement face aux différentes conditions que lui imposait le loup-garou. Puis, les deux frères d'armes se saluèrent. Le voyage avait été long pour Alasker. Ereintant. Pénible. Et Deydreus ne doutait pas une seule seconde que son compagnon d'armes devait être épuisé. Non pas que physiquement, mais émotionnellement. Parcourir des lieus afin de venir en aide à quelqu'un que l'on considère... Voila qui était une tâche particulièrement stressante et épuisante. Alors... Le vampire remercia son ami et l'invita à prendre congé. Il valait mieux que le lieutenant des Serres se repose pleinement. Deydreus, lui, veillerait jusqu'au matin. Il continuerait de focaliser toute son attention sur les quelques ombres dansantes dans les ruelles plus bas, ses yeux glissants sur les différents battements de cœur que sa nature vampirique pouvait percevoir et luttant inlassablement contre la Soif qui tiraillait son esprit. Au final peut-être était-ce là aussi la chose qui le tourmentait le plus. Cette interminable attente. Le fait de ne pouvoir s'occuper autrement que par la contemplation et la discipline personnelle car il se devait de se retenir. De ne pas céder. Aussi sauvé était-il, le vampire se percevait comme prisonnier de sa propre condition.

    Quand le soleil gratta enfin l'horizon, Alasker était déjà parti. Levé aux aurores, le lycanthrope n'avait laissé qu'une simple indication à son ami. "Je viendrai te chercher". Soit. Deydreus allait donc attendre. Pour autant, le vampire ne comptait pas se laisser aller et ne souhaitait pas rester passif. Alors, comme chaque matin, le sombre chevalier tira l'un des nombreux rideaux, plongeant dans la pièce quelques rayons particulièrement lumineux. Et comme à chaque fois, la Griffe y passa son corps. La chaleur du soleil, autrefois apaisante, s'était muée en quelque chose de profondément douloureux. Chaque rayon qui venait caresser sa peau entrainait toujours une brûlure naissante qui n'était ralentie et entravée que par la régénération magique de l'être vampirique. Grimaçant, Deydreus resta dans l'aura de lumière, sentant la peau de son visage fondre peu à peu. Dans toute la pièce, une odeur désagréable de chair brulée s'installa, remplaçant l'odeur ferreuse issue de la carcasse de sanglier déposée la veille. Autour du reikois, la fumée qui se dégageait de ses brulures lui donnait un air démoniaque. Irréel. Et, d'une certaine manière, le reikois s'amusa à faire un comparatif avec la forme ombreuse qui venait lui parler dans les nuits les plus obscures. Peut-être, qu'un jour, il finirait comme ça lui aussi.

    Quittant finalement l'aura de lumière pour retourner dans les ombres, le sombre chevalier était haletant. Il n'était resté qu'un peu moins d'une heure au soleil et, déjà, il sentait qu'il atteignait ses limites. Il y avait encore de l'entrainement à faire. Beaucoup. S'il désirait un jour retrouver toute sa stature et ne plus craindre la moindre faille dans ses protections d'acier comme si l'une d'entre elle pouvait provoquer une réaction en chaîne qui mettrait fin à sa propre existence. Lorsque son corps eut fini de se reconstruire, le vampire se dirigea silencieusement vers la grande baignoire qui attendait. Prenant l'un des seaux d'eau qui se trouvait à côté, le reikois y déversa tout le contenu dans l'installation de marbre avant de finalement retirer tous ses vêtements pour s'immerger presque entièrement dans l'eau froide. Savourant le frisson qui glissa le long de son corps couturé de cicatrices, le sombre chevalier ferma quelques instants les yeux, plongé dans une soudaine mélancolie. La vie était parfois étonnante et, retraçant toute son existence, le guerrier s'amusa à noter intérieurement toutes les fois où il avait échappé à la mort. De longues minutes s'écoulèrent ainsi. Peut-être même une heure ou deux. Observant sa peau qui refusait de se friper malgré la durée de son immersion, le vampire se décida tout de même finalement à quitter la baignoire une fois ses ablutions réalisées. Puis, enfilant des vêtements propres, le chevalier commença à enfiler son armure noire. Ne sachant pas ce que le lycanthrope lui réservait, il fallait mieux se préparer à toute éventualité. Silence et Hurlement, elles, attendaient silencieusement que l'être aux yeux vairons ne les saisissent pour les placer dans son dos. Une fois chose faite, le reikois quitta sa chambre pour regagner l'entrée du manoir.

    Comme d'habitude, ses hommes étaient tous prêts. Ils se tenaient là, à blaguer plus ou moins entre eux mais à toujours demeurer à leur poste. Une grande fierté traversa la poitrine du vampire lorsqu'il posa ses yeux sur ceux dont la fidélité était sans limite. Ceux qui faisaient partis de sa meute et qui ne le trahirait pour rien. Remarquant Esyleij et Vivien qui discutaient, l'être au regard hétérochrome marcha doucement jusqu'à ces derniers. Quand ils l'aperçurent, les deux fantassins le saluèrent avant de reprendre doucement leur discussion. S'il ne dit rien, Deydreus fut tout de même soulagé de lire sur le visage de ses hommes toujours la même dévotion. Malgré sa nature changée, ils demeuraient toujours aussi fidèles. Après tout, ils avaient traversé l'enfer à ses côtés, et en étaient ressortis. Même s'ils pleuraient trois d'entre eux. Puis la lourde porte du manoir s'ouvrit enfin, révélant l'énorme corpulence du géant d'airain. Ce qui entraina directement chez le vampire un sourire carnassier. Il avait de l'appréhension, ne sachant pas ce qui l'attendait. Mais étrangement, le vampire ne pouvait s'empêcher d'être pressé par l'idée de commencer sa tâche. Car si sa curiosité le dévorait, il devait bien reconnaître qu'il souhaitait au plus vite commencer à maîtriser sa propre Soif de sang. Portant son heaume d'acier pour le placer ensuite sur sa tête, l'armure noire se rapprocha du loup-garou pour venir ancrer ses yeux vairons dans les orbites ténébreuses de son frère d'armes.

    - Alors Alasker, tout est en ordre? Nous allons pouvoir y aller?


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    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Sam 22 Avr 2023 - 16:22
    Nox n’avait rien d’un combattant ordinaire. En plus des sorts d’illusions, le vampire connaissait tout un tas de subterfuges allant de la télépathie à la régénération partielle, en passant par les sorts élémentaires de foudres. Qui plus est, c’était un épéiste émérite, qui usait d’une sorte de glaive de bronze infusé des pouvoirs du tonnerre pour faire pleuvoir un torrent de coups sur le cuir de son adversaire lycanthrope sans jamais montrer le moindre signe de fatigue ou de faiblesse. Là où sa lame ne mordait pas, les pics terminant ses ailes membraneuses ne manquaient jamais de prélever leurs parts de chairs et de sang, déversant, à chaque piqûre, quelques gouttes de venin nocif dans les veines de plus en plus douloureuses d’Iratus.
    Un adversaire rapide, versatile et malin. Une parfaite combinaison, à la létalité aussi évidente qu’inégalabe.
    Iratus l’avait tué en fourrant son museau gluant de sang tout au fond de sa gorge ouverte, pour mâchonner sa carotide, la coller tout contre sa colonne vertébrale, jusqu’à ce que sa tête maudite se détache de ses hideuses épaules. La foule n’avait pas applaudit, elle s’était épuisée à hurler et encourager le vampire durant les deux heures ayant précédé la fin de la chasse. Inconsolables, les spectateurs étaient restés bouches-bées lorsqu’un coup de griffe avait su passer entre les lames, les dards et les crocs pour venir ouvrir la chair fragile, en-dessous du menton de la bête ailée. En goûtant le sang du vaincu pluri-centenaire, le lycanthrope avait découvert qu’il avait un goût de…Cendres. Comme si toute vitalité s’était échappée de ses veines depuis bien longtemps, que l’appétit que la chose maudite avait pour le fluide vermeil s’expliquait par le fait que le sien s’était, tout simplement…Éteint. Une étrange découverte, qui n’avait pas suffit pour freiner le festin du vainqueur. Les griffes avaient ouvert la cage-thoracique pour en extirper le coeur et le jeter dans la gueule aboyante. Les crocs s’étaient refermés sur les ailes membraneuses, broyant leurs fragiles articulations, dénichant les capillaires reliées aux dards. Sa langue avait avidement lapé ce mélange de cendres et de poisons, s’enivrant de l’infect nectar comme s’il s’était agi du plus délicieux des vins. Et puis, enfin, le loup avait rejeté sa tête en arrière pour hurler sa victoire à la lune.
    Une fois de plus.
    Comme cette victoire paraissait lugubre, maintenant.

    La nuit passée à Pleurs-La-Cendres ne s’était pas révélée aussi reposante qu’Alasker l’avait escompté avant son arrivée. Le nouveau “problème” auquel Deydreus se voyait confronté nécessitait planification, préparation et même un certain niveau d'innovation. Après leur conversation, Alasker avait laissé son ami à ses interrogations et s’était éclipsé dans la chambre à son nom, sans adresser la parole à personne, perdu dans ses propres songes. Le sommeil, au moins, n’avait pas tardé à venir, quand bien même ce dernier s’était avéré capricieux, parasité par les questionnements éveillés par cette bien sinistre soirée.
    Alors le départ au petit matin n’avait rien eu de très compliqué.

    Son retour nocturne, quant à lui, s’avéra bien moins agréable.
    Ils étaient six et Léonard en faisait partie, bien sûr. Six serres, l’air particulièrement décidé, tout à fait déterminés à tirer de lui quelque chose que le géant ne pouvait se permettre de donner. Le groupe entier était armé et paré, certains osaient même pousser la blague assez loin pour tirer leurs lames au clair. En les voyant arriver, tandis qu’il approchait des remparts protecteurs de Pleurs-La-Cendres Alasker ne put se retenir de sourire. C’était attendrissant, de les voir se démener comme ça, à braver les interdits dans l’espoir d’obtenir un soupçon de réponse, d’espoir.
    Ironique qu’ils puissent ainsi s’imaginer tirer quoique ce soit de positif de la gueule d’un prédateur en armure lourde et à l’humeur massacrante.
    Le groupe se répartit à pas de loups, tout autour de lui, dans une parodie d’encerclement. Par respect pour l’effort déployé, Iratus accepta d’interrompre sa marche et de détacher la salvatrice de ses chaînes. La lourde lame de la hache sembla pousser un long grondement lorsque son propriétaire la fit tourner dans sa poigne, avec autant d’aisance et de légèreté que s’il s’était agi d’une dague de mithril. A la vue de la masse tranchante de lame et d’acier, certains reculèrent d’un pas. Aucun Serre ne pouvait se permettre d’ignorer la menace qu’elle représentait. Ils l’avaient tous vu à l'œuvre, déjà. Et chacun d’eux savait à quel point cette horreur était assoiffée, constamment.
    “-Je suis pressé alors faisons ça rapidement, d’accord?” Ironisa le lycanthrope. “Tu ne vas pas te foutre entre moi et la porte d’entrée à chaque fois maintenant, si?
    Léonard s’avança devant la masse de rage et de bronze qu’était Iratus sans esquisser le moindre mouvement de recul. Alasker salua la performance en souriant de toutes ses dents avant de pointer sa hache en direction du brave :
    “-C’est assez près.
    Le concerné se stoppa aussitôt, les bottes enfoncées dans la poudreuse, son épée longue dégainée et sa garde levée.
    “-Tu es parti dans les hauteurs avec des chaînes et des pieux ce matin, Al’.
    -Et hier soir je suis parti avec ta mère, au pieux.” Le sourire d’Alasker s’élargissait alors que son ouïe bien trop sensible percevait les frottement discrets de nouvelles lames sortant de leurs fourreaux, derrière-lui. “Ca n’a rien de neuf.
    -Dis-nous simplement que ça n’a rien à voir avec Deydreus et on te laissera passer.
    -Je ne peux pas, Léonard.
    Court silence. Le soleil peinait à disparaître, ce soir. Il persistait à rougir les cieux, à l’Ouest, recouvrant les terres enneigées d’une pénombre sanguine participant à l’alourdissement d’une atmosphère déjà étouffante, autour du géant d’airain. Quelques-uns des soldats murmurèrent entre eux et Léonard piétina sur place, peu sûr de savoir quelle attitude adopter, maintenant. Sans doute s’étaient-ils tous convaincu du fait qu’Iratus désamorcerait la situation en leur assurant que jamais il n’oserait causer le moindre problème au grand chef. Qu’ils s’étaient simplement mis des idées bien saugrenues et tordues en tête. Et maintenant que le groupe se retrouvait confronté à la pire des vérités, chacun d’eux devait commencer à comprendre que l’entêtement risquait fort de signifier leur perte à tous.
    “-Je ne peux pas, parce que ça a tout à voir avec Dey.” Reprit le géant d’Airain en s’avançant d’un pas.
    Léonard se ramassa sur lui-même, prêt à bondir. Les autres suivirent le mouvement, sans chercher à s’approcher davantage du porteur de hache.
    “-Je ne peux pas parce que, le temps que je fasse mon foutu travail, au sud, vous, bande de pauvres branleurs, avez laissé mon meilleur ami se faire transformer en vampire.” Continua la masse de danger, la surface gélatineuse de ses yeux noirs reflétant l’éclat de la lame vacillante de l’imbécile s’étant permis de le défier. Un nouveau pas fut franchi, et le lycanthrope se retrouva assez prêt du Serre défiant pour percevoir son souffle.
    “-Je ne peux pas parce que, maintenant, je dois lui apprendre à survivre comme l’un des miens parce que ceux qui furent les siens sont de pauvres cons incompétents, qui osent en plus agiter leurs cure-dents pathétiques devant ma face.
    Un gantelet d’airain alla saisir la pointe de l’épée supposée le menacer. D’une torsion, il déchaussa la lame de la garde pour la planter au sol. Et puis, pendant quelques longues secondes, ils demeurèrent là, immobile, dans la neige, les lueurs menaçantes du crépuscule se reflétant sur la surface cabossée de l’armure d’airain, rougissant le visage couvert de cicatrice de son propriétaire, accentuant l’inhumanité de ses traits de brutes, cisaillés, frappés et reconstruits à de trop nombreuses reprises. Finalement, Léonard baissa les yeux, vaincus, forcé à la soumission non pas par le charisme de son supérieur, mais par sa propre culpabilité.
    Alasker s’en détourna pour balayer ses autres sous-fifres du regard et lire la même honte sur chacun de leurs traits. Bien. Une fois le choc passé, ils allaient le détester et rêver de le surpasser. Très bien. Au moins, ça allait les occuper.
    Il ne restait plus qu’à enfoncer le clou.
    “-Un gosse aux dents longues et quelques foutues ombres, c’est tout ce qu’il a fallu pour prendre trois d’entre-vous. Et vous pensiez pouvoir me faire peur? Allez vous entraîner, tas de couards, ou restez ici à mourir de froid, pour ce que j’en ai à carrer.

    Alasker poussa seul les portes du manoir, cette fois. Personne ne l’avait accompagné. Personne n’avait même osé lui adresser un mot, si ce n’est Esyleij, qui s’était naturellement désolidarisé des gaillards ayant accompagné Léonard dans sa folle idée. L’elfe lui avait simplement adressé un rapide salut avant de retourner vaquer à ses occupations, conscient de ce qui risquait de se passer lorsqu’Iratus affichait une mine aussi fermée.
    A son entrée dans l’imposante masure, le géant d’airain ne chercha ni à se réapprovisionner, ni à saluer les autres occupants. Il se dirigea d’un pas rapide vers Deydreus pour répondre d’un ton bourru aux quelques mots enjoués que le chevalier noir lui adressait :
    “-J’espère que tu aimes marcher, parce qu’on en a pour un moment.
    Et sans plus attendre, le géant d’airain tourna les talons pour retourner dehors, suivi de près par l’armure noire.

    Alasker n’avait pas menti, le voyage fut aussi long que fastidieux. Ils traversèrent plaines et plateaux, longèrent un long piton rocheux aux sommets enneigés puis un sous-bois bordant les pics d’une énième montagne au prix de quatre heures de marches forcées, remontant aussi rapidement que possible la piste laissée par le géant d’airain lors de son premier repérage. Une traversée aux airs de course contre le temps, puisque la nuit, si noire pouvait-elle être, n’avait rien d’éternelle dans le grand nord. Au petit matin, si Deydreus était surpris par le soleil, sans le moindre abri autour de lui, alors les soucis causés par sa malédiction ne manqueraient pas de disparaître en même temps que tout le reste. Le duo de guerrier redoublait donc d’ardeur pour rejoindre “l’abri” promis par Alasker, ne s’arrêtant que pour échanger quelques plaisanteries légères, dans le but de relâcher la pression. Une vieille habitude, évoquant des jours certes guère moins sombres, mais plus simples, où Deydreus n’était encore qu’un chef de guerre parmi tant d’autres et Iratus qu’une brute de lieutenant au sourire glaçant. Des jours qu’un seul combat d’arène avait définitivement enterré.
    Finalement, ils parvinrent au pied d’une des nombreuses montagnes bordant les limites entre les terres civilisées et la froide sauvagerie du grand nord. Là, tandis qu’ils reprenaient leurs souffles, Alasker pointa un doigt ganté en direction de ce qui semblait être, à cette distance, un trou de souris, situé à une dizaine de mètres du sommet de la montagne.
    “-Ca…C’est une caverne.” L’infatigable géant cracha un glaviot déjà partiellement congelé qui alla s’écraser dans le linceul neigeux et compact qu’ils piétinaient depuis des heures. “De ce que j’ai pu sentir, plus rien n’y vit depuis des plombes mais, c’était le repaire d’une wyverne de glace, donc y’a assez de place pour que tu sois à l’abri du soleil, à l’intérieur.
    Un court silence s’installa, qu’une bourrasque de vent glacial vint briser en s’engouffrant dans les armures des deux voyageurs.
    “-Paré à grimper ?
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  • Dim 23 Avr 2023 - 12:38
    Quand ils quittèrent le manoir, Deydreus put aisément remarquer les membres de la troupe qui attendaient dehors, l'air dévasté. Il les avait vu partir plus tôt. Il avait sut pourquoi ils s'étaient rendus à l'extérieur. Mais il n'avait rien fait. S'il ne considérait pas ses hommes faibles ni responsables de quoique ce soit le concernant, le vampire voulait qu'ils comprennent que si Alasker agissait, c'est que Deydreus avait donné son accord. Peu importe ce qui l'attendait. Cependant, et malgré la difficile leçon que le géant d'airain avait l'air de leur avoir donné, le reikois était fier. Fier de voir des hommes aussi dévoués à lui malgré sa nature changée. Fier de leur bravoure même face à la mort. Et c'était aussi pour eux, qu'il se devait de se dominer.

    Parcourant les plaines enneigées et nocturnes, le duo échangea sur divers sujets et, alors qu'ils avançaient, le chevalier se perdit quelques fois vers l'horizon, laissant son esprit torturé s'imaginer une multitude de scénarios. Parfois, il se voyait mourir lors de cette tentative de maîtrise de soi. Parfois, il se voyait perdre le contrôle plus tard et devenir un vulgaire monstre assoiffé de sang, incapable de faire la distinction entre la proie et le frère d'armes. Chaque fois, c'était le lycanthrope qui le sortait de sa torpeur. Par une vanne un peu grivoise. Par une anecdote. Le loup ne le quittait jamais. Pas même lorsque son esprit voguait dans l'inconnu. Ils se rappelèrent différents événements passés. Des batailles menées dans un contexte plus simple. Où la responsabilité et les malédictions ne venaient pas assombrir un tableau sanglant. Mais, malgré la nostalgie et le plaisir de regarder en arrière, Deydreus savait cette époque révolue. Il savait que ce qui n'était plus, ce qui avait été brisé, ne pouvait pas être reconstruit. Et aussi sombre l'avenir pouvait il être, il ne le craignait pas tant qu'il aurait des personnes comme Alasker à ses côtés. La loyauté. Voila qui était une chose aussi rare que précieuse. Et c'était peut-être aussi pour cela, que le reikois considérait le lycanthrope comme le frère qu'il n'avait jamais eu.

    A mesure que la nuit avançait et qu'ils crapahutaient dans la neige, le duo accélérait peu à peu la cadence. Ils devaient voyager contre le montre, le soleil représentant à présent un danger mortel pour l'armure noire qui ne pouvait alors tenir qu'à peine une heure avant de ne devenir qu'un tas de cendres. Quand Alasker s'arrêta enfin, Deydreus haussa un sourcil tandis qu'il suivait du regard l'indication de son fidèle ami. Une grotte. Le repère d'une ancienne wyverne qui avait choisi de partir pour on ne sait quelle raison. Et cette caverne, elle était située bien haut. Un long soupir s'échappa de la gorge du guerrier aux sombres armoiries tandis qu'il fixait ses yeux vairons sur la pente glacée de la montagne.

    - Une chance que j'ai des lames crantées, pas vrai?

    Un léger rire quitta ses lèvres, tandis qu'il s'avançait et commençait, accompagné d'Alasker, à grimper. Plusieurs minutes plus tard, les deux individus se trouvaient à une distance létale du sol et le moindre faux pas aurait déclenché une succession d'événements tragiques pour l'un comme pour l'autre. Sans assurance et sans aucune prise complètement sécurisée, les deux combattants progressaient rapidement mais avec prudence. Si le soleil était une menace grandissante, il valait mieux pouvoir observer son levé pour cela. Et se briser tous les os contre la terre gelé n'était pas véritablement un sort plus enviable à l'immolation. A mesure qu'ils montaient, les deux frères maudits subissaient la terrible colère de la nature. Un vent glacial, mordant, venait s'insérer dans les interstices de leurs armures pour geler leurs corps. Leurs membres, déjà engourdis par l'effort, semblaient perdre toute sensation alors qu'ils enfonçaient inlassablement leurs doigts et leurs bottes dans la glace pour continuer leur ascension. A plusieurs reprises, d'ailleurs, Deydreus fut forcé de sortir une dague pour creuser légèrement le cristal froid recouvrant le flanc de la montagne pour se donner une meilleure prise. Sous l'effort, les muscles endoloris de l'armure sombre semblaient bruler, rappelant au vampire qu'il était bel et bien vivant et que le froid ambiant n'allait pas être suffisant pour l'endormir. Puis, alors qu'ils continuaient de monter, les deux bougres s'échangèrent de nouveau quelques blagues. Quelques remarques acerbes quant à la situation ou le monde en général. Des distractions servant à la fois à ne pas se focaliser sur la caverne et sa distance et également à s'assurer que l'autre était toujours bien là. Finalement, le duo de guerriers parvint jusqu'à la dite caverne, dont une sorte de "balcon" de roche permettait de rejoindre une petite route de montagnes sinueuse. Observant cette dernière, Deydreus ricana doucement, fatigué.

    - Non mais je comprends. Ca aurait été trop facile de passer par là. Il observa Alasker. Allons voir ta fameuse caverne.

    Emboitant le pas au lycanthrope, l'être aux yeux vairons entra donc dans l'ancienne demeure de la wyverne. A l'intérieur, et comme il s'y était attendu, on pouvait observer tous les restes qui prouvaient que le monstre ailé avait élu domicile dans l'alcôve rocheuse. Sur les murs, de nombreuses traces de griffes étaient visibles, témoins d'entrainement et d'ennui de la créature. Ici et là, des restes osseux de différents animaux plus ou moins gros étaient disposés à même le sol et à moitié brisés. Au fond de la caverne, quelques accumulations de paille et autres plantes arrachés montraient l'ancien "lit" de l'entité violente. Sur le plafond et sur les murs n'étant pas marqués par la bête, des stalactites et autres cristaux de givre renforçaient l'ambiance menaçante de la tanière. Pourtant, l'odeur de la bête n'était plus assez présente pour que le reikois puisse la ressentir, et les restes d'animaux trop vieux pour que le monstre n'ai quitté la grotte récemment. Alasker, encore une fois, avait fait du bon travail dans sa traque. La caverne était abandonné depuis suffisamment longtemps pour qu'ils soient tranquilles, mais également depuis pas assez pour que d'autres créatures ne tentent de venir récupérer les restes laissés ou interrompre les deux guerriers. De plus, la caverne était spacieuse et profonde. Assez pour que le soleil ne vienne jamais trop loin pour représenter un danger pour le vampire qui allait s'y terrer quelques temps. Passant ses yeux vairons sur les différentes chaines et les clous qui les avaient enfoncés dans la roche, l'être aux yeux vairons se retourna vers son camarade, jetant son heaume contre l'un des tas de pailles restant.

    - Laisse moi le temps de déposer mes armes, et nous pourrons commencer. Juste. Alask. J'aimerais que tu regagnes le manoir si tu le peux à un moment, pour prévenir les gars et leur faire comprendre que je suis bien en vie. Mais que ce combat là, je dois le mener avec toi à mes côtés, et personne d'autres. Il soupira doucement, déposant Silence et Hurlement contre la roche gelée. Allons-y.


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  • Mar 25 Avr 2023 - 22:28
    Ils y étaient. La caverne les englobait de toute sa roche et sa puanteur. Trop tard pour reculer, trop tard pour ne serait-ce que penser à une autre solution. Et pourtant, Alasker en cherchait une. Le loup fouillait dans les tréfonds de son esprit sauvage, mettait à sac ses plus lointaines remembrances dans l’espoir de trouver un soupçon d’indice, quelque chose, n’importe quoi, pouvant l’amener à suivre une autre voie que celle déjà entamée, tout en se sachant déjà piégé, déjà irrémédiablement engagé dans cette nouvelle farce douloureuse. Une terrible vérité. Mais nécessaire, semblait-il.
    “-Ne t’en fais pas, je m’occuperais d’eux en ton absence.” Assura le géant en inspectant une énième fois l’intérieur de la caverne. Ses yeux d’encres dérivèrent de stalactite en stalagmite pour finalement s’échouer sur les restes du nid de la bête absente. C’était un bon refuge, Alasker soupçonnait son ancien propriétaire de l’avoir abandonné au terme de sa croissance, à la recherche d’un lieu moins exigu où établir son nid et éventuellement pondre. Certains de ces écailleux volatiles attendaient parfois trop longtemps avant d’abandonner leur abri et se retrouvaient piégés à l’intérieur, condamnés à gratter la roche et à manger des rongeurs jusqu’à la fin de leur trop longue vie. C’était ce genre de spécimen, en général, qui finissait par être la victime des chasseurs.
    Iratus le savait bien, puisqu’il en avait déjà un, comme ça.
    “-Au fait, Dey. On a jamais pris la peine d’en parler après mais…” Tout en discutant, le géant rejoignit le nid abandonné, soulevant la paille parsemée d’éclats d’écailles pour tirer d’en-dessous de cette dernière un bol de terre cuite et de larges chaines d’acier noir, déposé ici après son premier voyage.”Qu’est-ce qui s’est passé, lorsque Tensaï a pris ton bras?
    Iratus prit le temps de s’accroupir pour retirer les brindilles s’étant coincées dans chacun des anneaux aux couleurs d’ébène.
    “-Je parle de…” Il s’interrompit pour jurer copieusement alors qu’un chaînon sortait du tas de paille en emmenant avec lui un pieux d’acier particulièrement aiguisé. “Ne t’en fais pas, je compte pas te planter l’un de ces trucs dans le corps.” Du menton, le lycanthrope désigna la paroi, tout au fond de la caverne. “J’vais les planter dans le mur. Et faire en sorte de serrer les chaînes suffisamment fort pour que…Enfin qu’importe.” Une grimace plus tard, Alasker reprenait son travail de tri. “Donc, je voulais savoir…Qu’est-ce que ça t’a fait, de voir la mort se tourner dans ta direction? A quoi t’as pensé?
    Enfin, le Géant d’Airain se redressa, six pieux dans les mains et le tas de chaînes enroulé autour de l’épaule. Ses pas empressés le menèrent à la paroi précédemment désignée alors qu’un flot désagréable de culpabilité envahissait ses songes. C’était profondément ironique de penser que l’une des plus longues tortures qu’il allait infliger de ses mains viserait l’un de ses rares proches. Ironique et indubitablement douloureux. La vie avait manifestement un sens de l’humour aussi cruel qu’incompréhensible.
    “-J’ai failli mourir un certain nombre de fois, je pense. Mais il y en a une où j’ai eu le temps d’en prendre conscience. Une seule.” Les mâchoires du colosse aux yeux noirs se serrèrent. Il dégaina, de sa main libre, la salvatrice pour user de son manche d’airain renforcé comme d’un marteau et enfoncer l’un des pieu dans le mur, après avoir passé la pointe de ce dernier au milieu de l’un des chaînons. La pierre s’appropria le mérite de tenir bon -lors des trois premiers coups- mais les chocs répétés eurent tôt fait de fendre sa surface et l’intrus d’acier se fixa durablement au sein de la roche.
    Sans prendre le temps de souffler, Iratus recommença l’opération avec un autre clou.
    “-Je t’en ai déjà parlé. Le croco. L’eau noire. La brume.” Il avait craché ce dernier mot comme s’il s’était agi d’un poison caustique, susceptible de faire fondre sa bouche en y restant simplement quelques secondes supplémentaires.
    Pour Alasker, ce type de discussion n’avait rien de naturel. Un prédateur ne parlait pas de ses vieilles blessures et surtout pas de cette manière. L’éloquence lui manquait pour exprimer son ressenti, les mots s’entrechoquaient et mouraient dans sa gorge, créant une désagréable cacophonie au sein d’un esprit déjà bien confus. Mais l’effort lui paraissait nécessaire, ne serait-ce que pour préparer son frère d’arme à ce qui allait suivre.
    “-C’est la seule fois où j’ai eu le temps de penser “tiens, je vais probablement crever, là.” Et c’est véritablement la seule fois où j’ai eu peur, en combat. Et tu sais ce que ça a été, ma réaction?
    Les crocs crissèrent dans la gueule de cauchemar. Un coup plus fort que les autres enfonça un pieu directement dans la roche alors que sa plus grande honte menaçait de refaire surface.
    “-J’ai abandonné, Dey. Je me suis laissé couler, littéralement. Je me suis dit : “J’ai perdu, j’ai trouvé plus fort que moi, je ne mérite donc pas de vivre.”. Tu te souviens de ce que tu as dit à Léonard, quand il s’est fait détruire par ce pauvre con de Bourg-Argent? Se rappeler de sa défaite pour alimenter la rage? Moi, j’en ai été incapable, à ce moment-là. Parce que j’étais pas seul, là-dedans.” Un doigt recouvert d’airain rougeâtre vint tapoter le crâne presque chauve du lycanthrope. “On était deux aux commandes et ça nous a rendu faible. Parce que la bête et l’homme ne peuvent pas être forts lorsqu’ils cohabitent. Ils se disputent, se mordent, constamment pour avoir les rennes et ça ne marche jamais. Le dominant, l’alpha, doit être désigné.” Un troisième pieu s’enfonça dans la pierre alors qu’Alasker aboyait : “Et l’alpha, ça doit être l’homme.
    Un court silence s’ensuivit, durant lequel Iratus demeura simplement immobile, à fixer le mur face à lui. Et puis le lycanthrope reprit son entreprise tout en continuant son soliloque:
    “-Dans les prochains jours et surtout les prochaines nuits, Dey, tu vas perdre. Parce que le prédateur, le suceur de sang avec qui tu partages ce corps est jeune, plein de vie, et que tu n’as absolument aucune foutue idée de comment dresser une telle bestiole.” Plus Alasker mettait des mots sur la situation et moins la situation paraissait irrémédiable. Les doutes disparaissaient, petit à petit, mais pas la peine. “Mais moi je sais, mon frère. Tout comme je sais que tu vas être confronté à la même terreur que moi à l’époque et au même abandon. Oui. A force de perdre, même toi, tu vas abandonner. Mais la douleur ne va pas s’arrêter. Je ferais en sorte qu’elle ne s’arrête pas. Je ferais en sorte qu’elle continue jusqu’à ce que l’humain se réveille et mate la bête. Jusqu’à ce que tu renvoies ce putain de moustique dans sa niche et que tu redeviennes La Griffe, et pas un putain de monstre de foire.
    Le dernier pieu rejoignit finalement ses frères, formant une toile de chaînes serrées contre la parois. Alasker admira quelques instants son travail achevé, s’efforçant de ne pas trembler de rage à la simple pensée de ce qui ne manquerait pas de suivre, puis il se retourna pour fixer son ami.
    “-C’est moi, le monstre ici. Ça ne doit pas être toi.” Affirma-t-il, une douleur vive, bien trop vive, dans la voix. L’espace de quelques battements de cœur, le colosse se sentit comme paralysé par la crainte. Mais Iratus restait Iratus.
    Et Iratus était invaincu.
    Alors, gauchement, le géant se força à dépasser son camarade pour se diriger vers l’extérieur de la caverne et fixer ce ciel qui, déjà, commençait à s’illuminer. Au passage, il avait attrapé le bol de terre cuite laissé près des restes du nid. Récipient et hache en main, Alasker demeura là, tiraillé entre devoir et amitié, refusant de céder à la tentation et penser qu’au final, la solution la plus simple serait peut-être de juste accorder à son frère d’arme le repos éternel.
    “-Il reste encore un peu de temps avant que la faim, la tienne, ne revienne. Alors…Si t’as un message à faire passer aux gars, à Zéphyr ou même l’empereur, je le transmettrais si…ça se passe mal.
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  • Mer 26 Avr 2023 - 22:26
    Alors qu'Alasker enfonçait les pieux dans le mur et parlait, Deydreus l'écoutait silencieusement. Il s'imprégnait des mots de son plus fidèle ami et ressentait une énorme mélancolie l'envahir. Ce n'était pas juste parce que ce dernier se confiait à lui. Ils avaient saigné ensemble. Souffert ensemble. Ils avaient rit et but jusqu'à ce que l'alcool ne vienne enivrer leurs esprits. Le lien qui les reliait était fort. Bien plus fort que n'importe quelle religion ou n'importe quel serment. Le lycanthrope était pour le nouveau vampire un frère, même s'ils ne partageaient pas le même sang. Et malgré toutes ses craintes et toute sa douleur, le guerrier aux yeux hétérochromes ressentait la peine de son ami. Et sa propre peur. Une angoisse froide et insidieuse le gagnait peu à peu. Non pas car il craignait spécifiquement pour sa propre vie, mais car il craignait de ne pas être à la hauteur. Perdre encore et encore. Voila la promesse qu'on lui faisait. Echouer jusqu'à ce que, enfin, la bête ne cesse de gagner. Frustrée par sa propre domination. Un long soupir glissa sur la gorge du guerrier tandis qu'il enlevait les pièces de son armure par principe. Il n'était plus l'armure sombre et le dirigeant des Serres Pourpres pour le moment. Seulement Deydreus. Un être affaibli et aux abois. Dans sa nouvelle nature et son état il était, pour le moment et paradoxalement, plus faible qu'il ne l'avait jamais été. Lorsqu'Alasker passa devant lui pour venir s'approcher de l'avant de la grotte, le chevalier se mit à marcher doucement dans la tanière, continuant d'observer les différents cristaux.

    - A quoi j'ai pensé en observant la mort qui tournait son regard vers moi? Il soupira. Rien. Je me disais que mourir face à l'Empereur, c'était une belle mort. Que terminer ma vie en affrontant l'être le plus puissant du sekai était une belle mort. Et que, malgré mon bras tranché et ma douleur, le néant n'était pas si mal. Non. Ce qui m'a véritablement fait quelque chose, c'est la réalisation de ma malédiction. Il soupira de nouveau, observant son bras cristallin. Réaliser que mon sort était scellé. Que je n'étais pas voué à simplement mourir. Mais disparaitre. Perdre tout ce qui me composait pour devenir une simple enveloppe. Une simple coquille ne servant qu'à transporter une violence stupide et non dirigée. Et de ne pas me sentir partir.

    Il s'approcha doucement de son frère d'armes, observant le soleil qui se levait sur l'horizon. Toute la fraicheur de la matinée venait glisser sur ses joues et, alors qu'il observait les étendues gelées, l'idée folle de se jeter de cette falaise qu'ils avaient gravit s'installa dans l'esprit du vampire torturé.

    - J'ai vu Talia se consumer. Je l'ai vue devenir une bête assoiffée de sang et irrationnelle. Quand bien même elle me parlait encore quelques instants plus tôt comme une personne sensée. Je sais que tu te moques de ce qui lui est arrivé et qu'elle est responsable de mon état de manière indirecte mais... J'ai dut plonger ma lame dans son cœur mon frère. Je suis celui qui est venu arracher ses derniers soupirs. Ses dernières confidences. Sous les larmes et la pluie. Et ce qui me terrifiait le plus en apercevant la malédiction qui me rongeait. Ce n'était même pas ma fin. Mais le fait que les seuls pouvant me pleurer seraient probablement mort pour m'arrêter si je ne trouvais pas une solution.

    L'appel du vide s'intensifia alors un peu plus, forçant le vampire à se détourner de l'entrée de la tanière pour revenir en arrière et passer sa main sur les nombreuses chaines que le géant d'airain venait de fixer contre la roche. Chaque pieu déclencha une série de frissons. Non pas en anticipation de la douleur à venir mais plutôt par rapport à la bête qui se terrait en lui.

    - A présent, je me dois de maîtriser le mal qui me ronge. De tenter autant que faire se peut de dominer cette bête. De rester l'Homme, comme tu dis, malgré ma nouvelle nature. Mais, même si j'y arrive... Quelque chose de profond me terrifie. Il plongea son regard glace et sang dans les perles ténébreuses de son ami. Je vous survivrai Alasker. Aux Serres. A mes alliés. A toi. Je vous verrais tous partir. De maladie. Dans une bataille. De vieillesse. Je serai seul. Au final. Et lorsque tu ne seras plus, mon frère. Comment pourrais-je être certain de ne pas devenir le monstre?

    Terminant sa phrase, le reikois se plongea dans sa propre pensée. Imaginant la multitude de scénarios qui l'attendait dans l'avenir. Que deviendrait l'Empire dans cent ans? Mille ans? Comment le peuple allait-il réagir au fait que ses dirigeants, notamment au sein de la main, soient immortels? Et enfin, qui pourrait remplir les chausses qu'Alasker laisserait lors de son trépas? Personne. Cela, le vampire en était convaincu. Un long soupir quitta sa gorge tandis qu'il passa ses mains dans sa chevelure d'ébène pour se "recoiffer". Pour masser ses tempes et glisser doucement sur ses traits fatigués. Deydreus ne dormait plus. Il n'en avait plus besoin depuis qu'il était devenu un vampire mais, pourtant, il n'avait jamais été aussi fatigué. Quand enfin il termina son massage crânien, le guerrier aux sombres armoiries marcha doucement pour revenir auprès de son ami, laissant un rire las glisser en dehors de sa gorge tandis qu'il posait sa main sur l'épaule du lycanthrope.

    - Le plus triste Alasker. C'est que je ne sais même pas ce que j'aimerais que tu leurs dises. Il regarda l'horizon, sentant un malaise. Ou plutôt si, je sais.  Dis leur que je me suis battu. Jusqu'au bout. Dis leur que j'ai existé. Dis leur mon nom. Et que je suis fier d'avoir vécu la vie que j'ai mené. Fier d'avoir saigné dans toutes ces batailles. D'avoir traversé toutes ces guerres. Fier de t'avoir connu. Et qu'à présent, c'est vers toi qu'ils devront se tourner. Pour le reste... Il ricana doucement. Tu peux dire au reste du monde qu'il peut aller se faire foutre.

    Il tapota l'épaule de son frère d'armes en guise de fin de déclaration. Ils retardaient l'inévitable depuis trop longtemps maintenant. Il était temps qu'ils mettent en place ce qui était prévu pour maîtriser la bête qui rôdait dans son esprit. Cette soif infecte et violente. Insidieuse. Qui le rongeait de l'intérieur et lui donnait de se jeter sur tout ce qui possédait du sang, Iratus y compris. Alasker mena donc le chevalier jusqu'à la position qu'il maintiendrait pendant toutes ces séances... particulières. Quand il fut enfin en place, le lycanthrope prit soin de, littéralement, l'enchainer au mur. Prisonnier de l'acier, le reikois laissa son esprit vaguer quelque peu, observant la silhouette de son frère d'armes qui s'éloignait de lui. La Soif commençait à poindre, il le sentait. Et déjà, il rêvait de briser ces liens ferriques. Alors la Griffe tenta de focaliser son attention sur autre chose. Sur la suite des événements. Ne serait-ce que pour tenter une dernière fois de résister uniquement par sa volonté, sans tout ce futur spectacle sanglant.

    - Alors Alasker. Dis moi sans détour. Comment va se passer la suite? Tu ne vas pas juste me regarder tandis que je me dandine contre les chaînes. Pas vrai?  


    Solem insidiosa [PV Alasker] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Lun 8 Mai 2023 - 12:37
    La Salvatrice saignait.
    Ca n’était rien de plus qu’une invention de l’esprit bien sûr, une illusion, causée par l’accumulation excessive de raisiné collé à sa lourde lame mais, qu’elle soit véridique ou non, cette vision demeurait aussi terrifiante que repoussante. Elle saignait, posée sur l’épaule de son propriétaire, alors que celui-ci remontait la ruelle exiguë d’un village barbare, précédé par les graves échos de ses pas et les claquements des chaînes enroulées autour de son plastron. Cette allée-ci, juste assez large pour que sa massive silhouette puisse espérer se mouvoir avec un minimum d’aisance, se voyait recouverte par l’ombre des bâtisses de chaume et de pailles qui l’entouraient, mais également asphyxiée par l’épaisse fumée s’échappant d’un incendie se répandant lentement mais sûrement à travers tout le village. De ce mélange de ténèbres et de cendres découlait une purée-de-poix que seuls les yeux sans pupilles du prédateur à la hache pouvaient espérer percer.
    Alors, personne ne voyait la Salvatrice saigner, à part lui, et les quelques malchanceux que ses sens surdéveloppés dénichaient, alors qu’ils se terraient dans les recoins sombres.
    Au loin, les cris des habitants paniqués et des combattants hystériques ne parvenaient pas à masquer le fracas de la pierre s’effondrant sur elle-même et le crépitement du feu dévorant le bois. Un brouhaha de plaintes et de ruines, évoquant plus l’apocalypse si chère aux poèmes lugubres qu’une simple bataille. L’air était chargé d’une odeur de graisse brûlée, animale comme humaine, et d’une senteur ferreuse qu’Il ne connaissait que trop bien.
    Le mélange de tous ces éléments pouvait transformer le plus froid des coeurs en une boule de feu ardente, pourtant le monstre à la hache se gardait bien de céder de nouveau à la rage guerrière.
    Il avait perdu ses troupes au début du combat, comme bien souvent en pareille situation. Les Dévoreurs ne faisaient pas vraiment partie des troupes organisées. Ils s’étaient éparpillés à l’instant où les portes du village étaient tombées, tuant et pillant à l’envie, laissant la haine qu’ils éprouvaient diriger leurs bras armés.
    A l’instant où la première gerbe de sang avait éclaboussé son visage en passant au travers des fentes de son casque, Alasker s’était senti partir. Il avait frappé et tué, écrasé et mutilé, conservant juste assez de conscience pour retenir ses coups à la vue d’une silhouette vaguement familière.
    Et puis le monstre s’était retrouvé dans cette ruelle, une dizaine de pas derrière sa position actuelle. En reprenant totalement le contrôle, le géant avait pu se rendre compte qu’il démembrait méthodiquement, à la main, un paysan ayant tenté de se défendre à l’aide d’une fourche. Ladite arme de protection s’était faite fendre en deux par la Salvatrice sans la moindre difficulté, et maintenant le pauvre type hurlait à s’en déchirer la gorge alors que les gantelets d’airains serraient les moignons de ses jambes pour broyer ce qui lui restait de genoux.
    En temps normal, après avoir étanché sa soif de sauvagerie, le loup se serait contenté d’achever sa proie souffrante. Mais ce massacre n’avait rien de gratuit, la douleur et la terreur qu’il générerait servirait un but plus grand. C’était un exemple. Chaque mort devait être lente.
    Les habitants de Vynscel -puisque tel était le nom du village- avaient cédé à la facilité en écoutant les murmures de rebelles du clan Ryssen. De cette action découlait une décision, unanimement saluée par ses habitants : celle de refuser la souveraineté du Reike. Dans les faits, ce conglomérat de barbares du nord, de pêcheurs et de laboureurs de terres gelées se contentaient de refuser d’appliquer les règles de l’empire ou, surtout, de payer les impôts. Aucune action violente contre les sympathisants du Reike n’ayant encore été commise par les occupants de Vynscel, le village n’était considéré que comme un territoire “neutre” et non “hostile”. Seulement, c’était le quatrième de ce côté-ci de la frontière à oser prendre une telle position.
    Alors, ce soir-là, les Dévoreurs, sous les ordres de leur chef, avaient pris soin de retirer tout ce qui pouvait trahir leur affiliation à l’Empire du désert…Avant de lancer l’attaque.
    Puisqu’après tout, ceux qui refusaient le Reike refusaient également sa protection contre les attaques de bandits errants dans la région.

    Un cri provenant d’une des baraques sur sa gauche attira son attention. Un cri de femme. L’exclamation se termina par un borborygme, trahissant une blessure à la gorge quelconque. Alasker ne se fatigua pas à chercher une entrée. Il traversa le mur se tenant entre lui et l’origine du cri, pour découvrir Sanguin, accroupi au-dessus du cadavre de ce qui restait d’une civile. Les mâchoires de l’aliéné étaient refermées sur la nuque de sa victime, qu’il secouait comme un animal dans un concert de craquement de mauvaise augure. Kirk partageait ce terrain de chasse avec lui. Ils ne progressaient pas vraiment en duo, la rage obscurcissait trop leurs jugements pour qu’une quelconque unité puisse découler de leur alliance. Kirk suivait simplement les éructations à peine humaine ne cessant de s’échapper de la gueule défigurée du bouffeur de gorge, achevant ceux qui échappaient à l’attention de ce dernier avec une lenteur méthodique, pour ne pas dire obscène. Sur l’épaule droite du Drakyn tortionnaire se trouvait le cadavre désarticulé d’un enfant d’une dizaine d’années.
    “-Que comptes-tu faire avec ça?” Gronda Alasker en pointant du bout de sa hache les restes du visage innocent, fendu en deux par une lame trop grosse pour lui.
    “-Je vais le pendre sur la place.”
    Le géant d’Airain acquiesça en haussant les épaules. Calmement, il fit volte-face pour quitter le bâtiment et reprendre son inspection de ruelle.
    “-Pas de témoins. Pas de survivants. Faites de chaque corps un cauchemar et un exemple.” Énonça-t-il en disparaissant dans les ténèbres.


    Beaucoup d’hommes et de femmes étaient morts ce jour-ci. Civils comme guerriers. Innocents comme vermines. Ceux qu’ils n’avaient pas brûlés vifs se balançaient au bout d’une corde, le poitrail ouvert et les intestins à l’air libre. Les plus malchanceux étaient maintenus debout, parfaitement droits, par de trop nombreux pals dépassant de leurs corps écorchés. Un village entier, réduit au silence, comme ça, par des monstres sans bannière. Pour le Reike. Pour les Serres Pourpres. Et pour que Deydreus puisse continuer à jouer son rôle de héros sans craindre de voir son nom sali, associé à une pareille mission.

    Mais maintenant, la Griffe du Reike était irrémédiablement souillée. Le plus ironique restant que l’origine de la souillure ne se trouvait pas être le sang qu’il avait sur les mains, mais celui coulant dans ses veines.

    Alasker avait tiqué à l’instant où son frère avait évoqué le sujet de l’immortalité. Ainsi, Deydreus craignait de survivre à ses proches, de survivre jusqu’à ce que plus rien ni personne ne reste pour l’empêcher de céder au chaos. Le vampire redoutait l’immortalité comme d’autres redoutaient les serpents ou les araignées, alors même que la plupart rêvait d’un jour acquérir la vie éternelle. “Je serai seul, au final”, crachait-il, incapable de totalement contenir ce que cette peur évoquait.
    Iratus comprenait cela. Et cette simple compréhension provoquait un inconfort inédit chez lui. Toute sa vie -ou presque- le lycanthrope l’avait passé en riant à la face de la mort. Un fait encore renforcé par le souvenir douloureux de la seule fois où il avait osé craindre sa propre fin, au fond des eaux noires. La voie du berserker était celle de l’indifférence et de la folie, pas celle de la prudence, et, paradoxalement, c’était en reniant totalement tout instinct de conservation qu’Iratus avait survécu, toutes ces années.
    Parce qu’aucun soldat, aussi expérimenté soit-il, ne pouvait espérer avoir une chance face à un guerrier se fichant bien de la profondeur de ses propres blessures, de sa souffrance ou de ses jours restants sur cette terre maudite. Ironique, cruelle, cette vérité indubitable demeurait : Iratus vivait parce qu’il s’en fichait.
    Et les aveux de Deydreus risquaient de changer cela. Comment continuer de défier la mort en sachant que sa perte entraînerait indirectement la folie d’un frère? Impossible. Inconcevable. Cette pensée le hanterait à chaque escarmouche, chaque bataille, chaque chasse, jusqu’à ce qu’Alasker le géant devienne aussi tremblant et pitoyable que ses victimes. Alors, un monstre tel que l’ancien lui n’aurait plus qu’à le cueillir pour le jeter au bas de la montagne de cadavres érigée par Iratus, le berserker.
    Le loup, comme l’homme, tombaient rarement d’accord. Mais la soif de liberté s’avérait être l’un de leurs points communs. Marqués à jamais par leur passage dans l’arène, le prédateur et le guerrier refusaient de voir un jour, de nouveau, les barreaux d’une cage se dessiner autour d’eux. Que ladite cage s’avère faite de principes ou de fer, ça ne changeait rien. Et les songes que Deydreus avait révélé à son frère d’arme risquaient trop de l’enfermer, une fois de plus. De le condamner à craindre une mort lui ayant toujours paru aussi inévitable que proche.
    Alors, le Géant d’Airain chassa l’hésitation et le doute hantant ses pensées. Les tergiversations cessèrent, l’idée qu’une éventuelle alternative à la souffrance de son ami puisse exister, quelque part dans le monde, fut étouffée sans le moindre remord et, enfin, il accepta l’inéluctabilité totale de ce sacrifice. Deydreus, l’homme, devait reprendre le contrôle ici et maintenant ou disparaître comme une bête. Sans quoi il aurait toujours besoin de son aide pour se maîtriser.
    Sans quoi Alasker, le loup-garou, pourrait bien ne jamais avoir le droit de mourir.

    Les yeux noirs détaillèrent la toile de chaîne retenant le vampire contre la paroi de la caverne avec toute la froideur qu’on pouvait attendre de la part d’un geôlier. La position devait être, au mieux, inconfortable, pour l’instant. Dans deux jours, elle serait insupportable. Dans cinq, tout bonnement invivable. Deux simples semaines et son corps pourrait bien ne jamais s’en remettre. Mais nécessité faisait toujours loi. En les desserrant un peu. En dénouant ne serait-ce qu’une boucle de chaîne pour laisser un poignet se mouvoir librement, Alasker risquait de laisser à son frère l’occasion de se libérer du piège lors d’un accès de folie.
    La possibilité évidente d’une tentative de fuite avait convaincu Iratus de ne pas céder à la facilité de simples menottes de chaînes. Il avait vu trop de prisonniers se déchirer les poignets pour user de leur propre sang comme d’une huile permettant de glisser leurs mains hors des entraves. C’était difficile, douloureux, mais toujours moins que l’emprisonnement à vie. Le bourreau avait donc opté pour une option plus primitive en érigeant un véritable mur de chaîne dans lequel Deydreus se retrouvait enchevêtré. Un processus d’entrave fort peu inédit, pour le berserker. Les Dévoreurs retenaient leurs membres les plus instables de cette même manière, lorsque la folie meurtrière refusait de se calmer, après une bataille. Sanguin et, avant lui, le défunt Benardht, avaient éprouvé la solidité de ces impitoyables liens de fer avec une rage qu’aucun être vivant n’aurait dû être capable d’éprouver. Ça suffirait.
    “-Je transmettrai le message, Dey.” Assura-t-il, une fois que son frère eut fini de déclarer ses potentiels derniers songes. “Ça a été un plaisir et un honneur de découvrir qu’il existait des commandants compétents, dans cet empire de merde.
    Même son sourire, pourtant franc, et toute l’ironie du monde n’auraient pu masquer la douleur dans sa voix. Il se détourna du spectacle macabre pour se diriger lentement vers les rayons de soleil délimitant l’entrée de la caverne.
    “-Je peux te promettre que j’accepterai chacun des gars qui se tournera vers moi, si tu ne te relèves pas.” Continua le géant grimaçant en plaçant le bol de terre cuite à ses pieds, une fois cerné par la lumière du jour. “Mais je sais ce qui va se passer. Certains d’eux ne le supporteront pas. Ils m’accuseront de traîtrise. De meurtre. Et ils auront raison, en partie.” D’un mouvement brusque, le lycanthrope décrocha le canon d’avant-bras droit de son armure, exposant sa peau trop pâle à la morsure d'une brise hivernale. “Parce que je te tuerai, si la bête te brise. Et parce que je tuerai tous ceux qui oseront me le rappeler, après ça.
    Le vent emporta cette promesse. De sa ceinture, le géant tira l’une des hargneuses. Machinalement, il fit tournoyer la courte hachette dans sa main gauche avant de s’agenouiller et d’inspirer profondément.
    Alors vint la question attendue. Celle qui marquerait la fin d’un échange fraternel et le début d’une souffrance inconcevable. Pour le loup, comme pour le vampire.
    “-Alors Alasker. Dis moi sans détour. Comment va se passer la suite? Tu ne vas pas juste me regarder tandis que je me dandine contre les chaînes. Pas vrai?  
    Le sourire du géant s’évapora. Son visage se ferma, ses émotions moururent, vaincues par l’impossibilité d’un devoir lui étant pourtant dévolu.
    “-Non, mon frère. Je ne vais pas me contenter de cela.
    La lame de la hachette se plongea dans la chair de son avant-bras. Le fer se fora un chemin jusqu’au réseau veineux avec l’aisance née de l’habitude de son propriétaire. Le sang jaillit de la plaie à gros bouillon alors qu’il bougeait l’arme en son sein au mépris de la souffrance. L’hémoglobine fumante courue le long de son poignet, de sa main, de ses doigts. Pour se déverser dans le bol à ses pieds.
    Et la bête enchaînée au fond de la caverne pu sentir son odeur ferreuse.
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  • Mar 9 Mai 2023 - 13:35
    Il y avait de nombreuses questions qui parcouraient l'esprit de Deydreus. Que ce soit vis à vis de ce que le loup lui réservait, ou bien pour son avenir, le guerrier aux sombres armoiries se demandait bien comment il allait faire pour pouvoir surmonter son nouvel état. Ce n'était pas tant une question de peur pour ce qu'il serait à proprement parler, mais de ce qu'il pourrait faire. Le reikois était un homme ambitieux. Il voulait marquer l'histoire, mais surtout influencer cette dernière. Permettre aux races mortelles de s'élever de la fange dans laquelle elles baignaient. De leur accorder le droit d'exister pleinement et de ne plus être dépendantes de potentielles divinités et de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie. Et s'il succombait à son état. A cette soif de sang crasse et vulgaire, alors le vampire ne pourrait agir que sur sa propre survie. Traqué par les siens. Aussi, le bretteur maudit regarda son frère s'éloigner peu à peu vers l'avant de la grotte, sentant chez lui une tristesse qu'il partageait. Et cet accord tacite entre eux. Cette promesse d'une mort honorable si l'être aux yeux vairons échouait à se dominer. Deydreus n'avait pas eu besoin de donner son accord sur cela. Le lycanthrope le savait. Puis, après une dernière phrase échangée, le géant d'airain s'ouvrit le bras. Et le cauchemar débuta.

    Peut-être était-ce dut au fait qu'il s'épuisait volontairement depuis quelques jours. Peut-être était-ce dut à la nature surnaturelle du loup garou qui était son frère. Le reikois n'en était pas certain. Mais il savait une chose. Ce sang qui coulait. Ce raisiné à l'odeur si forte. Ca l'obnubilait. Il sentait son corps se tendre contre les chaînes, cherchant à se dégager pour se précipiter peu à peu vers le liquide carmin afin d'en boire autant que possible. Ce n'était pas comme lorsqu'il sentait le cœur ou le sang de ses hommes. Ou même des habitants de Pleurs-la-Cendres. Non. C'était plus fort. Plus inquiétant. Et pour cause, la bête qui grattait dans son esprit le brisait. Elle ne le faisait pas de manière insidieuse. Elle ne lui murmurait rien. Elle hurlait. Encore. Et encore. Tranchant les liens que le vampire avait tenté de lui imposer. Et lorsque la dernière barrière tomba, l'être aux yeux hétérochromes fit face à sa plus grande peur. Lui même. Ou plutôt, une version déformée. Dominée par la Soif, par la rage. Une bête à abattre, ou à dompter. Cependant, Deydreus ne fit rien. Il ne pouvait rien faire, en réalité. La Soif le dominait en cet instant. Elle guidait son corps, provoquant chez lui une perte de raison étrange. Ou plutôt, l'impression de se détacher de son propre corps dans une douleur immense. Car les liens qui retenaient son enveloppe n'était pas fait de coton et de satin, mais d'un acier froid et résistant. Eprouvés de nombreuses fois et infaillibles. Les muscles du guerrier brulaient, et il sentait à plusieurs reprises les écorchures que les liens provoquaient tandis qu'il se contorsionnait en avant dans le but de se jeter sur Alasker.

    Un cri inhumain traversa la grotte, parvenant jusqu'aux oreilles du lycanthrope. Un hurlement mêlé de peine, de douleur et de rage. L'homme qu'était Deydreus perdait contre la Soif. Trop forte. Trop récente. Et ce premier test était évidemment voué à éprouver la volonté du dirigeant des Serres Pourpres. A mettre à mal toute sa confidence et sa force. Aucun entraînement ne pouvait préparer quelqu'un à ce qu'il subissait actuellement. Aucune leçon ne pouvait être apprise afin de théoriser et comprendre ce que le vampire subissait. Seulement l'expérience. Et la douleur. Dans toute cette dernière, Deydreus tentait de reprendre partiellement le contrôle. De se dominer. S'il ne parvint pas à réduire sa folie sanguinaire et les nombreuses contorsions de son corps contre la pierre et les chaines, le vampire put cependant réaliser une action. Forte. Violente. Et encore plus douloureuse que ce poison qui rongeait son corps et tentait de lui faire consumer de manière déraisonnée le liquide vitale de son frère d'armes. Ce que le chevalier maudit put faire. Ce fut de se fracasser le crâne contre la roche. Un choc violent, amplifier par sa nature vampirique, qui frappa la pierre et l'arrière de son crâne dans un bruit sourd. Puis, les hurlements cessèrent, tandis que Deydreus plongeait dans les méandres de son esprit inconscient.

    Ouvrant les yeux, Deydreus laissa un long soupir quitter sa gorge. Si la douleur qu'il s'était infligé vibrait encore dans son crâne, le reikois ne sentit cependant pas le poids des chaines sur sa propre structure ni la fraicheur de l'extérieur. Plutôt, le chevalier sentit sur lui la chaleur de quelques bougies qui brillaient un peu devant lui. Remarquant alors qu'il se tenait à genoux, le vampire se releva difficilement tandis qu'il observait ce qui l'entourait. Une grande pièce le dominait. Composée en un grand cercle et particulièrement haute, la salle possédait trois grandes fenêtres au style gothique dont la lumière blanche venait se perdre dans l'orangé des bougies et autres candélabres. le long des colonnes porteuses, de grands rideaux pourpres et ornés glissaient du plafond jusqu'au sol, renforçant encore plus l'ambiance "monastique" de l'endroit. Au sol, de nombreuses runes et autres motifs avaient été gravées dans l'obsidienne qui servait de matériau. Puis venait la chose la plus troublante. Tout autour du cercle central, nichées contre les murs sombres, de gigantesques statues féminines dominaient ce dernier, piégées dans une posture admirative, le visage dirigé vers le plafond. Leurs corps, sculptés et ornés dans de grandes robes voilées, mettaient en valeur les traits de leurs visages ainsi que la couronne d'épines qui cernait leurs fronts. Si Deydreus se doutait qu'il rêvait, l'impression de réalité qui frappait son corps le força à s'avancer peu à peu vers le centre de la pièce. Le vampire était là, sans arme et sans armure, à avancer dans une salle étrange tandis qu'il était partagé entre l'amusement et l'inquiétude. Car s'il se doutait de la fantaisie de ce qu'il voyait, le guerrier ne pouvait s'empêcher de sentir la totalité de ce qu'il vivait comme quelque chose de réel. Quand, enfin, ses pas foulèrent l'intérieur du cercle gravé, les nombreuses runes s'illuminèrent violemment, plongeant toute la salle dans une couleur rouge. Lorsque le flash lumineux s'estompa enfin, Deydreus n'était plus seul.

    Devant lui, une parodie de feu son oncle fit son apparition. L'homme était comme le guerrier s'en rappelait, à l'exception de ses armes, forgées dans un cristal sanguin rappelant au bretteur la matière qui recouvrait son bras. Tournant la tête, Deydreus remarqua alors les deux épées qui étaient apparues dans ses propres mains. Alors même qu'il tentait de rationaliser ce qui se passait, l'oncle du vampire se jeta sur lui dans une feinte incroyablement rapide, forçant ce dernier à dévier le coup avant de répondre par une contre-attaque instinctive. Le temps n'était visiblement pas aux questions, mais au combat. Celui-ci fut en soit très rapide. Dans un mouvement décomposé, le chevalier parvint à atteindre le corps de son ancien mentor et à enfoncer ses lames dans ce dernier. Dans un bruit humide, une gigantesque gerbe de sang fut projetée sur l'obsidienne à leurs pieds. Puis, dans un grognement sourd, Deydreus sortit ses lames dans un geste diagonal, déchirant un peu plus le corps du membre de sa famille qui s'effondra lamentablement. Puis il se décomposa dans une mare sanglante, baignant le cercle dans un raisiné poisseux.

    Pestant, le vampire secoua ses lames tandis qu'il observait le sang devant lui être absorbé par les ruines. La magie baignait dans cette pièce étrange, et le guerrier sentait presque cette dernière qui s'imbibait dans ses tissus organiques. Avançant doucement un peu plus vers le centre, le reikois sentit soudainement une douleur vive traverser son corps. Baissant les yeux, le chevalier se rendit alors compte que de nombreux pieux sanguins venaient de traverser son ventre, ses jambes, et ses bras. Crachant son propre sang sur le sol, l'être aux yeux bicolores mis genoux à terre tandis qu'il sentait la vie quitter sa propre carcasse. Sa vision trouble, quant à elle, ne lui révéla que la forme qui venait d'apparaître. Lui même.

    Quand il rouvrit finalement les yeux, Deydreus se trouvait de nouveau dans la grotte, en compagnie d'Alasker. Si son inconscience avait "soulagé" son esprit, son corps lui semblait avoir continué ses fantaisies tandis qu'il affrontait en songe son ancien instructeur. Le long de ses bras et de son torse, les vêtements avaient été partiellement arrachés par les nombreux frottement contre l'acier des chaines, entrainant par la suite de nombreuses lésions et brulures sur la chair même du dirigeant des Serres Pourpres. Si ces dernières étaient douloureuses, la souffrance interne que subissait le reikois était tout autre. Venant du plus profond de son être, la Soif s'était mue en une myriade d'aiguilles qui venaient déchirer son intérieur et gratter ses organes. Continuellement, son corps rappelait à son propriétaire toute la dureté de sa froide épreuve. En vérité, il n'y avait pas une zone de son corps qui n'était pas douloureuse. Toutes les fibres de son être réclamaient le sang qui se trouvait dans le bol. Hâletant et hurlant, l'être aux yeux vairons tentait vainement de remettre ses idées en places. Outre la souffrance, il avait véritablement la sensation d'avoir "vécu" son combat contre son oncle et les pieux sanguins. De ses yeux fatigués, le vampire cherchait devant lui un réconfort inexistant. Tout ce qu'il voyait, c'était le sol froid et rocheux de la caverne ainsi que son propre sang qui éclaboussait la pierre à chaque mouvement qu'il faisait dans l'optique de se détacher. Pourtant, ce n'était pas la prison d'acier qui terrorisait le guerrier et provoquait chez lui une étrange anxiété. Non, c'était le fait de se sentir secondaire. De ne pas être celui qui dirigeait son enveloppe. De n'être qu'un spectateur impuissant de ses propres gestes. Puis, son corps se brisa de nouveau. Dans un énième soubresaut, la peau pale du vampire tenta de s'extraire de ses liens ferreux, déclenchant de nouvelles brulures et coupures. Mais les liens ne se fracturèrent pas et les pieux restèrent ancrées dans les murs. Manquant de force, la Soif accepta son "échec" et cessa ses actions stupides, laissant la carcasse blessée du vampire pendre lamentablement le long des chaines. La tête du chevalier fixait à présent le sol et même si son visage était partiellement masqué par sa longue chevelure d'ébène, le géant d'airain pouvait probablement voir l'expression de douleur et de fatigue qui s'était installée sur ses traits couturés.
    Derrière le lycanthrope, le soleil entamait sa course vers l'horizon. Cela ne faisait qu'une "journée" et, pourtant, Deydreus se sentait déjà morcelé par la force de sa propre soif de sang. Le reste de cette épreuve serait encore plus dur. Il le savait. Alasker aussi. Pourtant, le vampire ne se démoralisait pas. Malgré toute sa douleur et son anxiété, le reikois refusait de laisser tomber. Pas aussi tôt. Pas comme ça.

    C'est alors que le géant d'airain se releva de sa position, déclenchant une nouvelle étape dans l'épreuve qu'il imposait à son frère maudit.


    Solem insidiosa [PV Alasker] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


    Citoyen du Reike
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    Alasker Crudelis
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    Info personnage
    Race: Loup-Garou
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    qui suis-je ?:
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  • Dim 14 Mai 2023 - 0:44
    Ainsi, c’était à cela que ça ressemblait, d’un point de vue extérieur. Le délire né de la soif. D’une faim surnaturelle, causée par une malédiction aussi vieille que les astres. En vérité, Alasker n’avait jamais douté du fait que les diverses manifestations de sa particularité justifiaient pleinement le regard chargé de crainte ou de dégoût que les trois quarts de ses connaissances posaient sur lui, après une crise. Avec l’hybride Tarcus-Mawdryn, le lycanthrope pouvait même se targuer d’avoir pu observer quelque chose de bien pire encore que ses propres crises : La destruction totale et immuable d’un corps ET d’un esprit.
    Seulement, cette fois, celui qui souffrait, grognait et se contorsionnait en déchirant ses chairs contre les chaînes s’avérait être son commandant, ami et frère d’arme. Si sa propre plaie au bras et son exsanguination partielle lui causait un inconfort non négligeable, la vue du spectacle se déroulant au fond de la grotte accaparait toute la souffrance du lycanthrope. Se trouver dans les bottes de l’observateur froid n’avait jamais été son objectif. Alasker préférait de loin être au centre de la tourmente, faisant don de sa chair comme de son sang, souffrant et bavant en son propre nom. Cette fois hélas, nul adversaire ne se dressait devant lui. Il n’existait pas d’ennemi, si ce n’est celui, immortel, intouchable, qui se cachait dans les veines de Deydreus. Seule l’observation et la privation pouvaient affaiblir celui-ci. La Salvatrice, les Hargneuses, ses crocs, ses poings…Dans cette lutte, l’armement du lycanthrope ne possédait plus la moindre importance ou efficacité. C’était un combat que seul l’esprit de son frère pouvait mener. Si Alasker avait été un penseur, l’un de ces charismatiques leader-nés, adepte des grands discours de motivation, alors, peut-être aurait-il pu apporter un peu de soutien au vampire naissant via quelques sages paroles, mais ils savaient tous deux à quel point l’éloquence lui était étrangère. De sa gorge ne sortait que défis, crachats, insultes et plaisanteries. Sa voix grondante promettait la mort, provoquait la crainte et, jamais, ô grand jamais, n’alimentait l’espoir. Surtout pas maintenant.
    Puisqu’Alasker se refusait à l’espérance. A croire que cette histoire puisse avoir une conclusion joyeuse, de peur que cette simple croyance ne suffise à provoquer le malheur.
    Alors, Iratus demeurait tel quel : Insensible. Impitoyable. Sa main enfoncée dans le bol de terre cuite débordant de sang. La saignée avait duré, assez longtemps pour qu’il sente ses doigts commencer à refroidir, son bras se raidir. Puis, il avait retiré sa hachette de la plaie et ses chairs s’étaient lentement refermées. Tout au long de la journée, le tortionnaire, les dents serrées, avait veillé à ce qu’aucune couche de glace ne vienne recouvrir le sang froid et masquer son odeur. S’assurant que son frère emprisonné continue à lutter, persiste à perdre contre le poison que son cœur, à chaque battement, pompait impitoyablement.
    Le pire restait la facilité avec laquelle l’esprit du loup s’était acclimaté à la poursuite de cette entreprise, une fois celle-ci lancée. Qui aurait pu croire que s’accoutumer à la souffrance d’un ami pouvait être si simple? Au début, lors des premières heures, le géant avait dû serrer les dents à l’entente de chacune des plaintes de Deydreus. Au coucher du soleil cependant, ses innombrables manifestations de détresses ne lui causaient guère plus qu’un léger inconfort sonore. Aussi révoltant cela pouvait paraître, Iratus s’était habitué au macabre spectacle du vampire souffrant.
    Et le géant s’en voulait pour ça. Ça aurait dû être dur. C’aurait dû être insupportable. Mais son âme, irrémédiablement noircie par la voie sanglante qui était la sienne, ne pouvait plus que réagir faiblement à la ruine de l’espoir et de la vie.
    Lentement, le géant recouvrit sa plaie en pleine guérison d’un sarcophage d’airain, fixant de nouveau son canon d’avant-bras au reste de son armure sans se risquer à attarder son regard sur ce qui se trouvait au fond de la caverne.
    “-Je vais rentrer, maintenant.” Dit-il, en se détournant pour rejoindre le sentier menant au bas de la montagne. “Je vais voir les gars. S'il te reste un peu de conscience, prie pour qu’aucun d’eux ne cherche à me passer une lame au travers du torse.” Un doute. Un regard. Peut-être l’ombre d’un regret, l’empêcha de partir sans se retourner. “Je serai là au matin.” Assura-t-il finalement, avant de disparaître.

    Guidés par Gorog, les Dévoreurs étaient arrivés en début de soirée, trempés de sueurs glacées mais l’air fier, triomphant. Les guerriers aux armures cramoisies s’étaient dépassés pour parvenir à Pleurs-la-Cendres en un temps record, malgré les blessures et la fatigue. Le bras gauche de Nahr et la plaie au ventre de Gatlig ne s’étaient pas infectés durant le trajet, de bonnes nouvelles, n’ayant pourtant pas été accueillies avec la chaleur que chacun des berserkers avaient escompté.
    Au contraire, à leurs vues, la plupart des autres Serres s’étaient renfermés. Certains -les plus hardis- étaient même allés jusqu’à pousser l’injure en ne leur rendant même pas leur salut. Et, surtout, les portes de la ville ne s’étaient pas ouvertes. Un caustique constat, douloureux au possible pour le groupe épuisé, qui avait répondu à cette indifférence générale en montant son camp à l’extérieur de pleurs-la-cendres, sans daigner mettre un pied à l’intérieur de la ville. Ils préféraient, après tout, s’exiler eux-mêmes plutôt que s’humilier en tentant de trouver une explication à un si brusque revirement. Pour les Serres comme pour les Dévoreurs qui, jusqu’à maintenant, s’étaient toujours considérés comme les membres soudés d’un même groupe, une telle hostilité ouvertement affichée, sans explications, relevait presque du sacrilège. Et pourtant, les tueurs en rouge acceptaient la chose avec fatalité, conscients que leur rôle de bourreaux et de tortionnaires ne pouvait que les prédestiner à ce type de traitement, même parmi ceux qu’ils considéraient comme leurs frères.
    Bien sûr, l’acceptation ne se faisait pas sans une bonne part d’amertume. Plusieurs Dévoreurs, Kirk et Gatlig en tête, s’étaient longuement épanchés sur l’injustice de la situation et rêvaient déjà du moment où ils feraient payer l’injure aux concernés dans les cercles de duels, quand bien même nul ne savait si de tels combats “amicaux” pourraient un jour, de nouveau avoir lieu. Du haut des remparts, les membres des troupes régulières ayant un jour établi des liens forts avec ceux des Dévoreurs jetaient des regards tristes en contrebas, tiraillés entre l’idée de tirer les berserkers de l’incompréhension et celle de ne pas trahir leur propre escouade. De toute cette hostilité ouvertement affichée découlait une ambiance morose, autant d’un côté que de l’autre, renforcée à chaque instant par une honte grandissante chez les Serres et une confusion totale parmi les Berserkers.
    “-Quelle bande de pauvres connards.” Répéta Gatlig pour la énième fois, sans prendre la peine d’arrêter de mâcher un morceau de viande séchée.
    Nahr fixait les flammes du feu devant lequel il était assis en tailleur. Son bras en écharpe le faisait grimacer à chaque respiration, le froid n’aidant pas, mais il se refusait à faire la moindre demande à l’intention des gardiens de la ville. Kirk, pour sa part, paraissait plus direct dans son animosité. Le Drakyn ne cessait de s’entraîner au lancer de couteau sur le bois des remparts, ne s’interrompant que pour boire l’alcool contenu dans sa gourde ou pour retirer les trop nombreuses lames plantées dans sa cible improvisées. Silencieux, le tortionnaire le demeurerait jusqu’à ce que quelqu’un, dans l’autre camp, n’ose dire ou faire quelque chose pouvant provoquer sa colère.
    C’était ce qui inquiétait Gorog. En l’absence d’Alasker et de Deydreus, l’orc à barbe blanche ne disposait pas d’une autorité suffisante pour empêcher les plus instables de ses compagnons de se jeter à la gorge de leurs alliés, aussi désagréables ces derniers pouvaient-ils être.
    “-Où est le patron?” Bredouillait Sanguin, dès lors que son esprit embrumé parvenait à se rappeler de la situation. Lors de ce genre de moment, le fou-furieux, tout-à-fait perdu, prenait des airs d’enfant arriéré. Sa voix perdait sa tonalité de prédateur. Il ne grognait plus. Ne bavait plus. Ses yeux aux paupières brûlées balayaient les environs, à la recherche d’une explication, d’un repère, tandis que son cerveau confus s’escrimait à se concentrer sur l’instant présent. Ca ne durait jamais longtemps. Ça n'arrivait pas souvent. Mais c’était toujours un spectacle si pitoyable que même les coeurs les plus froids ne parvenaient pas à l’ignorer.
    “-On ne sait pas, Sanguin. Rendors-toi.” Ordonnait systématiquement Aelios, en jetant un coup d'œil attristé aux autres témoins de la scène.
    Gorog grimaça. Aelios se battait avec la même force et la même sauvagerie qu’un orc malgré ses origines humaines mais sa tendance à la mélancolie l’approchait dangereusement de la sensiblerie elfique. En temps de paix, cet homme-là cédait facilement à la rêverie et aux regrets, une humeur qui ne pouvait qu’aggraver la situation actuelle. La tristesse des uns nourrissant indubitablement le courroux des autres.
    “-Il est là.” Fit simplement Kirk en décrochant l’un de ses couteaux du bois.
    A ces mots, tous se redressèrent. Quelques instants plus tard, des ombres de la nuit s’extirpa un titan de rage et de bronze qui marcha jusqu’à eux sans tenter de cacher le mécontentement affectant sa démarche comme ses traits.
    “-Qu’est-ce que vous foutez ici.” Les salua-t-il en jetant son heaume dans la neige, aux pieds de Nahr.
    “-Les portes sont fermées.” Répondit Kirk en se rapprochant du feu. “Je sais pas ce que tu as fait, mais ces connards nous considèrent comme aussi responsable que toi, patron. La colère faisait vibrer la voix du Drakyn et faisait manifestement écho à celle que chacun de ses camarades s'efforçait de contenir, à en juger leurs regards.
    Les yeux enténébrés du géant glissèrent jusqu’en haut des remparts, là où se trouvait une silhouette longiligne et solitaire, qui scrutait la scène sans bouger ni piper mot.
    “-Tu vas laisser faire ça?!” Hurla-t-il à l’intention du témoin.
    La silhouette s’éclipsa derrière les murailles, disparaissant à la vue des exilés en contrebas. Le temps sembla se suspendre. Durant ce qui leur parut être une éternité, les Dévoreurs demeurèrent immobiles, à se scruter mutuellement tout en évitant le regard chargé de colère de leur chef. Un silence pesant s’installa, s’étira, puis Alasker, sans prendre la peine de ramasser son heaume, s’éloigna de ses hommes pour marcher vers les portes de la ville.
    Qui s’ouvrirent lentement, quelques battements de coeurs plus tard.
    Derrière, Eisyleij se tenait debout, un sourire confus ancré sur ses lèvres fines.
    “-Rassemble les autres.” Ordonna Alasker en le dépassant. “Cette farce dure depuis trop longtemps.
    Sans un mot, l’elfe s’inclina et s’éclipsa avant que les Dévoreurs ne pénètrent à leur tour dans la ville.

    “-Vous êtes des abrutis.
    Ils se tenaient tous là. Rassemblés en un cercle plus ou moins organisé. Serres et Dévoreurs, piétinant gauchement la neige pour tenter d’échapper au froid et à la gêne, s’efforçant d’éviter de croiser le regard de ceux qu’ils avaient, d’une manière ou d’une autre, offensés au cours des dernières heures. Alasker au centre du groupe, faisait les cent pas, balayant la foule de ses yeux sombres, n’épargnant personne, forçant chacun d’eux à l’introspection, à la remise en question.
    A la honte.
    Ils l’avaient tous suivi. Avec fort peu d’empressement. Et en silence. Le rassemblement avait eu lieu à l’extérieur de la ville, à la lueur de torches et de lanternes, loin des oreilles curieuses des habitants et des valets de Pleurs-la-Cendres.
    “-Dey’ est absent et souffrant, oui.” Admit le géant en s’immobilisant. “Puisqu’apparemment certains d’entre-vous sont foutrement trop curieux, je l'admet, il souffre en ce moment comme jamais l’un de vous n’a souffert, seul, dans la nuit…Et par ma faute.
    Ils se hérissèrent. Les Serres se retinrent de tirer leurs lames et les Dévoreurs de céder à l’appel de la rage. Tous tinrent bon. Difficilement. Et Alasker, dans son courroux, leur infligea l’étirement du temps. Du doute. Avant de reprendre.
    “-C’est sa décision. Il compte sur vous tous et sur les liens que chacun d'entre nous avons tissés, ensemble, pour continuer à faire sa fierté jusqu’à ce qu’il se rétablisse.” Ses pas reprirent. La neige céda la place à la boue, dans son sillage. “Et vous vous comportez comme de sales cabots.
    Nouveau silence.
    Iratus n’était pas un fervent partisan des longs discours. La motivation, selon lui, devait venir des actes et non des paroles. Comme dit, ses mots ne transportaient pas comme ceux d’un chef. Ils mordaient, profondément. Provoquaient. Brisaient. Le loup aboyait plus qu’il ne parlait et seuls des prédateurs lui étant bien trop semblables pouvaient espérer voir un soupçon de motivation poindre après l’une de ses déclarations. Mais Alasker avait lu d'innombrables discours historiques et avait été témoin d’assez de déclamations d’officiers, de commandants ou d’empereur pour moduler son propre discours, le transformer jusqu’à ce que les mots sortant de sa bouche ne soient, tout simplement, plus les siens.
    “-Eisy’.” Reprit-il, et le concerné sursauta, comme surpris par un coup de tonnerre. “Au sac de Northagath, qui t’a porté sur ses épaules pour te tirer de cette foutue hutte en flamme?
    L’elfe sourit tristement en baissant les yeux vers l’ombre accroupie de Sanguin, qui fixait le vide d’un air absent.
    “-Sanguin.
    Alasker hocha la tête, satisfait. Il alla se planter devant Nahr, occupé à gratter le bandage entourant son bras cassé.
    “-Qui a brisé sa lance dans le dos du croisé qui t'avait mis à genoux?
    Le blessé haussa les épaules et grimaça de douleur.
    “-Ikaryon.
    Le géant continua son exercice pendant quelque temps, n’hésitant pas à déterrer des histoires vieilles de plusieurs années…Ou à mentionner les noms de ceux qui étaient tombés. La nostalgie se mêla à l’embarras, s’efforçant de mettre à bas tout souvenir d’adversité, de rancœur, de colère.
    “-Léo’.” Finit-il par dire, la gorge asséchée par cette trop longue démonstration. “Qui a arraché le bras de cette vermine, après qu’elle t’ait rouée de coups?
    Alors, Léonard, penaud, désigna de la pointe de son menton le géant au centre du cercle.
    “-C’est toi, Al’.
    Alasker le confirma d’un hochement de tête.
    “-Notre étendard est noir et rouge, les gars. Ça ne changera pas, jamais. Du moins, ça ne devrait pas. On crache du sang et on patauge dans la boue ensemble, depuis tellement de temps que je supporte presque chacun d’entre-vous. Je ne vais pas vous insulter en prétendant que les Serres sont une vraie famille. Mais nous sommes tous frères d’armes et, maintenant plus que jamais, nous devons conserver, chérir ce lien. C’est notre devoir.” Le géant marqua une pause, le temps que ce mot s’inscrive dans l’esprit de chacun des Serres présents.”Dey’ souffre actuellement, ça y’a pas de doute. Ce genre de douleur, ça met de mauvais poil. Et je n’ai pas envie d’avoir à lui expliquer que vous vous êtes entretués comme des cons, lorsqu’il reviendra.
    -Lorsqu’il reviendra.” Répéta joyeusement Sanguin en dodelinant de la tête.
    Il y eut quelques sourires dans l’assistance. Chargés de tristesse et de doute. Alors, Alasker soupira et claqua dans ses mains.
    “-Allez boire un coup, tous. Foutez-moi le camp.

    Pas de tonnerre d'applaudissements ou d'acclamations pour le chef des Dévoreurs. La situation ne s’y prêtait pas. Que ses mots les aient touchés ou non, les hommes avaient la mine trop sombre pour se permettre de manifester à voix haute une quelconque forme d’engouement. Mais certains s’excusèrent en passant près de lui. D’autres osèrent même passer la barrière physique en lui adressant une tape amicale sur l’épaule.
    Il ne les suivit pas à l’intérieur. S’infliger l’enfermement entre quatre murs aurait été le meilleur moyen de ne pas fermer l'œil, cette nuit. A la place, le lycanthrope alla s’asseoir au milieu du campement désormais vide des Dévoreurs pour se placer dos au feu crépitant et fixer la lune hivernale cernée de nuages neigeux. Silencieusement, il tira d’une sacoche laissée à l’abandon quelques tranches de viandes séchées et demeura ainsi, incapable de trouver la force de s’installer pour tenter de dormir.
    “-Tu sais que je t’entends respirer, pas vrai?” Gronda le lycanthrope sans se détourner du panorama.
    Eisyleij s’extirpa des ombres pour s’avancer au coin du feu à son tour.
    “-Tu n’as pas la moindre idée de s'il reviendra ou non, pas vrai?
    -Si je te répondais honnêtement, je devrais te tuer.” Ironisa l’interrogé en engloutissant un nouveau lambeau de chair séchée. “Non. Pas la moindre.
    Eisyleij laissa un rire fatigué accompagner son mouvement tandis qu’il se baissait pour s’emparer d’une gourde perchée à un piquet de tente. Le liquide à l’intérieur empestait l’alcool et la mauvaise haleine de son propriétaire, ce qui n’empêcha pas l’elfe d’en boire une grande gorgée.
    “-Quelle semaine de merde.” Conclut-il en s’essuyant la bouche d’un revers de poignet.
    “-A qui le dis-tu.” Lui répondit la brute.

    Les Serres s’entrainaient lorsqu’Alasker les abandonna, aux premières lueurs du lendemain, pour rejoindre les hauteurs où il avait laissé Deydreus enchaîné. Les Dévoreurs comme les membres de la troupe principale échangeaient, de nouveau, passes d’armes et quolibets, ce qui semblait indiquer que tout était rentré dans l’ordre pour le moment. Et alors que ses pas empressés le menaient une fois de plus dans la nature sauvage des terres du nord, le géant avait pu sentir le changement s’étant fait dans le regard que les gars lui portaient. La confusion initiale semblait désormais tout à fait passée. Leurs esprits traumatisés le voyaient de nouveau comme un allié, non pas comme un intrus ou un ennemi. Ils se rappelaient de leurs rangs et, par extension, de celui qu’il occupait parmi eux.
    Un soupçon de positif, à peine suffisant pour éclairer l’océan de ténèbres dans lequel le loup restait condamné à plonger, dans les semaines à venir. Dans lequel ce putain de sang béni l’avait déjà partiellement immergé, en réalité.
    Parce qu’après la faim, il avait confronté Deydreus, cette nuit, à la solitude. Cette solitude que sa partie humaine craignait mais que la bête assoiffée appelait de tous ses vœux. Aussi dangereuse pour lui qu’un bol de sang, si ce n’est plus, celle-ci ne devait pas avoir manquer de mordre profondément dans l’esprit du chevalier noir.
    Alors, tandis qu’il défiait de nouveau les hauteurs nordiques, le loup craignait de deviner dans quel état ses yeux enténébrés allaient découvrir son ami. De cette inquiétude naquit une impatience, qui se mua en empressement dès lors qu’à l’approche de la grotte, ses sens aiguisés perçurent les échos d’une voix lui étant parfaitement étrangère.
    Noble du Reike
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    Deydreus Fictilem
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    Info personnage
    Race: Vampire
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Loyal mauvais
    Rang: B - Griffe
    qui suis-je ?:
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  • Mer 5 Juil 2023 - 12:46
    Quand Alasker s'en alla, Deydreus luttait déjà de nouveau contre cette terrible soif. Prisonnier de son propre corps, le nouveau vampire sentait que plus la lune se levait, plus la bête dans son esprit venait hurler sa colère et sa frustration. Ce n'était que la première nuit de cette longue épreuve. Un moment décisif et pourtant si peu impressionnant par rapport à ce qui l'attendrait par la suite. Grognant tandis que son corps se tordait contre les chaînes, le reikois tentait de conserver le peu de lucidité qui lui restait, en vain. La soif gagnait du terrain, et chaque parcelle qu'il concédait le faisait sombrer peu à peu dans une abime de laquelle il n'était pas certain de pouvoir revenir.

    Solem insidiosa [PV Alasker] OjY1KPr


    Sans même s'en rendre compte, Deydreus se trouvait à nouveau dans cette maudite pièce. Assis contre l'un des piliers, le guerriers aux yeux vairons analysait chaque formes. Chaque ornements qui se trouvaient gravés dans le marbre noir. La dernière fois que sa folie l'avait conduit ici, il avait dut affronter son ancien mentor, son oncle, avant de revenir enfin dans la réalité qui le faisait pourtant tellement souffrir. Un long soupir quitta alors sa gorge. Peut-être, au final, que cette salle le préservait de tout cela? Peut-être qu'enfin, il y serait tranquille le temps que la tempête se calme? Fatigué, le vampire passa ses mains sur son visage, appuyant longuement sur ses lourdes paupières alors qu'il se relevait doucement, glissant contre la surface sur laquelle il s'appuyait. Non, ce raisonnement était bête. Car la tempête, actuellement, c'était lui. Une fois debout, le chevalier s'avança doucement vers le cercle central, pleinement conscient de l'épreuve à venir. Une étape qui lui imposait son propre subconscient. Comme s'il devait dominer son passer et sa personne afin de pouvoir avancer. Comme précédemment, un flot sanguin dansa à l'intérieur de la surface arrondie, formant peu à peu une forme que le reikois ne connaissait que trop bien. Talia, son ancienne aimée. Reconstruite par son esprit malade pour le torturer un peu plus.

    Ses yeux de jade, couplés à ses traits fins et son air hautain venaient renforcer l'aura majestueuse de l'ancienne bretteuse. S'il s'était attendu à ce que la demoiselle ne se jette sur lui, cette dernière se contenta de le fixer doucement, ses mains attrapant doucement les deux lames courbes qui siégeaient à ses hanches. Sa tenue, similaire à celle qu'elle avait portée lors de sa mise à mort, semblaient encore plus la mettre en valeur. Ou alors, c'était à nouveau l'esprit du bretteur qui lui jouait des tours. Quoiqu'il en fut, la dame pale fit tournoyer ses lames tandis qu'elle invitait Deydreus à s'emparer de son propre armement.

    - Je ne veux pas te combattre.

    Les mots du guerrier résonnèrent dans l'immense salle, comme un ricochet se propageant dans une eau profonde. Des vagues en surface, impuissantes et inutiles. En réponse, la demoiselle esquissa un léger sourire, tandis que ses yeux émeraudes venaient s'ancrer dans l'iris bicolore de la Griffe.

    - Et pourtant, tu vas le devoir.

    Sa voix. Cristalline, et pourtant si douce. Son ton enjoué à l'idée de faire couler le sang. Tout était là. Comme si elle, était là. Une pointe de doute vint alors assaillir le chevalier à l'armure sombre. Et si, au final, tout cela n'était pas qu'un jeu d'esprit? Mais bien un purgatoire dans lequel il était plongé pour avoir osé tenter de vaincre sa mortalité? Une punition des astres, ou de la mort elle même, à l'encontre d'un humain trop ambitieux et à la résilience insultante?

    - Le doute, c'est la mort.

    Les mots vibrèrent dans le corps du vampire. Ces mêmes mots qu'il lui avait lui même prononcé peu après leur rencontre. La première fois qu'elle avait fait couler le sang à ses côtés, inquiète que son mal ne la fasse basculer.  Ces mots aussi évidents que banals. Dans un duel, la moindre hésitation était couteuse, voir fatal. Et cela valait également dans bon nombre de jeux politiques et autres épreuves quotidiennes. Le monde était cruel après tout, et ils devaient l'être également. Un léger sourire se dessina sur les lèvres fines du guerrier. Si tout cela n'était que le jeu de son propre esprit, alors il se connaissait vraiment bien. Comme une réponse à cette confiance retrouvée, l'incarnation de Talia s'élança sur le bretteur aux yeux hétérochromes, tentant de l'achever dans une pirouette magistrale. Ses lames ne rencontrèrent que l'acier vicieux de Silence et Hurlement. Les doutes se dissipaient, tout comme la tristesse de sa propre condition. Seule restait l'adrénaline, et le pragmatisme. Tuer ou être tué. Encore. Toujours aussi vrai. Répondant à l'invitation de sa partenaire, le vampire se jeta à son tour vers elle. Et, dans un fracas terrible le duel repris. Une danse macabre, aussi terrifiante qu'hallucinée, à laquelle les deux protagonistes se donnaient éperdument. Comme un ébat malsain dans lequel les deux individus tiraient leur plaisir de leur victoire. Une feinte, puis une autre. Une estocade, puis une autre. Une blessure reçue. Une blessure infligée. Et, enfin, la délivrance du coup final. Comme autrefois. Comme toujours. Enfonçant Silence dans la poitrine de Talia, Deydreus lâcha presque instantanément son autre lame pour venir enserrer la nuque de la femme aux cheveux d'ébène de sa main ensanglantée. Plaquant son front contre le sien, il planta son regard dans celui de celle qu'il avait un jour aimé. Puis, dans un nouveau murmure d'adieu, il laissa son corps meurtri s'effondrer sur le sol. Les murs tremblèrent, les fenêtres se gorgèrent de sang et, dans un éclat sonore retentissant, la rivière carmin vint engloutir la pièce et le chevalier noir.

    Ouvrant de nouveau les yeux, Deydreus était haletant. A bout de souffle, le vampire tentait de comprendre ce qu'il se passait alors que la nuit était encore présente. Il était impossible pour le reikois de deviner l'heure avec précision, ni de savoir combien de temps avait duré son hallucination. En revanche, le guerrier constatait assez facilement les sévices qu'il avait imposé à son propre corps. Si sa régénération passive soignait perpétuellement les plaies et brûlures provoquées par les liens qui l'entravaient, la douleur elle était persistante. Tout comme cette maudite soif qui revenait encore à la charge. Ecrasante. Comme un une épine enfoncée profondément dans le cœur et la tête de la Griffe. Une douleur permanente et insidieuse, qui continuait de le torturait par envie et par frustration.

    - Comme il est triste, de te voir en si piteux état.

    Le regard du vampire glissa doucement le long du sol noirci et sale de la grotte, arrivant jusqu'à l'être à l'origine de ces mots. L'Ombre, flottant doucement dans l'air alors que son corps fumeux fluctuait doucement dans l'air. Sur son visage irréel, une sorte de gueule s'ouvrit doucement dans une parodie de sourire tandis que ses yeux écarlates venaient percer le regard hétérochrome du bretteur maudit.

    - Tu ne choisis pas un chemin facile, Deydreus. Tu aurais pu décider de laisser tes pulsions te guider. Accepter de laisser ta place à cette soif qui te tiraille tant. Rendre exsangue une ou deux personnes par nuit. Ce n'est pas grand chose en comparaison de ce que tu peux réaliser pour les mortels. Pour ton peuple.

    Un grognement sourd sortit de la gorge du vampire tandis qu'il s'étirait doucement, comme pour se rapprocher de l'entité ombreuse. Relevant péniblement la tête, Deydreus tenta de garder un semblant de dignité face au démon qui siégeait dans son propre sillage.

    - Jamais... Je... Serais l'esclave... De.. Ca.
    - Et c'est tout à ton honneur, vraiment. Mais les choses pourraient être plus simples. Surtout si tu te ne te préoccupais pas des considérations de ceux qui étaient autrefois tes... Semblables.
    - Je ne fais pas cela... Pour eux... C'est... Pour moi.
    - Oui, bien sûr. Tu es trop borné pour accepter de laisser quoique ce soit entraver ton jugement. Te rendre au final si "humain". Tu combattais autrefois tes émotions comme s'il s'agissait de tes pires ennemis. Aujourd'hui, tu as trouvé ton véritable adversaire. La manifestation de toute cette haine que tu as pour ce qui t'entoure. Cette rage infinie qui définit ton être. Cette soif de sang, et de guerre.

    Comme en écho à ses propos, l'Ombre vacilla brusquement dans ses oscillations fumeuses. Glissant dans l'air, elle se rapprocha du vampire, relevant doucement la tignasses de jais du chevalier tout en le fixant de ses globes incandescents.

    - Tu ressortiras grandi de tout cela. Je le sais. Je connais ton potentiel. Je ne te vois pas mourir ici. Pas avec tout ce que tu désires accomplir.
    - J'emmerde... Ta confiance.
    - Ta combativité est toujours présente. C'est bien.

    L'Ombre s'éloigna alors du vampire, visiblement amusée par ce qu'elle venait d'apercevoir. A l'horizon, le soleil se levait doucement. Enfin. Avec lui, la soif du vampire s'estompait légèrement. Ou, plutôt, elle refluait. Comme une marée toujours présente qui s'apprêtait à revenir plus en force par la suite. Le démon glissa alors doucement vers l'entrée de la grotte, admirant au passage la forme enragée qui empruntait le sentier en contrebas.

    - Le loup t'est fidèle, Deydreus. Tu es chanceux d'avoir un frère comme lui. L'Ombre se tourna vers le vampire. A toi de faire en sorte de mériter sa fraternité.

    Puis, l'Ombre se retourna vers l'entrée, comme si elle désirait accueillir elle même le lycanthrope. Et tout cela, sous les yeux injectés de sang du bretteur reikois, trop épuisé par son propre combat interne pour intervenir en quoi que ce soit.


    Solem insidiosa [PV Alasker] Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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