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  • Mar 5 Sep - 16:42
    Méticuleusement, le gobelin avait inspecté chaque recoin de sa cellule. Il avait alors pu constater que toutes ses affaires avaient été transporté ici, son arc, ses flèches, son grappin, tout y était.  Désormais orphelin de son maître et seul dans un endroit inconnu, ça lui remontait le moral de voir que ses affaires l’avaient suivi : c’était tout ce qu’il lui restait.

    Assis sur la chaise devant ce qui se trouvait être un bureau, le petit homme vert déposa sa précieuse mallette et l’ouvrit avec minutie, comme si l’objet en bois avait un caractère sacré. A l’intérieur, se trouvait tous les couteaux de lancer de l’assassin, ses armes de prédilection ainsi que le fusil servant à affuter les lames. Un à un, il aiguisa chaque couteau et les plaça dans leur fourreau respectif. Trois sur chaque avant-bras, quatre sur chaque cuisse, deux par mollet et la douzaine restante dissimulé sur son torse.  

    C’était un rituel que son maître lui avait appris et qu’il pratiquait depuis quelques années déjà... Son guide était tombé mais son art avait tout de même survécu à travers lui. Un petit rictus apparut sur le visage du gobelin, en guise de sourire : encore un héritage à porter, quelle ironie ?


    Toc toc toc

    Perdu dans ses pensées, l’assassin fut vite ramené à la réalité et se réprimanda intérieurement de ne pas avoir terminé de s’équiper. Après quelques pas rapides, il tira une des deux dagues de son fourreau qui se trouvait sur son lit d’un coup sec, éteignit la lampe se trouvant sur le bureau et vint se placer de manière à être camoufler derrière la porte lorsqu’elle viendrait à s’ouvrir.

    Toc toc toc

    Ça dort là-dedans ? T’es con, pourquoi tu as éteint la lumière ? Bon j’entre hein !


    L’homme avait une voix inoffensive certes mais on lui avait rabâcher trop de fois qu’il fallait toujours se méfier des apparences. Sa lanterne devant lui, l’intrus chercha son “client”. Lorsqu’il s’avança jusqu’au centre de la pièce, Stadzank se faufila discrètement derrière lui et plaça sa lame dans le dos de celui qui pourrait très vite devenir sa nouvelle victime.

    T’es qui toi ? T’as pas la même voix qu’ceux qui m’ont fait v’nir ici ! Qu’est-ce que tu m’veux ? Parle vite et bien si tu veux vivre.

    Instaurer un climat menaçant, ne pas lui laisser le temps de réfléchir pour avoir des vérités : telle était la manœuvre.

    Je viens juste pour le tatouage, je ne vous veux pas de mal, je fais juste ce qu’on me dit vous savez...

    Effectivement, tout portait à croire que c’était bien un tatoueur officiel envoyé par ses bienfaiteurs. La lampe de bureau fut rallumée, la dague rangée dans son fourreau et “l’intrus” pu s’expliquer sur sa venue. L’idée de faire disparaître son ancien tatouage pour en avoir un nouveau sur lequel il a un contrôle absolu était attrayante et le gobelin se laissa faire de bon cœur. Si le nouveau venu discutait bien volontiers au sujet des tatouages, il se fermait comme une huître dès lors qu’on abordait un autre sujet.

    Le mystère sur l’identité de ses bienfaiteurs restait entier et lorsque le tatoueur quitta sa cellule, le petit homme vert reprit son rituel, aiguisant ses dagues tout essayant de ne pas se torturer l’esprit à vouloir trouver l’identité de gens dont il n’avait qu’une info : ils avaient le bras long, très long. Une fois terminé, l’assassin inspecta la cellule pour voir s’il n’y avait rien de suspect et n’ayant rien trouvé, il se coucha tranquillement sur son lit, attendant qu’on vienne le chercher.

    Ce qui ne tarda pas à arriver. Quelques bruits de pas discrets se firent entendre juste avant que sa porte s’ouvre. Le nouvel entrant avait presque surpris le gobelin mais ce dernier avait déjà la main sur un de ses couteaux, prêt à lui en envoyer un en pleine gorge.


    Wow minute mon garçon ! Je t’emmène voir ceux qui t’ont fait amener ici. Sois discret et suis-moi.

    Sa tête lui était connue, il faisait parti de la petite équipe qui était venu le délivrer. Être discret, c’était son fonds de commerce se dit-il et son interlocuteur devait être au courant. Après avoir marché quelques minutes dans le dédale de couloirs, Stadzank réalisa qu’ils devaient se trouver sous un immense édifice. Arrivé devant une grosse porte en bois, l’homme lui dit :

    Rentre là-dedans. Ils ne devraient pas tarder à arriver. Tu sauras retrouver ton chemin ?

    Le gobelin hocha la tête en signe d’acquiescement.

    D’accord. Bon je te laisse, à la prochaine !

    Il regarda son accompagnateur partir jusqu’à ce qu’il disparaisse dans un couloir. Puis il ouvrit la grosse porte en bois, qui donnait sur un genre de petite salle de garde désaffectée. Des torches semblaient avoir été allumé depuis peu et on avait nettoyé sommairement la grande table qui se trouvait au milieu de la pièce poussiéreuse. L’assassin observa l’ensemble du volume et repéra qu’une autre porte donnait accès à cette salle. Il prit place à la table, sur un tabouret. Son regard était plongé sur cet autre accès, qui devait vraisemblablement être la porte par laquelle allait passer ses “bienfaiteurs”.
    Empereur-dragon du Reike
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    Tensai Ryssen
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  • Sam 23 Sep - 11:48
    - C’est fait, messire.

    Le garde qui avait accompagné Stadzank jusque-là pièce où il devait rencontrer ses souverains s’inclina légèrement devant Zéphyr, le maître-espion  du Reike. Celui-ci arrêta momentanément de lire un rapport d’un de ses hommes, et l’assassin posa ses prunelles dorées sur l’espion devant lui.

    - Comment a-t-il réagi ?
    - Comme quelqu’un qui ne sait pas trop à quoi s’attendre, m’ssire. Faut dire qu’il y a pas si longtemps que ça, il pensait passer au gibet, alors être expédié il ne sait où comme ça, avec toutes ses affaires de surcroît…
    - Ce sera plus facile pour lui s’il conserve son propre équipement, répond négligemment Zéphyr alors qu'il dépose le parchemin sur son bureau. C’est un gobelin, sa taille et ses armes sont donc particulières, ajoute-t-il en se levant. Quoi qu’il en soit, je m’en vais prévenir nos souverains. Gardez-le discrètement à l’œil pendant que Tensai et Ayshara viennent sur place.

    L’espion acquiesce sans mot dire et le chef des troupes spéciales, quant à lui, s’enfonce dans les couloirs du palais. Son allure est assurée alors qu’il semble savoir parfaitement où il va et de fait, l’homme sait bien que le couple termine une série d’audiences au sein de la salle du trône. Lorsqu’il s’y engouffre, par un passage dérobé, l’Oreille prend le temps de s’assurer qu’il n’y ait aucun visiteur indésirable, puis, il défait son invisibilité et s’avance vers les deux trônes splendides avant de faire le signe reikois.

    - Vos Majestés. Avec votre accord, j’ai amené le gobelin au palais, comme demandé.

    Le regard de Tensai, bienveillant, mais naturellement dur, se pose sur le membre de la Main, alors que celui-ci attend les réactions de son roi ou de sa reine.

    - Un travail rapide et efficace. Que lui as-tu laissé savoir ?
    - Absolument rien, déclare posément le maître-espion. Il ne sait même pas qu’il est au palais. La seule chose dont il a conscience, c’est que sa tête aurait dû orner une pique, et que ce n’est pas le cas jusqu’à présent. Mes hommes l’ont exfiltré de la cellule et l’ont remplacé par un autre cadavre. C’est donc un fantôme. Quelqu’un qui n’a plus aucune existence. L’homme marque une pause. Avec un peu de jugeotte, il se doutera sans doute que vous êtes haut-placés, puisque nous lui avons apposé un tatouage spécial, qui puisse disparaître lors de ses missions, afin qu’on ne sache pas son origine du Reike. De plus, il doit également se douter que nous requerrons ses services puisque nous lui avons laissé tout son équipement. Pour le reste, il est dans le flou le plus total. J’ai donné l’ordre qu’il soit conduit dans une salle à part, où vous pourrez le rencontrer. J’aimerais vous y conduire, après quoi je vous laisserai décider de son sort.

    Tensai prend le temps de considérer l’avis d’Ayshara, mais ni l’un ni l’autre n’ont véritablement d’objection pour rencontrer ce futur serviteur de la Couronne. S’il accepte toutefois la proposition des deux dirigeants du Reike. Mais a-t-il seulement le choix ? S’il refuse, il ne leur sera d’aucune utilité, et Tensai n’aurait aucun problème de conscience à réduire sa vie à néant. Mais un tel individu peut être utile, pour l’un comme pour l’autre. Alors qu’il se lève et qu’il tend la main à son épouse pour l’aider à se lever, il sourit à cette dernière avant de prendre la parole.

    - Conduis-nous jusque-là, Zéphyr. Nous verrons ce qui en découle bientôt.

    Alors que l’Oreille s’exécute, le trio commence à se déplacer jusqu’à descendre dans les souterrains de de la demeure impériale. Délicat, Zéphyr a pris suffisamment d’avance pour laisser un moment d’intimité au couple, chose que le Conquérant apprécie. C’est donc d’une voix profonde, mais posée qu’il se tourne vers Ayshara et lui donne le fond de sa pensée.

    - Je te laisserai lui expliquer notre projet en première. A bien des égards, tu sais que ma stature peut en effrayer plus d’un, ricane-t-il. Sa taille et sa musculature ont en effet tendance à intimider ceux qui ne le connaissent pas, et plus encore, ses actes ont le don d'effrayer ses interlocuteurs. Tout le monde sait que le Drakyn a mis le Reike a feu et à sang des années plus tôt, mais aussi qu’il a anéanti Kazgoth aux côtés de la Vosdraak. Si un sourire presqu’amusé a orné ses traits un court instant à sa première déclaration, bientôt, le sérieux reprend le pas, alors qu’une lueur attentive apparaît dans les yeux de Tensai. Je souhaiterais que ce gobelin soit à notre service à tous les deux, certes, mais particulièrement du tien. Pour qu’il te protège, pour qu’ils puissent réaliser certains de tes ordres, également. Je sais que tu as déjà Afosios. Mais ton ami, fût-il efficace, ne peut pas être partout. Cela te dotera donc d’un serviteur en plus, un serviteur qui devra nous être loyal quoi qu’il arrive. La trahison est bien une chose que le guerrier ne tolère pas pas et ne tolérera jamais. Il va falloir lui dire ce que nous attendons de lui, et bien lui faire comprendre que son passé est mort, qu’il n’appartient plus à rien ni à personne. Et il devra comprendre l’importance de sa tâche, celle d’être un fantôme et de se fondre partout, dans tous les milieux, à n’importe quel moment.

    Le colosse se tait, essentiellement parce que Zéphyr s’est arrêté devant une porte et que ce dernier a posé son regard sur le couple.

    - C’est ici. S’il devait se passer quelque chose…
    - Je m’en occuperai moi-même, répond Tensai. Tu peux disposer. Nous te ferons savoir sa décision dans la journée.

    Le maître-espion opine du chef, puis repart comme il est venu. Le roi du Reike, lui, attend d’éventuelles considérations de la belle, puis il prend les devants et entre dans la salle.

    Celle-ci est simple. Plusieurs torches ont été allumées sur les murs pour éclairer la pièce. Au centre demeure une table en bois sommaire, avec deux chaises d’un côté, et un autre siège de l’autre. Bien sûr, de l’autre côté du meuble en bois demeure un gobelin à la peau verdâtre, ridiculement petit comme est ridiculement grand Tensai. Celui-ci, du haut de ses deux mètres et demi, domine totalement son sujet, et son regard, ni aimable, ni particulièrement hostile, semble le jauger et le transpercer de part en part. L’Empereur s’avance, attend que sa bien-aimée fasse aussi son entrée, puis dévisage ce petit être qui a là une nouvelle chance inespérée.

    - Stadzank, observe d’une voix forte et calme le chef d’Etat. Noble d’un clan déchu, assassin et voleur à Kyouji. Vous auriez dû être exécuté pour vos crimes, et pourtant, nous aimerions vous laissez une seconde chance. L’attitude de Tensai reste assez froide et détachée et il tourne simplement la tête vers Ayshara. Comme promis, il la laissera présenter ce que le couple souverain souhaite. Est-ce que le gobelin appréciera ? Ils ne tarderont pas à le savoir.
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  • Mer 27 Sep - 10:02

    Au sein de la somptueuse salle du trône du palais d'Ikusa, Ayshara et Tensai, assis côte à côte sur leurs sièges d'apparat, écoutaient d'une patience feinte les extravagances d'un noble particulièrement excentrique du Reike. Ce dernier, vêtu d'habits aux couleurs criardes et portant une coiffe ornée de plumes d'oiseaux exotiques, avait sollicité une audience pour des raisons que l'on pouvait qualifier de hum... singulières. Issu d'une riche famille œuvrant à proximité de Kyouji, le Seigneur Virelune était devenu un habitué des rencontres impériales, lui et ses folles idées frôlant souvent l'impertinence. Alors, pourquoi sa tête ne trônait toujours pas au sommet d'une pique ? Probablement parce qu'il divertissait bien nos deux souverains.

    - Votre Majesté, j'ai entendu dire que les fontaines du palais ne crachent que de l'eau. Ne serait-il pas merveilleux qu'elles déversent du vin lors des grandes occasions ?

    Habituée aux folies des nobles, le vosdraak n'en demeurait pas moins régulièrement surprise par l'audace de certains. Elle échangea un regard amusé à Tensai, avant de prendre en main cette affaire épineuse.

    - Monsieur, si nous devions inonder nos fontaines de vin, j'ai peur que nos jardins ne deviennent le théâtre de festivités permanentes et que la sobriété de nos sujets ne soit compromise.
    - Et qu'en est-il des oiseaux exotiques ? J'ai récemment acquis un perroquet qui parle quatre langues. Ne serait-il pas charmant d'avoir une volière royale remplie de tels spécimens ?
    - Votre proposition est séduisante, Seigneur. Malheureusement, je crains que les cris de ces oiseaux ne perturbent la quiétude de nos parterres. Mais nous garderons votre suggestion à l'esprit.
    - Majesté, j'ai également dans mes propriétés un lac dont les eaux sont d'un bleu si profond qu'on dirait un saphir liquide. Ne désireriez-vous pas y faire construire une résidence d'été ?
    - Je me sens honorée par une pareille offre, Messire Virelune. Je vous promets que nous y réfléchirons.

    Satisfait d'avoir été entendu, le noble s'inclina respectueusement devant les dirigeants et quitta la pièce escorté d'une poignée de gardes, sa démarche aussi théâtrale que son apparition. Lorsque la porte se referma enfin, l'impératrice ne put s'empêcher de pouffer d'un rire cristallin, faillant quasiment de s'étouffer avec sa propre salive. Ah bon sang ! Comment avait-elle fait pour garder son sérieux pendant la durée de toute cette audience ? Ce Virelune était tellement risible que cela en devenait presque un crime ! Une main délicate se posa sur sa bouche afin de tenter de contenir son hilarité.

    - Par tous les astres, notre cour ne manque pas d'originalité, aujourd'hui ! S'exclama-t-elle, essuyant une larme d'amusement.

    Alors que le couple échangeait quelques mots, une ombre se matérialisa soudainement devant eux. Zéphyr, le fameux maître-espion du Reike, se tenait là, droit comme un i, son visage impassible ne trahissant aucune émotion. Ses yeux perçants, habitués à scruter les moindres détails, se posèrent sur les monarques. Puis, il parla, annonçant la situation avec le gobelin qui les attendait plus bas. Ayshara soupira doucement en espérant qu'il n'ait été maltraité inutilement au cours du processus. Ceci dit, il fallait reconnaître que l'Oreille avait œuvré pour l'intérêt suppérieur du Reike. Manifestement, la dragonne lui exprimait sa gratitude. Elle lança à l'humain un sourire empreint de bienveillance, souhaitant lui signifier son accord.

    - Je vous remercie d'avoir fait tout cela, Zéphyr. Il me parait essentiel que nous rencontrions ce gobelin. Ses compétences pourraient s'avérer précieuses pour nos projets au sein de l'Empire.

    Sans plus tarder, ils acceptèrent de suivre les traces du bretteur. La dragonne, marchant aux côtés du Conquérant, tenait doucement son bras, cherchant en lui une assurance face à l'inconnu qui les attendait au coeur de ces sombres souterrains. Leurs pas résonnaient dans le silence. La remarque de son époux concernant sa morphologie imposante l'amusa quelque peu. Elle connaissait bien cette stature, celle qui avait tant effrayé et impressionné. Nonobstant, elle savait mieux que quiconque en ce Sekai que derrière cette apparence se cachait un homme capable d'amour et de dévotion. Puis, Tensai exprima son désir que ce petit être serve particulièrement la demoiselle. À la fois touchée et surprise par cette attention, la reine ne sut pas quoi lui répondre exactement. Quel genre de travail pourrait-il réaliser ? Cette décision comportait des risques. Intégrer un gobelin, un individu potentiellement dangereux nécessitait une grande prudence. Elle réfléchit un instant, pesant le pour et le contre.

    - Votre souci pour ma sécurité me touche, mon roi. Je comprends votre désir de me doter d'un protecteur supplémentaire. Sachez néanmoins que je suis prête à assumer cette responsabilité. Je saurai lui faire entendre l'importance de sa mission et l'attente que nous avons de lui.

    Lorsque l'espion posa son regard sur eux, elle sentit une flamme de détermination l'envahir, parée à faire face à ce nouveau défi.

    - Merci pour tout, mon ami.

    Ainsi, le drakyn fut le premier à pénétrer à l'intérieur de la pièce. Plus discrète, la belle avança d'un pas mesuré, laissant derrière elle le bruit de ses talons résonner. Elle se tenait tout près de son bien-aimé, sa petite silhouette élancée contrastant avec la stature imposante de l'Empereur. Tandis que son homme prenait la parole, l'impératrice observa le gobelin nommé "Stadzank". Il était assez aisé de percevoir sa tension, son incertitude face à ce qui allait lui être proposé. La jeune femme se pencha légèrement en avant, cherchant à établir un contact visuel, essayant de le tranquilliser par sa présence.

    - Stadzank, je conçois que cela doit vous sembler étrange, voire effrayant. Rassurez-vous; nous ne souhaitons pas vous faire de mal. Nous voulons saisir qui vous êtes, d'où vous venez. Chaque être, quelle que soit sa race, son origine, a une histoire, des rêves, des peurs. Et je désire apprendre la vôtre. Parlez-moi de vous, de votre clan, de votre vie avant tout ceci. Nous vous offrons une seconde chance, Stadzank. Mais avant de décider de votre avenir, nous devons vous connaître un peu plus.



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  • Sam 30 Sep - 9:55
    Figé comme une statue par la stupéfaction de voir entrer un géant cornu de deux mètres et demi, suivi de près d’une jeune femme à la couleur de cheveux étrangement blanche, le petit homme vert ne les avait jamais vu de ses yeux mais pourtant tout portait à croire que le couple impérial était venu le rencontrer. Le couple impérial, sérieusement ? L’assassin avait du mal à réaliser qu’il se retrouvait en face de ces légendes ambulantes. Pourtant leur magnétisme semblait correspondre à ce qu’il avait entendu tant de fois... Bestial et d’une froideur glaciale pour l’Empereur, gracieuse et tout en douceur pour l’Impératrice. S’il n’avait pas été pétrifié, il en serait tombé à la renverse : l'assassin se doutait que derrière tout ça se cachait quelqu’un d’important mais le couple impérial... Il avait décroché la timbale.

    Tensai Ryssen a écrit:

    - Stadzank, Noble d’un clan déchu, assassin et voleur à Kyouji. Vous auriez dû être exécuté pour vos crimes,



    Lorsque l’Empereur prononça ces mots, le petit être se liquéfia littéralement : à dire vrai, il était face à son dernier jugement et clairement la corde était revenue au goût du jour. A moins que, à moins que... Ne l’aurait-il pas fait venir pour le tourmenter dans des jeux malsains ? Au sous-sol, loin des regards indiscrets, l’idée d’un cauchemar bien réel commençait à prendre de l’ampleur dans sa petite tête...

    Tensai Ryssen a écrit: et pourtant, nous aimerions vous laissez une seconde chance.


    Oufff... Voilà un “et pourtant” qui valait bien tous les “mais” du monde. Heureusement, il y avait un “mais” car quand on avait le “Tensai Ryssen himself” qui te balançait que t’était une raclure de la pire espèce, ça sentait grave le pâté ! En une phrase, le gobelin avait fait un tour de montagnes russes émotionnelles. Alors que l’attention se déportait sur sa femme qui s’apprêtait à prendre la parole, il réalisa que le couple impérial savait tout sur sa vie... Comme quoi deux phrases suffisent parfois à résumer la vie d’un petit homme.

    Ce n’était vraiment pas le moment de philosopher sur l’insignifiance de son existence, c’était au tour de la Vosdraak de parler avec un ton bien plus rassurant.



    Ayshara Ryssen a écrit:

    - Stadzank, je conçois que cela doit vous sembler étrange, voire effrayant. Rassurez-vous; nous ne souhaitons pas vous faire de mal. Nous voulons saisir qui vous êtes, d'où vous venez. Chaque être, quelle que soit sa race, son origine, a une histoire, des rêves, des peurs. Et je désire apprendre la vôtre. Parlez-moi de vous, de votre clan, de votre vie avant tout ceci. Nous vous offrons une seconde chance, Stadzank. Mais avant de décider de votre avenir, nous devons vous connaître un peu plus.


    Bien... Elle aussi ne se donnait pas la peine de se présenter, voilà qui en disait long sur l’assurance du couple. Plein de scénarios trottaient dans sa tête à ce moment-là... SI le gobelin avait à faire à deux métamorphes, il avait forcément en face de lui deux comédiens hors du commun : seul quelqu’un élevé à la cour royale d’Ikusa pouvait être capable d’adopter cette posture princière... Non, leur charisme était tel qu’il était inimitable, impossible à copier, ce qu’il vivait, était bien réel.  

    L’assassin se secoua la tête, comme pour se débarrasser de ce trop-plein d’informations qui s’enchevêtraient dans sa petite cervelle en ébullition. Ensuite il descendit de son tabouret et fit une ridicule petite révérence avant de prendre la parole avec sa petite voix fluette :


    Vos Majestés... Tout d’abord désolé d’être la cause de votre descente dans ce... sous-terrain ? Vos si nobles personnes dans ce lieu lugubre me chagrine...

    Son secouage de tête avait chassé moultes idées dans sa tête mais alors qu’il se lançait dans une série de politesses dont il ne maîtrisait plus les codes, il cherchait à savoir s’il devait leur livrer son histoire ou un baratin inventé sur le tas... Et finalement c’était la force tranquille de l’Impératrice qui décida Stadzank à revenir sur la voie du devoir et de la vérité.

    Même si vous avez l’air bien informé sur mon compte –ce qui me flatte assurément- laissez-moi commencer par me présenter. Stadzank Gloidveeld, feu le patriarche du clan Gloidveeld puisque si j’ai bien compris ce qu’il m’était arrivé, je me suis éteint voilà quelques jours dans une triste cellule de la prison de Kyouji. Je vais donc vous compter “ma” vérité, sans mensonges ni duperies comme on l’attend de tout loyal serviteur ayant contracté une “dette de vie”.

    Reprenant un petit peu son souffle après sa tirade, le gobelin décida de lâcher prise comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Vivre en cavale permanente était certes devenu son mode de vie mais à cet instant il se rendit compte à quel point ce fardeau pesait lourd sur ses frêles épaules.

    Je suis le premier né de la famille dirigeante du clan Gloidveeld, j’ai eu une enfance heureuse et une éducation des plus raffinées comme peut les offrir les familles nobles du Reike. Malheureusement, alors que je n’étais encore qu’un enfant, mon clan a été trahi par un de nos clans vassaux... Après nous avoir trompé, dénoncé et fait condamner pour des faits inventés de toute pièce avec la complicité de certains éléments haut placé au sein des institutions Reikoises, ils ont profité de la naïveté de mes aînés pour les... massacrer, il n’y a pas d’autre terme lorsqu’on parle d’un combat à ce point inégal. Chassé de ma maison, rejeté par ma propre communauté, j’ai erré quelques temps dans les rues avec le reste de mon clan, tous des enfants. La haine que j’éprouvais était telle que je n’avais plus qu’elle comme conseillère. Mon bon cousin Glulgil a bien essayé de me dissuader mais en vain, j’ai fait un choix lourd de conséquence :  celle de consacrer mon existence à venger mon clan, à laver notre honneur et à lui faire reprendre la place qu’on lui a usurpé.  

    Malheureusement, malgré le sacrifice personnel évident qu’impliquait son choix, il n’avait même pas effleuré ses objectifs et maintenant qu’il avait contracté une dette de vie, son serment d’enfance ne serait jamais honoré. Voilà ce que contenait la petite larme qui venait de s’écouler sur son visage, marqué encore par les stigmates provoqués par la seule évocation de ce souvenir.

    En colère contre les traîtres, en colère contre l’autorité reikoise qui nous avait abandonné, j’ai fait le choix de travailler avec des gens malhonnêtes d’abord pour survivre puis pour me forger les compétences utiles à ma vengeance. J’étais devenu un voleur de haut vol et c’est l’agilité dont je faisais preuve qui attira l’œil qui deviendra plus tard mon maître, m’entraînant sur un chemin encore plus sombre et en même temps, me rapprochant un peu plus de mes objectifs. Avec lui, j’ai appris beaucoup, j’ai pris de nombreuses vies même si cet “honneur” revenait plus régulièrement à mon maître qui pratiquait “l’assassinat” comme un art, me laissant le plus souvent les miettes. Rassurez-vous, les vies que nous prenions étaient que très rarement de très honnêtes gens... Et puis il y a quelques temps, alors que je m’apprêtais à prendre mes distances avec mon mentor, ce dernier s’est fait prendre et m’a vendu. J’ai toujours pensé qu’il m’aimait comme un fils et qu’il voyait en moi la transmission de son “héritage”... Décidément le zèle dont a fait preuve vos services de sécurité à Kyouji m’étonne encore, ils doivent être sacrément persuasif.

    L’aigreur que ressentait à ce moment-là le gobelin lui donna le courage d’affronter une petite seconde le regard de l’Empereur qui semblait rester de marbre à ses propos.

    Et la suite, vous la connaissez, je suis là devant vous, n’ayant à vous offrir que ma “vérité” et si vous le permettez, une chance de racheter ma dette.

    Une vie contre une autre, tel était le prix de ce type de dette au sein du clan Gloidveeld.
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    Tensai Ryssen
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  • Lun 9 Oct - 22:19
    Malheureusement, toute bonne chose a une fin. Qu’il s’agisse d’écouter les propos d’un noble extravagant ou de voguer à Kyouji pour mener de multiples crimes. Le premier cas, au moins, a eu l’avantage d’amuser sa reine, ce qui valait bien la peine de faire semblant d’être intéressé par ces offres incongrues. Et le second cas… a l’avantage de leur présenter un petit être à la peau verte, qui n’a plus rien, et ne possède surtout plus aucune existence propre. Il s’agit d’un gobelin qui pourra être entièrement à leur service, en ayant une liberté directement liée à sa fonction. Bien sûr, ce serviteur de la Couronne aura les récompenses qui vont avec. Au palais, l’assassin sera nourri et blanchi, et lorsqu’il ira à l’extérieur, pour remplir certaines de ses missions, il aura évidemment un pécule suffisant pour adapter son équipement et dormir dans des auberges s’il le souhaite. Encore que le Reikois devra également se reposer à la belle étoile et parer à toutes les éventualités, mais… à chaque jour suffit sa peine. Et ils auront le temps de détailler les aléas de sa fonction plus tard. Pour l’heure, Ayshara prend la main et déclare à Stadzank que le couple royal ne lui veut aucun mal. Sur ce point, elle n’a pas tout à fait tort : les deux dirigeants sont surtout là pour découvrir qui est ce gobelin ramené par l’Oreille. Zéphyr a beau leur avoir parlé de cet ancien criminel, il n’en reste pas moins qu’il est toujours plus facile de découvrir la personnalité de quelqu’un en restant avec lui et l’assassin a donc une opportunité en or pour se présenter comme il le désire.

    Indifférent aux sentiments contradictoires qui doivent habiter ce petit personnage, Tensai l’écoute donc, alors que son regard le transperce et semble vouloir lire dans son âme. L’être à la peau verte est descendu de son tabouret pour s’incliner de manière ridicule, et il s’excuse d’abord de les « avoir fait descendre » jusqu’ici. A ces mots, l’Empereur grogne légèrement. Si son interlocuteur cherche à noyer le poisson ou à les ensevelir sous des paroles inutiles, il va rapidement perdre patience. Evidemment, Stadzank cherche juste à gagner du temps pour réorganiser ses pensées, et il ne faut guère du temps pour rebondir et orienter la conversation sur sa propre vie.

    Malin, le voleur affirme que son ancien moi est malheureusement mort il y a quelques jours dans une prison de Kyouji. Ainsi a-t-il déjà compris qu’il ne devait plus rien attendre de sa vie passée. Une bonne chose. Et visiblement, il ne compte pas mentir non plus. Un second bon point, car l’Empereur apprécie très peu ceux qui se cachent derrière des semi-vérités. De toute façon, il serait mal avisé de vouloir tromper ses nouveaux employeurs.

    Stadzank parle ainsi de son clan, du complot dont ils ont été victimes, de leur massacre, et enfin de sa quête de vengeance. Quête qu’il n’a pas réussi à accomplir jusqu’à présent. Ayant tout perdu, il a fallu qu’il utilise les compétences à sa portée, et le gobelin a donc évolué au sein de la pègre, étant prêt à commettre larcin et autres contrats qu’on lui proposerait. Jusqu’à ce que son mentor ne le trahisse… Et qu’il finisse donc en prison pour se retrouver ici.

    Tensai n’est pas quelqu’un de très expressif : même quand une larme a coulé sur le visage de l’assassin, l’homme n’a pas bougé, et encore moins exprimé de la compassion. Il entend tout ce qu’il s’est passé, il en prend note, mais son raisonnement reste pour le moment distancié et froid. Car être l’assassin royal demande des capacités autant physiques que mentales, et il ne sait pas encore si cet individu sera loyal envers leur Royaume.

    - Stadzank, fait calmement le Conquérant. Je sais que le clan Gloidveeld a toujours tenu à son honneur et a toujours rempli ses dettes. Le colosse avait après tout pris le temps de connaître les tribus de son pays, et cela dès qu’il avait commencé à marcher sur le Reike, pour prendre la couronne qui lui revenait de droit. J’ose donc croire que, puisque nous avons sauvé ta vie, tu dois effectivement payé ta dette en étant à notre service. Mais je m’interroge. Ta quête de vengeance, sauras-tu l’oublier ? Les cris de ton clan qui réclament justice, sauras-tu les écarter ? Si tu devais rencontrer l’un des assassins qui a égorgé ta famille, sauras-tu poursuivre ta mission ? Jusqu’à quel point seras-tu dévoué ?

    Un léger silence, pour permettre au petit être de réfléchir avant que le guerrier ne continue.

    - Sous notre protection, tu auras le gîte et le couvert ainsi que la richesse nécessaire aux besoins de ta fonction. Nous pourrons te demander de tuer, de voler, d’enquêter, de mettre certaines preuves – qu’elles soient fabriquées ou non – pour faire tomber des ennemis sournois de la Couronne. Les missions que nous pourrons t’accorder seront donc dangereuses. Et tu rencontreras des personnages fourbes. D’autres assassins. D’autres criminels. Ainsi que des nobles naïfs et arrogants. Etant notre épée, tu devras te fondre dans tous les milieux. Es-tu capable de t’adapter à chaque recoin du Reike, à établir de longs voyages, et à surtout ne jamais trahir Ayshara et moi-même, toi qui as connu le goût amer de la trahison ?

    Un dernier silence.

    - Je ne méprise pas ceux qui se battent et se relèvent, même après avoir été mis à terre. Devenir un voleur, un malfrat, un criminel était ton moyen de continuer à te battre, le temps d’accomplir ta quête. Mais je demande… si tu choisis cette seconde chance que l’on t’offre, que serais-tu prêt à abandonner et à nous donner en échange ?

    C'est une chose que de changer d'emploi, c'en est une autre que d'abandonner son passé, ses anciens amis, et surtout ses plus profonds désirs.

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  • Mer 11 Oct - 12:41
    Si l’Empereur en était là, ce n’était pas juste parce qu’il était bien né mais bien parce qu’il avait pris ce Royaume comme il souhaitait désormais prendre sa vie. Certes sa dette lui imposait d’être au service du couple Impérial et les deux connaissaient visiblement les us et coutumes de sa tribu, ce qui naïvement l’irrita quelque peu... Il aurait préféré servir quelqu’un qui lui aurait sauvé la vie sans attendre quelque chose en retour. Le gobelin n’en montra rien et se consola en se disant que ses nouveaux maîtres ne dirigeaient pas leurs affaires avec de simples bonnes intentions mais avec la poigne nécessaire à ce rude royaume.  

    Entrecoupé de silences, le monologue du monarque insista lourdement sur sa loyauté et surtout l’abandon de sa quête personnelle. C’était étonnant de voir l’autorité suprême penser qu’on pouvait exiger la loyauté et abandonner ce pourquoi on existe juste parce qu’on est... l’autorité suprême. C'est vrai que pour certains la survie était "tout" et Stadzank pensait réellement être de ceux-là. Pourtant, devant ce dilemme qu'il n'avait pas vraiment vu venir, il allait devoir faire un choix et marcher sur des œufs pour expliquer à l’Empereur son point de vue sans l’offenser.


    Votre offre de protection et de me permettre de revenir dans le droit chemin vous honore votre Majesté. Ma loyauté vous sera éternelle quelques soit vos choix et vos actes, je me ferais un honneur d’être votre épée et de mettre toutes mes compétences à votre service. Avancer visage masqué, m’introduire un peu partout sans attirer l’attention, c’est totalement dans mes cordes même si chaque mission nécessite un dispositif particulier.  Pour ce qui est du danger et bien... C’est les risques du métier et j’en fais mon affaire. Cependant... Je ne peux oublier mon autre serment juste parce que j’en ai fait un autre. Feriez-vous confiance à quelqu’un qui se renie à chaque fois qu’il ouvre sa bouche ?

    Lui aussi marqua un petit silence comme pour appuyer son propos.

    Vos doutes sont tout à fait compréhensibles mais mes deux serments ne sont pas forcément incompatibles, au contraire. Vous débarrassez du clan Treagveeld - de gens qui se sont hissés au sommet en abusant des lois du Reike - pour les remplacer par ceux de mon clan - une tribu qui serait éternellement redevable à votre dynastie - ça ne peut pas véritablement vous nuire ? Ils pourraient même vous rendre encore plus de services, voir m’aider indirectement dans mes tâches... Je suppose que les nobles sur lesquels vous pouvez “véritablement” compter ne doivent pas être bien nombreux.

    Par contre, étant donné notre “lien”, il va de soi que je ne tenterais rien sans votre accord et que je mettrais à profit les prochains mois à forger l’épée que vous souhaitez que je sois. Ma vengeance a attendu déjà plus d’une dizaine d’année et si telle est votre désir, elle peut attendre encore quelques années de plus. J’ai déjà eu l’occasion de venger en parti les miens et pourtant je n’en ai rien fait, préférant de loin un plan méticuleusement élaboré plutôt qu’une banale exécution.


    Après toutes ces années à réfléchir à sa vengeance, l’assassin en était venu à un point où il préférait une humiliation en bonne et due forme du clan Treagveeld à un simple massacre. Ce qui en plus pourrait protéger les siens d’une nouvelle vendetta, ce qui n’était négligeable. La question n’avait pas encore été tranché dans sa tête et ces nouveaux évènements lui laisseraient surement encore du temps pour y réfléchir.

    Comprenez que j’ai déjà tout sacrifié pour accomplir ma quête... Et que je préfèrerais mille fois la mort qu’une vie à traîner avec moi la honte d’avoir rompu mon serment.  

    Oulà, le gobelin ne croyait pas lui-même qu’il avait pu dire ça. Les mots étaient sortis tout seul et c’était comme s’il avait mis la tête sur le billot, incroyable. Mais après tout à quoi bon continuer à faire tout ça s’il devait se renier ? Après une petite pause il reprit pour expliciter ses propos.

    Ce serait donc un honneur de vous servir, d’exercer mon “art” pour un noble dessein, et ma loyauté vous est donc acquise à l’unique condition que vous me laissiez - avec votre accord et à condition que ça ne nuise pas à vos intérêts - l’espoir de pouvoir mener à bien ma... vendetta.  

    C’était le juste mot. L’assassin ne doutait pas une seconde que ses “services” seraient appréciés au sein du couple impérial et qu’il arriverait à les convaincre de tous les avantages que leur procurerait la réalisation de sa besogne. Le couple impérial pourrait gagner un serviteur plus uniquement loyal à cause d’une dette de vie mais par reconnaissance, ce qui à coup sûr décuplerait le zèle dont il devrait faire preuve dans ses sombres tâches à venir. La couronne gagnerait également un clan fidèle et reconnaissant, qui pourrait l’appuyer économiquement et aider Stadzank sans l’appui du Palais.

    Enfin ça, c’était s’il ne se faisait pas exécuter sur le champ.
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  • Mer 22 Nov - 8:56

    Le gobelin, Stadzank Gloidveeld, se tenait là, minuscule et frêle devant la stature imposante de l'Empereur. Toutefois, c'était vers la demoiselle à la chevelure immaculée que ses regards se tournaient le plus souvent, comme s'ils cherchaient en elle une sorte de compréhension, un refuge quelconque. Elle, de son côté, préférait demeurer muette, en offrant par sa présence seule une écoute bienveillante, une oreille pacifique où ce petit être à la peau verte pouvait déverser le poids de son histoire. Il parlait de sa noblesse perdue, de la trahison qui avait déchiré son clan, de l'errance et de la colère qui l'avaient conduit à emprunter des chemins obscurs. Au fur et à mesure de son récit, Ayshara sentait en lui cette rage froide, ce désir de vengeance qui avait guidé ses pas, mais aussi cette profonde blessure, celle d'un enfant arraché trop tôt à l'innocence pour finir jeté entre les griffes cruelles de ce monde. Une âme tourmentée. Puis, lorsqu'il évoqua son ancien maître, celui qui l'avait initié aux arts sombres de l'assassinat, l'impératrice discerna une lueur de tristesse naître dans ses yeux. Ce mentor, celui qu'il croyait chérir en véritable père, le trahit finalement, dévoilant ainsi l'ultime chimère d'une vie déjà éclatée.

    La narration du captif s'éteignit en un souffle d'espoir mêlé d'incertitude, une supplique pour la rédemption, une aspiration à expier sa dette envers l'existence, envers sa propre personne. En un silence éloquent, la dragonne d'argent confiait à son regard le soin d'énoncer ses pensées, un regard qui en disait long sur son écoute consciencieuse, et - surtout - sur sa disposition à accorder cette opportunité, ce renouveau tant imploré par Stadzank. Cependant, aujourd'hui, elle n'agirait pas sans rencontrer le point de vue de son cher et tendre époux, ne souhaitant guère provoquer son ire. Et justement, ce dernier fut le premier à répondre aux propos de leur mini interlocuteur.

    Ayshara dirigea maintenant son attention vers son bien-aimé. Ses améthystes douces, presque suppliantes, espéraient qu'il saurait faire preuve de clémence envers le gobelin. Mieux qui quiconque au sein de ce palais impérial, elle connaissait la force et la rigueur souvent effrayantes de Tensai. Évidemment, elle savait qu'il agissait comme ça pour leur prospérité à eux, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être empathique vis-à-vis de leur probable futur serviteur. Le grand drakyn interrogea Stadzank sur sa capacité à abandonner sa quête de vengeance afin de se consacrer intégralement à leur service et au bien de l'Empire. La mère de Draknys sentait l'importance de ces questions; il était nécessaire de se détacher de son passé pour accueillir pleinement le rôle qu'on lui proposait.

    Alors qu'elle s'attendait à une réponse mesurée de la part de "l'invité", la jeune femme fut surprise d'y découvrir une envie extrêmement marquée d'obtenir revanche. Elle soupira doucement. À quoi bon ? Souvent, la fameuse "vendetta" n'apportait rien de positif. Par le passé, si elle avait cherché à laver la mort de ses parents, la belle n'aurait pas pu bâtir toute cette charmante histoire d'amour et cette famille avec Tensai. Pourquoi diable fallait-il toujours que les gens en viennent à des méthodes autant drastiques et violentes ? La vengeance rendait-elle plus heureux ? Ce cercle infini de haine devait cesser.

    - La loyauté, Stadzank, est un concept aussi noble qu'il est complexe. Répondit-elle, ses mots coulant d'une fluidité semblable à celle d'une rivière tranquille. Votre serment de fidélité à notre couronne et votre désir de justice sanglante semblent, à première vue, être deux forces opposées. Néanmoins, je comprends que dans le creuset de votre cœur, ces deux choses coexistent, se nourrissant l'une de l'autre. Vous parlez de vengeance, un chemin que je connais bien, non pas par expérience personnelle, mais à travers les yeux de ceux que j'aime. Ses prunelles se détournèrent un instant vers son âme sœur, une étincelle d'affection indéfectible scintillant à l'intérieur de son regard. La vengeance est un feu qui consume. Elle brûle ceux qui se trouvent dans ses brasiers. Et celui qui la nourrit en son cœur. Ayshara se rapprocha légèrement, son expression devenant plus intense, plus pénétrante. Vous dites que votre vendetta peut attendre, qu'elle a déjà attendu. Cela montre une force de caractère, une capacité à voir au-delà de la douleur immédiate et à planifier pour l'avenir. Il s'agit de cette qualité que nous valorisons. Comprendre que parfois, les plus grandes victoires sont celles qui sont remportées après des années de patience et de stratégie. Elle marqua une nouvelle pause, choisissant ses mots soigneusement. Votre proposition de remplacer le clan Treagveeld par les vôtres, de servir notre couronne tout en poursuivant votre propre quête, m'intrigue fortement. Cependant, elle soulève une question cruciale... Où se situe vraiment votre loyauté ultime ? Est-ce envers votre vengeance ou envers les souverains que vous jurez de soutenir ? La belle se tourna légèrement, ses mirettes se posant sur Tensai, puis revenant à Stadzank. Mon époux et moi-même avons à cœur l'intérêt du Reike, de notre peuple. Nous ne pouvons permettre que des projets personnels, aussi justifiés soient-ils, compromettent la sécurité et la stabilité de notre règne. Votre loyauté doit être inébranlable, votre service irréprochable. Elle s'approcha encore, sa voix baissant presque en un murmure. Je comprends votre souffrance, et je ne la minimise point. Cela dit, je vous demande sincèrement de considérer ceci : parfois, la plus grande vengeance est de vivre et de prospérer, de transformer la douleur en quelque chose de constructif, de noble. Si vous choisissez de servir sous notre bannière, sachez que nous vous offrons non seulement protection et soutien, mais également l'opportunité de réédifier, de bâtir au-delà de la haine.

    Laissant le soin aux deux hommes ici présents de réagir à sa prise de parole avant d'en ajouter davantage, la reine recula d'un pas, balayant rapidement la pièce du regard, comme si elle cherchait à embrasser l'ensemble de la situation.



    Rencontre Souterraine [Tensai & Ayshara] SWR3M9Y
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  • Sam 2 Déc - 9:04
    La Reine, qui n’avait pas dit un mot depuis qu’il avait compté son histoire et qui semblait regarder le petit homme vert avec bienveillance, prenait à son tour la conversation à son compte. Si l’Empereur était brut de décoffrage, sa femme était tout l’inverse. Etant donné ses dernières paroles, il était préférable pour lui que cette dernière arrondisse les angles.

    Si à première vue l’Empereur lui imposait un choix impossible, l’Impératrice réussi à retourner la situation avec des propos d’une sagesse qui dénotait clairement avec son jeune âge. Mais le gobelin arriverait-il à saisir cette nouvelle opportunité, cette troisième voix qui s’offrait à lui ?

    Alors que le couple impérial regardait le petit être vert en attendant une réponse, des idées et des images s’entre-mêlaient sous son crâne. Le discours de la jeune femme, avait complétement ébranlé le Mont Vengeance qui s’était érigé dans l’esprit de l’assassin. C’est vrai que depuis quelques temps, de lui-même il avait fissuré cette montagne qui avait dicté quasiment l’ensemble de ses choix depuis... depuis le drame. Tout à l’heure déjà, l’idée de laisser la vie sauve à ses ennemis mortels l’avait traversé. Pourtant, l’admettre pour de bon était une autre paire de manche.

    Depuis des années, il avait imaginé bien des façons de se venger et dans tous ses scénarios fictifs, il finissait par étriper le Patriarche des Treagveeld. Mais petit à petit, alors qu’il participait à toujours plus d’assassinats avec la complicité de son mentor, voir les ravages de ses actes sur les vivants l’avait amené à réfléchir : avait-il fait le bon choix ? Le monstre qu’il était devenu n’était-il pas devenu pire qu’”eux” ? Vengeance devait elle forcément rimer avec meurtre ?

    La douceur des mots de l’Impératrice s’était engouffrée dans la brèche et avait fait exploser tous les préjugés qui lui avaient été inculqué par son clan et qu’il avait méticuleusement entretenu durant toutes ces années vécues à la marge de la société reikoise. Désormais elle lui offrait “l'opportunité de réédifier, de bâtir au-delà de la haine”, faire prospérer les siens et se prévenir de toute nouvelle répercussion qu’un bain de sang entraînerait fatalement. La fin de la spirale infernale... Bâtir quelque chose de neuf et peut-être même de plus grand, sans forcément écraser ses ennemis intimes au passage.

    La voie quelque peu chevrotante, le gobelin répondit à l’Impératrice :


    Si la sagesse pouvait parler, elle n’aurait pas choisi d’autres mots, Votre Majesté. Quelques minutes plus tôt, j’aurais préféré mourir plutôt que de renoncer à mon sombre projet. J’entends vos réticences et surtout je vous remercie de m’offrir cette troisième voie qui devrait satisfaire toutes les parties.  

    Dégainant lentement, afin de ne pas créer de quiproquo, l'une de ses dagues située dans son dos, Stadzank posa genoux à terre et à la manière des chevaliers, tendit son arme à plat avec ses deux petites mains en direction de ses suzerains.  

    Désormais d’une voix sûr et avec un ton grave, il s’exprima ainsi :

    Nous, Stadzank Gloidveed, renonçons à notre identité et devenons jusqu’à notre mort l’épée lige de Tensai et Ayshara Ryssen, Empereur et Impératrice du Reike. Nous renonçons à la chute du clan Treagveeld, et obtiendrons vengeance en regardant prospérer les miens grâce à la bienveillance de Leurs Majestés.  

    Ce moment solennel reprenait les termes de l’accord que l’ensemble des protagonistes avaient discuté auparavant, sans omettre bien sûr une honnête contrepartie. Les yeux rouges du gobelin fixaient le couple Impérial, oscillant entre l’homme et la femme. Le visage grave, l'assassin attendait la réponse qui déciderait de son destin pour le restant de ses jours.
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  • Lun 25 Déc - 22:46
    Le petit être vert a donc une quête qui lui tient toujours à cœur, et ce malgré qu’il est passé prêt de la mort et qu’il est sur le point d’endosser une nouvelle vie. Tensai ne peut décemment pas en vouloir au gobelin d’avoir la dent dure contre un clan en particulier – le clan Treagveeld à l’entendre. Bien sûr, le bonhomme a des arguments et affirme que remplacer ces « traîtres » par d’autres pourraient d’autant plus leur être profitable et lui être utile dans ses missions. C’est compréhensible. Il a de la patience, aussi, puisqu’il est prêt à attendre quelques années de plus pour asseoir sa soif de vengeance. Ce n’est donc pas un quelqu’un de fougueux et d’impétueux, il ressemble plutôt à quelqu’un qui réfléchit bien avant de d’agir… Mais jusqu’à quel point ce sentiment de vengeance – même légitime – peut mener Stadzank ? Et jusqu’à quel point cela fera verser du sang ? Oh, l’Empereur n’est pas du tout opposé à la violence : de son point de vue, c’est le meilleur moyen de s’imposer. Mais il sait, faute de régner maintenant sur le Reike, que la soif de vengeance peut diviser un cœur, le rendre moins lucide, l’amener sur des sentiers bien dangereux : or, le gobelin royal se doit d’être fidèle à sa mission quoi qu’il en coûte, même si cela implique de grands renoncements.

    Le Drakyn n'aurait peut-être pas su le convaincre d’abandonner sa quête personnelle. Eussent-t-ils été tous les deux présents dans la pièce, sans l’Impératrice, que le Conquérant aurait sans doute accédé à sa demande. La vengeance, la force : n’est-ce pas un langage que les hommes comprennent et qui les séduit davantage ? Mais Ayshara est différente et sait, par son empathie, sa sagesse, et son charisme, atteindre les cœurs les plus endurcis. Certainement a-t-elle été plus compréhensive que ne l’a été son mari. Son époux est une véritable armoire à glace là où elle représente une flamme douce et chaleureuse, qui sait réconforter les âmes ou leur proposer une troisième voie.  Ce qu’elle fait présentement et une lueur de fierté apparaît dans le regard du roi quand il regarde et écoute son épouse. Non seulement elle met les mots sur ce que leur futur serviteur traverse, mais en plus, elle met le doigt sur les questions légitimes des souverains du Reike. Ils ne peuvent pas se permettre d’avoir leur plus loyaux sujets divisés entre les intérêts du pays et leurs propres aspirations. Cependant, le génie d’Ayshara est de ne pas se limiter à ce constat et à cette vérité. Non, elle offre une porte de sortie, l’opportunité de bâtir « au-delà de la haine », au-delà du chaos, un peu comme le couple royal a tout reconstruit après que le géant ait tout mis à feu et à sang.

    Et contre toute attente, son discours marche.

    L’Empereur n’est pas le plus empathique : bien au contraire. Difficile pour lui de savoir ce qu’il se passe sous ce petit crâne. Mais il peut comprendre combien il est difficile de renoncer à ses objectifs – sachant que lui-même n’a jamais renoncé aux siens depuis qu’il est né. Il a voulu le Reike et il l’a eu. Ce n’est qu’à partir du moment où il a eu la Couronne qu’il a dû faire des choix qui allaient contre son tempérament naturel. Stadzank saura en faire de même s’il le veut réellement… Et il prend d’ailleurs sa décision en s’adressant d’abord à l’Impératrice d’une voix chevrotante.

    Le guerrier ne se formalise pas que ce soit son épouse qui ait su faire changer d’avis le gobelin. S’il en est, il est plutôt content que ses propos aient pu pénétrer si profondément le cœur de l’assassin. Tous n’y arrivent pas, encore moins en une seule prise de parole. C’est pourquoi un mince sourire naît sur ses traits, et pour la première fois, une expression appréciatrice apparaît sur la mine du souverain.

    - Tu es brave, Stadzank. Tout le monde n’aurait pas pu se départir de sa quête personnelle en si peu de temps, pour la sublimer en quelque chose de meilleur.

    La voix profonde de Tensai résonne dans la pièce alors qu’il saisit la dague que Stadzank leur donne en signe de loyauté. Il regarde très brièvement sa femme pour avoir son approbation silencieuse, puis, il se tourne vers le petit homme vert et déclare :

    - Nous, Tensai et Ayshara Ryssen, promettons protection, logement et écoute envers le gobelin royal du Reike. Qu’il s’agisse de l’espionnage, de l’assassinat, de repérage ou d’autres missions, celles-ci viendront directement de nos personnes et tu ne répondras à personne d’autres qu’à nous, sauf si certains événements l’exigent. Relève-toi, Stadzank, épée lige du couple impérial. Et sois fier de commencer une nouvelle vie pour le bien des tiens et de l’Empire.

    Le Conquérant ponctue sa phrase d’un sourire satisfait – un sourire bien rare, qu’il ne montre qu’à peu d’occasions, et il poursuit.

    - L’Oreille, le maître-espion du Reike, te contactera en temps et en heure pour t’aider à prendre tes marques et à avoir tout ce qu’il te faut. N’hésite pas à te référer à lui pour ce qui a trait de la logistique de ton métier et pour savoir également avec qui collaborer. Ton rôle sera solitaire, mais tu devras néanmoins collaborer avec d’autres guerriers et espions de notre nation. Il t’apprendra donc tout ce que tu dois savoir et si tu as des questions – maintenant ou à l’avenir –, tu pourras soit t’adresser à nous ou à lui.

    Un léger silence, puis :

    - Tu as compris que nous attendons de toi discrétion, intelligence, efficacité et loyauté. Mais même si notre entrevue d’aujourd’hui est brève, j’ai foi que tu n’as pas un mauvais fonds, et que tu pourras être un serviteur indispensable pour la Couronne. Montre-nous donc que nous pouvons te faire confiance, et je promets sur mon nom que nous t’aiderons à protéger les tiens tant que ça ne va pas contre l’intérêt de la nation.
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