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  • Jeu 12 Oct - 18:43
    Takhys était satisfaite. Aujourd'hui, ses habitués qui appréciaient demeurer tard le soir pour boire plusieurs petits coups de bière entre potes avaient accepté de quitter le Marsouin Blanc plus tôt que d'ordinaire. En même temps, comment refuser une gentille demande à une si belle et serviable jeune femme, qui leur souriait toujours, peu importait le temps, l'heure et l'humeur des autres clients. En plus, pour un prétexte logique : elle avait demandé leur départ pour leur épargner leur nez des fortes odeurs lors de son nettoyage semestriel. Enfin, pseudo semestrielle. Elle nettoyait si régulièrement son établissement qu'elle n'avait pas besoin de l'approfondir tous ces fameux six mois. Non, c'était pour avoir la taverne totalement vidée pour recevoir de possibles clients, autre que pour la consommation de repas du soir ou pour se rincer le gosier. Pour les bains ? Peut-être...

    En dehors de son petit commerce, elle faisait quelques menues affaires dans le commerce souterrain. Le marché noir si vous préférez ce terme. Elle faisait cela pour compléter un peu ses activités journalières, les varier surtout et se donner un peu de piquant dans le train-train quotidien. Oh, elle ne cherchait pas à devenir un gros poisson dans ce genre de trafic. Rester discret était un de ses maîtres mots. Et de plus, elle ne visait rien de trop expansif, autant pour éviter d'attirer le regard des possibles concurrents sur elle, que de l'attention des autorités républicaines locales. Jusqu'ici, elle touchait du bois, elle n'avait eu à se justifier. En même temps, une jeune et jolie dame comme elle, que pouvait-elle vraiment faire de mal ou d'illicite ? Déjà, elle ne visait pas le commerce d'esclaves. La République ne tolérait déjà pas cela, mais bon, quand on traine dans le milieu, on sait très bien que certains ou certaines ne se gênent pas, surtout quand on se retrouve avec des réfugiés shouméniens qui luttent encore pour se faire une place dans la nation, ou des hybrides trainassant ici et là. Courage avait un port très actif et tous les navires n'étaient pas contrôlés... Donc, point de capture et de ventes d'esclaves, pour alimenter le marché du Reike. Mais quoi alors ? Un peu de tout en fait, tant que cela ne provoquait pas de morts, ou n'en imposait pas. Certains petits animaux exotiques qui n'étaient pas sur la liste de la surveillance de la République pour leur préservation, des alcools de contrebandes, certaines matières plus précieuses qui devaient s'écouler en toute discrétion pour ne pas subir de taxe de commerce, les trucs classiques et qui ne demandaient pas trop de risque… ou alors, des fois, c'étaient la vente d'informations. Mais des petites, juste des observations qu'elle aurait pu faire en se baladant à Courage ou en écoutant la conversation des clients, ou des gens de passage. C'est fou ce que les gens pouvaient causer des fois, rien qu'avec un superbe sourire ou encore une bonne bière fraîche offerte par la maison. Mais ce soir, qu'est-ce que Takhys prévoyait donc ?

    Ce soir, c'était simple, elle attendait un Républicain de Liberty, qui cherchait à faire passer une petite caisse d'émeraude dans la cale d'un navire. Elle devait juste planquer ce petit paquet de joyaux précieux pour le transmettre le lendemain soir, tard dans la nuit, à un autre personnage, là aussi qu'elle ne connaissait pas. Elle servait juste d'intermédiaire das les faits. Elle n'était pas certaine de la fiabilité du premier. Bah au pire, si jamais il ne se pointait pas, elle ne perdrait rien. C'était le receveur qui devait payer pour réceptionner la marchandise. S'il ne passait pas, elle pourra toujours aller chasser un peu. Avec de la chance, elle pourrait rajouter quelques perles nacrées à sa petite pêche de la dernière fois pour l'écouler dans les prochains jours, là aussi, de manière "cachée" pour esquiver les taxes commerciales sur ce genre de produits. De si belles perles, qu'on pouvait trouver en masse quand on était Sirène... des humains étaient si gourmands quand il était question de soutirer de l'argent sur des petites choses qu'ils trouvaient si précieux et si rares... et tellement bénéfique sur le plan financier pour la sirénienne....Oh, elle n'en avait pas beaucoup... juste... hum qu'elle y repensait, une bonne trentaine, de quoi faire quelques gourmettes, quelques fins bracelets pour les riches bourgeoises de Justice et de Liberty ?  Bah, elle verra demain, rien ne pressait de toute façon. Bon, elle avait quelques chopes à terminer d'essuyer. Autant profiter du calme du moment pour prendre le temps de parfaire l'essuyage de la vaisselle lavée et rincée.
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    Pancrace Dosian
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  • Dim 15 Oct - 16:54

    Y'a des missions autrement plus agréables que les autres. Pour celles-là, on serait prêt à égorger père et mère, ou presque, pour pas se les faire piquer. Autant dire qu'aller patrouiller dans les bas-quartiers la nuit quand il flotte, c'est rarement très demandé. Alors que faire la tournée des tavernes et des boutiques pour les inspecter, c'est évidemment autrement plus intéressant. Déjà pasqu'on est au sec la majeure partie du temps, et il faut bien ça avec l'automne qui se radine et ses pluies de merde, mais aussi pasqu'on passe des moments bien plus conviviaux à inspecter des caves remplies de tonneaux qu'à se demander si c'est les chaussettes ou le calbut' qui va être trempé le premier.

    Ce qui explique qu'on soit dans une salle de réunion, Gunnar et moi, en train de se jauger fixement du regard. Il a l'avantage de la taille, penché en avant sur moi, mais ça suffit pas : j'ai les mains soigneusement à plat sur la table et j'lui adresse un regard noir.

    « J'pense que c'est moi qui devrais gérer cette mission. De toute évidence, j'ai davantage d'expertise.
    - C'est une taverne du port, et tout ce qui est naval, ça me connaît davantage, qu'il rétorque.
    - Si tous les connards qui hantent les tavernes du bord de mer étaient marins, ça se saurait.
    - C'est toi qui as eu l'inspection des bordels du triangle commerçant.
    - En échange, tu as eu les hôtels juste sous les manoirs.
    - Oui mais tu avais déjà pris les tavernes de la ville haute.
    - Parce que tu avais choisi en premier celles des portes de la ville. »

    L'air est statique de tension accumulée, et il faut bien admettre qu'on est dans une impasse : c'est vrai que, jusqu'à présent, la répartition a été parfaitement équitable, et que là, on a le choix entre une option sympa, et une carrément merdique, donc aucun de nous deux veut laisser tomber. En plus, on a vu le regard chargé d'espoir et de confiance, comme celui d'enfants de huit ans à l'approche de leur anniversaire, de nos escouades respectives. Fifi a serré le poing en me regardant me diriger vers la salle de réunion, et Glaviot a avalé difficilement sa salive.

    Bref, ils comptent sur moi.

    D'un doigt, je suis une large fissure de la table en bois. Avec un sourire en coin, je hausse les sourcils.

    « Y'a bien une solution. On peut demander à Patoche d'attribuer les missions. »

    Il m'adresse un regard chargé de reproches.

    « Tu sais très bien comment ça se passe quand on le dérange avec ce genre de trucs. Il va juste donner la mission à un autre capitaine qu'il a à la bonne pour nous faire chier, et nous envoyer tous les deux sous la pluie.
    - ... Pas faux. Mais il m'a à la bonne aussi, en ce moment.
    - Que tu crois.
    - Ah ouais ?
    - Ouais.
    - Et ça veut dire quoi, ça, exactement ? »

    Gunnar regarde sur le côté, un peu gêné.

    « Il m'a tapé sur l'épaule en m'appelant "Fils", hier.
    - Putain. »

    Le juron jaillit instantanément de mes lèvres, et j'me retourne en collant un pain dans le mur. Il fait tout le temps ça pour montrer qui est son favori, et bordel que ça change vite. J'pensais avoir une longueur d'avance, vu qu'il me l'avait fait avant-hier, mais faut croire que le dernier rapport envoyé par Gunnar faisait le taf.

    « Du coup, tu es sûr de vouloir aller le voir ?
    - J'suis sûr de pas vouloir, ouais.
    - Bon... Pile ou face ?
    - Ouais. Reste que ça. »

    Et ouais. Quand il ne reste plus rien, il reste toujours le meilleur ami de l'homme. Pas le clebs ni le canasson, évidemment. Non : l'argent. Avec le pognon, on peut tout faire, y compris résoudre une situation apparemment inextricable. Gunnar me montre les deux côtés de la pièce.

    « Alors, quel côté ?
    - Pile. Pas de magie autorisée. J'le saurai si tu fais un truc. Genre de la télékinésie.
    - Oui mais moi je saurai pas si tu triches.
    - Alors, d'une, j'suis pas capable de le faire...
    - Tu caches toujours tes sorts. Tricheur.
    - Et de deux, t'as qu'à utiliser ton CPF pour apprendre senseur magique. J't'ai déjà conseillé de le faire, en plus.
    - J'ai du mal à accumuler des crédits avec les heures que je fais dans le Monde de l'Art de la Guerre... Depuis que Blizzard s'en occupe...
    - Ouais ben t'as qu'à aller moins au bistrot. »

    Regard blessé.

    « Désolé, mes mots ont dépassé ma pensée, c'était irrespectueux, que j'm'excuse.
    - Pas de souci. Face pour moi, du coup ?
    - Ouais. »

    La pièce est éjectée en l'air, tourne furieusement sur elle-même, sous nos yeux attentifs. Mon senseur détecte pas la moindre magie, et le sou rebondit une première fois sur la table, avant de tomber et se ficher dans la fissure, à la verticale. Ni pile, ni face. J'me gratte la joue, j'me passe la main dans les cheveux.

    « Euh, on fait quoi ? On relance ?
    - Je pense que c'est un signe du destin.
    - De quoi ? On demande un troisième arbitrage ?
    - Mais non. On y va tous les deux. Et nos escouades vont patrouiller les bas-quartiers sous la pluie.
    - ... Ils vont nous en vouloir.
    - Tu en as vraiment quelque chose à faire ?
    - Non. Puis en son temps, notre cap'taine nous faisait la même.
    - Donc, finalement, est-ce qu'on est pas simplement en train de perpétrer les décisions prises par nos supérieurs et formateurs ?
    - Franchement, ça passe.
    - Tu penses ?
    - De fou. »

    Gunnar rempoche sa pièce, et on sort de la salle de réunion pour annoncer la nouvelle à nos gars. Hé, z'aviez qu'à devenir capitaines, hein ?
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    Gunnar Bremer
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  • Dim 22 Oct - 19:48
    Se frottant les mains un instant avant de ranger la précieuse boîte dans le compartiment secret prévue à cet effet, Spillion sourit. Dans sa boutique de relique marine, il n’y a pas foule. Les clients sont généralement rares et certains voisins s’imaginent de temps à autre comment le marchand fait pour vivre de son commerce. Il n’a même pas forcément une bonne réputation. Ces produits, précieux ou vieux de plusieurs siècles, rachetés pour une bouchée de pain à des pêcheurs ignorants, semblent parfois être de grossières contrefaçons. Comme quoi, les plus ignorants ne sont peut-être pas les pécheurs en matière d’escroquerie. Mais de tout ceci, Spillion s’en moque. Car le cœur de ses revenus, c’est évidemment le recel d’objets rares et précieux. Et dans cette boîte à l’apparence anodine, on y trouve plusieurs objets précieux qui feront bien l’ensemble de ses revenus pour les prochaines années, notamment une bague perdue d’un sénateur de renom, emblème symbolique du pouvoir politique il y a de ça un siècle. Une rareté parmi les raretés. Un objet perdu par une famille influente qui donnerait cher pour la retrouver, mais qui finira dans la collection d’un riche propriétaire peu regardant sur la provenance de ses biens. Spillion fonctionne avec quelques clients. Rares sont ces coups, mais quand il en a, ils paient. Être discret, c’est la clé de son succès. Personne ne le soupçonne et il compte bien continuer comme ça.

    -INSPEEECTIOOOON !

    Médusé, il nous voit débarquer. Instantanément, Pancrace fait le tour du propriétaire, jetant des coups d'œil qui se veulent aiguisés pour le premier venu. Moi, je fonce vers le propriétaire. Réhaussant mes lunettes, je pointe un crayon accusateur sur son costume à quatre épingles.

    -Office républicain. Veuillez répondre à mes questions. Sans mentir.

    Le ton est féroce.

    -Oui… bien sûr… pitié…
    -Vous êtes bien Spillion Bannerman ?
    -Oui… c’est moi…
    -Rien à déclarer ?
    -Non…

    Il lorgne sans subtilité vers le compartiment secret. Pancrace passe juste devant, regardant une collection de belles dagues parfaitement rouillées. De mon côté, je fais une croix dans une case dans le carnet que je tiens sur mon bras.

    -Parfait. Rien de ton côté, Pancrace ?
    -Rien.
    -C’est bon pour nous alors.
    -Ah … ah bon ?
    -Oui. On ne va pas vous déranger plus longtemps.

    On se rejoint déjà la porte.

    -Bonsoir chez vous !

    Et on sort sans même un regard pour le commerçant qui se demande bien ce qu’il s’est passé. La visite a duré une dizaine de secondes. Dehors, Pancrace grogne.

    -Ca, c’est fait. Putain ça sent le moisi.
    -Oublie, on attaque le plat de résistance. Surtout que j’ai envie de pisser.
    -T’aurais pas dû reprendre du spécial, chez Glaward.
    -Ouai, mais c’est bon.
    -On enchaîne sur quoi ?

    Les inspections des établissements, c’est quelque chose d'extrêmement organisé. Il est évident que l’on ne fait pas toutes les boutiques d’un secteur, il nous faudrait plusieurs jours pour ça. Du coup, on sélectionne un échantillon non négligeable de commerce et pour l’ensemble de ces établissements, on a une fenêtre d’inspection pour la soirée pouvant éventuellement tirer sur la nuit pour les bourreaux de travail que l’on est. Malgré ces précautions, on a beaucoup d'endroits à inspecter et l’on est contraint et forcé d’en expédier certaines qui semblent particulièrement inutiles pour se concentrer sur les cibles importantes. Les antiquités Spillion était le cinquième d’une série de commerces oubliables, réalisée dans un temps record. Comme je l’ai dit à Pancrace, on allait retourner sur des choses intéressantes.

    Refermant le carnet réglementaire d’inspection, j’ouvre un autre carnet, moins officiel, mais tenu en bien plus grand respect par les officiers républicains. Le petit guide des bars de Courage. Initialement rédigé par l’officier républicain Fringant, il a été complété au fur et à mesure des années pour noter les bons bars, les propriétaires et pleins d’informations sur la carte des possibilités. C’est qu’on ne peut pas connaître toutes les tavernes de la ville. Ce n’est pas humainement possible. Si on était totalement assigné à cette tâche, à la rigueur, mais nos responsabilités nous privent bien souvent de croiser la route de ces maisons de vie et de joie.

    -On a le galibot, pas loin.
    -Ah, je connais ouai. Le patron est sympa et la bouffe est bonne. Mais ils sont fermés aujourd’hui. Il n'ouvre qu’en semaine.
    -Arf.

    Évidemment, quand on dit qu’on choisit un échantillon des établissements que l’on inspecte, on fait toujours en sorte d’un peu les choisir. Histoire que le déplacement vaille le coup. Je m’essuie les yeux un instant et pour cela, j’enlève mes verres. Parce que oui, je porte des lunettes.

    Spoiler:

    -T’es vraiment obligé de porter ça ?
    -Ca fait plus sérieux, non ? J’écris des trucs. Les gens qui écrivent, ils ont toujours l’air sérieux.
    -T’as l’air surtout con, mais ça reste que mon avis.
    -T’y connais rien de toute façon.
    -C’est vrai. Mais je sais que j’ai soif. On peut aller au bistrot des artistes.
    -Lui aussi, il est toujours fermé.
    -C’est pas vrai.
    -Si, ça l’est quand on y va ensemble.
    -J’y suis allé sans toi, c’était ouvert. C’est peut-être toi le problème.
    -Du coup, on peut pas y aller, puisque je suis là.

    Les solutions étant limitées, on se rabat sur le petit guide. Je feuillette quelques pages tachées de gouttes d’alcool divers.

    -Le marsouin blanc ?
    -Il y a un bon commentaire sur la patronne. Puis, parait que l’ambiance est pas mal.
    -Ca sera l’occasion de découvrir.

    S'emmitouflant dans nos capes réglementaires, parce qu’il souffle un petit vent côtier pas très agréable, on bifurque vers l’adresse qu’on rejoint deux minutes, dont une passée à se soulager dans une ruelle, passant divers tripots et autres boutiques de prêteurs sur gage dans lesquels le crime prospère. Le tout, sans un regard. Devant le lieu dit, on s’arrête pour choisir l’ordre des choses.

    -On commence par l’inspection ?
    -On a inspecté cinq boutiques, on peut se permettre une petite pause.
    -T’as bien raison.

    On entre comme une fleur, découvrant l’intérieur. Vide.

    -L’ambiance est pas mal, hein ?
    -C’est ce qui était marqué.

    Une femme apparait, franchement pas mal, mais on est en service. Puis, j’ai des lunettes, je reste sérieux. Pancrace s’interroge.

    -C’est fermé ?

    Nos galons de Capitaine de l’Office Républicain bien en évidence, ça évite de nous fermer la porte au nez généralement. Derrière mes lunettes, je plisse les yeux. Cette femme me dit quelque chose, mais j’arrive plus à la resituer, mais c’est probablement sans importance, non ?
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  • Mer 25 Oct - 19:02
     Satisfaite du résultat, Takhys regardait chaque élément de la vaisselle qui était désormais propre et parfaitement rangée. Bien, voila une bonne chose de faite. Bien, manquait plus que la suite de son programme, à savoir l'arrivée de son "client". Il était en retard, ou alors il avait dû faire quelques détours pour ne pas se faire repérer ou échapper à la vigilance de quelques suiveurs. Ou bien, ce qui était le plus probable et le plus logique, attendre que certaines patrouilles d'officiers de la cité passe. La république n'était guère tolérante avec la contrebande et plus encore quand on avait un port très actif non loin. Bah, il n'était pas si en retard que cela après tout, elle avait encore un peu de temps devant elle. Et dans ce genre de petit commerce, la ponctualité n'était pas un critère absolu. Bon, elle va en profiter pour passer le temps d'une manière tout aussi productive. 

    Elle sortit un petit coffre en bois de noisetier, de facture simple, de la cachette de son comptoir. Quand elle l'ouvrit, elle ne put s'empêcher d'étirer ses lèvres pulpeuses. La petite trentenaire de perles luisaient sous l'éclairage des bougies, révélant leur pâle robe nacrée. La Sirène prit plaisir à passer le bout de son doigt sur la surface de quelques-unes, savourant leur douceur lustrée. Oui, c'était décidément, si l'autre ne se pointait pas, elle fermerait boutique et irait à la pêche pour compléter sa petite "collection". Elle referma le couvercle boisé, se retenant de retoucher encore les autres perles, comme pour s'assurer de leur perfection à chacune d'elle. La porte s'ouvrit. Ah ! Enfin ! Il se pointait... à deux... avec les galons des officiers de la République... Et crotte ! Trop tard pour ranger son petit coffret à sa petite cache sous le comptoir. Heureusement, elle sut ne pas être prise au dépourvu de cette arrivée pas du tout planifiée, affichant son sourire naturel et enjôleur. 

    "Bien le bonsoir"fit-elle sur un ton léger. ''C'est fermé pour les clients, petit nettoyage semestriel. Mais pour vous, Messires les Officiers, c'est ouvert. Comment puis-je vous aider ? "

    Même si elle avait "fermé" boutique pour ce soir, elle était toujours dans sa tenue élégante et rougeoyante, la moulant comme une seconde peau. Son décolleté était toujours aussi ouvert à la vision de qui voulait se perdre dans les pentes arrondies de son opulente poitrine. D'ordinaire, elle jouait un peu avec les clients, en prenant des postures à faire rougir, ou ) faire suer, au choix. Mais là, elle avait deux officiers républicains en service. Venaient-ils pour un contrôle ou pour l'interroger sur des affaires du coin ? Bah, elle le saura bien assez tôt, elle n'était pas pressée... chose certaine était que son coup de ce soir tombait à l'eau. L'autre, s'il se rameutait, partirait aussitôt. Ou alors ne passera pas du tout, après avoir vu les deux capitaines en tenue entrer au Marsouin Blanc.

    Pour parfaire une atmosphère sereine et détendue, elle inclina légèrement la tête sur le côté. 

    ''Vos visages ne me sont pas inconnus. Où vous aurais-je déjà croisés ? "Elle les avait déjà reconnus, ces deux hommes qu'elle avait aguichés au Reike, avec sa brochette de viande succulente. Déjà qu'elles les avaient trouvés à croquer, vêtus de leurs uniformes, ça ouvrait encore plus l'appétit. Mais elle devait se montrer prudente. Elle devait éviter de faire des vagues avec eux. Il en allait de la réputation de sa taverne après tout, elle qui avait toujours veillé à être dans les "clous" de la république. 

    "Ah, mais je m'en souviens maintenant. Vous étiez les deux charmants jeunes hommes qui étaient présents dans les gradins, lors des festivités reikoises, Le jour de la Force. Qui aurait cru qu'on se reverrait dans des circonstances plus officielles. "Elle fit un magnifique sourire ; vrai qu'elle était ravie ! Ce n'était pas tous les jours qu'on revoyait de beaux bipèdes comme eux. Elle porta un regard éclatant vers Gunnar. ''Vous portez des lunettes ? Le soleil du désert n'a pas dû être tendre avec vos yeux. Ca vous donne... un air de professeur. Philanthrope même. Cela vous va bien. Bien. Comme je parle, je parle, mais que puis-je donc pour vous, Messieurs ?  Si vous êtes en pause, je puis vous servir à boire. "
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  • Jeu 2 Nov - 16:33
    J’plisse les yeux. La patronne, on l’a déjà vue, et elle se dit la même chose. Si je m’étais attendu à ce que le Marsouin Blanc soit tenu par une reikoise, ou alors qu’elle se pointe à Taisen en même temps que nous… Et quel souvenir, hein. On s’était disputé en tribune, ensuite, pour savoir auquel d’entre nous elle avait adressé ses signes sans équivoque. Inutile de préciser qu’on était une bonne dizaine à être persuadé d’être l’heureux élu, et que ça a été la source de plusieurs dizaines de minutes d’arguments et d’engueulades.

    En tout cas, pour le cadre animé et l’ambiance chaleureuse, on repassera.

    Par contre, pour l’inspection, c’est un aussi bon moment que d’habitude.

    « Oui, c’est bien nous. Taisen, hein ? On était persuadé que vous étiez reikoise, et finalement… C’est vous, la propriétaire et gérante des lieux ? On vient pour une inspection en tant qu’officiers républicains. »

    Elle a davantage reconnu Gunnar avec ses lunettes de blaireau. P’tet que j’aurais dû m’en faire faire aussi, finalement. J’veux dire, si ça permet de… Oh et puis nan, merde, ça doit être trop chiant d’avoir un truc toujours au coin de l’œil et qui appuie sur le nez. Il fera moins le malin quand au premier bourre-pif, elle se pèteront et qu’il devra en racheter, si tant est que ça lui crève pas les mirettes. Puis depuis quand on doit avoir l’air intelligent ? J’veux dire, on a fait sept ans d’études, quand même, c’est connu, pas besoin de se déguiser non plus.

    « Enfin, faire une p’tite pause et boire un coup, ça coûtera rien. Puis ça fait partie de l’inspection, vérifier la qualité des produits, tout ça… On va commencer par deux blondes. Des bières. Et un saucisson aux noisettes. »

    On sera méthodique, pour s’assurer qu’aucun concitoyen ne risque une intoxication alimentaire.

    Quand elle se retourne, j’flanque un coup de coude à Gunnar, avant de lui chuchoter furieusement :

    « J’croyais qu’elle était reikoise, et en prime on l’a paumée pendant la sortie de l’arène !
    -  J’en sais rien non plus, je sais pas ce qu’elle fiche ici.
    - Mais attends voir, t’avais pas disparu mystérieusement pendant les combats, juste après qu’elle ait fait son numéro, en plus ?
    - Comment ça ?
    - Rien, rien, je note juste la coïncidence…
    - Qu’est-ce que tu sous-entends au juste ?
    - Ca, plus le fait qu’elle te reconnaisse et se rende compte que t’avais pas de lunettes la dernière fois…
    - Où est-ce que tu veux en venir ?
    - Je pense que tu vois très bien de quoi je parle.
    - C’est un interrogatoire ?
    - Tu es entendu en tant que simple témoin assisté.
    - Assisté de qui ?
    - … De tes lunettes de merde. »

    Il les remonte justement sur l’arête de son nez.

    « Je pense que tu es juste jaloux, et c’est une très vilaine émotion.
    - T’avais disparu où ?
    - Tu me lâcheras pas tant que je dirai pas ?
    - Tu connais la réponse.
    - J’ai vu une ancienne connaissance et, euh… fallait que je tire les choses au clair.
    - Aucun lien avec le Dauphin Bleu ?
    - Marsouin Blanc.
    - Tu chipottes.
    - Aucun lien. Juré. De toute façon, si… enfin… voilà… tu te doutes bien que je vous aurais tous rabattu le caquet.
    - Vu comme ça… Défense acceptée, acquitté.
    - Je croyais que j’étais que témoin assisté ?
    - Qui c’est qui chipotte, maintenant ?
    - Touché. »

    On se racle la gorge de concert.

    « Ca fait longtemps que vous êtes ici, Mademoiselle Suladran ? Nous procèderons également à une inspection détaillée des parties privatives, pour la sécurité de nos concitoyens. »

    Puis il fait pas beau dehors, faut bien avouer qu’on sera pas pressé de ressortir prendre la pluie dans la gueule. On a besoin de prendre des forces avant ça, du genre qui donneront l’impression que le trajet jusqu’à la prochaine taverne passera dans un brouillard aviné et chancelant. Mais plein de professionnalisme, évidemment.

    En tout cas, au premier coup d’œil, tout l’endroit est propre et bien tenu, quasiment à rebours d’une taverne traditionnelle du port, où c’est généralement un peu crade et pas très élégant. M’est avis que la population doit pas être celle du marin de base, mais plutôt de commerçants et d’officiers de la marine. Il faut de tout pour faire un monde, et ça veut dire que j’exclus pas forcément de revenir sur mon temps libre, surtout si l’accueil est à la hauteur.
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  • Mer 8 Nov - 21:59
    Je suis perturbé. Découvrir la jeune femme des arènes, ici-même, ça me rappelle des souvenirs. La façon dont elle m’a regardé, déjà, qui est loin d’être oubliable, surtout quand ladite dame porte quelque chose d’assez proche d’un corps qui fait tourner les têtes. Pas seulement, évidemment. Je me rappelle l’apparition de Khal, ce démon oni me souriant ; une vision effrayante ; et ma soudaine disparition. Pancrace n'a pas oublié. Il n'oublie pas les détails importants. Jusque là, j’ai réussi à noyer le poisson. Faut dire qu’ils connaissent pas trop mon histoire avec l’autre Oni, puisque j’ai veillé à récolter aucun laurier de son arrestation. Jamais ils ne pourraient se douter de la vérité et je préfère ça. Pas pour rouler des mécaniques, mais plutôt pour éviter les quolibets à l’idée de me faire dessus à croiser la route de l’Oni. En même temps, n’importe quel copain de l’Office ferait tout pour éviter un boulot visant à approcher à moins de vingt mètres d’un bestiau pareil, capable de tenir tête à tout une escouade de soldats.

    Je suis perturbé parce qu’on est censé boire un coup, tranquillement, avant de commencer le boulot. Sauf qu’après ma conversation avec Pancrace, je me suis approché du comptoir et j’ai bien eu du mal à la regarder dans les yeux. Déjà qu’elle faisait tout un spectacle dans les tribunes de l’arène, mon imagination tourne à plein régime quant à  ce qu’elle pourrait concocter dans la situation présente, surtout que ma gêne ne doit pas du tout passer inaperçu. La perspective de me faire asticoter en présence de Pancrace qui va sûrement en rajouter une couche, contestant immédiatement ce que j’ai pu lui raconter à l’instant, ça ne m'inspire pas beaucoup. La goutte de sueur perlant sur le front, je plonge mes yeux dans le carnet d’inspection que j’ouvre prématurément. Pancrace hausse un sourcil en me regardant faire.

    -Vous… pouvez servir le capitaine Dosian. Je vous prie de m’autoriser l’accès à votre arrière-... boutique. Je vais réaliser une inspection de sécurité. Histoire de… vérifier que nous sommes bien seuls. La sécurité. Tout ça.
    -T’as pas soif ?
    -Après.

    Il hausse les épaules, mais je sais bien qu’il ne s’en contentera pas. La propriétaire m’autorise l’accès avec un petit sourire et je passe derrière le comptoir en faisant bien gaffe à ne pas trop m’approcher d’elle pour éviter tout désagrément.

    -Je n’ai pas l’habitude d’être deux ici. On est un peu plus serré.
    -En… effet… oui. Hum.

    J’ai un peu l’impression qu’il y a la place, mais qu’on essaie de réduire l’espace entre nous, histoire d’accentuer mon malaise qui s’emballe à la faveur d’un frôlement totalement fortuit. Je crois. Pris d’un soudain électrochoc, j’ouvre la première porte, je m’y engouffre et je referme derrière moi. C’est petit. C’est la salle d’eau. Parfaitement rangé comme on peut s’y attendre d’un établissement qui n’est pas ouvert, je ne m'attarde pas vraiment sur les fioles, les contenants où autres produits de bonnes femmes. Je me mets à souffler pour reprendre contenance.

    Ça doit vous étonner, peut-être. C’est juste que d’habitude, c’est moi qui est en confiance. Soit je me terre dans des établissements où l’on partage une compagnie féminine contre quelques une compensation financière, soit c’est moi le type en contrôle, avec ma carrure, ma moustache et mes galons. Les rares fois où je tombe sur des gonzesses tout en assurance, je fais des gaffes. Et puis, il y a Pancrace. ça ne fait que rajouter des soucis. Le regard qui se pose sur moi, qui me juge, ça ne fait que me rendre la vie plus difficile.

    Justement, je l’entends.

    -Tu t’es perdu Gunnar ?
    -Non… Non !

    Je sors révélant à mon collègue le contenu de la pièce. Il me jette un regard en souriant.

    -Alors ? Personne ? Pas même caché dans le bac ?

    Je lui jette un regard noir avant de me diriger vers la deuxième porte, menant aux cuisines. Je referme derrière moi après avoir traversé le comptoir dans sa largeur et savamment esquiver la patronne. Là aussi, pas grand chose d’intéressant au premier regard et évidemment, il n’y a personne. De l’autre côté, on devine une réserve. D’un côté, la cuisine avec toute la batterie de vaisselle. Je fais quelques pas dans la pièce, finissant de me refaire une contenance avant de croiser mon reflet dans une vitre. Je me regarde un instant avant de me redresser et de bien remettre mes lunettes sur mon nez.

    -Professeur ? Oui, bonjour, professeur Bremer. En maintien de l’ordre. Oui monsieur. Je suis aussi philanthrope en… en… en procès-verbal. exactement. Les procès-verbaux célèbres.

    Je continue de me regarder un instant avant de secouer la tête. Jamais trop compris ce que ça voulait dire “philantrope”. J’associe ça aux bourges. ça doit être positif. Un truc intelligent.

    -Ca me va bien…

    Les mots me restent dans la tête. Je la secoue presque immédiatement. Professionnel. Rester professionnel. Ne jamais mélanger le pro et le perso. Je fuis mon imagination en faisant le tour de la pièce sans repérer quoi que ce soit de surprenant. Je finis par ouvrir la réserve, trouvant d'œil expert la trappe menant à la cave. Une visite qui s’imposera, évidemment. Mon regard vagabonde sur des caisses à moitié ouvertes, révélant dans l’une un stock de coquillage. J’y connais rien, évidemment, mais en m’approchant, je me rends compte que si la caisse est remplie de jolis coquillages, aucune présence de trucs à  becqueter dedans. Pour une taverne, c’est bizarre. Je fronce un sourcils avant de repartir vers la grande salle. Peut-être que depuis, elle aura embrouillé les idées de Pancrace et elle ne sera plus sur mon dos.
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  • Mar 14 Nov - 12:34
    Elle eut un sourire ravi quand le beau brun confirma que c'étaient bien eux. La confirmation permit d'ouvrir la conversation en toute sérénité. Autant être bien posée et ouverte au dialogue quand il était question d'une inspection. Elle était en ordre de toute façon, sauf son petit coffre qui était sur le comptoir, au couvercle fermé. Après, elle n'avait pas de raisons de s'en formaliser. Si elle n'affichait pas d'inquiétude, ou venait à se comporter de façon étrange, là, les deux jeunes hommes se poseront forcément des questions. Mine de rien, c'était une véritable chance que cela soit eux deux, vu comment elle s'était amusée à les aguicher à l'arène, avec sa brochette de viande. Qui avait été un véritable délice d'ailleurs. Elle se retint de passer la langue sur ses lèvres. 

    "Je suis gérante et propriétaire du Marsouin Blanc, en effet. Et vous avez une veine du tonnerre, messieurs, pour votre inspection. Il n'y a que moi ce soir. Point de clients, point de bruit. Une salle entière rien que pour vous, le temps de vous détendre. J'arrive tout de suite avec votre commande. "

    Elle inclina légèrement la tête sur le côté, pour parfaire l'effet radieux de son visage enjôleur. Puis, elle se retourna pour s'occuper de prendre deux chopes en étain et se dirigea en quelques pas vers un tonnelet de bière blonde. Pendant qu'elle remplissait généreusement chacune des chopes, elle se permit de sourire plus largement en pensée. Elle entendait les messes basses des deux humains, mais ne pouvait pas saisir les mots, ils chuchotaient trop bas. Mais ils échangeaient intensément. Visiblement, elle les avait bien marqués durant sa petite balade au Reike. Finalement, si son "intermédiaire" venait à ne pas passer, elle ne perdra probablement pas sa soirée avec ces deux-là. 

    Elle déposa les deux bières, à la mousse généreuse et fine sur le comptoir. Elle n'oublia pas le saucisson, sous le comptoir, il y avait toujours des petites choses à grignoter en hors d'oeuvre. Habilement, elle trancha plusieurs tranches du saucisson aux noisettes et le déposa à côté des deux chopes. 

    "Et voilà ! "fit-elle, toute joyeuse. En même temps, comment ne pas l'être ? Elle avait deux clients, qui étaient de beaux officiers. Que demander de mieux ? "Que je suis à Courage... hum, moins de deux ou trois années ? Si vous évoquez la taverne, cela doit faire.... plus de six mois ? Je ne tiens pas les comptes des jours. Sinon, pour vous rassurer, j'ai bien la citoyenneté républicaine. J'étais en petit voyage d'affaires au Reike et j'ai profité de leur... Comment c'était déjà, Ah oui, Le Jour de la Force, pour m'amuser un peu. "

    Son sourire en disait long sur la finalité de sa phrase. Puis, dans une lenteur toute volontaire pour la rendre langoureuse, elle regarda le porteur de lunettes, qui ne semblait pas dans son assiette. Elle lui darda un certain regard pétillant. Elle savait pourquoi il était mal à l'aise. Le malheureux, il risquait de devenir sa proie... 

    "Le travail avant tout. Point de soucis, Messire. L'accès vous est ouvert. Elle le suivit du regard, toujours avec le même sourire. Il était si mal à l'aise que même son comparse le remarquera sans peine. Elle manqua de reculer d'un pas, le frôle tout juste. Elle se retint d'étendre son sourire face à la réaction, avant de le voir s'enfermer dans la salle d'eau. Elle réussit à ravaler un léger rire quand l'autre officier l'appela pour voir s'il était toujours vivant. Au moins apprit-elle un des prénoms des deux humains en "service". D'ailleurs, son pote ne manqua pas de se moquer de lui quand enfin Gunnar ressortit de la salle d'eau. Sa mine renfrognée à cette plaisanterie était amusante. Ces deux compères devaient souvent s'envoyer des pics de la sorte. Puis, il partit s'attaquer au contrôle de la cuisine. 

    Takhys en profita pour parfaire la conversation avec Pancrace

    "Ai-je à redouter de votre redoutable expertise durant cette inspection ? Car, j'ai pu voir que vous n'étiez que deux. La dernière inspection faite par des officiers de la République, ils étaient cinq, comme s'ils redoutaient d'être en nombre inférieur en cas de gros... soucis. Vous et votre collègue devez être meilleurs qu'eux... A moins qu'il y ait eu des coupes budgétaires pour réduire un peu les rangs avec toujours le même volume de travail ? "

    Autant profiter du temps qu'elle avait pour faire la conversation et en chopant de possibles informations croustillantes au passage. 

    "J'espère que ce n'est pas le cas, car vos dames respectives doivent trouver le temps long à attendre le retour de votre chaleur... "Ses lèvres s'étirèrent de manière crapuleuse, très crapuleuse, en évoquant le sujet. Deux hommes comme eux, ce n'était pas possible qu'ils n'aient pas femme à la maison, à attendre leur retour sous les draps... "Puisque nous parlions un peu de mon petit passage au Reike.. et que nous nous sommes croisés du regard... "Gunnar revint à ce moment là. Parfait ! "Est ce que j'étais vraiment dans les allures d'une Reikoise ? Votre avis à chacun de vous m'intéresse... Et pourrait soit me plaire, soit m'amuser... "

    Elle offrit un clin d'oeil à Pancrace, avant de regarder Gunnar moins à l'aise que son ami dans la situation du moment.

    ''Votre bière n'attend plus que vous, Cher Officier. Ne la laissez pas se réchauffer. "[/b]
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  • Jeu 23 Nov - 17:00

    Parfois, un peu de calme, ça fait pas de mal. C’est sûr qu’on profitera pas de la même ambiance, mais ça nous permettra de nous concentrer sur les boissons… la dégustation… le contrôle, en tout cas, de la qualité du boire et du manger. Puis on perdra pas de temps à attendre que la patronne soit disponible pour nous renseigner ou nous assister dans nos tâches, ou à la déranger alors même que la salle est pleine à craquer et qu’elle à autre chose à faire, genre gagner de l’argent. Difficile d’en vouloir aux taverniers qui voient nos inspections d’un mauvais œil, du coup.

    C’est comme ça qu’on a perfectionné un style de contrôle quasiment transparent pour les marchands : on entre, on se comporte comme des clients normaux, à part qu’on paye vachement moins, on visite un peu partout, on s’assure que personne va chopper la courante en consommant, puis on repart, avec la sensation du devoir accompli et un rapport prêt à être rédigé. Parce que, faut pas l’oublier, on est aussi au service du peuple.

    Je hoche la tête à mon monologue intérieur, et j’prends une large gorgée de bière.

    « Pas de souci, à la limite, on vous dérange p’tet même moins en venant comme ça alors que y’a personne. J’peux prendre du saucisson aux noisettes ? Allez, pour l’inspection. »

    Il est délicieux, bien séché comme je l’aime, pas trop gras. Et on en profite pour faire plus ample connaissance.

    « Pour le principe, on veut bien vérifier les papiers pour le bail, le titre de propriété si vous avez les murs en plus. Puis tout ce qui a trait à la nationalité Républicaine, je suppose que vous l’avez, maintenant. »

    J’reprends de la bière, une belle blonde au corps bien charpenté, toute en forme et qui épouse bien son contenant, rafraîchissante à souhait. La bière, hein.

    « Mais j’en oublie nos manières. Je suis le capitaine Pancrace Dosian, et mon collègue est le capitaine Gunnar Bremer. ‘Chantés, évidemment. On risque de se recroiser, après tout. On inspecte régulièrement tous les commerces de la ville. »

    Et ils sont pas tous aussi accueillants qu’ici. En tout cas, on va interdire à personne de prendre des vacances au Reike, faut bien faire marcher le petit commerce dans tous les sens, puis ça serait mauvais esprit de notre part de lui jeter la pierre pour ça alors qu’on était dans les gradins également.

    « Ouais, le Jour de la Force, c’était plutôt amusant, même si l’arène et tout ce qui va avec, faut bien admettre que c’est assez loin de nos pratiques toutes républicaines. Par exemple, l’exécution de prisonniers de guerre par des créatures meurtrières, bon… Enfin, autre pays, autres mœurs, pas vrai ? »

    J’vais pas me mettre la rate au court-bouillon pour ça, surtout que Gunnar a l’air tout penaud et intimidé, ce qui confirme que c’est impossible qu’il se soit passé quelque chose entre les deux là-bas. Cela dit, p’tet que, justement, il aurait dû se passer un truc et que… ? Mon flair d’inspecteur se réveille, et j’ai de plus en plus envie, soit de tirer cette affaire au clair, soit de m’amuser un petit peu avec tout ça. C’est qu’on n’a pas si souvent l’occasion de rigoler de lui sur ça, après tout.

    « Redoutable expertise ? Ouais, on peut dire qu’on a l’œil, entre les cinq ans d’étude et l’expérience qui vient à force d’en faire. Mais si tout est en ordre y’a rien à craindre, et sinon, on peut toujours s’arranger. »

    On propose toujours des accords à l’amiable, après tout. On veut pas que les gens aient la haine contre les officiers républicains ou la république, et on nous encourage d’ailleurs à favoriser la circulation des espèces sonnantes et trébuchantes, donc on y participe du mieux qu’on peut.

    « Là, comme les effectifs étaient un peu plus contraints par d’autres actions à mener en parallèle, on a fait le choix de s’occuper des inspections et de diviser nos escouades ailleurs. Le détail est secret, évidemment, vous nous en voudrez pas de pas le communiquer. Cinq pour une inspection, c’est un bon nombre pour être efficace, après, et tous les taverniers sont pas aussi accueillants que vous, sans compter qu’on arrive généralement dans des salles combles… »

    J’lui adresse un clin d’œil. Et on part directement sur des sujets plus personnels. Je sens qu’on va vraiment bien rigoler ce soir, et plus si affinités, surtout que Gunnar s’agite derrière la porte de la cuisine. Une nouvelle grosse gorgée de bière accompagnée de saucisson trouve son chemin jusqu’à ma bouche.

    « Non, non, mariés à la fonction, tous les deux, faut croire. En tout cas, tout reste possible, pasque qui sait de quoi l’avenir sera fait, hé ? Pas qu’on soit contre se ranger, mais faut trouver la perle rare, qui brille de mille feux, tout ça. Surtout Gunnar. »

    J’regarde innocemment sur le côté quand il revient parmi nous, se glisse malaisément de mon côté du comptoir.

    « Rien de particulier ?
    - Non, du tout. J’ai inspecté la cuisine et la réserve.
    - Parfait. On parlait justement de notre rencontre au Reike.
    - Oh… Oui… Définitivement l’allure… reikoise… »

    Il recommence à bafouiller. Takhys serait son type ? Comme quoi, on en apprend tous les jours, lui qui est d’habitude si discret. Et, bordel, ce que les copains vont rigoler quand on leur racontera à quel point ce grand gaillard regardait ses grolles face à une tavernière très… provocatrice. Pour rester poli et bien élevé.

    « Ouais, c’est les vêtements, ça donne tout de suite l’image. Alors qu’on était aussi sapés couleur locale, hein, donc comme quoi. Mais aussi l’attitude, pas vrai, Gunnar ? Que j’dis en lui flanquant un coup de coude.
    - Oui, l’attitude… très… libre ?
    - Voilà, alors que nous, on regardait partout autour, on était en visite touristique, quoi. »

    J’fais tinter ma choppe contre celle du collègue, et j’l’achève avant de la reposer et d’essuyer la bouche qui s’est déposée à la commissure de mes lèvres. J’adresse un clin d’œil à Takhys, j’vole un dernier bout de sauciflard, et j’pose mes mains sur le comptoir en bois.

    « Allez, j’vais m’occuper d’inspecter cette cave, soyez pas trop sages, surtout. »

    Et j’garde l’oreille tendue, des fois qu’on puisse rigoler, pendant les trente premières secondes, de l’autre côté de la porte de la cuisine.
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  • Mer 6 Déc - 0:01
    Je fronce un sourcil.

    -On est en service tout de même.

    Mais il a quelque chose dans le petit sourire en coin de Pancrace, la lueur dans son regard et le léger haussement de ses sourcils qui me dit qu’il a flairé quelque chose. Depuis le temps que l’on se connaît, on a appris à deviner beaucoup de choses dans quelques petits détails, de légères réactions physiques qui paraissent anecdotiques mais qui veulent dire tant de choses. Je pense qu’on peut dire qu’on se connait autant qu’un couple se connaît. Sans la partie intime, évidemment, on est pas de ce bord là et chacun fait attention à ne pas trop causer de ces petites affaires privées même si on peut imaginer que l’on a déjà croisé payé des services aux mêmes demoiselles. Evidemment, je me suis déjà posé la question sur ces goûts. Comme pour les autres. C’est qu’il y a la vie professionnelle et la vie personnelle. Comme dit l’adage, il ne faut jamais mélanger les deux. Alors, on gratte, on est curieux, mais on apprend jamais grand chose. On se contente de monter des bobards et de s’amuser de la réaction d’untel. Du coup, je lui en veux pas, j’aurais fait pareil. Sauf que là, c’est pour ma gueule et ça m’emmerde.

    La porte se referme sur lui, puis mon regard glisse vers la proprio qui ne s’est pas séparée de sa posture provocatrice. Je sens déjà la nervosité me regagner. Il doit écouter, ce con. Heureusement, il y a de quoi détourner l’attention.

    -Oh mais c’est du saucisson aux noisettes !
    -Votre ami l’a choisi spécifiquement.
    -C’est qu’il a bon goût.
    -Vous aussi, vous avez… bon goût ?

    On entend un bruit sourd dans la cuisine, mais la patronne continue à me regarder. J’imagine qu’il se marre bien de l’autre côté. Je me déplace légèrement, de sorte à ce que la jeune femme soit entre moi et la trou de la serrure. C’est que Pancrace pourrait avoir l’envie d’y fourrer son œil pour se gausser de ma poire. Il se contentera de se le rincer ; j’ai moi-même jeté un coup d'œil avant de revenir. En même temps, je m'empêche de répondre en attrapant une tranche de saucisson. Je m’arrête un instant avant de le gober, croisant à nouveau son regard.

    Je ne vais tout de même pas continuer à me laisser indisposer comme ça, tout de même. Outre les conditions dans lesquelles je l’ai croisée au Reike, faut dire que je suis toujours décontenancé par les femmes qui savent provoquer et ne pas se laisser influencer. D’habitude, il suffit de l’uniforme, d’un peu d’autorité et j’en impose suffisamment pour que ça soit moi le chef. Quand on me renvoie aussi férocement dans la figure, ça me fragilise. Jamais dit que j’étais un brave officier républicain en toutes circonstances. On a tous nos petites faiblesses. C’est ça d’être humain, finalement. Heureusement, j’ai une solution à cette situation. C’est qu’il faut reprendre le contrôle en étant plus provocateur qu’elle. J’ai déjà eu à faire avec certaines d'entre elles. C’est une stratégie de défense et de contrôle parce que c’est rare d’y être confronté et ça décontenance la majorité des gars qui n’ont pas l’habitude. On leur résiste, mais c’est déjà abdiqué. Alors qu’être pire qu’elles, c’est les décontenancer à leur tour et reprendre de ce fait l’influence sur l’autre.

    Je suis un malin moi.
    Provoquons.

    Je fais glisser ma langue à l’extérieur et j’y dépose la tranche de saucisson enrichie d’une noisette croustillante dans un mouvement lent avant de la ramener à l’intérieur, le tout sans la quitter du regard. Je fais craquer ladite noisette entre mes dents. J’ingurgite le tout avant de faire passer le tout d’une grande gorgée de bière. J’hausse un sourcil.

    -Je dois dire que vos produits sont excellents. Quoique j’ai trouvé pas mal de jolies coquillages dans votre arrière boutique qui n’ont pas l’air d’être là pour être déguster. Peut-être servent-ils à d’autres activités ? Des colliers de coquillages ? Dissimuler juste ce qu’il faut pour des soirées privées.

    Je me sens rapidement mieux. C’est vraiment ça qui me manquait. Reprendre la main sur la situation. On a tous nos petits moments de faiblesse et j’ai beau être capitaine, je ne reste qu’un homme. L’important, c’est de savoir se ressaisir avant de sombrer. La République a besoin d’officiers républicains de confiance pour que la sécurité de tous tout en restant éclairée. Dur, mais juste.

    Tout ceci est encore bien faible. J’essaie de l’asticoter, mais il n’y a pas grand chose à s’inquiéter de cette histoire de coquillages, sans doute. Qu’est ce que pourrait impliquer ? Aucune idée. Par contre, allons sur un terrain au demeurant glissant pour la déstabiliser et faire chavirer sa posture afin de régner seul en maître du terrain avant le retour de Pancrace.

    -Pour en revenir à notre première rencontre, il est vrai que vous faisiez très couleur locale. Très… exotique. Vous y veniez pour quelle raison en particulier ? Il me semble souvenir ; je n’ai pas très bien vu, vous m’excuserez, que vous aviez une technique bien particulière pour déguster votre brochette. Une technique Reikoise ? Je me demande bien où vous avez bien pu l’apprendre… J’en vois mal l’utilité en service au bar.

    Et toc. Quand il s’agit de faire des allusions de loin, c’est facile, mais une fois que vous les renvoyez dans les dents en face à face, c’est plus difficile de se défendre, hein ? Avec ça, j’en suis sûr, elle va mettre de l’eau dans son vin et éviter de trop m’asticoter.

    Qu’est ce qui peut mal se passer ?
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  • Mar 12 Déc - 20:11
    On pourrait penser que la belle tavernière avait de la chance d'être tombée sur deux officiers républicains très avenants pour cette tournée d'inspection. Pourtant, il faut toujours se méfier de l'eau qui dort, comme le dit un adage très humain. Y avait-il vraiment lieu de s'inquiéter, sérieusement ? Au moins, si un souci se révélait, la Sirène pourra réagir en conséquence. 

    Elle s'était retrouvée un temps seule avec le beau brun, qui bavardait bien. Toujours son sourire léger marquant ses lèvres, elle l'écoutait, comme s'il narrait une passionnante histoire ; ce qui était le cas, car tout ce qu'il apportait comme élément pouvait devenir une information intéressante dans une autre conversation, plus tard... ou apporter des détails non négligeables pour une négociation commerciale. 

    ''Oh, vous ne me dérangiez pas. Il m'est même plus agréable que vous entamiez l'inspection actuellement, vu qu'il n'y a personne d'autre que ma personne. Pour le saucisson ? "Elle lui avait offert un clin d'œil."Bien sûr, cadeau de la maison.Puis, elle avait repris avec un peu plus de sérieux."J'ai tous les papiers en règle. Dites-moi quand vous souhaitez les contrôler et je vais les chercher"Aucune hésitation n'avait vibré dans sa voix. Le Marsouin Blanc était en ordre de papier, comme cela se devait d'être au sein de la République. 

    Puis, quand il se fut présenté -ou représenté ? - et cela, après avoir bien savouré la bière proposée par la tenancière, il avoua presque à deux mois qu'il repassera régulièrement. La jeune blonde s'était accoudée nonchalamment, et toujours avec le sourire. ''Vous avez le choix de vos secteurs d'inspection ? Si c'est le cas, je souhaite avoir l'exclusivité de votre passage"fait-elle dit en riant, savourant avec grand plaisir les détails que le Capitaine Pancrace donnera quelques minutes plus tard sur le tour des inspections. Ça, c'était intéressant à noter dans un recoin de sa cervelle de Sirène. Ou alors, était-ce une révélation sciemment lâchée pour la tester ? C'était possible. En tout cas, elle avait répondu à un détail TRÈS important, qu'elle avait parfaitement saisi. 

    "Dans ma taverne, comme dans d'autres, il y a toujours moyen de s'arranger..."avait-elle alors confessé sans rentrer plus dans les détails. "Savez-vous pourquoi je suis accueillante, même si vous êtes en effectif réduit ? ça attire plus les clients, et détends les officiers tels que vous, qui devez travailler dans des conditions guère évidentes. Avouez que là, maintenant, c'est bien plus agréable qu'un vieux ronchon chauve qui vous tirerait sa mauvaise tronche dans un brouhaha d'enfer. Toujours son sourire, qu'elle veilla à étirer en douceur. ''Mariés aux devoirs envers la république. Vous finirez par monter de grade, et vous trouverez chaussure à votre pied, cela n'en fait aucun doute ! "

    Quand Gunnar revint de son tour d'inspection, elle put aborder son passager au Reike. Il arrivait au parfait moment. Elle le fixa quelques secondes, avant de rejeter ses yeux brun pailleté d'ambre sur Pancrace. 

    "Les Reikois ont une façon assez particulière de s'amuser, je dois l'admettre. Autant certains combats étaient spectaculaires que le reste est un peu trop sanglant à mon goût. "Elle se retint d'en rire. Le sang ne l'effrayait nullement. "Après, j'avoue avoir un faible pour certaines de leurs tenues. Elles sont légères et rendent bien pour la liberté qu'on en ressent sous les fins tissus."Elle avait incliné la tête sur le côté, pour mieux observer l'attitude des deux humains. Le Capitaine moustachu était vraiment mal à l'aise. 

    "Ne vous perdez pas en son sein, Capitaine ! Et promis, on ne fera que des bêtises"rit-elle, en jetant toute son attention sur le malheureux officier qu'elle allait pouvoir dévorer du regard tout à son aise ; pas du sien, c'était certain ! Son regard focalisé que sur lui, il ne pouvait guère lui échapper. Même le bruit sourd qui retentira dans la cuisine ne la détournera pas de sa proie. Même pas le coup du saucisson ! Patiemment, elle attendit qu'il ouvre la bouche, non pour gober les tranches de saucisson, mais bien quelques mots. Ah tiens, il changea la manière de faire pour ce qui était de placer une rondelle de sauciflard dans sa bouche. 

    Elle l'observa faire, avec grand intérêt, essayant de déterminer si c'était pour détourner l'attention, ou pour réellement passer un message, après qu'il eut repris son courage à deux mains. Ah ! Enfin, il lança la conversation. 

    "Je connais un petit fermier qui fait lui-même ces saucissons. Ah ! pour les coquillages ! J'avais complètement oublié que je les avais encore dans mes stocks. À Courage, quelques tavernes en proposent dans leurs plats. Et stupidement, on les jette, alors qu'il y a de la nacre. La nacre, vous voyez ce que c'est. C'est si lumineux, si irisé, et c'est d'une finesse si fragile. Mais cela fait de magnifiques parures pour des bijoux... et pour des mosaïques, je ne vous dis pas le rendu. Quelques riches Reikois en sont friands. Vous faites bien  d'en parler, pour relancer un racheteur potentiel. Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup d'intéressés sur ce marché dans notre coin, ces ignares ! "Et soudain, elle rendit son sourire plus lubrique. Il y coupera, vu qu'il avait tendu la perche. Vous êtes connaisseurs d'autres de leurs emplois, à ce que j'entends. Je peux trouver une petite idée pour que votre collègue aille quelque part pour que vous puissiez trouver celui qui vous conviendrait… et des soirées privées... "Elle se mit à murmurer, en profitant pour se rapprocher plus de Gunnar. Ainsi, il sera le seul à l'entendre et surtout, elle avait trouvé le bon prétexte pour se mettre plus en avant. Il ne pourra guère échapper à la vue plus plongeante de sa poitrine cette fois. "Je connais de magnifiques lieux en bords de mer pour être en parfaite communion avec les flots. "

    Ah, leur première rencontre, il faisait bien d'en parler. Un instant, elle crut entendre de nouveau des bruits à la cuisine. Son collègue devait être en train de lorgner à la serrure. Elle appela sa magie pour que le trou se bouche totalement, couvert de glace. Et toc ! Son tour viendra bien assez tôt, qu'il ne s'inquiète donc pas. Bien, et si elle revenait sur ce qu'il avait le plus retenu ?

    "C'est très aimable de votre part. De base, j'étais là-bas pour affaires. Il y a certains produits culinaires qu'on ne trouve qu'au Reike. Pour l'art de la dégustation de la brochette ? "Elle prit un délicieux plaisir à rendre son sourire plus carnassier, avant de poursuivre. "Une technique tout à fait personnelle, que j'ai acquise en dévorant l'intérieur de certains coquillages. Je peux vous l'apprendre si vous le désirez. "Et là, elle se permit de faire glisser le bout de son index et de son majeur le long de la joue de l'officier. "Avec la musculature maxillaire que je sens sous votre peau, je ne doute pas que vous devez être capable de certaines prouesses pour en faire rougir... plus d'une... D'ailleurs, vous êtes bien moite. Seriez-vous fiévreux ? "Elle en profita, sans aucune honte, à porter le dos de sa main sur le front de Gunnar. "Ah non... "Elle fit descendre le bout de son index le long de l'arête de son nez."S'il y a besoin de certaines inspections plus... précises, n'hésitez pas à le dire"termina-t-elle langoureusement, en stoppant le cheminement de son index sur les lèvres du malheureux qu'elle tentait d'emprisonner dans ses filets.
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  • Jeu 21 Déc - 15:50

    En République, tout le monde connaît les règles du jeu, parce qu’on joue tous au même : parfois, il est possible de prendre des raccourcis, ou d’anarquer purement et simplement. Si en haut de l’échelle ils se privent pas, je vois pas pourquoi en bas, on se donnerait cette peine. Ou alors c’était l’inverse, et ceux qui ont réussi à grimper au sommet ne font que reproduire les habitudes de toute une vie ? C’est le débat éternel de la poule et de l’oeuf, et la réponse n’a en réalité pas grande importance, face à la seule vérité qui vaille : on a tous une certaine propension à la triche.

    Et les commerçants sont bien sûr en première ligne : fausses factures, contrebande, une partie de la cargaison qui est écoulée sans jamais être déclarée... Je dis pas qu’on est parfait ou des génies, mais sans la complaisance de certains officiers républicains, une partie serait sans doute impossible. Après, c’est comme la cuisine : faut doser. Quand ça devient trop gros, on finit quand même par taper du poing sur la table, car tout le monde a pas le droit d’enfler la Nation dans les grandes largeurs.

    C’est réservé à la SSG et leurs copains, ça.

    Bref, chacun à sa place, et Takhys, malgré le fait qu’elle soit pas native du patelin, l’a bien compris. A partir de là, plus besoin d’entrer dans des détails scabreux qui gonflent tout le monde : on trouvera toujours un arrangement, parce que la seule autre solution pour les marchands, c’est de mettre la clé sous la porte. Et oui, impossible de marger correctement par rapport aux petits camarades si on est le seul à payer des impôts, typiquement.

    « C’est sûr que certaines compagnies et certaines tavernes semblent vachement plus sympa à visiter, et je suis sûr que mon collègue dirait pas autre chose. Par contre, monter d’encore un étage, je suis pas certain que ce soit une bonne idée, surtout aussi vite après la précédente. Ça déclencherait des jalousies et des rumeurs, vous imaginez bien. »

    P’tet aussi que si je passais moins de temps à assurer à tout le monde que je devais ma promotion au canapé de Koraki Exousia, y’en aurait moins, mais, hé, faut bien qu’on rigole un peu.

    ****

    Rigoler, on le fait vachement moins dans la cuisine. J’sais que Gunnar est déjà passé par là, mais ça coûte rien de revérifier, et surtout de prêter un oreille et un oeil attentif à ce qui se dira en mon absence. C’est que j’aime rire. Le déplacement du grand dadais fait que j’peux plus le voir, mais qu’à la place, j’ai le droit au fessier de Takhys, pour lequel j’prends quelques secondes sans aucun scrupule. Puis j’me redresse et j’commence à farfouiller.

    Les coquillages présentent pas le moindre intérêt, et en plus, ils puent la marée, alors j’m’y attache pas plus que ça. De toute façon, y’a même plus de bouffe ni rien dedans, j’en ai ouvert deux ou trois pour vérifier. Par contre, la trappe qui mène au sous-sol attire davantage mon attention. J’verrai bien ce qu’il advient de Gunnar à mon retour, voir s’il sera bourré à force descendre nerveusement tous les verres, ou nu comme un ver. Héhé.

    J’me cogne le pied contre un meuble, et j’manque de m’étaler contre la porte, avec un bruit qu’ils peuvent pas ne pas avoir entendu de l’autre côté. Tant qu’à faire... mais le trou de la serrure est rapidement bouché par une matière bleutée un peu transparente, et un coup de senseur magique détecte de la magie de glace. La tavernière est visiblement un peu moins ouverte que pensé précédemment, faut croire. Tant pis, il me racontera.

    J’ouvre la trappe, et j’descends l’escalier qui permet d’accéder au saint des saints. L’obscurité ambiante me gêne pas, j’compense en utilisant un sort de nyctalopie. De toute façon, j’ai oublié les bougies en haut, et j’ai la flemme de remonter. Les tonneaux de vin et de bière sont alignés sagement les uns à côté des autres, marqués à la craie pour indiquer leur provenance et une date qui semble être celle d’entrée en stock. J’vérifie ceux des extrémités, et les plus vieux sont pas si anciens : ça prouve que l’affaire marche bien, et que les choses restent pas immobilisées ici trop longtemps.

    Ça fait toujours plaisir, de voir que le petit commerce fonctionne bien.

    Un peu plus loin, j’trouve les bouteilles, rangées tête-bêche dans des caisses. Là encore, pas grand-chose à dire, mais j’note que y’en a quand même quelques-unes qui font sacrément envie, genre ce petit rouge des coteaux de Justice, par exemple. J’le note dans un coin de ma tête avant de me tourner vers tout ce qui est boustifaille : les sauciflards pendent du plafond et sèchent tranquillement à côté des jambons, et des étagères soutiennent un stock impressionnant de bocaux remplis pour la plupart de poisson et de légumes qui baignent ou marinent ou quoi.

    J’suis officier républicain, pas cuistot, après tout : mon expertise personnelle commence au moment où ça atterrit sur ma langue.

    Globalement, pas grand-chose à en dire : le coin est sec, y’a pas d’insectes ou de champignons ou de moisissure, les rats sont partis se cacher et peuvent de toute façon pas accéder à la nourriture. Pour moi, ça me semble au poil. Donc j’remonte, j’referme la trappe, et j’pose la main sur la poignée de la porte. Le seul souci, ça serait d’interrompre quelque chose, finalement. Donc j’relance mon senseur pour détecter s’ils sont déjà blottis l’un contre l’autre, ou un truc du genre.

    Et la réponse c’est...
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    Gunnar Bremer
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  • Dim 14 Jan - 23:52

    Je tressaille lorsque sa main se pose sur mon front. Un geste anodin, amené d’une façon très douce, comme si c’était un geste que l’on effectue sans arrière pensée entre une civile et un officier républicain, sauf que ce n’est pas le cas. Une nouvelle fois, mon esprit vacille et j’ai bien du mal à contrôler mon regard. Devrais-je la regarder dans le blanc des yeux sans faiblir malgré son regard pétillant d’une malice pleine de sous-entendus ? Je faiblis un premier coup, m’attardant sur ces lèvres charnues dessinant un sourire cajoleur, s’entrouvrant légèrement et dévoilant la pointe de ces canines, comme un bête s'apprêtant à mordre sa proie. Tel un monstre des contes, elle pourrait être l’une de ces créatures qui vous aspirent l’âme à travers ces lèvres. Je n’en sais foutrement rien de mon âme, mais mon attention y est totalement aspiré, m’imaginant soudainement un goût sucré sur mes propres lèvres si jamais il me donnait l’envie de me pencher juste ce qu’il faut pour fermer cette porte, sauver mon âme, mais perdre mon corps. Indécis et défaillant, je cherche une solution, qui n’est pas meilleure. Enfin, fonction du point de vue.

    Sa grosse paire de loches.

    Je m’y perds un instant avant de relever les yeux, lorsque son délicat doigt vient descendre jusqu’à mes lèvres entrouvertes par la tension qui s’installe et par mille et une rêverie qui viennent animer mes deux cerveaux. Je me mettrais bien une claque, mais je sens mes mains à nouveau paralysées et puis, ça serait extrêmement bizarre. Je parviens à m’extraire un peu du nuage cotonneux dans lequel mon corps et mon esprit s’est blotti ; une sensation bien étrange quand une chaleur envahit à grande vitesse mon corps. Je dois réagir. Ne pas perdre pied. Qui est la figure d’autorité ici ? Je me réconforte derrière ma précédente idée, ma réflexion qui m’a permis de me reprendre. Tout cela, c’est de la provocation. Du très haut niveau. Le genre que savent user les tentatrices pour entretenir leur harems sans devoir passer à la casserole. Donner l’attention que les hommes recherchent, juste assez pour leur passer la laisse. Mais on ne saura pas tenir en laisse l’Officier Bremer !

    -Il est connu que je suis plutôt agile de mon corps.

    Adoptant à nouveau un regard provocateur pour tenter de concurrencer la tavernière, ma langue s’expose dans un sourire taquin, caressant sans forcer l’index baladeur y laissant un peu d’humidité. Je baisse le regard dessus et j’hausse un sourcil en le regardant.

    -Tiens, qu’est ce que ça fait là ?

    Sa réaction est impitoyable et ne laisse aucunement place à la surprise. Du moins, elle n’en laisse rien paraître. Je me fais plus sévère, m’écartant légèrement, dans l’espoir d'apparaître avec une figure d’autorité qui n’est pas du genre à se laisser impressionner.

    -Vous êtes très entreprenante madame. Il me semble que ça tombe sous le coup de la corruption de fonctionnaire en service. Et comme votre établissement me parait on ne peut plus normal ; ce que le Capitaine Dosian confirmera ou non ; c’est que vous avez sans doute quelque chose à cacher.

    Ce qu’elle cache, tout le monde le sait, évidemment. Un appétit insatiable. Ce n’est pas très répréhensible ou du moins, ce n’est pas moi qui vais mettre un procès-verbal dessus. Par contre, me réfugier derrière la loi, c’est une bonne idée pour reprendre un peu de contrôle sur la situation. Pour appuyer sur ma posture défensive, j’active mon invisibilité et je me déplace pour lui faire perdre la tête ; dans le sens que vous comprendrez, évidemment.

    -Je vous conseille de jouer franc-jeu. Votre bonne conduite jouera en votre faveur.

    Je passe d’un bon agile et silencieux derrière le comptoir, passant un regard peu concentré sur les rangées de verres et de bouteilles. Rien qui ne m’intéresse présentement, si ce n’est que la jeune femme me tourne le dos à cet instant. Je me rince l’oeil avant de me glisser près d’elle et de la bloquer contre le comptoir avant de réapparaître, imposant la proximité de mon corps massif contre elle, une main plaqué sur son bras pour l’immobiliser d’après une technique connue de tous les officiers républicains ; et je dois vous préciser que j’ai pris du muscle dernièrement, alors, je tiens ferme. Ainsi, je compte bien défaire son attitude car si tout ceci est un petit jeu, je pose tout de même des questions. Tout n’est jamais parfait. Il y a toujours des petites choses qui ne vont pas et à trop vouloir faire diversion, ça me titille. Entre autres.

    -Peut-être que vous cachez quelque chose sur vous. J’aimerais bien vous faire une fouille au corps, mais la procédure requiert que nous soyons deux. Pour éviter les abus, naturellement.

    Et c’est important de respecter les procédures.
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  • Jeu 8 Fév - 19:31
    L'officier parut garder le contrôle, pendant que l'Aquarienne s'amusa à frôler la peau de son visage du bout délicat de son doigt, jusqu'à le stopper à hauteur de ses lèvres. Mais tout n'était que jeu d'apparence. Elle connaissait assez les hommes pour les savoir doter de grandes compétences pour fausser certains airs. Elle était expérimentée, sentant le petit frémissement qui avait brièvement parcouru la surface de son épiderme. La très fine pilosité quasi invisible était très sensible aux réactions physiologiques. Ça et la lueur qui brillait dans ses yeux. Le malheureux… Il n'avait aucune idée des signes extérieurs que son propre communiquait malgré toute sa bonne volonté. Une bien belle trahison.

    Quand l'humain parla d'une certitude réputation d'agilité, pour répondre à la petite provocation de la tenancière tout en affichant tout en lui revoyant le même air par son regard, Takhys ne put qu'élargir son sourire, déjà bien avenant. Il devait sentir qu'elle cherchait à le mener dans ses filets, pour l'attraper. Il luttait, c'était bien. Ça donnait plus envie de persévérer. Mais sa proie ne devait pas être effarouchée, il fallait lui laisser un peu de champ libre, de lui laisser croire qu'il avait encore un peu de liberté, qu'il pourrait lui échapper.

    "Je demande à voir cette fameuse agilité à l'œuvre…"murmura-t-elle. 
     
    Et elle ne fut pas déçue, quand l'humain employa son organe charnu pour "caresser" l'index tout proche, avant de s'échapper d'une magnifique esquive. Takhys manqua de rire quand l'officier s'intéressa à son petit coffret, toujours présent sur le comptoir. Sans broncher, sans frémir, le plus naturellement possible, elle fixa son bien, qui n'était heureusement pas ouvert. Hum... S'il venait à demander à l'ouvrir ? Bah, elle improvisera. 

    "Ceci ? Juste un petit coffret d'effets personnels. "dit-elle avec une parfaite sincérité. Elle ne mentait pas dans les faits, elle ne faisait qu'omettre certains détails. Et cela déconcerta un peu le moustachu, qui essaya une nouvelle fois d'apparaître comme un officier intègre et qui respectait toutes les valeurs — et donc les règles — de la nation bleue. Quelle belle reprise de sa pseudo-autorité, qu'elle manqua d'en frissonner d'un petit plaisir coupable.

    "Provoquerai-je quelques désappointements envers vous, très cher officier ? "Elle manqua d'être surprise quand il disparut d'un coup. Elle chercha à comprendre ce qui venait de se produire. L'emploi de la magie pour l'invisibilité, songea-t-elle en premier lieu, avant de sentir une masse chaleureuse la pousser pour la bloquer contre le comptoir et qu'une main puissante se plaça sur son bras pour l'immobiliser. Elle s'était braquée juste... Quelques secondes, avant d'entendre la voix masculine de Gunnar vrombir délicieusement à ses oreilles. À sentir son corps contre le sien, elle ne pourrait guère lui échapper. Elle rit. La proie devenait-elle le prédateur ? 

    "Agile et redoutablement professionnel. Je serai curieuse de connaître le palmarès de vos prises..."

    Discrètement, elle fit fondre la glace qui couvrait la serrure de la porte derrière laquelle se planquait sans nul doute son binôme. 

    "Qu'est ce qu'une bonne conduite, Officier Bremer ? Le sens est très large et peut s'étendre à bien des points. Et de ce que je cache sur moi... "petit rire cristallin, provocateur. "Peut-être garderai-je le silence pour vous contraindre à agir, pour voir comment de valeureux servants de notre belle nation procèdent devant un peu de résistance pour découvrir ce que je dissimule… réellement, dans cette petite aura de mystère que je provoque sciemment. "

    La Sirène inclina doucement et légèrement la tête en arrière, pour avoir un début de contact visuel avec le visage de Gunnar. En même temps, son sourire devint enjôleur, avec une forme séduisante à ses commissures de lèvres. Était-ce cette provocation qu'elle avait énoncée à l'instant ? Ses yeux bruns pailletés d'ambre luisaient d'une lueur taquine. "M'avez-vous totalement immobilisé, officier ? " Elle pivota avec une douceur légère et calculée pour mieux contempler le visage de l'humain. Son torse se pressa plus contre sa poitrine musclée. Sa main libre remonta habilement, glissant telle une plume le long du revers de la veste de l'officier, taquinant le tissu du bout de ses doigts avec une sensualité délibérée. En même temps, elle se colla un peu plus contre l'officier, pour renforcer le contact déjà existant entre lui et elle. Visait-elle en agissant de la sorte, à éveiller ses sens, à le contraindre non sans amusement à ce qu'il perde le contrôle. Était-ce ses battements de son cœur qui résonnaient en s'intensifiant dans sa large poitrine ? Elle se plut à poser sa tête contre l'épaule ferme de l'homme, se détendant totalement contre lui, comme pour lui lancer une invitation irrésistible à se rapprocher de ses lèvres. Sa main libre repassa d'ailleurs à l'offensive, remontant suavement le long de son cou et effleurant les bords volontaires de sa mâchoire.

    "Trouverez-vous ce que je cache précieusement ? "susurra-t-elle, avant de lui taquiner les lèvres du bout de son index

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  • Lun 1 Avr - 12:15

    Force est de constater qu’on m’a clairement pas attendu. C’en serait presque vexant : j’ai une réputation de joli coeur à tenir, après tout, et rarement l’habitude de me faire coiffer au poteau. Mais faut bien admettre que, depuis le début de cette virée, c’est plutôt Gunnar qui attire les regards avides de la tavernière, encore que j’ai eu droit à mon lot aussi. Dans un coin de ma tête, j’me dis que c’est suspect d’attirer autant l’attention et d’attiser autant le désir, mais d’un autre côté, est-ce vraiment si surprenant ?

    Après tout, on n’est pas dénué d’un certain charme dans nos uniformes de capitaines.

    Du coup, alors que les choses progressent à un rythme constant, pas effréné mais vraiment constant, et que Nanar a décidé de prendre les choses en main, j’contemple ma vie, l’arrière-boutique, et les différentes options qui s’offrent à moi. J’manque un peu d’agir dans la précipitation, mais ça serait pas très sympa, finalement. Quoique, est-ce que ça serait pas mérité ? Non, c’est p’tet le moment de procéder à une forme d’introspection en descendant une bouteille de rouge, en goutant toutes les bières directement au fût, et en faisant un sort à ce saucisson aux noisettes qui pendouille de façon séductive.

    Deuxième possibilité, j’fous un énorme coup de tatane dans la porte, et j’débarque comme une furie, en gueulant, derrière eux, en expliquant que j’ai trouvé de la contrebande, et que c’est un scandale, qu’il faut immédiatement procéder à une fermeture administrative de l’établissement, et aller remplir les parchemins au plus tôt. Donc finie la soirée, finie la picole, retour sous la pluie pour la douche froide et la paperasse. Ça leur ferait les pieds.

    Troisième possibilité, j’attends tranquillement ici, voire même je me téléporte au poste de l’office, et j’fais une sieste bien méritée. Franchement, ça se défend aussi. Je les laisse s’amuser, au pire je colle un p’tit message dans un coin pour pas qu’ils s’inquiètent, Nanar se détend un coup, ça lui ferait du bien, j’le sens à cran depuis Kaizoku, ou alors c’est les responsabilités qui lui pèsent, mais ça m’étonnerait, il a une bonne équipe, et il revoit la vie du bon côté, celui où on s’amuse et où on prend du bon temps. Un vrai ami ferait ça. Je raye mentalement la possibilité un, peu charitable.

    Puis, à mesure que j’repense à ce qu’ils viennent de dire, j’me remémore surtout les paroles de Gunnar. Nécessité d’être deux pour la procédure de fouille au corps. Dans l’absolu, il a pas tort, mais personne n’applique jamais cette règle : quand on appréhende quelqu’un, parfois, on est seul, et on peut pas se permettre d’attendre que les autres arrivent, si tant est qu’ils soient en mesure de le faire, avant de s’assurer que le suspect est pas armé ou en train de transporter de la drogue, du poison, ou n’importe quel article de contrebande ou bien volé. Donc on y va direct, et on met pas les formes, j’aime autant le dire tout de suite : c’est désagréable pour tout le monde, plus on le fait vite, mieux on se porte.

    Mais là, que ce soit lui qui évoque immédiatement cette possibilité, j’comprends qu’ils s’agit en réalité d’un appel. A l’aide ? Possible, il avait l’air mal à l’aise au début, même s’il a repris la main depuis. A venir croquer avec lui ? Pourquoi pas. J’pensais pas que c’était son genre, mais y’a bien un dicton qui dit que plus on est de fous, plus on rit. Et moins y’a de riz, pour les petits plaisantins qui prennent ensuite un coup de matraque dans la gueule.

    J’tape un coup sur la porte, et j’la pousse pour voir Gunnar qui redevient visible, avec Takhys blottie contre lui, et les mains baladeuses qui s’agitent. Effectivement, j’interromps vaguement quelque chose, mais j’compte pas que ce soit le cas pour bien longtemps. J’porte la main à mon ceinturon, et j’en détache une paire de menottes, que j’pose sur le comptoir. Puis j’mets ma main sur l’épaule de mon collègue pour le rassurer. Bordel, c’est haut.

    « Mettez-vous face au comptoir, on va procéder à la fouille au corps. La présence d’au moins deux officiers républicains assermentés permet de s’assurer que y’ait pas de débordement. Toutes les précautions requises sont prises afin que ce moment soit le moins... désagréable... possible. »

    Y’a rien qui dit qu’on n’a pas le droit de le rendre agréable, en tout cas.

    « Vas-y, Gunnar, j’surveille. »

    Puis j’lui fais un clin d’oeil.
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  • Dim 21 Avr - 22:01
    Un commissaire de l’Office Républicain a un jour théorisé la manière la plus optimale de procéder à une fouille au corps afin qu’elle garantisse d’une part la sécurité des agents assermentés qui l’effectuent et, d’autre part, permette d’assurer sa pleine et entière efficacité. les interpellés sont souvent coupables quand il sont arrêtés par l’office républicain, alors, il n’est jamais bon de laisser l’interpellé se défaire de la poigne de la Justice a cause d’un petit couteau bien caché au moment où l'officier républicain est le plus à découvert pour, justement, faire lâcher ses éventuelles armes à l’interpellé. La GAR, elle, qui n’a pas le jugement nécessaire pour identifier des coupables à tous les coups, et n’ayant jamais trouvé d’intérêts à suivre un protocole particulier, est sujet à des bavures qui pourraient salir davantage le blason de ce corps d’armée si celui-ci n’était pas déjà perdu dans la boue.
    La procédure était si longue que les retours terrains ont été très mauvais. On en a gardé quelques bonnes idées, mais le reste a été jeté aux poubelles.

    Je réponds à Pancrace par un autre clin d'œil.
    On sait tout ce qu’il veut dire par “surveiller”. Comme quand on interroge un suspect de manière brutale et qu’on surveille pour que ça ne déborde pas. On vérifie principalement que le débordement n’implique pas un nettoyage un peu salissant.

    -Si vous n’êtes pas coopératif, nous serons contraints de vous attacher. Gardez bien les mains sur le comptoir. Ne les laissez surtout pas se promener toutes seules.

    Pas que c’était désagréable, hein, on ne va pas se mentir. Force est de constater que la situation a totalement dégénérée et que la poursuite d’une inspection classique s’avère impossible. Puisque visiblement, la patronne ne semble pas rebuter à l’idée de devoir amuser deux capitaines de l’Office Républicain, on peut parier qu’on ne risque pas d’avoir l’inspection générale sur les basques si ça dérape un peu trop. Surtout qu’à part elle, il n’y a pas de témoin, alors, qui est ce qu’on va croire, à la fin, hein, si ce n’est de valeureux officiers républicains, survivants de Kaizoku et ayant la confiance de leur commissaire qui les a fait capitaines ?

    Tandis que Pancrace vient prendre une chaise pour profiter du spectacle, sans oublier d’avoir quelque chose à boire à et à grignoter à porter de main, je commence l’opération. D’abord les bras et pour ce faire, je suis bien obligé de la coller, donnant un petit coup de hanche évocateur au passage. Je procède un peu lascivement tandis que je viens renifler son odeur dans le creux de son coup, un mélange de parfum délicat, de sueur et de quelque chose de plus indescriptible mais qu’est pas désagréable.

    -On ne bouge pas.

    Je la sens prête à se braquer, mais maintenant qu’on est en supériorité numérique, on ne va pas se laisser marcher sur les pieds. On apprend ça en première année de la GAR, rappelons le. Plus on est nombreux, plus on a raison. Évidemment, il n’y a rien, alors que je passe au plat principal. Je pose les mains sur ses hanches avant de les remonter, épousant la forme de son corps, jusqu’à son poitrail que que j’empoigne dans un sourire, en appréciant la texture. Je tourne la tête vers mon collègue lui adressant une moitié de sourire tout en me mordant la lèvre inférieure, lui signifiant que son plumage se rapporte vachement bien à son ramage en laisse paraître. Je maintiens la prise tout en l'empêchant de se mouvoir, la bloquant avec mon torse et mes coudes.

    -On ne sait pas le nombre de truc qu’on peut cacher entre des seins.
    -Effectivement. Une fois, on a retrouvé des actes de propriétés contrefaits qu’une criminelle vendait à des pauvres gars sans toit.
    -Heureusement, la Justice a frappé et ils ont tous été appréhendés.
    -Même les sans domicile.
    -Surtout les sans domicile.

    Sur ce coup là, on a pu remonter à plein coupables rien qu’en lisant les noms sur les actes contrefaits. Ce fut une bonne journée. Dans le cas présent, il n’y a rien de dissimulé et pour le coup, la tavernière avait plutôt tendance à mettre ce qu’elle avait bien en évidence. Je quitte cette partie de la fouille presque à regret descendant sur son ventre, puis à nouveau sur ses hanches. Je recule un peu, regardant à nouveau Pancrace pour discuter silencieusement sur le châssis qu’on a sous les yeux avant de procéder à une claque ferme et réglementaire sur son fessier. Elle réagit, je prends les devants.

    -Doucement !
    -Pas de geste brusque sinon ça va barder. C’est une vérification nécessaire de l’officier Bremer.
    -On a déjà trouvé des bijoux volés sous un faux fessier.
    -Les criminels sont très imaginatifs quand il s’agit de passer sous le regard de la Loi.

    Je procède à une fouille au plus près du corps de cette partie sans rien trouver de surprenant. Je plie le genou pour continuer la fouille le long des jambes sur lesquelles je ne m’attarde pas trop. Je prends même pas le temps de lui faire enlever les chaussures même si on y a déjà trouvé des champignons de contrebandes. Il reste un endroit à fouiller. Je remonte lentement comme un prédateur s’approchant de sa proie, visant l’intérieur de ses cuisses, remontant inexorablement.

    Et à ce moment-là, vous ne pouvez pas connaître ma légendaire agilité avec les doigts.
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