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  • Mar 1 Nov - 19:55
    Les busards, nichant habituellement dans les clochers de Liberty, avaient pris leur envol au-dessus du quartier Est. Leurs larges cercles paresseux dans le ciel les rendaient difficiles à compter mais le regard las de Parwan en dénombrait au moins treize sur le fond moutonneux du ciel.
    Une masse d’air lourd, presque liquide, s’élevait du quartier pauvre, exhalant la chaleur de ses bâtisses en meulière, du pavé de ses rues et de l’argile de ses toits.

    Et sur cette haleine minérale planaient les busards, l’œil alerte, en quête de proies.

    Parfois, l’un d’eux rétractait ses ailes et fondait sur la cité, happant une hirondelle au passage avant de disparaître pour l’achever à l’écart.

    Accompagnées d’autres spécimens vifs et fragiles, les hirondelles faisaient fi du danger car, pour elles aussi, la manne était vaste et abondante. Au ras du sol, l’air humide était peuplé d’insectes fuyant les courants chauds au-dessus d’eux, et l’atmosphère était pleine du trissement des oiseaux, volant en rase motte pour les attraper.

    Seuls les bipèdes, étrangers à cette chaîne alimentaire, ne pouvaient goûter au fruit de la chaleur que générait la cité. Ils en souffraient au contraire, car nombreux étaient ceux à devoir se tenir dehors ce jour-là.
    Une longue file informe s’étirait depuis la façade du Bureau d’Immigration et disparaissait derrière une coudée formée par la rue. C’était une colonne vertébrale presque exclusivement formée de réfugiés Shoumeiens, chacun venu remplir des papiers ou plaider une cause. Un passage obligé.

    On y patientait debout, sur le pavé, accompagnés par enfants et bagages venant encombrer la route. Le bruit des sacs qu’on déplace accompagnait les invectives des chauffeurs de carioles, poussant la foule contre le trottoir ou bien lors des rares fois où la file avançait de quelques pas.
    Beaucoup n’avaient rien avalé depuis l’aurore et le trottoir d’en face était plein des plus fragiles ayant abandonné l’impitoyable attente. Femmes enceintes, vieillards, estropiés, malades et orphelins, assis par-dessus le caniveau, à se demander s’ils auraient la force de retenter le lendemain.

    Comme à l’accoutumée, Parwan détonnait dans cette triste assemblée. De sa cape, en passant par sa coiffe, à son écharpe et sa tunique à manches longues, rien ne dépassait de sa tenue traditionnelle à l’exception de ses mains et son visage.

    Pourtant, et chose rare, le front de la Sahriki brillait de sueur.

    Elle venait d’un pays où l’eau s’évaporait dès qu’elle quittait son hôte. Et la voilà qui se trouvait plus moite que des jeunes gens en plein émoi. Comment pouvait-elle se ventiler si l’air sous ses vêtements était aussi lourd que celui qui les entourait ? Elle étouffait dans cette humidité inconnue des habitants du Reike central, habitués aux vents secs et brûlants, et elle priait Shehk, l’Astre solaire, loué soit-Il, d’enfin percer les nuages et venir la frapper de ses rayons.

    Parwan, la veille, s’était installée pour la nuit sur un toit du quartier, afin de s’assurer une bonne place dans la file. Elle avait loué les Astres de l’avoir faite si adroite et s’était assoupie, dos à une cheminée, au son de la garde expulsant les réfugiés du quartier pour la nuit.
    Mais au réveil, elle ne put que constater la file qui s’étirait déjà devant le Bureau d’Immigration dans les lueurs de l’aurore. Elle descendit la façade avec la même adresse que la veille, ses doigts agrippant sans hésiter les maigres interstices du bâtiment. Sa hâte lui faillit faire froisser un muscle mais quand elle parvint dans la rue, il y en avait déjà pour des heures d’attente.

    Au moins pouvait-elle compter sur une entrevue dans la journée, contrairement à certains, si loin derrière dans cette foule. Elle plaignait leur manque de discernement, leurs espoirs aveugles à attendre en vain. Cela l’irritait, à vrai dire.

    Mais quiconque serait irrité dans une atmosphère aussi lourde, les semelles sur des pavés durs et inégaux, à n’avancer que centimètre par centimètre, le ventre vide.
    De fait, elle était entourée d’agacement, de tristesse et de lassitude, le lot de tout Shoumeien si loin de sa patrie perdue, de sa demeure anéantie, des murs de sa cité sur lesquels flottaient une bannière étrangère.

    Le ressentiment se lisait dans certains des regards qu’elle surprenait. On la reconnaissait, la nomade. Difficile d’oublier, pour ceux qui fuyaient par Maël, les atours exotiques de l’armée impériale et de leurs nombreux affiliés. Ceux qui cherchaient refuge à Liberty en cette période avaient quitté Shoumei en même temps que la Sahriki. Ils avaient sans doute vu son clan, parmi tant d’autres corps combattants, parcourir les rues de leur cité. Ils avaient pu constater l’occupation de leurs murs par une force étrangère, et c’était la raison de l’exode pour une bonne part des personnes présentes ici.

    « Envahisseurs », « tyrans »,« opportunistes » voilà les rumeurs qui s’élevaient contre les siens depuis la fin des combats à l’ouest du Sekai et jusqu’ici, dans cette file d’attente. Parwan attribuait cette attitude à la petitesse du vaincu, célébrant celui qui combat à sa place mais qui se plaint du tribut exigé. Elle était entourée de petitesse, d’individus ne voyant d’autres récipients qu’elle pour déverser leur rancœur.

    Dans son esprit rayonnaient la supériorité morale et physique du Reike sur Sekai. Elle n'était qu’une poussière qui en composait le glorieux monument mais elle était fière d’en faire partie. Et maintenant, loin de chez elle, on observait cette poussière avec rancune, au nom du tout qu’elle représentait.

    Son orgueil de Sahriki, de Reikoise, lui interdisait d’émettre la moindre complainte. Elle était taillée d’un autre bois et tenait à le montrer. La douleur dans ses pieds, la moiteur lourde sur sa peau, l’ennui profond de cette journée, la faim, la soif, tout restait au-dedans.

    … Elle rêvait d’une infusion de Fouettard brûlante.

    Le tonnerre gronda une première fois sur la capitale. La rue se rendit compte à l’unisson de l’état des nuages qui s’étaient fermés les uns contre les autres et masquaient le ciel. Le vent pris de l’ampleur, lavant les visages d’un air frais, donnant du volume aux tuniques flottantes pour ceux qui en avaient. Parwan, qui en était presque uniquement composée, semblait prête à rejoindre le vol des busards. Puis une autre rumeur approcha : un rideau de pluie. Parwan n’avait jamais rien vu de tel. Il remontait le quartier à l’inverse de la file d’attente et rapidement, il fut sur eux.

    Une averse graduelle aurait motivé la plupart à patienter sous la pluie, mais le mur d’eau fit instinctivement fuir certains sous les arcades, que d’autres suivirent par mimétisme lorsque la trombe céleste s’abattit sur eux. Ils reproduirent avec angoisse l’ordre de la file dans les allées couvertes.

    Parwan n’était pas femme à se soustraire au produit des cieux et resta debout quelques secondes au coeur de l’ondée. Pendant que les gouttes roulaient sur son visage, elle put voir que certains réfugiés dépassaient la façade du Bureau  pour s’abriter dans une galerie commerçante. Elle les suivit sans hâter le pas et rejoignit l’abri d’une vingtaine de personnes, visiblement moins soucieux de perdre leur place dans la file d’attente.

    Le quartier Est se formait de larges pâtés de maisons souvent perforés d’artères couvertes réservées aux marchands. Les étals étaient vides en ce jour mais le parfum qui s’élevait du sol trahissait une halle aux poissonniers.

    __

    Ceux qui se tiennent au bord pour admirer la pluie cèdent leur place et reculent quand arrive la nomade avec son bâton de marche. Celle-ci ôte sa capuche, dont le poil de chèvre refusait remarquablement d’absorber les gouttes, et admire l’averse à son tour.

    Devant ses yeux, les bourrasques brassent le débit de l’averse sur le pavé détrempé. La rumeur de la pluie contre le sol accompagne l’impact plus aigu des volumes d’eau qui s’échappent des gouttières. Parwan place ses mains en coupe sous une fuite proche et s’y désaltère.

    L’abri qu’on partage avec l’inconnu uni souvent les êtres par un lien tacite de camaraderie. Ceux qui fuient la même chose, et une chose aussi bégnine que de l’eau, se reconnaissent souvent d’un simple regard compatissant. Il n’en est rien pour la froide Parwan qui se tient comme si elle était seule sous la halle et que les autres lui étaient invisibles. Mais avec l’écart qu’entretiennent les réfugiés et son apparence singulière, c’est plutôt elle qui passe pour une apparition.

    Derrière elle, un vieux noble désargenté observe le dos de la nomade avec réprobation. Les seuls effets du barbu cinquantenaire tiennent dans le bissac jeté sur son épaule, ses riches vêtements usés par le voyage et le glaive à sa ceinture. Il glisse une remarque amère à sa compagne, sans se soucier de baisser la voix.

    « Teh ! Même à l’autre bout du monde, impossible de leur échapper, à ces perfides. A la parfin, rentrez chez vous…»

    La Sahriki fait volte-face et dévisage le barbu, une grande violence dans le regard. C’est un homme à qui elle s’apprête de répliquer, mais l’insulte est plus grave que son éducation patriarcale.

    « Tu as perdu les clés de ton pays il y a deux ans de cela, mon frère ! Et maintenant, tu t’en réclames légitime en fuyant à l’autre bout de Sekai ? Faiblesse. Les couleurs de l’Empire sont plus légitimes à battre sur les remparts de Maël que celles de Shoumei ! » débite-t-elle, la poitrine gonflée d'orgueil.

    L’offense répond à l’offense, et le vieil homme est piqué au vif. Ses yeux s’écarquillent à leur tour, sa moustache tremble de rage et les jointures de ses doigts blanchissent autour de la poignée de son glaive.
    Sa patrie, dérobée par des barbares, dirigés par un barbare… Il va répliquer que les propos de l’étrangère ne resteront pas impunis, mais quelque chose le retient un instant. Quel est cet intense sentiment de futilité à réclamer réparation si loin de sa patrie ? Avec pour seuls spectateurs une poignée de compatriotes inconnus de lui. Et, entre tous, c’est cette femme d’apparence si convenable et modeste qui se dresse contre sa personne.

    Il traverse ce sentiment inconfortable et s’apprête tout de même à la défier, puisqu’il le faut. Mais son hésitation lui fait perdre le digne privilège de la demande.

    « Tire ton épée contre moi, mon frère, affirme tes paroles ou soumet toi. Maintenant. »  

    Engager sa vie ou son honneur : le choix binaire au cœur des valeurs Sahrikis.

    Son doigt pointe vers le sol devant elle. L’invitation à y poser le genou. C’est hors de question, bien entendu. Mais l’autre voie n’est pas moins dommageable pour le vieux noble. Il n’est plus l’homme qu’il était et ne se souvient plus la dernière fois qu’il a tiré sa lame dans des circonstances réelles. A l’inverse, les prunelles de la nomade sont un puit de découragement qui siphonne son esprit combattif. Indéfectibles, vides de doute. Sa cape discrètement reprisée de toute part racontait deux années de conflit soutenu. Ce duel serait un évènement majeur pour le vieil homme, un simple épisode pour cette roturière. Cette réflexion achève de saper sa détermination. Il échange un dernier regard acide vers Parwan et, résigné, se laisse entrainer par son épouse qui l’agrippait par le bras. Le couple disparaît derrière les silencieux spectateurs de l’altercation qui se détournent également d’elle et s’écartent davantage.

    « Le Soleil pleure l’inconstance de vôtre race. » crache-t-elle avec mépris en shierak qiya.

    Seul une poignée de femmes et d’hommes restent à leur place, celle qu’ils n’avaient pas quittée avant et durant la confrontation. La Sahriki ne semble pas davantage remarquer leur présence alors qu’elle se retourne à nouveau face au rideau de pluie. Un voile de fatigue ou de tristesse passe sur son visage et elle s’appuie à deux mains contre son bâton de pèlerin.

    Sur ses mains halées comme sur le dur bois du manche, les entailles rémanentes d’une campagne de deux ans.
    Les premières avaient guéri grâce au passage du temps, les secondes s’étaient effacées sous une couche d’huile et de cire à bois.

    Le bâton vient se caler contre son épaule, ses paumes s’ouvrent vers le ciel à hauteur de ceinture. Elle prononce une prière à voix basse, dans la langue du désert, encore une fois.

    « Loué soit ta chaleur éternelle et ceux qui la craignent. Protège-moi de l’égarement et reviens nous vite. »

    Son visage est celui d’une pénitente en quête de ses Guides.
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  • Mer 9 Nov - 9:30
    Liberty, le 4 Août de l'An 3

    La ville de Liberty me semblait bien fade et morne en comparaison à ma douce et blanche Mael. Rien ne parvenait à l’égaler dans mon coeur, même si je devais admettre que j’avais été sous le charme de Benedictus, mais cette ville n’existait plus, un passé révolu et enterré par la volonté des divins. Le monde allait comme il le voulait et non comme on le souhaitait c’était un fait établi et on avait beau de démener, lutter, parfois nous n’étions que des fétus de paille qui volaient au gré du vent sans avoir le moindre pouvoir ou choix.

    Nous étions arrivés avec Wan dans cette ville et nous devions comme tous les nouveaux arrivants, passer par la case administrative, il nous fallait des papiers bien en règle pour pouvoir évoluer en toute légalité dans cette ville. Autant j’avais tenté de jouer avec les autorités du Reike, et on avait vu le résultat, autant je n’allais pas m’y risquer ici, ma venue se devait d’être officielle.

    Debout sur les pavés, nous faisons partie d’un long convoi de réfugiés et de commerçants itinérants, de voyageurs aussi tout simplement, seulement notre nombre était conséquent et notre austérité, notre foi gravée dans nos cœurs, nous menaient ici le vague à l’âme.

    Les conversations allaient bon train et le plus simple pour la plupart était de pleurer sur ce qu’ils avaient perdu ou laissé derrière eux, et si dans le fond je partageais leurs peines, je restais plutôt mutique. Noble exilée, sans repère, cherchant à retrouver un sens à tout cela, comprendre comment ma foi pouvait s’intégrer dans ce schéma, j’étais perdue depuis bien longtemps. Par chance à mes côtés, mon ancre, mon mentor, Wan, ombre silencieuse toujours debout derrière moi.

    La journée s’annonçait d’ores et déjà longue et morose quand pour couronner le tout la pluie s’en mêla. Je l’appréciais du fond de mon être tout comme Wan, élémentaire d’eau, mais ainsi, elle était arrivée violente et balayant la joie sur son passage. Elle nous força à nous replier tant bien que mal sous des abris de fortune en espérant malgré tout ne pas perdre notre place dans cette longue file de quémandeurs. Nous parlions peu, nous attendions, nous étions patients tous les deux et rares étaient les sujets qui pouvaient nous agacer ou nous sortir de notre nature paisible avouons le.

    Parfois je m’appuyais à son bras, posant ma tête sur son épaule, comme une fille le fait avec son père, car c’était ainsi que je le voyais, comme mon père de substitution, ma seule famille vivante.

    La matinée aurait pu être longue et pénible à cause de l’attente mais un vieil homme, usé par son déracinement en vient à critiquer d’une voix trop claire une femme qui se tient devant lui, devant nous par conséquent car nous nous tenons à leurs côtés. Ses mots, je vous l’avoue, je pourrais les partager avec mesquinerie car j’en veux plus aux Reike qu’aux titans. Alors j’esquisse l’ombre d’un sourire en me disant que je ne suis pas la seule à avoir changé et avoir du mal à accepter les Reikois, de base, c’est honteux mais c’est ainsi.

    Mais je ne m’attendais pas à ce volte face et ce regard empli de morgue et de fierté. Cette femme se retourne et déverse son fiel sur le vieil homme. J’aurais pu me taire, ne rien dire, me contenter d’écouter leurs échanges, mais elle a prononcé un mot qui fait bondir mon coeur et mon âme blessées: Mael ! Elle n’a aucun droit, je sens la colère monter en moi, comment ose-t-elle?

    Je me raidis et Wan le sent directement, sa main chaude se pose sur mon bras, pour me signifier de rester calme hors de cela mais déjà mon regard ne peut plus quitter cette orgueilleuse nomade. Et la voilà qui défie le vieil homme de se battre est-elle folle à lier?

    « Tire ton épée contre moi, mon frère, affirme tes paroles ou soumet toi. Maintenant. »  

    Je blêmis face à l’insulte et mon regard croise celui de Wan, il soupire, il n’interviendra pas je le sais. Je vois le vieil homme perdu, hésitant, déjà détruit par la vie, sa femme est son seul trésor en ce jour et il ne veut la perdre et inversement, ils ne peuvent se perdre l’un l’autre, et c’est la raison qui lui fait plier devant l’orgueilleuse. Il se retourne et va partir, s’en est trop.

    - Magnifique diatribe. Belle intimidation, typiquement reikoise comme attitude, vous menacez d’user de violence, il est ainsi aisé de connaître votre origine en effet sans parler du mépris que vous affichez envers des réfugiés. De quel droit jugez vous ces personnes? Que savez vous de leur histoire, de leur vie?

    Je m’avance vers elle, elle a une arme au côté? Grand bien lui fasse, je ne sais pas me battre ou si peu… J’ai une dague mais elle ne m’est que peu utile. Je m’approche d’elle, elle est plus petite mais aguérrie aux arts de la guerre, sa démarche est souple, son corps sculpté par une vie d’efforts aussi mais peu m’importe, Mael est précieuse, Mael est unique, Mael est le joyeux de Shoumei pas celui du Reike.

    - Et quel manque d'éductation, insulter des gens dans une langue qu’ils ne peuvent comprendre vraisemblablement.

    Car il ne fait nul doute qu’elle a insulté ces gens dans sa langue, son ton, sa posture, son mépris qui coule et glisse sur moi, je ne supporte pas cette émotion négative et néfaste parfois je hais ce don qui me fait ressentir ce que les autres émettent. Néanmoins elle a attisé ma colère.

    - Vos drapeaux dressés partout dans Mael et sur nos terres sont des couteaux dans nos coeurs. Vous êtes venus conquérir nos terres et vous installer sans qu’on vous demande rien, ni à vous ni à personne. Seul l’appât de nos richesses et de notre culture vous ont fait venir, pas l’envie ou le besoin de sauver qui que ce soit. Vous êtes des parasites, vous grignotez les terres avec brutalité et menacez le monde de votre hargne en permanence, vous ne connaissez nul autre langage.

    Le couple s'est arrêté derrière moi, le vieil homme a son regard qui brille, il songe à Mael, sa famille, ses amis, ce qu'il a perdu et il veut entendre la suite, la justification du Reike pour avoir confisqué ses terres, pour l'effort de guerre...

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  • Lun 21 Nov - 1:12
    Il n’y a plus la même agressivité dans les yeux de Parwan quand ils se posent sur Myriem. On pourrait même y voir du soulagement ; il se tenait ici des gens dotés du sens de l’honneur, prêts à le défendre, aussi lézardé soit-il.
    Ce pas en avant est révélateur de sa valeur, de la sincérité de son engagement. L’éclat dans ses iris sombres le confirment. La Sahriki s’en réjouit en quelque sorte, bien qu’elle accueille la réponse de la jeune femme en haussant progressivement les sourcils.

    La forme lui plaît, le fond, moins. Son visage, à défaut du moindre repentir, trahit l’agacement au sujet des propos qu’elle lui tient.

    Au terme de « parasite », la nomade interroge silencieusement l’homme qui l'accompagne derrière elle, semblant presque se demander quelle latitude lui est permise. A-t-elle le droit de répliquer librement envers celle pour qui il semble être le chaperon ?

    Il exsude d’une sagesse détachée, comme une volonté profonde de ne pas prononcer un mot sur le sujet.
    Il n’interviendra pas.

    « …vous ne connaissez nul autre langage. »

    Le tonnerre met un point final sur la phrase de Myriem et l’attention de Parwan revient sur elle.

    « Je parle le langage de la Vérité, ma sœur, celle que vous fuyez, que vous refusez de voir et d’entendre. Celle qui crie : "Malheur aux vaincus ! Honte à ceux qui appellent à l’aide et se plaignent de leurs sauveurs. Leur place est à nos pieds !"
    De ton peuple, je tiens en estime ceux qui se sont soumis à leurs dieux pour nous affronter,  ceux qui les affrontaient à nos côtés et ceux qui, dans vos murs, s’inclinaient à notre passage. Vous n’êtes aucun des trois. Les Titans vous ont laissé le choix entre le sang et le silence et vous avez choisi de pleurer ! »
    Parwan prêche comme si elle était habitée, sa main libre formant des gestes courts et tranchants.

    « J’en ai vu des… des multitudes, cultistes, divinistes, femmes, enfants, abandonner leur vie aux Titans, un très grand sourire aux lèvres.  D’autres multitudes prendre les armes contre nous et rencontrer une fin glorieuse !

    C’était le devoir de mon peuple de se dresser contre eux et leurs maîtres, la volonté du Soleil !
    Béni soit le Tout-Puissant, nous sommes toujours présents à l’Ouest car notre volonté n’est pas encore accomplie. Qu’allions nous faire, attendre qu’ils viennent à nous ?

    Juste avant, j’ai dit : « Le Soleil pleure l’inconstance de votre race. ».
    Puisse-il pardonner Son nom dans ma bouche, je ne vous comprends pas, ma sœur. Qui. Êtes-vous ? Vous tous ici ? Pourquoi n’êtes-vous pas morts ou en armes contre moi ?
    Parce que ceux de ma race, ma sœur, ne se contentent pas de soumettre vos villes… »


    Une pause.

    « …ils terrassent vos dieux et les mettent en chaînes. »

    La nomade, maintenant à portée d’avant-bras se recule d'un pas, les yeux inflexibles de conviction, brûlants d'une fierté fanatique pour les hauts-faits de sa nation.


    - Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
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  • Mar 22 Nov - 8:49
    Le comportement humain a toujours été surprenant et fascinant en un même temps pour moi. J’avais senti l’agressivité de cette belle et fière femme, elle portait le tout en elle et l’exprimait en force dans ses gestes, sa posture, son ton et les émotions qui l’animaient. Mais alors que je m’étais avancée vers elle, elle avait modifié sa posture.

    Son regard me darde, m’observe et me juge fort probablement et je sens naître une sorte d’agacement suite à mon intervention, mais peu m’importe. Je n’aime pas les conflits et encore moins les attaques infondées à mon sens, l’injustice en somme et ce que j’avais vu et entendu me paraissait injuste.

    J’écoute ses propos avec attention, parce que pour ma part je respecte les points de vue d’autrui, j’accepte qu’on puisse penser différemment, je n’ai jamais rien imposé aux autres.

    « Je parle le langage de la Vérité, ma sœur, celle que vous fuyez, que vous refusez de voir et d’entendre. Celle qui crie : "Malheur aux vaincus ! Honte à ceux qui appellent à l’aide et se plaignent de leurs sauveurs. Leur place est à nos pieds !"

    - Vous me citez donc l’adage ancien mais tellement vrai qui veut que l’histoire s’écrit du côté des vainqueurs tout simplement. Voilà votre vérité, celle que vous voyez de vos oeillères tout simplement , vous ne pouvez envisager qu’il existe une autre vision du monde que la vôtre.

    Je ne lui en voulais pas le moins du monde, ils étaient nombreux à agir ainsi, se poser en vainqueur et donc en donneur de leçon, la nature humaine était ainsi faite que voulez-vous.

    - De ton peuple, je tiens en estime ceux qui se sont soumis à leurs dieux pour nous affronter, ceux qui les affrontaient à nos côtés et ceux qui, dans vos murs, s’inclinaient à notre passage. Vous n’êtes aucun des trois. Les Titans vous ont laissé le choix entre le sang et le silence et vous avez choisi de pleurer ! » Parwan prêche qui si elle était habitée, sa main libre formant des gestes courts et tranchants.

    J’écoutais toujours la suite, notant chacun de ses mots, pour m’en imprégner et comprendre son raisonnement, et tenter peut-être de la raisonner.

    - Que sais-tu de ce que nous avons vécu? Tu as raison, nombre de shoumeiens sont tombés sous le fer des titans et nous l’avons accepté, jugement divin à nos yeux. D’autres ont combattue aux côtés des titans ou des vôtres, choisissant un camp. Mais qui te dit qu’il ne faut pas aussi une sorte de courage différent pour choisir de protéger les siens pris entre deux feux justement. Parce que nous ne voulions pas causer plus de morts, plus de peine, plus de violence? Que ce cycle sans fin des combats ne nous satisfaisait pas? Que nourrir des gens qui fuient les combats et leurs terres pour ne pas affronter son frère ou son voisin dans l’autre camp? Qui te dit que c’est simple et que cela ne demande pas un courage différent que tu ne comprends pas?

    Sans m’en rendre compte je m’étais mise à parler comme elle, en la tutoyant ce qui n’était pas dans mes habitudes, le tu étais réservé à mes amis proches ou… à ce qui faisaient naître la colère en moi, Wan avait senti ce changement infime dans ma posture et ma voix qui devenait déjà plus forte, appuyée.

    « J’en ai vu des… des multitudes, cultistes, divinistes, femmes, enfants, abandonner leur vie aux Titans, un très grand sourire aux lèvres. D’autres multitudes prendre les armes contre nous et rencontrer une fin glorieuse ! C’était le devoir de mon peuple de se dresser contre eux et leurs maîtres, la volonté du Soleil ! Béni soit le Tout-Puissant, nous sommes toujours présents à l’Ouest car notre volonté n’est pas encore accomplie. Qu’allions nous faire, attendre qu’ils viennent à nous ?

    La suite me fit ouvrir de grands yeux plutôt incrédule.

    - Alors éclaire moi de ta lumière solaire noble guerrière, explique moi quelle est votre volonté, pourquoi vous ne quittez pas nos terres, que vous ne laissez pas nos champs, nos ressources, notre port central dans la mer intérieure? Nos navires réquisitionnés, nos batiments annexés. Dis moi ce que vous n’avez pas encore pris et qui vous manque avant de vous retirer en disant, ici c’est et ce sera le Reike telle est la volonté de nos majestés divines impériales tueuses de titan…

    L’on pouvait sentir le mépris que j’avais pour ce couple de conquérants dans mes propos même si j’avais réussi à ne pas insulter directement leurs grandeurs, je reconnais leur valeur, leurs capacités guerrières mais je ne plierai jamais le genou devant eux.

    Elle avait repris ensuite.

    Juste avant, j’ai dit : « Le Soleil pleure l’inconstance de votre race. ». Puisse-il pardonner Son nom dans ma bouche, je ne vous comprends pas, ma sœur. Qui. Êtes-vous ? Vous tous ici ? Pourquoi n’êtes-vous pas morts ou en armes contre moi ? Parce que ceux de ma race, ma sœur, ne se contentent pas de soumettre vos villes… » Une pause. « …ils terrassent vos dieux et les mettent en chaînes. »

    Je sentais qu’elle aussi avait changé de posture, son fanatisme était flagrant, violent, intense, comme la lumière du soleil quand on ose la regarder en face, elle était l’incarnation de tout cela, elle était le Reike dans tout ce que je détestais, tout ce qui me déplaisait. Alors je fis un effort pour me contenir, pour ne pas répondre avec la même hargne, mais lui opposer une réponse placide et calme, cela me prit cependant quelques secondes pour y parvenir durant lesquels un étrange silence flottait autour de nous, chacun présent dans la ruelle nous écoutant, la pluie qui tombait avec violence oubliée.

    - Vous êtes donc de grands guerriers, personne ne vous a jamais contredit Ma Dame. Je ne suis pas une guerrière, je suis guérisseuse et j’ai soigné et sauvé nombre de gens à Mael, des maeliens revenant du front comme des Reikois et des Républicains. Je le faisais parce que la vie est précieuse, peu importe notre sang, notre peau ou peuple. Mais je suis partie quand on m’a imposé d’aller servir les troupes du Reike, je ne voulais pas servir le Reike, je servais la vie, comprenez le alors pour préserver celle de mes gens je leur cherche autre chose, est-ce si difficile de comprendre que cela m’a coûté tout autant que vos combats? De quitter mon foyer, mon manoir, mes terres et chercher un ailleurs ou les enfants orphelins et les vieux incapables de se battre pourraient trouver un nouveau souffle?

    Non je ne laisserai pas une étrangère nous juger sur nos choix, nous étions tous libres.

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    Parwan Sahriki
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  • Jeu 1 Déc - 12:45
    Cette conversation soulignait chez Parwan un caractère particulier mais qui lui ressemblait tout à fait, celui d’une vieille tante acariâtre dans un corps de guerrière vieux de trente-sept étés. Quoi que la baronne lui réplique, la nomade se montrait plus butée qu’un cale-porte.

    Les bras croisés, son bâton calé à l’intérieur de son coude, la Sahriki oppose sa mine renfrognée au discours de la jeune femme. Mais à mesure que celle-ci avance ses arguments, un camaïeu d’expressions contrariées anime la nomade, comme si l’épaisseur de son visage était trop fine pour masquer les rouages internes de sa pensée en mouvement. Aucune des paroles de Myriem n’atteignaient son cœur mais elles parvenaient mystérieusement à lui tourmenter l’esprit.

    Une des raisons ? Athénaïs. Athénaïs, son amie Républicaine, sa seule amie, en vérité. Pourquoi le visage de la demoiselle de Noirvitrail, qui, ces deux dernières années l’avait soutenue en pensée à travers les épreuves, surgissait-il en surimpression aux côtés de la Shoumeienne ?

    Parwan connaissait la réponse et elle ne lui plaisait pas : Athénaïs se serait rangée aux arguments de la jeune femme. Elle aurait froncé les sourcils et défendu le parti des faibles, plaidé la pitié et la compassion en dépit du bon sens. Le bon sens Reikois.

    Malgré tout, la Sahriki conclut que, Athénaïs ou pas, elle n’aurait pas changé ses propos.  Elles auraient tenu un débat comme elles en tenaient si souvent jadis avant que le destin ne les sépare. Athénaïs aurait défendu son opinion… comme la Shoumeiene défendait la sienne. Pouvoir comparer les deux jeunes femmes était une autre raison de la contrariété qui se lisait sur son visage.

    Elle n’aimait pas pouvoir les mettre côte à côte inconsciemment comme cela. Après tout, elle avait de l'estime pour l’une et du mépris pour l’autre.

    Ainsi pensait Parwan, de ces pensées qui surviennent dans nos têtes pendant une conversation, non comme des suites de mots tangibles prêts à être exprimés, mais comme des bourgeons abstraits et instinctifs qui éclosent et influent sur notre conscience.
    Avec son ultime provocation, c’est le fruit de la colère que Parwan avait espéré planter dans l’esprit de Myriem. A la place, elle n’avait récolté de sa part que calme et contenance. La jeune femme s’était cuirassée d'un remarquable sang-froid  avant de poursuivre son discours. La nomade n’avait jamais rien vu de tel.
    Au contraire le fruit de son estocade ne poussait pas en Myriem mais en elle-même, comme une mauvaise herbe, et c’était le fruit du respect.
    Parwan était forcée de reconnaître la grande valeur de son interlocutrice et sur le moment, elle échouait à citer trois personnes avec une telle maîtrise d’elles-mêmes.
    Comment pouvait-on allier une telle tenue avec des propos si tortueux ? Son estime pour elle grandissait incontrôlablement, mais cette réflexion parvint à maintenir à flot l’agacement qu’elle portait envers elle.

    " ...et chercher un ailleurs ou les enfants orphelins et les vieux incapables de se battre pourraient trouver un nouveau souffle ? "

    «  Je m’en moque, de tout ça ! » s’insurge Parwan en ouvrant les bras.
    Mais l'aggressivité est de nouveau absente dans sa voix, l'attitude de Myriem l'avait rendue à son état d'aînée vitupérante.

    « Ne pas choisir de camp, fuir à mille lieues de chez soi, ce n’est pas du courage, c’est de l’égarement. Vous êtes perdus, ma sœur, sans dieu, sans roi vers qui vous tourner. Soumets-toi. Cesse d’errer et reviens dans ton pays ! J’ignore la volonté de l’Empereur et de l’Impératrice. Toi comme moi sommes des grains de sable à leurs pieds. Vos champs, vos villes, vos bateaux leur appartiendront aussi longtemps qu’il leur plaira, car c’est le privilège des puissants. » Le ton de sa voix se réchauffe, la nomade met la main contre son cœur et se penche vers Myriem.

    « Le remède des faibles est dans l’acceptation, ma sœur. Ceux qui fuient la force ne choisissent jamais qui les soumettent. Il est heureux celui qui décide de mettre un genou à terre, car il a cessé de courir. Et son maître, il l’a choisi. »

    Une lueur dans les yeux de Parwan dit qu’elle est dans ce cas ; une femme qui a toujours su pour qui elle s’agenouillait. L’acceptation comme mode de vie, pour celles et ceux qui n’ont jamais été maitres de leur destin et qui pourtant vivent en paix, pour qui être digne est plus important que d’être libre.


    - Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
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  • Mer 28 Déc - 13:54
    C’était étrange que cet échange, Myriem ne parvenait pas à être réellement en colère contre cette femme alors que leurs points de vue divergeaient totalement. Elles venaient de deux mondes que tout opposait maintenant et si il fut un temps ancien durant lequel nous aurions pu trouver un terrain d’entente, il semble qu’aujourd’hui plus rien n’était possible. Plusieurs raisons à cela, l’histoire, les événements, leur vécu.. Et c’était ce dernier point qui faisait d'elles des ennemies en un sens, des femmes que la vie met en confrontation là où nous aurions pu ou dû trouver des terrain d’entente mais aucune des deux n’était capable de prendre du recul. Aucune n’avait l’envie ou le désir de pouvoir changer sa façon d’envisager les choses et d’essayer d’écouter avec attention les arguments de l’autre, en un mot comme en cent, notre conversation était vouée à l’échec et porterait le doux nom de : conversation de sourd !

    Myriem avait senti le changement de ton et de posture et avait l’impression qu’elle s’adressait maintenant à moi comme un parent, comme lorsque Wan me faisait des reproches sur mes actes ou réactions. C’était perturbant en un sens mais d’un autre côté cela signifiait que sa colère irraisonnée était retombée et cela avait sur elle un effet salvateur aussi, réagissant aux émotions des autres, la sentir s’apaiser lui permettait aussi de retrouver sa sérénité.

    - Choisir de ne pas combattre nos dieux, de ne pas se battre aux côtés des Reikois, choisir de ne pas priver d’autres enfants de leurs parents en tuant des soldats qui n’ont rien demandé au final et sont en Shoumeï parce qu’on leur ordonné d’y aller… c’est faire un choix, celui de préserver des vies. Et il en faut du courage pour quitter ses racines et accepter l’exil pour préserver la vie à tout prix. Mon pays n’est plus mien à l’heure actuelle, il est devenu une annexe du tien, une terre en friche propice à l’enrichissement d’une nation à l’économie déclinante à cause de toutes les guerres qu’elle mène sur tous les fronts. C’est ici que je vais trouver des appuis économiques pour aider à reconstruire Mael et Shoumei, c’est ici que je vais trouver des alliés pour relancer le commerce, rentrer chez moi pour végéter et hurler au scandale après les officiers en faction ne m’apportera rien, ni à moi ni à mes gens. Ma présence ici est un mal nécessaire.

    Elle pouvait ne pas le comprendre, en un sens Myriem l’acceptait mais c’était un fait, elle allait quérir de l’aide et espérait que cela passerait par des accords économiques, des relations tissées, car dans ce monde, quoi qu’en disent les gens, le nerf de la guerre, le véritable moteur c’était et resterait l’influence, car avec elle naissent les opportunités et les profits ensuite.

    Mais pour tout dire elle n'en voulait pas à la nomade.

    - Accepter c’est reconnaître qu’on ne peut pas lutter contre tout et n’importe quoi, accepter c’est avouer que nous ne sommes que des humains avec nos forces et nos faiblesses. Accepter c’est avancer en se connaissant, sans fausse fierté, sans mensonge, c’est être honnête envers soi.

    Puis elle revint sur le fait de s’agenouiller et cela me fit sourire encore.

    -Je m’agenouille quand je prie les divins c’est tout.

    Cela étant dit elle secoue la tête de dépit, rien ne sert d'user inutilement de sa salive et de perdre son temps. Si nous devions être honnête l'une ou l'autre nous reconnaîtrons les failles de  nos réflexions. Le ciel semble s'être calmé comme leurs humeurs, la pluie orageuse d'été disparaît à l'horizon. Myriem sourit alors malgré elle.

    - Puisse la vie vous être clémente .

    Cela étant dit, la shoumeienne tourne les talons et porte mon regard vers le bâtiment officiel qui m'appelle.

    Choix, courage, libre-arbitre, vie, devoir. De la nature de ces concepts, elles ne partageaient rien dans l’exercice de leur définition. Debout dos contre dos, les deux femmes observaient des idéaux pluriels mais qui portaient le même nom, rendant la dispute complexe et décisivement sans issue.
    Pourtant, lorsque Myriem expose enfin ce qu’elle souhaite accomplir, pourquoi elle se trouve là, l’absence d’intérêt manifeste pour ses propos s’efface sur l’expression de Parwan, comme une éponge passée sur une planche en bois. C’est donc cela qu’elle comptait accomplir ici, en République ? Sa volonté propre, l’éclat dans ses yeux qui séparait cette demoiselle du vieux noble perdu que Parwan venait d’envoyer au diable ? Voilà qui était plus intéressant, elles auraient dû commencer par cela.

    Je m’agenouille quand je prie les divins. La phrase arrache enfin un sourire à la nomade. Des valeurs partagée, en quelque sortes. La Sahriki partage aussi le sentiment secret de Myriem. Si elles avaient le loisir de se disputer davantage, peut-être finiraient-elles par se trouver aimables. Mais ce n’était ni le temps, ni le lieu pour cela.

    Parwan ne répond rien à la conclusion de Myriem. Elle la regarde s’éloigner jusqu’au milieu de la rue puis soudain, fronce les sourcils et s’élance à sa suite, ses semelles de cuir tapant le pavé avec un petit bruit humide. Elle l’interpele dans son dos.

    « Attends, ma sœur ! » Parwan poursuit lorsque Myriem se retourne sur elle. « Donne moi ton nom ! Je m’appelle Parwan, du clan Sahriki. » L’information semble impérative pour la nomade. Après tout, elle l’a suivie pour l’obtenir. Elle garde son expression contrariée, mais plus diligente désormais.

    Il est compliqué de comprendre les réactions des gens parfois mais dans le fond nous sommes des êtres emplis de vives émotions, ce sont elles qui nous poussent à aller de l'avant et Myriem comprend parfaitement que Parwan n'en est pas dénuée le moins du monde. Son ton, sa posture, tout a changé en un sens sur les dernières paroles qu'elle avait prononcé et quand elle revient vers le couple de shoumeiens pour poser sa question, la noble n'a pas l'ombre d'une hésitation. Elle répond avec sa chaleur coutumière sans une once d'agressivité.

    - Je suis la Baronne Myriem de Boktor du Protectorat de Mael.

    Elles auraient probablement du commencer par cela et la conversation aurait eu un tout autre aspect, elle aurait été différente et l'issue aussi. On peut ne pas partager les mêmes idéaux, les mêmes attentes mais respecter ce que chacun fait des siens. La guerre a créé des gouffres que même les âmes sincères ne peut combler, pas pour l'instant du moins.

    « Ton regard parle, Myriem. Au diable ce que ta bouche dit car c'est le seul avec lequel je suis d’accord. Il dit que tu es une guerrière. Tu disais le contraire, ce n’est pas vrai. » Elle a un regard pour Wan.  Le commentaire sur sa bouche sonnait comme un sourire. Parwan n’était pas vaine au point d’offenser une personne avec laquelle le désaccord avait été consommé. « Quel que soit notre futur, je sens que tu ne me trouveras pas en travers de ton chemin, et si c'est le cas, ainsi soit-il !  Ecoute la guerrière dans ton regard et que les Astres te soient clément, bénis soient leur nom. Je me souviendrais de toi, ma sœur. »

    Parwan a un sourire de défi, fait trois pas à reculons et s’éloigne d’un pas leste, son kerikh sur l’épaule. Myriem avait exécuté une révérence respectueuse suite aux propos de Parwan mais n'avait rien ajouté, la laissant reprendre son chemin, peut-être qu'un jour le destin les réunirait de nouveau mais cela est une autre histoire.

    Message écrit à 4 mains entre Parwan et Myriem
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